Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-05-27
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 mai 1893 27 mai 1893
Description : 1893/05/27 (N83). 1893/05/27 (N83).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263283m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2* Année — N° 83 — Samedi 27 Mai 1893.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 8
101 — N° 88.
Réveil
«■H ) . Seff
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames.... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre.... 5 fr. 3 fr.
Départements.... 6 fr. 3 50
AVIS A NOS ABONNÉS
Certaines irrégularités s'étant produi
tes dans les encaissements de nos abon
nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
chez M. F. Le Roy, imprimeur, ou sur
quittance présentée par la poste.
Nous assistons depuis quelque temps à une
curieuse évolution des partis monarchiques.
Nous les voyons venir déclarer hautement
qu’ils se rallient à la République, alors que
dans leur for intérieur, ils abhorrent ce régime
de liberté. Que devons-nous faire, nous répu
blicains, en face de cette invasion de nouveaux
partisans, faut-il les accueillir ? Faut-il les
repousser? Nous déclarons carrément qu’il
faut les repousser car c’est toujours un défaut
de tactique, une faute très sérieuse que d’ou
vrir les portes de son camp à des partisans
qui se rallient à votre drapeau, faute de cou
rage parmi les anciens chefs. On parle souvent
de coups d’Etat, on annonce de temps en
temps que les princes vont monter à cheval,
mais, hélas ! ces descendants dégénérés des
anciens preux ne montrent plus quelque bra
voure que lorsqu’ils partent à la chasse de
lièvres et de faisans parqués dans des encein
tes dont ils ne peuvent sortir et où l’on en
fait un massacre complet, sans danger pour
les chasseurs. Il est avéré aujourd’hui que
que toute restauration monarchique est deve
nue impossible et cela par le grand bon sens
et l’honneté avec lesquels la République a su
s’imposer non seulement à la nation française,
mais encore à l’Europe entière. Le parti légi
timiste est depuis longtemps enterré dans le
suaire d’Henri-V et les quelques rares parti
sans de cette idée, en grande partie âgés de
60 à 80 ans, ne parviennent même pas à gal
vaniser leurs membres perclus et goutteux.
Les Orléanistes n’ont su qu’imposer à la
France une idée de dégoût en raison de leur
avarice.
On parle quelquefois d’un brillant état-
major qui existerait encore dans ce parti.
C’est une erreur profonde car les princes d’Or
léans n’ont même pas su se conserver des par
tisans, malgré leur immense fortune. 11 n’y a
aucune crainte de voir leurs richesses se gas
piller inutilement, s’ils font appel au dévoue
ment de quelques uns, ils s’empressent de
délivrer un chèque payable lors de leur res
tauration future. De cette façon, ils ne ris
quent rien, mais en cas de réussite, ils grève
raient de nouveau la France d’indemnités
énormes destinées à payer leurs partisans.
Parlerons-nous du parti bonapartiste? Oui,
quoique avec regret nous soyons obligé d’évo
quer cette époque de dévergondage, d’hypo
crisie et de trahison. C’est presque salir sa
plume que de parler des napoléoniens. Un ré
gime qui a fini d’une façon si abjecte ne peut
que soulever le cœur, et si parfois, malgré
son ambition démesurée, son orgueil intraita
ble, son mépris des vies humaines, nous con
cevons encore un peu de gloire des victoires
de Napoléon I er , nous sommes profondément
humiliés de la flétrissure infligée à cette gloire
française par la lâcheté d’un souverain inca
pable, qui n’a pas craint de rendre son épée à
notre ennemi héréditaire et n’a pas même su
mourir, probablement pour essayer de profiter
des trahisons de son lieutenant Bazaine.
De toutes ces considérations, il résulte que
les monarchistes se lassent de ne plus être au
pouvoir.
Aussi, vont-ils user de tous les moyens
pour le reprendre. N’ayant pu réussir à vain
cre la République, ils veulent employer le
subterfuge d’Ulysse et des Grecs pour pénétrer
dans la ville de Troie et s’en emparer. Ah !
naïfs républicains, qui accueillez les ralliés
presque avec conviction, ne voyez-vous pas
que si vous admettez les ralliés au gouverne
ment de la République, ils ne profiteront de
leur entrée dans la place que pour essayer de
vons en chasser.
