Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1893-04-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 avril 1893 08 avril 1893
Description : 1893/04/08 (N76). 1893/04/08 (N76).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263276g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
"2 e Année — fi° 78 — Samedi 8 Avril 1893.
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
2 e Année — 19 Germinal An 101 — S° 78.
MsgîsaaBsasà
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
Le Havre....
Départements.
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
6 fr. 3 50
'il
Les déclarations ministérielles, premier
sourire du Cabinet au Parlement, nous pa
raissent des événements de si peu d’impor
tance -que nous ne perdrons pas notre temps
à rechercher ce qu’il peut y avoir dans celles
de jeudi dernier. Nous sommes, en effet,
arrivés à une époque où le suffrage universel
demande à ses élus autre chose que des pro
messes. On l’a tant de fois leurré que sa dé
fiance est légitime.
Toutefois, l’attitude différente de la Cham
bre et du Sénat, en face du ministère Dupuy,
renferme plus d v un enseignement. Les comp
tes rendus de séance nous apprennent que la
Chambre a été bienveillante et que le Sénat a
été froid et presque glacial.
Cela indique assez qu'entre ces deux
Chambres l’apaisement n’est pas près de se
faire et que les efforts accomplis depuis des
mois pour les diviser, ont porte leurs fruits.
L’élection de Jules Ferry a été la mani
festation la plus importante de cet esprit de
combat. Celle de Challemel-Lacour semble
avoir continué les mêmes tendances politi
ques. Le Sénat trouve que son rôle a été
jusqu’à présent trop efface, et il veut ctre
quelque cho e.
11 faut bien reconnaître que la Chambre
actuelle, par son incohérence et son amour
des discussions stériles, a quelque peu pro
voqué ce mouvement agressif du Sénat. Au
lieu de travailler à ces réformes démocrati
ques, promises aux travailleurs, au lieu de
faire aboutir un certain nombre de projets en
suspens depuis des années, elle est tombée
dans les commérages et les débats person
nels.
Le Sénat en a profité pour entrer en scène.
Si son action avait pour objet d’accélérer
le mouvement progressiste, nous n’aurions
rien à dire. Mais il y a ceci de plaisant dans
la situation actuelle que le Sénat veut inter
venir dans la politique pour y faire prévaloir
ses vieilles lubies de modérantisme.
Il y est encouragé, non seulement par la
faiblesse de la Chambre qui l’a préparée à
subir tous les empiétements, mais par la poli
tique de l’Elysée qui, depuis quelques temps,
prend un caractère dont il est temps de se
préoccuper.
Aujourd’hui, M. Carnot, au lieu de se con
finer dans ses attributions, s’efforce d’en sor
tir. Il en a assez de dire, comme dans la
chanson :
Je suis le gardien de la Consti-
Tution gouvernementale.
Il fait donc de la politique personnelle et
prépare sa réélection en se montrant aimable
aux ralliés.
Qu’adviendra-t-il de tout cela? Bien malin
qui pourrait, en France, formuler à coup sûr
des pronostics éloignés. Mais, sans être pour
cela grand prophète, on peut prédire pour la
période qui s’ouvre de nouveaux conflits d’une
gravité inaccoutumée. Nous ferons alors la
dernière expérience de cette Constitution qui,
appliquée par une Chambre qui tire a hue et
un Sénat qui tire à dia, apparaîtra enfin au
suffrage universel, sous son véritable jour,
comme un obstacle à nos progrès politiques.
Quand cette démonstration sera faite, il
faudra bien en revenir à la révision de la
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15,' RUE CASIMIR- PÉRI: ER, 15
LE RÉ VE JL DU HA VRE paraît le S-amed?
vm DES INSERTIONS
Annonces 25>cent. 1& Igné
Réclames 50 cent, la* lit
On traite à Forfait*
Constitution. Et l’on sera forcé de reconnaître
alors combien étaient avisés ceux qui, dès
1881 , bien avant le boulangisme, parlait de
révision. Que de troubles on eut évité au
pays, que de réformes on eut pu lui donner
en faisant, il y a plus de dix ans, un travail
qu'il faudra bien accomplir* un jour qui pour
rait être prochain.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Après cinq jours de pénible gestation, M. Carnot
a enfin réussi à donner naissance à un nouveau
ministère qui se trouve constitué comme suit :
Présidence du Conseil et Intérieur : M. Charles
Dupuy ; „ ^ ..
