Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1891-11-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 novembre 1891 21 novembre 1891
Description : 1891/11/21 (N7). 1891/11/21 (N7).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263208n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
1
l re innée — Pi 0 7 — Samedi 21 Novembre 1851.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re innée — 39 Brumaire An 196 — N° 7.
r’-’^T'iawarw""; —
Le Réveil du
avre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PEIX DES-ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre
Départements,
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIÏIR-PÉHIER, 15
LE RÉ VEIL DU I1A VRE parait le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces.. .* 25 cent, la ligne
Réclames., 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
mmmiiiémilimiSSSÎâSi.
jæœtmsM&iisiuSîsiiBii
LA
La séance du Conseil municipal de lundi
dernier réservait à nos concitoyens plus
d’une surprise. J1 n est peut-être pas inutile
de dégager, de ce singulier débat, l’ensei
gnement qu’il comporte.
Depuis sa chute, à la fin de 1890,
M. Rispal avait gardé la réserve qui cons
titue le premier devoir de ceux qui ont
commis de grandes fautes. Associé aux
gaspillages de l’administration Siegfried,-dont
les conceptions inutilement coûteuses pèsent
encore si lourdement sur les contribuables,
— habitué à traiter en pays conquis les
finances municipales sous l’administration
débonnaire de M. Marion, — M. Rispal avait
quitté son poste d’adjoint en laissant son
service dans le gâchis le plus inextricable dont
notre histoire locale fasse mention. Virements
de crédits, reports d'échéances d'un exercice à
l’autre, bonis fictifs dans les comptes admi
nistratifs, tout cela était un jeu pour lui.
Lorsque, il y a quelques mois, la Com
mission des finances dut metttre un terme à
ces fantaisies de M. Rispal et donner le
bilan de la situation, ce fut dans la coterie
qui l'avait smite-nu pendant son trop long
séjour aux affaires, un long gémissement
d’amis fidèles. N’etait-ce pas, en effet, à
leurs yeux, une véritable profanation que
de s’attaquer à l’idole si longtemps adorée ?
Chose plus grave, ces attaques ne devaient-
elles pas atteindre, en même temps, les
anciennes administrations, notamment celle
de M. Siegfried ? C’était donc l’abomination
de la désolation !
Toutefois, les artisans et les soutiens de
cette belle politique financière durent se
tenir tranquilles, les fautes de leurs chefs
étant trop évidentes pour pouvoir être
contestées. Lorsque les causes et le montant
du déficit furent connus, on se tint coi dans
le camp des amis de M. Rispal. On savait
bien que toute tentative de réhabilitation
serait vaine et que les chiffres du déficit
étaient plus éloquents que la voix intéressée
des camarades.
On décida donc de laisser passer l’orage,
en se promettant de prendre une revanche
à la prochaine occasion.
Lorsque fut nommée l’Administration
actuelle, elle se montra généralemnt bien
veillante à M. Rispal et à ses amis qui,
de leur coté, ne lui ménagèrent pas leur
concours. D’ailleurs, la nouvelle combinai
son comprenant trois adjoints, MM. Cenestal,
Gardye et Duplat, qui avaient fait tous
leurs efïorts pour élever M. Rispal à la
mairie, et n’y avaient renoncé qu’à regret,
celui-ci ne pouvait se plaindre. On le
voyait, d’ailleurs, en séance publique,
couvrir de sa haute protection M. Louis
Brindeau et ses adjoints.
Le Père du déficit ayant ainsi maintenu
son influence et ménagé sa rentrée, il restait
à châtier la Commission des finances, cou
pable envers lui de crime de lèse-majesté.
Cette exécution a eu lieu lundi dernier,
et chacun sait avec quelle délicatesse exquise
M. Rispal et ses amis y ont procédé.
Il s’agissait d’un vote important. Le
Con'seil municipal avait été convoqué à la
hâte pour l’examen d’uue modification au
projet d’emprunt. Ce projet avait contre Lai
six membres de la commission. 11 était seu
lement appuyé par MM. Lefebvre et Dourt,
dont le premier avait déclaré n’y rien com
prendre, et dont le second, nouveau venu à
la Commission des finances, n’y avait certai
nement rien compris.
