Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-12-22
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 décembre 1913 22 décembre 1913
Description : 1913/12/22 (A33,N11826). 1913/12/22 (A33,N11826).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638672p
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
Annee — N 11,826
5 Centimes — EDITION D IATIN‘ 5 tenumeg
Lundi 22 Décembre
Administraene-Ddlégué '
O. RANDOLET
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à M. O. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 85 i
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A PARIS
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AU HAVRE BUREAU du Journal, 112, boute de Strasbourg.
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ORGANE RÉPUBLICAIN.-DÉMOGRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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35, Rua Fontenelle, 35
ABONNEEENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure
l’Oise et la Somme
Autres Départements
Union Postale
TROIS Mois
Six Mors
On s'abonna également, SA^S FRAIS, dans tous les But
'eues de Posta de Franco
NOTRE CALENDRIER
CULTURE MORALE
pour l‘A11ée 1914
Fidèle à une vieille tradition, Le Petit Havre offrira gracieuse-
ment à tous ses lecteurs un Calendrier, spécialement édité à leur
intention.
Tiré en couleurs sur un cartonnage de luxe, ce calendrier constitue,
lant par l’heureuse disposition de ses caractères que par le soin de
l'impression, un joli spécimen typographique.
En outre de l'indication des jours et fêtes patronymiques, de la
notation des heures de pleines mers et de leur hauteur, renseignements
qu’il est d’usage de trouver dans une publication de cette nature, le
Calendrier de Le Petit Havre pour 1914 est orné d'une superbe gravure.
L’actualité nous indiquait de faire figurer sur le Calendrier une
reproduction du projet de Caserne des Pompiers du Havre, de M. W.
Cargill, architecte, projet qui sera exécuté.
Ce joli Calendrier qui poursuit dignement la série des illustrations
locales publiées chaque année à cette occasion, sera remis graluile-
meut avec le numéro de demain Mardi 23 DÉCEMBRE, à tous les acheteurs
du Petit Havre.
[‘Almanach du“Petit Havre"
POUR 1914
PPrinc : 5C Centimes
Les Cartes de Visita du “ Pellt Havre "
TROISIME SÉRIE
Le BON No 5 est publié dans le numéro
d'aujourd’hui, à la 8 e page.
ss ma s ess==ng
Paris, trois heures matin
H. BRIAND A SAINT-ÉTIENNE
‘ SAINT Etienne. — Une ovation enthousiaste
a été faite à M. Briand à la fin du discours
qu’il a prononcé au banquet qui lui était of-
fort.
Sur le long trajet que M. Briand a dû par-
courir pour rentrer à l’hôtel, il a été à diver
ses reprises l’objet de démonstrations de sym
pathie.
Ses amis sont venus en grand nombre lui
rendre visite à l’hôtel où il descendu.
LE RETOUR DE «LA JOCONDE»
« La Joconde » à Rome
Rome — La Joconde, placée dans une caisse
de palissandre, à été transportée hier à l’am
bassade de France.
Elle a été aussitôt placée dans la galerie des
Carraches.
Arrestation de Complices de Peruggia
À la suite de l’interrogatoire que lui a fait
subir hier M. Drioux, juge d’instruction. Vin-
ent Lancelloti, l'Italien qui avait dénoncé
Peruggia comme ayant recelé la Jocande, a
été arrêté.
Peruggia avait fait la nuit passée des aveux
complets en Italie et la police judiciaire,
avait reçu hier matin un télégramme de
Rome.
A la suite de la réception de ce télégram
me, Lancellotti avait été convoqué avec sa
maitresse par M. Drioux.
Ils ont nié tous les deux toute participation
au recel de la Joconde.
Cependant, Lancellotti a été mis en état
d’arrestation à la fin de ‘interrogatoire.
Il a demandé à ce qu’on lui désigne un
avocat d’office.
Sa maitresse et son frère également enten
dis, sont gardés à la disposition de la jus-
lie?.
TUÉ PAR UN TRAIN
TROYES. — Hier matin en gare de Romilly-
sur-Seine, le chef de train Lesaux était OC-
cupé à l’accouplement du câble de commu-
nication entre le fourgon et le tender, lors-
qu’un train de marchandises qu’il n’avait
pas va venir lui prit la tête en écharpe et lui
brisa le crâne.
Le malheureux chef de train est mort
quelques minutes plus tard.
L'AGITATION VITICOLE
Bar sur-Seine. — Après une reunion tenue
à la Halle, de nombreux vignerons se sont
rendus devant la Sous-Préfecture en chan
tant {'Internationale.
Des gendarmes à cheval ont disperse les
manifestants.
Quelques chevaux ont été frappés à coups
de bâton.
Plusieurs arrestations ont été epérees,
mais n'ont pas été maintenues.
LES EXPLOITS DE L’AVIATEUR
CHEVILLIARD
LYON. — Hier après-midi à l’aérodrome de
Bî on, l’aviateur Chevilliard a exécuté devant
cinquante mille personnes et malgré la bru
me ses exploits aériens.
UN ATTENTAT
STna-BOURG. — Au cours de la dernière
nuit, une personne restée inconnue a tau
sauter à la dynamite une fabrique de savon
située dans un faubourg de Kronenbourg.
’ La fabrique a été entièrement détruite,
mais Dersonnen'a été blessé.
LIS AFFAIRES D’ORIEFT
La Question Crétoise
Athènes.— Oa mande de la Canée que les
consuls des puissances ont rendu visite col
lectivement au gouverneur général de Crète.
Ils ont déclaré que leurs gouvernements
reconnaissent l’annexion à la Grèce.
LES MESURES MILITAIRES EN SUÈDE
STOCKHOLM. — Dans un grand discours
politique qu’il a prononcé hier à Karsiekrona
le président du conseil a déclaré que la
défense mationale devait être augmentée.
LE PARLEMENT ITALIEN S’AJOURNE
R me. — La Chambre s’est ajournée au 3
janvier.
TERRIBLE ACCIDENT D’AUTOMOBILE
EN ESPAGNE
Madrid. — Une automobile occupée par
plusieurs membres de l’aristecratie, a culbu
té aux environs de Madrid.
Il y a un mort et quatre blessés dont un
mortellement atteint.
Deux des blessés sont les petits-fils de M.
Moret.
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat se
sont réunis samedi matin à l'Elysée, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré.
Le Conseil s'est occupé des projets qui sont
en ce moment à l’ordre du jour des Cham-
bres, en particulier de la question de l'indi-
génat en Algérie et de celle de la journée
de huit heures dans les mines.
Le ministre de l'intérieur a fait connaître
que la grève de Merville (Nord), a donné
heu, hier soir, à des incidents violants entre
grévistes et gendarmes. Deux gendarmes et
deux grévistes ont été blessés ; leur état
n'inspire pas d'inquiétade. Le calma est
d’ailleurs revenu.
La ministre des finances a entretenu le
Conseil de la situation financière.
Le ministre de la guerre a fait approuver
par le Conseil une promotion de généraux.
NOS COLONIES
AFRIQUE OCCIDENTALE
Un Entrepôt en Flammes
1,200,000 francs de dégâts
On écrit de Dakar :
Un incendie d’une violence extraordinaire
vient de détruire un des plus vastes entre
pôts commerciaux de l’Afrique Occidentale,
appartenant à la Compagnie coloniale de
l’Afrique française (anciens établissements
Peyrissac).
Les pertes sont évaluées à 1 million 200,000
francs.
M. le gouverneur général Ponty, arrivé
dès la première heure sur les lieux du si
nistre, dirigeait,’ en personne, le service
d’ordre.
Le comptoir, qui était devenu la rroie des
flammes, contenait de la poudre, du pétrole,
des cartouches, de la dynamite et des hui
les. Néanmoins, les marins de la canonnière
Surprise, aidés par les soldats d’infanterie
coloniale et les tirailleurs sénégalais, se jetè
rent courageusement dans le brasier. Uns
grand® partie des explosifs put être enlevés
a temps.
D’autre part, les pompes de la ville, celles
de la Surprise et des remorqueurs du port
déversèrent des torrents d’eau sur les bâti-
ments menacés.
