Titre : Le Réveil du Havre : organe républicain ["puis" organe républicain-socialiste indépendant "puis" organe du Parti républicain démocratique]
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1891-10-10
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32854639q
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 octobre 1891 10 octobre 1891
Description : 1891/10/10 (N1). 1891/10/10 (N1).
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k32632025
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-89667
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/04/2019
l rs Année — N° 1 — SamediliO Octobre 189!
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année —19 Vendémiaire An 100
israsæasïassæsESîâS!
sm/mmsaesmiymgm
ORGANE RÉPUBLICAIN /
3 — —
PRIX DES ABOMEPiTS :
SI
S
ADMINISTRATION & RÉDACTION'
i
mil DES INSERTIONS :
UN AN
SIX MOIS
1
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
n
Annonces. ..... 25 cent, la ligne
Le Havre
.... 3 fr.
2 fr.
ü
m
Réclames. 50 cent, la ligne
Départements.
<3 *? —^ ' # \ f J) .
.... 4 fr.
2 50
I
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
Ü
On traite à Forfait
f- LE RÉVEIL, organe républicain, paraîtra
le samedi matin.
. Il comprendra des articles sur les événe
ments politiques de la semaine.
Les questions locales, notamment celles
M'intérêt municipal, y seront également
traitées.
Sans s'attacher à faire connaître les menus
incidents qui tiennent parfois trop de place
dans certains journaux, il essaiera de donner
la physionsmie exacte des faits, en les résu
mant.
LE REVEIL publiera en outre des articles
variés , telles que Nouvelles, Revues scienti
fiques, etc., pour lesquelles il s’est assuré le
concours de littérateurs et d’hommes de science
qui se placeront surtout aie point de vue de
l'actualité.
Une tribune publique sera ouverte ci ceux
de nos lecteurs qui voudront émettre leurs idées
sur des questions d’intérêt général.
En un mot, rien ne sera ménagé pour que
ta lecture de notre journal soit pour nos con
citoyens à la fois agréable et profitable.
Nous commençons aujourd’hui la
publication d’une nouvelle inédite
Ctëlestlii jfatllaterdi. p$ GR4SK.
Cette nouvelle, assez com , comme
toutes celles que nous publierons, sera
suivie d’autres œuvres littéraires, éga
lement inédites, écrites spécialement
pour le Réveil, et qui ne pourront
manquer d’intéresser vivement nos
lecteurs.
NOTRE PROGRAMME
Un groupe de républicains, îravant d’autre
but que de s’adresser librement, une fois par
semaine, à l’opinion publique, a décidé la
création de ce journal.
Le titre qu’ils ont choisi indique assez
quelles sont leurs tendances.
Ils ont pensé que les triomphes récents de
la République sur ses pires ennemis ne doivent
pas dégager les démocrates de leur-devoir de
vigilance. S’ils s’endormaient après la victoire,
sans se mettre en garde contre un retour
offensif, ils risqueraient de perdre la conquête
de tant d’années de labeur. Les lois votées
depuis vingt ans de République pour l’ins
truction, pour l’armée, pour la classe ouvrière,
sont un patrimoine qu’il faut, non-seulement
défendre, mais encore agrandir. Laisser sans
réponse les attaques incessantes dirigées par
la, réaction contre l’œuvre républicaine, serait
une négligence impardonnable et presque une
désertion.
Au Havre, depuis quelque temps, grâce à
certaines influences sur le jeu desquelles nous
aurons à appeler l’attention de nos conci
toyens, le mouvement démocratique paraît
s’être ralenti. Sous prétexte de conciliation
et de modérantisme, certains hommes, et non
des moins considérables, semblent avoir prêté
plus d’attention aux criailleries des réaction
naires qu’aux légitimes aspirations des répu
blicains progressistes. On a pu voir récem-
.-s&eafc-principes aussi évident:, que le
nécessité de laïciser les services publics,
contestés par des personnes qui ne perdent
aucune occasion d’affirmer leur dévouement
aux idées de progrès et de liberté, et qui
pourtant n’ont pas craint de donner en la
circonstance aux cléricaux les gages les plus
précieux. En même temps s’affirmait une
étrange défiance contre quiconque manifeste
des idées de réformes.