Si jamais renvoi fut justifié, c’est évi
demment dans cette circonstance. La Com
mission n’ayant pas eu le temps matériel de
faire un rapport pour éclairer le Conseil, il
était prudent d’attendre au moins vingt-
quatre heures pour se prononcer.
L’ajournement était d’autant plus néces
saire que le gouvernement avait attiré
l’attention du Conseil sur la place occupée
au budget de la Ville par les 375,000 francs,
annuité de rachat du service des eaux.
A aucun prix, l’ex-adjoint chargé des
eaux ne voulait tolérer, sur ce sujet délicat,
un débat qui eut fait ressortir une fois de
plus son imprévoyance. Aussi, a-t-il réclamé
avec énergie un vote immédiat.
Cette injonction a été écoutée par ses
fidèles, et le projet a été voté sans débat.
On sait que, à la suite de ce vote, six
membres de la Commission des finances ont
donné leur démission. Cette attitude ne
peut qu’être approuvée.
S’ils ont réussi à rétablir le crédit de la
Ville ébranlé par les anciens administrateurs
chargés des finances, ils ont, croyons-nous,
acquis et conservé le droit de donner, en
connaissance de cause, leur opinion Sur
toutes-Mes questions chargent qui leur sont
renvoyées.
Du moment que les Rispal, les Lefebvre
et les Founnentin, ces maitres ès-finances,
dont les efforts combinés nous ont amenés où
nous en sommes, se déclarent éclairés, est-ce
une raison suffisante, pour supprimer
toute discussion ?
Nous ne pouvions manqué de signaler ici
ces faits importants de la séance de lundi
dernier. Nous croyons y voir une nouvelle
orientation de la majorité du Conseil peu
rassurante pour le contribuables.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Les Grèves. — La grève générale a été
décidée dans la région minière du Pas-de-Calais,
après un vote des groupes démineurs. Il est triste
de constater que, si le Sénat avait daigné voter le
projet de loi adopté par la Chambre, il y a 5 ans,
sur les caisses de retraite des,ouvriers mineurs,
cette grève aurait pu être évitée. En vérité le
Sénat en prend trop à son aise.
Est-il besoin de dire que toutes nos sympathies,
dans la circonstance, sont pour les vaillants tra*
vailleurs des mines ? Comment vent-on qu’avec
le salaire modique de 4 fr. par jour, ils puissent
élever leur famille ?
La voilà, dans toute sa brutalité, la terrible
question sociale que certains hommes politiques
persistent à nier !
Gouthe-Soulard. M. Xavier, dit Goutlie-
Soulard, archevêque d’Aix, vient d’écrire à son
collègue Turinaz, évêque de Nancy, une lettre
ayant pour but d’expliquer celle adressée à M.
Fallières. Elle est, il faut en convenir, aussi inju
rieuse que la première.
Quand donc nos gouvernants comprendrontHIs
qu’à ee débordement d’outrages, il convient de
répondre par une mesure depuis longtemps récla
mée par le parti républicain : la séparation des
Eglises et de l’Etat.
Quand ils n’auront plusJes 50 millions que la
République leur accorde si généreusement, les
Gouthe-Soulard et leurs amis seront peut-être
aussi agressifs. Mais ils seront moins coûteux. Et
cette compensation en vaut une autre !
Chambre des Députés. — A noter, au point
de vue havrais, la discussion sur les lards d’Amé
rique.
L’importation des lards salés d’Amérique a, pour
le Havre, une grande importance. •
Naturellement, nos intérêts sont encore sacri
fiés par la Chambre.