Affaires étrangères : M. Develle ;
Finances : M. Peytral ;
Commerce : M. Terrier ;
Justice : M. Guérin ;
Instruction publique : M. Poincarré ;
Guerre : M. le général Loizillon
Marine : M. L’amiral Rieunier ;
Agriculture : M. Viger ;
Travaux publics : M. Viette ;
Aux Colonies : M. Delcassé.
On dit que si le Président de ^République a eu
tant de mal à la formation de son ministère, c’est
à cause de la persistance qu il y mettait pour
introduire M. Peytral, que I on accuse d’être trop
radical. Les mauvaises langues,, au contraire,
prétendaient qu’on avait tiré les noms dans un
chapeau.
Le choix du nouveau garde des Sceaux, M.
Guérin:pouvait bien, en effet, fâire accrédite? cette
légende. Il est peu connu et nos lecteurs nous sau
ront assurément gré, en. leur faisant faire la con
naissance de M. Guérin, qui est sénateur du
"Vaucluse, depuis deux ans.Auparavant, il occupait
dignement une charge d’avoué à Avignon. Il est le
mari d’une charmante femme qpi lui a donné sept
enfants, suivant les uns, neuf, suivant les autres.
M. Guérin a été aussi candidat au Conseil général
dans l’arrondissement d’Avignon et il fut battu par
M. Saint-Martin.
Lors de la dernière tournée présidentielle, M„
Guérin, sénateur, a brillé par son silence et sa
modestie. Il ne se croyait ni assez éloquent, ni
assez qualifié pour prendre la parole devant le
chef de l’Etat, dans les banquets auxquels il assis
tait fidèlement.
Au Sénat, il a pris une part active aux débats
sous la mention de : « Rumeurs à gauche » « Très
bien ! Très bien ! » « Applaudissements prolongés,
etc. » <
Enfin, la semaine dernière, se lançant tout à
coup, il a, au sein de la Commission des finances,
combattu et battu son collègue d’aujourd’hui,
M. Viette. Par ces données, ou voit que M. Guérin
était tout désigné pour recevoir le portefeuille de
la Justice.
*
* ¥
Le nouveau cabinet comprend six membres du
cabinet démissionnaire : MM. Dupuy, Develle,
Loizillon, Rieunier, Viette, Viger, et le sous-
secrétaire, M. Delcassé.
Les membres nouveaux sont MM. Peytral,,
Terrier, Guérin et Poincarré.
Le nouveau ministère comprend cinq opportu
nistes, MM. Dupuy, Develle, Guérin, Poincarré et
Delcassé; deux radicaux, MM. Peytral et Terrier ;
deux indépendants ayant des affinités avec les
opportunistes : MM. Viette et Viger.
M. Dupuy qui était, hier, ministre de l’Instruc
tion publique, est un ancien professeur de l’Uni
versité, ancien inspecteur d’Académie. Il est très
estimé au Parlement.
M. Peytral, député de Marseille, appartient au
groupe radical. En finances, partisan de l’impôt
sur le revenu. Dans la séance du 30 mars, où le
ministère a été renversé, il a voté contre la dis
jonction de la réforme de l’impôt des boissons.
M. Terrier, député de Dreux (Eure-et-Loir), qui
arrive au ministère du commerce, est partisan de
la protection. Voici ce qu’il disait, en 1889, dans
sa profession de foi :
« Conscient des graves difficultés économiques
dont souffre la production française, je pense que
tous les délégués du peuple doivent aujourd’hui
maintenir et développer une législation nettement
protectrice du travail national dans sa triple ma
nifestation agricole, industrielle et commerciale.
« C’est dans cet esprit que j’agirai, quand le
Parlement, à l’expiration prochaine des traités de
commerce, — qui rendent si funestes pour notre
pays les dispositions de l’article 11 du traité de
Francfort, — prendra les décisions propres à nous
garantir contre les coups d’une concurrence meur
trière. »
Les opinions économiques de M. Terrier sont
donc très nettes.
Le 30 mars dernier,. M. Terri er a voté pour la
disjonction de la réforme des boi ssons.
M. Poincarré est- le jerane et brillant député de
la Meuse qui a été le rapporteur £ général du budget
de 1898> Af Instruction publique," les souvenirs des-
succès de toute la- dynastie des Poincarré sont
classiques-. "V
Il y a des moments où wî minii itère de braves
gens peut suffire ~ il y a des époqn es de transition
où l’on-peut aussi; avoir recours à des utilités.
