Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-11-02
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 novembre 1913 02 novembre 1913
Description : 1913/11/02 (A33,N11795). 1913/11/02 (A33,N11795).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638622s
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
Annee-— N 11,795
(5 Pages)
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2%
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de ea rranse
Paris, trois heures matin
===== = ===— .-■■■■ ■ ===============
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 1er NOVEMBRE
Notons : décembre, baisse 4 points ;
anvier, baisse 6 points ; mars, baisse
i points ; mai, baisse 5 points ; juillet,
baisse 5 points.
L Calés : inchangé à hausse 6 points.
NEW-YORK, 1 er NOVEMBRE
Dulvre Standard disp.
— décembre
Amalgamat. Cep...
Fer
c. DE 1002
72 5/8
s. menai
15
15
72
15
62
97
1/2
75
CHICAGO, 1er NOVEMBRE
Blé sur
Décembre.
Mai
C. DU JOUR
85 12
90 1/8
C. PRECED
86 1/4
90 3/4
Maïs sur
Décembre.
69 3 8
70 14
Mai
70 1 2
71 1/4
Saindoux sur.
Octobre...
10 65
10 50
—
Janvier...
10 82
49 6%
LE CONGRÈS DES
JEUNESSES RÉPUBLICAINES
Reims. — Après discussion, le Congrès des
Jeunesses républicaines a adopté une mo
tion d’ensemble sur la défense nationale,
comprenant le service égal pour tous, l’utili-
sation de la préparation militaire, l’emploi
des réserves, le rajeunissement des com-
mandements, le relèvement des soldes, la
suppression des « embusqués », le perfec
tionnement des armes, l'amélioration de la
mobilisation, l’organisation de la levée en
masse, le recrutement de l'armée noire, l’or
ganisation des régiments coloniaux pour
obtenir le retour à la loi de 1905 et assurer
la défense nationale avec aignité.
Plusieurs délégués ont défendu la loi de
trois ans.
Reims.— Le Congrès des Jeunesses répu
blicaines a adopté un ordre du jour donnant
mandat à son bureau parisien de procéder à
la fusion des jeunesses républicaines et des
jeunesses laïques.
CONGRÈS DES ŒUVRES LAÏQUES
Saint-Etienne. — Hier soir, à la séance
plénière du Congrès des OEavres laïques, M.
Ed. Petit, inspecteur général de l'enseigne-
ment primaire, entouré de MM. Barnier, chef
de cabinet du préfet ; Ginoux, inspecteur
d’académie ; Durafour, Drivet, députés, et le
docteur Merlin, rapporteur, a prononcé un
discours.
Il a insisté particulièrement sur l’éduca
tion post-scolaire, l’unité de son organisa-
tion d'après les méthodes de Jules Ferry, de
Jean Macé et de Ferdinand Buisson.
L’orateur recommande la lutte par les
moyens légaux et réglementaires contre les
efforts faits dans les partis religieux contre
l'espri civil qui se meur t et qu’il importe de
soutenir.
Le Congrès a ensuite adopté divers vœux,
notamment en faveur de l’application de la
loi de 1872 sur l’éducation physique, l'ensei-
gnement pour le brevet d’aptitude militaire,
contre les représentations cinématographi
ques des crimes.
CONGRÈS DU PARTI RÉPUBLICAIN
SOCIALISTE
Grenoble. — Le Congrès du parti républi
cain socialiste a émis un vœu disant que nul
ne pourra se réclamer du parti républicain
socialiste aux élections législatives s’il n’ac
cepte pas dans son programme cet article :
‘le retour à la loi de deux ans.
UNE HISTOIRE TÉNÉBREUSE
L’enquête ouverte sur le double attentat
prémédité contre deux femmes habitant
Courbevoie a abouti et M. Mouton, directeur
de la police judiciaire, a recueilli hier soir
les aveux du coupable.
