Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-10-07
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 octobre 1893 07 octobre 1893
Description : 1893/10/07 (N113). 1893/10/07 (N113).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263312w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e Aînée — S° 115 — Samedi 1 Octobre 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Himée — 16 Vendémiaire An 102 — S° 113.
Réveil dn Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix DES ABONNEMENTS :
Le Havre
Départements 6 fr.
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
3 50
ADMINISTRATION ê RÉDACTION
15, RUE CASIMIE-PÉRIER., 15
LE RÉ VEIL DU I1A VREparaît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
L’Offensive Allemande. - Un Dilemme Hygiénip
Nous appelons l’attention toute particulière
d ; nos lecteurs sur une étude des plus inté
ressantes dont nous publions aujourd'hui la
première partie : F OFFENSIVE ALLEMANDE.
Cette étude émane d’un spécialiste, qui a bien
voulu réserver au Réveil la primeur de ce
remarquable travail.
L'OFFENSIVE ALLEMANDE
Les limites de l’habitât germanique vers l’ouest
ont été nettement déterminées par le travail des
formations naturelles. Ces limites sont : les
différents secteurs du Rhin, depuis Bàle jusqu’à
l’embouchure. S’il déborde sur la rive gauche,
le groupe teuton devient une menace perpétuelle
pour notre domaine patrimonial et la paix se
réduit à des armistices plus ou moins \ rolongés.
L’occupation de Strasbourg met la clé des fron
tières entre les mains de l’agresseur éventuel.
Avancez encore quelques mètres et la situation
sera ntolérable. Les régiments bavarois de Metz
sont comme un pavé sur la poitrine de l’homme
qu • ort au soleil. La concentration normale des
troupes françaises a lieu derrière les Vosges ; or
cette base indispensable nous échappe. Les falaises
de Champagne constituent une médiocre res-
csuCuôê, ià tVeïbê è\ les vallées adjacentes aispo- 5
sées en éventail s’inclinent uniformément du sud-
est au nord-ouest, il s’en suit que le réseau
pédestre et ferré ne forme pas dans la direction du
Rhin un collecteur puissant qui permettrai^ de
prendre barre sur l’adversaire. Le front nord-est
mordu par le coin allemand nous impose un rôle
désagréable: il faudra, bon gré mal gré, subir
l’initiative de l’attaque,, car les forts de barrage,
même répandus à profusion, peuvent bien dériver
le torrent et le ralentir ; quant à l’arrêter, jamais !
Maîtres de porter les premiers coups, que vont
faire les allemands ?
Le système, longtemps caressé à l’état-major
de Berlin, se résume ainsi : déboucher en. masse
par la tête de pont Strasbourg-Metz, avec une
avance de soixante-douze heures sur la concen
tration française , heurter directement l’ennemi,
rejeter ses tronçons, partie à l’ouest, partie dans
le bassin de la Loire, et venir tomber comme la
foudre au pied des murailles parisiennes.....V.."
Attaque audacieuse et peut-être désespérée.
Lorsque la Quadruple-Alliance n’existait paS
encore, l’Allemagne employant contre nous: la
totalité de ses forces disponibles, vingt corps
d’armée, s’assurait l’avantage dès le début des
opérations et la guerre de 188* n’eût été, selon
toute vraisemblance, qu’une copie littérale de la
triomphante expédition faite quelques années au
paravant. Dix corps bloquent Paris, deux corps
tiennent les zones de l’arrière, deux autres corps
menacent Lille, Rouen, Le Havre, et six corps
vont prendre position sur la Loire.
Il serait exagéré de dire que ce plan manque
de rectitude et qu’il contient un vice rédhibitoire.
