Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-12-29
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 décembre 1913 29 décembre 1913
Description : 1913/12/29 (A33,N11833). 1913/12/29 (A33,N11833).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638679k
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
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5 Centimes — EDITION DU MATIN
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32 PAGES — GRANDS CONCOURS
_ 5O Centimes
Paris, trois heures ïïiatin*
========== =======. ===== : areres s
M. RENÉ RENOULT A LURE
LURE — M. René Renoult, ministre de
lin erieur, a assisté hier au banquet de la
Fédération démocratique de l'arrondisse-
ment de Lure.
Dans son discours, le ministre s’est dé-
claré partisan d’une politique de clarté s’ap
puyant sur l'Union des gauches, par une
icuon commune de laïcité, de justice fiscale
st de généreuse solidarité qui constitue le
programme même du gouvernement ac-
suel.
MM MALVY ET LEBRUN A LYON
LYON. — M. Malvy, ministre du commerce
et de l’industrie, et M. Lebrun, ministre des
colonies, ont été reçus hier matin par la
Chambre de commerce de Lyon.
Un banqueta eu lieu à midi.
Au dessert, M. Malvy a dit que le but du
Gouvernement, en établissant un impôt sur
le revenu, est de veiller à la meilleure ré
partition des chat g< s publiques.
Le gouvernement, dit-il, aura le constant
souci de ne léser en rien les transactions, de
ne pas pénétrer le secret des affaires et de
ne pas porter atteinte à la force du crédit
français.
A l’issue du banquet MM. Malvy et Lebrun
te sont rendus sur le lieu où va s’ériger l'ex-
position coloniale.
M. Lebrun a procédé à la pose de la pre
mière pierre de cette exposition.
==--•====•
M.RAOUL PÉRET DANS LA VIENNE
Poitiers. — M. Raoul Peret,sous-secretaire
G'Etat a l’intérieur, s’est rendu hier dans la
Vienne, son departement, pour présider le
banquet qui lui était offert par le Conseil
municip il de la commune de Vandeuvre-de-
Poitou, dont il est maire.
LE RETOUR DE LA « JOCONDE B
Rome — Hier soir, à cinq neures la Jo-
vonae a éte emballée en présence de MM.
Ricci, Leprieur et Modiglioni, directeur des
Galeries de Milan.
Le tableau a été ensuite transporté à la
gare et placé dans un compartiment spé
cial où ont pris place MM. Leprieur et Modi-
glioni.
Le train est parti à 6 h. S pour Milan, où
le tableau sera expose.
Demain mardi, la Joconde sera remise à M.
Leprieur et aux agents de la sûreté fran
çaise à Modane.
AU CONGRÈS DES RADICAUX
DELA LOIRE
Saint-Etienne. — Le Congrès de a Federa-
tion radicale etradicale-socialiste de la Loire
s’est ouvert hier matin, sous la présidence
de M. Drivet, député.
Des rapports ont été lus repoussant toute
politique d’apaisement, critiquant la loi de
trois ans et réclamant l’établissement de
l'impôt sur le revenu.
M. Pauze faisant allusion à M. Briand, a
déploré que tous les républicains ne fussent
pas groupés.
M. Teisier, avocat, a critiqué le nouveau
comité de la rue d'Enghien dont, dit-il, l'éta-
blissement était prémédité avant le discours
de Saint-Étienne.
CHEZ LES AGENTS DES P. T. T.
Des réunions des agents des P.T.T. et des
agents des contributions indirectes ont eu
lieu hier, à Lille et à Dijon.
Des ordres du jour ont été votés réclamant
le remaniement des travaux de la Commis
sion d'avancement et demandant la réalisa
tion immédiate du relèvement des traite
ments.
• u K O ===
LES BANDITS DE PÉGOMAS
Cannes. — Hier soir, veis six heures, à
Panneron, dans le massif montagneux, à
six kilomètres de Pégomas, un cultivateur,
M.Astier, âgé de 57 ans, qui était à table
avec sa famille, a été tué d’un coup de feu
tiré à bout portant à travers les vitres d'une
fenêtre.
La cervelle de l’infortuné a jailli sur la
table.
Toutes les recherches pour retrouver l’as
sassin sont restées vaines.
Dans l’entourage de la victime, on semble
croire à une vengeance, mais la population
n’en manifeste pas moins une vive in
quiétude, ' "
ACCIDENT DANS LE
PORT DE MARSEILLE
MARSTTLLE. — Hier après-midi, vers une
heure, au moment où il levait l’ancre pour
aller à Alger, le paquebot Charles-Roux s’est
jeté sur Titalia auquel il a occasionné des
avaries à bâbord avant.
Une tartane qui se trouvait à proximité
de l'Italia a été également heurtée par le Char
te»- Roux qui a pu continuer son voyage pour
Alger.
===---==
ARRESTATION D'UN INCENDIAIRE
QUIMPER. — Le Parquet vient de faire arrê
ter le nommé Joseph Lebec, habitant Plo-
men, inculpé d’avoir le 25 courant, mis le
feu à la maison de son père, après avoir
soustrait une somme de trois mille francs
formant le montant des économies de ce
lui-ci.
UN ENFANT MORDU PARURE
PANTHÈRE DANS UNE MÉNAGERIE
Hier soir, à la ménagerie Chassereix ins
talles boulevard de Belleville, une jeune
panthère ayant réussi à se dégager de son
collier, s’est élancée dans la foule. Il n’y a
pas eu de panique, mais des spectateurs
ayant frappé l’animal,celui-ci rendu furieux,
bondit à la figure d’un enfant de dix ans, le
jeune Carlo, demeurant 25, passage de Mé-
nil montant et le mordit profondément.
L’enfant a été admis d’urgence à l'hôpital
Saint-Louis.
Gm= acteta m
PÉGOUDA PRAGUE
Prague. — Pégoud a exécute hier avec un
énorme succès, en présence d’une foule con-
sidérable ses vols habituels.
LES AFFAIRES DU MAROC
Gibraltar. — Le vapeur anglais Ludgate, a
été renfloué par un vapeur de sauvetage et a
pu gagner Gibraltar.
o====g=======
LA SITUATION EN ABYSSINIE
Rome. — La Tribitna publie une dépêche
d’Aduis Ababa disant qu’après la mort de
Menélik aucun trouble" ne se. produisit en
Abyssinie.
Le gouvernement est concentré entre les
mains du Ras Mikael, père de Lidj Jeasu.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Football Association
A Rouen, les champions de Haute-Norman
die battent les champions de Bisse-Norman-
dis par 10 à 2.
sesennansanre s a sazeaaeae mencranaanas zeaaa nnang
Nouvelles Politiques
La Réunion de la rue d’Enghien
Parmi les parlementaires qui ont assisté
vendredi soir à la réunion de la rue d’En-
ghien, citons MM. Jean Dupny, Biodin, Ra-
uer, Chéron, Henry Bérenger, Chastenet,
Guérin, Fenoux, Servan, Mariinie, Peyron-
ne*, Briand, Barihou, Erienne, Kloiz, Poté,
Bénazet, J. Reinach, Jean Morel, Lavoin e,
Boudot, Gauvin, Bory, Pierre Goujon, Th.
Reinach. Bouréiy, Thierry, Bignon, Denis,
Bussat, Honnorat, Lepine, de Monzie, Puech,
Pierre Dupuy, Frayssinet, Chaumet, Lacour,
Paul Dupuy, Leboucq, Landry, Delaroche-
Vernet, Jonnart, Sùgfried, Sibille, Doussaud,
Roch, J. Brunet, Fe-q, François Carnot,
Chailley, Parreau-Pradier, Noël, etc., etc.
= ----- ------- ■ n ---------- - nr
BULLETINMILITAIRE
Les Soldats mutinés
Ainsi qu’on l’a vu hier, le Conseil des mi-
nistres, sur la proposition du ministre de la
guerre, a décidé de gracier du restant de
leur peine un certain nombre de soldats con
damnés pour les manifestations consécutives
au maintien de la classe.
L'Humanité dit que sur dix-neuf soldats en
cours de peine, dix ont bénéficie de a clé
mence ministérielle. C’est ce que M. Nouions
a fait connaître à MM. Rouanet, Poulain et
Kaboul dans l’entrevue qu’il a eue avec eux
avant l’ouverture de la séance de la Cham
bre.
L’Humanité ajoute « qu’il ne serait pas im-
possible que de nouvelles mesures gracieu
ses intervinssent dans nn délai plus ou moins
rapproche. C’est du moins ce que le minis
tre a laissé entendre ».
