Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1891-10-31
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 octobre 1891 31 octobre 1891
Description : 1891/10/31 (N4). 1891/10/31 (N4).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k3263205d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
i re Année — N° l — Samedi SI Octobre 1891.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
l re Année —10 Rrnmairc An 100 — A 0 L
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMXR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Nous sommes informés de faits qui vien
nent de se passer dans la Compagnie des
Docks et qui provoquent de tristes réflexions
sur l’esprit apporté par certains patrons dans
leurs relations avec la main-d’œuvre.
On se souvient qu'un accordétaitintervenu,
le 26 septembre dernier, entre les grévistes
des Docks et l’administration de cette puis
sante compagnie.
Il avait été formellement convenu que le
personnel serait réintégré sans conditions et
qu’aucune mesure directe ou indirecte ne
serait prise à l’encontre des ouvriers qui,
s’inspirant de leurs intérêts corporatifs,
avaient engagé ou soutenu le mouvement
gréviste. Cette convention avait été sanc
tionnée par la présence de représentants de
la Municipalité et de la Chambre de com
merce. Ces derniers avaient vivement insisté
pour amener les ouvriers à reprendre le
travail et s’étaient même portés garants de la
loyale exécution, par la Compagnie des
Docks, de cette promesse solennelle.
Or, il parait ^ue les Administrateurs de
cette Compagnie, oublieux de cet engagement,
ont, par un procédé dont le public appréciera
?a moralité, fait tous leurs efforts pour en
éluder l’exécution.
Voici en quoi consiste le moyen imaginé
par les tout-puissants administrateurs des
Docks.
A la suite des embrigradés et des séries
A et B des auxiliaires, on intercale peu à
peu un certain nombre de nouvelles recrues
destinées à éliminer l’élément ouvrier, dont
on se défie, et qu’on trouve sans doute trop
indépendant.
Depuis un mois, une centaine d’ouvriers
auraient été admis dans ces conditions.
Le résultat est facile à prévoir. Lorsqu’on
aura renouvelé ainsi de fond en comble
l’ancien personnel, on fera sentir aux nou
veaux venus tout le poids d’une autorité qui
cherche à reprendre indirectement à la classe
ouvrière ce qu’elle paraissait lui accorder au
grand jour.
Trouvera-t-on dans ces recrues toutes les
garanties de travail et de moralité qui dis
tinguent le personnel actuel ? Il est permis
d’en douter.
Est-ce ainsi que, dans un certain milieu,
on entend la conciliation ? Considèrera-t-on
toujours les ouvriers comme une classe peu
homogène, facile à désunir et n’offrant
aucune résistance à l’exploitation de certains
gros bonnets ?
Si c’est un défi, nous engageons vivement
le personnel des Docks à réclamer hardiment
l’accomplissement loyal et entier des engage
ments pris par l’Administration.
Et, pour y parvenir, le moyen est tout
indiqué. Que les ouvriers des Docks consti
tuent au plus tôt un syndicat.
Convient-il de grouper tous les journaliers
du port dans la même corporation ? Le syn
dicat devra-t-il se borner aux seuls ouvriers
des Docks? C’est un point que, pour notre
part, nous n’avons pas à trancher, nous en
rapportant aux intéressés qui comptent dans
leurs rangs plus d’un homme actif et intel
ligent.
L’important est d’agir vite et de réunir, en
un faisceau qui ne peut manquer d’être
puissant, les forces ouvrières actuellement
éparses et dès lors faciles à mettre en
déroute.
Les grandes administrations financières ou
industrielles ont, pour se constituer et deve
nir de véritables monopoles, la loi de 1867
sur les Sociétés. Les ouvriers ont pour eux la
loi de 1884 sur les Syndicats.
Qu’ils en usent.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Chambre des Députés. — A Foccasion de
ladiscussion du budget, les Delafosse et les de Mun,
de la Droite, ont essayé de faire l’apologie des
pélerinards. M. Ribot a répondu, peut-être un peu
mollement, à ces apôtres de Fultramontanisme.
