Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1891-10-24
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 octobre 1891 24 octobre 1891
Description : 1891/10/24 (N3). 1891/10/24 (N3).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632040
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
N° 3 — Samedi 21 Octobre 1891
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
1 re Année — 3 Brumaire An ICO — A' 0 L
du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
/ / fë
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre
Départements
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C A 3 I M I R - P É R 1 E R15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
Les Droits sur les Liquides
S’il est une réforme depuis longtemps
inscrite dans les programmes républicains,
c’est assurément celle des contributions indi
rectes.
Leur caractère anti-démocratique a été
maintes fois signalé. Ces impôts sont à la
fois vexatoires et contraires au principe
d’égalité. Qu’il s’agisse d’octroi ou de régie,
l’inconvénient est le même. Aussi les élec
teurs ont-ils émis à plusieurs reprises le désir
d’en voir décider la suppression.
La réforme de la législation sur les boissons
figure au premier rang de ces revendications
si légitimes du corps électoral. Le Parlement
ne pouvait résister à une telle poussée de
l’opinion et une foule de projets, parmi les
quels celui de M. Jamais, député, témoignent
de son intention de faire aboutir cette réforme.
C’est avec un certain étonnement qu’on a
vu cette question, qui devait faire partie inté
grante du budget de 1892, rejetée en dehors
de ce budget pour figurer dans un projet
spécial,.
Nul doute que cette mesure ne retarde la
solution tant désirée. Mais nous aimons à
croire que les Chambres ne voudront pas
différer davantage la plus urgente des ré
formes à opérer dans le domaine des contri
butions indirectes, et qu’aussitôt le budget
voté, on se mettra résolûment à l’œuvre.
Il importe que, dans ce travail, le Parle
ment se sente soutenu et même stimulé par
l’opinion publique.
Il nous souvient qu’au Havre, il y a
quelques mois, le Syndicat des Brasseurs de
cidre avait pris l’initiative d’une agitation
dans ce sens. De même à Eouen, où les
commerçants en spiritueux avaient provoqué
la discussion des projets présentés.
Ne serait-il pas bon que les intéressés
reprissent la question pour en hâter la so
lution ?
Ilne s’agit pas seulement, dans la circons
tance, des intérêts très importants d’un com
merce actuellement soumis à un régime
d’exception. Il s’agit aussi !du bien-être de
la masse des contribuables et surtout de la
classe ouvrière sur laquelle les impôts indi
rects pèsent si lourdement.
ouvertement patronné par les conservateurs ;
M- Richard, candidat opportuniste, qui a l’appui
du Temps.
Est-il besoin de dire que toutes nos sympathies
sont pour M. Doumer, un républicain sincère, que
plusieurs de nos amis du Havre ont l’honneur de
connaître, et qui se recommande par un passé pur
de toutes compromissions ?
Enfin! — On annonce que M. Fallières, injurié
par une lettre de M. Gouthe-Soulard, archevêque
d’Aix, relativé aux pèlerinages, a l’intention de
lui faire appliquer la loi, c’est-à-dire de demander
contre lui des poursuites correctionnelles. — Nous
ne pouvons qu’approuver le ministre des tulles du
parti qu’il prend de faire enfin respecter la Répu
blique par des prélats insurgés.
Le Touât. — L’attention du monde politique
et de tous ceux qui s’intéressent à la géographie
commerciale, est attirée sur les événements qui se
produisent au Touât.
Comme chacun sait, le Touât est une vaste oasis
saharienne, au sud-ouest de notre provir.ee d’Oran,
et dont la possession nous est nécessaire pour
assurer nos communications de l’Algérie avec le
Haut-Niger et le centre de l’Afrique. En cette
matière, comme en beaucoup d’autres, faire vite,
c’est faire bien. L’annexion du Touât s’impose.
Rentrée des Tribunaux. — Les Cours et
Tribunaux ont repris leurs travaux le 16 octobre,
avec leur cérémonial habituel. Notons que, dans
presque toutes les Cours, la messe du Saint-Esprit
a été célébrée. Il est à souhaiter que cette solen
nité, qui réunit trop arbitrairement la Religion et
son ennemi naturel, le Droit, disparaisse des
. usages judiciaires.. _ '.. .....
