Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-10-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 octobre 1892 15 octobre 1892
Description : 1892/10/15 (N51). 1892/10/15 (N51).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632522
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
2 e Année — Pi 6 5! — Samedi 15 Octobre 1892.
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 24 Vendémiaire An 101 — N° 51.
Le
Havre
ORGANE REPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEH, 15
Y.E RÉ V EIE DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LOIS OUVRIÈRES
Les Accidents du Travail
(Voir le Réveil du 8 octobre)
A part quelques économistes rétrogrades
qui trouvent suffisante la législation actuelle
sur les accidents du travail, la généralité de
ceux qui ont étudié la question veulent la
réformer dans un sens plus favorable à l’ou
vrier.
11 est injuste, en effet, que la victime du
risque professionnel, — lequel est intimement
lié aux conditions nouvelles de l’industrie et
a par conséquent un caractère social, — sup
porte seul l’accident qui le frappe parfois de
façon irrémédiable.
Mais renversera-t-on les rôles, et, au lieu de
mettre à la charge de l’ouvrier la preuve de
la faute du patron, créera-t-on contre ce der
nier une présomption qu’il devra détruire par
la preuve contraire ? '
Ce système a été proposé. Il a eu pour
principal champion un jurisconsulte distingué,
ancien ministre des travaux publics de Bel
gique, M. Sainctelette. Pour lui, l’accident
du travail doit être soumis, non aux principes
de la responsabilité, m ais à ceux de la garantie.
L’ouvrier blessé peut dire à son patron : « J’ai
fait avec vous un contrat de louage d’ouvrage.
Je vous fournis ma personne physique pour
que vous l’appliquiez à votre industrie.
Rendez-la moi intacte à la fin du travail.
Sinon, payez-moi une indemnité représentative;
de la dépréciation que j’ai subie, de même que;
vous réparez un engin brisé en cours de!
service. » ,
On voit l’intérêt pratique de cette distinc
tion. Car, dans ce cas, c’est au patron qu’il
appartient de faire la preuve de la faute de
l’ouvrier, et, s’il n’apporte pas sur ce point
des arguments décisifs, — dépositions for
melles ou présomptions graves, — il doit
succomber.
Bien que séduisant, et en dépit de la base
juridique qu’on lui a donnée, ce système n’a
pas été favorablement accueilli chez nous.
On l’a généralement considéré comme la sub
stitution d’une injustice à une autre. A l’instar
de la législation en vigueur, il a le tort de
considérer dans tous les cas l’accident comme
le résultat d’une faute personnelle et de
négliger le devoir de solidarité sociale. Une
loi équitable devrait, en effet, remplir les
conditions suivantes :
1° Assurer à l’ouvrier blessé et à sa famille,
en cas d’incapacité absolue ou partielle, quelle
qu’en soit la cause , des moyens de subsistance
proportionnés aux besoins constatés ;
2° Ne pas entraîner, en cas d’accident for
tuit, soit la ruine du patron, soit des charges
trop lourdes pour lui ;
3° Ne pas faire courir à l’ouvrier blesse les
risques d’insolvabilité du patron ;
4° Réprimer sévèrement les fautes lourdes
du patron ou de ses préposés, afin de réduire,
dans la mesure du possible, les accidents
imputables à.une négligence coupable.
Tels nous semblent être les principes essen
tiels qui doivent présider à l’élaboration de la
nouvelle loi, et auxquels il convient de tout
ramener.
(A suivre)..
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Elections Sénatoriales du 9 Octobre
1892 (Seine-et-Oïse). = Il y a en deux tours de
scrutin, après lesquels M. Ernest Hamel, ancien
conseiller municipal de Paris, a obtenu 746 voix
et a été élu contre M. Massicault, ministre rési
dent en Tunisie.
Il s’agissait de remplacer M. Journault, séna
teur républicain décédé.
— La commission : du budget travaille ferme ;
elle se réunit à peu près tous les jours et passe en
revue les budgets des différents ministères.
*
¥• ¥•
La commission de la Banque de France s’est
réunie mercredi pour la nomination d’un nouveau
rapporteur en remplacement de M. Burdeau, de
venu ministre de la marine.
Les journaux se prétendant bien informés affir
maient que le choix de la commission s’était
porté sur M. Jules Siegfried, mais le nouveau
rapporteur est M. Antonin Dubost.