L’erreur, de M: Carnot est de croire que nous-
sommes dans un de ces instants-là ; et il faut vrai
ment qu’il sorte rarement de chez I ui pour ne pas
voir que* tout au.contraire, nous pi treourens une
de ces périodes critiques oà Ton ne saurait envi
ronner le gouvernement dé trop de prestige et où
il est indispensable de confier le pouvoir à des
hommes qui inspirent:confiance au joays dévoyé.
La République, subit le plus violen t des assauts;
il n’y a pas de budget ; la Chambn 3 et le Sénat
sont en conflit ; le suffrage aniverse 1 va être con
sulté dans quelques mois,, peut-être dans quelques
jours. C’est l’heure de faire appel au x défenseurs,
aux organisateurs^ à ceux dont le p^ays dite « Ils
vont nous tirer de là. » M. Carnot prend dé braves
gens,.tout comme s’il ne^s’était rien passé et qu’il
ne fût question qqe du train-train ordinaire. « Ils
sont si gentils, dit-il, avec eux on n’aura point
d'embarras. » A coup sûr, seulement on ne se
débarrassera pas de ceux qu’on a.
C’est un peu à la mollesse de M. Carnot que
nous devons le pétrin où nous sommes. ÏI ne fau
drait pas que cette mollesse se compliquât ^entê
tement. On ne guérit pas une crise avec de la
panade ; et si M. Carnot: ne voit pas la crise, alors
que regarde-t-il ?
Ses combinaisons échouent, et elles échoueront
toutes les unes après les autres parce quelles sont
incolores. Ce qu'il nous faut, c’est un tonique, et
non de la limonade.
Chambre des Députés. — Jeudi, à 2 heu*-
res, M. le Président ouvre la séance par la lecture
d’une lettre de M. Peytral, qui donne sa démission-
de vice-président de la Chambre.
Aussi tôt: après cette communication, .M. Dupuy,
président du Conseil des ministres, monte à la.
tribune èt donne Lecture de la déclaration du nou
veau cabinet, que voici :
« Messieurs,
« Le gouvernement qui se présente devant vous
ne se méprend sur aucune des difficultés de la
situation. Mais il est rassuré en constatant le
calme-profond dnpays et sa confiant persévérante
dans la République.
« Nous voyons dans ces dispositions lapreuveque
les douloureux incidents de ces derniers mois, en
dépit de certains efforts pour les exploiter dans
un but politique, n’ont atteint ni la République
dans sa croissance vigoureuse, ni la Patrie dans
sa renommée traditionnelle de probité et d’hon
neur. *
« Une leçon, toutefois, se dégage4o ces- épreu
ves : c’est que l’aisance et la fortune ne s’acquièrent
q.ue par le travail et ne se conservent que par la
correction des mœurs et la dignité de la vie.
« Cette Leçon est comprise de la conscience na
tionale ; aussi, pouvons-nous avec confiance envi
sager l’avenir de la République. Chaque jour, le
suffrage universel, consulté sur les peints les plus
divers, sanctionne les conquêtes qu’elle a déjà
faites et en appelle de nouvelles qui mettent pro
gressivement d’accord les aspirations démocrati
ques et les institutions républicaines.
« Le jour est'proche où la pénétration récipro
que, où l’identification définitive de la France et
de la République rendra cette concordance plus
aisée à établir. Nous n’oublierons pas que le moyen
le plus sûr de hâter ce résultat, qui multipliera
les forces de la Patrie, c’est d’administrer à tous
les degrés de la hiérarchie, avec exactitude, avec
bienveillance, avec équité, pour le bien commun
des citoyens.
« Quant à vous, Messieurs, nous vous convions
à donner au pays l’impression d’une marche nor
male de la vie parlementaire en vous attachant et
en vous tenant résolument à un ordre du jour qui
couronne dignement la législature.
* Votre attention se portera naturellement sur
ces lois économiques et sociales qui touchent aux
intérêts les plus manifestes de la démocratie et
dont certains projets en ce moment inscrits à l'or
dre du jour de la Chambre, tels que le projet sur
les Sociétés coopératives de production et le pro
jet Sur le Crédit agricole et populaire offrent d’u
tiles exemples.