Nous sommes forcés de constater que nos
députés, MM. Siegfried et Félix Faure, n’ont pas
de chance. Non-seulement, ils ne se font pas
écouter à la Chambre, mais encore on vote|contre
leurs propositions. Double infortune, dont notre
commerce fait les frais.
On se demande avec inquiétude quelle est la
cause de la défaveur que rencontrent à la
Chambre les représentants de notre région ?
ÉTRANGER
Brésil. — L’ancien empire de Don Pedro
devenu République est, depuis quelques semaines,
soumis à des luttes intestines dont il est assez
difficile de saisir le véritable caractère.
Comme les cléricaux sont puissants dans
l’Amérique latine, gageons que Loyola|n’est fpas
étranger à l’affaire.
M. de Giers. — - Le chancelier de l’empire
russe vient d’arriver à Paris.
Espérons que sa visite sera l’occasion d’une
alliance franco-russe défensive et offensive
contre la triple alliance." Les paroles ne suffisent
pas. Il est bon d’avoir des traités.
• — —
COULISS ES MINISTÉ RIELLES
Renseignements confidentiels
La Conversion et l’Emprunt. — Raisons
politiques
M. Hendlé. — M. Constans. — M. Leteurtre
Un de nos correspondants particuliers de Paris,
dont les renseignements sont toujours puisés à
bonne source, nous donne de curieux détails sur
les démarches qui ont eu lieu au Ministère de
l’Intérieur, relativement à la conversion :
M. Hendlé, préfet de la Seine-Inférieure, accom
pagné de MM. Siegfried, Faure, Génestal et
Leteurtre, maire de Rouen, a rendu visite à
M. Constans, pour insister sur l’urgence de l’appro
bation par le Gouvernement du projet de conver
sion et d’emprunt.
En présence des résistances justifiées du minis
tre, la partie semblait irrévocablement perdue et
les solliciteurs allaient se retirer, lorsque M.
Ileodlé imagina un retour offensif d’une réelle
habilité. Il fit valoir toutes les raisons politiques
qui recommandaient l’adoption du projet cher à
M. Rispal à la haute bienveillance du ministre:
Il évoqua le spectre blanc, le spectre rouge, les
élections municipales du Havre compromises,
l’échec certain des combinaisons modérées, la
situation des députés ministériels du Havre ébran
lée, leur réélection difficile, etc., etc.
M. Constans, visiblement fatigué, congédia ses
visiteurs en les renvoyant à M. Bouffet, directeur
des affaires communales et conseiller d’Etat.
Celui-ci écrivit directement à M. le Maire du
Havre. Nos lecteurs connaissent la suite de l’affaire
qui ne peut manquer de donner lieu à de nouveaux
incidents et à de nouvelles démarches.
N. B. — On pourrait s’étonner de voir M.
Leteurtre, maire de Rouen, mêlé à ces négocia
tions.
Bien que notre correspondant ne nous ait pas fait
connaître le motif de cette présence, nous croyons
qu’elle est due à la cordialité bien connue des rap
ports de M. Leteurtre avec M. Constans.
CONSEIL MUNICIPAL
DU HAVRE
Séance clu Lundi 16 Novembre 1891
Emprunt et Conversion.
Nous demandions, dans notre dernier numéro,
des nouvelles de l’emprunt de conversion *
Nous en. avons aujourd’hui ; elles ne sont pas
de nature à nous enchanter.
On sait que le projet primitif convertissait
notre dette en une dette unique de fr. 23,467,329,32
(y compris 2,076,025 pour la canalisation des
eaux et l’exécution de divers travaux nouveaux),
remboursable en 50 ans, à partir du 1 er Janvier
1892. 11 résultait, de cette opération, un avantage
annuel de fr. 138,184,26.