Une conciliation ainsi comprise, faite
d’avances aimables à la réaction et de rebuf
fades auxb-épublicains indépendants, ne serait
qu’une duperie.
Partisans sincères de la concentration,
nous n’appuierons que celle faite au profit
de la République.
Au point de vue purement municipal, nous
nous inspirerons des mêmes principes.
Ennemis des personnalités, nous ne consul
terons que l’intérêt général pour juger les
hommes.
Les questions sociales et ouvrières ont pris
depuis quelques années une importance telle,
que, sous une impulsion irrésistible, les con
servateurs les plus rétrogrades parlent socia
lisme.
Nous ferons une large place à ces questions
d’un intérêt vital pour la République. La
classe des travailleurs, qu’on a si souvent
leurrée par des semblants de réformes et par
de belles promesses, peut compter sur notre
appui. Chacun des problèmes qui se rattachent
à son avenir, à la satisfactoin de ses aspira
tions, sera l’objet de notre sollicitude.
LE RÉVEIL.
SEMAINE POLITIQUE
Les Pèlerinages
Tous nos lecteurs connaissent le mot d’ordre
donné aux cléricaux de tout poil par leurs chefs,
les cardinaux, archevêques,- évêques, députés mo- <
„:jààrchist^^.çtcb Lançonsigre nouvelle -est ■■
simple : se dire républicai ns pour tromper le corps
électoral ; et en même temps, employer contre les
républicains toutes les violences de langage et
d’attitude.
Si l’on pouvait douter de leur tactique, il suffi
rait de relire la collection du Courrier du Havre
depuis deux mois. Cette feuille consacre, en
moyenne, cinq colonnes, aux niaiseries religieuses
et ne manque pas d’exciter ses fidèles contre l’Etat
laïque. Et ce qui se passe au Havre, existe aussi
dans les principaux centres réactionnaires.
Le résultat était facile à prévoir : des péleri-
nards que les journaux ultramontains appellent
ouvriers , pour jeter de la. poudre aux yeux, et qui
se recrutent généralement parmi les habitués du
banc-d’œuvre (avocats jésuites, rédacteurs bien
pensants, étudiants en rupture de Code) se sont
livrés à Rome aux fantaisies du plus mauvais
■ goût. — On les a chassés à grands coups de botte,
châtiment que ces polissons paraissent avoir mé
rité.
C’est comme en Chine : Les missionnaires
attaquent les usages du pays et entreprennent de
supprimer la religion morale de 400 millions
d’hommes qui consiste à vénérer les ancêtres,
c’est-à-dire à rendre à certains philosophes instruits
et dignes de respect, un culte parallèle à celui
qu’Auguste Comte a si justement propagé eu
Occident.
Ils reçoivent des horions. Qui pourrait s’ea
plaindre ?
Conclusion : Laissons les cléricaux se débrouiller
avec Rome et avec la Chine. La République n’a
pas à intervenir.
Garibaldi
Les Républicains français, entourés de l'élite
de la démocratie italienne, ont rendu dimanche
dernier, à Garibaldi, d’origine niçoise, rhonnnag®
dû au défenseur ardent et courageux de la Liberté,
au soldat qui n’a pas craint, après nos premières
défaites, de nous prêter l'appui de son épée.
Nous ^entreprendrons pas de raconter l’œuvre
de Garibaldi. Nous avons tous présentes à la
mémoire les campagnes de ce héros.
Il nous suffira, pour montrer la communauté
d’idées entre les démocrates de France et GarL
baldi, de transcrire ces lignes écrites par lui à
l'un de ses soldats, Louis Blairet, ancien chef des
bataillon à l’armée des Vosges, actuellement
rédacteur en chef du Mémorial cauchois .
« Caprera, 16 octobre 1879. *
« Mon bien cher Blairet,
* Tandis que les gouvernements aatoritaires
* Caï'eioÇ-ut icù prêcrco m/ui îis oïït nesom pour
» tromper les peuples, la République les attaque
» de front.