Rappelez-vous que les monarchistes ont
toujours régné au moyen de la corruption et
que grâce aux fortunes immenses qui ont été
gagnées par le travail des peuples, ils auraient
sur vous un avantage énorme car vous n’au
riez à leur opposer que votre honnêteté na
tive, ce qui n’est pas une force suffisante dans
la lutte.
Arrière donc les ralliés ! Laissons les mo
narchistes à leurs idées surannées, à leurs
gloires panachées. Laissons-les banqueter à
1 ,‘ur aise et s’il leur prend fantaisie de se ral
lier à la République que se soit sans conditions
et sans avantages.
C’est déjà bien beau que la République
veuille bien les admettre comme simples
soldats.
Qu’ils fassent leurs preuves pendant de
longues années, et, si réellement leur conver
sion est sincère, il sera alors temps de songera
leur procurer quelques avantages. Mais pen
dant de années, méfiez-vous républicains sin
cères et rappelez-vous que vous avez conquis
la République au prix de votre sang, il
importe donc de la conserver et de l’améliorer.
Cette amélioration ne se fera qu’avec le
concours des classes laborieuses qui ont pour
elles le travail, le courage et Fintelligence.
Que ferions-nous des descendants des partis
monarchiques dont la vie oisive et inactive
n’a fait, hélas ! que des incapables et dont le
seul mérite ne provient que du reflet de leur
or ?
N’oublions pas qu’un quatrième ordre va
bientôt conquérir le monde. Le parti ouvrier
est nombreux et il suffira bien à donner à la
France une nouvelle auréole dont elle aura
lieu d’être fière, car elle aura été amenée uni
quement par le travail, ce levier de l’honnê
teté républicaine.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 21 Mai 1893
SOMME
MM. A. Bernot, maire de Ham, vice-président du
conseil général, républicain.... 8G8 Elu
De Douville-Maillefeu, député, ré
publicain 425
Bulletins blancs . 20
*
* *
Elections de Conseillers généraux
Deux élections de conseillers généraux ont eu
lieu dimanche.
Dans la Creuse, M. Gallemard, républicain, a
été nommé pour le canton de Chatelus-Malvaleix.
Dans la Lozère (canton de Malzieu), M. Creuize,
républicain, a été élu au scrutin de ballottage.
*■ 1 *
* *
Les circonscriptions électorales. — La
Chambre doit discuter aujourd’hui le projet de loi
modifiant lés circonscriptions électorales.
On sait, que ce projet a pour but de modifier le
nombre des députés de certaines circonscriptions,
auxquelles l’augmentation ou la diminution de k
population fait gagner ou perdre un représentant.
Rappelons que le dit projet octroi aux arron
dissements de Guéret, St-Etienne, Lille, Rouen,
eu province, les sixième et huitième arrondisse
ments de Paris et l’arrondissement de Saint-Denis
(Seine), un député de plus.
Par contre, les arrondissements de Carcassonne
et de Montauban n’ont plus droit qu’à un député
au lieu de deux.
Le gouvernement proposera, en outre, de re
manier les circonscriptions des arrondissements
de Tulle, Brest, Reims, Albi, Oran et Constan-
tine, de manière à assurer une représentation plus
équitable et mieux proportionnée aux chiffres de
la population et aux intérêts des cantons réunis.
La plupart de ces modifications seront votées
sans débat par la Chambre. Néanmoins, il y aura
discussion pour quelques-unes.
★
* *
Le renouvellement partiel. — La Cham
bre va aussi tenter un grand effort dans le but
d’obtenir, de ses représentants, son renouvel
lement d’une façon partielle.
Et pour quel prétexte ?... Pour assurer, dit-on
d’abord, la continuité des travaux législatifs ;
pour éviter à la nouvelle Chambre la peine de
recommencer tout ce qu’a fait la précédente et qui
n’a pas été achevé.
Ensuite, ajoute-t-on (quelle hypocrisie), pour
consulter plus souvent le suffrage universel ; au
lieu de n’avoir la parole que tous les quatre ans,
les électeurs manifesteront leur volonté tous les
trois ans ou même tous les deux ans. Ne sera-ce
pas un progrès ?