Mais ce projet n’a pas eu le don de plaire au
ministre qui, trouvant la période de 50 années
trop longue, l’a modifié en réduisant à 31 ans la
durée relative à la partie déjà précédemment
convertie, soit Fr. 6.021.142,93
et laissant 50 années pour les
autres » 17.446.186,32
Fr. 23.467.329,25
L’on ramenait ainsi l’avantage
ci-dessus à Fr. 76.966,95
d’où un écart, entre les deux
combinaisons, de » 61.217,31
Il paraît que M. Geuestal a eu, à Paris, un
certain nombre d’entrevues, au ministère, pour
tâcher de faire accepter le premier projet, mais
sans succès. Disons, en passant, que ces démar
ches ont été faites par M. Geuestal, en dehors des
deux délégués que la Commission des finances
lui avait adjoints pour conduire cette question de
la conversion.
Donc, le projet est revenu au Havre, et le
Jeudi 12 courant, la Commission des finances
était réunie pour apprendre la mauvaise nou
velle, donner son avis sur la modification mi
nistérielle et prendre immédiatement une déci
sion d’urgence.
Sagement, la Commission crut ne pas devoir
se prononcer aussi hâtivement ; le samedi suivant
elle se réunit de nouveau, puis le lundi matin et,
dans ces deux dernières séances, elle rejeta la
conversion modifiée, par six voix contre deux.
Malheureuserojent, le temps manqua à la
majorité de la Commission pour faire un rapport
sur la question.
La séance du Conseil, en effet, devait avoir
lieu le lundi soir, à huit heures et demie, et le
rejet en commission avait eu lieu à dix heures
du matin, le même jour ; il était donc maté
riellement impossible de faire, pour le Conseil,
le travail que comportait cette opération finan
cière, travail d’autant plus long et plus labo
rieux qu’il s’agissait de combattre les chiffres
et les arguments de l’administration.
Nous pouvons ajouter que celle-ci avait,
d’ailleurs, été toujours très sobre de renseigne
ments à l’égard des membres de la Commission
qui, malgré leurs réclamations, iront jamais eu
que des détails fort incomplets et parfois erronés
pour discuter la conversion.
C’est pourquoi quelques-uns d’entre eux jugè
rent donc inutile d’aller à la séance publique du
soir r surtout à la suite de rengagement pris, à
sept heures, par M. le Maire et M. Génestal avec
MM. Acher, Cheuret et Cherfils, délégués à cet
effet, — de faire remettre au lendemain, mardi,
la discussion de la question.
* •
** * *
Mais à la séance du Conseil, la majorité,
obéissant à nous ne savons quels motifs, refusa,
au mépris " de tous les usages, d’ajourner la
discussion au lendemain, malgré les efforts des
trois conseillers que nous venons de nommer.
MM. Le Roy, Cheuret et Cherfils quittèrent
alors la salle des séances.
Puis, l’on procéda, après une courte harangue
de M. Génestal, au vote de l’emprunt de conver
sion, conformément aux indications du ministre.
Dix-neuf membres * assistaient à ce moment
encore à la séance ; dix-huit votèrent 'pour le
projet ; voici leurs noms que nos descendants béni
ront incontestablement: MM. Lefebvre, Rispal,
Thierry, Guerrand, de Coninck, Maricad,
Gardye, Rident, Vautier, Cenestal, Duplat,
Breiim, Dourt, Boell, Fourmentin, Roederer,
Heu et Brindeau.
M. Acher vota contre.
Nous déplorons vivement ce vote, dont les con
séquences seront malheureuses pour la ville du
Havre.
11 nous est impossible d’entrer ici dans le détail
des chifîres, centimes et annuités, que comporte
rait la discussion de l’opération, que le défaut de
place nous empêche d’aborder aujourd’hui. En
cette circonstance, l’absence d’un rapport se fait
vivement sentir, établissant les choses sous leur
véritable jour.
★
* *
Tout d’abordj on ne saurait s’élever assez éner
giquement contre la théorie qui prétend faire payer
aux générations futures, les erreurs, les fautes de
leurs prédécesseurs.
