Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1892-01-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 janvier 1892 09 janvier 1892
Description : 1892/01/09 (N14). 1892/01/09 (N14).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263215s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l re Année — 20 Nivôse An 100 — N° 14.
l re Année — N° 14 — Samedi 9 Janvier 1892.
CINQ CENTIM ES LE NUMERO
WHMMWHBWWBBMaWi'iiitafflBaBMI^B' Il MIMBl. IMIMIMlillIMMi—SB—WM—
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABOMMTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre.. 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RXJE CASIMIE-PÉHIER,
S LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS ;
1.5
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames .... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
H AVRE
RÉPUBLIQUE ET RÉâCTIOS
Pour éclairer les Républicains sur leurs
devoirs, rien n’est plus édifiant que d’observer
les attitudes successives du parti réaction
naire.
Dans sa remarquable conférence du 6 Dé
cembre dernier au Cercle Franklin, — confé
rence qui eut ce double liouneur de mériter
les éloges de tous les républicains et les basses
injures de certains amphibies de la presse
locale, — M. Millerand rappelait avec préci
sion et éloquence les entreprises de la réaction
contre la République dans ces dernières années.
L’honorable député prenait ses exemples dans
l’histoire générale du pays.
Si l’on fait, au point de vue purement
havrais, le môme travail, on arrive à une
conclusion identique. On voit, chez nous
comme, partout ailleurs, la réaction tantôt
insinuante, tantôt brutalement agressive,
toujours acharnée contre nos institutions ré
publicaines.
Qui ne se souvient des élections cantonales
et législatives de 1889 ? Unis à quelques répu
blicains égarés, revenus depuis de leur erreur,
on voyait les organes attitrés de la réaction
au Havre, le Courrier VArrondissement , con
duire au combat les soi-disant conservateurs
et les mécontents de tout poil.
Grâce à l’union de tous les républicains,
qui surent faire abstraction de leurs préfé
rences personnelles, cette coalition fut
vaincue.
Mais Basile a plus d’un tour dans son sac.
On vit alors les réactionnaires, — fidèles à
! .
leur politique ordinaire, quand ils viennent
d’être étrillés, — prendre un air patelin et
bonhomme. Eux qui naguère criaient : Mort
à la République ! murmurèrent doucement,
comme on demande une aumône : Concilia
tion !
Ils sentaient bien que les nécessités de la
victoire et les précautions à prendre contre
un retour offensif commandaient aux répu
blicains d’appliquer leurs principes.
Ils mirent donc un peu moins de violence
dans leurs attaques. Le Courrier consentit,
pour quelque temps, à ne plus traiter deux
fois par jour les républicains de voleurs et de
faussaires. Mais, fidèle au mot d’ordre qu’il
reçoit de ses princes, il continua de combattre
les lois scolaires et la loi militaire.
Survient la question du Bureau de Bien
faisance' Comme depuis longtemps la laïcisa
tion figurait dans les programmes républicains,
la chose paraissait des plus simples. Mais la
réaction était là pour défendre sa dernière
citadelle.
' Ce fut alors un beau débordement d’outra
ges, d’invectives contre lesrépublicains d’avant
garde qui prirent l’initiative de cette réforme
promise aux' électeurs. Les promoteurs et les
défenseurs de la laïcisation furent malmenés,
avec la violence que l’on sait, par la presse
conservatrice.
La découverte faite par la Commission
administrative, d’irrégularités graves dans la
comptabilité du .Bureau, ne fit qu’exaspérer
cet accès de cléricalisme aigu. On vit alors le
Courrier couvrir de toutes .les malédictions
dont il dispose, les laïcisateurs qui, d’ailleurs,
ne s’en portèrent pas qdus mal. Comme son
confrère si bien dépeint par Victor Hugo,
dans Les Châtiments :
Armé d’un goupillon, il entra dans la lice,
Contre les Jacobins, le siècle et le péché.
Il suffit de relire la collection de cette pieuse
feuille, pour voir à quelle intempérance de
langage peuvent conduire l’amour de la reli
gion et la fréquentation des congréganistes.
