Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-03-19
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 mars 1892 19 mars 1892
Description : 1892/03/19 (N24). 1892/03/19 (N24).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632255
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l re Année — fi° 24 — Samedi 19 Mars 1892.
axsaassQBansasaataaae
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 30 Venlôse An 100 — 1° 24.
S'fz.
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ÀDOXXEMËXTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉHIER, 15
LE RÉ VE IL DU IIA VRE paraît le Samedi
BBMMMBWl——i
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
On médira peut-être, dans une certaine
presse, de la tentative récente d’un groupe
de députés qui demandent le retour à la
politique de principes. Que les critiques
viennent du parti conservateur intéressé au
maintien des malentendus dans lesquels
s’attarde encore une fraction du parti répu
blicain, nous le concevons sans peine. Mais
si, après tant de déboires subis au nom de
cette illusion décevante qu’on appelle l’apai
sement, il se trouvait encore des républicains
pour plaisanter cet essai de loyauté politique,
cet acte de fidélité républicaine, ce serait en
vérité un symptôme grave.
On en a fait, dans ce pays, depuis deux
ans et demi, la triste expérience, un parti
doit savoir où il va, sous peine de se laisser
entamer par des adversaires plus surs d’eux-
mêmes et mieux organisés.
11 faut savoir gré à M. Camille Pelletan
et à ses amis d’avoir jeté, au bon moment,
le cri d’alarme. Il n’était que temps, en
vérité, de rappeler aux républicains que le
progrès politique ne s’obtient pas en suivant
telle ou telle personnalité, tel ou tel panache.
Le boulangisme est une maladie trop récente,
pour qu'on puisse oublier à quelles aberrations
conduit parfois ce culte des individus. Les
Ferry, les Boulanger, les Çonstans, les
Loubet passent. La République demeure, et
c’est sur elle, sur ses principes, que nous
devons nous guider, comme le marin s’oriente
sur sa boussole.
Sans doute, il a été de bon ton, pendant
quelques mois, de ridiculiser les programmes.
N’étaient-ils pas faits pour être violés ? A
quoi servaient-ils ? On entendait souvent les
réactionnaires et, hélas ! aussi quelques
républicains modérés — ainsi appelés parce
qu’ils sont modérément républiéains — se
livrer sur ce thème favori aux plaisanteries
du meilleur goût.
À quoi servent les programmes ? C’est
une question à laquelle on peut répondre :
« L’abandon du programme républicain
laisse la République ouverte aux incursions
réactionnaires, et, faute d’un mot d’ordre,
on en arrive à ne plus pouvoir distinguer
nettement l’ennemi qui nous combat.
A quoi servent les programmes ?
Demandez-le à la Chambre nommée en
1 8.89, à cette Assemblée qui, après avoir pro
mis dans les comices électoraux, de faire des
lois d’affaires, et de laisser de côté la politi
que, — promesse absurde, la politique
étant la science de l’administration générale
du pays, — s’est laissée menef par Méline au
beau travail que nous pouvons maintenant
juger.
A quoi servent les programmes ?
Demandez-le, au Havre même, à certains
hommes politiques, conseillers municipaux,
d’arrondissement ou généraux, qui ont fait
parfois trop bon marché de leurs anciennes
promesses, et qui ont cru un instant que la
République pouvait faire, avec le parti •réac
tionnaire, un mariage de raison. Après ces
belles avances, ils en sont réduits à constater
que la première préoccupation de ces pré
tendus alliés est de prendre leur place, et de
faire d’eux les sganarelles de la politique.
L’expérience est-elle complète ? Nous le
croyons, comme nous pensons le moment venu
d'une campagne de résistance énergique à la
réaction, en forçant chaque parti à poser son
programme, comme une armée arbore son
drapeau.
Est-il nécessaire que le programme destiné
à grouper tous les républicains contre l’ennemi
commun, comporte tous les desiderata possi
bles? Nous n’en voyons pas l’absolue nécessité.