En principe, l’on ne doit mettre au compte de
l’avenir, que les dépenses pour travaux d’un carac- ’
tère urgent, indispensable, dont les successeurs
auront à leur tour le profit. Mais leur faire sup-
l re innée — Pi 0 7 — Samedi 21 Novembre 1851.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re innée — 39 Brumaire An 196 — N° 7.
r’-’^T'iawarw""; —
Le Réveil du
avre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PEIX DES-ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre
Départements,
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIÏIR-PÉHIER, 15
LE RÉ VEIL DU I1A VRE parait le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces.. .* 25 cent, la ligne
Réclames., 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
mmmiiiémilimiSSSÎâSi.
jæœtmsM&iisiuSîsiiBii
LA
La séance du Conseil municipal de lundi
dernier réservait à nos concitoyens plus
d’une surprise. J1 n est peut-être pas inutile
de dégager, de ce singulier débat, l’ensei
gnement qu’il comporte.
Depuis sa chute, à la fin de 1890,
M. Rispal avait gardé la réserve qui cons
titue le premier devoir de ceux qui ont
commis de grandes fautes. Associé aux
gaspillages de l’administration Siegfried,-dont
les conceptions inutilement coûteuses pèsent
encore si lourdement sur les contribuables,
— habitué à traiter en pays conquis les
finances municipales sous l’administration
débonnaire de M. Marion, — M. Rispal avait
quitté son poste d’adjoint en laissant son
service dans le gâchis le plus inextricable dont
notre histoire locale fasse mention. Virements
de crédits, reports d'échéances d'un exercice à
l’autre, bonis fictifs dans les comptes admi
nistratifs, tout cela était un jeu pour lui.
Lorsque, il y a quelques mois, la Com
mission des finances dut metttre un terme à
ces fantaisies de M. Rispal et donner le
bilan de la situation, ce fut dans la coterie
qui l'avait smite-nu pendant son trop long
séjour aux affaires, un long gémissement
d’amis fidèles. N’etait-ce pas, en effet, à
leurs yeux, une véritable profanation que
de s’attaquer à l’idole si longtemps adorée ?
Chose plus grave, ces attaques ne devaient-
elles pas atteindre, en même temps, les
anciennes administrations, notamment celle
de M. Siegfried ? C’était donc l’abomination
de la désolation !
Toutefois, les artisans et les soutiens de
cette belle politique financière durent se
tenir tranquilles, les fautes de leurs chefs
étant trop évidentes pour pouvoir être
contestées. Lorsque les causes et le montant
du déficit furent connus, on se tint coi dans
le camp des amis de M. Rispal. On savait
bien que toute tentative de réhabilitation
serait vaine et que les chiffres du déficit
étaient plus éloquents que la voix intéressée
des camarades.
On décida donc de laisser passer l’orage,
en se promettant de prendre une revanche
à la prochaine occasion.
Lorsque fut nommée l’Administration
actuelle, elle se montra généralemnt bien
veillante à M. Rispal et à ses amis qui,
de leur coté, ne lui ménagèrent pas leur
concours. D’ailleurs, la nouvelle combinai
son comprenant trois adjoints, MM. Cenestal,
Gardye et Duplat, qui avaient fait tous
leurs efïorts pour élever M. Rispal à la
mairie, et n’y avaient renoncé qu’à regret,
celui-ci ne pouvait se plaindre. On le
voyait, d’ailleurs, en séance publique,
couvrir de sa haute protection M. Louis
Brindeau et ses adjoints.
Le Père du déficit ayant ainsi maintenu
son influence et ménagé sa rentrée, il restait
à châtier la Commission des finances, cou
pable envers lui de crime de lèse-majesté.
Cette exécution a eu lieu lundi dernier,
et chacun sait avec quelle délicatesse exquise
M. Rispal et ses amis y ont procédé.
Il s’agissait d’un vote important. Le
Con'seil municipal avait été convoqué à la
hâte pour l’examen d’uue modification au
projet d’emprunt. Ce projet avait contre Lai
six membres de la commission. 11 était seu
lement appuyé par MM. Lefebvre et Dourt,
dont le premier avait déclaré n’y rien com
prendre, et dont le second, nouveau venu à
la Commission des finances, n’y avait certai
nement rien compris.
