Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-08-13
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 août 1893 13 août 1893
Description : 1893/08/13 (N99). 1893/08/13 (N99).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632982
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/04/2019
2 e Aimée — Ji° 9!) - Dimanche 13 Août 1891 CINQ CENTIMES LE NUMÉRO 2 e Année — 25 Thermidor An 101 — N° 99.
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix des kmmms :
&
LE RÉVEIL DE II A VRE paraît tous les jours
SIX MOIS
3 fr.
3 50
Le Havre
Départements
UN AN
5 fr.
6 fr.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LE RÉVEIL DU HAVRE
parai!
T*. OU® U K ® JOURS
à 7 heurrs du malin
SI EGFR IE
ET LA.
En 1881, M. Tirard, alors ministre du
commerce, fit voter par les Chambres un
décret f appant d'interdiction les Salaisons
d'Amérique.
Pour justifier cette mesure prohibitive, cet
ultra protectionniste fit soutenir par une
pi esse vendue que l’emploi des lai ds d’Amé
rique était contraire à La santé publique.
S’qnauvRnt sur la déclaration, plus ou
moins scientifique, d’un ceïtai’' *'
qui prétendait reconnaître dans quelques C9S
pathologiques, encore inexpliqués, une mani
festation de la trichine, on déclara les viandes
américaines infectées par ce nématode pa
rasite.
il fallait, pour condamner définitivement
les salahons américaines, trouver quelques
cas de mort. M. Jhm Chatin se hata d en
signaler, et c’est alors que nous ne compre
nons pas comment tout le corps médical n’a
pa> pris la parole, pour protester contre les
agissements d’un pseudo-savant, zoologiste
poli ique„ à qui des travaux trop sommaires
et peu consciencieux n’ont pu donner un
nom dans la science.
Personne n’ignore combien il est difficile
de diagnostiquer au cas de trichinose. Com
bien les débuts de cette infection parasitaire
coïncident avec les accidents primaires de la
fièvre thyphoïde.
C’est ce qui a fait que la plupart des
esprits scientifiques se demandent encore si
l’on n'avait pas pris certains symptômes,
résultant d’une évolution spéciale du bacille
typhique, pour ces prétendus cas de tri
chinose.
Lorsqu’il est scientifiquement prouvé que,
dams les cas de trichinose porcine, l’invasion
du neraatode se locali e absolument dans les
muscles (voir Clans, traite de zoologiej , ne
voyons-nous pas M. Jhm Chatin, ignorant
absolument la biologie de cet être, nous
parler de pénétration cérébrale, d’où résul
terait pour le malade des convulsions affreuses
suivies de mort.
Qu’on cite donc un véritable cas de trichinose
mort-lie ; qu’on nous signale les résultats
fournis par une autopsie sérieuse.
Pour ma part, ayant eu à examiner certains
lards, soi-disant contaminés, et qui auraient
donné lieu à des accidents trichiniqùes (non
mortels, je m’empresse de le dire), je n’ai
trouvé dans ces viandes aucune trace de
^parasites.
La vérité sur la trichinose se résumé dans
ces quelques idées : admises maintenant par
tous les savants français et etrangers « La
trichinose », maladie parasitaire, spéciale au
i tïïi —rrir —n— t ~t — i n~~ i 1 ~r~ii 1 —n — rr — i — r—i —rrrmnr ~n • t~ iiinirr n i ittaiiimiBn—nr wr—nr
COMITÉ RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
DES COMMERÇANTS, OUVRIERS 6c EMPLOYÉS
CONSEILLER GÉNÉRAL - CANDIDAT RÉPUBLICAIN
rat et au porc, mais accidentelle et rare chez
l'homme, n’est nullement mortelle. Les quel
ques cas signalés en Allemagne (3 ou 4) et en
France (2 ou 3), sont fort douteux et con
testes par la majorité des sommités zoolo-
giques et médicales.
Qu’un tel décret s’appuyant sur les décla
rations mensongères d’un faux savant, et
soutenu par une presse vendue à un ministre
opportuniste fervent adepte d‘une protection
à outrance ; qu’un tel décret, dis-je, ait été
voté en 1881, nous n’avons pas lieu de nous
en étonner ; mais que M. Siegfried, député
du Havre et ministre du commerce, connais
sant toute l’insanité de pareilles assertions, et
ayant poiif fui î üpiiïio.i de !«. science., n es
saie pas lors de son passage au pouvoir de
faire rapporter cette mesure, contraire non-
seulement aux intérêts de la ville qui l’envoie
à la Chambre, mais encore à tout un peuple,
c’est ce que nous ne pouvons pas com
prendre.