Notons toutefois d’excellents discours de MM.
Pichon, Hubbard et Pelletan, qui ont fait bonne
justice des rengaines cléricales.
Il est fâcheux que la Chambre n’ait pas saisi
cette occasion pour rompre toutes relations avec
la Papauté, qui ne compte plus comme puissance
temporelle. — C’était le cas, ou jamais, de sup
primer l’Ambassade au Vatican. Cette mesure n’a
été ajournée que par l’alliance de la Droite et des
républicains dits modérés.
Elections de Dimanche — A Auxerre,
M. Doumer, radical, l’emporte haut la main sur
M. Denormandie. M. Richard s’est loyalement
désisté en sa faveur.
A Lille, Lafargue, républicain-socialiste, arrive
bon premier. Il est visible que la classe ouvrière
a voté en masse pour lui.
Dans la Gironde, Ernest Monis, candidat répu
blicain, ancien député, est nommé sénateur.
En somme, bonne journée pour la République.
M. Gouthe-Soulard. — L’archevêque de ce
nom paraîtra devant la première chambre de la
Cour d’Appel de Paris. Alors que les tribunaux
correctionnels infligent couramment un mois de
prison à un particulier qui manque de respect à un
agent de police, nous sommes curieux de connaître
quelle peine sera infligée à un fonctionnaire qui,
au mépris de la discipline, a insulté son supérieur
hiérarchique, le Ministre des cultes.
ÉTRANGER
Congrès de la Paix. — Le congrès interna
tional de la Paix doit s’ouvrir à Rome le 3 no
vembre. Un certain nombre de députés et publi
cistes français doivent s’v rendre.
Egypte. — Le représentant de la France au
Caire a rappelé le gouvernement égyptien au
respect des capitulations, à l’occasion d’un régle
ment sanitaire.
Si cette attitude est l’indice de la ferme inten
tion de notre gouvernement de provoquer l’éva
cuation de l’Egypte, occupée par l’Angleterre au
mépris des traités, nous ne pouvons qu’y applaudir.
Il est temps qu’on dégage la ligne des Indes.
Chili. — Les mauvais traitements exercés par
lesChilienssur les marins américains du Baltimore
vont certainement entraîner une intervention mili
taire des Etats-Unis.
MARINE MARCHANDE
Notre population, qui s’intéresse tant aux
choses maritimes, ne peut qu’accueillir avec
faveur les projets nouvellement présentés
pour arriver à proroger les lois de primes à
la Marine marchande.
Sans critiquer les eflorts très-méritoires
que l’on fait pour assurer l’avenir de cette
industrie d’intérêt national, n’est-il pas per
mis d’appeler l’attention des pouvoirs publics
sur la situation des auxiliaires de la
Marine ?
Suffit-il d’avoir fait des lois pour les
armateurs et pour les constructeurs ? N’y
a-t-il pas aussi quelque chose à faire pour les
marins proprement dits ? Que serait cette in
dustrie sans cette pleiade d’hommes dévoués,
disciplinés, énergiques, qui risquent jour
nellement leur vie pour un salaire dérisoire ?
Ne conviendrait-il pas aussi de défendre
contre certaine concurrence officielle, ces
capitaines au long-cours qu’on a trop souvent
sacrifiés ?
Il y a là, nous en sommes convaincus,
matière à une refonte des lois en vigueur, en
s’inspirant du droit des faibles et des intérêts
bien compris de notre commerce interna
tional. Le législateur, l’homme d’action, qui
prendrait l’initiative de cette réforme, aurait
bien mérité de son pays.
Au Havre surtout, une telle question
devrait être mise et rester à l’ordre du
jour.