11 suffit, comme l’indique si bien M. Camille
Pelletan dans sa déclaration, qu’on y trouve
la ferme volonté de faire aboutir, avec le seul
concours des républicains, les réformes politi
ques et sociales, sans lesquelles la démocratie
serait un vain mot.'
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election Sénatoriale du 13 Mars 1892.
— Nord. — Pour remplacer le vice-amiral Peyron,
sénateur inamovible, décédé, le département du
Nord avait été désigné par le sort pour procéder
à l’élection qui a eu lieu dimanche dernier et qui,
après deux tours de scrutin, a donné le résultat
suivant :
M. J. B. Trystram, ancien député
de Dunkerque, conseiller gé
néral, républicain 1,233 voix, élu.
M. A. Outters, ancien député
d’Hazebrouck, républicain con
servateur 1,078 »
Le Sénat s’est occupé du projet sur les Univer
sités, qui a donné lieu aux discours de MM. Chal-
lemel-Lacour, Bourgeois, ministre de l’instruc
tion publique, Bardoux, Goblet.
Chambre des Députés. — Dans sa séance
du 10 mars, la Chambre a adopté par 384 voix
contre 58, la proposition de M. Camille Dreyfus,
tendant à célébrer le 22 septembre prochain le
centenaire de la proclamation de la République.
Elle a, par contre, écarté la proposition, plus
rationnelle et historique à notre avis, de célébrer
comme fêtes nationales, la journée du 10 août,
anniversaire de la chute de la royauté, et celle du
21 septembre (et non du 22) anniversaire de l’ou
verture de la Convention, premier pouvoir répu
blicain établi en France.
La Chambre continue la discussion de la loi sur
les Conseils de prud’hommes. Elle décide que les
femmes auront le droit de voter pour les conseils
de prud’hommes. Mais elle leur refuse l’éligibilité.
Sur la proposition de M. Goujon, la Chambre
adopte pour les prud’hommes, la formule du ser
ment ainsi conçue : voirs avec zèle et intégrité. »
M. Félix Faure posera samedi, au Ministre de
l’agriculture, une question au sujet des viandes de
porc salé d’Amérique.
Le Dix Août à Paris. — Le Conseil muni
cipal de Paris va examiner le projet de la Section
du Temple pour la commémoration du 10 août,
projet qui a été déposé sur le bureau du Conseil
par M. Lucipia.
ALLEMAGNE
Le Fonds Guelfe. — Le duc de Cumberland
vient de faire sa soumission à l’empereur et roi
Guillaume. Représentant légitime de la maison
de Hanovre, il vient d’abdiquer ses droits moyen
nant le remboursement de la somme de 42 millions
de marcs (52 1/2 milions de francs), constituant ce
qu’on a appelé le fonds guelfe. Ce remboursement
faisait l’objet d’une convention, passée le 29 sep
tembre 1867, entre le vieux Guillaume et l’ex-roi
George de Hanovre ; mais on avait sans cesse
ajourné le paiement, parce que le souverain dépos
sédé, au lieu de se soumettre au nouvel état de
chose arrivé en Allemagne, persistait cà se poser
en prétendant.
Depuis vingt-cinq ans que ces millions ont été
retenus par la Prusse, n’allez pas croire qu’ils ont
été mis en bons placements à la disposition de la
maison de Hanovre ! Non. Le prince de Bismarck
s*en servait pour les besoins de sa police et de sa
politique ; c’était pour lui une caisse secrète toute
trouvée !
Aujourd’hui, par suite de nous ne savons quelle
pression, quelles influences, quelles raisons poli
tiques, ce fonds est restitué au duc de Cumberland,
qui se soumet avec la plus basse humilité !
C’est le grand événement politique du jour en
Allemagne. Ce qu’il y a de plus étrange, c’est que
les hanovriens semblent trouver naturelle la con
duite de leur représentant, et l’approuvent géné
ralement. Il a engagé leur indépendance à raison
de 52 millions, dont lui seul profitera, et ils sont
satisfaits ! Que ce peuple allemand a donc de
hautes vertus !