11 a fait preuve dans cette question, qui
intéresse au plus haut point notre commerce
et nos ouvriers, d’une incurie rare, qui n’a
d’égale, que celle qu’il a manifestée dans sa
double et trop longue législature pour tout
ce qui a trait au progrès de notre port et au
bien-être de la population havraise.
Le procès du décret Tirard étant fait au
point de vue scientifique, no: s étudierons
maintenant les conséquences néfastes qui en
sont résultées pour notre cité, et envisageant
d’abord ces résultats au point de vue alimen
taire, nous terminerons notre étude par un
aperçu rapide du côté commercial.
Avant le décret Tirard, la majeure partie
des ouvriers faisaient une consommation
journalière de salaisons américaines. À cette
époque, grâce à ces viandes étrangères,
livrées à bas prix et parfaitement saines , l’ali
mentation de ces classes était assurée d’une
manière satisfaisante.
Maintenant que cette prohibition insensée
a fait disparaître les lards d’Amérique des
marchés français, le problème de l’alimenta
tion ouvrière devient presque impossible à
résoudre.
Le prix de la viande augmentant de jour
en jour, malgré les mesures trop peu efficaces
de protection de l’agriculture et de l’élevage
français, il est facile de prévoir qu’à une date
rapprochée, si l’on n’y porte un prompt re
mède, notre population ouvrière se verra
forcée de supprimer de son alimentation, le
bœuf et le mouton, dont le prix sera inabor
dable.
Et nous demandons à quoi nos économistes
réduiront son alimentation !
Lorsqu’on agite de tous côtés les questions
d’hygiène, lorsqu’on parle de notre dégéné
rescence vitale, il est honteux de voir des
hommes, qui, comme M. Siegfried, ont tenu
en main les destinées de toute une classe, de
toui un peuple, n’avoir pas su ou n’avoir pas
voulu les améliorer.
Pour un homme qui se vante d’être philan
thrope, la meilleure façon de le prouver,
c/était de faire rapporter un décret contraire
à l’hygiène publique et à la santé de tous ou
d’essayer au moins de le faire rapporter. Et
cela, M. Siegfried ne l’a même pas fait !
Connaissant toute l’inaction de notre repré
sentant, la Fédération des Chambres syndicales
ouvrières du Havre avait tenté d’exciter son
zèle : le 27 janvier 1893, les délégués lui en
voyèrent un télégramme, pour le prier de
prendre en main la cause ouvrière et de faire
LzV.. ’ : f orn cuse prohibition.
Mais cet énergique stimulant, ce vigoureux
coup de fouet donné à son inertie, a été im
puissant pour secouer la torpeur de cet homme
du Nord, de ce commerçant cosmopolite, que
les hasards- du négoce ont fait échouer dans
notre ville et dont nous avons malheureuse
ment fait le défenseur.
Il a parlé, dans son semblant de proclama
tion, des intérêts du Havre et de ceux de
notre marine marchande. 11 s’est vanté de les
avoir soutenus. Vaines paroles que tous ses
actes démentent !
Notre marine marchande souffre, sa ruine
est imminente, et M. Jules Siegfried n’a rien
fait pour abolir le décret Tirard, ce qui eut
rétabli pour notre marine 40,000 tonneaux de
fret, provenant des arrivages américains;
fret se traduisant, pour le port du Havre, par
environ 40 millions de transactions et près de
5 millions de droits de douane.
M. Siegfried est socialiste (?), c’est pour
quoi il n’a pas essayé de faire rapporter cette
mesure inique, qui a privé d’ouvrage plus de
300 ouvriers et désorganisé l’alimentation
d’un pays.
On nous dira que depuis quelques années,
les lards d’Amérique peuvent entrer en France,
si les marchandises sont accompagnées d’un
certificat spécial, légalisé aux Etats-Unis.