En même temps, il est vrai, elle faisait risette
à l’Administration municipale, glissant un
mot aimable pour M. Génestal, amadouant
M. L. Brindeau, leur faisant l’injure de les
traiter en défenseurs du trône et de l’autel.
La réaction prenait des allures insinuantes
de marchande à la toilette.
On ne sait comment aurait fini l’aventure
si, pour la plus grande édification des répu
blicains, Goutbe-Soulard n’avait fait des
siennes, entraînant après lui tous les
ennemis de la République : tellement il est
vrai que la politique locale est subordonnée à
la politique générale.
D’autre part, l’adoption définitive de la
laïcisation vient de ruiner les dernières
espérances des cléricaux. Rien n’est comique
comme leur dépit depuis quelques semaines.
La situation est donc devenue plus nette
des deux côtés, les républicains modérés
ayant vu s’évanouir les rares illusions qu’ils
pouvaient avoir sur les intentions du parti
conservateur. Ils ont enfin reconnu que le
salut de la République n’est pas à droite et
qu’en se jetant dé ce côté, ils se compro
mettraient sans retour.
Nous espérons que la leçon ne sera pas
perdue pour eux.
Ils comprendront qu’il vaut mieux sup
porter parfois les critiques d’amis indépen
dants qui, en dénonçant dès longtemps le
péril clérical, firent preuve de clairvoyance,
que de s’exposer aux avances, faites de
perfidie et de trahison, des pires adversaires
de la République.
Cet examen de notre situation locale
n’était peut-être pas inutile au début d’une
année qui doit voir plusieurs catégories
d’élections. Nous nous réjouissons, pour
notre part, de constater qu’en dépit de la
réaction — peut-être même à cause d’elle —-
les républicains du Havre peuvent envisager
l’avenir avec confiance.
ï —
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Désaccord entre la Chambre et le Sé
nat. - Les Pétroles. — Dans sa séance du 5
Janvier, le Sénat a adopté le N° 197 du Tarif
général des Douanes qui taxe les huiles de pétrole,
de schiste et autres huiles minérales propres à
l’éclairage, brutes, à 18 fr. les 100 kil. ; raffinées
et essences, à 25 fr. les 100 kil.
Ce vote va prolonger le conflit entre les deux
assemblées. On sait, en effet, que la Chambre
avait, deux fois, admis les droits.de 7 fr. et de
12 fr. sur les pétroles bruts et raffinés ; or, elle ne
paraît pas disposée à céder au Sénat et tout fait’
supposer qu’elle persistera dans ses décisions an
térieures. II est assez difficile de prévoir comment
se terminera ce désaccord ; l’on parle d’une com
mission mixte qui serait chargée de trancher sou
verainement la question.
P-.-S. ■ — La 'Commission' des Douanes à la
Chambre vient de se rallier à la.décision du Sénat,
parT3 contre 11, et, dans sa séance du 7, la Cham
bre a également adopté le texte du Sénat, ainsi
que l’ensemble du tarif des Douanes, voté par
394 voix contre 44.
Affaire de Panama. — La Chambre, à
l’unanimité de 509 votants, a voté, le 5 Janvier, un
ordre du jour de M. Peytral ainsi conçu : « La
» Chambre, désirant une répression énergique et
» rapide contre tous ceux qui ont encouru des
» responsabilités, passe à l’ordre du jour. »
Ce vote est la conclusion de la discussion du
rapport demandant le renvoi aux Ministres des
affaires étrangères, de la justice, des travaux pu
blics et des finances, des pétitions des porteurs
de titres de Panama.
Il n’est pas dans nos moyens de savoir si ceux-
ci trouveront dans cette décision la satisfaction
financière qu’ils recherchent surtout ; mais nous
espérons qu’elle aura pour résultat de hâter
l’oeuvre de la justice pour connaître les responsa
bilités et châtier les coupables du gaspillage des
sommes englouties dans cette entreprise ruineuse !
Succession législative de M. Freppel.