LES INSTITUTEURS
et l’Indemnité de Logement
Une certaine émotion vient de se manifes
ter parmi les instituteurs et institutrices du
Havre, à la suite de difficultés qu’ils ont ren
contrées pour la liquidation et le règlement
de leur indemnité de logement.
Afin de faire connaître, sur ce point, les
droits des membres de l’enseignement, nous
croyons intéressant de reproduire un passage
du rapport de M. le docteur Fauvel, au Con
seil municipal, voté dans la séance du 17.
juin 1891.
Après avoir rappelé les prescriptions du
du décret du 17 mars 1891, l’honorable rap
porteur fixe ainsi le quantum de l’indemnité :
« En traduisant les conséquences de ce
décret par des chiffres, on peut établir un
état spécial, par catégorie de maîtres et de
maîtresses, de la façon suivante :
» Instituteurs célibataires et institutrices céliba
taires et mariées
» Stagiaires Fr. 240
» Titulaires..... » 300
» Directeurs et directrices d’é
coles à plus de 2 classes ;
directeurs et directrices,
adjoints et adjointes d’é
coles primaires supérieures » 360
* Instituteurs mariés, veufs avec un ou plusieurs
enfants, institutrices veuves avec un ou plu
sieurs enfants :
» Stagiaires Fr. 320
» Titulaires » 400
» Directeurs et directrices à
plus de 2 classes ; direc
teurs et directrices, adjoints
et adjointes d’écoles primai
res supérieures » 480
» En appliquant les chiffres indiqués ci-
dessus au personnel enseignant de nos écoles,
conformément au tableau annexé au dossier,
on obtient les totaux suivants :
Ecoles de garçons Fr. 28.700
— de filles » 18.640
— maternelles » 7.428
Total général.. Fr. 54.768
A la suite de ce rapport, le Conseil muni
cipal avait voté un crédit de 54,768 fr. affé
rent aux indemnités de logement pour 1892.
Notons, en passant, que cette somme dépasse
de 11,480 fr. le crédit prévu au budget de
1891 (43.000 fr.).
Or, il paraît que des difficultés se sont pro
duites pour ces allocations. La ville du Havre
renvoie les intéressés à M. le préfet, préten
dant qu’il faut un arrêté pour régulariser le
vote du Conseil.
A cela, la préfecture répond que, la ville du
Havre ayant adopté le taux minimum des
indemnités prévues par le décret du 17 mars
1891, et le crédit nécessaire ayant été inscrit
au budget de la ville, c’est à la municipalité
qu’incombe le soin de les mandater aux
ayants-droit.
L’attention de M. Garsault aurait été vai
nement attirée depuis lors sur la nécessité de
faire aboutir cette réclamation très légitime
des instituteurs.
Nous apprenons qu’un certain nombre
d’instituteurs et d’institutrices, fatigués d’être
ainsi renvoyés de Caïphe à Pilate,— cette
comparaison religieuse plaira certainement
au pieux M. Degenétais, — se sont réunis
jeudi, et ont décidé de porter une dernière
fois la question devant l’autorité académique
et devant M. le préfet.
★
* *
Nous apprenons qu’une délégation des
instituteurs a été reçue jeudi par M. Marie
Cardine, inspecteur d’Académie, qui a promis
de faire droit à cette réclamation.
Nul doute qu’une prompte satisfaction ne
soit donnée à la classe si intéressante des
membres de l’enseignement.
M. ROULAND
Candidat sénatorial
La Lanterne apprécie, ainsi qu’il suit, ia
candidature de M. Rouland :
M. Rouland, fils de l’ancien ministre de l’empire,
dont les universitaires ont gardé un si mauvais
souvenir, est trésorier-payeur général à Evreux,
ce qui lui vaut une centaine de beaux billets de
mille francs par an.
C’est ainsi que la République persécute ses
adversaires. Car M. Rouland, fils de bonapartiste
et de clérical, est resté lui-même bonapartiste
et clérical — les receveurs des finances et les
percepteurs placés sous ses ordres qui se sont per
mis de manifester leur dévouement à la République
font appris à leurs dépens. Par contre, toutes ses
faveurs étaient acquises aux réactionnaires.