« «. .Quand les fourbes et les poltrons fainéant»
» des sociétés primitives inventèrent Dieu et i«
» fardèrent de tant de mensonges, ils ne s’atten-
» daient jamais à faire tant de bruit dans le
» monde, comme tous leurs continuateurs, le*
» prêtres. L’ignorance propagée par eux a été
» seule capable de ce miracle. »
« Espérons que la raison et la science auront
» bientôt mis à leur place toutes les calottes si
» nuisibles au progrès humain.
« Toujours votre dévoué,
« G. Garibaldi. »
En dépit de Crispi et du cléricalisme, son com
plice inconscient, la France et l’Italie doivent
marcher d’accord. Qui donc pourrait les diviser?
Les cléricaux français s’efforcent de le faire.
Mais les deux nations sont également décidée*
à déjouer leurs manœuvres.
1
Célestin Palissard
"- y v\AT v A/V\>~-
NOUVELLE CONTEMPORAINE
P A Fl CC2 IM*. S JBBBI
I
Originaire d’un gros bourg de la Basse-Nor
mandie, Célestin Palissard, après avoir fait son
droit à Paris, s’était découvert des aptitudes vrai
ment exceptionnelles pour la carrière adminis
trative.
Aimant ses aises, dédaigneux d'un travail trop
prolongé, il avait quelque peu hésité entre l’enre
gistrement ou les hypothèques, et les fonctions
ressortissant au Ministère de l’Inférieur. Mais
grâce à la protection d’une vieille tante, amie
intime d’un ancien .préfet de l’Empire, lequel
avait ses entrées, grandes et petites, à la place
Beauvau, son choix fut bientôt fait. Il serait
4’ahprd conseiller de Préfecture, puis sous-préfet,
puis préfet, puis... Et son imagination vaga-
honde errait au milieu d’habits brodés et galonnés,
d’épées inutiles à poignées de nacre, de dossiers
multicolores, de pompiers, de comices agricoles.
Il entendait déjà les fanfares rurales et les beu
glements des génisses.
' Bref, il fut nommé conseiller de préfecture dans
un département de l’Ouest et il acheta, pour la
circonstance, le Cours de droit administratif du
père Batbie,dont les volumes, vierges des outrages
du couteau àà papier, montrèrent longtemps leur
dos sur les rayons de sa bibliothèque. Les bou
quins, ça meuble.
Il allait dans le monde. La femme du Trésorier
payeur général, grosse brune qui a’mait la danse,
sans doute par hygiène, lui faisait mener ses
cotillons mensuels. Les mères de famille le regar
daient déjà d’un œil attendri. Il passait pour un
bon jeune homme et l’on savait en ville, que,
grâce à ses hautes protections, il allait bientôt
être nommé sous-préfet.
La vieille tante et son ami le bonapartiste in
triguèrent si vivement au Ministère qu’il fut
envoyé dans une sous-préfecture de dernière
classe en Provence.
Il
Célestin empaqueta son Batbie et partit pour
les bords du Rhône. Il y fut accueilli à bras ou
verts, son prédécesseur ayant soulevé les inimitiés
méridionales par un arrêté qu’il avait fait prendre
au maire de St-R.. .,-contre l’usage du tambourin
après onze heures du soir.
Son arrivée dans l’arrondissement fut saluée
par de's fêtes de jour et de nuit. On institua "des
courses de taureaux camarguais vraiment émou
vantes. Un des cinquante coureurs qui vont dans
l’arène cueillir la cocarde fut renversé, un autre
faillit tomber. -Ce fut du délire et les gens de
Beaucaire en furent jaloux.
Les corps constitués défilèrent devant Célestin
et le conseil d’arrondissement, s’arrachant à ses
rudes labeurs, dansa une farandole. Palissard fut
môme harangué en langue provençale.
Lorsque cet enthousiasme se fut calmé, c’est-
à-dire au bout d’une semaine environ* Célestin,
prenant au sérieux ses nouvelles fonctions, résolut
de montrer aux populations du Midi de quel
travail opiniâtre étaient capables les hommes du
Nord.