Si jamais renvoi fut justifié, c’est évi
demment dans cette circonstance. La Com
mission n’ayant pas eu le temps matériel de
faire un rapport pour éclairer le Conseil, il
était prudent d’attendre au moins vingt-
quatre heures pour se prononcer.
L’ajournement était d’autant plus néces
saire que le gouvernement avait attiré
l’attention du Conseil sur la place occupée
au budget de la Ville par les 375,000 francs,
annuité de rachat du service des eaux.
A aucun prix, l’ex-adjoint chargé des
eaux ne voulait tolérer, sur ce sujet délicat,
un débat qui eut fait ressortir une fois de
plus son imprévoyance. Aussi, a-t-il réclamé
avec énergie un vote immédiat.
Cette injonction a été écoutée par ses
fidèles, et le projet a été voté sans débat.
On sait que, à la suite de ce vote, six
membres de la Commission des finances ont
donné leur démission. Cette attitude ne
peut qu’être approuvée.
S’ils ont réussi à rétablir le crédit de la
Ville ébranlé par les anciens administrateurs
chargés des finances, ils ont, croyons-nous,
acquis et conservé le droit de donner, en
connaissance de cause, leur opinion Sur
toutes-Mes questions chargent qui leur sont
renvoyées.
Du moment que les Rispal, les Lefebvre
et les Founnentin, ces maitres ès-finances,
dont les efforts combinés nous ont amenés où
nous en sommes, se déclarent éclairés, est-ce
une raison suffisante, pour supprimer
toute discussion ?
Nous ne pouvions manqué de signaler ici
ces faits importants de la séance de lundi
dernier. Nous croyons y voir une nouvelle
orientation de la majorité du Conseil peu
rassurante pour le contribuables.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Les Grèves. — La grève générale a été
décidée dans la région minière du Pas-de-Calais,
après un vote des groupes démineurs. Il est triste
de constater que, si le Sénat avait daigné voter le
projet de loi adopté par la Chambre, il y a 5 ans,
sur les caisses de retraite des,ouvriers mineurs,
cette grève aurait pu être évitée. En vérité le
Sénat en prend trop à son aise.
Est-il besoin de dire que toutes nos sympathies,
dans la circonstance, sont pour les vaillants tra*
vailleurs des mines ? Comment vent-on qu’avec
le salaire modique de 4 fr. par jour, ils puissent
élever leur famille ?
La voilà, dans toute sa brutalité, la terrible
question sociale que certains hommes politiques
persistent à nier !
Gouthe-Soulard. M. Xavier, dit Goutlie-
Soulard, archevêque d’Aix, vient d’écrire à son
collègue Turinaz, évêque de Nancy, une lettre
ayant pour but d’expliquer celle adressée à M.
Fallières. Elle est, il faut en convenir, aussi inju
rieuse que la première.
Quand donc nos gouvernants comprendrontHIs
qu’à ee débordement d’outrages, il convient de
répondre par une mesure depuis longtemps récla
mée par le parti républicain : la séparation des
Eglises et de l’Etat.
Quand ils n’auront plusJes 50 millions que la
République leur accorde si généreusement, les
Gouthe-Soulard et leurs amis seront peut-être
aussi agressifs. Mais ils seront moins coûteux. Et
cette compensation en vaut une autre !
Chambre des Députés. — A noter, au point
de vue havrais, la discussion sur les lards d’Amé
rique.
L’importation des lards salés d’Amérique a, pour
le Havre, une grande importance. •
Naturellement, nos intérêts sont encore sacri
fiés par la Chambre.
Nous sommes forcés de constater que nos
députés, MM. Siegfried et Félix Faure, n’ont pas
de chance. Non-seulement, ils ne se font pas
écouter à la Chambre, mais encore on vote|contre
leurs propositions. Double infortune, dont notre
commerce fait les frais.