« Mais votre œuvre immédiate est le vote du
budget de 1893, qui résultera de l’entente inévita
ble des deux Chambre^. Nous travaillerons à cette
entente de tout notre pouvoir et elle se produira
assez tôt, nous en avons l’assurance, pour rendre
inutile la demande d’un nouveau douzième provi
soire et pour permettre au gouvernement de dé
poser à temps le projet du budget pour 1894.
« Toutes les législatures précédentes ont voté
les quatre budgets dont la Constitution leur attri
bue l’examen. Vous aurez à cœur de ne pas faire
moins que vos devanciers et d’épuiser votre droit.
Le gouvernement, ne négligera rien pour vous en
faciliter l’exercice.
« Tels sont, Messieurs, les sentiments et les in
tentions avec lesquels nous prenons possession du
pouvoir. Nous vous demandons votre concours ;
nous avons la certitude que vous -l’accorderez à
des hommes de bonne volonté qui ont donné, sans
! arrière-pensée et sans réserve tout leur dévoue
ment et tout leupy cœur à la République et à la
France. »
Cette déclaration a été assez favorablement
accueillie par la majorité. Elle a même obtenue
les bravos de la droite. "
On a adopté ensuite, sans discussion, les divers
articles de la loi de finances, y compris ceux qui
concernent ie régime des boissons,. dont on se rap-
; pelle que la Chambre avait repoussé, il y a huit
jours, la disjonction, déterminant ainsi la retraite
du précédent ministère.
L’ensemble du budget est adopté par 386* voix
contre 18 et renvoyé au Sénat. La séance est sus
pendue pour se réunir à cinq heures.'
A cinq heures, la séance est reprise. M. le pré
sident invite la Chambre à fixer la date de sa pro
chaine séance.
La date du 25 avril est proposée et adoptée à
mains levées.
Au Sénat. -- La même déclaration est lue par
M. Guérin, garde des sceaux, aiy milieu d’un si
lence, qui n’est irterompue par aucune marque
: d’approbation.
Le budget est renvoyée à la commission des fi-
; nances et le Sénatss’ajourne à mardi.
ALLEMAGNE.
A Berlini, la police politique a- reçu l’ordre de
dresser une liste de journalistes français vivant
dans cette ville, pour les soumettre à imi% surveil
lance acti ve, et, au besoin, de le expulser à la pre
mière occasion.
Le comte Munster aurait reçu l’ordre de ne plus
laisser passer d’attaques contre la maison impé
riale. M.. ITerbette, de son côté, a eu des conféren
ces avec le ministre des affaires étrangères, qui a
adressé à l’empereur un rapporta ce sujet.
Le m inistèrà-se remue beaucoup, et l’on annon
ce trois interpellations à ce sujet, à la reprise des
séance.'; du Reichstag.
BELGIQUE
Toutes les villes de Bruxelles, organisent de
vastes referendum portant sur les divers système»
de révision proposés à la Chambre, la majorité se
prononce en faveur des-systèmes Janson et No-
thomb, c’est-à-dire le suffrage universel pur et
simple, accordé à tous les concitoyens belges, de
vingt-cinq ans, jouissant de leurs droits. *
O JLi 7 *J v •
On sait, que c’est précisément ce système qui est
ivement combattu par le gouvernement et par la
gauche modérée, qui vient de s’exprimer claire
ment à ce sujet, par l'organe de M. Frère-Ôrban,
ministre d’Etat.
CONSEIL GENERAL
Lundi prochain ouvre à Rouen la session du
Conseil général.
Elle sera, sans doute, d'assez courte durée et ne
se prolongera pas, selon toute vraisemblance, au-
delà de véndredi.
Il y a en effet à Tordre du jourp eu de questions
importantes.
A noter la demande de subvention de la ville du
Havre pour les canalisations d’égoût du boulevard
Maritime. La dépense totale s’élèvera à 33,000 fr.
La Ville demande au département d’y contribuer
pour deux tiers. M. le Préfet propose d’allouer
seulement un tiers, soit 11,000 fr. C’est peu en
vérité, si l’on considère qu’il s’agit d’un travail
afférent à une route départementale.
En revanche on demande au département une
lourde contribution pour l’achat d’une certaine
église Saint-Laurent d’un intérêt purement rouen-»
nais.
ÜVt. SIEGFRIED
Un des convives du banquet des fêtes du Cen
tenaire ayant demandé à M. Siegfried s’il allai
faire partie de la nouvelle combinaison ministé
rielle; le ministre démissionnaire lui a répondi
avec une franchise naïve, qu’on ne le lui avait pa;
proposé.
k
DIX CENTIMES LE NUMÉRO
2 e Année — 19 Germinal An 101 — S° 78.