La commission a décidé de demander à la
Chambre de mettre en tète de son ordre du jour,
pour la rentrée, la reprise du débat sur le privi
lège de la Banque, interrompu par les vacances.
UN PARADIS
-A
Le Temps, journal grave et modéré a voulu
fêter à sa façon Le quatrième centenaire de la
découverte de l’Amérique. Il a fait appeler l’un
de ses rédacteurs et lui a dit: « Allez et tâchez
« sera faite vous m’enverrez une belle correspon-
« dance bien documentée. »
Le rédacteur-explorateur a fait sa valise. Il n’a
pas été long à s’orienter.
Ce n’est pas en Normandie qu’il est venu. Ce
n’est ni la vallée de Montivilliers, ni celle de
Rouelles, ni de l'autre côté de l’eau, les gras pâtu
rages de la vallée d’Auge,oula côte pittoresque et
verdoyante de Pennedepie qu’il a voulu décrire.
De même que l’aiguille aimantée se tourne vers
le nord,' et que le canard saüvage, banni par le
froid, se dirige vers lé sud, notre Christophe Co
lomb du boulevard des** Italiens a pris le train
pour ce Lien de délices dont tous nous soupçon
nions vaguement les sites enchanteurs,' les joies
édéniques, l'idyllique poésie et qui s’appelle:
Carmaux !
0ar c’est bien le Parâdis, un Par; d s authen-
tiqüe et garanti sur facture de la maison Reille,
que le messager du Temps nous décrit en trois
colonnes serrées d’une correspondance enthou
siaste".
Lecteurs du numéro du 11 octobre 1892 où ces
merveilles furent consignées, rémémorez-vous ces
délices noii pareilles !
n i ! I.fc •! ' i • ' , j
Et vous aussi,
Peuples de Navarre et de France ^
Des Batignolies et du Jura,
Oyez ce que vous ne putes lire !
Le signe infaillible auquel on reconnaît le Pa
radis, c’est qu’une fois entré on ne veut plus en
sortir.
Or, dit notre Pizarre, « les étrangers qui sont
« venus travailler à Carmaux ne le quittent plus,
« et le Carmausien qui, par grand hasard se dé-
« eide à chercher fortune ailleurs, y revient vite.
« La mine ne lui fait pas peur, elle l’attire. Il
« l’aime comme le vigneron aime sa vigne, le
« laboureur sa terre. Elle est indispensable à sa
« vie. Voilà trois générations, sinon plus, que la
c chose est entrée dans son sang. »
De plus « on descend par goût dans la mine. »
Pourquoi ? La chose est bien simple et notre
explorateur l’explique de façon bien naturelle :
« Dans la mine ils ont chaud en hiver, l’été ils y
« sont au frais. »
Il y a des gens qui se figurent que l’air de la
mine est humide, nauséabond.
Erreur regrettable propagée par un nommé Zola !
« Les galeries de Carmaux sont spacieuses ;
« elles comptent deux mètres en hauteur, en lar-
« geur deux mètres cinquante, et l’air qu’on y
« respire est plus pur, — j’en parle par expé-
« rience, — que l’air des grands boulevards. »
On le voit c’est de plus en plus le Paradis.
Le mineur qui a décidément tous les plaisirs,
peut, comme nos premiers parents, dans l’Eden,
faire de l’élevage. Ecoutez pour apprendre, agri
culteurs attardés du pays de Caux. Voici la re
cette :
« On achète à la Saint-Martin un petit goret
« de 12 à 15 francs, qu’on engraisse avec des
« épluchures et qui se revend, une fois gras, dans
« les 95 à 100 francs, op que l’on tue.
En cherchant bien dans les recoins de ce para
dis, notre explorateur y eût certainement rencon
tré St-Antoine.
La nourriture est à don. Vous avez un lapin
pour 25 à 30 sous, sans compter ceux posés aux
mineurs par la compagnie.
« On a pour 18 à 20 sous une paire de pigeons,
« pour 2 fr. à 2 fr.50 une paire de beaux poulets. »
Le croiriez-vous ? malgré ces avantages le mi
neur mange peu. Le correspondant du Temps le
constate lui-même : * Le mineur, dans la mine,
« quand il est sobre, ne mange qu’un croûton
« de pain et un oignon. » S’il ne mange pas
autre chose, que voulez-vous ? C’est son idée, à ce
mineur, il aime l’oignon ! Voulez-vous l’empêcher
de croquer un oignon si cela lui fait plaisir ? Grâce
à ce système économique «une famille de quàtre
« personnes se nourrit au prix moyen de 2 fr. 50 à
« 3 fr. par journée. Par an ce sera de 900 à
« 1,000 fr. »
C’est pour rien !