La poussée énergique destinée à faire sentir les
griffes du lion, l’impérieux besoin d’une course
folle vers la Seine, priment aux yeux de nos
adversaires et leur cachent peut-être d’autres
considérations qui, tout bien examiné, devraient
tenir la première place. Obliger les troupes fran
çaises à plier le jarret et renverser successivement
toutes les formations échelonnées entre la Meuse
et la Marne, sans atteindre pourtant la ligne de
retraite qui restera indemme ; c’est un résultat
appréciable, je l’accorde, mais non le plus fertile
en conséquences décisives. La gigantesque
silhouette de Paris exerce une fascination, une
attirance hypnotisante à laquelle les cerveaux les
mieux équilibrés ne peuvent pas se soustraire.
Regarder le siège de la capitale comme but su
prême de l’effort d’où sortira nécessairement la
paix victorieuse, constitue aujourd’hui un ana
chronisme impardonnable et une erreur où, pour
être moins dur, une demi-vérité de dialectique
militaire. Je développe et justifie mon affir
mation.
Des Pyrénées aux marais de la Hollande et de
Nice à Dunkerque, le sol gaulois dessine assez
fidèlement un hexagone, dont Paris serait le
centre géométrique. L’entité sociale possède tous
ses membres intacts et l’organisme fonctionne
régulièrement. LaSeine, bastionnée par les Vosges
et les Ardennes que prolongent d’un côté le
thalweg du Rhin, et de l’autre les plaines de la
basse Meuse, coule tranquille à l’abri d’une irrup
tion subite. La capitale se trouve être tout à la
fois le cœur et la tête de l’Empire. L’assaillant,
venu du Rhin qui bloque Paris, a déjà remporté
plusieurs victoires. La chute de cette place mar
quera le dernier terme de la résistance.
Dans l’état actuel, vis-à-vis d’une France mu
tilée de la Belgique et de l’Alsace, les conceptions
stratégiques doivent naturellement s’inspirer de
vues différentes. Paris reste toujours la tête, le
boulevard par excellence, mais le cœur est re
porté plus en arrière, sur la, Loire qui sert de
trait d’union entre le nord et, 1# sud. Après avoir
maîtrisé Paris, je dirige l’effort principal en
prenant pour objectif Orléans, manœuvre qui me
permet de couper la France en deux. Nous pour
rions prévoir une double attaque : coup d’épée
par Trêves, Nainur, coup de massue suivant la
ligne Touî, Chaumont, Orléans. Si la combi
naison réussit, c’est l’étranglement net et brutal,
le désastre irréparable, la mort sans phrases.
Pour mener à bonne fin cette nouvelle stratégie
qu’ils ont adoptée après de nombreux tâtonne
ments et une longue période d’incertitudes,, les
A llo’Dn n c* o r»J rvC/-* » * fr v **>.*'*■*■ ;* , ' • „ .. ‘ _
\jitiy-LUiVn n V iiigb-ljuau ^ oüi pS U cUHi<36 5
répartis de la manière suivante : douze corps
creusent la trouée de haute lutte, entament la
région séquanaise, détachent quarante mille
hommes vers Lille, Rouen, et le reste soit dix
corps complets, s’établit à cheval sur la ligne
Seine, Marne, laissant à trois divisions de cava
lerie le soin de surveiller le blocus économique
de la capitale dans les secteurs ouest et nord.
Une deuxième masse comprenant ainsi douze
corps sert 1| coup de boutoir, exécute la manœuvre
mortelle , traverse diagonalement les hauts pla
teaux de la Seine"et de l’Àube et gagne à tire-
d’aile la zone Orléans, Clermont. Quatre divi
sions, ultérieurement formées, protègent en arrière
les lignes de ravitaillement. L’effort total com
prend vingt-six corps d’armée.
J’ai dit que l’Allemagne nous jetterait dans les
jambes vingt-quatre corps réellement disponibles
pour la lutte. Elle le pouvait, il y a quelques
gagées encore mais aujourd’hui la situation Se
trouve diamétralement renversée. L’excès des
précautions accumulées paralyse une notable
fraction de ses ressources et, en somme, l’instru
ment a perdu son ancienne vigueur.