— C’est laborieux ! Nous n’avons encore rien à
annoncer de nouveau sous ce rapport. Cependant
tout le monde s’en mêle, jusqu’au père Hyacinthe
(Loyson)! Sans succès, par exemple. — Le Gaulois
a eu une idée géniale : consulter les électeurs
avant « de choisir définitivement le candidat ! »
ce qui a un petit air de Calino assez prononcé,
n’est-ce pas ?
.«Bref, chacun donne son humble avis ; avec un
peu de patience on aboutira, peut-être !
M. Billard, Evêque de Carcassonne n’est
pas content. Il était allé à Rome sans autorisation,
au cours de ce trimestre ; le Ministre lui donne
sur les doigts en lui faisant sur son traitement,'
une retenue égale au nombre de jours pendant les
quels il a été absent. L’évêque proteste. Dame! Il
n’est pas agréable de se voir diminuer ainsi ses
appointements.
TOLÉRANCE CLÉRICALE
Nous lisons dans la Semaine Religieuse, de
Rouen, du 2 janvier :
« Paris. — Il y a eu service solennel à l’église
schismatique russe en l’honneur de Saint-Nico
las : l’ambassadeur russe, M. le baron de Moren-
heim, étant catholique, n’y a pas assisté.
» C’est assurément une leçon aux catholiques
qui vont si facilement à des mariages hérétiques
et schismatiques et sont ainsi complices des
conjoints catholiques qui vont souiller leur
union en se présentant au temple ou à la syna
gogue ».
Déjà, dans le Courrier du Havre, du 7 octobre
dernier, nous avions trouvé l’énonciation sui
vante :
« Le chrétien, ne doit jamais, en effet, assister
à des obsèques civiles et c’est une faute pour lui
de le faire. »
On a ainsi la mesure de la tolérance de Mes
sieurs les cléricaux dans leurs relations sociales.
Ils défendent à leurs fidèles d'assister aux ma
riages et aux enterrements de ceux qui no sont
pas catholiques.
Avouez qu’il y a dans ces principes une férocité
que nous avons peine à concevoir, nous autres,
libres-penseurs ou francs-maçons, qui, sans
arrière-pensée, savons assister aux cérémonies
religieuses de nos amis qui meurent ou se ma
rient, malgré les répugnances qu’elles procurent
à nos convictions.
Ces pieuses déclarations nous font involontai
rement songer aux attaques dont ont été l’objet
les laïcisateurs du Bureau de bienfaisance. « Les
soeurs, ces braves filles, étaient incapables,
. disait-on, de faire; de la partialité en faveur des 1
pauvres qui allaient à la messe ! »
Lisez l’extrait ci-dessus de la Semaine Reli
gieuse , et vous apprécierez, s’il n’était pas au
contraire, de leur devoir 'dé catholique dë faire
avant tout, ; suivant iss termes du rapport de
M. Boell v lu an Conseil municipal, à la séance
du 29 décembre 1890, «sous le masque de la
Charité, de la propagande sectaire ! »
Et à un point de vue plus général, nous
demanderons aux républicains partisans de conci
liations politiques, quelle alliance ils comptent
réaliser jamais avec ceux qui n’admettent même
pas que les catholiques puissent assister au
mariage ou à l’inhumation d’un libre-penseur,
d’un protestant ou d’un juif !
— .
LA QUESTION DES INSTITUTEURS
Un directeur d’école et ses
adjoints. — Intervention de M. le
Préfet. — Un exemple à suivre
Le discours de M. Hendlé porte ses fruits,
mais ce ne sont pas ceux que faisaient
présager les fleurs de la rhétorique préfec
torale.
On se souvient que M. Hendlé avait
déclaré aux instituteurs-adjoints qu’ils
étaient absolument libres d’aller ou de ne pas
aller à l’Eglise.
Certains instituteurs avaient pris au sérieux
cette déclaration tempérée, il est vrai, par
cette autre : qu’en continuant les anciens
errements, on ferait plaisir à l’Administration
municipale (!?) Nous ne nous chargerons
pas de découvrir ce que pouvait cacher cette
affirmation mystérieuse, dont nous garan
tissons l’authenticité absolue, bien que les
journaux ne l’aient pas reproduite.