C’est un professeur surveillant demeurant
à Clamart qui, las de la vie que lui taisait sa
belle-mère, a voulu se débarrasser de celle-
ci, ainsi que d'une de ses amies.
Après avoir subi une sévère admonesta
tion, le professeur a été remis en liberté, le
crime n’ayant pas eu de commencement
d’exécution, mais il fera l’objet d’une sur
veillance spéciale.
LE VOYAGE DE L’AVIATEUR GILBERT
Berlin. — Comme l’aviateur Gilbert avait
pleine autorisation de l’ambassade d’Allema
gne à Paris, il n’a pas été inquiété à son ar
rivée à Puetnitz.
Il était très fatigué par son voyage, mais
hier matin, il était complètement rétabli.
De son propre avis, l’aviateur n’aurait pas
gagné la Coupe Pommery, car il estime
n’avoir parcouru que 950 kilomètres.
Au moment de l’atterrissage, le chrono
mètre de Gilbert accusait une durée de
5 h. 15’ 23" et une distance parcourue d’en
viron 959 kilomètres.
CHUTE D’UN ROCHER
CLERMONT-FERRAND. — Un énorme rocher
brusquement détaché de la montagne au
village de Montaigut-le-Blanc, a écrasé une
maison et endommagé plusieurs autres im-
meubles.
Les habitants ont réussi à s’échapper au
prix de grandes difficultés.
On redoute un nouvel éboulement.
DE PARIS AU CAIRE EN AÉROPLANE
Vienne — L’aviateur Daucourt a l’inten
tion de continuer ce matin son raid aérien.
DISPARITION D’UNE BARQUE DE
PÊCHE
Marseille.— On est sans nouvelles depuis
deux jours de la barque de pêche Ange-
Marie, montée par le patron Fortaslier.
Le service du pilotage fait procéder à des
recherches le long des côtes.
LES AFFAIRES DU MAROC '
Les Espagnols au Maroc
Madrid. — (Officielle). — Un caporal et six
soldats oui lavaient du linge dans la rivière
de Beni-Messala ont été attaqués par des Ma
rocains.
Deux hommes ont été tués.
Un détachement est immédiatement parti
à la poursuite des agresseurs.
Les attaques des indigènes
autour d’Agadir
MAZAGAN. — La construction des blockhaus
grès d’Agadir ayant été interrompue par les
attaques des indigènes, le croiseur Du-Chayla
a bombardé les alentours.
Les assaillants ont fui en désordre.
LES ÉLECTIONS EN ITALIE
Rome. — Une grande agitation règne dans
les villes où doit avoir lieu le second tour
de scrutin.
Dans les 101 collèges où il y a ballottage,
81 candidats libéraux restent sur les
rangs ; le succès d’une quarantaine d’entre
eux paraît assuré.
DES SUFFRAGETTES ATTAQUENT
M. ASQUITH
Londres. — M. Asquith se promenait en
automobile près de Stirling, en Ecosse,
quand il fut attaqué par des suffragettes qui
jetèrent du poivre dans l’auto et tentèrent
de frapper le premier ministre avec un
fouet.
Des policiers qui suivaient l’auto disper
sèrent rapidement les manifestantes, mais
n’opérèrent aucune arrestation.
-----------
UH MEETING POLITIQUE EN ESPAGNE
Sarragosse. — A la suite d’un meeting ra
dical, des manifestants ont parcouru la ville
aux cris de : « A bas Maura! », puis ils ont
saccagé les bureaux du journal conservateur
l’Opinion.
Trois arrestations ont été opérées.
LE MAUVAIS TEMPS AU MAROC
Casablanca. — Les dégâts causés par le
raz de marée se bornent à l’affaissement
d’une partie des derniers ouvrages cons
truits.
La grande jetée n’a pas souffert.
Les consuls allemand et espagnol ont re
mercié le consul de France et les autorités
françaises.
Hier, à trois heures, aucun cadavre n’avait
été rejeté par la mer qui est redevenue cal
me.