MsgîsaaBsasà
Réveil
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES
Le Havre....
Départements.
UN AN SIX MOIS
5 fr. 3 fr.
6 fr. 3 50
'il
Les déclarations ministérielles, premier
sourire du Cabinet au Parlement, nous pa
raissent des événements de si peu d’impor
tance -que nous ne perdrons pas notre temps
à rechercher ce qu’il peut y avoir dans celles
de jeudi dernier. Nous sommes, en effet,
arrivés à une époque où le suffrage universel
demande à ses élus autre chose que des pro
messes. On l’a tant de fois leurré que sa dé
fiance est légitime.
Toutefois, l’attitude différente de la Cham
bre et du Sénat, en face du ministère Dupuy,
renferme plus d v un enseignement. Les comp
tes rendus de séance nous apprennent que la
Chambre a été bienveillante et que le Sénat a
été froid et presque glacial.
Cela indique assez qu'entre ces deux
Chambres l’apaisement n’est pas près de se
faire et que les efforts accomplis depuis des
mois pour les diviser, ont porte leurs fruits.
L’élection de Jules Ferry a été la mani
festation la plus importante de cet esprit de
combat. Celle de Challemel-Lacour semble
avoir continué les mêmes tendances politi
ques. Le Sénat trouve que son rôle a été
jusqu’à présent trop efface, et il veut ctre
quelque cho e.
11 faut bien reconnaître que la Chambre
actuelle, par son incohérence et son amour
des discussions stériles, a quelque peu pro
voqué ce mouvement agressif du Sénat. Au
lieu de travailler à ces réformes démocrati
ques, promises aux travailleurs, au lieu de
faire aboutir un certain nombre de projets en
suspens depuis des années, elle est tombée
dans les commérages et les débats person
nels.
Le Sénat en a profité pour entrer en scène.
Si son action avait pour objet d’accélérer
le mouvement progressiste, nous n’aurions
rien à dire. Mais il y a ceci de plaisant dans
la situation actuelle que le Sénat veut inter
venir dans la politique pour y faire prévaloir
ses vieilles lubies de modérantisme.
Il y est encouragé, non seulement par la
faiblesse de la Chambre qui l’a préparée à
subir tous les empiétements, mais par la poli
tique de l’Elysée qui, depuis quelques temps,
prend un caractère dont il est temps de se
préoccuper.
Aujourd’hui, M. Carnot, au lieu de se con
finer dans ses attributions, s’efforce d’en sor
tir. Il en a assez de dire, comme dans la
chanson :
Je suis le gardien de la Consti-
Tution gouvernementale.
Il fait donc de la politique personnelle et
prépare sa réélection en se montrant aimable
aux ralliés.
Qu’adviendra-t-il de tout cela? Bien malin
qui pourrait, en France, formuler à coup sûr
des pronostics éloignés. Mais, sans être pour
cela grand prophète, on peut prédire pour la
période qui s’ouvre de nouveaux conflits d’une
gravité inaccoutumée. Nous ferons alors la
dernière expérience de cette Constitution qui,
appliquée par une Chambre qui tire a hue et
un Sénat qui tire à dia, apparaîtra enfin au
suffrage universel, sous son véritable jour,
comme un obstacle à nos progrès politiques.
Quand cette démonstration sera faite, il
faudra bien en revenir à la révision de la
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15,' RUE CASIMIR- PÉRI: ER, 15
LE RÉ VE JL DU HA VRE paraît le S-amed?
vm DES INSERTIONS
Annonces 25>cent. 1& Igné
Réclames 50 cent, la* lit
On traite à Forfait*
Constitution. Et l’on sera forcé de reconnaître
alors combien étaient avisés ceux qui, dès
1881 , bien avant le boulangisme, parlait de
révision. Que de troubles on eut évité au
pays, que de réformes on eut pu lui donner
en faisant, il y a plus de dix ans, un travail
qu'il faudra bien accomplir* un jour qui pour
rait être prochain.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Après cinq jours de pénible gestation, M. Carnot
a enfin réussi à donner naissance à un nouveau
ministère qui se trouve constitué comme suit :
Présidence du Conseil et Intérieur : M. Charles
Dupuy ; „ ^ ..