Il faut, en outre, compter à Carmaux cent
francs par an pour l’entretien d’un adulte. Pas
besoin de vêtements chauds ! « Le pardessus est
« chose inconnue à Oarmaux, grâce à Texcep-
« tionnelle douceur des hivers. »
Il y a là-bas l’ouvrier sérieux. « Celui-là
« termine sa vie en bon rentier qui a de beaux
« biens au soleil, qui dote honorablement sa
« fille et qui achète un fonds de commerce à son
« fils. »
S’il a acheté un fonds de commerce à son fils,
c’est apparemment que la boutique vaut mieux
pour lui que la mine. D’où il suit qu’on peut se
demander s’il « y descend par goût » ? (Voir plus
haut). Mais ne soyons pas trop difficiles avec le
De plus « l’ouvrier sorieux ne vient jamais
« aux réunions de la chambre syndicale et a
« gardé intactes ses convictions religieuses. Il
« se confesse à son lit de mort. Si les douleurs
« le prennent, s’il est atteint d’une longue mala-
« die, qui lui permette pourtant de se mouvoir,
« on le verra, son bâton à la main, s’acheminer
« dans la belle saison ou se faire porter en car-
« riole jusqu’à Notre-Dame de la Drèche, à deux,
« trois lieues d’ici, et, dévot pèlerin, planter!
« comme les autres son cierge aux pieds de la
« bonne Vierge. »
Le mauvais ouvrier, lui, deit envoyer chercher
le médecin, c’est, sans doute, un libre-penseur,
sachant lire et syndiqué. Il comprend d’ailleurs,
toujours d’après l’explorateur, les deux tiers de la
population ouvrière de Carmaux.
Espérons que la grâce céleste le touchera enfin
et que, pour faire plaisir au Temps et à ses amis,
il comprendra qu’il manque à tous ses devoirs et
au soin de sa propre personne eu n’allant pas cro
quer des oignons crus dans l’air pur et vivifiant
de la mine !
Il voudra retrouver, grâce aux indications du
Temps, son Paradis perdu !
BAS LES MASQUES
En toutes choses, il faut être franc, et
c’est dans l’intérêt de la vérité travestie, que
nous protestons contre les termes de l’avis
publié dans les journaux, par le comité de
répartition des secours aux familles victimes
de l'épidémie et aux ouvriers (rien des employés
de commerce) atteints-par le chômage.
Dans cette communication destinée à faire
connaître au public remploi des fonds sous
crits, le Comité s’exprime ainsi :
« Deuxième répartition à 75 familles, par
« l’entremise des Dames de charité (bons de
cc pain et de viande) ..... ... F. 1.877 »
Eh bien non ! ce ne sont pas les Dames de
charité, mais les sœurs de St-Yincent-de-Paul
qui ont distribué ces secours.
Nous pourrions citer certains faits qui prou
veraient à nos lecteurs que l’ordre le plus
parfait n’a pas toujours présidé aux distribu
tions faites par l’ancien personnel congréga
niste du Bureau de Bienfaisance.
Que le Comité de distribution qui a à sa
tête M. F. Mallet, ait le droit.de faire distri
buer les secours par qui bon lui semble,
personne ne le conteste, mais c’est à une
condition de prévenir les souscripteurs du
véritable intermédiaire choisi, et de ne pas
laisser verser entre ses mains des sommes que
certaines personnes peuvent regretter de voir
passer par celles de congréganistes qu’on
essaie, à dessein, d’opposer au Bureau de
Bienfaisance laïque qui, dans les circonstances
pénibles que nous avons traversées, a su se
montrer à la hauteur de la situation.
Les quelques républicains égarés dans ce
Comité n’y ont joué que le rôle de ralliés, et
nous ne pouvons que le regretter pour eux :
ils devaient lutter contre de semblables erre
ments et ne pas permettre que sous prétexte
de charité^ on fasse revivre, d’une façon
semi-officielle, un fonctionnement condamné
par l’opinion publique.
