Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-11-30
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 novembre 1913 30 novembre 1913
Description : 1913/11/30 (A33,N11804). 1913/11/30 (A33,N11804).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526386503
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
- EDITTON DU MATIN — 5 Centimes (8 Pages) Dimanche 30 "Novembre 1913
“===rrrec e@l@mmnmng===========-=-====-------=-------
53" Année — N 11,804
• • : - - c 2
(83 Pages; 5 Centimes
eee ce=cggger====-=---===-=====---====== =============== ====y auyangencreg
Administrateur-Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 85
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havn
_Atbistration, Impressions et Annonces, TAL 10.17
Le Petit Havre
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Caresser tout ce qui concerne la Rédaction
a M. HIPPOLYTE FÉNoUX
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7.60
AU HAVRE
A PARIS.
AN NON CES
Bureau du Journal, Ht, bould de Strasbourg.
i L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ORGANE REPUBLICAIN, DÉMOCRATIQUE
e
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure j
l’Oise et la Somme 1
Autres Départements............ i
Union Postale
TBOL Mois
Six Mois
Un AK
4 5O
« Fr.
9 Fr.
1 9 se
22 •
union postale » 20 Fr. 5€ 8 *
On s'abonne également, SANS FRfiS, dans tous les Bureaux de Poste F» s
DERNIRE IIhii
Paris, trois heures matin
\ DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 29 NOVEMBRE
r Cotons j décembre, hausse 2 points ; jan-
vier, hausse 5 points ; mars, haussa 5 points ;
mai, hausse 5 points.
v Cafés : baisse 6 à 9 points.
NEW-YORK, 29 NOVEMBRE
Cuivre Standard disp.
— janvier
Amalgamat. Cop...
Fer
(. IU 100%
c. mcnwT
44 37
14 37
69 14
15 37
69 -/-
CHICAGO, 29 NOVEMBRE
C. DU JOUR
2. PRECED
Blé sur
Décembre.
86 1/8
86 7 8
Mai
90 1/8
90 3 4
Maïs sur
Décembre.
70 1/8
70 3 4
s
Mai
70 »i»
70 1 4
Saindoux sur.
Janvier...
10 83
10 87
—
Mai
li 10
11 12
M. POINCARÉ CHEZ LES MUTUALISTES
M. Poincaré a assisté hier soir, au Troca-
déro, à la fête de la Mutualité organisée par
l’Orphelinat des Postes, Télégraphes et Télé
phones.
Prenant la parole après M. Serres, prési
dent de l'Orphelinat, M. Poincaré a dit :
« Vous donnez, Messieurs, dans vos Socié-
gés de bienfaisance, de généreux exemples
d’union morale, de vivantes leçons de pré-
voyance collective.de féconds enseignements
d’action démocratique et sociale.
» La Mutualité postale devenue si pros
père atténue pour vous et vos fimilles les
conséquences des malheurs inévitables. »
Faisant allusion au récent accident de Me
lun, M. Poincaré dit :
« J’ai voulu saluer au nom de la Répu
blique les restes des vaillants serviteurs de
l’Etat morts au champ d’honneur. Je me
suis également approché du lit des blessés.
J’ai trouvé chez tous le calme et la simpli
cité de l'héroïsme.
» Ceux que le Destin avait épargnés, n’a
vaient qu’une idée : réparer, dans la mesure
Ar poogikie ItA L frulo . du doaot c CU Cher-
chant parmi les débris des wagons-poste a
correspondance que les flammes avaient
épargnée.
» M. le ministre des Postes et moi avons
admiré la beauté tranquille du devoir et le
courage civique,
» Quoique douloureux, ces souvenirs sont
de nature à élever et fortifier nos âmes.
» De tels exemples honorent la corpora
tion ».
: M. Massé, ministre du commerce, assistait
également à la fête du Trocadéro.
- LE MÉRITE AGRICOLE
Le Conseil supérieur du Mérite agricole
s’est réuni hier soir sous la présidence de M.
Clémentel.
Le Conseil a décidé que les délais d’inscrip
tion des candidatures expireront au premier
novembre et au 15 mai, respectivement pour
les promotions de janvier et juillet.
Par exception, le délai a été reporté au 15
novembre pour la prochaine promotion.
Le Conseil a nettement défini les divers ti
tres agricoles nécessaires pour prétendre aux
distinction du Mérite Agricole f 10 ans de
services avec minimum de trente ans d’âge.
Le Conseil se réunira dans le curant de
décembre pour examiner les prochaines pro
motions.
LA MORT DE M. POECKÉS
Me Henri Géraud termine sa plaidoirie en
disant :
Mme Poeckès est-elle coupable ? Vous ne
pouvez répondre que non.
Elle pouvait dire avoir obéi à une surexci-
dation morbide... elle pouvait dire : « Mon
mari a voulu me tuer ; je me suis défen
due î » Elle était sauvée. Elle a voulu dire
toute la vérité. Par pitié, un peu de pitié ? »
La salle fait au défenseur une longue ova
tion. Plusieurs jurés pleurent.
Le jury rentre immédiatement dans la
salle de ses délibérations ; il est 5 h. 30.
A 6 heures le jury réapparaît et l’audience
est reprise.
La réponse du jury est négative sur toutes
les questions.
Eu conséquence, Mme Pæckès est acquittée.
L’accusée est ramenée à son banc. Elle
prend alors les deux mains de son défen
seur et les appuyant sur sa tête, éclate en
sanglots.
L Aucun incident ne s’est produit.
===-3- —=
L’ESCADRE ANGLO-FRANÇAISE
EN GRÈCE
ATHENES. — Le roi a visité l’amiral anglais
jbord de Y Inflexible.
• Un déjeuner a été offert au souverain par
l’amiral.
Le ministre de la marine a également ren
du visite hier aux amiraux anglais et fran
çais à bord de leurs vaisseaux-amiraux.
SOLDATS A LA FRONTIÈRE DE L’EST
Nancy. — Hier matin, un sergent, un ca
poral et deux soldats du 102e d’infanterie,
qui accompagnaient des recrues à Nancy,
étaient allés à bicyclette voir la frontière à
Pettencourt.
Au poteau-frontière, un douanier leur
ayant fait signe de ne pas aller plus loin,
les soldats obéirent mais l’un d’eux eut à
S’adresse du douanier un geste déplacé.
Le douanier se plaignit au commissaire
spécial de Moncel, qui ouvrit une enquête.
Les soldats ont regagné Nancy.
exweriosflo==o»=9
ACCIDENT DE TRAMWAY
' JICE, — Un grave accident s’est produit
sur la route de Mont Boron.
Un tramway venant de Villefranche, em-
ballé dans une descente, est allé tamponner
une voiture qui traversait la route.
Le charretier a été tué net. Plusieurs voya
geurs ont été grièvement blessés. L’état de
l’un d’eux inspire de vives inquiétudes? . _ )
LES INCIDENTS DE SAVERNE
Les Principes commandent
GERQuQUE TIAURAgSE
Les prisonniers sont relâchés
Strasbourg. — On mande de Saverne que
les trente prisonniers ont passé la nuit dans
une cave humide de la caserne. A onze heu
res du matin, ils ont ét5 conduits devant le
juge civil, entre quatre soldats baïonnette au
canon.
Le juge les a fait relâcher immédiate
ment.
Le Conseil municipal a décidé d’adresser
aux habitants un nouvel appel pour les prier
d’éviter des attroupements.
On affirme que le lieutenant Forstner est
sous le coup d’une dénonciation pour at
tentat à la pudeur et courrait le risque d’être
arrêté.
Berlin. — On apprend de source autorisée
qu’une enquête sévère a été ouverte au su
jet des derniers incidents de Saverne.
Une Enquête officielle
Strasbourg. — Le ministère a envoyé hier
le conseiller intime du gouvernement, M.
Pauli, à Saverne, avec mission de procéder à
une enquête sur les événements qui se sont
produits à Saverne vendredi soir et hier ma
tin.
Nouveaux désordres
SA VERNE. — Dss désordres ont éclaté hier
matin.
Le président du tribunal et le premier pro
cureur se sont rendus à Strasbourg pour
présenter leur rapport au statthalter.