Au départ du courrier, l’incendie était en
core extrêmement violent et on craignait à
tout instant la chute des murs en béton ar
mé du magasin, ce qui eût propagé immé
diatement le feu à l’un des quartiers les plus
commerçants de la ville.
On se perd en conjectures sur les causes
du sinistre. Néanmoins, on croit que le feu
éclata parmi le foin et les étoupes, se com
muniquant à de l’alcool qui se trouvait à
proximité.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la ÜBIIIME ITERMTATIONALE
rue Saint-Lazare, 108
ISmMa do l’HOTEL TFRF1IM
ereososameerzasnncanaracrnnanzxncraanasoceO
Le développement du corps et de la force
musculaire, la culture physique — ainsi
que rappellent ses zélateurs— est à l’ordre
du jour. Et sans doute s’agit-il là de préoc
cupations des plus louables et qui peuvent
même présenter un intérêt considérable au
point de vue de l’avenir même de la race et
de la défense du pays.
Mais sans doute aussi ne faut-il point
que ce souci de donner à notre jeunesse un
corps plus propre, plus souple, plus robus
te, fasse oublier, ou seulement même passer
au second plan le problème de l’éducation
morale de cette même jeunesse.
Mens sana in cor pore sano, disaient les
anciens, et il y avait là un précepte des
plus judicieux, dont il convient de s’inspi
rer pour l’instruction tant intellectuelle
que physique de la jeunesse.
Mais il apparaîtra facilement que mens
purs in cor pore pure, une conscience pure
dans un corps propre, doit être aussi bien
l’idéal que l’on doit se proposer de réaliser
dans l’éducation de cette même jeunesse.
Or si la culture physique fait, depuis
quelques années, l’objet des soins d’un
grand nombre, la culture morale semble au
contraire à peu près complètement négligée,
sa nécessité ignorée. Oh ! l’enseignement
de la morale figure bien au programme de
nos établissements primaires ou secondai
res, mais il se confine si complètement dans
la théorie que trop souvent il n’est d’aucun
avantage, d’aucun profit pour le développe
ment chez l’enfant des notions du bon, du
beau, du juste et du vrai.
Trop fréquemment le cours de morale est
celui auquel l’élève tente de « couper » et
n’existe-t-il pas des écoles où la copie d’une
page du livre de morale est une des puni
tions infligées par le maître ?
Cette absence de présentation pratique
— sensible en quelque sorte — de l’ensei-
gnement moral a sa part indiscutable dans
F « amoralité » d’une partie de la jeunesse
contemporaine. Et comme d’autres causes,
sociales ou héréditaires, viennent y appor
ter une lourde collaboration, on s’explique
plus facilement le développement effrayant
à notre époque de la criminalité juvénile.
Les ennemis de l’école laïque ont eu, tôt
fait, d’en trouver l’explication, et de crier
aussitôt à la faillite, c Seule la religion peut
donner à l’enfance et à la jeunesse une base
morale solide, s’en vont-ils répétant. Sans
elle, vous ne pourrez rien faire dans ce
sens, et vous en avez aujourd’hui la preu
ve ».
L’affirmation est audacieuse, et aurait be
soin d’être étayée sur des preuves sérieu
ses, que les auteurs seraient à vrai dire
bien embarrassés de rassembler. Et voit-on
donc que parmi les jeunes criminels ou dé
linquants il n’y ait que des anciens élèves
de la « laïque », et que l’on n’y rencontre
pas des disciples des « bons pères » ou des
frères des écoles chrétiennes ?
La question est, du reste, beaucoup plus
haute que ces mesquines discussions, et sa
solution est recherchée par les meilleurs
esprits de tous les pays, et aussi bien de
ceux où la laïcisation de l’enseignement n’a
point été accomplie.
Rechercher quelle doit être la base pro
fonde de toute éthique, ceci peut être un
sujet à controverses entre philosophes,
mais il n’est pas question de cela en l’oc-
currence.
Ce qu’il importe de réaliser, c’est une
moralisation simple et pratique de la jeu
nesse et de l’enfance contemporaines, qui,
de l’amoralité à laquelle nous faisons allu
sion plus haut, glisse trop facilement dans
l’immoralité.
Il s’agit moins de foire d’admirables théo
ries sur la lâcheté du mensonge ou les dan
gers de la paresse que d’arriver pratique
ment à ce que les enfants ne soient ni men
teurs, ni paresseux, moins de leur dépein
dre les horreurs de la cruauté que de les
rendre pratiquement bons et doux.
Mais pour cela ne faut-il pas justement
le concours de tous ceux qui, par dessus et
en dehors de toutes leurs divergences poli
tiques, philosophiques ou religieuses, con
sidèrent qu’il n’y a pas deux manières d’être
un honnête homme, et que l’apprentissage
en quelque sorte de cette honnêteté doit
constituer tout simplement et tout uniment
l’éducation morale.
, Que tous ceux qui pensent ainsi se
réunissent, qu’ils examinent et avec le dé
sir d’aboutir, les moyens pratiques de ren
dre l’enfance bonne, franche, laborieuse,
sobre, de maintenir l’adolescence et la jeu
nesse dans cette voie, et la vie de la cité
sera d’autant embellie, car ces qualités
ainsi solidement acquises ne se perdront
plus, ou que très rarement.
C’est sous l’empire de ces considérations
que s’est fondée l’année dernière la « Ligue
Française d’Education Morale » ; sous la
direction de personnalités les plus émi
nentes de tous les partis politiques, de tou
tes les confessions religieuses, de toutes les
tendances philosophiques, elle a abordé
résolument le problème. Grâce à quelques
généreux amis, elle a ouvert un concours
pour la rédaction d’un « Manuel d’Educa
tion Morale » conçu d’après ses principes,
lesquels sont résumés dans cet article de
ses statuts :
il est fondé à Paris, sous le titra de Ligue
Française d’Education morale-, on dehors S
divers groupements politiques, Phiosopal-
ques, religieux, une Association ayant pour
objet le perfectionnement de l’éducation
morale, par la propagation des règles recon-
unes indispensables à lacondaitedelindivida
et à la vie des sociétés.
Résolue à observer la neutralité confes-
sionnelle et réservant pour chacun de ses
membres Feniière liberté des opinions, la
Ligue répand les idées morales sur lesquel
les l’entente est assez complète pour par-
mettre la collaboration de toutes les bonnes
volontés.
Elle recherche, pour les appliquer à l’édu-
cation morale des deux sexes dans les divers
milieux sociaux, en particulier dans les mi
lieux scolaires, les méthodes les plus pro
pres à former les caractères, à développer
l’esprit de solidarité, à fortifier la notion et
le sentiment du devoir,
Elle a, dans son Bulletin, F Union Mo
rale, donné d’amples détails sur les œ uvres
qui se proposent de travailler au relèvement
moral, ou à la solution de quelques-uns des
problèmes qu’il soulève ; c’est ainsi qu’il y
a été à diverses reprises traité de ces admi
rables « Ligues de Bonté », dont nous
avons ici même entretenu nos lecteurs.
Enfin elle a pris récemment une initiative
des plus heureuses.Ce fut l’organisation d’un
Congrès, qui s’est tenu à la Sorbonne, et
dans lequel on étudia les moyens de déve
lopper chez l’enfant le sentiment du devoir
civique, la sincérité, et la subordination de
l'intérêt personnel à l’intérêt général.
Ces trois questions firent l’objet de nom
breuses communications où elles étaient
examinées au point de vue pratique ; on y
développa peu de théories générales. On y
exposa plutôt les résultats de tentatives ou
d’observations. Un certain nombre de mem
bres du corps enseignant participèrent à
ces assises, et aux échanges de vues qui s’y
livrèrent.
Et l’on ne peut que souhaiter qu’ils en
aient tiré les meilleurs encouragements à
intensifier le côté moralisateur de leur en
seignement, en s’inspirant de cette concep
tion profonde que la morale est une chose
qui se pratique, et non point une leçon qui
se récite.
Que ce point de vue soit adopté peu à
peu, et, peut-être tous les graves problè
mes que nous n’avons fait que signaler au
cours de cet article ne seront pas résolus,
mais leur solution sera du moins rendue
sensiblement plus aisée.