Ce qui, dans cette affaire, peut sembler le
plus incompréhensible, c’est de voir la muni
cipalité, qui n’ignore sans doute pas le dessous
des cartes, verser au Comité Mallet"le produit
de la souscription ouverte au Secrétariat de
la Mairie.
Avoir un Bureau de Bienfaisance laïque et
se servir du personnel congréganiste congédié
pour distribuer une partie des sommes recueil
lies, dépasse tout ce que l'on peut concevoir
de plus fantaisiste.
Nous affirmons les faits avancés, et si quel
que démenti, aussi nébuleux que la périphrase
employée par le Comité pour masquer F inter
vention des sœurs tentait d’en restreindre la
portée, nous préciserions davantage.
SOUSCRIPTION
en faveur des Grévistes de Carmaux
Deuxième Liste
Anonyme
. F. 50 —
Un administrateur du Réveil
. » 10 —
M. Aug. Godefroy 1.,
» 5 —
Total de la 2™ e liste...
. F. 65 —
Liste précédente
» 85 50
Total....
|
. F. 150 50
L’ÉPIDÉMIE
et
La Compagnie Générale Transatlantique
Le Comité du Recueil havrais des Employés
de bureau a adressé au Ministre du Commerce,
de rindustrie et des Colonies ; la lettre que nous
publions plus loin, dans le but de provoquer le
'retour au. Havre des services maritimes de la
Compagnie Générale Transatlantique et d’arriver
à la suppression des mesures prises contre le
Havre par les puissances étrangères.
Nous ne pouvons qu’approuver pleinement
l’initiative prise par les Employés de bureau ;
il eut été désirable qu’un mouvement d’opiaion
se fut affirmé énergiquement, aussi bien dans
le monde et les corps officiels (municipalité,
chambre de commerce, etc.), que chez les parti
culiers, que pour obtenir le retrait des dispositions
dont le Havre se plaint et souffre, et qui n’ont
plus de raison d’être depuis, plusieurs jours déjà.
Il est étrange qu’une Compagnie riche et sub
ventionnée comme la Compagnie Générale- Trans
atlantique, reste ainsi éloignée de son port
d’attache où sô trouve son outillage et tout ces
travailleurs que son départ a laissé sans, ouvrage ;
nous le comprenons d’autant moins que nous
voyons des Compagnies, d’autres nationalités, ne
pas hésiter à enlever du Havre le fret dont notre
Compagnie française semble ne pas vouloir.
L’état sanitâii'e du Havre s’améliore de jour en
jour. Les quelques cas de diarrhée cholériforme
qui existent encore proviennent de circonstances
anciennes ou personnelles qui leur retirent tout
caractère épidémique. Le gouvernement n’a donc
plus aucun motif d’empêcher la délivrance des
patentes nettes an Havre, et les consuls d’in
former leurs gouvernements que le Havre est
sain.
Mais surtout il est du devoir de la Compagnie
Générale Transatlantique de revenir au Havre
dans le plus bref délai.
Adresse au Ministre du Commerce
Havre, le 8 Octobre 189t.
Monsieur le Ministre du Commerce, de l’Industrie et des
Colonies, Paris.
Monsieur le Ministre,
Le Comité du Recueil havrais des Employés de Bureau y
dont les membres appartiennent pour une grande partie
à la classe, si nombreuse au Havre, des employés de
commerce, croit de son devoir de rappeler à votre
bienveillante attention la situation pénible faite à notre
port, depuis que la Compagnie Générale Transatlantique
en a éloigné le gros de ses services.
Inspirés autant par les sentiments de solidarité dont
notre ville a su témoigner dans la grande épreuve
qu’elle vient de subir, que stimulés par l’intérêt profes
sionnel, nous prenons la liberté d’élever la voix dans le
but d’obtenir le retrait des mesures rigoureuses que
rien ne peut plus longtemps justifier.
Votre sollicitude pour la défense de la situation
commerciale de notre ville nous dispense d’insister
davantage sur la nécessité d’un prompt retour an
Havre des vapeurs transatlantiques français, d’autant
mieux que, comme vous le savez, notre port, au prix de
grands sacrifices dont il importe de ne pas perdre le
fruit, s’est assuré une installation et un outillage
véritablement supérieurs et uniques dans notre région.