RECOMMANDÉ
A ceux qui rêvent d’une alliance de cer
tains républicains et de la réaction, nous
recommandons le passage suivant du dis
cours prononcé par M. Ranc à la Gauche
démocratique du Sénat.
Il qualifie ainsi qu’il suit la fameuse Répu
blique ouverte où veulent régner les prétendus
ralliés.
C’est une République qui accorderait une part
d’influence, une part dans la direction des affaires
à ceux qui, pendant vingt ans, lui ont fait une
guerre sans merci. C’est une République où le
faisceau des forces républicaines serait rompu,
où nous verrions dans le pays et dans le Parle
ment une fraction du parti républicain s’allier
aux conservateurs, aux cléricaux, comme l’autre
fraction. Eh bien, cette République ouverte là,
non !
Disons encore les choses comme elles sont, ce
qu’on demande, quand on parle de pacification et
d’apaisement, c’est une politique qui conduirait
sinon à l’abrogation immédiat, au moins à la non-
application de ces lois qu’on appelle les lois mau
dites.
Nous, si nous avions un reproche à adresser
au gouvernement, ce serait peut-être de ne pas
les appliquer avec assez de fermeté et de suite et
d’en laisser quelquefois violer l’esprit. Ce serait
méconnaître le caractère de ces lois que de les
considérer comme des lois de circonstance et de
combat. Ce sont des lois de principe, des lois de
justice et d’égalité, conformes à l’esprit de la
Révolution, protectrices et gardiennes du droit
de la Société civile. Qu’on se le tienne pour dit,
nous n’en abandonnerons pas une parcelle.
Certains républicains qui tombent si faci
lement dans le panneau réactionnaire de la
pacification, feraient bien de méditer ces
conseils d’un républicain qui ne passe pas
pour avoir des idées subversives.
—
UNE RÉ PONSE MÉRITÉE
A l’occasion de l’inauguration solennelle du
portail de l’Eglise de Sanvic, M. Alexandre,
curé et président du Cercle catholique de cette
commune, a inondé la région de pieuses invita
tions.
Il a trouvé plaisant d’en envoyer notamment
à l’Administration républicaine de Sanvic.
Nous ignorons ce qu’ont pu répondre à M.
Alexandre, adversaire de la République, les élus
républicains de cette commune, notamment M.
Balière. Nous accueillerons avec plaisir les com
munications qu’ils pourra ht nous faire à ce
sujet.
Mais nous connaissons la lettre que s’est
attirée le représentant de Dieu à Sanvic, de la
part de M. L. Leprevost, adjoint au Maire.
La voici textuellement :
Sanvic, le 18 Octobre 1891.
Monsieur,
Je vous accuse réception de votre lettre
du 15 courant, m’invitant à assister à l’inau
guration solennelle du Portail de l’église.
Ayant pour habitude de mettre mes actes en
harmonie avec les idées que je professe, et,
n’acceptant pas chez les autres de dérogation
aux principes, je n’en commettrai pas à
cette occasion.
Dans cette circonstance, je me conformerai
à votre attitude, car depuis que vous êtes
dans notre commune, j’ai toujours constaté
votre absence à nos Fêtes Républicaines.
Je ne puis donc me rendre à votre invi
tation, ne voulant pas me trouver aux côtés
de tous ceux que je considère, de quelque
titre qu’ils se parent, comme les pires
ennemis de nos Institutions Républicaines,
Agréez, Monsieur, mes sincères saluta
tions.
L. Leprevost,
Adjoint au Maire de Sanvic...
A Monsieur A. Alexandre,
Curé de Sanvic.
Nous ne pouvons que féliciter vivement M. L.
Leprévost de son attitude si nette, si franchement-
républicaine.
Il déplaira peut-être à certains hommes publics
qui croient consolider leur situation en répondant
aux avances de cléricaux qui n’ont qu’un but :
les compromettre, pour prendre ensuite, leur
place.