Rabat. — La route de Casablanca à Rabat
est coupée par la tempête qui a détruit un
pont.
ÜNE MISSION MILITAIRE EN TURQUIE
Constantinople. — L’iradé publié hier
donne au générai allemand chargé de l’or-
ganisation de l’armée turque pleine autorité
exécutive et des pouvoirs bien supérieurs à
ceux dont jouissait le maréchal Von der
Goltz.
Le général sera aidé dans sa tâche par tout
le personnel nécessaire d’officiers alle
mands.
M. Caillaux et l’Alliance
Démocratique
Du Bulletin officiel du Parti Républicain Dé
mocratique :
« M. Caillaux n’ayant pas posé sa candida
ture, lors du renouvellement des pouvoirs
de la Commission centrale exécutive du Paitt
Républicain Démocratique, en janvier 1912, a
cessé, dès cette date, d’être membre de cette
Commission. Il a cessé également d'apparte-
nir au Conseil supérieur du Parti, le jour où
il a donné son adhésion au Parti radical-so
cialiste. Les statuts prescrivent, en effet, for
mellement que les membres de nos deux
Comités directeurs ne peuvent être inscrits
en même temps au Parti radical-socialiste.
» L'incompatibilité prescrite par nos statuts
s’impose davantage encore quand, comme
c’est le cas, une personnalité politique ins
crite chez nous accepte le mandat d’être le
chef du Parti radical-socialiste. Il est de toute
évidence qu’elle ne peut exercer désormais
une action quelconque sur la politique d’un
parti dont-elle s’est voiontairement séparée».
Le Congrès du Parti Républicain
Socialiste
Le troisième congrès du parti républicain
socialiste s’est ouvert hier matin, à 8 h. 1/2
dans la salle de l’Eldorado à Grenoble. Une
cinquantaine de délégués des fédérations dé
partementales sont présents. Ainsi que le
groupe parlementaire l’avait fait savoir, au
cun député n’y assiste.
Au-dessus de l’estrade, une large bande
role porte l’inscription : « Ni radicaux, ni
unifiés. »
Dès l’ouverture de la séance, un violent
tumulte se produit, provoqué par l’exclu
sion, demandée par M. Zévaès, des représen
tants des journaux radicaux et unifiés de
Grenoble et de divers correspondants de
journaux parisiens. MM. Georges Buisson et
Désirât, de la fédération de la Seine, élèvent
une vigoureuse protestation contre cet os
tracisme dû à des rancunes électorales. Fi
nalement cette exclusion est approuvée, à la
majorité de trois ou quatre voix, le vote
ayant eu lieu par délégué et non par mandat.
M. Zévaès a ensuite donné lecture de son
rapport sur la situation du parti. De violen
tes discussions se produisent encore. M.
Orry, survenant sur ces entrefaites, déclare
à ses voisins que l’exclusion de la presse
avancée est une faute qui rejaillira sur l’au-
torité du congrès. Finalement, il propose et
fait adopter une nouvelle motion admettant
tous les représentants de la presse, sans ex
ception, dans la salle du congrès.
A ce moment, M. Au gagneur, député du
Rhône, dont on vient d’annoncer la présen
ce à Grenoble, fait son entrée dans la salle
et déclare qu’il a l’intention d’intervenir
contre la politique de M. Briand et l’attitude
de la Commission administrative du parti.
Parmi les questions à l’ordre du jour, ar
rêté par la Commission administrative, ci
tons : le programme agraire, la politique
coloniale, la loi militaire, le monopole de
l’enseignement, la question de l’héritage, le
crédit commercial et le crédit ouvrier.
Le Quart d’heure de Rabelais
Ce quart d’heure va sonner mardi, à la
rentrée de la Chambre. C’est le moment où
le gouvernement va faire connaître les me
sures financières qu’il entend prendre,pour
faire face aux nécessités budgétaires actuel
les et aux besoins de la défense nationale.