Rappelons que la Cour de Rouen, grâce à son
ancien premier Président, M. Montaubin, a sup
primé la messe du Saint-Esprit. Les justiciables
ne s’en portent pas plus mal. Il en est de même à
Bourges.
ÉTRANGER
Au Vatican. — On s’attend à des protestations
du Pape et de l’universalité des prélats catholiques
contre la situation faite au Saint-Siège par le
gouvernement italien.
Nous allons donc assister à une nouvelle cam
pagne pour la délivrance du riche prisonnier du
Vatican. Tout cela n’est pas bien dangereux.
Belgique. — Les . Chambres doivent ouvrir
leur session le deuxième mardi de novembre. On
parle d’une grande manifestation socialiste, qui
aurait lieu à cette occasion, pour réclamer le suf
frage universel.
les frais d’inhumation, comme aussi grâce à
l’obligation imposée aux communes de. suppléer
à Tinsuffisance du revenu des églises.
À ce titre là, le rapport de M. Krause devait
attirer particulièrement notre attention, et nous
allons en détacher quelques données essentielles.
On sait qu’il étudie les comptes de 1890 et les
budgets pour 1892 des paroisses de notre ville
LES DROITS
SUR LES FRAIS D’INHUMATION
D’après les comptes de 1890, nos diverses
paroisses ont reçu de la Compagnie des Pompes
Funèbres :
Notre-Dame Fr. 5.314,10
Saint-François » 1.862,70
Saint-Joseph » 5.481,70
Saint-Michel » 6.407,70
Saint-Vincent-de-Paul.... » 3.822,75
Sainte-Marie » 6.079,20
Saint-Nicolas » 1.218,15
soit ensemble...
Fr. 30.186,30
Un Préfet Vigilant
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Chambre des Députés. —- La Chambre a
commencé, lundi dernier, la discussion générale
du budget de 1892. A cette occasion, les soi-disant
modérés, par l’organe de M. Piou, chef du centre
constitutionnel, ont réédité les vieilles accusations
des conservateurs contre les finances de la Répu
blique.
M. Cavaignac, rapporteur général du budget, a
fait bonne justice des critiques de M. Piou, qui
proposait comme principale réforme l’abrogation
des lois scolaires. Cette discussion renferme un
enseignement : elle montre que, quoi qu’en disent
certains républicains, les conservateurs n’ont pas
désarmé, et qu’ils se groupent aujourd’hui sous la
bannière cléricale.
L’Election d’Auxerre. -— Trois candidats
sont actuellement en présence : M. Doumer, ancien
député de l’Aisne, secrétaire de M. Floquet, can
didat radical ; — M. Denormandie, monarchiste
rallié, candidat du centre-gauche et de la droite,
Nous extrayons d’un discours prononcé au
Comice agricole de Dol par M. Leroux, préfet
d’Ille-et-Vilaine, le passage suivant :
« Loin de désarmer, nos adversaires préparent
un nouvel et furieux assaut contre nos institu
tions.
» Ils élaborent une vaste organisation politique
qui, sous le nom de Parti Catholique, envelop
perait la France, englobant, sous le voile des
croyances religieuses, toutes les résistances et
tous les mécontentements. »
A quand un discours de M. Hendlé, préfet
de la Seine-Inférieure, sur le même sujet?
QUESTIOHSJpiCIPÂLES
LE RAP PORT DE M. K RAUSE
L’ARGENT DES AUTRES
En ce beau pays de France, pays égalitaire et
laïcisateur — comme chacun sait — -• et où, à
défaut d’une religion d’Etat, nous avons des
religions à traitements, indemnités, subventions
et monopoles, il est toujours intéressant de se
rendre compte des progrès que fait l’esprit reli
gieux dans la poche des contribuables, notamment
au moyen des droits attribués aux fabriques sur
Au lieu de cette distinction qui est faite entre
les paroisses, selon le produit qu’elles donnent
aux Pompes funèbres, l’honorable Conseiller
municipal voudrait une répartition dans laquelle
on tiendrait compte aussi de leurs besoins, de
manière à faire contribuer les paroisses riches à
l’entretien des paroisses pauvres.