L’amélioration évidente de notre état sanitaire exige
que Ton rétablisse, le plus tôt possible, les relation»
commerciales, au moyeu desquels notre ville pourfa
DIX CENTIMES LE NUMERO
2 e Année — 24 Vendémiaire An 101 — N° 51.
Le
Havre
ORGANE REPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 5 fr. 3 fr.
Départements 6 fr. 3 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉRIEH, 15
Y.E RÉ V EIE DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent. la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
LOIS OUVRIÈRES
Les Accidents du Travail
(Voir le Réveil du 8 octobre)
A part quelques économistes rétrogrades
qui trouvent suffisante la législation actuelle
sur les accidents du travail, la généralité de
ceux qui ont étudié la question veulent la
réformer dans un sens plus favorable à l’ou
vrier.
11 est injuste, en effet, que la victime du
risque professionnel, — lequel est intimement
lié aux conditions nouvelles de l’industrie et
a par conséquent un caractère social, — sup
porte seul l’accident qui le frappe parfois de
façon irrémédiable.
Mais renversera-t-on les rôles, et, au lieu de
mettre à la charge de l’ouvrier la preuve de
la faute du patron, créera-t-on contre ce der
nier une présomption qu’il devra détruire par
la preuve contraire ? '
Ce système a été proposé. Il a eu pour
principal champion un jurisconsulte distingué,
ancien ministre des travaux publics de Bel
gique, M. Sainctelette. Pour lui, l’accident
du travail doit être soumis, non aux principes
de la responsabilité, m ais à ceux de la garantie.
L’ouvrier blessé peut dire à son patron : « J’ai
fait avec vous un contrat de louage d’ouvrage.
Je vous fournis ma personne physique pour
que vous l’appliquiez à votre industrie.
Rendez-la moi intacte à la fin du travail.
Sinon, payez-moi une indemnité représentative;
de la dépréciation que j’ai subie, de même que;
vous réparez un engin brisé en cours de!
service. » ,
On voit l’intérêt pratique de cette distinc
tion. Car, dans ce cas, c’est au patron qu’il
appartient de faire la preuve de la faute de
l’ouvrier, et, s’il n’apporte pas sur ce point
des arguments décisifs, — dépositions for
melles ou présomptions graves, — il doit
succomber.
Bien que séduisant, et en dépit de la base
juridique qu’on lui a donnée, ce système n’a
pas été favorablement accueilli chez nous.
On l’a généralement considéré comme la sub
stitution d’une injustice à une autre. A l’instar
de la législation en vigueur, il a le tort de
considérer dans tous les cas l’accident comme
le résultat d’une faute personnelle et de
négliger le devoir de solidarité sociale. Une
loi équitable devrait, en effet, remplir les
conditions suivantes :
1° Assurer à l’ouvrier blessé et à sa famille,
en cas d’incapacité absolue ou partielle, quelle
qu’en soit la cause , des moyens de subsistance
proportionnés aux besoins constatés ;
2° Ne pas entraîner, en cas d’accident for
tuit, soit la ruine du patron, soit des charges
trop lourdes pour lui ;
3° Ne pas faire courir à l’ouvrier blesse les
risques d’insolvabilité du patron ;
4° Réprimer sévèrement les fautes lourdes
du patron ou de ses préposés, afin de réduire,
dans la mesure du possible, les accidents
imputables à.une négligence coupable.
Tels nous semblent être les principes essen
tiels qui doivent présider à l’élaboration de la
nouvelle loi, et auxquels il convient de tout
ramener.
(A suivre)..
SEMAI NE POL ITIQUE
FRANCE
Elections Sénatoriales du 9 Octobre
1892 (Seine-et-Oïse). = Il y a en deux tours de
scrutin, après lesquels M. Ernest Hamel, ancien
conseiller municipal de Paris, a obtenu 746 voix
et a été élu contre M. Massicault, ministre rési
dent en Tunisie.
Il s’agissait de remplacer M. Journault, séna
teur républicain décédé.
— La commission : du budget travaille ferme ;
elle se réunit à peu près tous les jours et passe en
revue les budgets des différents ministères.
*
¥• ¥•
La commission de la Banque de France s’est
réunie mercredi pour la nomination d’un nouveau
rapporteur en remplacement de M. Burdeau, de
venu ministre de la marine.
Les journaux se prétendant bien informés affir
maient que le choix de la commission s’était
porté sur M. Jules Siegfried, mais le nouveau
rapporteur est M. Antonin Dubost.