Aussi, la grande majorité .des fonctîoniiaires'des
finances dans ce département est-elle encore réac
tionnaire après vingt ans de République.
Mais M. Rouland est un de ces personnages
doubles, dont nous parlions l’autre jour. Réaction
naire endurci comme fonctionnaire dans l’Eure, il
est, dans le département voisin, comme conseiller
général du canton de Bacqueville, presque gou
vernemental.
.Ce n’est que par ce double jeu qu’on peut expli
quer que les délégués sénatoriaux républicains de
l’arrondissement de Dieppe, ayant à faire choix
d’un candidat pour remplacer au Sénat M. Dau-
tresme, décédé, aient désigné M. Rouland. Il nous
revient que M. Hendlé, préfet de la Seine-Infé
rieure, n’aurait pas été étranger à ce choix.
Il n’est pas possible que, mieux éclairés sur leur
candidat, les républicains de l’arrondissement de
Dieppe persistent dans cette désignation qui con
stituerait de leur part une trahison des intérêts
républicains.
Il ne manque pas, nous aimons à le croire, dans
la Seine-Inférieure, de républicains éprouvés pour
porter, le jour du' scrutin, le drapeau de la Répu
blique qui, placé entre les mains de M. Rouland!,
n’abriterait qu’une politique de duplicité et un
candidat réactionnaire et clérical.
* *
Nous ne pouvons que nous associer à la
manière de voir de la Lanterne. Nous croyons
toutefois qu’il y a dans son information une
certaine part d’inexactitude. C’est lorsqu’elle
parle du rôle de M. Hendlé comme promoteur
de la candidature Rouland.
Nous ne pouvons croire que M. Hendlé, qui
doit être actuellement très occupé, sinon à
décommander le banquet Çonstans, du moins à
modérer le zèle clérical de certains fonction
naires, notamment de quelques directeurs
axsaassQBansasaataaae
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année — 30 Venlôse An 100 — 1° 24.
S'fz.
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ÀDOXXEMËXTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION k RÉDACTION
15, RUE CASIMIR-PÉHIER, 15
LE RÉ VE IL DU IIA VRE paraît le Samedi
BBMMMBWl——i
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
On médira peut-être, dans une certaine
presse, de la tentative récente d’un groupe
de députés qui demandent le retour à la
politique de principes. Que les critiques
viennent du parti conservateur intéressé au
maintien des malentendus dans lesquels
s’attarde encore une fraction du parti répu
blicain, nous le concevons sans peine. Mais
si, après tant de déboires subis au nom de
cette illusion décevante qu’on appelle l’apai
sement, il se trouvait encore des républicains
pour plaisanter cet essai de loyauté politique,
cet acte de fidélité républicaine, ce serait en
vérité un symptôme grave.
On en a fait, dans ce pays, depuis deux
ans et demi, la triste expérience, un parti
doit savoir où il va, sous peine de se laisser
entamer par des adversaires plus surs d’eux-
mêmes et mieux organisés.
11 faut savoir gré à M. Camille Pelletan
et à ses amis d’avoir jeté, au bon moment,
le cri d’alarme. Il n’était que temps, en
vérité, de rappeler aux républicains que le
progrès politique ne s’obtient pas en suivant
telle ou telle personnalité, tel ou tel panache.
Le boulangisme est une maladie trop récente,
pour qu'on puisse oublier à quelles aberrations
conduit parfois ce culte des individus. Les
Ferry, les Boulanger, les Çonstans, les
Loubet passent. La République demeure, et
c’est sur elle, sur ses principes, que nous
devons nous guider, comme le marin s’oriente
sur sa boussole.
Sans doute, il a été de bon ton, pendant
quelques mois, de ridiculiser les programmes.