Un Télégramme du Chancelier
Strasbourg. — A la résolution envoyée à
Berlin par le conseil municipal de Siverne,
il a été fait hier soir les deux réponses sui
vantes :
D’abord un télégramme adressé au géné
ral commandant en chef à Strasbourg, in
vitant celui-ci à donner immédiatement à
qui de droit les ordres nécessaires pour
empêcher de toute façon les infractions à la
loi.
Ce télégramme était signé du ministre delà
guerre général Von Falkenhayn.
Enfin un autre télégramme du chanceiier
de l’Empire.
En voici le texte :
« J’ai reçu votre télégramme et j’ai invité
le statthalter dans le cas où l’enquête sévère
qui est ouverte révélerait des faits contraires
aux lois de prendre des mesures pour remé
dier à la situation.
» Signé : Von Bethmann Ho’weg ».
Hier soir, la ville était tranquille ; on ne
signalait pas le plus petit désordre. On n’a
pas aperçu de patrouilles. Cependant, les
forces de gendarmerie qui pourvoient à la
sécurité de la ville ont été évidemment ren
forcées.
L’AVIATEUR CHEVILLIARD
VICTIME D’UN ACCIDENT
Anvers.— Hier après-midi, l’aviateur Che-
villiard, après avoir, sur l’aérodrome d’An-
Vers effectué d vers vols très réussis et son
looping the loop, se livrait à une nouvelle
expérience lorsque se produisit un accident
qui aurait pu avoir, pour les nombreux spec
tateurs présents et pour l’aviateur les plus
graves conséquences.
L’aviateur, se trouvant à quarante mètres
environ du sol, volait depuis 25 secondes, la
tête en bas, quand voulant rétablir l’équi
libre de son appareil, il tenta de remettre
son moteur en marche. Mais Je réservoir à
essence n’était pas sous pression ; le moteur
ne put fonctionner.
L'aviateur voyant son appareil descendre
sur la foule, réussit à le faire dévier et vint
atterrir brusquement dans un fossé.
Dans sa coûte, l’aviateur ne reçut fort
heureusement que de légères contusions,
mais son appareil est complètement brisé.
Le courageux Chevilliard possédant un ap
pareil de rechange, compte pouvoir recom
mencer ses vols aujourd’hui.
COLLISION DE TRAINS EH ITALIE
Rome. — A la gare de Ceccan une collision
s’est produite entre l’express de Rome-Na
ples et un train de marchandises, par suite
d’une erreur d’aiguillage.
Six voyageurs de troisième classe et l’ai
guilleur ont été tués.
Il y a une vingtaine de blessés.
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
Nomination d’un Conseiller d’Etat
Le ministre de la justice a présenté à la si
gnature du président de la République, un
décret nommant conseiller d’Etat, M. Marin-
ger, directeur des affaires départementales
et communales au ministère de l'intérieur,
en remplacement de M. Fournier, admis à
faire valoir ses droits à la retraite, et nommé
conseiller d’Etat honoraire. Cette nomina
tion sera le point de départ d’un prochain
mouvement préfectoral.
Les Nouveaux Cuirassés
Il a fait au Conseil une communication
relative aux caractéristiques des cuirassés
du programme naval qui doivent être mis
en chantier en 1915.
Les cuirassés auraient, croyons-nous, un
déplacement de 28,000 à 30,000 tonnes et se
raient armés de 16 canons de 343.
Nouvelles de la Chambre
L’Emprunt
La Chambre a décidé, on le sait, de siéger
lundi matin pour continuer la di-cussionde
l’emprunt. On pense que le débat pourra se
terminer lundi soir.
Suivant la procédure usitée, c’est le chiffre
le plus élevé qui d it être mis aux voix le
pre mier. C’est donc sur l’amendement de
1,500 millions que la Chambre aura à se pro
noncer tout d’abord. On croit savoir que le
gouvernement acceptera cet amendement,
sans toutefois engager sa responsabilité dans
le vote.
Si le chiffre de 1.500 millions n’était pas
adopté, le gouvernement poserait la ques
tion de confiance sur le chiffre de 1.300 mil
lions.
L’événement de ces derniers jours a été
l’article-manifeste du Petit Parisien, ins
piré du meilleur sentiment, dans l’espoir
de rapprocher l’Alliance démocratique du
Parti radical, de réconcilier les amis de
M. Adolphe Carnot avec ceux de M.Cail-
taux.
C’est un espoir louable, séduisant même.
L’idéal n’est-il pas, comme le dit la Petite
République, « de se préoccuper de l’état
d’émiettement dans lequel se trouvent pré
sentement les forces républicaines et de
faire effort pour les rallier et coordonner en
vue d’une action commune sur le terrain
des réformes démocratiques et sociales. »
L’intention est donc excellente.
Mais comment les choses se présentent-
elles et quelles sont les bases d’union ?
Il s’est passé, depuis peu de temps, des
événements significatifs. Il y a eu le Con
grès de Pau.
Le Parti radical et radical-socialiste y a
pris une attitude et des décisions radicale -
ment opposées au programme de l’Alliance
Républicaine Démocratique.
Elles vont jusqu’au monopole de l’ensei
gnement ; jusqu’à la déclaration obliga
toire et contrôlée, en matière fiscale ; jus
qu’à l’abrogation de la loi de trois ans, en
matière de défense nationale.
L’Alliance Démocratique a justement
l’envers de ce programme.
Elle en est toujours à sa formule : ni Révo
lution ni Réaction. Le point de départ d’un
rapprochement serait le désaveu par les
radicaux-socialistes, des procédés des uni
fiés, de leurs tendance, de leurs rêves.
C’est en effet l’ultimatum auquel vient
de s’arrêter, à l’unanimité, la Commission
exécutive du Parti Républicain démocrati
que, après examen attentif de la situation.
« A la veille de la grande consultation
de 1914, dit le Bulletin de l’Alliance, le
pays y voit clair et loin. Aussi notre politi
que de principes y rencontre-t-elle d’innom-
brables échos. Jamais on ne fera admettre
aux républicains qui nous ont donné leur
confiance que, subitement et comme par
miracle, nous sommes devenus les alliés
ou les dupes de l’Action libérale et que
nous avons ouvert nos portes toutes gran
des aux tenants impénitents de ces anciens
partis, à la désagrégation desquels tous nos
efforts tendent pour le plus grand bien de
la patrie et de la République.
» Si nous croyons fermement que la Ré
publique a l’impérieux devoir de chercher
à gagner à elle tous les citoyens, qu’elle
appartient à tous et qu’elle doit être acces
sible à tous, nous nous sommes toujours
bien gardés, comme d’autres l’ont fait, de
donner inconsidérément à tous ceux qui
viennent à nous des lettres de commande
ment. En adhérant loyalement à notre po
litique réformatrice, laïque, tolérante et gé
néreusement sociale, on ne devient pas du
coup un de nos chefs ou même un de nos
candidats.
» A l’heure présente, l’unique souci des
divers partis doit être de fortifier leurs ca
dres et de s’organiser-puissamment. Au
cune critique, aucune attaque, aucune dé
fection, aucune insinuation malveillante ne
nous détourneront de cette tâche. Mais cette
préoccupation de rester nous-mêmes ne
nous empêchera pas de travailler avec tous
les républicains, sans ostracisme, sans in
transigeance, sans arrogance, à l’œuvre
commune de progrès, de concorde sociale
et de grandeur nationale, qui est l’idéal de
la République et qui doit être le but suprê
me et constant des efforts de ses serviteurs
désintéressés. »
C’est le développement de la pensée ex
primée par M. Carnot, sollicité de s’expli
quer sur la tenue du Parti :
« Il est probable, disait l’honorable pré
sident du Parti Républicain Démocratique,
que l’Entente pourra se faire entre nous et
les radicaux et radicaux-socialistes dans
quelques circonscriptions. Mais il ne fau
drait pas en conclure à un rapprochement
de principes entre les deux partis... Tels
nous sommes, tels nous resterons, sans ac
cepter de compromission avec quelque parti
que ce soit ».
Le journal radical-socialiste La Lar^
terne n’est pas moins décidé à garder sa po
litique ; il en reste à ce qu’il appelle « l’é
puration de Pau », et repousse du premier
coup toute idée de rapprochement.