L'instruction des recrues
dans la Marine
Il y a quelques années M. Deicassé, mi
nistre de la Marine, décidait la création,dans
les dépôts de la flotte, de compagnies de for
mation. On sait qu’en raison de la transfor
mation qui s’est opérée dans la marine,il est
nécessaire, pour avoir de bon 1 marins, aptes
à se servir des appareils perfectionnés que la
science a mis à la disposition de notre flotte
de guerre, de faire subir au préalable aux
équipages une période d’instruction militaire
dès leur arrivée dans les depôts.
Ces essais ont donné d’excellents résultats
et à ce sujet, le ministre de la Marine a
adressé au vice-amiral Perrin, prefet mariti
me, une dépêche dans laquelle il lui signale
que les rapports des commandants des diffe
rentes forces navales, et notamment des for
ces navales d’instruction, continuent à pro
clamer hautement les heureux résultats
obtenus, tant par le passage des candidats au
brevet supérieur, que pour celui des appren
tis nouvellement incorporés dans les compa
gnies de formation.
Le ministre de la Marine se plaît à recon
naître tout le mérite qui en revient aux offi
ciers et aux gradés instructeurs,et au mo
ment où leur zèle et leur dévouement vien
nent d’être particulièrement mis à l’épreuve
par l’arrivée successive de deux classes de
plus de 4.00 ho urnes, il leur adresse' l’ex-
* pression de sa plus vive reconnaissance.
LA
RivalitéPolitiqueet Economique
DES PUISSANCES
en Turquie d’Asie et en Perse
L — L’Allemagne et le Chemin de Fer de Bagdad
La malheureuse Turquie donne depuis
quelques années et surtout depuis sa ré
cente débâcle militaire le même spectacle
que la Chine au lendemain de la guerre
sino-japonaise : on dirait une ouverture de
succession. Le sultan vient de perdre, à
l’exception de quelques hectares, l’ensem
ble de son domaine européen. Son domaine
asiatique est convoité sans vergogne par un
cynique concert d'ambitions pressées. Tout
cela sent le démembrement ; et si le dé
membrement n’est pas encore vraisembla
blement prochain, il faut convenir que nous
sommes entrés en plein dans la politique
des sphères d’influence, qui pratiquement
peut en être considérée comme le prélude.
Je voudrais étudier les principales posi
tions prises jusqu’à ce jour, notamment en
matière de chemins de fer.
Pendant fort longtemps les grandes puis
sances se sont contentées, de faire, eu Tur
quie d’Asie, des chemins de fer d’intérêt
exclusivement commercial et financier.
Réunir les principaux ports de la côte avec
les principales villes voisines à l’intérieur,
afin de mieux vendre et de mieux acheter,
tel semble avoir été l’unique but de la
France et de l’Angleterre dans la construc
tion de leurs premières voies ferrées en
Asie Mineure : le Smyrne-Egherdir (an
glais), le Smyrne-Kassaba, le Mersina
Adana, le Beyrouth-Damas, le Jaffa-Jérusa
lem (français) répondent étroitement à
cette préoccupation strictement commer
ciale et financière, exclusive, dirait-on, de
tout plan politique d’ensemble.
Les Allemands, avec Guillaume IL ap
portèrent un programme et un esprit fort
différents. La préoccupation politique et la
préoccupation économique sont chez eux
absolument inséparables : le but de leurs
diplomates est de soutenir, de pousser leurs
commerçants ; mais le but de ces derniers
n’est pas seulement de gagner de l’argent,
ils prétendent en même temps instaurer,
partout où ils s’établissent, l’influence po
litique de leur pays. Quand ils commencè
rent, après 1888, la construction du chemin
de fer d'Anatolie vers Angora, surtout
quand ils entreprirent, après 1893, le fa
meux Bagdad bahn, on eut de suite et très
nettement l’impression d’une volonté de
mainmise. Il ne s’agissait plus, comme
précédemment, de tronçons de chemins de
fer isolés, mais d’une voie d’importance
mondiale, qui mettrait l’Europe centrale en
rapports directs avec le Golfe Persique.
Abdul Hamid, en fin politique, se prêtait
du reste à ce plan de ses amis allemands.
Les chemins de fer anglais et français,
strictement locaux, risquaient après tout de
seconder les tendances séparatistes de
l’Empire, en créant de petites régions éco
nomiquement autonomes et éventuellement
indépendantes de Constantinop e : une
Syrie autour de Beyrouth, une Ionie autour
de Smyrne. La création d'une voie ferrée
barrant en diagonale toute l’Asie Mineure
servirait au contraire l’unité turque en per
mettant l’envoi rapide de troupes jusqu’en
Mésopotamie. Le sultan favorisa donc
l’entreprise allemande, jugeant non sans
raison qu’il pourrait l’utiliser dans un but
stratégique. C’est du reste dans la même
pensée qu’il poursuivit, à partir de 1900,
la réalisation d’un chemin de fer stratégico
religieux, de Damas vers la Mecque.
D'accord avec la Turquie pour la cons
truction du Bagdad.les Allemands n’avaient
cependant pas devant eux le chemin abso
lument libre. Ils risquaient, à chaque tour
nant de la voie, de susciter des jalousies
diplomatiques ou de léser des intérêts ac
quis. Arrivés à Argora, leur premier plan
avait été de poursuivre leur tracé vers
l’Est, c'est-à-dire vers l’Arménie, pour
aborder la Mésopotamie par le Nord : mais
les Russes, peu soucieux du voisinage ger
manique dans leur zone d’influence, réussi
rent à imposer un veto. Arrêtés à l’Est, les
Allemands se détournèrent vers le Sud et
résolurent de se diriger vers Konia, le Tau-
rus, Alep, afin de gagner la Mésopotamie
par le Nord-Ouest. De ce côté, par exemple,
ils rencontraient les Français et les An
glais : le Smyrne-Kassaba, le Smyrne-
Egherdir, le Mersina-Adana ne pouvaient
manquer d’être gravement concurrencés
par la nouvelle ligne. Les Français protes
tèrent et obtinrent diverses compensations ;
les Anglais par contre, après avoir réclamé
assez mollement, finirent par laisser faire :
la rivalité anglo-française en Asie et en
Afrique les préoccupait à ce moment da
vantage que le péril germanique.
C’est dans ces conditions que fut défini
tivement accordée aux Allemands, en
1902-1903, la concession de la voie ferrée
Konia-Bagdad-Golfe Persique. Politique
ment, Berlin avait à peu près carte blan
che, mais les moyens financiers allemands
étaient insuffisants. On s’adressa à la finan
ce française, qui semblait disposée à mar
cher ; mais le gouvernement, alors repré
senté par M. Deicassé, exigea que la part
proportionnelle des capitaux français fût au
moins égale à la part de la nation la plus
favorisée. C’était l’internationalisation de
l’affaire. Après avoir hésité, l’Allemagne
refusa. La France avait cru, en réservant
son concours, pouvoir empêcher la réalisa
tion de l’entreprise. C'était malheureuse
ment une erreur. Les Allemands décidè
rent d’aller de l’avant, même seuls ; ils
trouvèrent tant bien que mal de l’argent,
et, comme il arrive trop souvent, l’épargne
française leur en fournit en sous main,sans
aucune condition d’influence effective dans
la construction et la gestion du réseau. Ac
tuellement la ligne est terminée jusqu’après
Alep, à l’exception des défilés du Taurus et
de l'Amanus. On estime que le rail attein
dra Bagdad vers 1917.
Ainsi, grâce à leur énergie, à leur téna
cité, à leur habileté, les Allemands ont
réussi à établir, en plein cœur de la Tur
quie d’Asie, une voie ferrée allemande. Par
eux, des régions jusqu’ici négligées vont
s’ouvrir et leur mise en valeur deviendra
possible. L’Allemagne va prétendre exercer
l’hégémonie économique non seulement en
Anatolie, mais en Mésopotamie ; Alexan-
drette sera son port méditerranéen ; de B ag-
dad enfin elle jette les yeux vers la Perse
voisine.
L’emprise allemande est donc impression
nante Peut-être cependant ne faut-il pas
s’en exagérer la portée. Les ingénieurs al
lemands qui construisent le Bagdad ne res
teront pas, et l'on dit du reste qu’ils ne lais
seront pas bon souvenir. Seront ils rempla
cés par des colonies d'immigrants allemands,
c’est peu probable : l’Asie Mineure se prête
mal à l'immigration européenne, et les co
lonies allemandes de Jaffa ou de Gaiffa sont
en somme restées des exemples limités. La
ligne du Bagdad servira certainement les
intérêts de l‘exportation germanique, mais
on croit généralement qu’elle sera surtout
ottomane. Dès aujourd’hui, la langue offi
cielle y est le français.