La première raison ne vaut pas grand’chose, et
la seconde ne vaut rien du tout. C’est une façon
comme une autre d’allonger la durée du man
dat, pas autre cho§e.
S’ils disaient le fond de leur pensée, les pro
moteurs du système avoueraient qu’ils sont hu
miliés de voir les sénateurs élus pour neuf lon
gues années, tandis qu’eux, pauvres députés, sont
obligés de subir tous les quatre ans les ennuis,
les frais et les risques d’une campagne électorale ;
et quatre ans sont si vite passés ! On n’a pas eu
le temps de se reconnaître dans ce milieu parle
mentaire, où s’agitent tant d’intrigues et de
petites passions, que déjà il faut songer à la
réélection, solliciter une investiture nouvelle,
défendre sa place contre des concurrents sans
pitié. C’est intolérable !
Les leçons du passé ne nous ont point, hélas !
guéri de la manie du remaniement ? Et, ici, nous
ne voyons pas autre chose qu’une intrigue oppor
tuniste. Ce renouvellement partiel a déjà été
expérimenté en France. Sous le Directoire, on
l’appliqua aux deux Chambres, et on se souvient
encore de ses œuvres, pour en être dégoûté à
jamais. Mais nous y sommes assez sous le Direc
toire ! N’en avons-nous pas l’impuissance, l’anar
chie et l’anémie !
Assez de freins ! C’est la force de propulsion
qui nous manque à cette heure où tout se traîne
si lamentablement. N’inventons pas de nouveaux
moyens de réfréner ce qui nous reste de vitalité
et d’énergie, et nous ferons acte de bons citoyens.
Mais la Chambre aura-t-elle cette sagesse ?
*
* *
Le Discours de Toulouse. — Le clou de la
semaine, pour le marteau de la presse, a été de
frapper ferme sur le président du Conseil, à pro
pos du discours si impérieux qu’il a prononcé tout
récemment à-Toulouse.
Nous, dont la place et le rôle sont si modestes,
aurions peu de chose à dire, si nous n’avions
trouvé ce point saillant et caractéristique dans le
langage de M. Dupuy : c’est son affirmation de
dire que le ministère actuel présidera aux prochai
nes élections générales.
On se demande sur quoi est basée cette confiance
de M. Charles Dupuy.
Pas, en tous cas, sur la sympathie dévouée que
la Chambre lui a témoignée, car, en plusieurs
circonstances, les députés lui ont montré peu de
bienveillance et ont marqué, au contraire, une
certaine tendance à lui être désagréable.
Dans ces conditions, annoncer qu’on est le
maître de l’avenir, c’est, à notre humble avis,
vouloir faire trop bon marché du Parlement, à
moins que M. Dupùy ne songe à clore la session
par décret, à l’expiration des cinq mois exigés par
la Constitution.
Ce serait aller à l’extrême limite de la légalité
et jouer, avec le concours nécessaire de M. Carnot,
une partie dangereuse, car consulter le suffrage
universel dans de telles conditions paraîtrait une
atteinte à l’esprit, sinon aux règles du régime
parlementaire.
*
4 *
M. Achille Le Roy et l’Académie. — Le
citoyen Achille Le Roy continuait, hier, la série
de ses visites aux membres de l’Académie, lesquels,
bien entendu, fuient l’approche de sa présence.
Nous, qui avons connu jadis ,ce personnage,
nous n’hésitons pas à déclarer que les Parisiens,
les étudiants et étudiantes, qui poussent la prouesse
jusqu’à louer des omnibus pour promener triom
phalement ce malheureux et faire chorus autour
de lui, tout en s'amusant à ses dépens, sont en
voie, de monomane qu’il est, de le pousser tout à.
fait à la folie.
Achille a toujours été un toqué. De retour de
Nouméa avec son collègue et ami d’aventure Alle-
mane, ils entrèrent tous deux comme typographes
à l'Imprimerie Nouvelle (association ouvrière),
alors rue des Jeûneurs, où ils fondèrent le Pro
létaire.