S’il est assez comique que, par une des nom
breuses inconséquences de notre régime politique,
de telles questions soient encore à débattre au
nom delà commune, il n’en est pas moins vrai que
le rapporteur a toute raison de vouloir mettre fin
aux errements suivis jusqu’à présent à ce propos.
Comme le dit M. Krause, il est naturel, puisque
« le monopole des Pompes funèbres s’étend sur
« la ville entière, qu’une répartition bien comprise
« répare les désavantages éprouvés par les parties
« les moins riches de la ville ; c’est cette répar-
* tition et non la Caisse municipale qui doit
« rembourser les défiçits fabriciens. »
Oui-da ! mais ce qui est bon à prendre est bon
à garder, et nos « fidèles » en savent assez là-
dessus, pour ne pas renoncer à la sanctification
des mécréants. Et quel moyen excellent, après tout,
que de faire supporter à la commune « laïque »
les déficits des paroisses pauvres : c’est tout
profit pour la religion !
LES DÉFICITS
Quand notre Conseil municipal s’occupe des
intérêts de la commune laïque, il n’examine pas
si tel quartier donne des bonis et tel autre des
déficits ; la solidarité communale s’affirme dans sa
comptabilité ; mais quand il s’occupe de ce qui
regarde la commune religieuse c’est autre chose,
il admet juste le contraire, et ne se souvient de
cette solidarité que comme d’un moyen propre à
couvrir, par un « passez à la caisse », les déficits
fabriciens. Avec quel ravissement nous admet
trions cet usage antique et solennel, si, par
compensation, les « bonis fabriciens » prenaient
aussi le chemin de la Caisse municipale !
En comparant les recettes des paroisses de
Notre-Dame, de Saint-Joseph, de Saint-Michel,
de Saint-Vincent-de-Paul et de Sainte-Marie avec
les dépenses ordinaires obligatoires de ces mêmes
paroisses, il reste, par example, pour 1890, une
somme libre de fr. 38.280,15 dont une partie
pourrait entrer dans la Caisse municipale, tandis
que l’autre, généreusement octroyée par la Ville,
cou vrirait, dans les diverses paroisses, les dépenses
facultatives et les déficits des fabriques.
Mais grâce à l’intelligent système adopté au
Havre, la commune laïque a eu à payer en 1890 :
Fr. 700 pour subvention à la paroisse de St-François ;
» 1.000 pour indemnité de logement au curé de Sl-Piicolas ;
» 1.500 pour subyeution à la paroisse de St-Nieolas.
ensemble Fr. 3. 200 somme également demandée pour 1892.
Pour ses 5.000 fidèles, l’Eglise réformée pré
sente un déficit de fr. 4.278,16. Où irions-nous,
grands dieux, si les paroisses catholiques établis
saient clés déficits comparables à celui-ci, selon le
chiffre respectif de leurs ouailles ?
LES GAIETÉS DES COMPTES ET BUDGETS
Il est clair que les chiffres bien alignés d’un
compte régulier prêtent peu à la plaisanterie, mais
il y a compte et compte. Quoi de plus charmant,
par exemple, que de motiver, comme à Notre-
Dame, une dépense de fr. 1.293, pour dépenses
extraordinaires en cours d’exercice, sans un seul
mot d’explication ? Avouez, qu’eri effet, c’est assez
extraordinaire.
Saint-François, en déficit de fr. 189,27 pour
1890, ne demande pas que l’on comble ce déficit,
mais il fait toutes réserves, Saint-François, pour
les déficits à venir. Le superbe point de vue ! En
attendant, il demande une subvention de 700 fr.
pour 1892.
Saint-Joseph n’aime pas qu’on l’embête. Il est
donc inutile de lui demander pourquoi le déficit
de 1889 était de fr. 1.949,01 quand on ne peut le
justifier que pour fr. 1.939,36.
Est-ce que ça fait partie des dépenses du culte,
M. Krause, cette somme de fr. 245, que nous
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
voyons figurer dans le compte de 1890 comme
représentant une « dépense non prévue au budget,
pour service funèbre pour le repos de l’âme d’un
marguillier décédé ?» Si oui, et dans le cas où il
y aurait déficit, les marguilliers seraient donc
enterrés aux frais de la Commune ! Plus chançards
que les Conseillers municipaux, alors, les mar
guilliers, puisqu’ils auraient droit aux funérailles
municipales f
Contentons-nous de savoir que Saint-Michel a
eu fr. 9.016,95 de ressources exceptionnelles. Qui
sait si les rapporteurs de l’avenir ne seraient pas
tentés de faire fonds sur de telles ressources
exceptionnelles dans leur examen des budgets
futurs !