Ces besoins, on les connaît, si on ne
connaît encore exactement les détails du
projet que le ministre des finances va dé
poser mardi sur le bureau de la Chambre.
Il n’y a pas loin de deux milliards à faire
sortir. Le déficit du budget, en dehors des
nouvelles dépenses militaires, s’élevant à
plus de 500 millions.
Jusqu’à mardi, il faut se passer de tout
renseignement officiel. Tout ce qu’on peut
savoir, c’est que la solution par l’impôt se
rait abandonnée et que le principe d’une
émission d'environ 1,300 millions de rente
française serait retenu. -
La seule question, disent les Débats, est
de savoir ce que l’on comprendra dansl'em-
prunt. a. Y fera-t-on entrer d’autres besoins |
de l'armé auxquels il aurait fallu satisfai- |
re, quoique dans une mesure moindre, si la ’
durée du service n’avait pas été augmen- ,
tée ? Aura-t-on recours au crédit pour faire ,
face à certaines charges navales ? Inscrira-
t-on aussi, dans la carte à payer au moyen i
du produit de l’emprunt, les dépenses affé- ■
rentes au Maroc, non seulement les 208 mil
lions qui avaient été prévus pour 1913 et
que le budget de cette année ne couvre pas,
mais aussi celles de l’année prochaine et
pent -être des suivantes ? Ce sont autant de
questions à débattre ».
Le Temps accepte en bloc le principe de
l’emprunt :
« En ce qui nous concerne, nous y
voyons, indépendamment de l’aide efficace
apportée à l’État, un moyen inestimable de
renouveau, le gage de confiance que l’opi
nion espère. Au lieu de la lutte haineuse
contre le capital,on aurait— on doit avoir —
l’accord des épargnes privées et des pou
voirs publics. Il ne s’agit pas de violenter
les capitaux : il s’agit de les rassurer au
contraire, en les appelant à concourir à la
défense commune.
» Dans une souscription libre à un em
prunt d’Etat, les épargnes disponibles sor
tent des bas de laine, se mêlent au courant
de la circulation vivifiante des capitaux,
sans désorganisation pour l’usine, l'atelier,
la boutique ou la terre. Les réserves sans
emploi s’offrent volontairement. La puis
sance financière du pays s’affirme, et les
affaires de l’Etat se rétablissent. »
Avec beaucoup de bon sens pratique, M.
Maxime Vuillaume, dans Y Aurore, démon
tre de son côté la nécessité de l’emprunt :
« Disons tout de suite que nous ne
voyons pas d’autre solution que l’emprunt.
Et ceci pour diverses raisons,, dont la pre
mière, que nous croyons irréfutable, réside
dans ce fait, que des dépenses immédiates,
et à la fois formidables, ne peuvent être
couvertes que par des ressources immédia
tes. Fût-on cent fois partisan d’un impôt
sur la richesse et d’un impôt sur le revenu,
il saute aux yeux que ces mesures finan
cières ne peuvent être décidées et approu
vées par le Parlement sans une longue dis
cussion. On ne décrète pas de semblables
innovations, qui ne manqueraient pas de
rencontrer une très vive opposition, en un
tour de main.
» Alors, que reste-t-il? L’emprunt. L’em
prunt, avec amortissement assuré par les
ressources de l’impôt sur le revenu, dès
qu’il sera entré dans nos lois ».
L’argument de notre confrère nous paraît
le plus décisif de tous.
La « douloureuse », comme on dit vul
gairement dans les cas pressés, ne saurait
attendre. C’est immédiatement qu’il faut
mettre la main à la poche et l’épargne fran
çaise peut et doit y suffire.
C’est la vraie solution patriotique et nous
ne voyons pas comment s’en tirer autre
ment. La réforme de l’impôt ne saurait
venir qu'après.
IÎIPPOLYTE FÉNOUX.