Achille est assurément un érudit, trop érudit
peut-être pour un homme de sa condition, ce qui
lui trouble fréquemment l’imagination. Ceux qui
l’ont connu là comme correcteur, craignaient à
chaque instant, de le voir perdre la raison, tant il
était morose, sombre et soucieux, et il fallait
l’exciter par des discussions politiques, sociales et
scientifiques, pour le pousser à parler : mais une
fois lancé, il devenait alors orateur exalté jusqu’au
paroxisme. Mais on l’aimait, parce qu’il était doux
et bon et on l’appelait volontiers le « mouton de
la boîte ».
Aujourd’hui, lorsqu’on le voit s’affubler d’un
costume si pittoresque, faire des excursions dans
une diligence au milieu de jeunes étudiants, qui
se gaussent de lui, et se munir de marmites pour
faire ses visites, n’est-ii pas permis de se deman
der si cet homme n’est pas complètement fou ?
Gageons qu’avant peu, nous apprendrons qu’il
quittera définitivement. la candidature à l’Acadé
mie, pour prendre une première place de titulaire
à Charenton.
TROIS DISCOURS
La semaine qui vient de s’écouler a été fertile
en discours. Parmi ceux qui ont été prononcés,
trois méritent de retenir quelque temps l’attention,
eu égard à la situation des orateurs et aux cir
constances dans lesquelles ils ont exprimé leurs
idées.
MM. Dupuy, Goblet et Emile Zola, sont en effet
des personnages considérables, et l’on peut cher
cher dan's leurs paroles, un enseignement ou tout
au moins un renseignement sur certains courants
d’idées.
M. Dupuy, président du Conseil, a parlé en sa
tisfait et en outrecuidant. Il n'a pas réédité, ce
dont il faut d’ailleurs lui savoir gré, sa fameuse
théorie sur les opinions successives. Mais il a dé
claré qu’il allait présider aux prochaines élections,
ce qui n’est pas fait pour contenter ceux qui ai
ment la franchise.
Le socialisme existe-t-il? M. Dupuy veut l’igno
rer, le brave homme, ce n’est pas son affaire. En
tout cas, dit-il, le peuple se prononcera sur le
compte du socialisme ainsi qu’il lui conviendra.
Ça n’est pas bien compromettant, en vérité, et
l’on ne saurait guère ce que M. Dupuy pense du
socialisme si l’on ne connaissait par expérience
les brutalités de ses agents envers les députés
ouvriers.
Un mot en passant aux ralliés qu’il appelle des
« résignés ». Le mot serait joli si nous n’étions
édifiés sur le peu de portée des railleries ministé
rielles. Car nul n’ignore, — dans la Seine-Infé
rieure moins encore qu’autre part, — que les ral
liés, nuance Rouland, sont en faveur grande auprès
de nos administrations, et que tel fonctionnaire,
étrillé par Ed. Drumont, fait risette à la réaction
sous sa forme la plus compromettante, qui est le
cléricalisme.
En dépit des saillies de M. Dupuy, les ralliés
continueront donc d’avoir leurs grandes et petites
entrées dans les administrations de la République.
Cette facétie, après boire, ne signifie donc pas
grand’chose.
Nous aimons mieux les déclarations de M.
Goblet.
Tous ceux qui assistent à l’évolution de ceÊ
esprit distingué, dont l’honnêteté égale l’indépen
dance, peuvent constater que M. Goblet va à gau
che, vers cette gauche, dont, en une heure d’aber
ration, Jules Ferry dénonçait les périls.
Lui, issu de la bourgeoisie, lui, ancien mi
nistre, il comprend que l’avenir est au socialisme
et que c’est dans cette direction que les hommes
politiques doivent s’orienter, s’ils veulent assurer
à la République, son complet développement et la
mettre à-l’abri des catastrophes.
M. Goblet ne sépare pas le progrès de la démo
cratie de la suprématie pacifique des classes
laborieuses. Comme ces idées sont celles que nous
défendons, depuis deux ans, dans Le Réveil , on ne
sera pas surpris que nous les approuvions pleine
ment. N’en déplaise aux organes opportunistes,
les Goblet, les Millerand, les Pelletan sont des
clairvoyants, et le peuple ne tardera pas à donner
aux idées qu’ils représentent la majorité à laquelle
a droit la bonne foi servie par le talent.