F. POLET.
51. Briand prononce 81 Discours politique
Au banquet qui lui était offert hier à Saint-
Etienne, M. Briand a pris la parole. Il a re-
mercié la Fédération républicaine de la Loire
de lui avoir, en organisant une belle mani-
festation démocratique et en lui confiant la
présidence, procuré l’occasion ardemment
désirée par lui de s'expliquer en toute net-
teté, en complète et entière franchise, de
vant ses amis et ses électeurs fidèles qui, à
toul.es les périodes, même les plus délicates
et les plus difficiles de sa vie politique, n'ont
cessé de l'encourager et d® le soutenir de
eur confiance.
a Je me retrouve ici, dit-H, avec une 6mc-
fion que j'essayerais vainement de dissimu
ler, parmi mes seuls électeurs qui, depuis
douz3 ans, j’ai l'honneur de représenter,
groupés à tous les moments de ma carrière
politique, malgré les attaques et les calom-
nies, aux heures les plus troubles et les plus
cruelles.
» Quand j'étais appelé à remplir un devoir
difficile, dans ces moments-là, je me sentais
soutenu par leurs sympathies ardentes.
Dans chacune de nos rencontres, lorsque
j'ex posais mes idées. mes actes, je les sen-
tais toujours unis à moi ; je les en remercie
avec d’autant pius d’émotion que c’est une
circonscription de travailleurs et de bons
ouvriers. Et lorsque j'étais aux prises avec
les mouvements sociaux, quand je devais
faire appel à des moyens qu’uns société ne
peut pas refuser, je me suis demandé s’ils
me comprendraient. C'est leur honneur
d'avoir réfréné leur impatience, c’est leur
honneur de m'avoir toujours encouragé de
leurs approbations, aux heures les plus pé
nibles. »
Un grand nombre de ses amis, de ses col
lègues du Parlement, lui avaient exprimé le
désir de participer a cette manifestation. Il
a été très touché de cette marque de sympa
thie qu'ils lui donnaient. Il les en a remer
ciés, mais il les a détournés do Ce projet,
pour ne pas risquer de fire perdre à cette
réunion le caractère qu'il tient à lui laisser
d’une rencontre entre un élu et ses élec-
tsurs.
Le banquet, ramoné à ces proportions, son
discours devient une sorte de compte rendu
de mandat, au cours duquel il se propose do
s’expliquer complètement sur ses actes
comme député, comme ministre, comme
chet du gouvernement et sur la signification
qu'il convient de donner à la politique qu’il
a tracée et s'est efforcé de faire adopter et
suivre par les partis républicains.
Il est d'autant plus à l’aise pour le faire,
que débarrassé des soucis et des responsabi
lités du pouvoir, sa parole étant devenue
plus libre, il peut s’expliquer avec plus d’ai-
sance sur toutes les questions qui préoccu
pent si légitimement l’opinion publique, à la
veille d’une grande consultation du suffrage
universel. ..
H se retrouve dins les conditions ou il
était, quand il a été candidat pour la pre
mière circonscription de Saint-Etienne, il y a
douze ans, en 1902.
« Ce qui situait ma candidature, dit-il, et
lui donnait son caractère politique, c’est que
j’avais en face de moi deux adversaires : rua
de droite, s’appuyant nettement sur le parti
réactionnaire et clérical, l’autre d’extrême
gauche se réclamant de la Révolution. »
Aujourd’hui, des affiches sur les murailles,
placardées par les soins du parti révolution:
naire, le désignent à la haine des travail
leurs. D’autre part, il y a quelques jours.
dans
réactionnaire, réunis en congrès, l’ont dési-
gué à leurs adhérents comme l’ennemi qu’il
faut combattre, et dans l’ardeur de leur po
lémique, ils n’hésitaient pis à lui appliquer,
eux aussi, l’épithète devenue déjà fameuse
« d’endormeur ».
Et M. Briand, sans le nommer, fait en ces
termes allusions à M. Caillaux :
« Aujourd’hui je suis le même homme gui
reviens devant voua et qui a te droit da dire
à ses amis qu’il ne revient pis les mains vi
des.
» Pendant son sommeil il a été somnam
bule puisqu'il «a fait voter la séparation des
Églises et de l’Etat, loi de haute laïcité, puis
qu’il accomplissait dans l’ordre social des ré
formes sur lesquelles je reviendrai tout à
l’heure.
» Peadant ce sommeil profond, durant
lequel le parti républicain était venu sous
mon aile magnétique j’avais à lutter contre
ua homme qui, lui, était bien éveillé. Je de
vais triompher de son activité. Si la loi de
séparation fut votée, c’est malgré lui ; c’est
contre certains républicains qui ne trouvent
pas mon cerveau assez laïque et démocrati
que que je dus faire voter la plupart des ar-
ticles essentiels de mon programme.
» Ici, vous l’avez compris, il y avait autre
chose que des filtres endormeurs pour dé-
mocrates.
» A toutes les heures où il a fallu lutter
contre la réaction, n’ai je pas été au premier
rang du parti républicain f
» Et contre qui ai je soutenu le ministère
Combes ? Contre le même I »
Le fait qu’après douze années il se trouve
devant ses électeurs aux prises avec les mê
mes adversaires et les mêmes attaques équi
libre sa politique en la mettant en pleine
clarté.
M Aristide Briand rappelle que comme
militant et comme député il a soutenu les
ministères Waldeck-Rousseau et Combes. Il
politique person-
ir le double souci
revendique hautement ces années de sa vie.
Il expliqne ensuite que sa politique person-
nele n’a été guidée que par le double souci
de l’intérêt national et de l'intérêt républi
cain et n’a cessé d’être orientée vers des réa
lisations de justice sociale obtenues avec la
collaboration de teutes les fractions du parti
républicain.
Il s’explique sur le reproche qui lui est
adressé d’avoir l’appui de la droite. S’il a
demandé la justice administrative pour tous,
il n’a jamais recherché le concours d’autres
que des r épublicaing.
Tandis que je vois parmi ceux qui me re
prochent des concours réactionnaires, des
hommes qui, grâce à la droite, ont jadis
abattu Gambetta et Dites Ferry. •
Si la droite, coniinue-t-il, a paru m'ap-
prouver, c’est parce qu’elle a compris que
ma politique avait la faveur du pays.
Que de? hommes se battent pourdes idées :
irèsbien. Mais que pour de misérables am-
bitions, pour des intérêts locaux on entre
tienne dans toute la France une agitation
haineuse : Ah ! non. (Bravos frénétiques).
L'orateur estime que la France n’a pas fait
a liberté pour gémir sous les tyrannies 10
cales. Et il poursuit :
« Mes paroles de Périgueux et, par la suite,
l’altitude que j’ai été amené à prendre, ont
fait tourner mes adversaires vers celui qu'ils
ont ironiquement appelé « l'apaiseur », et iis
se sont écrié : « Le voilà l'ennemi du peu
ple ! »
» Laissons dire. Et n'oublions jamais que le
rôle de l'Etat n’est pas de mettre la puis
sance administrative au service des rancunes
de parti :
» Voilà la signification de ma politique.
» Le gouvernement, je l’ai pratique sans
une minute de défaillance.
» Le jour où les républicains voudraient
imposer au pays des idées dont il ne veut
pas, c’est que le règne de la République se
rait bien près de finir.
» La République au pouvoir est le gouver
nement de tous les citoyens.
» Elle doit s’appuyer sur an parti et sur
des idées. »
M. Briand affirme qu’il n’a jamais recher-
ché le pouvoir par des moyens que certains
de ses adversaires ont employés contre lui.
Dans le gouvernement d’aujourd’hui, il a
des amis.
A sa tête M. Doumergue, qui pendant
dix huit mois a été son collaborateur fidèle,
et dans ses rangs MM. Viviani et Re-
noult qui firent partis également de son
cabinet.
« Si ces hommes avaient compris qu’ils
compromettaisnt la République, est-ce qu'ils
se seraient solidarisés si longtemps avec
moi ?
» Miis aujourd’hui ceux-ci sont au pouvoir
à la suite d’une tentative d’unification ac
compagnée de menaces d’anathèmes et
d'excommunications.