On se demande avec inquiétude quelle est la
cause de la défaveur que rencontrent à la
Chambre les représentants de notre région ?
ÉTRANGER
Brésil. — L’ancien empire de Don Pedro
devenu République est, depuis quelques semaines,
soumis à des luttes intestines dont il est assez
difficile de saisir le véritable caractère.
Comme les cléricaux sont puissants dans
l’Amérique latine, gageons que Loyola|n’est fpas
étranger à l’affaire.
M. de Giers. — - Le chancelier de l’empire
russe vient d’arriver à Paris.
Espérons que sa visite sera l’occasion d’une
alliance franco-russe défensive et offensive
contre la triple alliance." Les paroles ne suffisent
pas. Il est bon d’avoir des traités.
• — —
COULISS ES MINISTÉ RIELLES
Renseignements confidentiels
La Conversion et l’Emprunt. — Raisons
politiques
M. Hendlé. — M. Constans. — M. Leteurtre
Un de nos correspondants particuliers de Paris,
dont les renseignements sont toujours puisés à
bonne source, nous donne de curieux détails sur
les démarches qui ont eu lieu au Ministère de
l’Intérieur, relativement à la conversion :
M. Hendlé, préfet de la Seine-Inférieure, accom
pagné de MM. Siegfried, Faure, Génestal et
Leteurtre, maire de Rouen, a rendu visite à
M. Constans, pour insister sur l’urgence de l’appro
bation par le Gouvernement du projet de conver
sion et d’emprunt.
En présence des résistances justifiées du minis
tre, la partie semblait irrévocablement perdue et
les solliciteurs allaient se retirer, lorsque M.
Ileodlé imagina un retour offensif d’une réelle
habilité. Il fit valoir toutes les raisons politiques
qui recommandaient l’adoption du projet cher à
M. Rispal à la haute bienveillance du ministre:
Il évoqua le spectre blanc, le spectre rouge, les
élections municipales du Havre compromises,
l’échec certain des combinaisons modérées, la
situation des députés ministériels du Havre ébran
lée, leur réélection difficile, etc., etc.
M. Constans, visiblement fatigué, congédia ses
visiteurs en les renvoyant à M. Bouffet, directeur
des affaires communales et conseiller d’Etat.
Celui-ci écrivit directement à M. le Maire du
Havre. Nos lecteurs connaissent la suite de l’affaire
qui ne peut manquer de donner lieu à de nouveaux
incidents et à de nouvelles démarches.
N. B. — On pourrait s’étonner de voir M.
Leteurtre, maire de Rouen, mêlé à ces négocia
tions.
Bien que notre correspondant ne nous ait pas fait
connaître le motif de cette présence, nous croyons
qu’elle est due à la cordialité bien connue des rap
ports de M. Leteurtre avec M. Constans.
CONSEIL MUNICIPAL
DU HAVRE
Séance clu Lundi 16 Novembre 1891
Emprunt et Conversion.
Nous demandions, dans notre dernier numéro,
des nouvelles de l’emprunt de conversion *
Nous en. avons aujourd’hui ; elles ne sont pas
de nature à nous enchanter.
On sait que le projet primitif convertissait
notre dette en une dette unique de fr. 23,467,329,32
(y compris 2,076,025 pour la canalisation des
eaux et l’exécution de divers travaux nouveaux),
remboursable en 50 ans, à partir du 1 er Janvier
1892. 11 résultait, de cette opération, un avantage
annuel de fr. 138,184,26.