Saint-Vincent-de-Paul est en progrès ; mais
les temps sont durs et les économies difficiles.
Enfin, avec beaucoup de soins, on finira par le
rétablir et par boucher les trous des années
passées. Toutefois, il aime trop les beaux meubles
et la belle vaisselle, Saint-Vincent-de-Paul. Boa
an, mal an, fr. 3.000.
Sainte-Marie nous en donne à garder et pré
sente des comptes dans lesquels on n’y voit
goutte. Sainte-Marie aime aussi le confortable.
Un bon calorifère, ça ne fait pas de mal; au
contraire, surtout pendant la mauvaise saison.
Un peu volage, peut-être, ou brise-tout, qui sait ?
Voir l’article : « réparation complète de l’instal
lation du gaz dans toute l’église ».
' L’Eglise réformée réforme les décisions
du Conseil municipal du Havre. On a son libre—
arbitre, que diable ! et l’on s’en sert. Un peu
chère pourtant, et, dans ses dépenses et recettes,
fantaisiste comme tout. C’est probablement un
des effets du libre examen. Risque un petit bout
de réclame et n’oublie pas de dire que ses cérémo
nies sont gratuites : c’est pour cela que la Ville
doit les payer.
La Communauté Israélite, silence complet.
Assez riche pour se suffire et assez fière pour ne
rien demander, probablement. Alors, approbation
.fféméràle. Exemple fortement recommandé
LA PERSÉCUTION
Il est facile de voir que l’esprit si persécuteur
et si sectaire des farouches Républicains de la
Commission des finances s’est donné libre carrière
dans ce rapport, où l’on n’a pas craint, une fois
de plus, de chicaner la religion, en refusant
d’accepter comme parole d’Evangile les comptes
présentés par ceux qui ont mission de parler eu
son nom. Il appartient donc au Conseil municipal
de recueillir de plus amples lumières et de donner
une bonne leçon à ce rapporteur qui rapporte...,
contre les fabriques, empêchant ainsi l’affermis
sement de la paix religieuse dans le pays.
En effet, ne convient-il pas mieux de se dire :
« Hâtons-nous de montrer combien nous sommes
» tolérants ; faisons aimer la République, en
» montrant qu’avec elle il n’y a presque rien de
» chanîé, et qu’elle peut, tout aussi bien que
» n’importe quel autre régime, faire un sort
» heureux à l’Eglise. Approuvons comptes et
* budgets des fabriques. Indemnisons et subven-
» tionnons. *
LES SCANDALES DE ROUEN
Les journaux de Rouen ont parlé de faits
d’immoralité qui se seraient produits à l’hos
pice général de cette ville et dans lesquels se
trouveraient compromis un administrateur
et deux religieuses.
L’Administrateur aurait été mis en disgrâce
dans un emploi moins élevé, et les deux reli
gieuses auraient été renvoyées séance tenante.
La presse cléricale du chef-lieu et Le Petit
Rouennais ont engagé sur ce point une
polémique qui menacerait de s’éterniser si
M. Muller, rédacteur en chef de ce dernier
journal, n’avait pris une mesure devant
couper court à tous commentaires. S’autori
sant de la publicité qui a été faite autour de
l’incident et des interprétations contradic
toires auxquelles il a donné lieu, il a
demandé par lettre à la Commission adminis
trative, la communication du procès-verbal
de la séance où la question a été agitée et
tranchée.
Cette solution nous paraît la seule pratique
en cette matière. Il faut que le public sache
si, réellement, les deux religieuses sont en
faute ou si, au contraire, elles ont encore
droit à la fleur d’oranger.
Nous tiendrons nos lecteurs au courant des
révélations qui ne peuveut manquer de se
produire.
CINQ CENTIMES LE NUMÉRO
1 re Année — 3 Brumaire An ICO — A' 0 L
du Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN
/ / fë
PRIX DES ABONNEMENTS :
Le Havre
Départements
UN AN SIX MOIS
3 fr. 2 fr.