Affaires étrangères : M. Develle ;
Finances : M. Peytral ;
Commerce : M. Terrier ;
Justice : M. Guérin ;
Instruction publique : M. Poincarré ;
Guerre : M. le général Loizillon
Marine : M. L’amiral Rieunier ;
Agriculture : M. Viger ;
Travaux publics : M. Viette ;
Aux Colonies : M. Delcassé.
On dit que si le Président de ^République a eu
tant de mal à la formation de son ministère, c’est
à cause de la persistance qu il y mettait pour
introduire M. Peytral, que I on accuse d’être trop
radical. Les mauvaises langues,, au contraire,
prétendaient qu’on avait tiré les noms dans un
chapeau.
Le choix du nouveau garde des Sceaux, M.
Guérin:pouvait bien, en effet, fâire accrédite? cette
légende. Il est peu connu et nos lecteurs nous sau
ront assurément gré, en. leur faisant faire la con
naissance de M. Guérin, qui est sénateur du
"Vaucluse, depuis deux ans.Auparavant, il occupait
dignement une charge d’avoué à Avignon. Il est le
mari d’une charmante femme qpi lui a donné sept
enfants, suivant les uns, neuf, suivant les autres.
M. Guérin a été aussi candidat au Conseil général
dans l’arrondissement d’Avignon et il fut battu par
M. Saint-Martin.
Lors de la dernière tournée présidentielle, M„
Guérin, sénateur, a brillé par son silence et sa
modestie. Il ne se croyait ni assez éloquent, ni
assez qualifié pour prendre la parole devant le
chef de l’Etat, dans les banquets auxquels il assis
tait fidèlement.
Au Sénat, il a pris une part active aux débats
sous la mention de : « Rumeurs à gauche » « Très
bien ! Très bien ! » « Applaudissements prolongés,
etc. » <
Enfin, la semaine dernière, se lançant tout à
coup, il a, au sein de la Commission des finances,
combattu et battu son collègue d’aujourd’hui,
M. Viette. Par ces données, ou voit que M. Guérin
était tout désigné pour recevoir le portefeuille de
la Justice.
*
* ¥
Le nouveau cabinet comprend six membres du
cabinet démissionnaire : MM. Dupuy, Develle,
Loizillon, Rieunier, Viette, Viger, et le sous-
secrétaire, M. Delcassé.
Les membres nouveaux sont MM. Peytral,,
Terrier, Guérin et Poincarré.
Le nouveau ministère comprend cinq opportu
nistes, MM. Dupuy, Develle, Guérin, Poincarré et
Delcassé; deux radicaux, MM. Peytral et Terrier ;
deux indépendants ayant des affinités avec les
opportunistes : MM. Viette et Viger.
M. Dupuy qui était, hier, ministre de l’Instruc
tion publique, est un ancien professeur de l’Uni
versité, ancien inspecteur d’Académie. Il est très
estimé au Parlement.
M. Peytral, député de Marseille, appartient au
groupe radical. En finances, partisan de l’impôt
sur le revenu. Dans la séance du 30 mars, où le
ministère a été renversé, il a voté contre la dis
jonction de la réforme de l’impôt des boissons.
M. Terrier, député de Dreux (Eure-et-Loir), qui
arrive au ministère du commerce, est partisan de
la protection. Voici ce qu’il disait, en 1889, dans
sa profession de foi :
« Conscient des graves difficultés économiques
dont souffre la production française, je pense que
tous les délégués du peuple doivent aujourd’hui
maintenir et développer une législation nettement
protectrice du travail national dans sa triple ma
nifestation agricole, industrielle et commerciale.
« C’est dans cet esprit que j’agirai, quand le
Parlement, à l’expiration prochaine des traités de
commerce, — qui rendent si funestes pour notre
pays les dispositions de l’article 11 du traité de
Francfort, — prendra les décisions propres à nous
garantir contre les coups d’une concurrence meur
trière. »
Les opinions économiques de M. Terrier sont
donc très nettes.
Le 30 mars dernier,. M. Terri er a voté pour la
disjonction de la réforme des boi ssons.
M. Poincarré est- le jerane et brillant député de
la Meuse qui a été le rapporteur £ général du budget
de 1898> Af Instruction publique," les souvenirs des-
succès de toute la- dynastie des Poincarré sont
classiques-. "V
Il y a des moments où wî minii itère de braves
gens peut suffire ~ il y a des époqn es de transition
où l’on-peut aussi; avoir recours à des utilités.