BULLETIN MILITAIRE
L’Epave de P « léna »
Certains journaux avaient annoncé que,
dans 4 épave du léna, actuellement en démo
lition, on avait trouvé 400 tonnes de char
bon, des obus et des canons. Le ministère de
la marine vient de démentir cette informa
tion. Il n’est resté dans l’épave du léna qu’une
petite quantité de charbon. Il a permis,
d’ailleurs, de faire des expériences très ins
tructives sur la résistance au tir d’un matelas
de charbon dans la coque d’un cuirassé.
Quant aux canons laissés à bord du navire,
ils étaient au nombre de deux. Ce sont deux
pièces d’un modèle ancien et ne présentant
aucun intérêt au point de vue de la defense
nationale.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la LIBRAIRIE ITERMATIONALE
108, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de l'HOTEL TERiAINUSA
LA CITÉ DES MORTS
Pnoto PeLt Havre
Cliché Petit Raves
Des Fleurs 2 Des Couronnes 2
La sagesse humaine fit bien quand elle
décréta, dans son œuvre de morcellement
du temps, qu’un jour de l’année serait entiè
rement consacré à la mémoire des disparus.
Peut-être prévoyait ehe déjà nos " exis
tences modernes, les vies de lutte ardente,
trépidantes et fiévreuses où passent, hélas,
tant d’espoirs et d’oublis.
Il lui parut désirable que les morts, les
muets pèlerins partis pour le grand voyage,
revinssent ce jour-là dans la vivante inimité
de nos souvenirs, et qu’il leur fut voué un
culte fidèle.
La tradition en poursuivait d’autres de
même esprit. Si loin que l’on remonte dans
l’histoire des races et des civilisations, on re
trouve sous des formes differentes cette im
muable pensée du respect funèbre Nos temps
de septicisme ne l’ont point atténuée.
Bien des révolutions passeront qui n’en
lèveront pas de nos plus chères, de nos plus
touchantes coutumes, le salut grave devant
le mort qui passe. Il emprunte un peu de
l’émotion qui nous étreint à l’évocation du
Néant, un peu aussi do vague effroi que sème
le grand mystère de l’au-delà.
Qu’il soit mystique ou dégagé de foi confes
sionnelle, ce salut venu de tous et fait par
tous avec une sincérité évidente, est un des
traits typiques suivant lesquels les dogmes
les plus opposés, les plus diverses philoso
phies se recontrent fatalement au carrefour
où se dresse l’effarant point d’interrogation.
Soyez donc fêlés et fleuris, pauvres et
chers disparus de la grande bataille ! Les
grisailles de novembre s’adaptent à souhait
à la tristesse de nos souvenirs. Les heures
sont profondes, comme ouatées de mélanco
lie. Elles nous ramènent vers un passé où
nous avons laissé, sanglants, des lambeaux
de nos cœurs.
$
* *
A nouveau, je suis allé « leur » faire visite.
Le ciel s’était fait, ce malin-là, du ne dou
ceur, d’une pureté infinies. D’un azur atté
nué et frileux tombait la lumière dorée. Le
champ de repos avait pris par ce prestige de
la nue et de la clarté une poésie troublante.
Il n’avait point encore l’aspect que lui don
nent l’allée et tenue des foules aux jours de
fête. L’asile restait intime et presque désert,
dans la grande paix du monde endormi.
Seuls, des oiseaux s’apostrophaient d’un
arbre à l’autre, par-dessus des tombes, et
des caquetages joyeux tombaient sur les
dalles en cascades, avec des coulées de so
leil.
La gloire d’une arrière-saison radieuse
s’ingéniait encore à parer les choses. Elle
glissait de l’or roux sur- les feuilles jaunies,
plaquait çà et là des grandes taches vertes
où les fleurs tardives mettaient des écla
boussures brillantes.