4 fr. 2 50
ADMINISTRATION & RÉDACTION
15, RUE C A 3 I M I R - P É R 1 E R15
LE RÉVEIL DU HA VRE paraît le Samedi
Les Droits sur les Liquides
S’il est une réforme depuis longtemps
inscrite dans les programmes républicains,
c’est assurément celle des contributions indi
rectes.
Leur caractère anti-démocratique a été
maintes fois signalé. Ces impôts sont à la
fois vexatoires et contraires au principe
d’égalité. Qu’il s’agisse d’octroi ou de régie,
l’inconvénient est le même. Aussi les élec
teurs ont-ils émis à plusieurs reprises le désir
d’en voir décider la suppression.
La réforme de la législation sur les boissons
figure au premier rang de ces revendications
si légitimes du corps électoral. Le Parlement
ne pouvait résister à une telle poussée de
l’opinion et une foule de projets, parmi les
quels celui de M. Jamais, député, témoignent
de son intention de faire aboutir cette réforme.
C’est avec un certain étonnement qu’on a
vu cette question, qui devait faire partie inté
grante du budget de 1892, rejetée en dehors
de ce budget pour figurer dans un projet
spécial,.
Nul doute que cette mesure ne retarde la
solution tant désirée. Mais nous aimons à
croire que les Chambres ne voudront pas
différer davantage la plus urgente des ré
formes à opérer dans le domaine des contri
butions indirectes, et qu’aussitôt le budget
voté, on se mettra résolûment à l’œuvre.
Il importe que, dans ce travail, le Parle
ment se sente soutenu et même stimulé par
l’opinion publique.
Il nous souvient qu’au Havre, il y a
quelques mois, le Syndicat des Brasseurs de
cidre avait pris l’initiative d’une agitation
dans ce sens. De même à Eouen, où les
commerçants en spiritueux avaient provoqué
la discussion des projets présentés.
Ne serait-il pas bon que les intéressés
reprissent la question pour en hâter la so
lution ?
Ilne s’agit pas seulement, dans la circons
tance, des intérêts très importants d’un com
merce actuellement soumis à un régime
d’exception. Il s’agit aussi !du bien-être de
la masse des contribuables et surtout de la
classe ouvrière sur laquelle les impôts indi
rects pèsent si lourdement.
ouvertement patronné par les conservateurs ;
M- Richard, candidat opportuniste, qui a l’appui
du Temps.
Est-il besoin de dire que toutes nos sympathies
sont pour M. Doumer, un républicain sincère, que
plusieurs de nos amis du Havre ont l’honneur de
connaître, et qui se recommande par un passé pur
de toutes compromissions ?
Enfin! — On annonce que M. Fallières, injurié
par une lettre de M. Gouthe-Soulard, archevêque
d’Aix, relativé aux pèlerinages, a l’intention de
lui faire appliquer la loi, c’est-à-dire de demander
contre lui des poursuites correctionnelles. — Nous
ne pouvons qu’approuver le ministre des tulles du
parti qu’il prend de faire enfin respecter la Répu
blique par des prélats insurgés.
Le Touât. — L’attention du monde politique
et de tous ceux qui s’intéressent à la géographie
commerciale, est attirée sur les événements qui se
produisent au Touât.
Comme chacun sait, le Touât est une vaste oasis
saharienne, au sud-ouest de notre provir.ee d’Oran,
et dont la possession nous est nécessaire pour
assurer nos communications de l’Algérie avec le
Haut-Niger et le centre de l’Afrique. En cette
matière, comme en beaucoup d’autres, faire vite,
c’est faire bien. L’annexion du Touât s’impose.
Rentrée des Tribunaux. — Les Cours et
Tribunaux ont repris leurs travaux le 16 octobre,
avec leur cérémonial habituel. Notons que, dans
presque toutes les Cours, la messe du Saint-Esprit
a été célébrée. Il est à souhaiter que cette solen
nité, qui réunit trop arbitrairement la Religion et
son ennemi naturel, le Droit, disparaisse des
. usages judiciaires.. _ '.. .....