E. MORAND.
(A suivre).
Havrais, mes concitoyens, le gouvernement
se moque nous! Il ne se contente pas de prêter
son appui officiel aux candidats opportunistes.
même ne suffit pas pour vous laver, et qu’il
faut encorel’électrolyser ! Je ne connais guère
que deux hommes au Havre qui prennent des
bains de propreté : M. le docteur Gibert et
M. Jules Siegfried, d’ailleurs protestants
comme moi. Imitez-les, comme je l’ai fait
moi-même, et cessez de sacrifier au catholique
Saint Labre qui, vous ne' l’ignorez pas, est
le véritable nom du compagnon de Saint
Antoine! »
Nous apprécions fort ce discours empreint
d’une certaine franchise. Il ne nous appartient
pas, étant intéressés dans la question, de dis
cerner quelle dose de vérité il peut renfermer.
Faisons seulement un rapprochement :
Dans la séance du Conseil municipal de
mercredi dernier venait une question se rat
tachant de très près à celle de l’hygiène de
notre ville. L’Etat demandait à la ville du
Havre de lui accorder une concession gratuite
d’eau pour le fort de Sainte-Adresse, ainsi
appelé (ô logique!) parce qu’il est sur le ter
ritoire de San vie.
Le Conseil municipal a accordé la concession
gratuite ]1 v>nI_iy9.it Ç,ïi
considération des a vaut âges-que la garnison
en doit retirer. Le refus de cette concession
eût privé, pendant de longues années, les
soldats casernes au fort des bienfaits qui
découlent de l’eau saine et abondante.
Et l’on reconnaît bien là le procédé ordinaire
des agents de l’Etat. Tout exiger des villes et
ne rien leur accorder !
Serai t-il impossible à l’Etat, nous le deman
dons aux gens de bonne foi, de payer sa part
dans la fourniture d’eau, alors que les con
tribuables du Havre se sont imposé, tout
récemment encore, de très lourds sacrifices
pour rétablissement de la seconde conduite ?
N’y a-t-il pas mesquinerie de sa part à ne
rien nous payer pour cette concession ?
Pour complaire à M. Dupuy, fort logicien
universitaire, nous soumettons à sas agacité le
dilemme suivant.
Ou l’Etat est plus propre que la ville du
Havre, dans ce cas, il doit tenir à honneur de
payer de sa poche les bains de ses soldats :
Ou l’Etat est plus malpropre encore que la
ville du Havre, et alors il devrait se dispenser
d’envoyer ici ses agents pour nous traiter de
sagouins et de souillons.
Tirez-nous de là, ô Dupuy !
VERUS.
— —
il nous fait avaler des couleuvres de forte
taille.
Qu’on en juge !
Oette semaine, M. Dupuy, Président du
Conseil, a délégué pour présider la distribution
des récompenses de l’Exposition d’hygiène,
M. Monod, directeur de l’Assistance publique
et de l’hygiène. 4
M. Monod est non seulement un homme
éloquent, aussi fin lettré que toasteur élégant,
c'est encore un administrateur émérite.
Il a donc servi à nos concitoyens, dans la
journée de mardi dernier, deux discours qui,
dégagés des précautions oratoires et des fiori
tures littéraires, peuvent se résumer ainsi :
« Habitants du Havre, je viens vous le dire
au nom de M. Dupuy, ministre de l’Intérieur,
homme assez propre quoique auvergnat, vous
êtes tous des saligauds ! Vos maladies vous
viennent de votre crasse invétérée. Vous êtes
tellement dégoûtants, que l’eau de mer elle-
Maladresses Gouvernementales
Nous disions, dans notre dernier article,
que des incidents politiques, sans doute peu
éloignés, donneraient à Dupuy et à ses amis
l’occasion de poursuivre la série de leurs
sinistres maladresses. Après les massacres du
Quartier Latin et de la place de la République,
après la fermeture de la Bourse du Travail,
les opportunistes, fidèles à leur politique de
réaction, préparent un coup d’éclat : l’arres
tation des Députés socialistes.