La commission a décidé de demander à la
Chambre de mettre en tète de son ordre du jour,
pour la rentrée, la reprise du débat sur le privi
lège de la Banque, interrompu par les vacances.
UN PARADIS
-A
Le Temps, journal grave et modéré a voulu
fêter à sa façon Le quatrième centenaire de la
découverte de l’Amérique. Il a fait appeler l’un
de ses rédacteurs et lui a dit: « Allez et tâchez
« dance bien documentée. »
Le rédacteur-explorateur a fait sa valise. Il n’a
pas été long à s’orienter.
Ce n’est pas en Normandie qu’il est venu. Ce
n’est ni la vallée de Montivilliers, ni celle de
Rouelles, ni de l'autre côté de l’eau, les gras pâtu
rages de la vallée d’Auge,oula côte pittoresque et
verdoyante de Pennedepie qu’il a voulu décrire.
De même que l’aiguille aimantée se tourne vers
le nord,' et que le canard saüvage, banni par le
froid, se dirige vers lé sud, notre Christophe Co
lomb du boulevard des** Italiens a pris le train
pour ce Lien de délices dont tous nous soupçon
nions vaguement les sites enchanteurs,' les joies
édéniques, l'idyllique poésie et qui s’appelle:
Carmaux !
0ar c’est bien le Parâdis, un Par; d s authen-
tiqüe et garanti sur facture de la maison Reille,
que le messager du Temps nous décrit en trois
colonnes serrées d’une correspondance enthou
siaste".
Lecteurs du numéro du 11 octobre 1892 où ces
merveilles furent consignées, rémémorez-vous ces
délices noii pareilles !
n i ! I.fc •! ' i • ' , j
Et vous aussi,
Peuples de Navarre et de France ^
Des Batignolies et du Jura,
Oyez ce que vous ne putes lire !
Le signe infaillible auquel on reconnaît le Pa
radis, c’est qu’une fois entré on ne veut plus en
sortir.
Or, dit notre Pizarre, « les étrangers qui sont
« venus travailler à Carmaux ne le quittent plus,
« et le Carmausien qui, par grand hasard se dé-
« eide à chercher fortune ailleurs, y revient vite.
« La mine ne lui fait pas peur, elle l’attire. Il
« l’aime comme le vigneron aime sa vigne, le
« laboureur sa terre. Elle est indispensable à sa
« vie. Voilà trois générations, sinon plus, que la
c chose est entrée dans son sang. »
De plus « on descend par goût dans la mine. »
Pourquoi ? La chose est bien simple et notre
explorateur l’explique de façon bien naturelle :
« Dans la mine ils ont chaud en hiver, l’été ils y
« sont au frais. »
Il y a des gens qui se figurent que l’air de la
mine est humide, nauséabond.
Erreur regrettable propagée par un nommé Zola !
« Les galeries de Carmaux sont spacieuses ;
« elles comptent deux mètres en hauteur, en lar-
« geur deux mètres cinquante, et l’air qu’on y
« respire est plus pur, — j’en parle par expé-
« rience, — que l’air des grands boulevards. »
On le voit c’est de plus en plus le Paradis.
Le mineur qui a décidément tous les plaisirs,
peut, comme nos premiers parents, dans l’Eden,
faire de l’élevage. Ecoutez pour apprendre, agri
culteurs attardés du pays de Caux. Voici la re
cette :
« On achète à la Saint-Martin un petit goret
« de 12 à 15 francs, qu’on engraisse avec des
« épluchures et qui se revend, une fois gras, dans
« les 95 à 100 francs, op que l’on tue.
En cherchant bien dans les recoins de ce para
dis, notre explorateur y eût certainement rencon
tré St-Antoine.
La nourriture est à don. Vous avez un lapin
pour 25 à 30 sous, sans compter ceux posés aux
mineurs par la compagnie.
« On a pour 18 à 20 sous une paire de pigeons,
« pour 2 fr. à 2 fr.50 une paire de beaux poulets. »
Le croiriez-vous ? malgré ces avantages le mi
neur mange peu. Le correspondant du Temps le
constate lui-même : * Le mineur, dans la mine,
« quand il est sobre, ne mange qu’un croûton
« de pain et un oignon. » S’il ne mange pas
autre chose, que voulez-vous ? C’est son idée, à ce
mineur, il aime l’oignon ! Voulez-vous l’empêcher
de croquer un oignon si cela lui fait plaisir ? Grâce
à ce système économique «une famille de quàtre
« personnes se nourrit au prix moyen de 2 fr. 50 à
« 3 fr. par journée. Par an ce sera de 900 à
« 1,000 fr. »
C’est pour rien !