D’autre part « le monde est décidément
si petit », comme dit l’Américain d’Abel
Hermant, que l’Allemagne, se heurtant de
toutes parts à des positions déjà prises, à
des intérêts solidement affirmés, a dû finir
par négocier, avec les voisins qu’elle ren
contrait, la frontière de sa zone d’influence.
Très sagement, au lieu de trancher, elle a
« causé ». Une entente anglo-allemande
est ainsi intervenue à propos du Golfe Per
sique ; une entente russo-allemande, à pro-
pos de la Perse et de l’Arménie ; enfin nos
intérêts spéciaux en Syrie ont reçu ou vont
recevoir une garantie définitive. C’est ainsi
que l'équilibre des prétentions européen
nes en Turquie d’Asie tend assez rapide
ment à s’établir,
ANDRÉ Siegfried.
(A suivre)
oss=====sss=RRA
ETRANGERL
ALSACE-LORRAINE
Le Nouvel Incident de Saverne
Samedi soir, ainsi que nous Parons dit
hier en « Dernière H-ure », une dépêche pu-
bliée par Patence Wolf annonçait qu’un
actionnaire de garde dans la cour de la ca
serne du Châ eau, à Saverne, avait été vic
time d’un attentat. Cette nouvelle a Causé
au premier moment une émotion considé
rable non seulement à Saverne, mais encore
à Strasbourg et dans tout le pays.
La version officieuse ajoutait qu’un hom
me, qui avait pris la fuite ensuit-, avait tiré
à un faible distance deux coups de fusil
chargé à balle ou des coups de revolver sur
le factionnaire, et on apprit peu après qu’une
récompense de 690 marks était promise par
le directeur d’arrondissement de Saverne à
la personne qui ferait découvrir et arrêter
le coupable. On pouvait donc croire qu’il
s’agissait d’un attentat avec préméditation.
Mais bientôt on put se rendre compte que
‘incident «tait loin d’avoir la gravité que
lui attribuaient les premiers télégrammes.
Tout d’abord, le factionnaire, un cauoral
du 105» régiment saxon en garnison à Stras
bourg et faisant partie d’un détachement en
voyé à Saverne, ne paraît pas avoir vu l’in-
dividu qui a tiré les coups de feu. En raison
de l’obscurité—il était six heures un quart
du soir — il n’aurait pu le remarquer que si
son agresseur avait été tout près de lui.
Dans ce cas, le militaire, en vertu de la con
signe, aurait dû immédiatement faire usage
de son fusil. Plusieurs soldats affirment, il
est vrai, avoir ape çu la lumière qui accom-
pagna les détonations et ajoutent même
avoir entendu le ricochet a’uin projectile,
mais aucune balle n’a pu être retrouvée et
les recher lies faites dans la journée de sa
medi ont simplement permis d’établir que
quelques rameaux d’un arbre paraissent
avoir été arrachés à une assez grande hau
teur par une charge de piomb; mais iî
s’agit encore là d’une simple supposition.
On fait aussi remarquer que la sentinelle
était postée à l’intérieur de la cour de la ca
serne. Or celle-ci est sepirée du dehors par
un mur d’environ deux mètres de hauteur.
Dans ces conditions, un attentat est impro
bable.
Les autorités elles-mêmesinclinent à croire
qu’il ne peutêtreserieusement question d’un
attentat. Tout au plus peut-on admettre que
quelques jeunes énergumènes auront voulu
narguer le poste, soit en tirant quelques
coups de pistolet de poche, sit en faisant
détoner des pétards. On rappelle aussi que
dans les jours de fête il est fréquent qu’on
fasse détoner des pétards et qu on tire des
coups de feu.
L’incident, malgré tout, est regrettable, car
il peut donner lieu à de nouvelles suspicions
envers la population de Saverne. Celle ci n’a
aucuneraisonde se plaindre du détachement
du 1056 régiment d’infanterie, et à aucun
moment les habitants n’ont manifesté de
dispositions hostiles envers la troupe.
Quinze Savernois et le cordonnier Blank
seraient poursuivis
Les incidents de Saverne semblent appe
lés à susciter encore toute une série de pro-
cè* devant les tribunaux civils.
Nous avons annoncé que des poursuites
étaient intentées aux deux journaux qui ont
donné en premier Heu la nouvelle des outra
ges au draneau français par le lieutenant von
Forstner. 01 annonce maintenant que le
parquet a maintenu laccusationidu scandale
sur ta voie publique et de résistance a la
force armée contre quinze des personnes ar
rêtées dans la rue, le 26 novembre dernier,
par la troupe. Il paraît également que le
sune ouvrier cordonnier Bank, qui fut
blessé par le lieutenant von Forstner et dnt
l’absolue innocence a été reconnue par e
conseil de guerre, est l’objet d’une instruc-
lion judiciaire afin d’étab ir s’il s’est rendu
coupable de rébellion envers la force armee.
D’autre part, le rédacteur Kaestlé, qui avait
signe la protestation des reerves contre les
paroles du lieutenant von Forstner, serait
l’objet des poursuites pour excitation de sol
dat* à l’ndi-cipline. Le général von Deim-
ling avait même, paraît-il, requis une ins
truction contre le député-maire de Saverne,
mais le parquet l’écarta, ce magistrat ayant
été malade a la chambre au moment des in
cidents.
ALLEMAGNE
Mort d’une Princesse de Hohenzoilern
La princesse douairière Léopold de Hohen-
zoilern est décédée samedi, après une lon
gue et do loureuse maladie au château de
Sigmaringen.
La princesse douairière était née à Lisbon
ne le 18 février 1845. Infante Antoniade
Portugal, fille du roi Ferdinand, elle épousa,
en 1861, le prince Léopold de Hohenzoilern.
Le trots orinces issus de cette union sont :
le prince Guilaume de Hohenz oltern. chef
de sa branche non régnante ; le prince Fer
dinand, héritier du trône en Roumanie, et
le prince Charles.
BELGIQUE
Une Affaire scandaleuse
M. V... ayant publié une série d’articles
où il accusait les membres de la Co mmis
sion de la Bourse de recevoir des pots-de-vin
pour favoriser l’inscription de certain* ti res
à la cote de la B urse de Bruxelles. es onze
membres de la Commission de la Bourse ont
intenté un procès en dommages-nerèts et
réclamé chacun 10.000 francs.
La première Chambre du Tribunal Civil,
se ralliant à l’avis du ministère publie, a
estimé que les membres de la Commission
de la Bourse sont légalement investis d’un
service public qui pui-e le droit d’admettre
les titres à la cote dans un règlement com
munal édicté par la ville de Bruxelles, que
cela constitue un acte de leur fonction et
que, dès lors, ils agissent dans l’exercice de
leurs droits. Ainsi donc, il y a lieu d’admet
tre le défendeur à faire la preuve.
Eu conséquence, M. V... est admis à
prouver quatre des huit faits allégués dans
ses articies. Trois faits sont écartés parce
qu’ils se rapportent à des titres admis avant
l’entree en fonctions des membres actuels
de la Commission et l’autre fait est écarté
parce qu il est conçu en termes - vagues et
imprécis.
Lej gement ajoute qu’il n’y a pas lieu
de designer un expert pour examiner la
comptabilité des demandeurs. 11 des gne M.
Drion, vice-président, pour procéder aux en-
quêtes.
Les dépens sont réservés.
ITALIE T
Le Roi visite la « Joconde»
su Palais Farnèse
Hier matin, au palais Farnèse, le roi Vic
tor-Emmanuel et la reine Helène sont venus
à onze heures visiter la Joconde, suivis de
leurs aides de camp et dames d’honneur.
Les souverains italiens ont été reçus par
l’ambassadeur M. Brrère, M. A. B esnard,
directeur de l Academia de France ; M. Du-
chesne, directeor de l’Ecole d’histoire et
d’archeologie ; MM. Henry Marcel et Le-
pneus, directeur et conservateur des mu
sées nationaux, Mmes Birrère et Besnard.
Tout le personnel de l’ambassade de France
était présent.
Le roi et la reine sont restés devant la
conde, s'entretenant avec EM. Birrère, Bes
nard et les dames des diverses beautés du
célèbre tableau ils sont repartis, à 11 h. 25,
en automobi e.
C’est la première fois que le roi vient au
palais Farnèse, depuis la visite du president
Loubet en 1994. C’est la.première fois aussi,
et tout excepuonnellement, que le roi se
rend dans une ambassade hors le cas de vi
site du chef de l’État dont l’ambassade
dépend. .