Rappelons que la Cour de Rouen, grâce à son
ancien premier Président, M. Montaubin, a sup
primé la messe du Saint-Esprit. Les justiciables
ne s’en portent pas plus mal. Il en est de même à
Bourges.
ÉTRANGER
Au Vatican. — On s’attend à des protestations
du Pape et de l’universalité des prélats catholiques
contre la situation faite au Saint-Siège par le
gouvernement italien.
Nous allons donc assister à une nouvelle cam
pagne pour la délivrance du riche prisonnier du
Vatican. Tout cela n’est pas bien dangereux.
Belgique. — Les . Chambres doivent ouvrir
leur session le deuxième mardi de novembre. On
parle d’une grande manifestation socialiste, qui
aurait lieu à cette occasion, pour réclamer le suf
frage universel.
les frais d’inhumation, comme aussi grâce à
l’obligation imposée aux communes de. suppléer
à Tinsuffisance du revenu des églises.
À ce titre là, le rapport de M. Krause devait
attirer particulièrement notre attention, et nous
allons en détacher quelques données essentielles.
On sait qu’il étudie les comptes de 1890 et les
budgets pour 1892 des paroisses de notre ville
LES DROITS
SUR LES FRAIS D’INHUMATION
D’après les comptes de 1890, nos diverses
paroisses ont reçu de la Compagnie des Pompes
Funèbres :
Notre-Dame Fr. 5.314,10
Saint-François » 1.862,70
Saint-Joseph » 5.481,70
Saint-Michel » 6.407,70
Saint-Vincent-de-Paul.... » 3.822,75
Sainte-Marie » 6.079,20
Saint-Nicolas » 1.218,15
soit ensemble...
Fr. 30.186,30
Un Préfet Vigilant
SEMAINE POLITIQUE
FRANCE
Chambre des Députés. —- La Chambre a
commencé, lundi dernier, la discussion générale
du budget de 1892. A cette occasion, les soi-disant
modérés, par l’organe de M. Piou, chef du centre
constitutionnel, ont réédité les vieilles accusations
des conservateurs contre les finances de la Répu
blique.
M. Cavaignac, rapporteur général du budget, a
fait bonne justice des critiques de M. Piou, qui
proposait comme principale réforme l’abrogation
des lois scolaires. Cette discussion renferme un
enseignement : elle montre que, quoi qu’en disent
certains républicains, les conservateurs n’ont pas
désarmé, et qu’ils se groupent aujourd’hui sous la
bannière cléricale.
L’Election d’Auxerre. -— Trois candidats
sont actuellement en présence : M. Doumer, ancien
député de l’Aisne, secrétaire de M. Floquet, can
didat radical ; — M. Denormandie, monarchiste
rallié, candidat du centre-gauche et de la droite,
Nous extrayons d’un discours prononcé au
Comice agricole de Dol par M. Leroux, préfet
d’Ille-et-Vilaine, le passage suivant :
« Loin de désarmer, nos adversaires préparent
un nouvel et furieux assaut contre nos institu
tions.
» Ils élaborent une vaste organisation politique
qui, sous le nom de Parti Catholique, envelop
perait la France, englobant, sous le voile des
croyances religieuses, toutes les résistances et
tous les mécontentements. »
A quand un discours de M. Hendlé, préfet
de la Seine-Inférieure, sur le même sujet?
QUESTIOHSJpiCIPÂLES
LE RAP PORT DE M. K RAUSE
L’ARGENT DES AUTRES
En ce beau pays de France, pays égalitaire et
laïcisateur — comme chacun sait — -• et où, à
défaut d’une religion d’Etat, nous avons des
religions à traitements, indemnités, subventions
et monopoles, il est toujours intéressant de se
rendre compte des progrès que fait l’esprit reli
gieux dans la poche des contribuables, notamment
au moyen des droits attribués aux fabriques sur
Au lieu de cette distinction qui est faite entre
les paroisses, selon le produit qu’elles donnent
aux Pompes funèbres, l’honorable Conseiller
municipal voudrait une répartition dans laquelle
on tiendrait compte aussi de leurs besoins, de
manière à faire contribuer les paroisses riches à
l’entretien des paroisses pauvres.