Les instituteurs en question, que leur
directeur avait négligé de convoquer pour
connaître le parti qu’ils avaient pris sur la
question, crurent bon de lui faire savoir que,
dorénavant, ils s’abstiendraient d’assister
aux offices. Le directeur, un ami sans
doute de certaines congrégations^ fit la sourde
oreille.
La question a été portée cette semaine
devant M. le Préfet, qui a convoqué en son
cabinet le directeur et l’un de ses adjoints.
Il paraît que M. Hendlé, mis' au courant
de la façon jésuitique dont le directeur
entendait appliquer ses instructions, donna
complètement raison aux instituteurs-adjoints
et tança vertement le supérieur.
Nous sommes heureux d’enregistrer ce fait,
qui montre que M. Hendlé devient enfin le
défenseur de la neutralité scolaire.
Il y a là un bon exemple à suivre par
tous les instituteurs-adjoints. Ils peuvent
dorénavant affirmer nettement leur volonté,
sans crainte d’être inquiétés.
Qu’ils laissent l’église au curé. Il leur
suffit à eux d’assurer aux enfants du peuple
l’enseignement qui leur est nécessaire pour
devenir des citoyens instruits, et aptes à
défendre la République.
Un comnmniffué du Révérend-Père
Le Révérend-Père supérieur des sœurs,
qui ont géré, de la façon que l’on sait, notre
Bureau de bienfaisance, vient, en grand
personnage qu’il est, d’adresser un commis
niqué aux journaux du Havre. Ce sont les
étrennes de la presse havraise.
Cela est intitulé : ce Pourquoi les sœurs
s’en vont. »
Deux journaux l’ont inséré : le Courrier
du Havre, sans signature, en tête de sa
locale ; — le Journal du Havre, avec ‘la
signature X. qui paraît faire l’intérim de
A. B. et de Vindex de joyeuse mémoire.
Deux feuilles, T* une conservatrice, l’autre
républicaine, devenues, à titre égal, les
l re Année — N° 14 — Samedi 9 Janvier 1892.
CINQ CENTIM ES LE NUMERO
WHMMWHBWWBBMaWi'iiitafflBaBMI^B' Il MIMBl. IMIMIMlillIMMi—SB—WM—
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABOMMTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre.. 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RXJE CASIMIE-PÉHIER,
S LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS ;
1.5
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames .... 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
H AVRE
RÉPUBLIQUE ET RÉâCTIOS
Pour éclairer les Républicains sur leurs
devoirs, rien n’est plus édifiant que d’observer
les attitudes successives du parti réaction
naire.
Dans sa remarquable conférence du 6 Dé
cembre dernier au Cercle Franklin, — confé
rence qui eut ce double liouneur de mériter
les éloges de tous les républicains et les basses
injures de certains amphibies de la presse
locale, — M. Millerand rappelait avec préci
sion et éloquence les entreprises de la réaction
contre la République dans ces dernières années.
L’honorable député prenait ses exemples dans
l’histoire générale du pays.
Si l’on fait, au point de vue purement
havrais, le môme travail, on arrive à une
conclusion identique. On voit, chez nous
comme, partout ailleurs, la réaction tantôt
insinuante, tantôt brutalement agressive,
toujours acharnée contre nos institutions ré
publicaines.
Qui ne se souvient des élections cantonales
et législatives de 1889 ? Unis à quelques répu
blicains égarés, revenus depuis de leur erreur,
on voyait les organes attitrés de la réaction
au Havre, le Courrier VArrondissement , con
duire au combat les soi-disant conservateurs
et les mécontents de tout poil.
Grâce à l’union de tous les républicains,
qui surent faire abstraction de leurs préfé
rences personnelles, cette coalition fut
vaincue.
Mais Basile a plus d’un tour dans son sac.