C’est exact, malheureusement ces certifi
cats, d’un prix fort élevé, ne servent à rien et
ne dispensent pas les marchandises d’une ins
pection à l'entrée ; inspection pour laquelle il
faut payer un droit exhorbitant de 5 fr. par
100 kilog. Ces frais, joints aux précédents et
aux droits de douane, dont sont frappés main
tenant les salaisons américaines, fait monter
l’entrée à près de 30 fr. par 100 kilog., c’est-
à-dire à près de la moitié de ce que valaient
en 1881 les 100 kilog. de lards salés, entrés
au Havre, tous frais de douane et de trans
port acquittés.
Les morceaux convenant le mieux à l’ali
mentation ouvrière, en France (bandes et
épaules), se payaient, en effet, 60 à 65 fr. les
100 kilog.
Voilà où nous en sommes arrivés avec la
protection et avec les représentants de ce sys
tème défectueux, tels que M. Jules Siegfried.
Aussi, défions-nous désormais de ces hom
mes soi-disant démocrates, de ces politiciens
habiles à sauvegarder leurs intérêts, mais in
capables de comprendre les besoins d’une
grande cité et, par suite, d’une nation.
Que les huit années d’inactivité et d’oubli
qui ont caractérisé la législature Siegfried,
nous servent de leçon, et que tous les élec
teurs Havrais, quels qu'ils soient, repoussent,
par un vote énergique, cet homme dangereux
et politicien maladroit.
Assez d’étrangers, et confions désormais la
défense de nos intérêts à un enfant du Havre,
qui a toujours montré affection et dévouement
à sa ville natale !
D. L.
LA FROUSSE
Déjà l’absence de M. Siegfried à la réunion de
la Scala était significative, mais l’avis que donne
le Petit Havre sur ce que M. Jules Siegfried
n’assistera pas aux réunions organisées par M.
~ ~ Ilot est un aveu tout franc qui en dit
long.
M. Jules Siegfried à qui le Petit Havre a pour
mission de faire une distribution automatique de
couronnes triomphales, et qui montrait tant de
goût pour les réunions publiques, il y a quelques
années, sûr qu’il était de n’y pas rencontrer
d’adversaires, est, on le voit, un triomphateur
modeste. Il provoque M. Denis Guillot, mais
quand celui-ci lui fait la même politesse, M.
Siegfried s’évanouit et se dispense ainsi d’accom
plir les obligations contractées envers le corps
électoral.
C’est, en effet, à la lumière des discussions
contradictoires que M. Siegfried est tenu de
justifier son attitude à la. Chambre et au ministère
et d’exposer son programme.
Ces réunions contradictoires doivent loyale
ment se faire sur l’appel des deux candidats en
présence, et l’on ne comprend pas la dérobade de
M. Siegfried, invité par M. Denis Guillot pour
toute la semaine prochaine, .et qui, d’après le
Petit Havre, rie sera retenu ailleurs que demain
lundi.
Combien M. Siegfried doit désirer de prendre
des engagements, l’excusant mieux de son absence
aux réunions de notre ami Denis Guillot !
Entre nous, il est facile de comprendre qu’après
la formidable raclée qu’il a reçue de notre can
didat dans la réunion de la Lyre Havraise, M.
Jules Siegfried a sérieusement besoin de se faire
remonter le moral, d'éviter le plus possible des
rencontres pour lui trop dangereuses.
Les comptes rendus fantaisistes du Petit Havre
dégagent ainsi une moralité tout à fait décisive
que leur donne M. Siegfried, en déclinant, en
bloc, lçs invitations de M. Denis Guillot.
Il n’y a qu’un mot pour dépeindre l’etat d’âme
qui inspire une telle résolution, et c’est celui qui
fournit un titre à cet article.
UNE RÉUNION CONTRADICTOIRE
Nous lisons dans La Lanterne de ce jour :
Le Havre, 11 août. — Les deux candidats M.
Siegfried, ancien ministre et M. Denis Guillot,
avocat ont été entendus ce soir contradictoirement
dans la salle de la Lyre havraise.
M. Siegfried avarié i e premier et a ramené sur
le terrain la question du câble des Açores en dé
clarant que son prédécesseur, M. Jules Roche, lui
avait laissé le projet avec une majoration de douze
millions.