On eut dit vraiment que le Printemps
était entré en tapinois pour saluer l’immen
se cité de désolation et de silence. Il avait
apporté avec lui des verdures et des corol
les, des parfums de la terre, des effluves de
joie nouvelle. La Mort lei devait de se trans
former elle-même. Ce n’était plus la figure
horrible et grimaçante, avec son cortège de
fimars en croix, mais quelque chose de
mystérieux et de grand qui sommeillait en
core sous les herbes.
on-
Et dans ce elair soleil, dans le pur ray
nement d’un ciel de féerie, la nature chan
tait,au-dessusdela décomposition des choses,
un poème éclatant de résurrection...
Des gens étaient venus, ce matin-là, qui
faisaient la toilette des tombes, car il est
d’usage que la maison du mort soit, en ces
jours plus qu’en d’autres, décente et parée.
Pourquoi ?...
La terre ne se charge-t-elle pas de tous
temps de renouveler ses parures ? La mo
deste flsur qui surgit sur le tertre anonyme
n’a-t elle pas autant de grâce en sa simpli-
cité rustique que l’opulent bouquet de chry
santhèmes dans son vase de fonte argentée ?
Mais il est bien entendu que nos orgueils
ne désarment point, même devant le pouvoir
terrible qui les fauche à son gré. La vanité
humaine se comptait à proclamer sa survi
vance jusque sur le grand terrain égalitaire
qui reçoit et confond nos frêles destinées.
Il apparaît toujours vivant,ce travers aussi
vieux que le monde, qui pousse l’individu à
s’élever au-dessus du semblable et infiltre
dans les âmes le poison du dédain.
Il est dans l’imposante ampleur du sar
cophage, dans la majesté monumentale,
dans la prétention du terrain de choix chè
rement acquis.
Il est dans la forme d’une pierre, dans la
rédaction d’une épitaphe. Et que de consta-
tâtions curieuses, troublantes, significatives,
l’observateur un peu teinté de philosophie,
ourrait glaner en poursuivant sa rêverie au
asard des mausolées.
. L’humanité apparaît là sous son vrai jour.
La douleur et la peine vraiment ressenties
lui ont arraché son masque coutumier. Le
sentiment s’est trahi tel qu’il est, sans fard,
sans hypocrisie, dans toute la sincérité de
son accent.
Lorsque la volonté du défunt n’eut pas la
prévoyance de réglementer par avance cette
mise en scène macabre, les survivants se
sont chargés de l’assurer, en oubliant parfois
peut être que le respect dû au disparu au
rait pu, tout au moins, sauver sa mémoire du
ridicule.
L’épitaphe n’y échappe pas ; et c’est par là
qu’elle apparaît bien comme une petite chose
mesquine, banale, éphémère, une pauvre
étiquette apposée sur la porte du Néant.
Certains l’ont faite toute simple, élo
quente, avec deux noms, deux chiffres,
c’est tout... D’autres l’ont voulue, au con
traire, solennelle et magnifique, bourrée de
titres ronflants, rehaussée de dorures, pro
lixe comme une carte de visite de célébrité
banquiste, imposante comme une enseigne.
Le Gampo Santo de Gènes possède bien un
monument où un homme tout en marbre et
tenant un chapeau melon à la main, est re
présenté avec la tumeur dont il mourut;
mais point n’est besoin d’aller si loin pour
faire dans le même genre des découvertes
aussi étranges.
Les contrastes violents sont dans l’ordre
naturel, et c’est une singulière malice des
faits qui mêia souvent à la tristesse piquante
du lieu des échos de fantaisie comique.
Deux tombes sommeillent côte à côte,dans
notre cimetière Sainté-Marie. L’une est celle
d’un époux ravi à une affection chère. La
veuve a pris soin d’y faire graver ses « Re
grets éternels ». Et cette fidélité de Baucis
est douce aux esprits...