Il aura, en compensation, l’approbation des
républicains qui refusent de jouer un rôle de
dupes vis-à-vis d’un clergé qui, loin de désarmer,
devient chaque jour plus agressif, plus violent
envers nos institutions.
★ A
-¥•
La solennité en question a eu lieu dimanche, eu
présence de M. Thomas, archevêque de Rouen.
S’il faut en croire M. Edouard Alexandre (il y
avait, ô divine coïncidence ! deux Alexandre
dans l’église de Sanvic, le curé et le journaliste),
le discours de M. Thomas a été à la fois magis
tral, saisissant, beau, solide, brillant, et, qui plus
est, apostolique.
« Jamais, dit-il, Mgr Thomas n'avait peut-
» être mieux épanché son coeur pastoral dans
» notre région havraise ! On oubliait l’archevêqus
» pour ne plus écouter que l’apôtre. »
Veinards de Sanvicais, va !
Et combien M. Leprévost a eu tort de ne pas
aller assister à ces doux épanchements du cœur
pastoral !
AMENDEMENT DE II. HUBBARD & DUMAÏ
SUR LA SUPPRESSION
DE LAMBASSADE AU VATICAN
Dans la séance du 26 octobre, la Chambre des
Députés, s’occupant de la discussion du budget
des affaires étrangères, a eu à statuer sur un
amendement de MM. Hubbard et Dumay, propo
sant sur le traitement des agents diplomatiques
et consulaires, une réduction de crédit de
fr. 100,000, en vue de la suppression de l’ambas
sade près du Vatican.
M. Hubbard a fait, à cette occasion, un fort
intéressant discours que le défaut de place nous
empêche de publier en entier, mais dont le résumé
que nous allons en donner permettra à nos
lecteurs de saisir l’importante argumentation.
On a appelé, a-t-il dit, « l’amendement que je
» soutiens à cette tribune, un amendement tra-
» ditionnel. C’est, en effet, qu’il soutient la tradi-
» tion du parti républicain en ce qui concerne les
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
l re Année —10 Rrnmairc An 100 — A 0 L
Le Réveil du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
PRIX DES ABONNEMENTS :
UN AN SIX MOIS
Le Havre 3 fr. 2 fr.
Départements 4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE CASIMXR-PÉRIER, 15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
Nous sommes informés de faits qui vien
nent de se passer dans la Compagnie des
Docks et qui provoquent de tristes réflexions
sur l’esprit apporté par certains patrons dans
leurs relations avec la main-d’œuvre.
On se souvient qu'un accordétaitintervenu,
le 26 septembre dernier, entre les grévistes
des Docks et l’administration de cette puis
sante compagnie.
Il avait été formellement convenu que le
personnel serait réintégré sans conditions et
qu’aucune mesure directe ou indirecte ne
serait prise à l’encontre des ouvriers qui,
s’inspirant de leurs intérêts corporatifs,
avaient engagé ou soutenu le mouvement
gréviste. Cette convention avait été sanc
tionnée par la présence de représentants de
la Municipalité et de la Chambre de com
merce. Ces derniers avaient vivement insisté
pour amener les ouvriers à reprendre le
travail et s’étaient même portés garants de la
loyale exécution, par la Compagnie des
Docks, de cette promesse solennelle.
Or, il parait ^ue les Administrateurs de
cette Compagnie, oublieux de cet engagement,
ont, par un procédé dont le public appréciera
?a moralité, fait tous leurs efforts pour en
éluder l’exécution.
Voici en quoi consiste le moyen imaginé
par les tout-puissants administrateurs des
Docks.
A la suite des embrigradés et des séries
A et B des auxiliaires, on intercale peu à
peu un certain nombre de nouvelles recrues
destinées à éliminer l’élément ouvrier, dont
on se défie, et qu’on trouve sans doute trop
indépendant.
Depuis un mois, une centaine d’ouvriers
auraient été admis dans ces conditions.