» Ils n’ont pas tardé à s’apercevoir que
tous les jours les exigences de la vie font
éclater les dogmes.
« Avant leur arrivée au pouvoir, ils
avaient dit : « II faut revenir au service de
doux ans. 9
» Leur première parole, dès. qu'ils furent
en possession de leurs portefeuilles, fut :
« Maintenons la loi de trois ans. »
» Ils avaient dit : « Loin de nous la réfor-
me électorale » ; ils ont rencontré une Cham
bre qui les a amenés à en prendre la respon
sabilité et, comme les six gouvernements
qui les avaient précédés, ils sa tournent vers
le Sénat et lui disent :
« Il fout faire quelque chose qui ressemble
beaucoup à ce que les ministères précédents
ont préparé. »
Dans la séance où ils ont renversé le cabi-
net Birthou, pour l’œuvre duquel M. Briand
éprouve une vive admiration, un homme
dont les attitudes financères sont particuliè-
ment distinguées est venu critiquer la politi-
que du cabinet et combattre notamment le
relèvement de la solde des officiers.
« Or hier la Chambre, à la demande du
gouvernement, a voté l'argence du relève
ment des soldes. »
Et M. Briand s’écrie :
« — Encore un éclatement dos dogmes
sous la poussé© des événements et des né
cessités de la vie. » .
« Le suffrage universel doit tirer des en-
seignemenks de ces fautes.
» Le jour où sous menace d'excommuni-
cation on imposerait des dogmes aux élus du
suffrage universel, il n'y aurait plus de Ré
publique, plus de suffrage universel. .
» Il n’y aurait plus que de la tyrannie OU
qu’un plys écrasé sous uns poussiers de
tyrannie ». (Bravos prolongés).
M Briand dit que ses amis et lui iront de
main devant le suffrage universel et lui de
manderont d’envoyer à la Chambre des ré
publicains éprouvés, disposés à donner à ce
pays la stabilité gouvernementale nécessaire,
des républicains qui ne passeront pas leur
temps à intriguer dans les couloirs de ia
Chambre.
« Jusque là on n’aura que des gouverne»
ments successifs se combattant sous des
apparences de programmes et faisant au
gouvernement exactement ce qua faisaient
leurs prédécesseurs.
L’orateur ne cache pas son amertume.
Quand il voit ces hommes essayer de s'ar.
racher les mandats en tentant de tromper
le pays sur la portée du vote émia par ie
Parement, il est écœuré et profondément
indigné. 3
Mais il a confiance qu’un hoquet de dégoût
délivrera le pays de cotte question qui en se
prolongeant le menacerait dans sa vitalité
même.
M. Aristide Briand méprise la polliqtg
d'ambition personnelle qui, à certaines heu-
res de passion, ne ménage plus rien et en
arrive à prendre comme otage la politique
extérieure du pays.
M. Briand explique son attitude au sujet
de la réforme électorale. Il dit que c’est aur
républicains qu’il importe de s'unir contre
les voix de droite.
. En revenant à la question de défense na
tionale, M. Briand revendique la responsabi
lité d'avoir proposé au Parlement l'augmen-
tationde la durée du service militaire.
— C’est, dit-il, l’honneur du gouvernement
suivant d’avoir mené la tâche à bonne fin.
Si Briand a demandé les trois ans, c'est
qu’il en a senti la nécessité véritable.
« Parmi ceux qui combattirent la loi figu
rent la plupart de ceux qui en avaient créé
la nécessité même.
» N'y a-t-il pas quelque chose d'abomina-
ble, d’insupportable à voir ceux qui sont
responsables de cette situation lui reprocher
d’avoir, au pouvoir, pris les mesures qu’elle
comportait ?
» Quel est l’homme de gouvernement qui,
dans un moment pareil, n’hésiterait pas à
faire litière de misérables préoccupations
électorales ? Quel est celui qui hésiterait à
faire son devoir ? »
ble.
Et l’orateur y insiste :
Il a connu ces heures. Il est arrivé ua
jour où s'étant retiré du pouvoir, il vit
pietiner et déchirer par ses successeurs tous
les projets de pénétration pacifique au Ma
roc.
Aussi quels furent les résultats do la nou-
voile politique ? Ce fut Agadir, l'Italie en
Tripolitaine. Ce fut l’augmentation des ar-
moments de l’Allemagne. (Bravos prolon
gés).
M. Briand a fait au Maroc une politise
pacifique. Il est partisan de la paix dans la
dignité.
Grâce à l’attitude du Parlement en cette
circonstance, la France est restée à la hau
teur de sa tâche. (Bravos prolongés.)
M. Briand expose les raisons de son atti-
tude à l’égard des divers problèmes d’actua-
lité. Il rappelle la grève des cheminots qui a
éclaté sans raison, par la faute de personna-
lités qui ont entraîné les travailleurs dans
un mouvement de sabotage et d’anarchisme.
Il explique que le gouvernement a dû foi
re face à ce mouvement.
Après la grève, sans rancœur, il s’est effor
cé d’en effaces- les souvenirs..
Tous ces problèmes, il les a envisagés dans
la même pensée d’apaisement.
Ainsi, après les événement: du Midi, il a
propesé l’amnistie ; amnistie après la grève
des postes, amnistie après la grève des che-
minots.
M. Briand dit qu’il est te ministre républi
cain qui a fait voter dans sa vie p’us am-
nisties qu’on n’en avait voté pendant qua
rante années de République.
Tout cela, c’est la politique qu’on lui re-
proche, c’est pour cette politique qu’il est un
mauvais républicain, un endormeur, un ver-
seur de soporifiques.
« — Allons donc, s’écrie-t-il, j’ai confiance
dans mes électeurs pour discerner la part de
mauvaise foi qu'il y a dans les critiques do
mes adversaires.
» Demain, avec mes amis, j’irai devant le
pays revendiquer la responsabilité de ma
politique.
» La République et la France- ne sont
qu’une seule et même personne radieuse ;
elles ne peuvent accomplir leurs destinées
qu’à la condition d’être un seul gouverne-
ment dans la paix, dans l’ordre et dans la
justice sociale. »
La péroraison de M. Briand a été salués
d’acc’amations frénétiques et la sortie s’est
effectuée sans incident d’aucune sot te.
-------------------------------------------4-55-- —-----===
INFORMATIONS
La Ligue contre l’Alcoolisme
M. Raymond Poincaré a présidé hier l’as
semblée générale annuelle de la Ligue contre
l’alcoolisme qui a eu lieu dans le grand am-
phithéâtre de la Sorbonne.
Au cours de la cérémonie, M. Joseph Rei-
nach, député des Basses-Alpes, a prononcé
un discours. _____
Les Postes de T. S. F. privés
M. Fleary-Ravarin, député du Rhône, a
demandé au ministre des postes et télégra-
phes si les particuliers pouvaient, à l’inté-
rieur de leur propriété, établir un poste ré
cepteur de T. S. F., et recueillir ainsi les
ondes hertziennes qui traversent l’atmosphè
re, en provenance des postes français et
étrangers.
A cette question, le ministre du commerce
a répondu*: .. r
U Qu’en l’absence d’ane législation SPC-
ciale,‘administration étend dans une cer-
taine mesure à la radiotélégraphie la légisia
tion ordinaire ; .
2» Que l’établissement d an poste émetteur
pour an particulier dans sa propriété est
considéré comme un fait à la fois prohibé et
punissable ;
3 Que l’établissement dans les memes
conditions d’un poste uniquement récepteur
est simplement toléré et n’est passible d au
cane pénalité ;
4» Enfin que le gouvernement prépare nw
loi nouvelle qui interdira formellement des
postes récepteurs privés, sauf autorisation
spéciale dans des cas déterminés.
observatoire DE HAA&AS
Paris, 21 décembre, 11 h.
Extrames baromâtrienez : 778 maliza. à Bel-
fort, 773 millim. à Biarritz.
Forte pression Europe Ouest.
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brumeux et froid.