Aucun sacrifice ne lui coûta. Il avait conservé
d’une longue fréquentation du Quartier, l’habitude
de se lever à onze heures du matin. Héroïquement,
il fit le serment de descendre à dix heures, et n’y
fut jamais parjure. Après avoir fumé deux ou trois
pipes dans le jardin de la Sons-Préfecture, om
bragé de tilleuls taillés en pyramide que les
cigales commençaient à égayer de leur chant, il
dépouillait son courrier. Et, en l’annotant rapide
ment, il le passait à son secrétaire, un vieux
félibre qui consacrait ses loisirs à composer, pour
l'Almanach provençal de Roumanille, des poésies
qui n’étaient jamais insérées.
La lecture des journaux de Paris, [la sieste
obligatoire, et la réception de quelques maires
de village qui l’entretenaient de leurs affaires,
en un langage sonore, mais incompréhensible
pour lui, occupaient le surplus de ses journées..
Parfois une promenade sur le Cours, pour prouver
aux populations que le gouvernement avait tou
jours, dans ce coin de Provence, un représentant
actif et vigilant.
Depuis trois mois, Célestin goûtait les douceur*
de cette vie à la fois active et honorifique, lors
qu’il reçut un pli du préfet du département
l’invitant à venir conférer avec lui, au chef-lieu,
« d’affaires urgentes, d'intérêt politique. »
Incontinent, il partit.
III
Le préfet était un ancien rédacteur en chef
d’une feuille légitimiste de la Vendée, qui était
devenu républicain pour hériter d’un oncle libre-
penseur. Cette adhésion à la République ayant
paru sincère, le gouvernement l’avait chargé
d’administrer ce département provençal où la
réaction avait toujours obtenu la majorité aux
élections,
Dès que Célestin Palissard fut introduit dans
le cabinet de son supérieur hiérarchique, celui-ci
aborda la grave question qui nécessitait cette
entrevue. Il retroussa ses longues moustaches*
«aiguisa sa barbiche en pointe, ce qui lui donnait
un faux air d'officier de cavalerie en retraite, et, se
posant devant son subordonné :
— Palissard, lui dit-il, il faut que vous coanaie*
siez la circulaire du Ministre.
CINQ CENTIMES LE NUMERO
l re Année —19 Vendémiaire An 100
israsæasïassæsESîâS!
sm/mmsaesmiymgm
ORGANE RÉPUBLICAIN /
3 — —
PRIX DES ABOMEPiTS :
SI
S
ADMINISTRATION & RÉDACTION'
i
mil DES INSERTIONS :
UN AN
SIX MOIS
1
15, RUE CASIMIR-PÉRIER, 15
n
Annonces. ..... 25 cent, la ligne
Le Havre
.... 3 fr.
2 fr.
ü
m
Réclames. 50 cent, la ligne
Départements.
<3 *? —^ ' # \ f J) .
.... 4 fr.
2 50
I
LE RÉ VE IL DU HA VRE paraît le Samedi
Ü
On traite à Forfait
f- LE RÉVEIL, organe républicain, paraîtra
le samedi matin.
. Il comprendra des articles sur les événe
ments politiques de la semaine.
Les questions locales, notamment celles
M'intérêt municipal, y seront également
traitées.
Sans s'attacher à faire connaître les menus
incidents qui tiennent parfois trop de place
dans certains journaux, il essaiera de donner
la physionsmie exacte des faits, en les résu
mant.
LE REVEIL publiera en outre des articles
variés , telles que Nouvelles, Revues scienti
fiques, etc., pour lesquelles il s’est assuré le
concours de littérateurs et d’hommes de science
qui se placeront surtout aie point de vue de
l'actualité.
Une tribune publique sera ouverte ci ceux
de nos lecteurs qui voudront émettre leurs idées
sur des questions d’intérêt général.
En un mot, rien ne sera ménagé pour que
ta lecture de notre journal soit pour nos con
citoyens à la fois agréable et profitable.
Nous commençons aujourd’hui la
publication d’une nouvelle inédite
Ctëlestlii jfatllaterdi. p$ GR4SK.