S’il est assez comique que, par une des nom
breuses inconséquences de notre régime politique,
de telles questions soient encore à débattre au
nom delà commune, il n’en est pas moins vrai que
le rapporteur a toute raison de vouloir mettre fin
aux errements suivis jusqu’à présent à ce propos.
Comme le dit M. Krause, il est naturel, puisque
« le monopole des Pompes funèbres s’étend sur
« la ville entière, qu’une répartition bien comprise
« répare les désavantages éprouvés par les parties
« les moins riches de la ville ; c’est cette répar-
* tition et non la Caisse municipale qui doit
« rembourser les défiçits fabriciens. »
Oui-da ! mais ce qui est bon à prendre est bon
à garder, et nos « fidèles » en savent assez là-
dessus, pour ne pas renoncer à la sanctification
des mécréants. Et quel moyen excellent, après tout,
que de faire supporter à la commune « laïque »
les déficits des paroisses pauvres : c’est tout
profit pour la religion !
LES DÉFICITS
Quand notre Conseil municipal s’occupe des
intérêts de la commune laïque, il n’examine pas
si tel quartier donne des bonis et tel autre des
déficits ; la solidarité communale s’affirme dans sa
comptabilité ; mais quand il s’occupe de ce qui
regarde la commune religieuse c’est autre chose,
il admet juste le contraire, et ne se souvient de
cette solidarité que comme d’un moyen propre à
couvrir, par un « passez à la caisse », les déficits
fabriciens. Avec quel ravissement nous admet
trions cet usage antique et solennel, si, par
compensation, les « bonis fabriciens » prenaient
aussi le chemin de la Caisse municipale !
En comparant les recettes des paroisses de
Notre-Dame, de Saint-Joseph, de Saint-Michel,
de Saint-Vincent-de-Paul et de Sainte-Marie avec
les dépenses ordinaires obligatoires de ces mêmes
paroisses, il reste, par example, pour 1890, une
somme libre de fr. 38.280,15 dont une partie
pourrait entrer dans la Caisse municipale, tandis
que l’autre, généreusement octroyée par la Ville,
cou vrirait, dans les diverses paroisses, les dépenses
facultatives et les déficits des fabriques.
Mais grâce à l’intelligent système adopté au
Havre, la commune laïque a eu à payer en 1890 :
Fr. 700 pour subvention à la paroisse de St-François ;
» 1.000 pour indemnité de logement au curé de Sl-Piicolas ;
» 1.500 pour subyeution à la paroisse de St-Nieolas.
ensemble Fr. 3. 200 somme également demandée pour 1892.
Pour ses 5.000 fidèles, l’Eglise réformée pré
sente un déficit de fr. 4.278,16. Où irions-nous,
grands dieux, si les paroisses catholiques établis
saient clés déficits comparables à celui-ci, selon le
chiffre respectif de leurs ouailles ?
LES GAIETÉS DES COMPTES ET BUDGETS
Il est clair que les chiffres bien alignés d’un
compte régulier prêtent peu à la plaisanterie, mais
il y a compte et compte. Quoi de plus charmant,
par exemple, que de motiver, comme à Notre-
Dame, une dépense de fr. 1.293, pour dépenses
extraordinaires en cours d’exercice, sans un seul
mot d’explication ? Avouez, qu’eri effet, c’est assez
extraordinaire.
Saint-François, en déficit de fr. 189,27 pour
1890, ne demande pas que l’on comble ce déficit,
mais il fait toutes réserves, Saint-François, pour
les déficits à venir. Le superbe point de vue ! En
attendant, il demande une subvention de 700 fr.
pour 1892.
Saint-Joseph n’aime pas qu’on l’embête. Il est
donc inutile de lui demander pourquoi le déficit
de 1889 était de fr. 1.949,01 quand on ne peut le
justifier que pour fr. 1.939,36.