Le résultat est facile à prévoir. Lorsqu’on
aura renouvelé ainsi de fond en comble
l’ancien personnel, on fera sentir aux nou
veaux venus tout le poids d’une autorité qui
cherche à reprendre indirectement à la classe
ouvrière ce qu’elle paraissait lui accorder au
grand jour.
Trouvera-t-on dans ces recrues toutes les
garanties de travail et de moralité qui dis
tinguent le personnel actuel ? Il est permis
d’en douter.
Est-ce ainsi que, dans un certain milieu,
on entend la conciliation ? Considèrera-t-on
toujours les ouvriers comme une classe peu
homogène, facile à désunir et n’offrant
aucune résistance à l’exploitation de certains
gros bonnets ?
Si c’est un défi, nous engageons vivement
le personnel des Docks à réclamer hardiment
l’accomplissement loyal et entier des engage
ments pris par l’Administration.
Et, pour y parvenir, le moyen est tout
indiqué. Que les ouvriers des Docks consti
tuent au plus tôt un syndicat.
Convient-il de grouper tous les journaliers
du port dans la même corporation ? Le syn
dicat devra-t-il se borner aux seuls ouvriers
des Docks? C’est un point que, pour notre
part, nous n’avons pas à trancher, nous en
rapportant aux intéressés qui comptent dans
leurs rangs plus d’un homme actif et intel
ligent.
L’important est d’agir vite et de réunir, en
un faisceau qui ne peut manquer d’être
puissant, les forces ouvrières actuellement
éparses et dès lors faciles à mettre en
déroute.
Les grandes administrations financières ou
industrielles ont, pour se constituer et deve
nir de véritables monopoles, la loi de 1867
sur les Sociétés. Les ouvriers ont pour eux la
loi de 1884 sur les Syndicats.
Qu’ils en usent.
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Chambre des Députés. — A Foccasion de
ladiscussion du budget, les Delafosse et les de Mun,
de la Droite, ont essayé de faire l’apologie des
pélerinards. M. Ribot a répondu, peut-être un peu
mollement, à ces apôtres de Fultramontanisme.
Notons toutefois d’excellents discours de MM.
Pichon, Hubbard et Pelletan, qui ont fait bonne
justice des rengaines cléricales.
Il est fâcheux que la Chambre n’ait pas saisi
cette occasion pour rompre toutes relations avec
la Papauté, qui ne compte plus comme puissance
temporelle. — C’était le cas, ou jamais, de sup
primer l’Ambassade au Vatican. Cette mesure n’a
été ajournée que par l’alliance de la Droite et des
républicains dits modérés.
Elections de Dimanche — A Auxerre,
M. Doumer, radical, l’emporte haut la main sur
M. Denormandie. M. Richard s’est loyalement
désisté en sa faveur.
A Lille, Lafargue, républicain-socialiste, arrive
bon premier. Il est visible que la classe ouvrière
a voté en masse pour lui.
Dans la Gironde, Ernest Monis, candidat répu
blicain, ancien député, est nommé sénateur.
En somme, bonne journée pour la République.
M. Gouthe-Soulard. — L’archevêque de ce
nom paraîtra devant la première chambre de la
Cour d’Appel de Paris. Alors que les tribunaux
correctionnels infligent couramment un mois de
prison à un particulier qui manque de respect à un
agent de police, nous sommes curieux de connaître
quelle peine sera infligée à un fonctionnaire qui,
au mépris de la discipline, a insulté son supérieur
hiérarchique, le Ministre des cultes.
ÉTRANGER
Congrès de la Paix. — Le congrès interna
tional de la Paix doit s’ouvrir à Rome le 3 no
vembre. Un certain nombre de députés et publi
cistes français doivent s’v rendre.
Egypte. — Le représentant de la France au
Caire a rappelé le gouvernement égyptien au
respect des capitulations, à l’occasion d’un régle
ment sanitaire.