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Lundi 22 Décembre
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O. RANDOLET
Adresser fout ce qui concerne l'Administratie
à M. O. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 85 i
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
AQministration, Impressions et Annences, TEL. 10.47
MMorr
“P—t * J „ 4ut7-aoL6 -
A PARIS
Le PFTIT WA VRE est désigné pomr les Annonces fudictsirss et légales
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Tseass
AN NON CES
AU HAVRE BUREAU du Journal, 112, boute de Strasbourg.
; rein navre
ORGANE RÉPUBLICAIN.-DÉMOGRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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Adresser tout os qui concerne h Rédsotion
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ABONNEEENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure
l’Oise et la Somme
Autres Départements
Union Postale
TROIS Mois
Six Mors
On s'abonna également, SA^S FRAIS, dans tous les But
'eues de Posta de Franco
NOTRE CALENDRIER
CULTURE MORALE
pour l‘A11ée 1914
Fidèle à une vieille tradition, Le Petit Havre offrira gracieuse-
ment à tous ses lecteurs un Calendrier, spécialement édité à leur
intention.
Tiré en couleurs sur un cartonnage de luxe, ce calendrier constitue,
lant par l’heureuse disposition de ses caractères que par le soin de
l'impression, un joli spécimen typographique.
En outre de l'indication des jours et fêtes patronymiques, de la
notation des heures de pleines mers et de leur hauteur, renseignements
qu’il est d’usage de trouver dans une publication de cette nature, le
Calendrier de Le Petit Havre pour 1914 est orné d'une superbe gravure.
L’actualité nous indiquait de faire figurer sur le Calendrier une
reproduction du projet de Caserne des Pompiers du Havre, de M. W.
Cargill, architecte, projet qui sera exécuté.
Ce joli Calendrier qui poursuit dignement la série des illustrations
locales publiées chaque année à cette occasion, sera remis graluile-
meut avec le numéro de demain Mardi 23 DÉCEMBRE, à tous les acheteurs
du Petit Havre.
[‘Almanach du“Petit Havre"
POUR 1914
PPrinc : 5C Centimes
Les Cartes de Visita du “ Pellt Havre "
TROISIME SÉRIE
Le BON No 5 est publié dans le numéro
d'aujourd’hui, à la 8 e page.
ss ma s ess==ng
Paris, trois heures matin
H. BRIAND A SAINT-ÉTIENNE
‘ SAINT Etienne. — Une ovation enthousiaste
a été faite à M. Briand à la fin du discours
qu’il a prononcé au banquet qui lui était of-
fort.
Sur le long trajet que M. Briand a dû par-
courir pour rentrer à l’hôtel, il a été à diver
ses reprises l’objet de démonstrations de sym
pathie.
Ses amis sont venus en grand nombre lui
rendre visite à l’hôtel où il descendu.
LE RETOUR DE «LA JOCONDE»
« La Joconde » à Rome
Rome — La Joconde, placée dans une caisse
de palissandre, à été transportée hier à l’am
bassade de France.
Elle a été aussitôt placée dans la galerie des
Carraches.
Arrestation de Complices de Peruggia
À la suite de l’interrogatoire que lui a fait
subir hier M. Drioux, juge d’instruction. Vin-
ent Lancelloti, l'Italien qui avait dénoncé
Peruggia comme ayant recelé la Jocande, a
été arrêté.
Peruggia avait fait la nuit passée des aveux
complets en Italie et la police judiciaire,
avait reçu hier matin un télégramme de
Rome.
A la suite de la réception de ce télégram
me, Lancellotti avait été convoqué avec sa
maitresse par M. Drioux.
Ils ont nié tous les deux toute participation
au recel de la Joconde.
Cependant, Lancellotti a été mis en état
d’arrestation à la fin de ‘interrogatoire.
Il a demandé à ce qu’on lui désigne un
avocat d’office.
Sa maitresse et son frère également enten
dis, sont gardés à la disposition de la jus-
lie?.
TUÉ PAR UN TRAIN
TROYES. — Hier matin en gare de Romilly-
sur-Seine, le chef de train Lesaux était OC-
cupé à l’accouplement du câble de commu-
nication entre le fourgon et le tender, lors-
qu’un train de marchandises qu’il n’avait
pas va venir lui prit la tête en écharpe et lui
brisa le crâne.
Le malheureux chef de train est mort
quelques minutes plus tard.
L'AGITATION VITICOLE
Bar sur-Seine. — Après une reunion tenue
à la Halle, de nombreux vignerons se sont
rendus devant la Sous-Préfecture en chan
tant {'Internationale.
Des gendarmes à cheval ont disperse les
manifestants.
Quelques chevaux ont été frappés à coups
de bâton.
Plusieurs arrestations ont été epérees,
mais n'ont pas été maintenues.
LES EXPLOITS DE L’AVIATEUR
CHEVILLIARD
LYON. — Hier après-midi à l’aérodrome de
Bî on, l’aviateur Chevilliard a exécuté devant
cinquante mille personnes et malgré la bru
me ses exploits aériens.
UN ATTENTAT
STna-BOURG. — Au cours de la dernière
nuit, une personne restée inconnue a tau
sauter à la dynamite une fabrique de savon
située dans un faubourg de Kronenbourg.
’ La fabrique a été entièrement détruite,
mais Dersonnen'a été blessé.
LIS AFFAIRES D’ORIEFT
La Question Crétoise
Athènes.— Oa mande de la Canée que les
consuls des puissances ont rendu visite col
lectivement au gouverneur général de Crète.
Ils ont déclaré que leurs gouvernements
reconnaissent l’annexion à la Grèce.
LES MESURES MILITAIRES EN SUÈDE
STOCKHOLM. — Dans un grand discours
politique qu’il a prononcé hier à Karsiekrona
le président du conseil a déclaré que la
défense mationale devait être augmentée.
LE PARLEMENT ITALIEN S’AJOURNE
R me. — La Chambre s’est ajournée au 3
janvier.
TERRIBLE ACCIDENT D’AUTOMOBILE
EN ESPAGNE
Madrid. — Une automobile occupée par
plusieurs membres de l’aristecratie, a culbu
té aux environs de Madrid.
Il y a un mort et quatre blessés dont un
mortellement atteint.
Deux des blessés sont les petits-fils de M.
Moret.
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d'Etat se
sont réunis samedi matin à l'Elysée, sous la
présidence de M. Raymond Poincaré.
Le Conseil s'est occupé des projets qui sont
en ce moment à l’ordre du jour des Cham-
bres, en particulier de la question de l'indi-
génat en Algérie et de celle de la journée
de huit heures dans les mines.
Le ministre de l'intérieur a fait connaître
que la grève de Merville (Nord), a donné
heu, hier soir, à des incidents violants entre
grévistes et gendarmes. Deux gendarmes et
deux grévistes ont été blessés ; leur état
n'inspire pas d'inquiétade. Le calma est
d’ailleurs revenu.
La ministre des finances a entretenu le
Conseil de la situation financière.
Le ministre de la guerre a fait approuver
par le Conseil une promotion de généraux.
NOS COLONIES
AFRIQUE OCCIDENTALE
Un Entrepôt en Flammes
1,200,000 francs de dégâts
On écrit de Dakar :
Un incendie d’une violence extraordinaire
vient de détruire un des plus vastes entre
pôts commerciaux de l’Afrique Occidentale,
appartenant à la Compagnie coloniale de
l’Afrique française (anciens établissements
Peyrissac).
Les pertes sont évaluées à 1 million 200,000
francs.
M. le gouverneur général Ponty, arrivé
dès la première heure sur les lieux du si
nistre, dirigeait,’ en personne, le service
d’ordre.
Le comptoir, qui était devenu la rroie des
flammes, contenait de la poudre, du pétrole,
des cartouches, de la dynamite et des hui
les. Néanmoins, les marins de la canonnière
Surprise, aidés par les soldats d’infanterie
coloniale et les tirailleurs sénégalais, se jetè
rent courageusement dans le brasier. Uns
grand® partie des explosifs put être enlevés
a temps.
D’autre part, les pompes de la ville, celles
de la Surprise et des remorqueurs du port
déversèrent des torrents d’eau sur les bâti-
ments menacés.