Est-ce que ça fait partie des dépenses du culte,
M. Krause, cette somme de fr. 245, que nous
PRIX DES INSERTIONS :
Annonces 25 cent, la ligne
Réclames 50 cent, la ligne
On traite à Forfait
voyons figurer dans le compte de 1890 comme
représentant une « dépense non prévue au budget,
pour service funèbre pour le repos de l’âme d’un
marguillier décédé ?» Si oui, et dans le cas où il
y aurait déficit, les marguilliers seraient donc
enterrés aux frais de la Commune ! Plus chançards
que les Conseillers municipaux, alors, les mar
guilliers, puisqu’ils auraient droit aux funérailles
municipales f
Contentons-nous de savoir que Saint-Michel a
eu fr. 9.016,95 de ressources exceptionnelles. Qui
sait si les rapporteurs de l’avenir ne seraient pas
tentés de faire fonds sur de telles ressources
exceptionnelles dans leur examen des budgets
futurs !
Saint-Vincent-de-Paul est en progrès ; mais
les temps sont durs et les économies difficiles.
Enfin, avec beaucoup de soins, on finira par le
rétablir et par boucher les trous des années
passées. Toutefois, il aime trop les beaux meubles
et la belle vaisselle, Saint-Vincent-de-Paul. Boa
an, mal an, fr. 3.000.
Sainte-Marie nous en donne à garder et pré
sente des comptes dans lesquels on n’y voit
goutte. Sainte-Marie aime aussi le confortable.
Un bon calorifère, ça ne fait pas de mal; au
contraire, surtout pendant la mauvaise saison.
Un peu volage, peut-être, ou brise-tout, qui sait ?
Voir l’article : « réparation complète de l’instal
lation du gaz dans toute l’église ».
' L’Eglise réformée réforme les décisions
du Conseil municipal du Havre. On a son libre—
arbitre, que diable ! et l’on s’en sert. Un peu
chère pourtant, et, dans ses dépenses et recettes,
fantaisiste comme tout. C’est probablement un
des effets du libre examen. Risque un petit bout
de réclame et n’oublie pas de dire que ses cérémo
nies sont gratuites : c’est pour cela que la Ville
doit les payer.
La Communauté Israélite, silence complet.
Assez riche pour se suffire et assez fière pour ne
rien demander, probablement. Alors, approbation
.fféméràle. Exemple fortement recommandé
LA PERSÉCUTION
Il est facile de voir que l’esprit si persécuteur
et si sectaire des farouches Républicains de la
Commission des finances s’est donné libre carrière
dans ce rapport, où l’on n’a pas craint, une fois
de plus, de chicaner la religion, en refusant
d’accepter comme parole d’Evangile les comptes
présentés par ceux qui ont mission de parler eu
son nom. Il appartient donc au Conseil municipal
de recueillir de plus amples lumières et de donner
une bonne leçon à ce rapporteur qui rapporte...,
contre les fabriques, empêchant ainsi l’affermis
sement de la paix religieuse dans le pays.
En effet, ne convient-il pas mieux de se dire :
« Hâtons-nous de montrer combien nous sommes
» tolérants ; faisons aimer la République, en
» montrant qu’avec elle il n’y a presque rien de
» chanîé, et qu’elle peut, tout aussi bien que
» n’importe quel autre régime, faire un sort
» heureux à l’Eglise. Approuvons comptes et
* budgets des fabriques. Indemnisons et subven-
» tionnons. *
LES SCANDALES DE ROUEN
Les journaux de Rouen ont parlé de faits
d’immoralité qui se seraient produits à l’hos
pice général de cette ville et dans lesquels se
trouveraient compromis un administrateur
et deux religieuses.
L’Administrateur aurait été mis en disgrâce
dans un emploi moins élevé, et les deux reli
gieuses auraient été renvoyées séance tenante.
La presse cléricale du chef-lieu et Le Petit
Rouennais ont engagé sur ce point une
polémique qui menacerait de s’éterniser si
M. Muller, rédacteur en chef de ce dernier
journal, n’avait pris une mesure devant
couper court à tous commentaires. S’autori
sant de la publicité qui a été faite autour de
l’incident et des interprétations contradic
toires auxquelles il a donné lieu, il a
demandé par lettre à la Commission adminis
trative, la communication du procès-verbal
de la séance où la question a été agitée et
tranchée.
Cette solution nous paraît la seule pratique
en cette matière. Il faut que le public sache
si, réellement, les deux religieuses sont en
faute ou si, au contraire, elles ont encore
droit à la fleur d’oranger.
Nous tiendrons nos lecteurs au courant des
révélations qui ne peuveut manquer de se
produire.
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