Il déplaît souverainement aux gouverne
mentaux, peu habitués à faire leur devoir,
que les représentants le leur. Ils n’admettront jamais que les élus
du peuple aillent prendre sa défense sur les
lieux mêmes où d’odieux privilèges menacent
sa liberté et ses moyens d’existence.
Aussi, en plein Conseil des Ministres,
examine-t-on déjà dans quels cas particuliers
il sera possible de mettre la main sur les
Baudin, les Goulé, les Bàsly, sur tous ceux
que l’injustice indigne et que le souci de leur
devoir porte à se mettre en avant.
Bien que la majorité des membres du gou
vernement se soit naturellement rangée à
l’opinion de Dupuy, trois d’entre eux, Peytral,
Terrier et Viette, se sont élevés contre ces
procédés d’argousin, et ont essayé de montrer
à leurs collègues les dangers auxquels ils
s’exposent.
11 en est résulté que le présent ministère,
malgré son insouciance et son incapacité bien
établies, paraît en ce moment moins pressé
que les officieux de la presse de faire arrêter les
Députés socialistes. C’est que tous ces ruraux,
aisément triomphateurs dans leurs dragon
nades de province, ont un énorme point noir
à leur horizon ; et ce point noir, c’est Paris,
c’est la ville où, au 20 août, les socialistes ont
emporté les majorités les plus écrasantes, la
ville à laquelle un gouvernement d’opportu
nistes est odieux, et qui semble bien décidée à
ue lui pardonner aucune faute.
Etant donnée cette orientation politique
des parisiens, étant donnée surtout une accu
mulation de haines dues aux dernières bruta
lités policières, il est impossible de prévoir
quel serait à Paris le retentissement d’une
violation de l’immunité parlementaire.
On a vu, au commencement de juillet, une
poignée de jeunes ‘gens tenir en échec toutes
les forces dont disposait Lozé, que serait-ce si
de Montmartre à Montsouris,deMénilmontanfc
à Grenelle, le peuple de Paris tout entier se
levait? Dupuy, l’homme des coups de force,
et des massacres bien organisés, hésite lui-
même, espérons que ces hésitations, tout en
empêchant des conflits regrettables, donneront
aux socialistes de Paris, à ceux de la Erance
entière, confiance dans leur force, en la leur
faisant mesurer au respect qu’elle inspire.
M. G.
SEMAINE "POLITIQUE
FRANCE
Deux nouvelles propositions (Le vote
des absents ). — Le nombre des abstentions va
toujours croissant ; telle ville qui, en 1889, comp
tait douze mille votants, en a vu, en 1893, à peine
dix mille se présenter aux urnes.
Sommes-nous en présence d’une apathie géné
rale, d’un désintéressement complet de la poli
tique ; nous ne le croyons pas.
Sous le régime actuel, tout citoyen absent pour
ses affaires, pour son plaisir ou pour raison de
santé, est privé de la faculté d’exercer son droit
électoral. A l’époque où ont lieu les élections, un
grand nombre d’électeurs sont absents de leur
circonscription.
Les uns sont à la campagne, les autres à èa
mer. Très peu, malgré leur désir de venir voter,
voudront ajouter de nouveaux frais à ceux déjà
considérables de leur voyage.
Une réforme s’impose.
Quiconque est électeur a le droit, en quelque
endroit qu’il se trouve, d’apporter à l’homme qui
représente ses idées, l’appui de son vote.
D’ailleurs, l’article 18 du décret réglementaire
du 2 février 1852, toujours en vigueur, dit for
mellement : « Tout électeur, inscrit sur la liste
électorale, a le droit de prendre part au vote. »
Dès lors, puisqu’il n’est pas interdit à l’absent
de voter et que la reconnaissance de son droit est
inscrite dans la loi, il n’y a plus qu’à en régle
menter l’exercice.