Au départ du courrier, l’incendie était en
core extrêmement violent et on craignait à
tout instant la chute des murs en béton ar
mé du magasin, ce qui eût propagé immé
diatement le feu à l’un des quartiers les plus
commerçants de la ville.
On se perd en conjectures sur les causes
du sinistre. Néanmoins, on croit que le feu
éclata parmi le foin et les étoupes, se com
muniquant à de l’alcool qui se trouvait à
proximité.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la ÜBIIIME ITERMTATIONALE
rue Saint-Lazare, 108
ISmMa do l’HOTEL TFRF1IM
ereososameerzasnncanaracrnnanzxncraanasoceO
Le développement du corps et de la force
musculaire, la culture physique — ainsi
que rappellent ses zélateurs— est à l’ordre
du jour. Et sans doute s’agit-il là de préoc
cupations des plus louables et qui peuvent
même présenter un intérêt considérable au
point de vue de l’avenir même de la race et
de la défense du pays.
Mais sans doute aussi ne faut-il point
que ce souci de donner à notre jeunesse un
corps plus propre, plus souple, plus robus
te, fasse oublier, ou seulement même passer
au second plan le problème de l’éducation
morale de cette même jeunesse.
Mens sana in cor pore sano, disaient les
anciens, et il y avait là un précepte des
plus judicieux, dont il convient de s’inspi
rer pour l’instruction tant intellectuelle
que physique de la jeunesse.
Mais il apparaîtra facilement que mens
purs in cor pore pure, une conscience pure
dans un corps propre, doit être aussi bien
l’idéal que l’on doit se proposer de réaliser
dans l’éducation de cette même jeunesse.
Or si la culture physique fait, depuis
quelques années, l’objet des soins d’un
grand nombre, la culture morale semble au
contraire à peu près complètement négligée,
sa nécessité ignorée. Oh ! l’enseignement
de la morale figure bien au programme de
nos établissements primaires ou secondai
res, mais il se confine si complètement dans
la théorie que trop souvent il n’est d’aucun
avantage, d’aucun profit pour le développe
ment chez l’enfant des notions du bon, du
beau, du juste et du vrai.
Trop fréquemment le cours de morale est
celui auquel l’élève tente de « couper » et
n’existe-t-il pas des écoles où la copie d’une
page du livre de morale est une des puni
tions infligées par le maître ?
Cette absence de présentation pratique
— sensible en quelque sorte — de l’ensei-
gnement moral a sa part indiscutable dans
F « amoralité » d’une partie de la jeunesse
contemporaine. Et comme d’autres causes,
sociales ou héréditaires, viennent y appor
ter une lourde collaboration, on s’explique
plus facilement le développement effrayant
à notre époque de la criminalité juvénile.
Les ennemis de l’école laïque ont eu, tôt
fait, d’en trouver l’explication, et de crier
aussitôt à la faillite, c Seule la religion peut
donner à l’enfance et à la jeunesse une base
morale solide, s’en vont-ils répétant. Sans
elle, vous ne pourrez rien faire dans ce
sens, et vous en avez aujourd’hui la preu
ve ».
L’affirmation est audacieuse, et aurait be
soin d’être étayée sur des preuves sérieu
ses, que les auteurs seraient à vrai dire
bien embarrassés de rassembler. Et voit-on
donc que parmi les jeunes criminels ou dé
linquants il n’y ait que des anciens élèves
de la « laïque », et que l’on n’y rencontre
pas des disciples des « bons pères » ou des
frères des écoles chrétiennes ?
La question est, du reste, beaucoup plus
haute que ces mesquines discussions, et sa
solution est recherchée par les meilleurs
esprits de tous les pays, et aussi bien de
ceux où la laïcisation de l’enseignement n’a
point été accomplie.
Rechercher quelle doit être la base pro
fonde de toute éthique, ceci peut être un
sujet à controverses entre philosophes,
mais il n’est pas question de cela en l’oc-
currence.
Ce qu’il importe de réaliser, c’est une
moralisation simple et pratique de la jeu
nesse et de l’enfance contemporaines, qui,
de l’amoralité à laquelle nous faisons allu
sion plus haut, glisse trop facilement dans
l’immoralité.
Il s’agit moins de foire d’admirables théo
ries sur la lâcheté du mensonge ou les dan
gers de la paresse que d’arriver pratique
ment à ce que les enfants ne soient ni men
teurs, ni paresseux, moins de leur dépein
dre les horreurs de la cruauté que de les
rendre pratiquement bons et doux.
Mais pour cela ne faut-il pas justement
le concours de tous ceux qui, par dessus et
en dehors de toutes leurs divergences poli
tiques, philosophiques ou religieuses, con
sidèrent qu’il n’y a pas deux manières d’être
un honnête homme, et que l’apprentissage
en quelque sorte de cette honnêteté doit
constituer tout simplement et tout uniment
l’éducation morale.
, Que tous ceux qui pensent ainsi se
réunissent, qu’ils examinent et avec le dé
sir d’aboutir, les moyens pratiques de ren
dre l’enfance bonne, franche, laborieuse,
sobre, de maintenir l’adolescence et la jeu
nesse dans cette voie, et la vie de la cité
sera d’autant embellie, car ces qualités
ainsi solidement acquises ne se perdront
plus, ou que très rarement.
C’est sous l’empire de ces considérations
que s’est fondée l’année dernière la « Ligue
Française d’Education Morale » ; sous la
direction de personnalités les plus émi
nentes de tous les partis politiques, de tou
tes les confessions religieuses, de toutes les
tendances philosophiques, elle a abordé
résolument le problème. Grâce à quelques
généreux amis, elle a ouvert un concours
pour la rédaction d’un « Manuel d’Educa
tion Morale » conçu d’après ses principes,
lesquels sont résumés dans cet article de
ses statuts :
il est fondé à Paris, sous le titra de Ligue
Française d’Education morale-, on dehors S
divers groupements politiques, Phiosopal-
ques, religieux, une Association ayant pour
objet le perfectionnement de l’éducation
morale, par la propagation des règles recon-
unes indispensables à lacondaitedelindivida
et à la vie des sociétés.
Résolue à observer la neutralité confes-
sionnelle et réservant pour chacun de ses
membres Feniière liberté des opinions, la
Ligue répand les idées morales sur lesquel
les l’entente est assez complète pour par-
mettre la collaboration de toutes les bonnes
volontés.
Elle recherche, pour les appliquer à l’édu-
cation morale des deux sexes dans les divers
milieux sociaux, en particulier dans les mi
lieux scolaires, les méthodes les plus pro
pres à former les caractères, à développer
l’esprit de solidarité, à fortifier la notion et
le sentiment du devoir,
Elle a, dans son Bulletin, F Union Mo
rale, donné d’amples détails sur les œ uvres
qui se proposent de travailler au relèvement
moral, ou à la solution de quelques-uns des
problèmes qu’il soulève ; c’est ainsi qu’il y
a été à diverses reprises traité de ces admi
rables « Ligues de Bonté », dont nous
avons ici même entretenu nos lecteurs.
Enfin elle a pris récemment une initiative
des plus heureuses.Ce fut l’organisation d’un
Congrès, qui s’est tenu à la Sorbonne, et
dans lequel on étudia les moyens de déve
lopper chez l’enfant le sentiment du devoir
civique, la sincérité, et la subordination de
l'intérêt personnel à l’intérêt général.
Ces trois questions firent l’objet de nom
breuses communications où elles étaient
examinées au point de vue pratique ; on y
développa peu de théories générales. On y
exposa plutôt les résultats de tentatives ou
d’observations. Un certain nombre de mem
bres du corps enseignant participèrent à
ces assises, et aux échanges de vues qui s’y
livrèrent.
Et l’on ne peut que souhaiter qu’ils en
aient tiré les meilleurs encouragements à
intensifier le côté moralisateur de leur en
seignement, en s’inspirant de cette concep
tion profonde que la morale est une chose
qui se pratique, et non point une leçon qui
se récite.
Que ce point de vue soit adopté peu à
peu, et, peut-être tous les graves problè
mes que nous n’avons fait que signaler au
cours de cet article ne seront pas résolus,
mais leur solution sera du moins rendue
sensiblement plus aisée.