Le Testament du Cardinal RampoHa
Tandis que certaines informations décla
rent que le testament du cardinal Rimpotla
se trouve déposé chez Me Capo, notaire, di
verses versions continuent à circuler sur le
sort de ce document C’est ainsi que certains
affirment que le testament se trouverait en-
fermé dans un meuble du Palazzino de
Sainte-Marthe qu’habitait le cardinal défunt.
On fait remarquer à ce sujet qu’aucune
opération judiciaire ne saurait ê re effectuée
dans cette résidence sans ‘assentiment du
Saint-Siège. Ei effet, le Palazzino de Siinte-
Marthe e t consideré comme faisant pirtie
des Etats du Saint-Siège, et, en venu de la
loi des garanties, l’Eut italien ne peut y
faire pénétrer ses représentants que si le
Vatican l’y autorise.
ETATS-UNIS
L'Epouvantable Tragédie de Calumet
Une dévêshe de New-York à l’Agence
Cenral News annonce :
Suivant les dernières dépêches reçues ici,
le nombre des victimes de la catastrophe de
Calumet s'élève à 72. La population minière
de l’endroit. atteinte par une douleur com
mune, a déjà oublié les problèmes qui la di
visent et ne songe plus qu’à son irréparable
malheur.
Jeudi après-midi, une grande réunion a eu
lieu, à laquelle ont pris part des gens de tou
tes classes et de toutes conditions et de ton
tes croyances. On y rech Tcha les moyens de
venir en aide le plus sûrement et le plus ra-
pid-ment aux familles éprouvées. Des som
mes considérables ont déjà été recueillies.
Elles permettront de faire face aux premiers
besoins.
On annonce, d’antre part, que les victimes
seront enterrées ensemble. Tous les mem
bres de la Fé tération minière de l’Ouest sui
vront le cortège.
On n’est pas encore parvenu à retrouver
la personne dont le geste criminel a causé
cette irréparable catastrophe. D’aucuns di
sent que le cri de : « Au feu ! » n’a jamais
été lancé. Alors, à quoi faut-il attribuer
cette panique soudaine, cette confu ion
étrange, où la foule, en proie au délire et
comme hallucinée par une vision de flam
mes, piétinait sans merci, pour gagner les
issues, le corp: des ternîmes et des petits on-
fanis?
. Quel fond peut-on faire sur les déclara-
nous contradictoire' des servi t-, dont
bon nombre ont perdu la raison ? Espérons
tout de même que la lumiere se fera un jour
sur cette douloureuse ques ion, et que en-
quête qui va s’ouvrir sans doute sous peu
n’aura pas été vaine.
ROUMANIE
Une Affaire de Contrebande de Monnaies
Le parquet de Craïova vient de decuvrie
une affaire extraordinaire de contrebande
de monnaies d’or autrichiennes, dont l’im-
portation a été interdite par la loi de 1906.
Ces pièce* d’or, dont la valeur est de 45
francs, étaient vendues aux paysans pour
er faire des colliers. V n e les pay
sans ne connaissaient valeur des
monnaies étrangère:, les contreb.ndiers
leur prenaient par pièce des sommes variant
entre 65 et 75 francs. De plus, ces pièces
étaient percees d'avance, ce qui réduisait en
core leur valeur.
Ces spéculateurs affirmaient aux paysans
que l’effigie représente sur ces piec-sserait
celle du roi Carol, al, qu’en réalité c’est
celle de l’empereur François Jo eph.
Les autorités ont fait faire une descente
de justice chez Certains banquiers ne
Cr»loa, où l’on a découvert pour 20.006
francs de ces pièces. Ces monnaies ont ete
confisquées et les exploiteurs ont été ar
rêtés.
— ------- - ------ -----------------
INFORMATIONS
M. Etienne au Collège d’Athlètes
M Etienne, ancien mini-tre de la guerre,
accompagne de MM. de Montebello, prési-
déni, et Gallois, vice-présdent de la Com-
mis ion de l’armée, Goujon, Seydoux, dépu
tés, membres de la Con miss on de T‘arm-e,
est arrivé hier matin, à 11 heures, au Go -
lège d’Aih etes de Reims, où il fut reçu par
M. le marquis de Polignac.
Les enfants des Hospices, garçons et filles,
puis les élèves du Collège d’Athietes, execu-
tèrent divers exercices da gymnastique qui
intéresserent vivement les membres de la
Commission de l’armee.
A midi, M Euenne et les personnalités
qui l’accompagnaient quittèrent le Collège
d’Athlètes.
Les Obsèques de
M. Jules Claretie
Nous avons brièvement relaie hier l cé-
remonie des obsèques de M Jules Clarerie,
au cours de laquelle des discours furent pro-
nonces par MM. René Viviani, ministre de
l’i struction publique, au nom du Goover-
nement ; Frédéric Masson, au nom dp l’Aca-
demie française ; Mounet-Sul y, au nom de
la Gomedi -Française ; Georges Lecomte, an
nom de la Société des Gens de Lettre- ; Ro
bert de Fiers, au nom de la Sociéte des Au
teurs et Compositeurs dramatiques ; Adol
phe Brisson, au nom de la critiqne drama-
tibue ; Albert Carré, au nom de l’A socition
des Artistes dramatiques, et Paul Strauss, au
nom de la presse républicaine.
M. Mounet-Saly, doyen des sociélair s, a
adressé le suprême adieu au nom de la Co
médie Fraçaise :
Je voudrais seulement témoigner Ici de l’honne-
télé de sa vie et de la droiure de son cœur Oa
vous a dit pourquoi M. Jules Giaretie élull digne
d’admiration et de respect ; je voudrais pouvoir
vous dire, comme je le sens, à quel point il m-ri-
tait l’estime et l’sffection de ceux qui vivaient
près de lui Ce n’est pas assez dire qu il inspi
rait, il forçait la sympathie. Irrésistiblement, on se
sentait g gné parie charme de sa bienveillance, à
la fois brusque et timide. ..
M. Mounet-Sully rappelle que jamais M.
Claretie ne se sentit atteint par le* offenses
de ceux qui l’insultaient ; il pouvait se dire
et se croire heureux.
E 1 pourtant, il avait besoin de se savoir, de sa
sentir aimé, encouragé, soutenu par des tendresses
affirmées. Il avait soif de confiance et d’abandon.
Le doyen rapporte une conversation qu’il
eut avec l’administrateur de la maison da
Molière à propos de sa démission, et où il
conseillait à l’ecrivai de te reposer complè
tement six mois avant d’entreprendre une
nouvelle iâche. Et M. Giaretie répondit :
« Je ne pourrai jamais j’ai besoin de travailler
pour m’affirmer a moi-même que j’existe. Si je
cess is mon labeur quotidien, il me semblerait
que je suis mort. Je ne pourrai jamais me crois, f
les bras t
M. Mounet-Sully a rappelé la bienveillance
proverbiale de M. Claretie, réf té les accusa-
lions d’indifférence de ceux qui ne le cos-
n tissaient pas ou le connaissaient mal ; puis
if a conclu :
il est mort sur le seuil de cotte Maison qu’il al-
lait quitter, il est mort à son poste, fiitèle jusqu’au
dernier moment au cuite qu’il lui avail voue.
Il a eté vaincu par la vie, par l’effort, par la
lutte. Et toules les rancunes, fouies les revendica
trons, tous les instincts de combat, tout cela
s’écroule, s’éteint. to 't. se dissipe en vapeur de
rêve, ne lai-sant debout dans nos mémoires que
l’image de l’homme qui a présidé à quelques unes
des années les plus prospères de notre chere
Maison.
M. Albert Carré a apporté l’expression
émue des sentiments de reconnais ance de
l’Association des artistes dramatiques, à
laquelle M. Claretie, comme admiistrateur
général de la Comedie Française, a mani
f-sté, en tontes o cisions, son attachement
et prodigué sans compter les marques de sa
bonté.
Nous garderons pieusement sa mémoire et ré
serverons 8 son n m la place lumineuse qui lui
est due sur le tableau de nos bienfaiteurs.
Parmi l’amoncel ement des couronnes et des
lauriers d’or dédiés à Técrivain, à ‘administrateur,
à l'ardent patriote, je glisse le bouquet fait des
modestes fleurs qui conviennent à l’homme ce
bien et je le pousse tout auprès de son coeur.
M. Albert Carré a terminé en disant que
l’âme de Jules Claretie s’assoupit dans une
paix souriante, ayant g- ûté ce qui lui sem
ble être la récompense suprême dune si
belle vie, le sentiment intime de tout le de
voir accompli.