Ce à quoi a riposté M. Denis Guillot : « Vous
accusez M. Jules Roche d’avoir tripoté, votre de
voir était de dénoncer les tripoteurs de la com
mission technique. Vous ne l’avez pas fait. La
ORGANE RÉPUBLICAIN
paix des kmmms :
&
LE RÉVEIL DE II A VRE paraît tous les jours
SIX MOIS
3 fr.
3 50
Le Havre
Départements
UN AN
5 fr.
6 fr.
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LE RÉVEIL DU HAVRE
parai!
T*. OU® U K ® JOURS
à 7 heurrs du malin
SI EGFR IE
ET LA.
En 1881, M. Tirard, alors ministre du
commerce, fit voter par les Chambres un
décret f appant d'interdiction les Salaisons
d'Amérique.
Pour justifier cette mesure prohibitive, cet
ultra protectionniste fit soutenir par une
pi esse vendue que l’emploi des lai ds d’Amé
rique était contraire à La santé publique.
S’qnauvRnt sur la déclaration, plus ou
moins scientifique, d’un ceïtai’' *'
qui prétendait reconnaître dans quelques C9S
pathologiques, encore inexpliqués, une mani
festation de la trichine, on déclara les viandes
américaines infectées par ce nématode pa
rasite.
il fallait, pour condamner définitivement
les salahons américaines, trouver quelques
cas de mort. M. Jhm Chatin se hata d en
signaler, et c’est alors que nous ne compre
nons pas comment tout le corps médical n’a
pa> pris la parole, pour protester contre les
agissements d’un pseudo-savant, zoologiste
poli ique„ à qui des travaux trop sommaires
et peu consciencieux n’ont pu donner un
nom dans la science.
Personne n’ignore combien il est difficile
de diagnostiquer au cas de trichinose. Com
bien les débuts de cette infection parasitaire
coïncident avec les accidents primaires de la
fièvre thyphoïde.
C’est ce qui a fait que la plupart des
esprits scientifiques se demandent encore si
l’on n'avait pas pris certains symptômes,
résultant d’une évolution spéciale du bacille
typhique, pour ces prétendus cas de tri
chinose.
Lorsqu’il est scientifiquement prouvé que,
dams les cas de trichinose porcine, l’invasion
du neraatode se locali e absolument dans les
muscles (voir Clans, traite de zoologiej , ne
voyons-nous pas M. Jhm Chatin, ignorant
absolument la biologie de cet être, nous
parler de pénétration cérébrale, d’où résul
terait pour le malade des convulsions affreuses
suivies de mort.
Qu’on cite donc un véritable cas de trichinose
mort-lie ; qu’on nous signale les résultats
fournis par une autopsie sérieuse.
Pour ma part, ayant eu à examiner certains
lards, soi-disant contaminés, et qui auraient
donné lieu à des accidents trichiniqùes (non
mortels, je m’empresse de le dire), je n’ai
trouvé dans ces viandes aucune trace de
^parasites.
La vérité sur la trichinose se résumé dans
ces quelques idées : admises maintenant par
tous les savants français et etrangers « La
trichinose », maladie parasitaire, spéciale au
i tïïi —rrir —n— t ~t — i n~~ i 1 ~r~ii 1 —n — rr — i — r—i —rrrmnr ~n • t~ iiinirr n i ittaiiimiBn—nr wr—nr
COMITÉ RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
DES COMMERÇANTS, OUVRIERS 6c EMPLOYÉS
CONSEILLER GÉNÉRAL - CANDIDAT RÉPUBLICAIN
rat et au porc, mais accidentelle et rare chez
l'homme, n’est nullement mortelle. Les quel
ques cas signalés en Allemagne (3 ou 4) et en
France (2 ou 3), sont fort douteux et con
testes par la majorité des sommités zoolo-
giques et médicales.
Qu’un tel décret s’appuyant sur les décla
rations mensongères d’un faux savant, et
soutenu par une presse vendue à un ministre
opportuniste fervent adepte d‘une protection
à outrance ; qu’un tel décret, dis-je, ait été
voté en 1881, nous n’avons pas lieu de nous
en étonner ; mais que M. Siegfried, député
du Havre et ministre du commerce, connais
sant toute l’insanité de pareilles assertions, et
ayant poiif fui î üpiiïio.i de !«. science., n es
saie pas lors de son passage au pouvoir de
faire rapporter cette mesure, contraire non-
seulement aux intérêts de la ville qui l’envoie
à la Chambre, mais encore à tout un peuple,
c’est ce que nous ne pouvons pas com
prendre.