L’erreur, de M: Carnot est de croire que nous-
sommes dans un de ces instants-là ; et il faut vrai
ment qu’il sorte rarement de chez I ui pour ne pas
voir que* tout au.contraire, nous pi treourens une
de ces périodes critiques oà Ton ne saurait envi
ronner le gouvernement dé trop de prestige et où
il est indispensable de confier le pouvoir à des
hommes qui inspirent:confiance au joays dévoyé.
La République, subit le plus violen t des assauts;
il n’y a pas de budget ; la Chambn 3 et le Sénat
sont en conflit ; le suffrage aniverse 1 va être con
sulté dans quelques mois,, peut-être dans quelques
jours. C’est l’heure de faire appel au x défenseurs,
aux organisateurs^ à ceux dont le p^ays dite « Ils
vont nous tirer de là. » M. Carnot prend dé braves
gens,.tout comme s’il ne^s’était rien passé et qu’il
ne fût question qqe du train-train ordinaire. « Ils
sont si gentils, dit-il, avec eux on n’aura point
d'embarras. » A coup sûr, seulement on ne se
débarrassera pas de ceux qu’on a.
C’est un peu à la mollesse de M. Carnot que
nous devons le pétrin où nous sommes. ÏI ne fau
drait pas que cette mollesse se compliquât ^entê
tement. On ne guérit pas une crise avec de la
panade ; et si M. Carnot: ne voit pas la crise, alors
que regarde-t-il ?
Ses combinaisons échouent, et elles échoueront
toutes les unes après les autres parce quelles sont
incolores. Ce qu'il nous faut, c’est un tonique, et
non de la limonade.
Chambre des Députés. — Jeudi, à 2 heu*-
res, M. le Président ouvre la séance par la lecture
d’une lettre de M. Peytral, qui donne sa démission-
de vice-président de la Chambre.
Aussi tôt: après cette communication, .M. Dupuy,
président du Conseil des ministres, monte à la.
tribune èt donne Lecture de la déclaration du nou
veau cabinet, que voici :
« Messieurs,
« Le gouvernement qui se présente devant vous
ne se méprend sur aucune des difficultés de la
situation. Mais il est rassuré en constatant le
calme-profond dnpays et sa confiant persévérante
dans la République.
« Nous voyons dans ces dispositions lapreuveque
les douloureux incidents de ces derniers mois, en
dépit de certains efforts pour les exploiter dans
un but politique, n’ont atteint ni la République
dans sa croissance vigoureuse, ni la Patrie dans
sa renommée traditionnelle de probité et d’hon
neur. *
« Une leçon, toutefois, se dégage4o ces- épreu
ves : c’est que l’aisance et la fortune ne s’acquièrent
q.ue par le travail et ne se conservent que par la
correction des mœurs et la dignité de la vie.
« Cette Leçon est comprise de la conscience na
tionale ; aussi, pouvons-nous avec confiance envi
sager l’avenir de la République. Chaque jour, le
suffrage universel, consulté sur les peints les plus
divers, sanctionne les conquêtes qu’elle a déjà
faites et en appelle de nouvelles qui mettent pro
gressivement d’accord les aspirations démocrati
ques et les institutions républicaines.
« Le jour est'proche où la pénétration récipro
que, où l’identification définitive de la France et
de la République rendra cette concordance plus
aisée à établir. Nous n’oublierons pas que le moyen
le plus sûr de hâter ce résultat, qui multipliera
les forces de la Patrie, c’est d’administrer à tous
les degrés de la hiérarchie, avec exactitude, avec
bienveillance, avec équité, pour le bien commun
des citoyens.
« Quant à vous, Messieurs, nous vous convions
à donner au pays l’impression d’une marche nor
male de la vie parlementaire en vous attachant et
en vous tenant résolument à un ordre du jour qui
couronne dignement la législature.
* Votre attention se portera naturellement sur
ces lois économiques et sociales qui touchent aux
intérêts les plus manifestes de la démocratie et
dont certains projets en ce moment inscrits à l'or
dre du jour de la Chambre, tels que le projet sur
les Sociétés coopératives de production et le pro
jet Sur le Crédit agricole et populaire offrent d’u
tiles exemples.
« Mais votre œuvre immédiate est le vote du
budget de 1893, qui résultera de l’entente inévita
ble des deux Chambre^. Nous travaillerons à cette
entente de tout notre pouvoir et elle se produira
assez tôt, nous en avons l’assurance, pour rendre
inutile la demande d’un nouveau douzième provi
soire et pour permettre au gouvernement de dé
poser à temps le projet du budget pour 1894.