Tel est l’état de la question posée par les
polémiques actuelles. Elles n’indiquent
guère de solution. Et.l’âpreté avec laquelle,
sur des questions urgentes et primordiales,
le Gouvernement, hier encore, était attaqué
par M. Gai Baux, ne laisse pas entrevoir la
trêve désirable.
HIPPOLYTE Fénoux.
6u:R626RCKR-RR0Ca*82S2=MSS% EERsRceoaasosas 1 488
Des fartes de Visita
du BE333 UAYB3
Cent.cartes, accompagnées de cent enve
loppes, seront renfermées dans un joli car
tonnage et livrées au prix de 1 fr. 50 au
lieu de 3 fr. 23, valeur marchande. Pour les
cartes de deuil, le prix sera de 2 fr. 50.
Le BON No 4 est publié dans le nu
méro d’aujourd’hui, à la Dage d’annonces.
La Télégraphie sans Fil en Poche
F
Photo Petit Harr Cliché Petit Havre
M, Sancey recevant l’heure radlotélégraphlque
Au-dessous, l’Appareil ; R. Récepteur ; B. Bobine d’accord ; C. Condensateur : D. Détecteur.
Longueur totale : 19 centimètres.
Quiconque se plairait à nier le rôle im-
mense, capital, décisif, que joue le temps
dans les conversations particulières et l’agré
ment des relations sociales qui en décou
lent, n’aurait jamais entendu parler.
Il est permis, en effet, d’avancer ce prin
cipe que sur dix personnes amies se rencon
trant et se mettant à échanger des impres
sions, neuf d’entre elles débutent infaillible
ment par des considérations sur l’état de santé
du ciel et les caprices de la température.
Le « Fichu temps » et « Le beau soleil pour
la saison » ont amorcé et amorceront long
temps encore des multitudes de conversa
tions. La météorologie du jour est une sorte
de paillasson-décrottoir sur lesquels les es
prits se mettent en forme avant d’entrer
dans le vif de l’actualité.
Nous nous sommes fabriqués ainsi un pe
tit répertoire de mots qui servent naturelle
ment beaucoup sans paraître trop surmenés
par l’usage machinal qu’on en fait.
il y a le « fichu temps » et le « beau soleil
pour la saison », mais il y a aussi, pour les
cas divers, le « temps de chien » ou le
« temps de canard » suivant les goûts cyné
gétiques, le « C’est votre temps, probable
ment », qui est railleur, le « Fond de l’air est
Iroid », qui est plein d’observation, quelques
autres sentences généralement dépourvues
de gravité scientifique mais qui servent à
merveille les interlocuteurs indécis et ti
mides.
Que de conversations étincelantes et de
propos marqués au bon coin de l’originalité
garantie, ont eu pour prémices le «C’est trop
beau pour que ça dure » ou le « Me parlez
pas de la pluie », dont la lamentable banalité
doit contribuer, j’en ai la conviction intime,
à fai e pleurer un peu plus les nuages !
La vérité très nette est que nous parlons
du temps à propos de rien, à propos de
tout, avec la plus coupable légèreté. Ce sont
là coutumes déplorables indignes d’une épo
que aussi scientifique, aussi positive que la
nôtre.
Je ne l’ai jamais aussi bien senti que tout
l’heure.
Je quitte un très brave homme qui habille
sa compétence industrieuse de la plus char
mante ‘des modesties. Il est, par profession,
horloger.
Dans son atelier de la place Richelieu, au
milieu d’un monde de pignons dentés et de
ressorts qui se tordent sur sa table de tra
vail, pendant de longues heures la loupe
dans l’œil, il ausculte et restaure les compli
qués et délicats mécanismes. Pencha sur les
boîtiers sans vie, la pince en main, il au
topsie et plonge dans les ventres d'or ou
d’argent. Il en extrait des roues, des vis, des
rubis, une collection de petites choses qui
jouent évidemment un rôle, mais qui ponr
l’instant gisent à ses côtés, inertes, sous des
cloches de verre.
La pince les reprendra une à une, les as-
s semblera à nouveau, associera leurs axes,
unira leurs dents, les fera réintégrer leur de
meure minuscule. Et lorsque le ressort tendu
aura repris sa p ace, la montre, par les soins
paternels du brave homme, aura retrouvé
son âme...
Ce patient travail de l’horloger m’a tou
jours plongé dans l’extase.
Mais le bienfaiteur des montres épuisées
s’arrache parfois à ces minuties chronome-
triques. Sa patience admirable et sa dextérité
s’emploient à construire une machine à va
peur complète qui tiendrait dans un dé à
coudre, ou bien elles se laissent tenter par
les joies inédites de l’invention.
Or M. Sancey vient précisément d’imagi
ner un appareil qui ne permet plus de parier
à la légère des affaires du ciel, ni d'avoir des
incertitudes sur la marche des heures. Le
bureau météorologique de la Tour Eiffel lui
envoie — comme à bien d’autres — les der
nières nouvelles officielles.
Rien de bien neuf à cela, à vrai dire. La
télégraphie sans fil est devenue, comme vous
le savez, en ce qui concerne la réception d s
messages tout au moins, une chose à la por
tée de tous.
Au Havre même, on ne compte plus les
greniers que des ingénieurs en herbe ont
tran formés en postes radiotélégraphiques.
Quelques mètres de fil de cuivre en guise
d’antenne, de simples bobines pour sonne
rie électrique utilisées comme bobines d’ac
cord, un « détecteur » quelconque et un ré
cepteur de téléphone : il n’en faut pas plus
pour installer un poste et surprendre au
passage les voix aériennes qui se promènent
dans la nue, sur l’aile mystérieuse des ondes.
L’Etat s’est un moment inquiété de cette
facilité enfantine à établir une antenne pour
la réception des radiotélégrammes. L’Admi-
nistration a même prié certains amateurs
de T. S. F. en chambre d’avoir à l’enlever
sans tarder. Quelques-uns, effarés, ont don
né satisfaction au désir. D’autres s’y sont
carrément refusés pensant avoir le droit de
planter un poteau dans leur jardin ou sur
leur toit et d’y accrocher tous les fils de fer
ou de cuivre qui leur plairait. C’étaient des
« informés » et des sages.
L’administration a brandi ses textes, son
fameux décret-loi du 27 décembre 1851 aux
termes duquel « aucune ligne télégraphique
ne peut être établie ou employée à la trans
mission des correspondances que par le gou
vernement ».
« Quiconque transmettra sans autorisation
des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’ai
de de machines télégraphiques, soit par tout
autre moyen, sera puni d’un emprisonne
ment d’un mois à un an et d’une amende de
1,000 à 10,000 francs. »
Texte singulièrement ample qui peut in
terdire à un sourd-muet de converser publi
quement dans la langue mimée, qui nous
défend même de saluer quelqu’un dans la
rue, car nous ne faisons pas autre chose
que « transmettre des signaux d’un lieu à
un autre ».
Alors l’Etat a pris soin de préciser que
l’administration des P. T. T. est seule char
gée de rétablissement et de l’exploitation
des postes de T. S. F. destinée à l’échange de
la correspondance officielle ou privée.
Mais il y a une différence considérable en
tre « transmettre » et « recevoir ». Si l’Etat
s’est assuré le monopole de la première opé
ration, il ne saurait prétendre, avec la légis
lation actuelle, interdire à quiconque de re-
cevoir de signaux, de régler sa montre sur
les indications de la tour Eiffel, de profiter
des avertissements d orages, d'intercepter les
dépêches diplomatiques et commerciales.
La décision d’un sous-secrétaire d'Etat
elle-même ne peut rien contre un décret-
loi. Celui-ci ne saurait être modifié que par
une loi. Et encore cette loi serait-elle difficile
à établir.
Il faudrait d’abord interdire l’accès du
Champ de Mars où l’intensité du bruit de la
transmission permet de lire facilement tous
les télégrammes.