11 a fait preuve dans cette question, qui
intéresse au plus haut point notre commerce
et nos ouvriers, d’une incurie rare, qui n’a
d’égale, que celle qu’il a manifestée dans sa
double et trop longue législature pour tout
ce qui a trait au progrès de notre port et au
bien-être de la population havraise.
Le procès du décret Tirard étant fait au
point de vue scientifique, no: s étudierons
maintenant les conséquences néfastes qui en
sont résultées pour notre cité, et envisageant
d’abord ces résultats au point de vue alimen
taire, nous terminerons notre étude par un
aperçu rapide du côté commercial.
Avant le décret Tirard, la majeure partie
des ouvriers faisaient une consommation
journalière de salaisons américaines. À cette
époque, grâce à ces viandes étrangères,
livrées à bas prix et parfaitement saines , l’ali
mentation de ces classes était assurée d’une
manière satisfaisante.
Maintenant que cette prohibition insensée
a fait disparaître les lards d’Amérique des
marchés français, le problème de l’alimenta
tion ouvrière devient presque impossible à
résoudre.
Le prix de la viande augmentant de jour
en jour, malgré les mesures trop peu efficaces
de protection de l’agriculture et de l’élevage
français, il est facile de prévoir qu’à une date
rapprochée, si l’on n’y porte un prompt re
mède, notre population ouvrière se verra
forcée de supprimer de son alimentation, le
bœuf et le mouton, dont le prix sera inabor
dable.
Et nous demandons à quoi nos économistes
réduiront son alimentation !
Lorsqu’on agite de tous côtés les questions
d’hygiène, lorsqu’on parle de notre dégéné
rescence vitale, il est honteux de voir des
hommes, qui, comme M. Siegfried, ont tenu
en main les destinées de toute une classe, de
toui un peuple, n’avoir pas su ou n’avoir pas
voulu les améliorer.
Pour un homme qui se vante d’être philan
thrope, la meilleure façon de le prouver,
c/était de faire rapporter un décret contraire
à l’hygiène publique et à la santé de tous ou
d’essayer au moins de le faire rapporter. Et
cela, M. Siegfried ne l’a même pas fait !
Connaissant toute l’inaction de notre repré
sentant, la Fédération des Chambres syndicales
ouvrières du Havre avait tenté d’exciter son
zèle : le 27 janvier 1893, les délégués lui en
voyèrent un télégramme, pour le prier de
prendre en main la cause ouvrière et de faire
LzV.. ’ : f orn cuse prohibition.
Mais cet énergique stimulant, ce vigoureux
coup de fouet donné à son inertie, a été im
puissant pour secouer la torpeur de cet homme
du Nord, de ce commerçant cosmopolite, que
les hasards- du négoce ont fait échouer dans
notre ville et dont nous avons malheureuse
ment fait le défenseur.
Il a parlé, dans son semblant de proclama
tion, des intérêts du Havre et de ceux de
notre marine marchande. 11 s’est vanté de les
avoir soutenus. Vaines paroles que tous ses
actes démentent !
Notre marine marchande souffre, sa ruine
est imminente, et M. Jules Siegfried n’a rien
fait pour abolir le décret Tirard, ce qui eut
rétabli pour notre marine 40,000 tonneaux de
fret, provenant des arrivages américains;
fret se traduisant, pour le port du Havre, par
environ 40 millions de transactions et près de
5 millions de droits de douane.
M. Siegfried est socialiste (?), c’est pour
quoi il n’a pas essayé de faire rapporter cette
mesure inique, qui a privé d’ouvrage plus de
300 ouvriers et désorganisé l’alimentation
d’un pays.
On nous dira que depuis quelques années,
les lards d’Amérique peuvent entrer en France,
si les marchandises sont accompagnées d’un
certificat spécial, légalisé aux Etats-Unis.