Cette nouvelle, assez com , comme
toutes celles que nous publierons, sera
suivie d’autres œuvres littéraires, éga
lement inédites, écrites spécialement
pour le Réveil, et qui ne pourront
manquer d’intéresser vivement nos
lecteurs.
NOTRE PROGRAMME
Un groupe de républicains, îravant d’autre
but que de s’adresser librement, une fois par
semaine, à l’opinion publique, a décidé la
création de ce journal.
Le titre qu’ils ont choisi indique assez
quelles sont leurs tendances.
Ils ont pensé que les triomphes récents de
la République sur ses pires ennemis ne doivent
pas dégager les démocrates de leur-devoir de
vigilance. S’ils s’endormaient après la victoire,
sans se mettre en garde contre un retour
offensif, ils risqueraient de perdre la conquête
de tant d’années de labeur. Les lois votées
depuis vingt ans de République pour l’ins
truction, pour l’armée, pour la classe ouvrière,
sont un patrimoine qu’il faut, non-seulement
défendre, mais encore agrandir. Laisser sans
réponse les attaques incessantes dirigées par
la, réaction contre l’œuvre républicaine, serait
une négligence impardonnable et presque une
désertion.
Au Havre, depuis quelque temps, grâce à
certaines influences sur le jeu desquelles nous
aurons à appeler l’attention de nos conci
toyens, le mouvement démocratique paraît
s’être ralenti. Sous prétexte de conciliation
et de modérantisme, certains hommes, et non
des moins considérables, semblent avoir prêté
plus d’attention aux criailleries des réaction
naires qu’aux légitimes aspirations des répu
blicains progressistes. On a pu voir récem-
.-s&eafc-principes aussi évident:, que le
nécessité de laïciser les services publics,
contestés par des personnes qui ne perdent
aucune occasion d’affirmer leur dévouement
aux idées de progrès et de liberté, et qui
pourtant n’ont pas craint de donner en la
circonstance aux cléricaux les gages les plus
précieux. En même temps s’affirmait une
étrange défiance contre quiconque manifeste
des idées de réformes.
Une conciliation ainsi comprise, faite
d’avances aimables à la réaction et de rebuf
fades auxb-épublicains indépendants, ne serait
qu’une duperie.
Partisans sincères de la concentration,
nous n’appuierons que celle faite au profit
de la République.
Au point de vue purement municipal, nous
nous inspirerons des mêmes principes.
Ennemis des personnalités, nous ne consul
terons que l’intérêt général pour juger les
hommes.
Les questions sociales et ouvrières ont pris
depuis quelques années une importance telle,
que, sous une impulsion irrésistible, les con
servateurs les plus rétrogrades parlent socia
lisme.
Nous ferons une large place à ces questions
d’un intérêt vital pour la République. La
classe des travailleurs, qu’on a si souvent
leurrée par des semblants de réformes et par
de belles promesses, peut compter sur notre
appui. Chacun des problèmes qui se rattachent
à son avenir, à la satisfactoin de ses aspira
tions, sera l’objet de notre sollicitude.
LE RÉVEIL.
SEMAINE POLITIQUE
Les Pèlerinages
Tous nos lecteurs connaissent le mot d’ordre
donné aux cléricaux de tout poil par leurs chefs,
les cardinaux, archevêques,- évêques, députés mo- <
„:jààrchist^^.çtcb Lançonsigre nouvelle -est ■■
simple : se dire républicai ns pour tromper le corps
électoral ; et en même temps, employer contre les
républicains toutes les violences de langage et
d’attitude.
Si l’on pouvait douter de leur tactique, il suffi
rait de relire la collection du Courrier du Havre
depuis deux mois. Cette feuille consacre, en
moyenne, cinq colonnes, aux niaiseries religieuses
et ne manque pas d’exciter ses fidèles contre l’Etat
laïque. Et ce qui se passe au Havre, existe aussi
dans les principaux centres réactionnaires.