Puis, la loi établie, il faudrait pouvoir en
assurer l’exécution. Or rien n’est plus facile
que de recevoir les télégrammes de la tour
Eiffel sans antenne extérieure. Même au
Havre, on peut y arriver avec un fil d’un
mètre seulement à l’intérieur d’un apparte
ment î
Les adeptes de la télégraphie sans fil,
jeunes et vieux, documentés et profanes, ont
donc surgi un peu partout, sur tous les
toits, un récepteur à l’oreille, recueillant les
chants tombés du ciel, s’efforçant, pour les
traduire, de pénétrer les mystères de l’al
phabet Morse. C’est devenu une distraction
d’interroger les ondes, un petit jeu familial,
un passe-temps...
Jusqu’alors cependant, pour la réception
des messages à très grandes distances, les
appareils étaient terriblement encombrants.
Ceux qui sont en usage à bord de nos
transatlantiques tiendraient à peine dans un
buffet de campagne. . .
Notre concitoyen, M. Sincey, esprit avisé
et pratique, a eu l’idée de simplifier cela. Il
est arrivé à construire un appareil qui rem
plit les mêmes offices que les plus perfection-
nés, et qui, au grand complet, tient dans une
boîte à compas d’écolier.
Tout y est : la bobine d'accord, dont les
curseurs sont remplacés par une manette
minuscule qu’on déplacé sur un cadran gra
dué, le condensateur et le détecteur.
Ce dernier est un détecteur à cristaux. On
a, en effet, complètement délaissé aujour
d’hui dans la télégraphie sans fil le primitif
cohéreur à limaille de Branly. Le détecteur
électrolytique est lui-même remplacé, dans
be ucoup de cas, par le détecteur à cristaux,
beaucoup plus sensible et fonctionnant sans
pile. " .
Celui de M. Sanoev est constitué par un
miniscule fragment de galène — sulfure de
plomb naturel — sur lequel vient se poser
une pointe de platine reliée à l’antenne ou
à la terre.
Le récepteur téléphonique et son fil sa
logent, eux aussi, dans la boîte; l’ensemble
se glisse dans une poche.
Vous avez dès lors sur vous, en promena*
de, tout ce qu’il faut pour recevoir la confi
dence des nuages. Il suffit pour cela de fi
cher en terre une tige de fer, de la Lire
communiquer avec la bobine par un fil
souple, de mettre le récepteur à l’oreille et
d’écouter.
Neuf fois sur dix, vous surprendrez de la
pensée humaine passant là-haut, à travers le
ciel.
C’est le poste de Norddeich, à l’embouchu-
re de l’Elbe, reconnaissable à sa note musi
cale aiguë, comme un peu enrouée, aux si
gnaux horaires qu’il émet à midi et à mi
nuit, aux nouvelles qu’il envoie aux paque
bots, à 9 h. 30 le matin, à 10 h. 30 le soir.
C’est, à 10 heures du matin et à 10 heu
res du soir, le poste de Cleethorpes, situé au
Nord-Est de Lincoln, en Angleterre. Il en
voie le bulletin météorologique général de la
Grande-Bretagne, avec les prévisions du
temps.
A 11 h. 30 du soir, la station de Poldhu, au
cap Lézard, lance les nouvelles pour la ré
daction du Journal de l’Atlantique, imprimé
tous les jours à bord des paquebots ayant
traité avec la Compagnie Marconi.
Entre 9 heures et 10 heures du soir, on
peut entendre Madrid et Barcelone corres
pondre avec Ceuta et le cuirassé Giraida.
Une émission musicale à note analogue à
celle de Poldhu, mais moins grave et non
ronflée : c’est Clifden (Irlande) qui cause
avec Glace-Bay (Canada).
Mais, outre ces grands postes éloignés, or
peut entendre ceux du service de la marine
et ceux de l’Est répondre à la tour Eiffel,
correspondre entre eux.
On peut surprendre aussi les essais des
constructeurs d’appareils, qui, de Paris, con
versent avec l’Angleterre... et Harfleur.
Des mots tour à tour graves et plaisants
volent ainsi dans l'espace, des airs musicaux
aussi, comme la-Paimpolaise, le Biniou, Au
clair de la lune, le God save the King, qui sont
des morceaux de prédilection pour la T S. F.
La Tour Eiffel, elle-même, ne se défend
oint d’une trêve de fantaisie après le la-
eur sérieux.
Chique jour à heure fixe, elle envoie des
transmissions : A 8 heures, un télégramme
météoroligique ; à 10 h. 40, des signaux ho
raires ; à 11 heures, les dépêches de service
spécial des postes secrets ; à 1 heure, de
télégrammes de service avec Toul, Verdun,
Epinal, Belfort ; à 3 heures, un télégramme
météorologique ; à 8 heures, les avis de ser
vice de la marine.
Le poste fait entendre des battements à
9 h. 15 ; il assure le service des postes se
crets à 9 h. 40, transmet des nouvelles à 10
heures, bat à 11 h. 30 pour l’annonce de
l’envoi très précis de l’heure qu’il donne à
11 h. 40 du soir.
Et voilà une journée bien employée. Ella
laisse cependant quelques secondes pour
permettre au sapeur de souhaiter le bonjour
ou bonsoir aux amis inconnus qu’il compta
à travers le monde et qui lui renvoient tou
jours sa politesse.
Car la science, comme si elle voulait indi
quer le but suprême de son effort, a déjà
fait de ces espris épars des frères unis et so-
llidaires, les obscurs ouvriers d’une huma
nité supérieure.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
ETRANGER
GRÈCE
La Visite des E scadres *
Française et Anglaise
Les escadres française et anglaise sont ar
rivées, la première à Phalère, la seconde à
Keratzina.
Une foule nombreuse, massée sur la côte,
assistait à cette arrivée.
Les deux amiraux, accompagnés de leurs
états-majors, sont allés faire leurs visites
officielles et allés s’inscrire au palais.
Les journaux saluent la venue des deux
escadres et déclarent que le peuple grec
n’oubliera jamais ce qu'il doit aux deux
grandes nations occidentales, depuis la ba
taille de Navarin jusqu’à nos jours.
Les fêtes organisées à l’occasion de la ré
ception des flottes anglaise et française au
ront un caractère purement officiel par suite
de la suppression, décidée au dernier mo
ment, des réjouissances populaires.
Il est incontestable que la presse et l’opi
nion publique éprouvent un certain malaise
à la suite de la proposition anglaise concer
nant la frontière méridionale de l’Albanie.
Tout porte à croire, cependant, que la po
pulation sortira de sa réserve, surtout au
contact des marins français, dont l'arrivée
provoque un mouvement de vive sympathie
et auxquels, en toute autre circonstance, le
peuple grec eût fait une réception qui eut été
une apothéose.
L’Embrcs dit :
Quel que soit le degré d’abstention populaire,
l’évènement heureux que constitue l’arrivee de la
flotte anglo-française cause au peuple hellene
une joie sans pareille. Le peuple comprend que
si l’Angleterre et la France, surtout celle-ci, ont
soutenu la Grèce dans les questions soumises à
la décision de l’Europe, c’est parce qu’elles re
connurent la justesse de la cause grecque. Com
ment nier que la Grèce trouva toujours en la
France une protectrice noble et désintéressée,
une bonne collaboratrice, une précieuse conseil-
lère.
Les liens unissant les deux pays sont lointains,
la France accompagne la Grèce depuis sa nais
sance ; la diplomatie et la presse françaises onl
toujours lutté pour la Grèce, surtout dans ces
derniers temps.
La Patrie écrit que, bien que la réception
soit purement officielle, le peuple hellène ne
manquera pas d’exprimer ses meilleurs sen
timents envers les marins des deux puis
sances auxquelles va la reconnaissance de
l'âme grecque.
Le journal ajoute :
Dws la fumée de la canonnade reluira le nom
de Navarin rappelant la fin des luttes de l’indé
pendance nationale.
La Nea-lmera dit :
Soit que la visite constitue une démonstration
navale contre les puissances ayant un inE
contraire, soit qu’elle constitue une mani TS
de sentiments amicaux envers la Grèce, ' CX.y
ment de la visite de la hotte émeut hams.“.
sentiment grecs. Le peuple hellène no .P8
que la France a toujours été au premier ran8
pour la défense des droits helléniques.