On vit alors les réactionnaires, — fidèles à
! .
leur politique ordinaire, quand ils viennent
d’être étrillés, — prendre un air patelin et
bonhomme. Eux qui naguère criaient : Mort
à la République ! murmurèrent doucement,
comme on demande une aumône : Concilia
tion !
Ils sentaient bien que les nécessités de la
victoire et les précautions à prendre contre
un retour offensif commandaient aux répu
blicains d’appliquer leurs principes.
Ils mirent donc un peu moins de violence
dans leurs attaques. Le Courrier consentit,
pour quelque temps, à ne plus traiter deux
fois par jour les républicains de voleurs et de
faussaires. Mais, fidèle au mot d’ordre qu’il
reçoit de ses princes, il continua de combattre
les lois scolaires et la loi militaire.
Survient la question du Bureau de Bien
faisance' Comme depuis longtemps la laïcisa
tion figurait dans les programmes républicains,
la chose paraissait des plus simples. Mais la
réaction était là pour défendre sa dernière
citadelle.
' Ce fut alors un beau débordement d’outra
ges, d’invectives contre lesrépublicains d’avant
garde qui prirent l’initiative de cette réforme
promise aux' électeurs. Les promoteurs et les
défenseurs de la laïcisation furent malmenés,
avec la violence que l’on sait, par la presse
conservatrice.
La découverte faite par la Commission
administrative, d’irrégularités graves dans la
comptabilité du .Bureau, ne fit qu’exaspérer
cet accès de cléricalisme aigu. On vit alors le
Courrier couvrir de toutes .les malédictions
dont il dispose, les laïcisateurs qui, d’ailleurs,
ne s’en portèrent pas qdus mal. Comme son
confrère si bien dépeint par Victor Hugo,
dans Les Châtiments :
Armé d’un goupillon, il entra dans la lice,
Contre les Jacobins, le siècle et le péché.
Il suffit de relire la collection de cette pieuse
feuille, pour voir à quelle intempérance de
langage peuvent conduire l’amour de la reli
gion et la fréquentation des congréganistes.
En même temps, il est vrai, elle faisait risette
à l’Administration municipale, glissant un
mot aimable pour M. Génestal, amadouant
M. L. Brindeau, leur faisant l’injure de les
traiter en défenseurs du trône et de l’autel.
La réaction prenait des allures insinuantes
de marchande à la toilette.
On ne sait comment aurait fini l’aventure
si, pour la plus grande édification des répu
blicains, Goutbe-Soulard n’avait fait des
siennes, entraînant après lui tous les
ennemis de la République : tellement il est
vrai que la politique locale est subordonnée à
la politique générale.
D’autre part, l’adoption définitive de la
laïcisation vient de ruiner les dernières
espérances des cléricaux. Rien n’est comique
comme leur dépit depuis quelques semaines.
La situation est donc devenue plus nette
des deux côtés, les républicains modérés
ayant vu s’évanouir les rares illusions qu’ils
pouvaient avoir sur les intentions du parti
conservateur. Ils ont enfin reconnu que le
salut de la République n’est pas à droite et
qu’en se jetant dé ce côté, ils se compro
mettraient sans retour.
Nous espérons que la leçon ne sera pas
perdue pour eux.
Ils comprendront qu’il vaut mieux sup
porter parfois les critiques d’amis indépen
dants qui, en dénonçant dès longtemps le
péril clérical, firent preuve de clairvoyance,
que de s’exposer aux avances, faites de
perfidie et de trahison, des pires adversaires
de la République.
Cet examen de notre situation locale
n’était peut-être pas inutile au début d’une
année qui doit voir plusieurs catégories
d’élections. Nous nous réjouissons, pour
notre part, de constater qu’en dépit de la
réaction — peut-être même à cause d’elle —-
les républicains du Havre peuvent envisager
l’avenir avec confiance.
ï —
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Désaccord entre la Chambre et le Sé
nat. - Les Pétroles. — Dans sa séance du 5
Janvier, le Sénat a adopté le N° 197 du Tarif
général des Douanes qui taxe les huiles de pétrole,
de schiste et autres huiles minérales propres à
l’éclairage, brutes, à 18 fr. les 100 kil. ; raffinées
et essences, à 25 fr. les 100 kil.