Le résultat était facile à prévoir : des péleri-
nards que les journaux ultramontains appellent
ouvriers , pour jeter de la. poudre aux yeux, et qui
se recrutent généralement parmi les habitués du
banc-d’œuvre (avocats jésuites, rédacteurs bien
pensants, étudiants en rupture de Code) se sont
livrés à Rome aux fantaisies du plus mauvais
■ goût. — On les a chassés à grands coups de botte,
châtiment que ces polissons paraissent avoir mé
rité.
C’est comme en Chine : Les missionnaires
attaquent les usages du pays et entreprennent de
supprimer la religion morale de 400 millions
d’hommes qui consiste à vénérer les ancêtres,
c’est-à-dire à rendre à certains philosophes instruits
et dignes de respect, un culte parallèle à celui
qu’Auguste Comte a si justement propagé eu
Occident.
Ils reçoivent des horions. Qui pourrait s’ea
plaindre ?
Conclusion : Laissons les cléricaux se débrouiller
avec Rome et avec la Chine. La République n’a
pas à intervenir.
Garibaldi
Les Républicains français, entourés de l'élite
de la démocratie italienne, ont rendu dimanche
dernier, à Garibaldi, d’origine niçoise, rhonnnag®
dû au défenseur ardent et courageux de la Liberté,
au soldat qui n’a pas craint, après nos premières
défaites, de nous prêter l'appui de son épée.
Nous ^entreprendrons pas de raconter l’œuvre
de Garibaldi. Nous avons tous présentes à la
mémoire les campagnes de ce héros.
Il nous suffira, pour montrer la communauté
d’idées entre les démocrates de France et GarL
baldi, de transcrire ces lignes écrites par lui à
l'un de ses soldats, Louis Blairet, ancien chef des
bataillon à l’armée des Vosges, actuellement
rédacteur en chef du Mémorial cauchois .
« Caprera, 16 octobre 1879. *
« Mon bien cher Blairet,
* Tandis que les gouvernements aatoritaires
* Caï'eioÇ-ut icù prêcrco m/ui îis oïït nesom pour
» tromper les peuples, la République les attaque
» de front.
« «. .Quand les fourbes et les poltrons fainéant»
» des sociétés primitives inventèrent Dieu et i«
» fardèrent de tant de mensonges, ils ne s’atten-
» daient jamais à faire tant de bruit dans le
» monde, comme tous leurs continuateurs, le*
» prêtres. L’ignorance propagée par eux a été
» seule capable de ce miracle. »
« Espérons que la raison et la science auront
» bientôt mis à leur place toutes les calottes si
» nuisibles au progrès humain.
« Toujours votre dévoué,
« G. Garibaldi. »
En dépit de Crispi et du cléricalisme, son com
plice inconscient, la France et l’Italie doivent
marcher d’accord. Qui donc pourrait les diviser?
Les cléricaux français s’efforcent de le faire.
Mais les deux nations sont également décidée*
à déjouer leurs manœuvres.
1
Célestin Palissard
"- y v\AT v A/V\>~-
NOUVELLE CONTEMPORAINE
P A Fl CC2 IM*. S JBBBI
I
Originaire d’un gros bourg de la Basse-Nor
mandie, Célestin Palissard, après avoir fait son
droit à Paris, s’était découvert des aptitudes vrai
ment exceptionnelles pour la carrière adminis
trative.
Aimant ses aises, dédaigneux d'un travail trop
prolongé, il avait quelque peu hésité entre l’enre
gistrement ou les hypothèques, et les fonctions
ressortissant au Ministère de l’Inférieur. Mais
grâce à la protection d’une vieille tante, amie
intime d’un ancien .préfet de l’Empire, lequel
avait ses entrées, grandes et petites, à la place
Beauvau, son choix fut bientôt fait. Il serait
4’ahprd conseiller de Préfecture, puis sous-préfet,
puis préfet, puis... Et son imagination vaga-
honde errait au milieu d’habits brodés et galonnés,
d’épées inutiles à poignées de nacre, de dossiers
multicolores, de pompiers, de comices agricoles.
Il entendait déjà les fanfares rurales et les beu
glements des génisses.