Nous sommes liés aux Français, gui oui furent
leur sang pour libérer la petite Grece, qui " vu
“===rrrec e@l@mmnmng===========-=-====-------=-------
53" Année — N 11,804
• • : - - c 2
(83 Pages; 5 Centimes
eee ce=cggger====-=---===-=====---====== =============== ====y auyangencreg
Administrateur-Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 85
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havn
_Atbistration, Impressions et Annonces, TAL 10.17
Le Petit Havre
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Caresser tout ce qui concerne la Rédaction
a M. HIPPOLYTE FÉNoUX
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7.60
AU HAVRE
A PARIS.
AN NON CES
Bureau du Journal, Ht, bould de Strasbourg.
i L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ORGANE REPUBLICAIN, DÉMOCRATIQUE
e
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure j
l’Oise et la Somme 1
Autres Départements............ i
Union Postale
TBOL Mois
Six Mois
Un AK
4 5O
« Fr.
9 Fr.
1 9 se
22 •
union postale » 20 Fr. 5€ 8 *
On s'abonne également, SANS FRfiS, dans tous les Bureaux de Poste F» s
DERNIRE IIhii
Paris, trois heures matin
\ DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 29 NOVEMBRE
r Cotons j décembre, hausse 2 points ; jan-
vier, hausse 5 points ; mars, haussa 5 points ;
mai, hausse 5 points.
v Cafés : baisse 6 à 9 points.
NEW-YORK, 29 NOVEMBRE
Cuivre Standard disp.
— janvier
Amalgamat. Cop...
Fer
(. IU 100%
c. mcnwT
44 37
14 37
69 14
15 37
69 -/-
CHICAGO, 29 NOVEMBRE
C. DU JOUR
2. PRECED
Blé sur
Décembre.
86 1/8
86 7 8
Mai
90 1/8
90 3 4
Maïs sur
Décembre.
70 1/8
70 3 4
s
Mai
70 »i»
70 1 4
Saindoux sur.
Janvier...
10 83
10 87
—
Mai
li 10
11 12
M. POINCARÉ CHEZ LES MUTUALISTES
M. Poincaré a assisté hier soir, au Troca-
déro, à la fête de la Mutualité organisée par
l’Orphelinat des Postes, Télégraphes et Télé
phones.
Prenant la parole après M. Serres, prési
dent de l'Orphelinat, M. Poincaré a dit :
« Vous donnez, Messieurs, dans vos Socié-
gés de bienfaisance, de généreux exemples
d’union morale, de vivantes leçons de pré-
voyance collective.de féconds enseignements
d’action démocratique et sociale.
» La Mutualité postale devenue si pros
père atténue pour vous et vos fimilles les
conséquences des malheurs inévitables. »
Faisant allusion au récent accident de Me
lun, M. Poincaré dit :
« J’ai voulu saluer au nom de la Répu
blique les restes des vaillants serviteurs de
l’Etat morts au champ d’honneur. Je me
suis également approché du lit des blessés.
J’ai trouvé chez tous le calme et la simpli
cité de l'héroïsme.
» Ceux que le Destin avait épargnés, n’a
vaient qu’une idée : réparer, dans la mesure
Ar poogikie ItA L frulo . du doaot c CU Cher-
chant parmi les débris des wagons-poste a
correspondance que les flammes avaient
épargnée.
» M. le ministre des Postes et moi avons
admiré la beauté tranquille du devoir et le
courage civique,
» Quoique douloureux, ces souvenirs sont
de nature à élever et fortifier nos âmes.
» De tels exemples honorent la corpora
tion ».
: M. Massé, ministre du commerce, assistait
également à la fête du Trocadéro.
- LE MÉRITE AGRICOLE
Le Conseil supérieur du Mérite agricole
s’est réuni hier soir sous la présidence de M.
Clémentel.
Le Conseil a décidé que les délais d’inscrip
tion des candidatures expireront au premier
novembre et au 15 mai, respectivement pour
les promotions de janvier et juillet.
Par exception, le délai a été reporté au 15
novembre pour la prochaine promotion.
Le Conseil a nettement défini les divers ti
tres agricoles nécessaires pour prétendre aux
distinction du Mérite Agricole f 10 ans de
services avec minimum de trente ans d’âge.
Le Conseil se réunira dans le curant de
décembre pour examiner les prochaines pro
motions.
LA MORT DE M. POECKÉS
Me Henri Géraud termine sa plaidoirie en
disant :
Mme Poeckès est-elle coupable ? Vous ne
pouvez répondre que non.
Elle pouvait dire avoir obéi à une surexci-
dation morbide... elle pouvait dire : « Mon
mari a voulu me tuer ; je me suis défen
due î » Elle était sauvée. Elle a voulu dire
toute la vérité. Par pitié, un peu de pitié ? »
La salle fait au défenseur une longue ova
tion. Plusieurs jurés pleurent.
Le jury rentre immédiatement dans la
salle de ses délibérations ; il est 5 h. 30.
A 6 heures le jury réapparaît et l’audience
est reprise.
La réponse du jury est négative sur toutes
les questions.
Eu conséquence, Mme Pæckès est acquittée.
L’accusée est ramenée à son banc. Elle
prend alors les deux mains de son défen
seur et les appuyant sur sa tête, éclate en
sanglots.
L Aucun incident ne s’est produit.
===-3- —=
L’ESCADRE ANGLO-FRANÇAISE
EN GRÈCE
ATHENES. — Le roi a visité l’amiral anglais
jbord de Y Inflexible.
• Un déjeuner a été offert au souverain par
l’amiral.
Le ministre de la marine a également ren
du visite hier aux amiraux anglais et fran
çais à bord de leurs vaisseaux-amiraux.
SOLDATS A LA FRONTIÈRE DE L’EST
Nancy. — Hier matin, un sergent, un ca
poral et deux soldats du 102e d’infanterie,
qui accompagnaient des recrues à Nancy,
étaient allés à bicyclette voir la frontière à
Pettencourt.
Au poteau-frontière, un douanier leur
ayant fait signe de ne pas aller plus loin,
les soldats obéirent mais l’un d’eux eut à
S’adresse du douanier un geste déplacé.
Le douanier se plaignit au commissaire
spécial de Moncel, qui ouvrit une enquête.
Les soldats ont regagné Nancy.
exweriosflo==o»=9
ACCIDENT DE TRAMWAY
' JICE, — Un grave accident s’est produit
sur la route de Mont Boron.
Un tramway venant de Villefranche, em-
ballé dans une descente, est allé tamponner
une voiture qui traversait la route.
Le charretier a été tué net. Plusieurs voya
geurs ont été grièvement blessés. L’état de
l’un d’eux inspire de vives inquiétudes? . _ )
LES INCIDENTS DE SAVERNE
Les Principes commandent
GERQuQUE TIAURAgSE
Les prisonniers sont relâchés
Strasbourg. — On mande de Saverne que
les trente prisonniers ont passé la nuit dans
une cave humide de la caserne. A onze heu
res du matin, ils ont ét5 conduits devant le
juge civil, entre quatre soldats baïonnette au
canon.
Le juge les a fait relâcher immédiate
ment.
Le Conseil municipal a décidé d’adresser
aux habitants un nouvel appel pour les prier
d’éviter des attroupements.
On affirme que le lieutenant Forstner est
sous le coup d’une dénonciation pour at
tentat à la pudeur et courrait le risque d’être
arrêté.
Berlin. — On apprend de source autorisée
qu’une enquête sévère a été ouverte au su
jet des derniers incidents de Saverne.
Une Enquête officielle
Strasbourg. — Le ministère a envoyé hier
le conseiller intime du gouvernement, M.
Pauli, à Saverne, avec mission de procéder à
une enquête sur les événements qui se sont
produits à Saverne vendredi soir et hier ma
tin.
Nouveaux désordres
SA VERNE. — Dss désordres ont éclaté hier
matin.
Le président du tribunal et le premier pro
cureur se sont rendus à Strasbourg pour
présenter leur rapport au statthalter.
Un Télégramme du Chancelier
Strasbourg. — A la résolution envoyée à
Berlin par le conseil municipal de Siverne,
il a été fait hier soir les deux réponses sui
vantes :
D’abord un télégramme adressé au géné
ral commandant en chef à Strasbourg, in
vitant celui-ci à donner immédiatement à
qui de droit les ordres nécessaires pour
empêcher de toute façon les infractions à la
loi.