F. POLET.
51. Briand prononce 81 Discours politique
Au banquet qui lui était offert hier à Saint-
Etienne, M. Briand a pris la parole. Il a re-
mercié la Fédération républicaine de la Loire
de lui avoir, en organisant une belle mani-
festation démocratique et en lui confiant la
présidence, procuré l’occasion ardemment
désirée par lui de s'expliquer en toute net-
teté, en complète et entière franchise, de
vant ses amis et ses électeurs fidèles qui, à
toul.es les périodes, même les plus délicates
et les plus difficiles de sa vie politique, n'ont
cessé de l'encourager et d® le soutenir de
eur confiance.
a Je me retrouve ici, dit-H, avec une 6mc-
fion que j'essayerais vainement de dissimu
ler, parmi mes seuls électeurs qui, depuis
douz3 ans, j’ai l'honneur de représenter,
groupés à tous les moments de ma carrière
politique, malgré les attaques et les calom-
nies, aux heures les plus troubles et les plus
cruelles.
» Quand j'étais appelé à remplir un devoir
difficile, dans ces moments-là, je me sentais
soutenu par leurs sympathies ardentes.
Dans chacune de nos rencontres, lorsque
j'ex posais mes idées. mes actes, je les sen-
tais toujours unis à moi ; je les en remercie
avec d’autant pius d’émotion que c’est une
circonscription de travailleurs et de bons
ouvriers. Et lorsque j'étais aux prises avec
les mouvements sociaux, quand je devais
faire appel à des moyens qu’uns société ne
peut pas refuser, je me suis demandé s’ils
me comprendraient. C'est leur honneur
d'avoir réfréné leur impatience, c’est leur
honneur de m'avoir toujours encouragé de
leurs approbations, aux heures les plus pé
nibles. »
Un grand nombre de ses amis, de ses col
lègues du Parlement, lui avaient exprimé le
désir de participer a cette manifestation. Il
a été très touché de cette marque de sympa
thie qu'ils lui donnaient. Il les en a remer
ciés, mais il les a détournés do Ce projet,
pour ne pas risquer de fire perdre à cette
réunion le caractère qu'il tient à lui laisser
d’une rencontre entre un élu et ses élec-
tsurs.
Le banquet, ramoné à ces proportions, son
discours devient une sorte de compte rendu
de mandat, au cours duquel il se propose do
s’expliquer complètement sur ses actes
comme député, comme ministre, comme
chet du gouvernement et sur la signification
qu'il convient de donner à la politique qu’il
a tracée et s'est efforcé de faire adopter et
suivre par les partis républicains.
Il est d'autant plus à l’aise pour le faire,
que débarrassé des soucis et des responsabi
lités du pouvoir, sa parole étant devenue
plus libre, il peut s’expliquer avec plus d’ai-
sance sur toutes les questions qui préoccu
pent si légitimement l’opinion publique, à la
veille d’une grande consultation du suffrage
universel. ..
H se retrouve dins les conditions ou il
était, quand il a été candidat pour la pre
mière circonscription de Saint-Etienne, il y a
douze ans, en 1902.
« Ce qui situait ma candidature, dit-il, et
lui donnait son caractère politique, c’est que
j’avais en face de moi deux adversaires : rua
de droite, s’appuyant nettement sur le parti
réactionnaire et clérical, l’autre d’extrême
gauche se réclamant de la Révolution. »
Aujourd’hui, des affiches sur les murailles,
placardées par les soins du parti révolution:
naire, le désignent à la haine des travail
leurs. D’autre part, il y a quelques jours.
dans
réactionnaire, réunis en congrès, l’ont dési-
gué à leurs adhérents comme l’ennemi qu’il
faut combattre, et dans l’ardeur de leur po
lémique, ils n’hésitaient pis à lui appliquer,
eux aussi, l’épithète devenue déjà fameuse
« d’endormeur ».
Et M. Briand, sans le nommer, fait en ces
termes allusions à M. Caillaux :
« Aujourd’hui je suis le même homme gui
reviens devant voua et qui a te droit da dire
à ses amis qu’il ne revient pis les mains vi
des.
» Pendant son sommeil il a été somnam
bule puisqu'il «a fait voter la séparation des
Églises et de l’Etat, loi de haute laïcité, puis
qu’il accomplissait dans l’ordre social des ré
formes sur lesquelles je reviendrai tout à
l’heure.
» Peadant ce sommeil profond, durant
lequel le parti républicain était venu sous
mon aile magnétique j’avais à lutter contre
ua homme qui, lui, était bien éveillé. Je de
vais triompher de son activité. Si la loi de
séparation fut votée, c’est malgré lui ; c’est
contre certains républicains qui ne trouvent
pas mon cerveau assez laïque et démocrati
que que je dus faire voter la plupart des ar-
ticles essentiels de mon programme.
» Ici, vous l’avez compris, il y avait autre
chose que des filtres endormeurs pour dé-
mocrates.
» A toutes les heures où il a fallu lutter
contre la réaction, n’ai je pas été au premier
rang du parti républicain f
» Et contre qui ai je soutenu le ministère
Combes ? Contre le même I »
Le fait qu’après douze années il se trouve
devant ses électeurs aux prises avec les mê
mes adversaires et les mêmes attaques équi
libre sa politique en la mettant en pleine
clarté.
M Aristide Briand rappelle que comme
militant et comme député il a soutenu les
ministères Waldeck-Rousseau et Combes. Il
politique person-
ir le double souci
revendique hautement ces années de sa vie.
Il expliqne ensuite que sa politique person-
nele n’a été guidée que par le double souci
de l’intérêt national et de l'intérêt républi
cain et n’a cessé d’être orientée vers des réa
lisations de justice sociale obtenues avec la
collaboration de teutes les fractions du parti
républicain.
Il s’explique sur le reproche qui lui est
adressé d’avoir l’appui de la droite. S’il a
demandé la justice administrative pour tous,
il n’a jamais recherché le concours d’autres
que des r épublicaing.
Tandis que je vois parmi ceux qui me re
prochent des concours réactionnaires, des
hommes qui, grâce à la droite, ont jadis
abattu Gambetta et Dites Ferry. •
Si la droite, coniinue-t-il, a paru m'ap-
prouver, c’est parce qu’elle a compris que
ma politique avait la faveur du pays.
Que de? hommes se battent pourdes idées :
irèsbien. Mais que pour de misérables am-
bitions, pour des intérêts locaux on entre
tienne dans toute la France une agitation
haineuse : Ah ! non. (Bravos frénétiques).
L'orateur estime que la France n’a pas fait
a liberté pour gémir sous les tyrannies 10
cales. Et il poursuit :
« Mes paroles de Périgueux et, par la suite,
l’altitude que j’ai été amené à prendre, ont
fait tourner mes adversaires vers celui qu'ils
ont ironiquement appelé « l'apaiseur », et iis
se sont écrié : « Le voilà l'ennemi du peu
ple ! »
» Laissons dire. Et n'oublions jamais que le
rôle de l'Etat n’est pas de mettre la puis
sance administrative au service des rancunes
de parti :
» Voilà la signification de ma politique.
» Le gouvernement, je l’ai pratique sans
une minute de défaillance.
» Le jour où les républicains voudraient
imposer au pays des idées dont il ne veut
pas, c’est que le règne de la République se
rait bien près de finir.
» La République au pouvoir est le gouver
nement de tous les citoyens.
» Elle doit s’appuyer sur an parti et sur
des idées. »
M. Briand affirme qu’il n’a jamais recher-
ché le pouvoir par des moyens que certains
de ses adversaires ont employés contre lui.
Dans le gouvernement d’aujourd’hui, il a
des amis.
A sa tête M. Doumergue, qui pendant
dix huit mois a été son collaborateur fidèle,
et dans ses rangs MM. Viviani et Re-
noult qui firent partis également de son
cabinet.
« Si ces hommes avaient compris qu’ils
compromettaisnt la République, est-ce qu'ils
se seraient solidarisés si longtemps avec
moi ?
» Miis aujourd’hui ceux-ci sont au pouvoir
à la suite d’une tentative d’unification ac
compagnée de menaces d’anathèmes et
d'excommunications.