' Bref, il fut nommé conseiller de préfecture dans
un département de l’Ouest et il acheta, pour la
circonstance, le Cours de droit administratif du
père Batbie,dont les volumes, vierges des outrages
du couteau àà papier, montrèrent longtemps leur
dos sur les rayons de sa bibliothèque. Les bou
quins, ça meuble.
Il allait dans le monde. La femme du Trésorier
payeur général, grosse brune qui a’mait la danse,
sans doute par hygiène, lui faisait mener ses
cotillons mensuels. Les mères de famille le regar
daient déjà d’un œil attendri. Il passait pour un
bon jeune homme et l’on savait en ville, que,
grâce à ses hautes protections, il allait bientôt
être nommé sous-préfet.
La vieille tante et son ami le bonapartiste in
triguèrent si vivement au Ministère qu’il fut
envoyé dans une sous-préfecture de dernière
classe en Provence.
Il
Célestin empaqueta son Batbie et partit pour
les bords du Rhône. Il y fut accueilli à bras ou
verts, son prédécesseur ayant soulevé les inimitiés
méridionales par un arrêté qu’il avait fait prendre
au maire de St-R.. .,-contre l’usage du tambourin
après onze heures du soir.
Son arrivée dans l’arrondissement fut saluée
par de's fêtes de jour et de nuit. On institua "des
courses de taureaux camarguais vraiment émou
vantes. Un des cinquante coureurs qui vont dans
l’arène cueillir la cocarde fut renversé, un autre
faillit tomber. -Ce fut du délire et les gens de
Beaucaire en furent jaloux.
Les corps constitués défilèrent devant Célestin
et le conseil d’arrondissement, s’arrachant à ses
rudes labeurs, dansa une farandole. Palissard fut
môme harangué en langue provençale.
Lorsque cet enthousiasme se fut calmé, c’est-
à-dire au bout d’une semaine environ* Célestin,
prenant au sérieux ses nouvelles fonctions, résolut
de montrer aux populations du Midi de quel
travail opiniâtre étaient capables les hommes du
Nord.
Aucun sacrifice ne lui coûta. Il avait conservé
d’une longue fréquentation du Quartier, l’habitude
de se lever à onze heures du matin. Héroïquement,
il fit le serment de descendre à dix heures, et n’y
fut jamais parjure. Après avoir fumé deux ou trois
pipes dans le jardin de la Sons-Préfecture, om
bragé de tilleuls taillés en pyramide que les
cigales commençaient à égayer de leur chant, il
dépouillait son courrier. Et, en l’annotant rapide
ment, il le passait à son secrétaire, un vieux
félibre qui consacrait ses loisirs à composer, pour
l'Almanach provençal de Roumanille, des poésies
qui n’étaient jamais insérées.
La lecture des journaux de Paris, [la sieste
obligatoire, et la réception de quelques maires
de village qui l’entretenaient de leurs affaires,
en un langage sonore, mais incompréhensible
pour lui, occupaient le surplus de ses journées..
Parfois une promenade sur le Cours, pour prouver
aux populations que le gouvernement avait tou
jours, dans ce coin de Provence, un représentant
actif et vigilant.
Depuis trois mois, Célestin goûtait les douceur*
de cette vie à la fois active et honorifique, lors
qu’il reçut un pli du préfet du département
l’invitant à venir conférer avec lui, au chef-lieu,
« d’affaires urgentes, d'intérêt politique. »
Incontinent, il partit.
III
Le préfet était un ancien rédacteur en chef
d’une feuille légitimiste de la Vendée, qui était
devenu républicain pour hériter d’un oncle libre-
penseur. Cette adhésion à la République ayant
paru sincère, le gouvernement l’avait chargé
d’administrer ce département provençal où la
réaction avait toujours obtenu la majorité aux
élections,
Dès que Célestin Palissard fut introduit dans
le cabinet de son supérieur hiérarchique, celui-ci
aborda la grave question qui nécessitait cette
entrevue. Il retroussa ses longues moustaches*
«aiguisa sa barbiche en pointe, ce qui lui donnait
un faux air d'officier de cavalerie en retraite, et, se
posant devant son subordonné :
— Palissard, lui dit-il, il faut que vous coanaie*
siez la circulaire du Ministre.
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