Ce télégramme était signé du ministre delà
guerre général Von Falkenhayn.
Enfin un autre télégramme du chanceiier
de l’Empire.
En voici le texte :
« J’ai reçu votre télégramme et j’ai invité
le statthalter dans le cas où l’enquête sévère
qui est ouverte révélerait des faits contraires
aux lois de prendre des mesures pour remé
dier à la situation.
» Signé : Von Bethmann Ho’weg ».
Hier soir, la ville était tranquille ; on ne
signalait pas le plus petit désordre. On n’a
pas aperçu de patrouilles. Cependant, les
forces de gendarmerie qui pourvoient à la
sécurité de la ville ont été évidemment ren
forcées.
L’AVIATEUR CHEVILLIARD
VICTIME D’UN ACCIDENT
Anvers.— Hier après-midi, l’aviateur Che-
villiard, après avoir, sur l’aérodrome d’An-
Vers effectué d vers vols très réussis et son
looping the loop, se livrait à une nouvelle
expérience lorsque se produisit un accident
qui aurait pu avoir, pour les nombreux spec
tateurs présents et pour l’aviateur les plus
graves conséquences.
L’aviateur, se trouvant à quarante mètres
environ du sol, volait depuis 25 secondes, la
tête en bas, quand voulant rétablir l’équi
libre de son appareil, il tenta de remettre
son moteur en marche. Mais Je réservoir à
essence n’était pas sous pression ; le moteur
ne put fonctionner.
L'aviateur voyant son appareil descendre
sur la foule, réussit à le faire dévier et vint
atterrir brusquement dans un fossé.
Dans sa coûte, l’aviateur ne reçut fort
heureusement que de légères contusions,
mais son appareil est complètement brisé.
Le courageux Chevilliard possédant un ap
pareil de rechange, compte pouvoir recom
mencer ses vols aujourd’hui.
COLLISION DE TRAINS EH ITALIE
Rome. — A la gare de Ceccan une collision
s’est produite entre l’express de Rome-Na
ples et un train de marchandises, par suite
d’une erreur d’aiguillage.
Six voyageurs de troisième classe et l’ai
guilleur ont été tués.
Il y a une vingtaine de blessés.
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
Nomination d’un Conseiller d’Etat
Le ministre de la justice a présenté à la si
gnature du président de la République, un
décret nommant conseiller d’Etat, M. Marin-
ger, directeur des affaires départementales
et communales au ministère de l'intérieur,
en remplacement de M. Fournier, admis à
faire valoir ses droits à la retraite, et nommé
conseiller d’Etat honoraire. Cette nomina
tion sera le point de départ d’un prochain
mouvement préfectoral.
Les Nouveaux Cuirassés
Il a fait au Conseil une communication
relative aux caractéristiques des cuirassés
du programme naval qui doivent être mis
en chantier en 1915.
Les cuirassés auraient, croyons-nous, un
déplacement de 28,000 à 30,000 tonnes et se
raient armés de 16 canons de 343.
Nouvelles de la Chambre
L’Emprunt
La Chambre a décidé, on le sait, de siéger
lundi matin pour continuer la di-cussionde
l’emprunt. On pense que le débat pourra se
terminer lundi soir.
Suivant la procédure usitée, c’est le chiffre
le plus élevé qui d it être mis aux voix le
pre mier. C’est donc sur l’amendement de
1,500 millions que la Chambre aura à se pro
noncer tout d’abord. On croit savoir que le
gouvernement acceptera cet amendement,
sans toutefois engager sa responsabilité dans
le vote.
Si le chiffre de 1.500 millions n’était pas
adopté, le gouvernement poserait la ques
tion de confiance sur le chiffre de 1.300 mil
lions.
L’événement de ces derniers jours a été
l’article-manifeste du Petit Parisien, ins
piré du meilleur sentiment, dans l’espoir
de rapprocher l’Alliance démocratique du
Parti radical, de réconcilier les amis de
M. Adolphe Carnot avec ceux de M.Cail-
taux.
C’est un espoir louable, séduisant même.
L’idéal n’est-il pas, comme le dit la Petite
République, « de se préoccuper de l’état
d’émiettement dans lequel se trouvent pré
sentement les forces républicaines et de
faire effort pour les rallier et coordonner en
vue d’une action commune sur le terrain
des réformes démocratiques et sociales. »
L’intention est donc excellente.
Mais comment les choses se présentent-
elles et quelles sont les bases d’union ?
Il s’est passé, depuis peu de temps, des
événements significatifs. Il y a eu le Con
grès de Pau.
Le Parti radical et radical-socialiste y a
pris une attitude et des décisions radicale -
ment opposées au programme de l’Alliance
Républicaine Démocratique.
Elles vont jusqu’au monopole de l’ensei
gnement ; jusqu’à la déclaration obliga
toire et contrôlée, en matière fiscale ; jus
qu’à l’abrogation de la loi de trois ans, en
matière de défense nationale.
L’Alliance Démocratique a justement
l’envers de ce programme.
Elle en est toujours à sa formule : ni Révo
lution ni Réaction. Le point de départ d’un
rapprochement serait le désaveu par les
radicaux-socialistes, des procédés des uni
fiés, de leurs tendance, de leurs rêves.
C’est en effet l’ultimatum auquel vient
de s’arrêter, à l’unanimité, la Commission
exécutive du Parti Républicain démocrati
que, après examen attentif de la situation.
« A la veille de la grande consultation
de 1914, dit le Bulletin de l’Alliance, le
pays y voit clair et loin. Aussi notre politi
que de principes y rencontre-t-elle d’innom-
brables échos. Jamais on ne fera admettre
aux républicains qui nous ont donné leur
confiance que, subitement et comme par
miracle, nous sommes devenus les alliés
ou les dupes de l’Action libérale et que
nous avons ouvert nos portes toutes gran
des aux tenants impénitents de ces anciens
partis, à la désagrégation desquels tous nos
efforts tendent pour le plus grand bien de
la patrie et de la République.
» Si nous croyons fermement que la Ré
publique a l’impérieux devoir de chercher
à gagner à elle tous les citoyens, qu’elle
appartient à tous et qu’elle doit être acces
sible à tous, nous nous sommes toujours
bien gardés, comme d’autres l’ont fait, de
donner inconsidérément à tous ceux qui
viennent à nous des lettres de commande
ment. En adhérant loyalement à notre po
litique réformatrice, laïque, tolérante et gé
néreusement sociale, on ne devient pas du
coup un de nos chefs ou même un de nos
candidats.
» A l’heure présente, l’unique souci des
divers partis doit être de fortifier leurs ca
dres et de s’organiser-puissamment. Au
cune critique, aucune attaque, aucune dé
fection, aucune insinuation malveillante ne
nous détourneront de cette tâche. Mais cette
préoccupation de rester nous-mêmes ne
nous empêchera pas de travailler avec tous
les républicains, sans ostracisme, sans in
transigeance, sans arrogance, à l’œuvre
commune de progrès, de concorde sociale
et de grandeur nationale, qui est l’idéal de
la République et qui doit être le but suprê
me et constant des efforts de ses serviteurs
désintéressés. »
C’est le développement de la pensée ex
primée par M. Carnot, sollicité de s’expli
quer sur la tenue du Parti :
« Il est probable, disait l’honorable pré
sident du Parti Républicain Démocratique,
que l’Entente pourra se faire entre nous et
les radicaux et radicaux-socialistes dans
quelques circonscriptions. Mais il ne fau
drait pas en conclure à un rapprochement
de principes entre les deux partis... Tels
nous sommes, tels nous resterons, sans ac
cepter de compromission avec quelque parti
que ce soit ».
Le journal radical-socialiste La Lar^
terne n’est pas moins décidé à garder sa po
litique ; il en reste à ce qu’il appelle « l’é
puration de Pau », et repousse du premier
coup toute idée de rapprochement.