C’est exact, malheureusement ces certifi
cats, d’un prix fort élevé, ne servent à rien et
ne dispensent pas les marchandises d’une ins
pection à l'entrée ; inspection pour laquelle il
faut payer un droit exhorbitant de 5 fr. par
100 kilog. Ces frais, joints aux précédents et
aux droits de douane, dont sont frappés main
tenant les salaisons américaines, fait monter
l’entrée à près de 30 fr. par 100 kilog., c’est-
à-dire à près de la moitié de ce que valaient
en 1881 les 100 kilog. de lards salés, entrés
au Havre, tous frais de douane et de trans
port acquittés.
Les morceaux convenant le mieux à l’ali
mentation ouvrière, en France (bandes et
épaules), se payaient, en effet, 60 à 65 fr. les
100 kilog.
Voilà où nous en sommes arrivés avec la
protection et avec les représentants de ce sys
tème défectueux, tels que M. Jules Siegfried.
Aussi, défions-nous désormais de ces hom
mes soi-disant démocrates, de ces politiciens
habiles à sauvegarder leurs intérêts, mais in
capables de comprendre les besoins d’une
grande cité et, par suite, d’une nation.
Que les huit années d’inactivité et d’oubli
qui ont caractérisé la législature Siegfried,
nous servent de leçon, et que tous les élec
teurs Havrais, quels qu'ils soient, repoussent,
par un vote énergique, cet homme dangereux
et politicien maladroit.
Assez d’étrangers, et confions désormais la
défense de nos intérêts à un enfant du Havre,
qui a toujours montré affection et dévouement
à sa ville natale !
D. L.
LA FROUSSE
Déjà l’absence de M. Siegfried à la réunion de
la Scala était significative, mais l’avis que donne
le Petit Havre sur ce que M. Jules Siegfried
n’assistera pas aux réunions organisées par M.
~ ~ Ilot est un aveu tout franc qui en dit
long.
M. Jules Siegfried à qui le Petit Havre a pour
mission de faire une distribution automatique de
couronnes triomphales, et qui montrait tant de
goût pour les réunions publiques, il y a quelques
années, sûr qu’il était de n’y pas rencontrer
d’adversaires, est, on le voit, un triomphateur
modeste. Il provoque M. Denis Guillot, mais
quand celui-ci lui fait la même politesse, M.
Siegfried s’évanouit et se dispense ainsi d’accom
plir les obligations contractées envers le corps
électoral.
C’est, en effet, à la lumière des discussions
contradictoires que M. Siegfried est tenu de
justifier son attitude à la. Chambre et au ministère
et d’exposer son programme.
Ces réunions contradictoires doivent loyale
ment se faire sur l’appel des deux candidats en
présence, et l’on ne comprend pas la dérobade de
M. Siegfried, invité par M. Denis Guillot pour
toute la semaine prochaine, .et qui, d’après le
Petit Havre, rie sera retenu ailleurs que demain
lundi.
Combien M. Siegfried doit désirer de prendre
des engagements, l’excusant mieux de son absence
aux réunions de notre ami Denis Guillot !
Entre nous, il est facile de comprendre qu’après
la formidable raclée qu’il a reçue de notre can
didat dans la réunion de la Lyre Havraise, M.
Jules Siegfried a sérieusement besoin de se faire
remonter le moral, d'éviter le plus possible des
rencontres pour lui trop dangereuses.
Les comptes rendus fantaisistes du Petit Havre
dégagent ainsi une moralité tout à fait décisive
que leur donne M. Siegfried, en déclinant, en
bloc, lçs invitations de M. Denis Guillot.
Il n’y a qu’un mot pour dépeindre l’etat d’âme
qui inspire une telle résolution, et c’est celui qui
fournit un titre à cet article.
UNE RÉUNION CONTRADICTOIRE
Nous lisons dans La Lanterne de ce jour :
Le Havre, 11 août. — Les deux candidats M.
Siegfried, ancien ministre et M. Denis Guillot,
avocat ont été entendus ce soir contradictoirement
dans la salle de la Lyre havraise.
M. Siegfried avarié i e premier et a ramené sur
le terrain la question du câble des Açores en dé
clarant que son prédécesseur, M. Jules Roche, lui
avait laissé le projet avec une majoration de douze
millions.
Ce à quoi a riposté M. Denis Guillot : « Vous
accusez M. Jules Roche d’avoir tripoté, votre de
voir était de dénoncer les tripoteurs de la com
mission technique. Vous ne l’avez pas fait. La
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 87.0%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32632982/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32632982/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32632982/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32632982
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32632982