A noter également le discours de M. Emile
/
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 8
101 — N° 88.
Réveil
«■H ) . Seff
Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS:
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames.... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre.... 5 fr. 3 fr.
Départements.... 6 fr. 3 50
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Certaines irrégularités s'étant produi
tes dans les encaissements de nos abon
nements et annonces, nous prions ins
tamment nos abonnés de ne payer que
chez M. F. Le Roy, imprimeur, ou sur
quittance présentée par la poste.
Nous assistons depuis quelque temps à une
curieuse évolution des partis monarchiques.
Nous les voyons venir déclarer hautement
qu’ils se rallient à la République, alors que
dans leur for intérieur, ils abhorrent ce régime
de liberté. Que devons-nous faire, nous répu
blicains, en face de cette invasion de nouveaux
partisans, faut-il les accueillir ? Faut-il les
repousser? Nous déclarons carrément qu’il
faut les repousser car c’est toujours un défaut
de tactique, une faute très sérieuse que d’ou
vrir les portes de son camp à des partisans
qui se rallient à votre drapeau, faute de cou
rage parmi les anciens chefs. On parle souvent
de coups d’Etat, on annonce de temps en
temps que les princes vont monter à cheval,
mais, hélas ! ces descendants dégénérés des
anciens preux ne montrent plus quelque bra
voure que lorsqu’ils partent à la chasse de
lièvres et de faisans parqués dans des encein
tes dont ils ne peuvent sortir et où l’on en
fait un massacre complet, sans danger pour
les chasseurs. Il est avéré aujourd’hui que
que toute restauration monarchique est deve
nue impossible et cela par le grand bon sens
et l’honneté avec lesquels la République a su
s’imposer non seulement à la nation française,
mais encore à l’Europe entière. Le parti légi
timiste est depuis longtemps enterré dans le
suaire d’Henri-V et les quelques rares parti
sans de cette idée, en grande partie âgés de
60 à 80 ans, ne parviennent même pas à gal
vaniser leurs membres perclus et goutteux.
Les Orléanistes n’ont su qu’imposer à la
France une idée de dégoût en raison de leur
avarice.
On parle quelquefois d’un brillant état-
major qui existerait encore dans ce parti.
C’est une erreur profonde car les princes d’Or
léans n’ont même pas su se conserver des par
tisans, malgré leur immense fortune. 11 n’y a
aucune crainte de voir leurs richesses se gas
piller inutilement, s’ils font appel au dévoue
ment de quelques uns, ils s’empressent de
délivrer un chèque payable lors de leur res
tauration future. De cette façon, ils ne ris
quent rien, mais en cas de réussite, ils grève
raient de nouveau la France d’indemnités
énormes destinées à payer leurs partisans.
Parlerons-nous du parti bonapartiste? Oui,
quoique avec regret nous soyons obligé d’évo
quer cette époque de dévergondage, d’hypo
crisie et de trahison. C’est presque salir sa
plume que de parler des napoléoniens. Un ré
gime qui a fini d’une façon si abjecte ne peut
que soulever le cœur, et si parfois, malgré
son ambition démesurée, son orgueil intraita
ble, son mépris des vies humaines, nous con
cevons encore un peu de gloire des victoires
de Napoléon I er , nous sommes profondément
humiliés de la flétrissure infligée à cette gloire
française par la lâcheté d’un souverain inca
pable, qui n’a pas craint de rendre son épée à
notre ennemi héréditaire et n’a pas même su
mourir, probablement pour essayer de profiter
des trahisons de son lieutenant Bazaine.
De toutes ces considérations, il résulte que
les monarchistes se lassent de ne plus être au
pouvoir.
Aussi, vont-ils user de tous les moyens
pour le reprendre. N’ayant pu réussir à vain
cre la République, ils veulent employer le
subterfuge d’Ulysse et des Grecs pour pénétrer
dans la ville de Troie et s’en emparer. Ah !
naïfs républicains, qui accueillez les ralliés
presque avec conviction, ne voyez-vous pas
que si vous admettez les ralliés au gouverne
ment de la République, ils ne profiteront de
leur entrée dans la place que pour essayer de
vons en chasser.