Tel est l’état de la question posée par les
polémiques actuelles. Elles n’indiquent
guère de solution. Et.l’âpreté avec laquelle,
sur des questions urgentes et primordiales,
le Gouvernement, hier encore, était attaqué
par M. Gai Baux, ne laisse pas entrevoir la
trêve désirable.
HIPPOLYTE Fénoux.
6u:R626RCKR-RR0Ca*82S2=MSS% EERsRceoaasosas 1 488
Des fartes de Visita
du BE333 UAYB3
Cent.cartes, accompagnées de cent enve
loppes, seront renfermées dans un joli car
tonnage et livrées au prix de 1 fr. 50 au
lieu de 3 fr. 23, valeur marchande. Pour les
cartes de deuil, le prix sera de 2 fr. 50.
Le BON No 4 est publié dans le nu
méro d’aujourd’hui, à la Dage d’annonces.
La Télégraphie sans Fil en Poche
F
Photo Petit Harr Cliché Petit Havre
M, Sancey recevant l’heure radlotélégraphlque
Au-dessous, l’Appareil ; R. Récepteur ; B. Bobine d’accord ; C. Condensateur : D. Détecteur.
Longueur totale : 19 centimètres.
Quiconque se plairait à nier le rôle im-
mense, capital, décisif, que joue le temps
dans les conversations particulières et l’agré
ment des relations sociales qui en décou
lent, n’aurait jamais entendu parler.
Il est permis, en effet, d’avancer ce prin
cipe que sur dix personnes amies se rencon
trant et se mettant à échanger des impres
sions, neuf d’entre elles débutent infaillible
ment par des considérations sur l’état de santé
du ciel et les caprices de la température.
Le « Fichu temps » et « Le beau soleil pour
la saison » ont amorcé et amorceront long
temps encore des multitudes de conversa
tions. La météorologie du jour est une sorte
de paillasson-décrottoir sur lesquels les es
prits se mettent en forme avant d’entrer
dans le vif de l’actualité.
Nous nous sommes fabriqués ainsi un pe
tit répertoire de mots qui servent naturelle
ment beaucoup sans paraître trop surmenés
par l’usage machinal qu’on en fait.
il y a le « fichu temps » et le « beau soleil
pour la saison », mais il y a aussi, pour les
cas divers, le « temps de chien » ou le
« temps de canard » suivant les goûts cyné
gétiques, le « C’est votre temps, probable
ment », qui est railleur, le « Fond de l’air est
Iroid », qui est plein d’observation, quelques
autres sentences généralement dépourvues
de gravité scientifique mais qui servent à
merveille les interlocuteurs indécis et ti
mides.
Que de conversations étincelantes et de
propos marqués au bon coin de l’originalité
garantie, ont eu pour prémices le «C’est trop
beau pour que ça dure » ou le « Me parlez
pas de la pluie », dont la lamentable banalité
doit contribuer, j’en ai la conviction intime,
à fai e pleurer un peu plus les nuages !
La vérité très nette est que nous parlons
du temps à propos de rien, à propos de
tout, avec la plus coupable légèreté. Ce sont
là coutumes déplorables indignes d’une épo
que aussi scientifique, aussi positive que la
nôtre.
Je ne l’ai jamais aussi bien senti que tout
l’heure.
Je quitte un très brave homme qui habille
sa compétence industrieuse de la plus char
mante ‘des modesties. Il est, par profession,
horloger.
Dans son atelier de la place Richelieu, au
milieu d’un monde de pignons dentés et de
ressorts qui se tordent sur sa table de tra
vail, pendant de longues heures la loupe
dans l’œil, il ausculte et restaure les compli
qués et délicats mécanismes. Pencha sur les
boîtiers sans vie, la pince en main, il au
topsie et plonge dans les ventres d'or ou
d’argent. Il en extrait des roues, des vis, des
rubis, une collection de petites choses qui
jouent évidemment un rôle, mais qui ponr
l’instant gisent à ses côtés, inertes, sous des
cloches de verre.
La pince les reprendra une à une, les as-
s semblera à nouveau, associera leurs axes,
unira leurs dents, les fera réintégrer leur de
meure minuscule. Et lorsque le ressort tendu
aura repris sa p ace, la montre, par les soins
paternels du brave homme, aura retrouvé
son âme...
Ce patient travail de l’horloger m’a tou
jours plongé dans l’extase.
Mais le bienfaiteur des montres épuisées
s’arrache parfois à ces minuties chronome-
triques. Sa patience admirable et sa dextérité
s’emploient à construire une machine à va
peur complète qui tiendrait dans un dé à
coudre, ou bien elles se laissent tenter par
les joies inédites de l’invention.
Or M. Sancey vient précisément d’imagi
ner un appareil qui ne permet plus de parier
à la légère des affaires du ciel, ni d'avoir des
incertitudes sur la marche des heures. Le
bureau météorologique de la Tour Eiffel lui
envoie — comme à bien d’autres — les der
nières nouvelles officielles.
Rien de bien neuf à cela, à vrai dire. La
télégraphie sans fil est devenue, comme vous
le savez, en ce qui concerne la réception d s
messages tout au moins, une chose à la por
tée de tous.
Au Havre même, on ne compte plus les
greniers que des ingénieurs en herbe ont
tran formés en postes radiotélégraphiques.
Quelques mètres de fil de cuivre en guise
d’antenne, de simples bobines pour sonne
rie électrique utilisées comme bobines d’ac
cord, un « détecteur » quelconque et un ré
cepteur de téléphone : il n’en faut pas plus
pour installer un poste et surprendre au
passage les voix aériennes qui se promènent
dans la nue, sur l’aile mystérieuse des ondes.
L’Etat s’est un moment inquiété de cette
facilité enfantine à établir une antenne pour
la réception des radiotélégrammes. L’Admi-
nistration a même prié certains amateurs
de T. S. F. en chambre d’avoir à l’enlever
sans tarder. Quelques-uns, effarés, ont don
né satisfaction au désir. D’autres s’y sont
carrément refusés pensant avoir le droit de
planter un poteau dans leur jardin ou sur
leur toit et d’y accrocher tous les fils de fer
ou de cuivre qui leur plairait. C’étaient des
« informés » et des sages.
L’administration a brandi ses textes, son
fameux décret-loi du 27 décembre 1851 aux
termes duquel « aucune ligne télégraphique
ne peut être établie ou employée à la trans
mission des correspondances que par le gou
vernement ».
« Quiconque transmettra sans autorisation
des signaux d’un lieu à un autre, soit à l’ai
de de machines télégraphiques, soit par tout
autre moyen, sera puni d’un emprisonne
ment d’un mois à un an et d’une amende de
1,000 à 10,000 francs. »
Texte singulièrement ample qui peut in
terdire à un sourd-muet de converser publi
quement dans la langue mimée, qui nous
défend même de saluer quelqu’un dans la
rue, car nous ne faisons pas autre chose
que « transmettre des signaux d’un lieu à
un autre ».
Alors l’Etat a pris soin de préciser que
l’administration des P. T. T. est seule char
gée de rétablissement et de l’exploitation
des postes de T. S. F. destinée à l’échange de
la correspondance officielle ou privée.
Mais il y a une différence considérable en
tre « transmettre » et « recevoir ». Si l’Etat
s’est assuré le monopole de la première opé
ration, il ne saurait prétendre, avec la légis
lation actuelle, interdire à quiconque de re-
cevoir de signaux, de régler sa montre sur
les indications de la tour Eiffel, de profiter
des avertissements d orages, d'intercepter les
dépêches diplomatiques et commerciales.
La décision d’un sous-secrétaire d'Etat
elle-même ne peut rien contre un décret-
loi. Celui-ci ne saurait être modifié que par
une loi. Et encore cette loi serait-elle difficile
à établir.
Il faudrait d’abord interdire l’accès du
Champ de Mars où l’intensité du bruit de la
transmission permet de lire facilement tous
les télégrammes.
Puis, la loi établie, il faudrait pouvoir en
assurer l’exécution. Or rien n’est plus facile
que de recevoir les télégrammes de la tour
Eiffel sans antenne extérieure. Même au
Havre, on peut y arriver avec un fil d’un
mètre seulement à l’intérieur d’un apparte
ment î
Les adeptes de la télégraphie sans fil,
jeunes et vieux, documentés et profanes, ont
donc surgi un peu partout, sur tous les
toits, un récepteur à l’oreille, recueillant les
chants tombés du ciel, s’efforçant, pour les
traduire, de pénétrer les mystères de l’al
phabet Morse. C’est devenu une distraction
d’interroger les ondes, un petit jeu familial,
un passe-temps...