Mais ce projet n’a pas eu le don de plaire au
ministre qui, trouvant la période de 50 années
trop longue, l’a modifié en réduisant à 31 ans la
durée relative à la partie déjà précédemment
convertie, soit Fr. 6.021.142,93
et laissant 50 années pour les
autres » 17.446.186,32
Fr. 23.467.329,25
L’on ramenait ainsi l’avantage
ci-dessus à Fr. 76.966,95
d’où un écart, entre les deux
combinaisons, de » 61.217,31
Il paraît que M. Geuestal a eu, à Paris, un
certain nombre d’entrevues, au ministère, pour
tâcher de faire accepter le premier projet, mais
sans succès. Disons, en passant, que ces démar
ches ont été faites par M. Geuestal, en dehors des
deux délégués que la Commission des finances
lui avait adjoints pour conduire cette question de
la conversion.
Donc, le projet est revenu au Havre, et le
Jeudi 12 courant, la Commission des finances
était réunie pour apprendre la mauvaise nou
velle, donner son avis sur la modification mi
nistérielle et prendre immédiatement une déci
sion d’urgence.
Sagement, la Commission crut ne pas devoir
se prononcer aussi hâtivement ; le samedi suivant
elle se réunit de nouveau, puis le lundi matin et,
dans ces deux dernières séances, elle rejeta la
conversion modifiée, par six voix contre deux.
Malheureuserojent, le temps manqua à la
majorité de la Commission pour faire un rapport
sur la question.
La séance du Conseil, en effet, devait avoir
lieu le lundi soir, à huit heures et demie, et le
rejet en commission avait eu lieu à dix heures
du matin, le même jour ; il était donc maté
riellement impossible de faire, pour le Conseil,
le travail que comportait cette opération finan
cière, travail d’autant plus long et plus labo
rieux qu’il s’agissait de combattre les chiffres
et les arguments de l’administration.
Nous pouvons ajouter que celle-ci avait,
d’ailleurs, été toujours très sobre de renseigne
ments à l’égard des membres de la Commission
qui, malgré leurs réclamations, iront jamais eu
que des détails fort incomplets et parfois erronés
pour discuter la conversion.
C’est pourquoi quelques-uns d’entre eux jugè
rent donc inutile d’aller à la séance publique du
soir r surtout à la suite de rengagement pris, à
sept heures, par M. le Maire et M. Génestal avec
MM. Acher, Cheuret et Cherfils, délégués à cet
effet, — de faire remettre au lendemain, mardi,
la discussion de la question.
* •
** * *
Mais à la séance du Conseil, la majorité,
obéissant à nous ne savons quels motifs, refusa,
au mépris " de tous les usages, d’ajourner la
discussion au lendemain, malgré les efforts des
trois conseillers que nous venons de nommer.
MM. Le Roy, Cheuret et Cherfils quittèrent
alors la salle des séances.
Puis, l’on procéda, après une courte harangue
de M. Génestal, au vote de l’emprunt de conver
sion, conformément aux indications du ministre.
Dix-neuf membres * assistaient à ce moment
encore à la séance ; dix-huit votèrent 'pour le
projet ; voici leurs noms que nos descendants béni
ront incontestablement: MM. Lefebvre, Rispal,
Thierry, Guerrand, de Coninck, Maricad,
Gardye, Rident, Vautier, Cenestal, Duplat,
Breiim, Dourt, Boell, Fourmentin, Roederer,
Heu et Brindeau.
M. Acher vota contre.
Nous déplorons vivement ce vote, dont les con
séquences seront malheureuses pour la ville du
Havre.
11 nous est impossible d’entrer ici dans le détail
des chifîres, centimes et annuités, que comporte
rait la discussion de l’opération, que le défaut de
place nous empêche d’aborder aujourd’hui. En
cette circonstance, l’absence d’un rapport se fait
vivement sentir, établissant les choses sous leur
véritable jour.
★
* *
Tout d’abordj on ne saurait s’élever assez éner
giquement contre la théorie qui prétend faire payer
aux générations futures, les erreurs, les fautes de
leurs prédécesseurs.
En principe, l’on ne doit mettre au compte de
l’avenir, que les dépenses pour travaux d’un carac- ’
tère urgent, indispensable, dont les successeurs
auront à leur tour le profit. Mais leur faire sup-
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