Rappelez-vous que les monarchistes ont
toujours régné au moyen de la corruption et
que grâce aux fortunes immenses qui ont été
gagnées par le travail des peuples, ils auraient
sur vous un avantage énorme car vous n’au
riez à leur opposer que votre honnêteté na
tive, ce qui n’est pas une force suffisante dans
la lutte.
Arrière donc les ralliés ! Laissons les mo
narchistes à leurs idées surannées, à leurs
gloires panachées. Laissons-les banqueter à
1 ,‘ur aise et s’il leur prend fantaisie de se ral
lier à la République que se soit sans conditions
et sans avantages.
C’est déjà bien beau que la République
veuille bien les admettre comme simples
soldats.
Qu’ils fassent leurs preuves pendant de
longues années, et, si réellement leur conver
sion est sincère, il sera alors temps de songera
leur procurer quelques avantages. Mais pen
dant de années, méfiez-vous républicains sin
cères et rappelez-vous que vous avez conquis
la République au prix de votre sang, il
importe donc de la conserver et de l’améliorer.
Cette amélioration ne se fera qu’avec le
concours des classes laborieuses qui ont pour
elles le travail, le courage et Fintelligence.
Que ferions-nous des descendants des partis
monarchiques dont la vie oisive et inactive
n’a fait, hélas ! que des incapables et dont le
seul mérite ne provient que du reflet de leur
or ?
N’oublions pas qu’un quatrième ordre va
bientôt conquérir le monde. Le parti ouvrier
est nombreux et il suffira bien à donner à la
France une nouvelle auréole dont elle aura
lieu d’être fière, car elle aura été amenée uni
quement par le travail, ce levier de l’honnê
teté républicaine.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election sénatoriale du 21 Mai 1893
SOMME
MM. A. Bernot, maire de Ham, vice-président du
conseil général, républicain.... 8G8 Elu
De Douville-Maillefeu, député, ré
publicain 425
Bulletins blancs . 20
*
* *
Elections de Conseillers généraux
Deux élections de conseillers généraux ont eu
lieu dimanche.
Dans la Creuse, M. Gallemard, républicain, a
été nommé pour le canton de Chatelus-Malvaleix.
Dans la Lozère (canton de Malzieu), M. Creuize,
républicain, a été élu au scrutin de ballottage.
*■ 1 *
* *
Les circonscriptions électorales. — La
Chambre doit discuter aujourd’hui le projet de loi
modifiant lés circonscriptions électorales.
On sait, que ce projet a pour but de modifier le
nombre des députés de certaines circonscriptions,
auxquelles l’augmentation ou la diminution de k
population fait gagner ou perdre un représentant.
Rappelons que le dit projet octroi aux arron
dissements de Guéret, St-Etienne, Lille, Rouen,
eu province, les sixième et huitième arrondisse
ments de Paris et l’arrondissement de Saint-Denis
(Seine), un député de plus.
Par contre, les arrondissements de Carcassonne
et de Montauban n’ont plus droit qu’à un député
au lieu de deux.
Le gouvernement proposera, en outre, de re
manier les circonscriptions des arrondissements
de Tulle, Brest, Reims, Albi, Oran et Constan-
tine, de manière à assurer une représentation plus
équitable et mieux proportionnée aux chiffres de
la population et aux intérêts des cantons réunis.
La plupart de ces modifications seront votées
sans débat par la Chambre. Néanmoins, il y aura
discussion pour quelques-unes.
★
* *
Le renouvellement partiel. — La Cham
bre va aussi tenter un grand effort dans le but
d’obtenir, de ses représentants, son renouvel
lement d’une façon partielle.
Et pour quel prétexte ?... Pour assurer, dit-on
d’abord, la continuité des travaux législatifs ;
pour éviter à la nouvelle Chambre la peine de
recommencer tout ce qu’a fait la précédente et qui
n’a pas été achevé.
Ensuite, ajoute-t-on (quelle hypocrisie), pour
consulter plus souvent le suffrage universel ; au
lieu de n’avoir la parole que tous les quatre ans,
les électeurs manifesteront leur volonté tous les
trois ans ou même tous les deux ans. Ne sera-ce
pas un progrès ?