Mais vous passez et les yeux glissent sur
le mausolée voisin. Inconstance des pensées
humaines ! Fragilité des grands engage-
menu !... La veuve s’était remariée, l’epita
pue l’atteste... Que ces « regrets éternels »
paraissent donc ironiques !
$
* *
Mais c’est toute une littérature philosophi
que que fournirait l’étude de ces inscriptions,
littérature piquante et plaisante aussi, qui
se fait souvent sentimentale, profonde, évo
catrice, touchante, et dont les fantaisies n’en
apparaissent que plus énormes.
L’épitaphe veut être aussi parfois utilitaire
et pratique et ne dédaigne pas le format
commercial.
Dans un cimetière du département des
Vosges, on peut lire, dans cette orthogra
phe :
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
» Ci gi, justement regrettée C. P., épouse
de M. S. P. Cette dame né pour le com
merce à l'âge de dix-neuf ans avant son
mariage tenait seule la partie des drape
ries. Peu de temps après ebe y réunit
d’autres branches qui n’ont cessé qu’avec
elle son état l’occupant nuit et jour ses dé
sirs à acquérir par sa conduite l’esiime et
la confiance de tout le monde. Sa vie a été
courageuse, dans ses voyages, inébranla
bles dans ses entreprises, ardie dans ses
expéditions, mais trop sensible aux cir
constances aggravantes, abrégé ont été ses
jours et elle fini sa carrière le 6 juin 1822
sans avoir fait un faux pas. »
Un « pendant » à cette oraison funèbre se
peut trouver sans peine. Empruntons-le au
cimetière de Dydford, près Dartmoor.C’est
l’épitaphe d’un horloger :
« Ci-gît dans la position horizontale le corps
de George Roukeigh, horloger, dont le talent
honora la profession.
« L’intégrité fut le ressort principal de sa
vie, et la prudence servit de régulateur à ses
actions. Tous ses mouvements étaient si bien
réglés que jamais il ne désobligea que les
gens non initiés à la clef de sa conduite. Il
savait si bien disposer son temps que ses
heures glissèrent sur un cadran perpétuel de
plaisir et d’agrément, jusqu à ce qu une mi
nute fatale mit un ter me à son existence.
» Il est mort âgé de 57 ans, ayant l’espé
rance d’être le bien venu auprès du Créa
teur et de se trouver parfaitement réparé et
mis à neuf dans l’éternité. »
A côté de ces facéties baroques, apparaî
tra simplement gaillarde l’épitaphe que Clé
ment Marot composa pour « de Guion Le
Roy, qui s’attendoit d’être pape avant de
mouryr » et par laquelle nous n’ignorons
plus que ce Guion fut un pochard :
' Ci-gist Guion, pape jadiz, et roy ;
Roy de surnom, pape par fantaisie .
Non maryé, de peur (comme je croyj
D'estre ....» ou d’avoir jalousie.
Il préféra bon vin et malvoisie.
E chair salée à sa propre santé.
Or est-il mort la face cramoisie :
Dieu tepardoint, povre pater sancte.
Mots aux destins éphémères !... Mais non,
pourtant, puisque leur imprévu et leur
gaîté funèbre les sauve de l’oubli et que,
sans eux, l’occasion ne serait probablement
jamais venue de parler de l’activité commer
ciale de Mme G. P... ni de l’intégrité de
George Roukeigh, horloger, ci-dessus men
tionnés. Leurs descendants semblaient leur
jouer une dernière farce, et voici qu’ils ont
réussi à les faire passer à la postérité, tout
au moins relative.
Mais ce sont là minces avantages. Tôt on
tard s'effacent les épitaphes, qu’elles soient
imposantes ou bouffonnes. Notre cimetière
Sainte-Marie en a vu passer de tous styles et
de toutes ampleurs. Fasse le grand destin
qu’une seule demeure, celle que le statuaire
Albert Mulot a inscrite sur le monument
qu’elle inspira :
Et toi, divine mort où tout rentre et s’efface,
Accueille tes enfants dans ton sein étoilé
AfTranchis-nousdu temps,du nombre et de l’espace
Et rend-nous le repos que la vie a troublé.