Ce vote va prolonger le conflit entre les deux
assemblées. On sait, en effet, que la Chambre
avait, deux fois, admis les droits.de 7 fr. et de
12 fr. sur les pétroles bruts et raffinés ; or, elle ne
paraît pas disposée à céder au Sénat et tout fait’
supposer qu’elle persistera dans ses décisions an
térieures. II est assez difficile de prévoir comment
se terminera ce désaccord ; l’on parle d’une com
mission mixte qui serait chargée de trancher sou
verainement la question.
P-.-S. ■ — La 'Commission' des Douanes à la
Chambre vient de se rallier à la.décision du Sénat,
parT3 contre 11, et, dans sa séance du 7, la Cham
bre a également adopté le texte du Sénat, ainsi
que l’ensemble du tarif des Douanes, voté par
394 voix contre 44.
Affaire de Panama. — La Chambre, à
l’unanimité de 509 votants, a voté, le 5 Janvier, un
ordre du jour de M. Peytral ainsi conçu : « La
» Chambre, désirant une répression énergique et
» rapide contre tous ceux qui ont encouru des
» responsabilités, passe à l’ordre du jour. »
Ce vote est la conclusion de la discussion du
rapport demandant le renvoi aux Ministres des
affaires étrangères, de la justice, des travaux pu
blics et des finances, des pétitions des porteurs
de titres de Panama.
Il n’est pas dans nos moyens de savoir si ceux-
ci trouveront dans cette décision la satisfaction
financière qu’ils recherchent surtout ; mais nous
espérons qu’elle aura pour résultat de hâter
l’oeuvre de la justice pour connaître les responsa
bilités et châtier les coupables du gaspillage des
sommes englouties dans cette entreprise ruineuse !
Succession législative de M. Freppel.
— C’est laborieux ! Nous n’avons encore rien à
annoncer de nouveau sous ce rapport. Cependant
tout le monde s’en mêle, jusqu’au père Hyacinthe
(Loyson)! Sans succès, par exemple. — Le Gaulois
a eu une idée géniale : consulter les électeurs
avant « de choisir définitivement le candidat ! »
ce qui a un petit air de Calino assez prononcé,
n’est-ce pas ?
.«Bref, chacun donne son humble avis ; avec un
peu de patience on aboutira, peut-être !
M. Billard, Evêque de Carcassonne n’est
pas content. Il était allé à Rome sans autorisation,
au cours de ce trimestre ; le Ministre lui donne
sur les doigts en lui faisant sur son traitement,'
une retenue égale au nombre de jours pendant les
quels il a été absent. L’évêque proteste. Dame! Il
n’est pas agréable de se voir diminuer ainsi ses
appointements.
TOLÉRANCE CLÉRICALE
Nous lisons dans la Semaine Religieuse, de
Rouen, du 2 janvier :
« Paris. — Il y a eu service solennel à l’église
schismatique russe en l’honneur de Saint-Nico
las : l’ambassadeur russe, M. le baron de Moren-
heim, étant catholique, n’y a pas assisté.
» C’est assurément une leçon aux catholiques
qui vont si facilement à des mariages hérétiques
et schismatiques et sont ainsi complices des
conjoints catholiques qui vont souiller leur
union en se présentant au temple ou à la syna
gogue ».
Déjà, dans le Courrier du Havre, du 7 octobre
dernier, nous avions trouvé l’énonciation sui
vante :
« Le chrétien, ne doit jamais, en effet, assister
à des obsèques civiles et c’est une faute pour lui
de le faire. »
On a ainsi la mesure de la tolérance de Mes
sieurs les cléricaux dans leurs relations sociales.
Ils défendent à leurs fidèles d'assister aux ma
riages et aux enterrements de ceux qui no sont
pas catholiques.