Si cette attitude est l’indice de la ferme inten
tion de notre gouvernement de provoquer l’éva
cuation de l’Egypte, occupée par l’Angleterre au
mépris des traités, nous ne pouvons qu’y applaudir.
Il est temps qu’on dégage la ligne des Indes.
Chili. — Les mauvais traitements exercés par
lesChilienssur les marins américains du Baltimore
vont certainement entraîner une intervention mili
taire des Etats-Unis.
MARINE MARCHANDE
Notre population, qui s’intéresse tant aux
choses maritimes, ne peut qu’accueillir avec
faveur les projets nouvellement présentés
pour arriver à proroger les lois de primes à
la Marine marchande.
Sans critiquer les eflorts très-méritoires
que l’on fait pour assurer l’avenir de cette
industrie d’intérêt national, n’est-il pas per
mis d’appeler l’attention des pouvoirs publics
sur la situation des auxiliaires de la
Marine ?
Suffit-il d’avoir fait des lois pour les
armateurs et pour les constructeurs ? N’y
a-t-il pas aussi quelque chose à faire pour les
marins proprement dits ? Que serait cette in
dustrie sans cette pleiade d’hommes dévoués,
disciplinés, énergiques, qui risquent jour
nellement leur vie pour un salaire dérisoire ?
Ne conviendrait-il pas aussi de défendre
contre certaine concurrence officielle, ces
capitaines au long-cours qu’on a trop souvent
sacrifiés ?
Il y a là, nous en sommes convaincus,
matière à une refonte des lois en vigueur, en
s’inspirant du droit des faibles et des intérêts
bien compris de notre commerce interna
tional. Le législateur, l’homme d’action, qui
prendrait l’initiative de cette réforme, aurait
bien mérité de son pays.
Au Havre surtout, une telle question
devrait être mise et rester à l’ordre du
jour.
RECOMMANDÉ
A ceux qui rêvent d’une alliance de cer
tains républicains et de la réaction, nous
recommandons le passage suivant du dis
cours prononcé par M. Ranc à la Gauche
démocratique du Sénat.
Il qualifie ainsi qu’il suit la fameuse Répu
blique ouverte où veulent régner les prétendus
ralliés.
C’est une République qui accorderait une part
d’influence, une part dans la direction des affaires
à ceux qui, pendant vingt ans, lui ont fait une
guerre sans merci. C’est une République où le
faisceau des forces républicaines serait rompu,
où nous verrions dans le pays et dans le Parle
ment une fraction du parti républicain s’allier
aux conservateurs, aux cléricaux, comme l’autre
fraction. Eh bien, cette République ouverte là,
non !
Disons encore les choses comme elles sont, ce
qu’on demande, quand on parle de pacification et
d’apaisement, c’est une politique qui conduirait
sinon à l’abrogation immédiat, au moins à la non-
application de ces lois qu’on appelle les lois mau
dites.
Nous, si nous avions un reproche à adresser
au gouvernement, ce serait peut-être de ne pas
les appliquer avec assez de fermeté et de suite et
d’en laisser quelquefois violer l’esprit. Ce serait
méconnaître le caractère de ces lois que de les
considérer comme des lois de circonstance et de
combat. Ce sont des lois de principe, des lois de
justice et d’égalité, conformes à l’esprit de la
Révolution, protectrices et gardiennes du droit
de la Société civile. Qu’on se le tienne pour dit,
nous n’en abandonnerons pas une parcelle.
Certains républicains qui tombent si faci
lement dans le panneau réactionnaire de la
pacification, feraient bien de méditer ces
conseils d’un républicain qui ne passe pas
pour avoir des idées subversives.
—
UNE RÉ PONSE MÉRITÉE
A l’occasion de l’inauguration solennelle du
portail de l’Eglise de Sanvic, M. Alexandre,
curé et président du Cercle catholique de cette
commune, a inondé la région de pieuses invita
tions.