N’étaient-ils pas faits pour être violés ? A
quoi servaient-ils ? On entendait souvent les
réactionnaires et, hélas ! aussi quelques
républicains modérés — ainsi appelés parce
qu’ils sont modérément républiéains — se
livrer sur ce thème favori aux plaisanteries
du meilleur goût.
À quoi servent les programmes ? C’est
une question à laquelle on peut répondre :
« L’abandon du programme républicain
laisse la République ouverte aux incursions
réactionnaires, et, faute d’un mot d’ordre,
on en arrive à ne plus pouvoir distinguer
nettement l’ennemi qui nous combat.
A quoi servent les programmes ?
Demandez-le à la Chambre nommée en
1 8.89, à cette Assemblée qui, après avoir pro
mis dans les comices électoraux, de faire des
lois d’affaires, et de laisser de côté la politi
que, — promesse absurde, la politique
étant la science de l’administration générale
du pays, — s’est laissée menef par Méline au
beau travail que nous pouvons maintenant
juger.
A quoi servent les programmes ?
Demandez-le, au Havre même, à certains
hommes politiques, conseillers municipaux,
d’arrondissement ou généraux, qui ont fait
parfois trop bon marché de leurs anciennes
promesses, et qui ont cru un instant que la
République pouvait faire, avec le parti •réac
tionnaire, un mariage de raison. Après ces
belles avances, ils en sont réduits à constater
que la première préoccupation de ces pré
tendus alliés est de prendre leur place, et de
faire d’eux les sganarelles de la politique.
L’expérience est-elle complète ? Nous le
croyons, comme nous pensons le moment venu
d'une campagne de résistance énergique à la
réaction, en forçant chaque parti à poser son
programme, comme une armée arbore son
drapeau.
Est-il nécessaire que le programme destiné
à grouper tous les républicains contre l’ennemi
commun, comporte tous les desiderata possi
bles? Nous n’en voyons pas l’absolue nécessité.
11 suffit, comme l’indique si bien M. Camille
Pelletan dans sa déclaration, qu’on y trouve
la ferme volonté de faire aboutir, avec le seul
concours des républicains, les réformes politi
ques et sociales, sans lesquelles la démocratie
serait un vain mot.'
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Election Sénatoriale du 13 Mars 1892.
— Nord. — Pour remplacer le vice-amiral Peyron,
sénateur inamovible, décédé, le département du
Nord avait été désigné par le sort pour procéder
à l’élection qui a eu lieu dimanche dernier et qui,
après deux tours de scrutin, a donné le résultat
suivant :
M. J. B. Trystram, ancien député
de Dunkerque, conseiller gé
néral, républicain 1,233 voix, élu.
M. A. Outters, ancien député
d’Hazebrouck, républicain con
servateur 1,078 »
Le Sénat s’est occupé du projet sur les Univer
sités, qui a donné lieu aux discours de MM. Chal-
lemel-Lacour, Bourgeois, ministre de l’instruc
tion publique, Bardoux, Goblet.
Chambre des Députés. — Dans sa séance
du 10 mars, la Chambre a adopté par 384 voix
contre 58, la proposition de M. Camille Dreyfus,
tendant à célébrer le 22 septembre prochain le
centenaire de la proclamation de la République.
Elle a, par contre, écarté la proposition, plus
rationnelle et historique à notre avis, de célébrer
comme fêtes nationales, la journée du 10 août,
anniversaire de la chute de la royauté, et celle du
21 septembre (et non du 22) anniversaire de l’ou
verture de la Convention, premier pouvoir répu
blicain établi en France.
La Chambre continue la discussion de la loi sur
les Conseils de prud’hommes. Elle décide que les
femmes auront le droit de voter pour les conseils
de prud’hommes. Mais elle leur refuse l’éligibilité.
Sur la proposition de M. Goujon, la Chambre
adopte pour les prud’hommes, la formule du ser
ment ainsi conçue :
M. Félix Faure posera samedi, au Ministre de
l’agriculture, une question au sujet des viandes de
porc salé d’Amérique.