La première raison ne vaut pas grand’chose, et
la seconde ne vaut rien du tout. C’est une façon
comme une autre d’allonger la durée du man
dat, pas autre cho§e.
S’ils disaient le fond de leur pensée, les pro
moteurs du système avoueraient qu’ils sont hu
miliés de voir les sénateurs élus pour neuf lon
gues années, tandis qu’eux, pauvres députés, sont
obligés de subir tous les quatre ans les ennuis,
les frais et les risques d’une campagne électorale ;
et quatre ans sont si vite passés ! On n’a pas eu
le temps de se reconnaître dans ce milieu parle
mentaire, où s’agitent tant d’intrigues et de
petites passions, que déjà il faut songer à la
réélection, solliciter une investiture nouvelle,
défendre sa place contre des concurrents sans
pitié. C’est intolérable !
Les leçons du passé ne nous ont point, hélas !
guéri de la manie du remaniement ? Et, ici, nous
ne voyons pas autre chose qu’une intrigue oppor
tuniste. Ce renouvellement partiel a déjà été
expérimenté en France. Sous le Directoire, on
l’appliqua aux deux Chambres, et on se souvient
encore de ses œuvres, pour en être dégoûté à
jamais. Mais nous y sommes assez sous le Direc
toire ! N’en avons-nous pas l’impuissance, l’anar
chie et l’anémie !
Assez de freins ! C’est la force de propulsion
qui nous manque à cette heure où tout se traîne
si lamentablement. N’inventons pas de nouveaux
moyens de réfréner ce qui nous reste de vitalité
et d’énergie, et nous ferons acte de bons citoyens.
Mais la Chambre aura-t-elle cette sagesse ?
*
* *
Le Discours de Toulouse. — Le clou de la
semaine, pour le marteau de la presse, a été de
frapper ferme sur le président du Conseil, à pro
pos du discours si impérieux qu’il a prononcé tout
récemment à-Toulouse.
Nous, dont la place et le rôle sont si modestes,
aurions peu de chose à dire, si nous n’avions
trouvé ce point saillant et caractéristique dans le
langage de M. Dupuy : c’est son affirmation de
dire que le ministère actuel présidera aux prochai
nes élections générales.
On se demande sur quoi est basée cette confiance
de M. Charles Dupuy.
Pas, en tous cas, sur la sympathie dévouée que
la Chambre lui a témoignée, car, en plusieurs
circonstances, les députés lui ont montré peu de
bienveillance et ont marqué, au contraire, une
certaine tendance à lui être désagréable.
Dans ces conditions, annoncer qu’on est le
maître de l’avenir, c’est, à notre humble avis,
vouloir faire trop bon marché du Parlement, à
moins que M. Dupùy ne songe à clore la session
par décret, à l’expiration des cinq mois exigés par
la Constitution.
Ce serait aller à l’extrême limite de la légalité
et jouer, avec le concours nécessaire de M. Carnot,
une partie dangereuse, car consulter le suffrage
universel dans de telles conditions paraîtrait une
atteinte à l’esprit, sinon aux règles du régime
parlementaire.
*
4 *
M. Achille Le Roy et l’Académie. — Le
citoyen Achille Le Roy continuait, hier, la série
de ses visites aux membres de l’Académie, lesquels,
bien entendu, fuient l’approche de sa présence.
Nous, qui avons connu jadis ,ce personnage,
nous n’hésitons pas à déclarer que les Parisiens,
les étudiants et étudiantes, qui poussent la prouesse
jusqu’à louer des omnibus pour promener triom
phalement ce malheureux et faire chorus autour
de lui, tout en s'amusant à ses dépens, sont en
voie, de monomane qu’il est, de le pousser tout à.
fait à la folie.
Achille a toujours été un toqué. De retour de
Nouméa avec son collègue et ami d’aventure Alle-
mane, ils entrèrent tous deux comme typographes
à l'Imprimerie Nouvelle (association ouvrière),
alors rue des Jeûneurs, où ils fondèrent le Pro
létaire.