C’est ce qu’a fait M. Georges Berry.
Pour lui, tout électeur absent, de son domicile
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Himée — 16 Vendémiaire An 102 — S° 113.
Réveil dn Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix DES ABONNEMENTS :
Le Havre
Départements 6 fr.
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
3 50
ADMINISTRATION ê RÉDACTION
15, RUE CASIMIE-PÉRIER., 15
LE RÉ VEIL DU I1A VREparaît tous les Samedis
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
L’Offensive Allemande. - Un Dilemme Hygiénip
Nous appelons l’attention toute particulière
d ; nos lecteurs sur une étude des plus inté
ressantes dont nous publions aujourd'hui la
première partie : F OFFENSIVE ALLEMANDE.
Cette étude émane d’un spécialiste, qui a bien
voulu réserver au Réveil la primeur de ce
remarquable travail.
L'OFFENSIVE ALLEMANDE
Les limites de l’habitât germanique vers l’ouest
ont été nettement déterminées par le travail des
formations naturelles. Ces limites sont : les
différents secteurs du Rhin, depuis Bàle jusqu’à
l’embouchure. S’il déborde sur la rive gauche,
le groupe teuton devient une menace perpétuelle
pour notre domaine patrimonial et la paix se
réduit à des armistices plus ou moins \ rolongés.
L’occupation de Strasbourg met la clé des fron
tières entre les mains de l’agresseur éventuel.
Avancez encore quelques mètres et la situation
sera ntolérable. Les régiments bavarois de Metz
sont comme un pavé sur la poitrine de l’homme
qu • ort au soleil. La concentration normale des
troupes françaises a lieu derrière les Vosges ; or
cette base indispensable nous échappe. Les falaises
de Champagne constituent une médiocre res-
csuCuôê, ià tVeïbê è\ les vallées adjacentes aispo- 5
sées en éventail s’inclinent uniformément du sud-
est au nord-ouest, il s’en suit que le réseau
pédestre et ferré ne forme pas dans la direction du
Rhin un collecteur puissant qui permettrai^ de
prendre barre sur l’adversaire. Le front nord-est
mordu par le coin allemand nous impose un rôle
désagréable: il faudra, bon gré mal gré, subir
l’initiative de l’attaque,, car les forts de barrage,
même répandus à profusion, peuvent bien dériver
le torrent et le ralentir ; quant à l’arrêter, jamais !
Maîtres de porter les premiers coups, que vont
faire les allemands ?
Le système, longtemps caressé à l’état-major
de Berlin, se résume ainsi : déboucher en. masse
par la tête de pont Strasbourg-Metz, avec une
avance de soixante-douze heures sur la concen
tration française , heurter directement l’ennemi,
rejeter ses tronçons, partie à l’ouest, partie dans
le bassin de la Loire, et venir tomber comme la
foudre au pied des murailles parisiennes.....V.."
Attaque audacieuse et peut-être désespérée.
Lorsque la Quadruple-Alliance n’existait paS
encore, l’Allemagne employant contre nous: la
totalité de ses forces disponibles, vingt corps
d’armée, s’assurait l’avantage dès le début des
opérations et la guerre de 188* n’eût été, selon
toute vraisemblance, qu’une copie littérale de la
triomphante expédition faite quelques années au
paravant. Dix corps bloquent Paris, deux corps
tiennent les zones de l’arrière, deux autres corps
menacent Lille, Rouen, Le Havre, et six corps
vont prendre position sur la Loire.
Il serait exagéré de dire que ce plan manque
de rectitude et qu’il contient un vice rédhibitoire.