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M. RENÉ RENOULT A LURE
LURE — M. René Renoult, ministre de
lin erieur, a assisté hier au banquet de la
Fédération démocratique de l'arrondisse-
ment de Lure.
Dans son discours, le ministre s’est dé-
claré partisan d’une politique de clarté s’ap
puyant sur l'Union des gauches, par une
icuon commune de laïcité, de justice fiscale
st de généreuse solidarité qui constitue le
programme même du gouvernement ac-
suel.
MM MALVY ET LEBRUN A LYON
LYON. — M. Malvy, ministre du commerce
et de l’industrie, et M. Lebrun, ministre des
colonies, ont été reçus hier matin par la
Chambre de commerce de Lyon.
Un banqueta eu lieu à midi.
Au dessert, M. Malvy a dit que le but du
Gouvernement, en établissant un impôt sur
le revenu, est de veiller à la meilleure ré
partition des chat g< s publiques.
Le gouvernement, dit-il, aura le constant
souci de ne léser en rien les transactions, de
ne pas pénétrer le secret des affaires et de
ne pas porter atteinte à la force du crédit
français.
A l’issue du banquet MM. Malvy et Lebrun
te sont rendus sur le lieu où va s’ériger l'ex-
position coloniale.
M. Lebrun a procédé à la pose de la pre
mière pierre de cette exposition.
==--•====•
M.RAOUL PÉRET DANS LA VIENNE
Poitiers. — M. Raoul Peret,sous-secretaire
G'Etat a l’intérieur, s’est rendu hier dans la
Vienne, son departement, pour présider le
banquet qui lui était offert par le Conseil
municip il de la commune de Vandeuvre-de-
Poitou, dont il est maire.
LE RETOUR DE LA « JOCONDE B
Rome — Hier soir, à cinq neures la Jo-
vonae a éte emballée en présence de MM.
Ricci, Leprieur et Modiglioni, directeur des
Galeries de Milan.
Le tableau a été ensuite transporté à la
gare et placé dans un compartiment spé
cial où ont pris place MM. Leprieur et Modi-
glioni.
Le train est parti à 6 h. S pour Milan, où
le tableau sera expose.
Demain mardi, la Joconde sera remise à M.
Leprieur et aux agents de la sûreté fran
çaise à Modane.
AU CONGRÈS DES RADICAUX
DELA LOIRE
Saint-Etienne. — Le Congrès de a Federa-
tion radicale etradicale-socialiste de la Loire
s’est ouvert hier matin, sous la présidence
de M. Drivet, député.
Des rapports ont été lus repoussant toute
politique d’apaisement, critiquant la loi de
trois ans et réclamant l’établissement de
l'impôt sur le revenu.
M. Pauze faisant allusion à M. Briand, a
déploré que tous les républicains ne fussent
pas groupés.
M. Teisier, avocat, a critiqué le nouveau
comité de la rue d'Enghien dont, dit-il, l'éta-
blissement était prémédité avant le discours
de Saint-Étienne.
CHEZ LES AGENTS DES P. T. T.
Des réunions des agents des P.T.T. et des
agents des contributions indirectes ont eu
lieu hier, à Lille et à Dijon.
Des ordres du jour ont été votés réclamant
le remaniement des travaux de la Commis
sion d'avancement et demandant la réalisa
tion immédiate du relèvement des traite
ments.
• u K O ===
LES BANDITS DE PÉGOMAS
Cannes. — Hier soir, veis six heures, à
Panneron, dans le massif montagneux, à
six kilomètres de Pégomas, un cultivateur,
M.Astier, âgé de 57 ans, qui était à table
avec sa famille, a été tué d’un coup de feu
tiré à bout portant à travers les vitres d'une
fenêtre.
La cervelle de l’infortuné a jailli sur la
table.
Toutes les recherches pour retrouver l’as
sassin sont restées vaines.
Dans l’entourage de la victime, on semble
croire à une vengeance, mais la population
n’en manifeste pas moins une vive in
quiétude, ' "
ACCIDENT DANS LE
PORT DE MARSEILLE
MARSTTLLE. — Hier après-midi, vers une
heure, au moment où il levait l’ancre pour
aller à Alger, le paquebot Charles-Roux s’est
jeté sur Titalia auquel il a occasionné des
avaries à bâbord avant.
Une tartane qui se trouvait à proximité
de l'Italia a été également heurtée par le Char
te»- Roux qui a pu continuer son voyage pour
Alger.
===---==
ARRESTATION D'UN INCENDIAIRE
QUIMPER. — Le Parquet vient de faire arrê
ter le nommé Joseph Lebec, habitant Plo-
men, inculpé d’avoir le 25 courant, mis le
feu à la maison de son père, après avoir
soustrait une somme de trois mille francs
formant le montant des économies de ce
lui-ci.
UN ENFANT MORDU PARURE
PANTHÈRE DANS UNE MÉNAGERIE
Hier soir, à la ménagerie Chassereix ins
talles boulevard de Belleville, une jeune
panthère ayant réussi à se dégager de son
collier, s’est élancée dans la foule. Il n’y a
pas eu de panique, mais des spectateurs
ayant frappé l’animal,celui-ci rendu furieux,
bondit à la figure d’un enfant de dix ans, le
jeune Carlo, demeurant 25, passage de Mé-
nil montant et le mordit profondément.
L’enfant a été admis d’urgence à l'hôpital
Saint-Louis.
Gm= acteta m
PÉGOUDA PRAGUE
Prague. — Pégoud a exécute hier avec un
énorme succès, en présence d’une foule con-
sidérable ses vols habituels.
LES AFFAIRES DU MAROC
Gibraltar. — Le vapeur anglais Ludgate, a
été renfloué par un vapeur de sauvetage et a
pu gagner Gibraltar.
o====g=======
LA SITUATION EN ABYSSINIE
Rome. — La Tribitna publie une dépêche
d’Aduis Ababa disant qu’après la mort de
Menélik aucun trouble" ne se. produisit en
Abyssinie.
Le gouvernement est concentré entre les
mains du Ras Mikael, père de Lidj Jeasu.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Football Association
A Rouen, les champions de Haute-Norman
die battent les champions de Bisse-Norman-
dis par 10 à 2.
sesennansanre s a sazeaaeae mencranaanas zeaaa nnang
Nouvelles Politiques
La Réunion de la rue d’Enghien
Parmi les parlementaires qui ont assisté
vendredi soir à la réunion de la rue d’En-
ghien, citons MM. Jean Dupny, Biodin, Ra-
uer, Chéron, Henry Bérenger, Chastenet,
Guérin, Fenoux, Servan, Mariinie, Peyron-
ne*, Briand, Barihou, Erienne, Kloiz, Poté,
Bénazet, J. Reinach, Jean Morel, Lavoin e,
Boudot, Gauvin, Bory, Pierre Goujon, Th.
Reinach. Bouréiy, Thierry, Bignon, Denis,
Bussat, Honnorat, Lepine, de Monzie, Puech,
Pierre Dupuy, Frayssinet, Chaumet, Lacour,
Paul Dupuy, Leboucq, Landry, Delaroche-
Vernet, Jonnart, Sùgfried, Sibille, Doussaud,
Roch, J. Brunet, Fe-q, François Carnot,
Chailley, Parreau-Pradier, Noël, etc., etc.
= ----- ------- ■ n ---------- - nr
BULLETINMILITAIRE
Les Soldats mutinés
Ainsi qu’on l’a vu hier, le Conseil des mi-
nistres, sur la proposition du ministre de la
guerre, a décidé de gracier du restant de
leur peine un certain nombre de soldats con
damnés pour les manifestations consécutives
au maintien de la classe.
L'Humanité dit que sur dix-neuf soldats en
cours de peine, dix ont bénéficie de a clé
mence ministérielle. C’est ce que M. Nouions
a fait connaître à MM. Rouanet, Poulain et
Kaboul dans l’entrevue qu’il a eue avec eux
avant l’ouverture de la séance de la Cham
bre.
L’Humanité ajoute « qu’il ne serait pas im-
possible que de nouvelles mesures gracieu
ses intervinssent dans nn délai plus ou moins
rapproche. C’est du moins ce que le minis
tre a laissé entendre ».
L'instruction des recrues
dans la Marine
Il y a quelques années M. Deicassé, mi
nistre de la Marine, décidait la création,dans
les dépôts de la flotte, de compagnies de for
mation. On sait qu’en raison de la transfor
mation qui s’est opérée dans la marine,il est
nécessaire, pour avoir de bon 1 marins, aptes
à se servir des appareils perfectionnés que la
science a mis à la disposition de notre flotte
de guerre, de faire subir au préalable aux
équipages une période d’instruction militaire
dès leur arrivée dans les depôts.