Il faut, en outre, compter à Carmaux cent
francs par an pour l’entretien d’un adulte. Pas
besoin de vêtements chauds ! « Le pardessus est
« chose inconnue à Oarmaux, grâce à Texcep-
« tionnelle douceur des hivers. »
Il y a là-bas l’ouvrier sérieux. « Celui-là
« termine sa vie en bon rentier qui a de beaux
« biens au soleil, qui dote honorablement sa
« fille et qui achète un fonds de commerce à son
« fils. »
S’il a acheté un fonds de commerce à son fils,
c’est apparemment que la boutique vaut mieux
pour lui que la mine. D’où il suit qu’on peut se
demander s’il « y descend par goût » ? (Voir plus
haut). Mais ne soyons pas trop difficiles avec le
De plus « l’ouvrier sorieux ne vient jamais
« aux réunions de la chambre syndicale et a
« gardé intactes ses convictions religieuses. Il
« se confesse à son lit de mort. Si les douleurs
« le prennent, s’il est atteint d’une longue mala-
« die, qui lui permette pourtant de se mouvoir,
« on le verra, son bâton à la main, s’acheminer
« dans la belle saison ou se faire porter en car-
« riole jusqu’à Notre-Dame de la Drèche, à deux,
« trois lieues d’ici, et, dévot pèlerin, planter!
« comme les autres son cierge aux pieds de la
« bonne Vierge. »
Le mauvais ouvrier, lui, deit envoyer chercher
le médecin, c’est, sans doute, un libre-penseur,
sachant lire et syndiqué. Il comprend d’ailleurs,
toujours d’après l’explorateur, les deux tiers de la
population ouvrière de Carmaux.
Espérons que la grâce céleste le touchera enfin
et que, pour faire plaisir au Temps et à ses amis,
il comprendra qu’il manque à tous ses devoirs et
au soin de sa propre personne eu n’allant pas cro
quer des oignons crus dans l’air pur et vivifiant
de la mine !
Il voudra retrouver, grâce aux indications du
Temps, son Paradis perdu !
BAS LES MASQUES
En toutes choses, il faut être franc, et
c’est dans l’intérêt de la vérité travestie, que
nous protestons contre les termes de l’avis
publié dans les journaux, par le comité de
répartition des secours aux familles victimes
de l'épidémie et aux ouvriers (rien des employés
de commerce) atteints-par le chômage.
Dans cette communication destinée à faire
connaître au public remploi des fonds sous
crits, le Comité s’exprime ainsi :
« Deuxième répartition à 75 familles, par
« l’entremise des Dames de charité (bons de
cc pain et de viande) ..... ... F. 1.877 »
Eh bien non ! ce ne sont pas les Dames de
charité, mais les sœurs de St-Yincent-de-Paul
qui ont distribué ces secours.
Nous pourrions citer certains faits qui prou
veraient à nos lecteurs que l’ordre le plus
parfait n’a pas toujours présidé aux distribu
tions faites par l’ancien personnel congréga
niste du Bureau de Bienfaisance.
Que le Comité de distribution qui a à sa
tête M. F. Mallet, ait le droit.de faire distri
buer les secours par qui bon lui semble,
personne ne le conteste, mais c’est à une
condition de prévenir les souscripteurs du
véritable intermédiaire choisi, et de ne pas
laisser verser entre ses mains des sommes que
certaines personnes peuvent regretter de voir
passer par celles de congréganistes qu’on
essaie, à dessein, d’opposer au Bureau de
Bienfaisance laïque qui, dans les circonstances
pénibles que nous avons traversées, a su se
montrer à la hauteur de la situation.
Les quelques républicains égarés dans ce
Comité n’y ont joué que le rôle de ralliés, et
nous ne pouvons que le regretter pour eux :
ils devaient lutter contre de semblables erre
ments et ne pas permettre que sous prétexte
de charité^ on fasse revivre, d’une façon
semi-officielle, un fonctionnement condamné
par l’opinion publique.