Jusqu’alors cependant, pour la réception
des messages à très grandes distances, les
appareils étaient terriblement encombrants.
Ceux qui sont en usage à bord de nos
transatlantiques tiendraient à peine dans un
buffet de campagne. . .
Notre concitoyen, M. Sincey, esprit avisé
et pratique, a eu l’idée de simplifier cela. Il
est arrivé à construire un appareil qui rem
plit les mêmes offices que les plus perfection-
nés, et qui, au grand complet, tient dans une
boîte à compas d’écolier.
Tout y est : la bobine d'accord, dont les
curseurs sont remplacés par une manette
minuscule qu’on déplacé sur un cadran gra
dué, le condensateur et le détecteur.
Ce dernier est un détecteur à cristaux. On
a, en effet, complètement délaissé aujour
d’hui dans la télégraphie sans fil le primitif
cohéreur à limaille de Branly. Le détecteur
électrolytique est lui-même remplacé, dans
be ucoup de cas, par le détecteur à cristaux,
beaucoup plus sensible et fonctionnant sans
pile. " .
Celui de M. Sanoev est constitué par un
miniscule fragment de galène — sulfure de
plomb naturel — sur lequel vient se poser
une pointe de platine reliée à l’antenne ou
à la terre.
Le récepteur téléphonique et son fil sa
logent, eux aussi, dans la boîte; l’ensemble
se glisse dans une poche.
Vous avez dès lors sur vous, en promena*
de, tout ce qu’il faut pour recevoir la confi
dence des nuages. Il suffit pour cela de fi
cher en terre une tige de fer, de la Lire
communiquer avec la bobine par un fil
souple, de mettre le récepteur à l’oreille et
d’écouter.
Neuf fois sur dix, vous surprendrez de la
pensée humaine passant là-haut, à travers le
ciel.
C’est le poste de Norddeich, à l’embouchu-
re de l’Elbe, reconnaissable à sa note musi
cale aiguë, comme un peu enrouée, aux si
gnaux horaires qu’il émet à midi et à mi
nuit, aux nouvelles qu’il envoie aux paque
bots, à 9 h. 30 le matin, à 10 h. 30 le soir.
C’est, à 10 heures du matin et à 10 heu
res du soir, le poste de Cleethorpes, situé au
Nord-Est de Lincoln, en Angleterre. Il en
voie le bulletin météorologique général de la
Grande-Bretagne, avec les prévisions du
temps.
A 11 h. 30 du soir, la station de Poldhu, au
cap Lézard, lance les nouvelles pour la ré
daction du Journal de l’Atlantique, imprimé
tous les jours à bord des paquebots ayant
traité avec la Compagnie Marconi.
Entre 9 heures et 10 heures du soir, on
peut entendre Madrid et Barcelone corres
pondre avec Ceuta et le cuirassé Giraida.
Une émission musicale à note analogue à
celle de Poldhu, mais moins grave et non
ronflée : c’est Clifden (Irlande) qui cause
avec Glace-Bay (Canada).
Mais, outre ces grands postes éloignés, or
peut entendre ceux du service de la marine
et ceux de l’Est répondre à la tour Eiffel,
correspondre entre eux.
On peut surprendre aussi les essais des
constructeurs d’appareils, qui, de Paris, con
versent avec l’Angleterre... et Harfleur.
Des mots tour à tour graves et plaisants
volent ainsi dans l'espace, des airs musicaux
aussi, comme la-Paimpolaise, le Biniou, Au
clair de la lune, le God save the King, qui sont
des morceaux de prédilection pour la T S. F.
La Tour Eiffel, elle-même, ne se défend
oint d’une trêve de fantaisie après le la-
eur sérieux.
Chique jour à heure fixe, elle envoie des
transmissions : A 8 heures, un télégramme
météoroligique ; à 10 h. 40, des signaux ho
raires ; à 11 heures, les dépêches de service
spécial des postes secrets ; à 1 heure, de
télégrammes de service avec Toul, Verdun,
Epinal, Belfort ; à 3 heures, un télégramme
météorologique ; à 8 heures, les avis de ser
vice de la marine.
Le poste fait entendre des battements à
9 h. 15 ; il assure le service des postes se
crets à 9 h. 40, transmet des nouvelles à 10
heures, bat à 11 h. 30 pour l’annonce de
l’envoi très précis de l’heure qu’il donne à
11 h. 40 du soir.
Et voilà une journée bien employée. Ella
laisse cependant quelques secondes pour
permettre au sapeur de souhaiter le bonjour
ou bonsoir aux amis inconnus qu’il compta
à travers le monde et qui lui renvoient tou
jours sa politesse.
Car la science, comme si elle voulait indi
quer le but suprême de son effort, a déjà
fait de ces espris épars des frères unis et so-
llidaires, les obscurs ouvriers d’une huma
nité supérieure.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
ETRANGER
GRÈCE
La Visite des E scadres *
Française et Anglaise
Les escadres française et anglaise sont ar
rivées, la première à Phalère, la seconde à
Keratzina.
Une foule nombreuse, massée sur la côte,
assistait à cette arrivée.
Les deux amiraux, accompagnés de leurs
états-majors, sont allés faire leurs visites
officielles et allés s’inscrire au palais.
Les journaux saluent la venue des deux
escadres et déclarent que le peuple grec
n’oubliera jamais ce qu'il doit aux deux
grandes nations occidentales, depuis la ba
taille de Navarin jusqu’à nos jours.
Les fêtes organisées à l’occasion de la ré
ception des flottes anglaise et française au
ront un caractère purement officiel par suite
de la suppression, décidée au dernier mo
ment, des réjouissances populaires.
Il est incontestable que la presse et l’opi
nion publique éprouvent un certain malaise
à la suite de la proposition anglaise concer
nant la frontière méridionale de l’Albanie.
Tout porte à croire, cependant, que la po
pulation sortira de sa réserve, surtout au
contact des marins français, dont l'arrivée
provoque un mouvement de vive sympathie
et auxquels, en toute autre circonstance, le
peuple grec eût fait une réception qui eut été
une apothéose.
L’Embrcs dit :
Quel que soit le degré d’abstention populaire,
l’évènement heureux que constitue l’arrivee de la
flotte anglo-française cause au peuple hellene
une joie sans pareille. Le peuple comprend que
si l’Angleterre et la France, surtout celle-ci, ont
soutenu la Grèce dans les questions soumises à
la décision de l’Europe, c’est parce qu’elles re
connurent la justesse de la cause grecque. Com
ment nier que la Grèce trouva toujours en la
France une protectrice noble et désintéressée,
une bonne collaboratrice, une précieuse conseil-
lère.
Les liens unissant les deux pays sont lointains,
la France accompagne la Grèce depuis sa nais
sance ; la diplomatie et la presse françaises onl
toujours lutté pour la Grèce, surtout dans ces
derniers temps.
La Patrie écrit que, bien que la réception
soit purement officielle, le peuple hellène ne
manquera pas d’exprimer ses meilleurs sen
timents envers les marins des deux puis
sances auxquelles va la reconnaissance de
l'âme grecque.
Le journal ajoute :
Dws la fumée de la canonnade reluira le nom
de Navarin rappelant la fin des luttes de l’indé
pendance nationale.
La Nea-lmera dit :
Soit que la visite constitue une démonstration
navale contre les puissances ayant un inE
contraire, soit qu’elle constitue une mani TS
de sentiments amicaux envers la Grèce, ' CX.y
ment de la visite de la hotte émeut hams.“.
sentiment grecs. Le peuple hellène no .P8
que la France a toujours été au premier ran8
pour la défense des droits helléniques.
Nous sommes liés aux Français, gui oui furent
leur sang pour libérer la petite Grece, qui " vu
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.45%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 83.45%.
- Auteurs similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t526386503/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t526386503/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t526386503/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t526386503
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t526386503
Facebook
Twitter