Le Dix Août à Paris. — Le Conseil muni
cipal de Paris va examiner le projet de la Section
du Temple pour la commémoration du 10 août,
projet qui a été déposé sur le bureau du Conseil
par M. Lucipia.
ALLEMAGNE
Le Fonds Guelfe. — Le duc de Cumberland
vient de faire sa soumission à l’empereur et roi
Guillaume. Représentant légitime de la maison
de Hanovre, il vient d’abdiquer ses droits moyen
nant le remboursement de la somme de 42 millions
de marcs (52 1/2 milions de francs), constituant ce
qu’on a appelé le fonds guelfe. Ce remboursement
faisait l’objet d’une convention, passée le 29 sep
tembre 1867, entre le vieux Guillaume et l’ex-roi
George de Hanovre ; mais on avait sans cesse
ajourné le paiement, parce que le souverain dépos
sédé, au lieu de se soumettre au nouvel état de
chose arrivé en Allemagne, persistait cà se poser
en prétendant.
Depuis vingt-cinq ans que ces millions ont été
retenus par la Prusse, n’allez pas croire qu’ils ont
été mis en bons placements à la disposition de la
maison de Hanovre ! Non. Le prince de Bismarck
s*en servait pour les besoins de sa police et de sa
politique ; c’était pour lui une caisse secrète toute
trouvée !
Aujourd’hui, par suite de nous ne savons quelle
pression, quelles influences, quelles raisons poli
tiques, ce fonds est restitué au duc de Cumberland,
qui se soumet avec la plus basse humilité !
C’est le grand événement politique du jour en
Allemagne. Ce qu’il y a de plus étrange, c’est que
les hanovriens semblent trouver naturelle la con
duite de leur représentant, et l’approuvent géné
ralement. Il a engagé leur indépendance à raison
de 52 millions, dont lui seul profitera, et ils sont
satisfaits ! Que ce peuple allemand a donc de
hautes vertus !
LES INSTITUTEURS
et l’Indemnité de Logement
Une certaine émotion vient de se manifes
ter parmi les instituteurs et institutrices du
Havre, à la suite de difficultés qu’ils ont ren
contrées pour la liquidation et le règlement
de leur indemnité de logement.
Afin de faire connaître, sur ce point, les
droits des membres de l’enseignement, nous
croyons intéressant de reproduire un passage
du rapport de M. le docteur Fauvel, au Con
seil municipal, voté dans la séance du 17.
juin 1891.
Après avoir rappelé les prescriptions du
du décret du 17 mars 1891, l’honorable rap
porteur fixe ainsi le quantum de l’indemnité :
« En traduisant les conséquences de ce
décret par des chiffres, on peut établir un
état spécial, par catégorie de maîtres et de
maîtresses, de la façon suivante :
» Instituteurs célibataires et institutrices céliba
taires et mariées
» Stagiaires Fr. 240
» Titulaires..... » 300
» Directeurs et directrices d’é
coles à plus de 2 classes ;
directeurs et directrices,
adjoints et adjointes d’é
coles primaires supérieures » 360
* Instituteurs mariés, veufs avec un ou plusieurs
enfants, institutrices veuves avec un ou plu
sieurs enfants :
» Stagiaires Fr. 320
» Titulaires » 400
» Directeurs et directrices à
plus de 2 classes ; direc
teurs et directrices, adjoints
et adjointes d’écoles primai
res supérieures » 480
» En appliquant les chiffres indiqués ci-
dessus au personnel enseignant de nos écoles,
conformément au tableau annexé au dossier,
on obtient les totaux suivants :
Ecoles de garçons Fr. 28.700
— de filles » 18.640
— maternelles » 7.428
Total général.. Fr. 54.768
A la suite de ce rapport, le Conseil muni
cipal avait voté un crédit de 54,768 fr. affé
rent aux indemnités de logement pour 1892.
Notons, en passant, que cette somme dépasse
de 11,480 fr. le crédit prévu au budget de
1891 (43.000 fr.).