» Ils n’ont pas tardé à s’apercevoir que
tous les jours les exigences de la vie font
éclater les dogmes.
« Avant leur arrivée au pouvoir, ils
avaient dit : « II faut revenir au service de
doux ans. 9
» Leur première parole, dès. qu'ils furent
en possession de leurs portefeuilles, fut :
« Maintenons la loi de trois ans. »
» Ils avaient dit : « Loin de nous la réfor-
me électorale » ; ils ont rencontré une Cham
bre qui les a amenés à en prendre la respon
sabilité et, comme les six gouvernements
qui les avaient précédés, ils sa tournent vers
le Sénat et lui disent :
« Il fout faire quelque chose qui ressemble
beaucoup à ce que les ministères précédents
ont préparé. »
Dans la séance où ils ont renversé le cabi-
net Birthou, pour l’œuvre duquel M. Briand
éprouve une vive admiration, un homme
dont les attitudes financères sont particuliè-
ment distinguées est venu critiquer la politi-
que du cabinet et combattre notamment le
relèvement de la solde des officiers.
« Or hier la Chambre, à la demande du
gouvernement, a voté l'argence du relève
ment des soldes. »
Et M. Briand s’écrie :
« — Encore un éclatement dos dogmes
sous la poussé© des événements et des né
cessités de la vie. » .
« Le suffrage universel doit tirer des en-
seignemenks de ces fautes.
» Le jour où sous menace d'excommuni-
cation on imposerait des dogmes aux élus du
suffrage universel, il n'y aurait plus de Ré
publique, plus de suffrage universel. .
» Il n’y aurait plus que de la tyrannie OU
qu’un plys écrasé sous uns poussiers de
tyrannie ». (Bravos prolongés).
M Briand dit que ses amis et lui iront de
main devant le suffrage universel et lui de
manderont d’envoyer à la Chambre des ré
publicains éprouvés, disposés à donner à ce
pays la stabilité gouvernementale nécessaire,
des républicains qui ne passeront pas leur
temps à intriguer dans les couloirs de ia
Chambre.
« Jusque là on n’aura que des gouverne»
ments successifs se combattant sous des
apparences de programmes et faisant au
gouvernement exactement ce qua faisaient
leurs prédécesseurs.
L’orateur ne cache pas son amertume.
Quand il voit ces hommes essayer de s'ar.
racher les mandats en tentant de tromper
le pays sur la portée du vote émia par ie
Parement, il est écœuré et profondément
indigné. 3
Mais il a confiance qu’un hoquet de dégoût
délivrera le pays de cotte question qui en se
prolongeant le menacerait dans sa vitalité
même.
M. Aristide Briand méprise la polliqtg
d'ambition personnelle qui, à certaines heu-
res de passion, ne ménage plus rien et en
arrive à prendre comme otage la politique
extérieure du pays.
M. Briand explique son attitude au sujet
de la réforme électorale. Il dit que c’est aur
républicains qu’il importe de s'unir contre
les voix de droite.
. En revenant à la question de défense na
tionale, M. Briand revendique la responsabi
lité d'avoir proposé au Parlement l'augmen-
tationde la durée du service militaire.
— C’est, dit-il, l’honneur du gouvernement
suivant d’avoir mené la tâche à bonne fin.
Si Briand a demandé les trois ans, c'est
qu’il en a senti la nécessité véritable.
« Parmi ceux qui combattirent la loi figu
rent la plupart de ceux qui en avaient créé
la nécessité même.
» N'y a-t-il pas quelque chose d'abomina-
ble, d’insupportable à voir ceux qui sont
responsables de cette situation lui reprocher
d’avoir, au pouvoir, pris les mesures qu’elle
comportait ?
» Quel est l’homme de gouvernement qui,
dans un moment pareil, n’hésiterait pas à
faire litière de misérables préoccupations
électorales ? Quel est celui qui hésiterait à
faire son devoir ? »
ble.
Et l’orateur y insiste :
Il a connu ces heures. Il est arrivé ua
jour où s'étant retiré du pouvoir, il vit
pietiner et déchirer par ses successeurs tous
les projets de pénétration pacifique au Ma
roc.
Aussi quels furent les résultats do la nou-
voile politique ? Ce fut Agadir, l'Italie en
Tripolitaine. Ce fut l’augmentation des ar-
moments de l’Allemagne. (Bravos prolon
gés).
M. Briand a fait au Maroc une politise
pacifique. Il est partisan de la paix dans la
dignité.
Grâce à l’attitude du Parlement en cette
circonstance, la France est restée à la hau
teur de sa tâche. (Bravos prolongés.)
M. Briand expose les raisons de son atti-
tude à l’égard des divers problèmes d’actua-
lité. Il rappelle la grève des cheminots qui a
éclaté sans raison, par la faute de personna-
lités qui ont entraîné les travailleurs dans
un mouvement de sabotage et d’anarchisme.
Il explique que le gouvernement a dû foi
re face à ce mouvement.
Après la grève, sans rancœur, il s’est effor
cé d’en effaces- les souvenirs..
Tous ces problèmes, il les a envisagés dans
la même pensée d’apaisement.
Ainsi, après les événement: du Midi, il a
propesé l’amnistie ; amnistie après la grève
des postes, amnistie après la grève des che-
minots.
M. Briand dit qu’il est te ministre républi
cain qui a fait voter dans sa vie p’us am-
nisties qu’on n’en avait voté pendant qua
rante années de République.
Tout cela, c’est la politique qu’on lui re-
proche, c’est pour cette politique qu’il est un
mauvais républicain, un endormeur, un ver-
seur de soporifiques.
« — Allons donc, s’écrie-t-il, j’ai confiance
dans mes électeurs pour discerner la part de
mauvaise foi qu'il y a dans les critiques do
mes adversaires.
» Demain, avec mes amis, j’irai devant le
pays revendiquer la responsabilité de ma
politique.
» La République et la France- ne sont
qu’une seule et même personne radieuse ;
elles ne peuvent accomplir leurs destinées
qu’à la condition d’être un seul gouverne-
ment dans la paix, dans l’ordre et dans la
justice sociale. »
La péroraison de M. Briand a été salués
d’acc’amations frénétiques et la sortie s’est
effectuée sans incident d’aucune sot te.
-------------------------------------------4-55-- —-----===
INFORMATIONS
La Ligue contre l’Alcoolisme
M. Raymond Poincaré a présidé hier l’as
semblée générale annuelle de la Ligue contre
l’alcoolisme qui a eu lieu dans le grand am-
phithéâtre de la Sorbonne.
Au cours de la cérémonie, M. Joseph Rei-
nach, député des Basses-Alpes, a prononcé
un discours. _____
Les Postes de T. S. F. privés
M. Fleary-Ravarin, député du Rhône, a
demandé au ministre des postes et télégra-
phes si les particuliers pouvaient, à l’inté-
rieur de leur propriété, établir un poste ré
cepteur de T. S. F., et recueillir ainsi les
ondes hertziennes qui traversent l’atmosphè
re, en provenance des postes français et
étrangers.
A cette question, le ministre du commerce
a répondu*: .. r
U Qu’en l’absence d’ane législation SPC-
ciale,‘administration étend dans une cer-
taine mesure à la radiotélégraphie la légisia
tion ordinaire ; .
2» Que l’établissement d an poste émetteur
pour an particulier dans sa propriété est
considéré comme un fait à la fois prohibé et
punissable ;
3 Que l’établissement dans les memes
conditions d’un poste uniquement récepteur
est simplement toléré et n’est passible d au
cane pénalité ;
4» Enfin que le gouvernement prépare nw
loi nouvelle qui interdira formellement des
postes récepteurs privés, sauf autorisation
spéciale dans des cas déterminés.
observatoire DE HAA&AS
Paris, 21 décembre, 11 h.
Extrames baromâtrienez : 778 maliza. à Bel-
fort, 773 millim. à Biarritz.
Forte pression Europe Ouest.
Temps probable: Vent variable, temps edd,
brumeux et froid.
A midi..,
A minuit.
(Centre de
. 775
, 779
la Ville)
EBSOEETR
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