« Toutes les législatures précédentes ont voté
les quatre budgets dont la Constitution leur attri
bue l’examen. Vous aurez à cœur de ne pas faire
moins que vos devanciers et d’épuiser votre droit.
Le gouvernement, ne négligera rien pour vous en
faciliter l’exercice.
« Tels sont, Messieurs, les sentiments et les in
tentions avec lesquels nous prenons possession du
pouvoir. Nous vous demandons votre concours ;
nous avons la certitude que vous -l’accorderez à
des hommes de bonne volonté qui ont donné, sans
! arrière-pensée et sans réserve tout leur dévoue
ment et tout leupy cœur à la République et à la
France. »
Cette déclaration a été assez favorablement
accueillie par la majorité. Elle a même obtenue
les bravos de la droite. "
On a adopté ensuite, sans discussion, les divers
articles de la loi de finances, y compris ceux qui
concernent ie régime des boissons,. dont on se rap-
; pelle que la Chambre avait repoussé, il y a huit
jours, la disjonction, déterminant ainsi la retraite
du précédent ministère.
L’ensemble du budget est adopté par 386* voix
contre 18 et renvoyé au Sénat. La séance est sus
pendue pour se réunir à cinq heures.'
A cinq heures, la séance est reprise. M. le pré
sident invite la Chambre à fixer la date de sa pro
chaine séance.
La date du 25 avril est proposée et adoptée à
mains levées.
Au Sénat. -- La même déclaration est lue par
M. Guérin, garde des sceaux, aiy milieu d’un si
lence, qui n’est irterompue par aucune marque
: d’approbation.
Le budget est renvoyée à la commission des fi-
; nances et le Sénatss’ajourne à mardi.
ALLEMAGNE.
A Berlini, la police politique a- reçu l’ordre de
dresser une liste de journalistes français vivant
dans cette ville, pour les soumettre à imi% surveil
lance acti ve, et, au besoin, de le expulser à la pre
mière occasion.
Le comte Munster aurait reçu l’ordre de ne plus
laisser passer d’attaques contre la maison impé
riale. M.. ITerbette, de son côté, a eu des conféren
ces avec le ministre des affaires étrangères, qui a
adressé à l’empereur un rapporta ce sujet.
Le m inistèrà-se remue beaucoup, et l’on annon
ce trois interpellations à ce sujet, à la reprise des
séance.'; du Reichstag.
BELGIQUE
Toutes les villes de Bruxelles, organisent de
vastes referendum portant sur les divers système»
de révision proposés à la Chambre, la majorité se
prononce en faveur des-systèmes Janson et No-
thomb, c’est-à-dire le suffrage universel pur et
simple, accordé à tous les concitoyens belges, de
vingt-cinq ans, jouissant de leurs droits. *
O JLi 7 *J v •
On sait, que c’est précisément ce système qui est
ivement combattu par le gouvernement et par la
gauche modérée, qui vient de s’exprimer claire
ment à ce sujet, par l'organe de M. Frère-Ôrban,
ministre d’Etat.
CONSEIL GENERAL
Lundi prochain ouvre à Rouen la session du
Conseil général.
Elle sera, sans doute, d'assez courte durée et ne
se prolongera pas, selon toute vraisemblance, au-
delà de véndredi.
Il y a en effet à Tordre du jourp eu de questions
importantes.
A noter la demande de subvention de la ville du
Havre pour les canalisations d’égoût du boulevard
Maritime. La dépense totale s’élèvera à 33,000 fr.
La Ville demande au département d’y contribuer
pour deux tiers. M. le Préfet propose d’allouer
seulement un tiers, soit 11,000 fr. C’est peu en
vérité, si l’on considère qu’il s’agit d’un travail
afférent à une route départementale.
En revanche on demande au département une
lourde contribution pour l’achat d’une certaine
église Saint-Laurent d’un intérêt purement rouen-»
nais.
ÜVt. SIEGFRIED
Un des convives du banquet des fêtes du Cen
tenaire ayant demandé à M. Siegfried s’il allai
faire partie de la nouvelle combinaison ministé
rielle; le ministre démissionnaire lui a répondi
avec une franchise naïve, qu’on ne le lui avait pa;
proposé.
k
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