Ces essais ont donné d’excellents résultats
et à ce sujet, le ministre de la Marine a
adressé au vice-amiral Perrin, prefet mariti
me, une dépêche dans laquelle il lui signale
que les rapports des commandants des diffe
rentes forces navales, et notamment des for
ces navales d’instruction, continuent à pro
clamer hautement les heureux résultats
obtenus, tant par le passage des candidats au
brevet supérieur, que pour celui des appren
tis nouvellement incorporés dans les compa
gnies de formation.
Le ministre de la Marine se plaît à recon
naître tout le mérite qui en revient aux offi
ciers et aux gradés instructeurs,et au mo
ment où leur zèle et leur dévouement vien
nent d’être particulièrement mis à l’épreuve
par l’arrivée successive de deux classes de
plus de 4.00 ho urnes, il leur adresse' l’ex-
* pression de sa plus vive reconnaissance.
LA
RivalitéPolitiqueet Economique
DES PUISSANCES
en Turquie d’Asie et en Perse
L — L’Allemagne et le Chemin de Fer de Bagdad
La malheureuse Turquie donne depuis
quelques années et surtout depuis sa ré
cente débâcle militaire le même spectacle
que la Chine au lendemain de la guerre
sino-japonaise : on dirait une ouverture de
succession. Le sultan vient de perdre, à
l’exception de quelques hectares, l’ensem
ble de son domaine européen. Son domaine
asiatique est convoité sans vergogne par un
cynique concert d'ambitions pressées. Tout
cela sent le démembrement ; et si le dé
membrement n’est pas encore vraisembla
blement prochain, il faut convenir que nous
sommes entrés en plein dans la politique
des sphères d’influence, qui pratiquement
peut en être considérée comme le prélude.
Je voudrais étudier les principales posi
tions prises jusqu’à ce jour, notamment en
matière de chemins de fer.
Pendant fort longtemps les grandes puis
sances se sont contentées, de faire, eu Tur
quie d’Asie, des chemins de fer d’intérêt
exclusivement commercial et financier.
Réunir les principaux ports de la côte avec
les principales villes voisines à l’intérieur,
afin de mieux vendre et de mieux acheter,
tel semble avoir été l’unique but de la
France et de l’Angleterre dans la construc
tion de leurs premières voies ferrées en
Asie Mineure : le Smyrne-Egherdir (an
glais), le Smyrne-Kassaba, le Mersina
Adana, le Beyrouth-Damas, le Jaffa-Jérusa
lem (français) répondent étroitement à
cette préoccupation strictement commer
ciale et financière, exclusive, dirait-on, de
tout plan politique d’ensemble.
Les Allemands, avec Guillaume IL ap
portèrent un programme et un esprit fort
différents. La préoccupation politique et la
préoccupation économique sont chez eux
absolument inséparables : le but de leurs
diplomates est de soutenir, de pousser leurs
commerçants ; mais le but de ces derniers
n’est pas seulement de gagner de l’argent,
ils prétendent en même temps instaurer,
partout où ils s’établissent, l’influence po
litique de leur pays. Quand ils commencè
rent, après 1888, la construction du chemin
de fer d'Anatolie vers Angora, surtout
quand ils entreprirent, après 1893, le fa
meux Bagdad bahn, on eut de suite et très
nettement l’impression d’une volonté de
mainmise. Il ne s’agissait plus, comme
précédemment, de tronçons de chemins de
fer isolés, mais d’une voie d’importance
mondiale, qui mettrait l’Europe centrale en
rapports directs avec le Golfe Persique.
Abdul Hamid, en fin politique, se prêtait
du reste à ce plan de ses amis allemands.
Les chemins de fer anglais et français,
strictement locaux, risquaient après tout de
seconder les tendances séparatistes de
l’Empire, en créant de petites régions éco
nomiquement autonomes et éventuellement
indépendantes de Constantinop e : une
Syrie autour de Beyrouth, une Ionie autour
de Smyrne. La création d'une voie ferrée
barrant en diagonale toute l’Asie Mineure
servirait au contraire l’unité turque en per
mettant l’envoi rapide de troupes jusqu’en
Mésopotamie. Le sultan favorisa donc
l’entreprise allemande, jugeant non sans
raison qu’il pourrait l’utiliser dans un but
stratégique. C’est du reste dans la même
pensée qu’il poursuivit, à partir de 1900,
la réalisation d’un chemin de fer stratégico
religieux, de Damas vers la Mecque.
D'accord avec la Turquie pour la cons
truction du Bagdad.les Allemands n’avaient
cependant pas devant eux le chemin abso
lument libre. Ils risquaient, à chaque tour
nant de la voie, de susciter des jalousies
diplomatiques ou de léser des intérêts ac
quis. Arrivés à Argora, leur premier plan
avait été de poursuivre leur tracé vers
l’Est, c'est-à-dire vers l’Arménie, pour
aborder la Mésopotamie par le Nord : mais
les Russes, peu soucieux du voisinage ger
manique dans leur zone d’influence, réussi
rent à imposer un veto. Arrêtés à l’Est, les
Allemands se détournèrent vers le Sud et
résolurent de se diriger vers Konia, le Tau-
rus, Alep, afin de gagner la Mésopotamie
par le Nord-Ouest. De ce côté, par exemple,
ils rencontraient les Français et les An
glais : le Smyrne-Kassaba, le Smyrne-
Egherdir, le Mersina-Adana ne pouvaient
manquer d’être gravement concurrencés
par la nouvelle ligne. Les Français protes
tèrent et obtinrent diverses compensations ;
les Anglais par contre, après avoir réclamé
assez mollement, finirent par laisser faire :
la rivalité anglo-française en Asie et en
Afrique les préoccupait à ce moment da
vantage que le péril germanique.
C’est dans ces conditions que fut défini
tivement accordée aux Allemands, en
1902-1903, la concession de la voie ferrée
Konia-Bagdad-Golfe Persique. Politique
ment, Berlin avait à peu près carte blan
che, mais les moyens financiers allemands
étaient insuffisants. On s’adressa à la finan
ce française, qui semblait disposée à mar
cher ; mais le gouvernement, alors repré
senté par M. Deicassé, exigea que la part
proportionnelle des capitaux français fût au
moins égale à la part de la nation la plus
favorisée. C’était l’internationalisation de
l’affaire. Après avoir hésité, l’Allemagne
refusa. La France avait cru, en réservant
son concours, pouvoir empêcher la réalisa
tion de l’entreprise. C'était malheureuse
ment une erreur. Les Allemands décidè
rent d’aller de l’avant, même seuls ; ils
trouvèrent tant bien que mal de l’argent,
et, comme il arrive trop souvent, l’épargne
française leur en fournit en sous main,sans
aucune condition d’influence effective dans
la construction et la gestion du réseau. Ac
tuellement la ligne est terminée jusqu’après
Alep, à l’exception des défilés du Taurus et
de l'Amanus. On estime que le rail attein
dra Bagdad vers 1917.
Ainsi, grâce à leur énergie, à leur téna
cité, à leur habileté, les Allemands ont
réussi à établir, en plein cœur de la Tur
quie d’Asie, une voie ferrée allemande. Par
eux, des régions jusqu’ici négligées vont
s’ouvrir et leur mise en valeur deviendra
possible. L’Allemagne va prétendre exercer
l’hégémonie économique non seulement en
Anatolie, mais en Mésopotamie ; Alexan-
drette sera son port méditerranéen ; de B ag-
dad enfin elle jette les yeux vers la Perse
voisine.
L’emprise allemande est donc impression
nante Peut-être cependant ne faut-il pas
s’en exagérer la portée. Les ingénieurs al
lemands qui construisent le Bagdad ne res
teront pas, et l'on dit du reste qu’ils ne lais
seront pas bon souvenir. Seront ils rempla
cés par des colonies d'immigrants allemands,
c’est peu probable : l’Asie Mineure se prête
mal à l'immigration européenne, et les co
lonies allemandes de Jaffa ou de Gaiffa sont
en somme restées des exemples limités. La
ligne du Bagdad servira certainement les
intérêts de l‘exportation germanique, mais
on croit généralement qu’elle sera surtout
ottomane. Dès aujourd’hui, la langue offi
cielle y est le français.