La poussée énergique destinée à faire sentir les
griffes du lion, l’impérieux besoin d’une course
folle vers la Seine, priment aux yeux de nos
adversaires et leur cachent peut-être d’autres
considérations qui, tout bien examiné, devraient
tenir la première place. Obliger les troupes fran
çaises à plier le jarret et renverser successivement
toutes les formations échelonnées entre la Meuse
et la Marne, sans atteindre pourtant la ligne de
retraite qui restera indemme ; c’est un résultat
appréciable, je l’accorde, mais non le plus fertile
en conséquences décisives. La gigantesque
silhouette de Paris exerce une fascination, une
attirance hypnotisante à laquelle les cerveaux les
mieux équilibrés ne peuvent pas se soustraire.
Regarder le siège de la capitale comme but su
prême de l’effort d’où sortira nécessairement la
paix victorieuse, constitue aujourd’hui un ana
chronisme impardonnable et une erreur où, pour
être moins dur, une demi-vérité de dialectique
militaire. Je développe et justifie mon affir
mation.
Des Pyrénées aux marais de la Hollande et de
Nice à Dunkerque, le sol gaulois dessine assez
fidèlement un hexagone, dont Paris serait le
centre géométrique. L’entité sociale possède tous
ses membres intacts et l’organisme fonctionne
régulièrement. LaSeine, bastionnée par les Vosges
et les Ardennes que prolongent d’un côté le
thalweg du Rhin, et de l’autre les plaines de la
basse Meuse, coule tranquille à l’abri d’une irrup
tion subite. La capitale se trouve être tout à la
fois le cœur et la tête de l’Empire. L’assaillant,
venu du Rhin qui bloque Paris, a déjà remporté
plusieurs victoires. La chute de cette place mar
quera le dernier terme de la résistance.
Dans l’état actuel, vis-à-vis d’une France mu
tilée de la Belgique et de l’Alsace, les conceptions
stratégiques doivent naturellement s’inspirer de
vues différentes. Paris reste toujours la tête, le
boulevard par excellence, mais le cœur est re
porté plus en arrière, sur la, Loire qui sert de
trait d’union entre le nord et, 1# sud. Après avoir
maîtrisé Paris, je dirige l’effort principal en
prenant pour objectif Orléans, manœuvre qui me
permet de couper la France en deux. Nous pour
rions prévoir une double attaque : coup d’épée
par Trêves, Nainur, coup de massue suivant la
ligne Touî, Chaumont, Orléans. Si la combi
naison réussit, c’est l’étranglement net et brutal,
le désastre irréparable, la mort sans phrases.
Pour mener à bonne fin cette nouvelle stratégie
qu’ils ont adoptée après de nombreux tâtonne
ments et une longue période d’incertitudes,, les
A llo’Dn n c* o r»J rvC/-* » * fr v **>.*'*■*■ ;* , ' • „ .. ‘ _
\jitiy-LUiVn n V iiigb-ljuau ^ oüi pS U cUHi<36 5
répartis de la manière suivante : douze corps
creusent la trouée de haute lutte, entament la
région séquanaise, détachent quarante mille
hommes vers Lille, Rouen, et le reste soit dix
corps complets, s’établit à cheval sur la ligne
Seine, Marne, laissant à trois divisions de cava
lerie le soin de surveiller le blocus économique
de la capitale dans les secteurs ouest et nord.
Une deuxième masse comprenant ainsi douze
corps sert 1| coup de boutoir, exécute la manœuvre
mortelle , traverse diagonalement les hauts pla
teaux de la Seine"et de l’Àube et gagne à tire-
d’aile la zone Orléans, Clermont. Quatre divi
sions, ultérieurement formées, protègent en arrière
les lignes de ravitaillement. L’effort total com
prend vingt-six corps d’armée.
J’ai dit que l’Allemagne nous jetterait dans les
jambes vingt-quatre corps réellement disponibles
pour la lutte. Elle le pouvait, il y a quelques
gagées encore mais aujourd’hui la situation Se
trouve diamétralement renversée. L’excès des
précautions accumulées paralyse une notable
fraction de ses ressources et, en somme, l’instru
ment a perdu son ancienne vigueur.
E. MORAND.
(A suivre).