Or, il paraît que des difficultés se sont pro
duites pour ces allocations. La ville du Havre
renvoie les intéressés à M. le préfet, préten
dant qu’il faut un arrêté pour régulariser le
vote du Conseil.
A cela, la préfecture répond que, la ville du
Havre ayant adopté le taux minimum des
indemnités prévues par le décret du 17 mars
1891, et le crédit nécessaire ayant été inscrit
au budget de la ville, c’est à la municipalité
qu’incombe le soin de les mandater aux
ayants-droit.
L’attention de M. Garsault aurait été vai
nement attirée depuis lors sur la nécessité de
faire aboutir cette réclamation très légitime
des instituteurs.
Nous apprenons qu’un certain nombre
d’instituteurs et d’institutrices, fatigués d’être
ainsi renvoyés de Caïphe à Pilate,— cette
comparaison religieuse plaira certainement
au pieux M. Degenétais, — se sont réunis
jeudi, et ont décidé de porter une dernière
fois la question devant l’autorité académique
et devant M. le préfet.
★
* *
Nous apprenons qu’une délégation des
instituteurs a été reçue jeudi par M. Marie
Cardine, inspecteur d’Académie, qui a promis
de faire droit à cette réclamation.
Nul doute qu’une prompte satisfaction ne
soit donnée à la classe si intéressante des
membres de l’enseignement.
M. ROULAND
Candidat sénatorial
La Lanterne apprécie, ainsi qu’il suit, ia
candidature de M. Rouland :
M. Rouland, fils de l’ancien ministre de l’empire,
dont les universitaires ont gardé un si mauvais
souvenir, est trésorier-payeur général à Evreux,
ce qui lui vaut une centaine de beaux billets de
mille francs par an.
C’est ainsi que la République persécute ses
adversaires. Car M. Rouland, fils de bonapartiste
et de clérical, est resté lui-même bonapartiste
et clérical — les receveurs des finances et les
percepteurs placés sous ses ordres qui se sont per
mis de manifester leur dévouement à la République
font appris à leurs dépens. Par contre, toutes ses
faveurs étaient acquises aux réactionnaires.
Aussi, la grande majorité .des fonctîoniiaires'des
finances dans ce département est-elle encore réac
tionnaire après vingt ans de République.
Mais M. Rouland est un de ces personnages
doubles, dont nous parlions l’autre jour. Réaction
naire endurci comme fonctionnaire dans l’Eure, il
est, dans le département voisin, comme conseiller
général du canton de Bacqueville, presque gou
vernemental.
.Ce n’est que par ce double jeu qu’on peut expli
quer que les délégués sénatoriaux républicains de
l’arrondissement de Dieppe, ayant à faire choix
d’un candidat pour remplacer au Sénat M. Dau-
tresme, décédé, aient désigné M. Rouland. Il nous
revient que M. Hendlé, préfet de la Seine-Infé
rieure, n’aurait pas été étranger à ce choix.
Il n’est pas possible que, mieux éclairés sur leur
candidat, les républicains de l’arrondissement de
Dieppe persistent dans cette désignation qui con
stituerait de leur part une trahison des intérêts
républicains.
Il ne manque pas, nous aimons à le croire, dans
la Seine-Inférieure, de républicains éprouvés pour
porter, le jour du' scrutin, le drapeau de la Répu
blique qui, placé entre les mains de M. Rouland!,
n’abriterait qu’une politique de duplicité et un
candidat réactionnaire et clérical.
* *
Nous ne pouvons que nous associer à la
manière de voir de la Lanterne. Nous croyons
toutefois qu’il y a dans son information une
certaine part d’inexactitude. C’est lorsqu’elle
parle du rôle de M. Hendlé comme promoteur
de la candidature Rouland.
Nous ne pouvons croire que M. Hendlé, qui
doit être actuellement très occupé, sinon à
décommander le banquet Çonstans, du moins à
modérer le zèle clérical de certains fonction
naires, notamment de quelques directeurs
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.7%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 88.7%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k32632255/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k32632255/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k32632255/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k32632255
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k32632255
Facebook
Twitter