Il a trouvé plaisant d’en envoyer notamment
à l’Administration républicaine de Sanvic.
Nous ignorons ce qu’ont pu répondre à M.
Alexandre, adversaire de la République, les élus
républicains de cette commune, notamment M.
Balière. Nous accueillerons avec plaisir les com
munications qu’ils pourra ht nous faire à ce
sujet.
Mais nous connaissons la lettre que s’est
attirée le représentant de Dieu à Sanvic, de la
part de M. L. Leprevost, adjoint au Maire.
La voici textuellement :
Sanvic, le 18 Octobre 1891.
Monsieur,
Je vous accuse réception de votre lettre
du 15 courant, m’invitant à assister à l’inau
guration solennelle du Portail de l’église.
Ayant pour habitude de mettre mes actes en
harmonie avec les idées que je professe, et,
n’acceptant pas chez les autres de dérogation
aux principes, je n’en commettrai pas à
cette occasion.
Dans cette circonstance, je me conformerai
à votre attitude, car depuis que vous êtes
dans notre commune, j’ai toujours constaté
votre absence à nos Fêtes Républicaines.
Je ne puis donc me rendre à votre invi
tation, ne voulant pas me trouver aux côtés
de tous ceux que je considère, de quelque
titre qu’ils se parent, comme les pires
ennemis de nos Institutions Républicaines,
Agréez, Monsieur, mes sincères saluta
tions.
L. Leprevost,
Adjoint au Maire de Sanvic...
A Monsieur A. Alexandre,
Curé de Sanvic.
Nous ne pouvons que féliciter vivement M. L.
Leprévost de son attitude si nette, si franchement-
républicaine.
Il déplaira peut-être à certains hommes publics
qui croient consolider leur situation en répondant
aux avances de cléricaux qui n’ont qu’un but :
les compromettre, pour prendre ensuite, leur
place.
Il aura, en compensation, l’approbation des
républicains qui refusent de jouer un rôle de
dupes vis-à-vis d’un clergé qui, loin de désarmer,
devient chaque jour plus agressif, plus violent
envers nos institutions.
★ A
-¥•
La solennité en question a eu lieu dimanche, eu
présence de M. Thomas, archevêque de Rouen.
S’il faut en croire M. Edouard Alexandre (il y
avait, ô divine coïncidence ! deux Alexandre
dans l’église de Sanvic, le curé et le journaliste),
le discours de M. Thomas a été à la fois magis
tral, saisissant, beau, solide, brillant, et, qui plus
est, apostolique.
« Jamais, dit-il, Mgr Thomas n'avait peut-
» être mieux épanché son coeur pastoral dans
» notre région havraise ! On oubliait l’archevêqus
» pour ne plus écouter que l’apôtre. »
Veinards de Sanvicais, va !
Et combien M. Leprévost a eu tort de ne pas
aller assister à ces doux épanchements du cœur
pastoral !
AMENDEMENT DE II. HUBBARD & DUMAÏ
SUR LA SUPPRESSION
DE LAMBASSADE AU VATICAN
Dans la séance du 26 octobre, la Chambre des
Députés, s’occupant de la discussion du budget
des affaires étrangères, a eu à statuer sur un
amendement de MM. Hubbard et Dumay, propo
sant sur le traitement des agents diplomatiques
et consulaires, une réduction de crédit de
fr. 100,000, en vue de la suppression de l’ambas
sade près du Vatican.
M. Hubbard a fait, à cette occasion, un fort
intéressant discours que le défaut de place nous
empêche de publier en entier, mais dont le résumé
que nous allons en donner permettra à nos
lecteurs de saisir l’importante argumentation.
On a appelé, a-t-il dit, « l’amendement que je
» soutiens à cette tribune, un amendement tra-
» ditionnel. C’est, en effet, qu’il soutient la tradi-
» tion du parti républicain en ce qui concerne les
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