Havrais, mes concitoyens, le gouvernement
se moque nous! Il ne se contente pas de prêter
son appui officiel aux candidats opportunistes.
même ne suffit pas pour vous laver, et qu’il
faut encorel’électrolyser ! Je ne connais guère
que deux hommes au Havre qui prennent des
bains de propreté : M. le docteur Gibert et
M. Jules Siegfried, d’ailleurs protestants
comme moi. Imitez-les, comme je l’ai fait
moi-même, et cessez de sacrifier au catholique
Saint Labre qui, vous ne' l’ignorez pas, est
le véritable nom du compagnon de Saint
Antoine! »
Nous apprécions fort ce discours empreint
d’une certaine franchise. Il ne nous appartient
pas, étant intéressés dans la question, de dis
cerner quelle dose de vérité il peut renfermer.
Faisons seulement un rapprochement :
Dans la séance du Conseil municipal de
mercredi dernier venait une question se rat
tachant de très près à celle de l’hygiène de
notre ville. L’Etat demandait à la ville du
Havre de lui accorder une concession gratuite
d’eau pour le fort de Sainte-Adresse, ainsi
appelé (ô logique!) parce qu’il est sur le ter
ritoire de San vie.
Le Conseil municipal a accordé la concession
gratuite ]1 v>nI_iy9.it Ç,ïi
considération des a vaut âges-que la garnison
en doit retirer. Le refus de cette concession
eût privé, pendant de longues années, les
soldats casernes au fort des bienfaits qui
découlent de l’eau saine et abondante.
Et l’on reconnaît bien là le procédé ordinaire
des agents de l’Etat. Tout exiger des villes et
ne rien leur accorder !
Serai t-il impossible à l’Etat, nous le deman
dons aux gens de bonne foi, de payer sa part
dans la fourniture d’eau, alors que les con
tribuables du Havre se sont imposé, tout
récemment encore, de très lourds sacrifices
pour rétablissement de la seconde conduite ?
N’y a-t-il pas mesquinerie de sa part à ne
rien nous payer pour cette concession ?
Pour complaire à M. Dupuy, fort logicien
universitaire, nous soumettons à sas agacité le
dilemme suivant.
Ou l’Etat est plus propre que la ville du
Havre, dans ce cas, il doit tenir à honneur de
payer de sa poche les bains de ses soldats :
Ou l’Etat est plus malpropre encore que la
ville du Havre, et alors il devrait se dispenser
d’envoyer ici ses agents pour nous traiter de
sagouins et de souillons.
Tirez-nous de là, ô Dupuy !
VERUS.
— —
il nous fait avaler des couleuvres de forte
taille.
Qu’on en juge !
Oette semaine, M. Dupuy, Président du
Conseil, a délégué pour présider la distribution
des récompenses de l’Exposition d’hygiène,
M. Monod, directeur de l’Assistance publique
et de l’hygiène. 4
M. Monod est non seulement un homme
éloquent, aussi fin lettré que toasteur élégant,
c'est encore un administrateur émérite.
Il a donc servi à nos concitoyens, dans la
journée de mardi dernier, deux discours qui,
dégagés des précautions oratoires et des fiori
tures littéraires, peuvent se résumer ainsi :
« Habitants du Havre, je viens vous le dire
au nom de M. Dupuy, ministre de l’Intérieur,
homme assez propre quoique auvergnat, vous
êtes tous des saligauds ! Vos maladies vous
viennent de votre crasse invétérée. Vous êtes
tellement dégoûtants, que l’eau de mer elle-
Maladresses Gouvernementales
Nous disions, dans notre dernier article,
que des incidents politiques, sans doute peu
éloignés, donneraient à Dupuy et à ses amis
l’occasion de poursuivre la série de leurs
sinistres maladresses. Après les massacres du
Quartier Latin et de la place de la République,
après la fermeture de la Bourse du Travail,
les opportunistes, fidèles à leur politique de
réaction, préparent un coup d’éclat : l’arres
tation des Députés socialistes.