Ce qui, dans cette affaire, peut sembler le
plus incompréhensible, c’est de voir la muni
cipalité, qui n’ignore sans doute pas le dessous
des cartes, verser au Comité Mallet"le produit
de la souscription ouverte au Secrétariat de
la Mairie.
Avoir un Bureau de Bienfaisance laïque et
se servir du personnel congréganiste congédié
pour distribuer une partie des sommes recueil
lies, dépasse tout ce que l'on peut concevoir
de plus fantaisiste.
Nous affirmons les faits avancés, et si quel
que démenti, aussi nébuleux que la périphrase
employée par le Comité pour masquer F inter
vention des sœurs tentait d’en restreindre la
portée, nous préciserions davantage.
SOUSCRIPTION
en faveur des Grévistes de Carmaux
Deuxième Liste
Anonyme
. F. 50 —
Un administrateur du Réveil
. » 10 —
M. Aug. Godefroy 1.,
» 5 —
Total de la 2™ e liste...
. F. 65 —
Liste précédente
» 85 50
Total....
|
. F. 150 50
L’ÉPIDÉMIE
et
La Compagnie Générale Transatlantique
Le Comité du Recueil havrais des Employés
de bureau a adressé au Ministre du Commerce,
de rindustrie et des Colonies ; la lettre que nous
publions plus loin, dans le but de provoquer le
'retour au. Havre des services maritimes de la
Compagnie Générale Transatlantique et d’arriver
à la suppression des mesures prises contre le
Havre par les puissances étrangères.
Nous ne pouvons qu’approuver pleinement
l’initiative prise par les Employés de bureau ;
il eut été désirable qu’un mouvement d’opiaion
se fut affirmé énergiquement, aussi bien dans
le monde et les corps officiels (municipalité,
chambre de commerce, etc.), que chez les parti
culiers, que pour obtenir le retrait des dispositions
dont le Havre se plaint et souffre, et qui n’ont
plus de raison d’être depuis, plusieurs jours déjà.
Il est étrange qu’une Compagnie riche et sub
ventionnée comme la Compagnie Générale- Trans
atlantique, reste ainsi éloignée de son port
d’attache où sô trouve son outillage et tout ces
travailleurs que son départ a laissé sans, ouvrage ;
nous le comprenons d’autant moins que nous
voyons des Compagnies, d’autres nationalités, ne
pas hésiter à enlever du Havre le fret dont notre
Compagnie française semble ne pas vouloir.
L’état sanitâii'e du Havre s’améliore de jour en
jour. Les quelques cas de diarrhée cholériforme
qui existent encore proviennent de circonstances
anciennes ou personnelles qui leur retirent tout
caractère épidémique. Le gouvernement n’a donc
plus aucun motif d’empêcher la délivrance des
patentes nettes an Havre, et les consuls d’in
former leurs gouvernements que le Havre est
sain.
Mais surtout il est du devoir de la Compagnie
Générale Transatlantique de revenir au Havre
dans le plus bref délai.
Adresse au Ministre du Commerce
Havre, le 8 Octobre 189t.
Monsieur le Ministre du Commerce, de l’Industrie et des
Colonies, Paris.
Monsieur le Ministre,
Le Comité du Recueil havrais des Employés de Bureau y
dont les membres appartiennent pour une grande partie
à la classe, si nombreuse au Havre, des employés de
commerce, croit de son devoir de rappeler à votre
bienveillante attention la situation pénible faite à notre
port, depuis que la Compagnie Générale Transatlantique
en a éloigné le gros de ses services.
Inspirés autant par les sentiments de solidarité dont
notre ville a su témoigner dans la grande épreuve
qu’elle vient de subir, que stimulés par l’intérêt profes
sionnel, nous prenons la liberté d’élever la voix dans le
but d’obtenir le retrait des mesures rigoureuses que
rien ne peut plus longtemps justifier.
Votre sollicitude pour la défense de la situation
commerciale de notre ville nous dispense d’insister
davantage sur la nécessité d’un prompt retour an
Havre des vapeurs transatlantiques français, d’autant
mieux que, comme vous le savez, notre port, au prix de
grands sacrifices dont il importe de ne pas perdre le
fruit, s’est assuré une installation et un outillage
véritablement supérieurs et uniques dans notre région.
L’amélioration évidente de notre état sanitaire exige
que Ton rétablisse, le plus tôt possible, les relation»
commerciales, au moyeu desquels notre ville pourfa
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