D’autre part « le monde est décidément
si petit », comme dit l’Américain d’Abel
Hermant, que l’Allemagne, se heurtant de
toutes parts à des positions déjà prises, à
des intérêts solidement affirmés, a dû finir
par négocier, avec les voisins qu’elle ren
contrait, la frontière de sa zone d’influence.
Très sagement, au lieu de trancher, elle a
« causé ». Une entente anglo-allemande
est ainsi intervenue à propos du Golfe Per
sique ; une entente russo-allemande, à pro-
pos de la Perse et de l’Arménie ; enfin nos
intérêts spéciaux en Syrie ont reçu ou vont
recevoir une garantie définitive. C’est ainsi
que l'équilibre des prétentions européen
nes en Turquie d’Asie tend assez rapide
ment à s’établir,
ANDRÉ Siegfried.
(A suivre)
oss=====sss=RRA
ETRANGERL
ALSACE-LORRAINE
Le Nouvel Incident de Saverne
Samedi soir, ainsi que nous Parons dit
hier en « Dernière H-ure », une dépêche pu-
bliée par Patence Wolf annonçait qu’un
actionnaire de garde dans la cour de la ca
serne du Châ eau, à Saverne, avait été vic
time d’un attentat. Cette nouvelle a Causé
au premier moment une émotion considé
rable non seulement à Saverne, mais encore
à Strasbourg et dans tout le pays.
La version officieuse ajoutait qu’un hom
me, qui avait pris la fuite ensuit-, avait tiré
à un faible distance deux coups de fusil
chargé à balle ou des coups de revolver sur
le factionnaire, et on apprit peu après qu’une
récompense de 690 marks était promise par
le directeur d’arrondissement de Saverne à
la personne qui ferait découvrir et arrêter
le coupable. On pouvait donc croire qu’il
s’agissait d’un attentat avec préméditation.
Mais bientôt on put se rendre compte que
‘incident «tait loin d’avoir la gravité que
lui attribuaient les premiers télégrammes.
Tout d’abord, le factionnaire, un cauoral
du 105» régiment saxon en garnison à Stras
bourg et faisant partie d’un détachement en
voyé à Saverne, ne paraît pas avoir vu l’in-
dividu qui a tiré les coups de feu. En raison
de l’obscurité—il était six heures un quart
du soir — il n’aurait pu le remarquer que si
son agresseur avait été tout près de lui.
Dans ce cas, le militaire, en vertu de la con
signe, aurait dû immédiatement faire usage
de son fusil. Plusieurs soldats affirment, il
est vrai, avoir ape çu la lumière qui accom-
pagna les détonations et ajoutent même
avoir entendu le ricochet a’uin projectile,
mais aucune balle n’a pu être retrouvée et
les recher lies faites dans la journée de sa
medi ont simplement permis d’établir que
quelques rameaux d’un arbre paraissent
avoir été arrachés à une assez grande hau
teur par une charge de piomb; mais iî
s’agit encore là d’une simple supposition.
On fait aussi remarquer que la sentinelle
était postée à l’intérieur de la cour de la ca
serne. Or celle-ci est sepirée du dehors par
un mur d’environ deux mètres de hauteur.
Dans ces conditions, un attentat est impro
bable.
Les autorités elles-mêmesinclinent à croire
qu’il ne peutêtreserieusement question d’un
attentat. Tout au plus peut-on admettre que
quelques jeunes énergumènes auront voulu
narguer le poste, soit en tirant quelques
coups de pistolet de poche, sit en faisant
détoner des pétards. On rappelle aussi que
dans les jours de fête il est fréquent qu’on
fasse détoner des pétards et qu on tire des
coups de feu.
L’incident, malgré tout, est regrettable, car
il peut donner lieu à de nouvelles suspicions
envers la population de Saverne. Celle ci n’a
aucuneraisonde se plaindre du détachement
du 1056 régiment d’infanterie, et à aucun
moment les habitants n’ont manifesté de
dispositions hostiles envers la troupe.
Quinze Savernois et le cordonnier Blank
seraient poursuivis
Les incidents de Saverne semblent appe
lés à susciter encore toute une série de pro-
cè* devant les tribunaux civils.
Nous avons annoncé que des poursuites
étaient intentées aux deux journaux qui ont
donné en premier Heu la nouvelle des outra
ges au draneau français par le lieutenant von
Forstner. 01 annonce maintenant que le
parquet a maintenu laccusationidu scandale
sur ta voie publique et de résistance a la
force armée contre quinze des personnes ar
rêtées dans la rue, le 26 novembre dernier,
par la troupe. Il paraît également que le
sune ouvrier cordonnier Bank, qui fut
blessé par le lieutenant von Forstner et dnt
l’absolue innocence a été reconnue par e
conseil de guerre, est l’objet d’une instruc-
lion judiciaire afin d’étab ir s’il s’est rendu
coupable de rébellion envers la force armee.
D’autre part, le rédacteur Kaestlé, qui avait
signe la protestation des reerves contre les
paroles du lieutenant von Forstner, serait
l’objet des poursuites pour excitation de sol
dat* à l’ndi-cipline. Le général von Deim-
ling avait même, paraît-il, requis une ins
truction contre le député-maire de Saverne,
mais le parquet l’écarta, ce magistrat ayant
été malade a la chambre au moment des in
cidents.
ALLEMAGNE
Mort d’une Princesse de Hohenzoilern
La princesse douairière Léopold de Hohen-
zoilern est décédée samedi, après une lon
gue et do loureuse maladie au château de
Sigmaringen.
La princesse douairière était née à Lisbon
ne le 18 février 1845. Infante Antoniade
Portugal, fille du roi Ferdinand, elle épousa,
en 1861, le prince Léopold de Hohenzoilern.
Le trots orinces issus de cette union sont :
le prince Guilaume de Hohenz oltern. chef
de sa branche non régnante ; le prince Fer
dinand, héritier du trône en Roumanie, et
le prince Charles.
BELGIQUE
Une Affaire scandaleuse
M. V... ayant publié une série d’articles
où il accusait les membres de la Co mmis
sion de la Bourse de recevoir des pots-de-vin
pour favoriser l’inscription de certain* ti res
à la cote de la B urse de Bruxelles. es onze
membres de la Commission de la Bourse ont
intenté un procès en dommages-nerèts et
réclamé chacun 10.000 francs.
La première Chambre du Tribunal Civil,
se ralliant à l’avis du ministère publie, a
estimé que les membres de la Commission
de la Bourse sont légalement investis d’un
service public qui pui-e le droit d’admettre
les titres à la cote dans un règlement com
munal édicté par la ville de Bruxelles, que
cela constitue un acte de leur fonction et
que, dès lors, ils agissent dans l’exercice de
leurs droits. Ainsi donc, il y a lieu d’admet
tre le défendeur à faire la preuve.
Eu conséquence, M. V... est admis à
prouver quatre des huit faits allégués dans
ses articies. Trois faits sont écartés parce
qu’ils se rapportent à des titres admis avant
l’entree en fonctions des membres actuels
de la Commission et l’autre fait est écarté
parce qu il est conçu en termes - vagues et
imprécis.
Lej gement ajoute qu’il n’y a pas lieu
de designer un expert pour examiner la
comptabilité des demandeurs. 11 des gne M.
Drion, vice-président, pour procéder aux en-
quêtes.
Les dépens sont réservés.
ITALIE T
Le Roi visite la « Joconde»
su Palais Farnèse
Hier matin, au palais Farnèse, le roi Vic
tor-Emmanuel et la reine Helène sont venus
à onze heures visiter la Joconde, suivis de
leurs aides de camp et dames d’honneur.
Les souverains italiens ont été reçus par
l’ambassadeur M. Brrère, M. A. B esnard,
directeur de l Academia de France ; M. Du-
chesne, directeor de l’Ecole d’histoire et
d’archeologie ; MM. Henry Marcel et Le-
pneus, directeur et conservateur des mu
sées nationaux, Mmes Birrère et Besnard.
Tout le personnel de l’ambassade de France
était présent.
Le roi et la reine sont restés devant la
conde, s'entretenant avec EM. Birrère, Bes
nard et les dames des diverses beautés du
célèbre tableau ils sont repartis, à 11 h. 25,
en automobi e.
C’est la première fois que le roi vient au
palais Farnèse, depuis la visite du president
Loubet en 1994. C’est la.première fois aussi,
et tout excepuonnellement, que le roi se
rend dans une ambassade hors le cas de vi
site du chef de l’État dont l’ambassade
dépend. .
Le Testament du Cardinal RampoHa
Tandis que certaines informations décla
rent que le testament du cardinal Rimpotla
se trouve déposé chez Me Capo, notaire, di
verses versions continuent à circuler sur le
sort de ce document C’est ainsi que certains
affirment que le testament se trouverait en-
fermé dans un meuble du Palazzino de
Sainte-Marthe qu’habitait le cardinal défunt.