Avouez qu’il y a dans ces principes une férocité
que nous avons peine à concevoir, nous autres,
libres-penseurs ou francs-maçons, qui, sans
arrière-pensée, savons assister aux cérémonies
religieuses de nos amis qui meurent ou se ma
rient, malgré les répugnances qu’elles procurent
à nos convictions.
Ces pieuses déclarations nous font involontai
rement songer aux attaques dont ont été l’objet
les laïcisateurs du Bureau de bienfaisance. « Les
soeurs, ces braves filles, étaient incapables,
. disait-on, de faire; de la partialité en faveur des 1
pauvres qui allaient à la messe ! »
Lisez l’extrait ci-dessus de la Semaine Reli
gieuse , et vous apprécierez, s’il n’était pas au
contraire, de leur devoir 'dé catholique dë faire
avant tout, ; suivant iss termes du rapport de
M. Boell v lu an Conseil municipal, à la séance
du 29 décembre 1890, «sous le masque de la
Charité, de la propagande sectaire ! »
Et à un point de vue plus général, nous
demanderons aux républicains partisans de conci
liations politiques, quelle alliance ils comptent
réaliser jamais avec ceux qui n’admettent même
pas que les catholiques puissent assister au
mariage ou à l’inhumation d’un libre-penseur,
d’un protestant ou d’un juif !
— .
LA QUESTION DES INSTITUTEURS
Un directeur d’école et ses
adjoints. — Intervention de M. le
Préfet. — Un exemple à suivre
Le discours de M. Hendlé porte ses fruits,
mais ce ne sont pas ceux que faisaient
présager les fleurs de la rhétorique préfec
torale.
On se souvient que M. Hendlé avait
déclaré aux instituteurs-adjoints qu’ils
étaient absolument libres d’aller ou de ne pas
aller à l’Eglise.
Certains instituteurs avaient pris au sérieux
cette déclaration tempérée, il est vrai, par
cette autre : qu’en continuant les anciens
errements, on ferait plaisir à l’Administration
municipale (!?) Nous ne nous chargerons
pas de découvrir ce que pouvait cacher cette
affirmation mystérieuse, dont nous garan
tissons l’authenticité absolue, bien que les
journaux ne l’aient pas reproduite.
Les instituteurs en question, que leur
directeur avait négligé de convoquer pour
connaître le parti qu’ils avaient pris sur la
question, crurent bon de lui faire savoir que,
dorénavant, ils s’abstiendraient d’assister
aux offices. Le directeur, un ami sans
doute de certaines congrégations^ fit la sourde
oreille.
La question a été portée cette semaine
devant M. le Préfet, qui a convoqué en son
cabinet le directeur et l’un de ses adjoints.
Il paraît que M. Hendlé, mis' au courant
de la façon jésuitique dont le directeur
entendait appliquer ses instructions, donna
complètement raison aux instituteurs-adjoints
et tança vertement le supérieur.
Nous sommes heureux d’enregistrer ce fait,
qui montre que M. Hendlé devient enfin le
défenseur de la neutralité scolaire.
Il y a là un bon exemple à suivre par
tous les instituteurs-adjoints. Ils peuvent
dorénavant affirmer nettement leur volonté,
sans crainte d’être inquiétés.
Qu’ils laissent l’église au curé. Il leur
suffit à eux d’assurer aux enfants du peuple
l’enseignement qui leur est nécessaire pour
devenir des citoyens instruits, et aptes à
défendre la République.
Un comnmniffué du Révérend-Père
Le Révérend-Père supérieur des sœurs,
qui ont géré, de la façon que l’on sait, notre
Bureau de bienfaisance, vient, en grand
personnage qu’il est, d’adresser un commis
niqué aux journaux du Havre. Ce sont les
étrennes de la presse havraise.
Cela est intitulé : ce Pourquoi les sœurs
s’en vont. »
Deux journaux l’ont inséré : le Courrier
du Havre, sans signature, en tête de sa
locale ; — le Journal du Havre, avec ‘la
signature X. qui paraît faire l’intérim de
A. B. et de Vindex de joyeuse mémoire.
Deux feuilles, T* une conservatrice, l’autre
républicaine, devenues, à titre égal, les
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