Il déplaît souverainement aux gouverne
mentaux, peu habitués à faire leur devoir,
que les représentants
du peuple aillent prendre sa défense sur les
lieux mêmes où d’odieux privilèges menacent
sa liberté et ses moyens d’existence.
Aussi, en plein Conseil des Ministres,
examine-t-on déjà dans quels cas particuliers
il sera possible de mettre la main sur les
Baudin, les Goulé, les Bàsly, sur tous ceux
que l’injustice indigne et que le souci de leur
devoir porte à se mettre en avant.
Bien que la majorité des membres du gou
vernement se soit naturellement rangée à
l’opinion de Dupuy, trois d’entre eux, Peytral,
Terrier et Viette, se sont élevés contre ces
procédés d’argousin, et ont essayé de montrer
à leurs collègues les dangers auxquels ils
s’exposent.
11 en est résulté que le présent ministère,
malgré son insouciance et son incapacité bien
établies, paraît en ce moment moins pressé
que les officieux de la presse de faire arrêter les
Députés socialistes. C’est que tous ces ruraux,
aisément triomphateurs dans leurs dragon
nades de province, ont un énorme point noir
à leur horizon ; et ce point noir, c’est Paris,
c’est la ville où, au 20 août, les socialistes ont
emporté les majorités les plus écrasantes, la
ville à laquelle un gouvernement d’opportu
nistes est odieux, et qui semble bien décidée à
ue lui pardonner aucune faute.
Etant donnée cette orientation politique
des parisiens, étant donnée surtout une accu
mulation de haines dues aux dernières bruta
lités policières, il est impossible de prévoir
quel serait à Paris le retentissement d’une
violation de l’immunité parlementaire.
On a vu, au commencement de juillet, une
poignée de jeunes ‘gens tenir en échec toutes
les forces dont disposait Lozé, que serait-ce si
de Montmartre à Montsouris,deMénilmontanfc
à Grenelle, le peuple de Paris tout entier se
levait? Dupuy, l’homme des coups de force,
et des massacres bien organisés, hésite lui-
même, espérons que ces hésitations, tout en
empêchant des conflits regrettables, donneront
aux socialistes de Paris, à ceux de la Erance
entière, confiance dans leur force, en la leur
faisant mesurer au respect qu’elle inspire.
M. G.
SEMAINE "POLITIQUE
FRANCE
Deux nouvelles propositions (Le vote
des absents ). — Le nombre des abstentions va
toujours croissant ; telle ville qui, en 1889, comp
tait douze mille votants, en a vu, en 1893, à peine
dix mille se présenter aux urnes.
Sommes-nous en présence d’une apathie géné
rale, d’un désintéressement complet de la poli
tique ; nous ne le croyons pas.
Sous le régime actuel, tout citoyen absent pour
ses affaires, pour son plaisir ou pour raison de
santé, est privé de la faculté d’exercer son droit
électoral. A l’époque où ont lieu les élections, un
grand nombre d’électeurs sont absents de leur
circonscription.
Les uns sont à la campagne, les autres à èa
mer. Très peu, malgré leur désir de venir voter,
voudront ajouter de nouveaux frais à ceux déjà
considérables de leur voyage.
Une réforme s’impose.
Quiconque est électeur a le droit, en quelque
endroit qu’il se trouve, d’apporter à l’homme qui
représente ses idées, l’appui de son vote.
D’ailleurs, l’article 18 du décret réglementaire
du 2 février 1852, toujours en vigueur, dit for
mellement : « Tout électeur, inscrit sur la liste
électorale, a le droit de prendre part au vote. »
Dès lors, puisqu’il n’est pas interdit à l’absent
de voter et que la reconnaissance de son droit est
inscrite dans la loi, il n’y a plus qu’à en régle
menter l’exercice.
C’est ce qu’a fait M. Georges Berry.
Pour lui, tout électeur absent, de son domicile
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