Achille est assurément un érudit, trop érudit
peut-être pour un homme de sa condition, ce qui
lui trouble fréquemment l’imagination. Ceux qui
l’ont connu là comme correcteur, craignaient à
chaque instant, de le voir perdre la raison, tant il
était morose, sombre et soucieux, et il fallait
l’exciter par des discussions politiques, sociales et
scientifiques, pour le pousser à parler : mais une
fois lancé, il devenait alors orateur exalté jusqu’au
paroxisme. Mais on l’aimait, parce qu’il était doux
et bon et on l’appelait volontiers le « mouton de
la boîte ».
Aujourd’hui, lorsqu’on le voit s’affubler d’un
costume si pittoresque, faire des excursions dans
une diligence au milieu de jeunes étudiants, qui
se gaussent de lui, et se munir de marmites pour
faire ses visites, n’est-ii pas permis de se deman
der si cet homme n’est pas complètement fou ?
Gageons qu’avant peu, nous apprendrons qu’il
quittera définitivement. la candidature à l’Acadé
mie, pour prendre une première place de titulaire
à Charenton.
TROIS DISCOURS
La semaine qui vient de s’écouler a été fertile
en discours. Parmi ceux qui ont été prononcés,
trois méritent de retenir quelque temps l’attention,
eu égard à la situation des orateurs et aux cir
constances dans lesquelles ils ont exprimé leurs
idées.
MM. Dupuy, Goblet et Emile Zola, sont en effet
des personnages considérables, et l’on peut cher
cher dan's leurs paroles, un enseignement ou tout
au moins un renseignement sur certains courants
d’idées.
M. Dupuy, président du Conseil, a parlé en sa
tisfait et en outrecuidant. Il n'a pas réédité, ce
dont il faut d’ailleurs lui savoir gré, sa fameuse
théorie sur les opinions successives. Mais il a dé
claré qu’il allait présider aux prochaines élections,
ce qui n’est pas fait pour contenter ceux qui ai
ment la franchise.
Le socialisme existe-t-il? M. Dupuy veut l’igno
rer, le brave homme, ce n’est pas son affaire. En
tout cas, dit-il, le peuple se prononcera sur le
compte du socialisme ainsi qu’il lui conviendra.
Ça n’est pas bien compromettant, en vérité, et
l’on ne saurait guère ce que M. Dupuy pense du
socialisme si l’on ne connaissait par expérience
les brutalités de ses agents envers les députés
ouvriers.
Un mot en passant aux ralliés qu’il appelle des
« résignés ». Le mot serait joli si nous n’étions
édifiés sur le peu de portée des railleries ministé
rielles. Car nul n’ignore, — dans la Seine-Infé
rieure moins encore qu’autre part, — que les ral
liés, nuance Rouland, sont en faveur grande auprès
de nos administrations, et que tel fonctionnaire,
étrillé par Ed. Drumont, fait risette à la réaction
sous sa forme la plus compromettante, qui est le
cléricalisme.
En dépit des saillies de M. Dupuy, les ralliés
continueront donc d’avoir leurs grandes et petites
entrées dans les administrations de la République.
Cette facétie, après boire, ne signifie donc pas
grand’chose.
Nous aimons mieux les déclarations de M.
Goblet.
Tous ceux qui assistent à l’évolution de ceÊ
esprit distingué, dont l’honnêteté égale l’indépen
dance, peuvent constater que M. Goblet va à gau
che, vers cette gauche, dont, en une heure d’aber
ration, Jules Ferry dénonçait les périls.
Lui, issu de la bourgeoisie, lui, ancien mi
nistre, il comprend que l’avenir est au socialisme
et que c’est dans cette direction que les hommes
politiques doivent s’orienter, s’ils veulent assurer
à la République, son complet développement et la
mettre à-l’abri des catastrophes.
M. Goblet ne sépare pas le progrès de la démo
cratie de la suprématie pacifique des classes
laborieuses. Comme ces idées sont celles que nous
défendons, depuis deux ans, dans Le Réveil , on ne
sera pas surpris que nous les approuvions pleine
ment. N’en déplaise aux organes opportunistes,
les Goblet, les Millerand, les Pelletan sont des
clairvoyants, et le peuple ne tardera pas à donner
aux idées qu’ils représentent la majorité à laquelle
a droit la bonne foi servie par le talent.
A noter également le discours de M. Emile
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