On fait remarquer à ce sujet qu’aucune
opération judiciaire ne saurait ê re effectuée
dans cette résidence sans ‘assentiment du
Saint-Siège. Ei effet, le Palazzino de Siinte-
Marthe e t consideré comme faisant pirtie
des Etats du Saint-Siège, et, en venu de la
loi des garanties, l’Eut italien ne peut y
faire pénétrer ses représentants que si le
Vatican l’y autorise.
ETATS-UNIS
L'Epouvantable Tragédie de Calumet
Une dévêshe de New-York à l’Agence
Cenral News annonce :
Suivant les dernières dépêches reçues ici,
le nombre des victimes de la catastrophe de
Calumet s'élève à 72. La population minière
de l’endroit. atteinte par une douleur com
mune, a déjà oublié les problèmes qui la di
visent et ne songe plus qu’à son irréparable
malheur.
Jeudi après-midi, une grande réunion a eu
lieu, à laquelle ont pris part des gens de tou
tes classes et de toutes conditions et de ton
tes croyances. On y rech Tcha les moyens de
venir en aide le plus sûrement et le plus ra-
pid-ment aux familles éprouvées. Des som
mes considérables ont déjà été recueillies.
Elles permettront de faire face aux premiers
besoins.
On annonce, d’antre part, que les victimes
seront enterrées ensemble. Tous les mem
bres de la Fé tération minière de l’Ouest sui
vront le cortège.
On n’est pas encore parvenu à retrouver
la personne dont le geste criminel a causé
cette irréparable catastrophe. D’aucuns di
sent que le cri de : « Au feu ! » n’a jamais
été lancé. Alors, à quoi faut-il attribuer
cette panique soudaine, cette confu ion
étrange, où la foule, en proie au délire et
comme hallucinée par une vision de flam
mes, piétinait sans merci, pour gagner les
issues, le corp: des ternîmes et des petits on-
fanis?
. Quel fond peut-on faire sur les déclara-
nous contradictoire' des servi t-, dont
bon nombre ont perdu la raison ? Espérons
tout de même que la lumiere se fera un jour
sur cette douloureuse ques ion, et que en-
quête qui va s’ouvrir sans doute sous peu
n’aura pas été vaine.
ROUMANIE
Une Affaire de Contrebande de Monnaies
Le parquet de Craïova vient de decuvrie
une affaire extraordinaire de contrebande
de monnaies d’or autrichiennes, dont l’im-
portation a été interdite par la loi de 1906.
Ces pièce* d’or, dont la valeur est de 45
francs, étaient vendues aux paysans pour
er faire des colliers. V n e les pay
sans ne connaissaient valeur des
monnaies étrangère:, les contreb.ndiers
leur prenaient par pièce des sommes variant
entre 65 et 75 francs. De plus, ces pièces
étaient percees d'avance, ce qui réduisait en
core leur valeur.
Ces spéculateurs affirmaient aux paysans
que l’effigie représente sur ces piec-sserait
celle du roi Carol, al, qu’en réalité c’est
celle de l’empereur François Jo eph.
Les autorités ont fait faire une descente
de justice chez Certains banquiers ne
Cr»loa, où l’on a découvert pour 20.006
francs de ces pièces. Ces monnaies ont ete
confisquées et les exploiteurs ont été ar
rêtés.
— ------- - ------ -----------------
INFORMATIONS
M. Etienne au Collège d’Athlètes
M Etienne, ancien mini-tre de la guerre,
accompagne de MM. de Montebello, prési-
déni, et Gallois, vice-présdent de la Com-
mis ion de l’armée, Goujon, Seydoux, dépu
tés, membres de la Con miss on de T‘arm-e,
est arrivé hier matin, à 11 heures, au Go -
lège d’Aih etes de Reims, où il fut reçu par
M. le marquis de Polignac.
Les enfants des Hospices, garçons et filles,
puis les élèves du Collège d’Athietes, execu-
tèrent divers exercices da gymnastique qui
intéresserent vivement les membres de la
Commission de l’armee.
A midi, M Euenne et les personnalités
qui l’accompagnaient quittèrent le Collège
d’Athlètes.
Les Obsèques de
M. Jules Claretie
Nous avons brièvement relaie hier l cé-
remonie des obsèques de M Jules Clarerie,
au cours de laquelle des discours furent pro-
nonces par MM. René Viviani, ministre de
l’i struction publique, au nom du Goover-
nement ; Frédéric Masson, au nom dp l’Aca-
demie française ; Mounet-Sul y, au nom de
la Gomedi -Française ; Georges Lecomte, an
nom de la Société des Gens de Lettre- ; Ro
bert de Fiers, au nom de la Sociéte des Au
teurs et Compositeurs dramatiques ; Adol
phe Brisson, au nom de la critiqne drama-
tibue ; Albert Carré, au nom de l’A socition
des Artistes dramatiques, et Paul Strauss, au
nom de la presse républicaine.
M. Mounet-Saly, doyen des sociélair s, a
adressé le suprême adieu au nom de la Co
médie Fraçaise :
Je voudrais seulement témoigner Ici de l’honne-
télé de sa vie et de la droiure de son cœur Oa
vous a dit pourquoi M. Jules Giaretie élull digne
d’admiration et de respect ; je voudrais pouvoir
vous dire, comme je le sens, à quel point il m-ri-
tait l’estime et l’sffection de ceux qui vivaient
près de lui Ce n’est pas assez dire qu il inspi
rait, il forçait la sympathie. Irrésistiblement, on se
sentait g gné parie charme de sa bienveillance, à
la fois brusque et timide. ..
M. Mounet-Sully rappelle que jamais M.
Claretie ne se sentit atteint par le* offenses
de ceux qui l’insultaient ; il pouvait se dire
et se croire heureux.
E 1 pourtant, il avait besoin de se savoir, de sa
sentir aimé, encouragé, soutenu par des tendresses
affirmées. Il avait soif de confiance et d’abandon.
Le doyen rapporte une conversation qu’il
eut avec l’administrateur de la maison da
Molière à propos de sa démission, et où il
conseillait à l’ecrivai de te reposer complè
tement six mois avant d’entreprendre une
nouvelle iâche. Et M. Giaretie répondit :
« Je ne pourrai jamais j’ai besoin de travailler
pour m’affirmer a moi-même que j’existe. Si je
cess is mon labeur quotidien, il me semblerait
que je suis mort. Je ne pourrai jamais me crois, f
les bras t
M. Mounet-Sully a rappelé la bienveillance
proverbiale de M. Claretie, réf té les accusa-
lions d’indifférence de ceux qui ne le cos-
n tissaient pas ou le connaissaient mal ; puis
if a conclu :
il est mort sur le seuil de cotte Maison qu’il al-
lait quitter, il est mort à son poste, fiitèle jusqu’au
dernier moment au cuite qu’il lui avail voue.
Il a eté vaincu par la vie, par l’effort, par la
lutte. Et toules les rancunes, fouies les revendica
trons, tous les instincts de combat, tout cela
s’écroule, s’éteint. to 't. se dissipe en vapeur de
rêve, ne lai-sant debout dans nos mémoires que
l’image de l’homme qui a présidé à quelques unes
des années les plus prospères de notre chere
Maison.
M. Albert Carré a apporté l’expression
émue des sentiments de reconnais ance de
l’Association des artistes dramatiques, à
laquelle M. Claretie, comme admiistrateur
général de la Comedie Française, a mani
f-sté, en tontes o cisions, son attachement
et prodigué sans compter les marques de sa
bonté.
Nous garderons pieusement sa mémoire et ré
serverons 8 son n m la place lumineuse qui lui
est due sur le tableau de nos bienfaiteurs.
Parmi l’amoncel ement des couronnes et des
lauriers d’or dédiés à Técrivain, à ‘administrateur,
à l'ardent patriote, je glisse le bouquet fait des
modestes fleurs qui conviennent à l’homme ce
bien et je le pousse tout auprès de son coeur.
M. Albert Carré a terminé en disant que
l’âme de Jules Claretie s’assoupit dans une
paix souriante, ayant g- ûté ce qui lui sem
ble être la récompense suprême dune si
belle vie, le sentiment intime de tout le de
voir accompli.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la HIRRAIRIE ITEAMATIONALE
108, rue saint-Lazare, 108
(immeuble de l'HOTEL TERHI^
sx aq= g o m m erere sayse=nd=========== -======X==Bee
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