j BISLSOTHEQUt
[ DU HAVRE ]
LES RELIGIONS
AUX TEMPS^) DE LA PRÉHISTOIRE
Jean-Pierre WATTÉ
La spécificité la plus originale de l’homme par rapport aux autres
espèces animales réside dans le développement de son intellect. Aussi, les
préhistoriens ont commencé très tôt à rechercher des témoignages du déve
loppement du psychisme de l’homme ancien ; dans ce cadre, l’étude d’éven
tuelles manifestations de sentiments religieux a joué un rôle important, même
si un grand chercheur comme A. de Mortillet, échaudé par une éducation trop
stricte chez les Jésuites, niait farouchement, à la fin du siècle dernier, toute
religiosité chez les hommes préhistoriques.
Cependant, la pensée humaine ne s’est pas fossilisée, et les témoi
gnages de pratiques à caractère religieux ne sont guère faciles à mettre en
évidence. Ainsi, les vieilles théories concernant les cultes des crânes humains,
des ossements d’animaux ou de l’ours sont aujourd’hui abandonnées : celles-
ci reposaient sur des interprétations erronées, fondées sur des sites mal fouil
lés ; par exemple, les crânes correspondent aux parties du squelette qui se
conservent bien, alors que les autres os, brisés, réduits à l’état d’esquilles, res
tent souvent non étudiés dans les laboratoires, quand ils n’étaient pas - autre
fois - purement et simplement négligés par les fouilleurs : la découverte des
crânes “isolés” dans certaines grottes résidait donc aussi bien de conditions
physicochimiques naturelles que de techniques de fouilles et d’études trop
superficielles et le réexamen des données ne peut aujourd’hui permettre
d’envisager avec certitude un possible “culte des crânes”...
Dès le Paléolithique (2) inférieur [600 000 ans (3)], des cas d’anthro
pophagie rituelle semblent devoir être relevés. A partir du Paléolithique
Moyen, en particulier avec l’Homme de Néanderthal (après - 100 000 ans),
des exemples de “manifestations non liées directement à la survie” (Leroi-
Gourhan) ne peuvent s’expliquer que par l’existence de pratiques magiques
ou religieuses : amas de pierres choisies pour leur forme arrondie mêlées de
silex ou d’ossements de mammifères à El Guettar (Tunisie) ou dans la grotte
de l’Hyène à Arcy-sur-Cure (Yonne). Des dépôts de fossiles, retrouvés aussi
dans la grotte de l’Hyène, témoignent de la collecte d’objets ramassés pour
leur aspect curieux et non pour leur rôle utilitaire. De même, les habitats mous-
tériens montrent souvent des traces d’ocre, alors qu’on ne connaît pour cette
période aucune peinture : rite lié à un pigment couleur sang, symbole de vie
ou... produit utilisé dans la préparation des peaux servant à construire tentes
ou abris ?
Surtout, à partir du Paléolithique moyen, l’Homme enterre ses morts :
cette pratique constitue un argument très fort pour prouver l’existence d’une
idée religieuse.
Au Paléolithique supérieur (- 35 000), les inhumations se multiplient,
dans des fosses souvent saupoudrées d’ocre livrant de nombreux objets de
parure ; l’art figuratif apparaît. Les peintures des grottes ont donné lieu à diffé
rentes interprétations : magie de la chasse (Abbé Breuil, L.-R. Nougier) ou uni
vers mythiques où s’opposeraient des symboles mâles et femelles (A. Laming-
Emperaire, A. Leroi-Gourhan).
[ DU HAVRE ]
LES RELIGIONS
AUX TEMPS^) DE LA PRÉHISTOIRE
Jean-Pierre WATTÉ
La spécificité la plus originale de l’homme par rapport aux autres
espèces animales réside dans le développement de son intellect. Aussi, les
préhistoriens ont commencé très tôt à rechercher des témoignages du déve
loppement du psychisme de l’homme ancien ; dans ce cadre, l’étude d’éven
tuelles manifestations de sentiments religieux a joué un rôle important, même
si un grand chercheur comme A. de Mortillet, échaudé par une éducation trop
stricte chez les Jésuites, niait farouchement, à la fin du siècle dernier, toute
religiosité chez les hommes préhistoriques.
Cependant, la pensée humaine ne s’est pas fossilisée, et les témoi
gnages de pratiques à caractère religieux ne sont guère faciles à mettre en
évidence. Ainsi, les vieilles théories concernant les cultes des crânes humains,
des ossements d’animaux ou de l’ours sont aujourd’hui abandonnées : celles-
ci reposaient sur des interprétations erronées, fondées sur des sites mal fouil
lés ; par exemple, les crânes correspondent aux parties du squelette qui se
conservent bien, alors que les autres os, brisés, réduits à l’état d’esquilles, res
tent souvent non étudiés dans les laboratoires, quand ils n’étaient pas - autre
fois - purement et simplement négligés par les fouilleurs : la découverte des
crânes “isolés” dans certaines grottes résidait donc aussi bien de conditions
physicochimiques naturelles que de techniques de fouilles et d’études trop
superficielles et le réexamen des données ne peut aujourd’hui permettre
d’envisager avec certitude un possible “culte des crânes”...
Dès le Paléolithique (2) inférieur [600 000 ans (3)], des cas d’anthro
pophagie rituelle semblent devoir être relevés. A partir du Paléolithique
Moyen, en particulier avec l’Homme de Néanderthal (après - 100 000 ans),
des exemples de “manifestations non liées directement à la survie” (Leroi-
Gourhan) ne peuvent s’expliquer que par l’existence de pratiques magiques
ou religieuses : amas de pierres choisies pour leur forme arrondie mêlées de
silex ou d’ossements de mammifères à El Guettar (Tunisie) ou dans la grotte
de l’Hyène à Arcy-sur-Cure (Yonne). Des dépôts de fossiles, retrouvés aussi
dans la grotte de l’Hyène, témoignent de la collecte d’objets ramassés pour
leur aspect curieux et non pour leur rôle utilitaire. De même, les habitats mous-
tériens montrent souvent des traces d’ocre, alors qu’on ne connaît pour cette
période aucune peinture : rite lié à un pigment couleur sang, symbole de vie
ou... produit utilisé dans la préparation des peaux servant à construire tentes
ou abris ?
Surtout, à partir du Paléolithique moyen, l’Homme enterre ses morts :
cette pratique constitue un argument très fort pour prouver l’existence d’une
idée religieuse.
Au Paléolithique supérieur (- 35 000), les inhumations se multiplient,
dans des fosses souvent saupoudrées d’ocre livrant de nombreux objets de
parure ; l’art figuratif apparaît. Les peintures des grottes ont donné lieu à diffé
rentes interprétations : magie de la chasse (Abbé Breuil, L.-R. Nougier) ou uni
vers mythiques où s’opposeraient des symboles mâles et femelles (A. Laming-
Emperaire, A. Leroi-Gourhan).
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