Les vers de Sully-Prudhomme ont assez
d’ampleur et de fraternité sereine pour ser
vir de titres aux tombes sans nom, comme
pour faire oublier la vaine ostentation des
autres.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
====2
LES AFFAIRES D’ORIENT
Déclarations de Djavid bey
Berlin, P r novembre.
Djavid bey, ancien ministre des finances
ottoman, arrivé à Berlin accompagné de Re-
chid Sevket,directeur du cabinet du ministre
des finances, a fait les déclarations suivan
tes :
J’aurai ici, a déclaré Djavid bey, des conversa-
fions avec des représentants du gouvernement
allemand. Avec le gouvernement allemand, nous
négocierons des questions déjà abordées à Paris :
1® l’élévation des droits de douane de 4 0/0 ; 2*
les cinq monopoles des allumettes, du papier à ci-
gareltes, de l’alco 1, des cartes à jouer et du pé
trole L’Allemagne a le plus grand intérêt à y
souscrire.
Avec les financiers allemands, nous réglerong
certains problèmes posés par les chemins de fer
dAsie-Mineure. Il s’agit de s’entendre sur les ga
ranties et les délais de construction. La perte de
la Macédoine exige certaines modifications à l’ac
cord relatif aux garanties. Les voies ferrées dont
il s’agira au cours de ces conversations sont :
4’ La ligne principale Alop-Bagdad; 2. l’embran
chement allant à Diarbekir. Nous nous occupe
rons également de la ligne Césarée-Sivas Les che
mins de fer d’Anatolie, sur lesquels on n’a pas
convenu d’une garantie, et qui sont intéressants
par leur raccordemeni aux voies françaises.
D’autre part, un accord a été négocié le mois
dernier entre des financiers allemands et des finan
ciers français, au sujet de la ligne Sivas-Samsoun
et du raccordement de Karpout Nous avons été
tenus au courant de ces négociations, et je crois
savoir que cet accord est déjà conclu. Nons au
rons à lui donner notre assentiment formel.
Je suis très optimiste, a ajouté Djavid bey, et
je suis convaincu que sur tous les points nous
arriverons rapidement à nous arranger. Mon sé
jour à Berlin sera de trois semaines; je me ren
drai ensuite à Paris.
A une question posée à Djavid bey sur le?
bruits d’une concession de chemin de fer à
l’Babe dans la région d’Adana, le mînistre
répond :
On a grossi cette affaire. En fait, un Ottoman,
qui est en rapport avec la Banco commerciale, a
demandé au gouvernement turc l’autorisation de
faire avec des ingénieurs un voyage d’inspection
dans cette région pour étudier s’il y avait lieu de
construire éventuellement des chemins de fer ou
d’uliliser des voies navigables, de tirer parti des
chutes d’eau et d’exploiter la force hydraulique de
cette région. Je crois que la durée de celle ins
pection sera de quatre ou cinq ans. Nous devrons
ensuite nous prononcer et nous avons toute li
berté d’accorder ou de refuser la concession.
Djavid bey dément tous les bruits relatifs
à un établissement de l’Antriche-Hongrie
dans la région de Mersina. Comme on lui
parle des négociations relatives à la paix
gréco-tarque, le ministre ottoman répond :
Nous sommes tombés d'accord sur la question
de l’indigénat, qui est à nos yeux la plus impor
tante. La question des vakous sera probablement
également réglée. J’espère que la paix sera con
clue d’ici à quinze jours ou trois semaines.
LES AFFAIRES DU MAROC
Le Raz de Marée de Casablanca.
Casablanca, 1 er novembre.
Dès que le général Lyautey eût appris les
sinistres maritimes de Casablanca, il adressa
au consul, M. Laronce, pour être affiché en
ville, le télégramme suivant :
« Profondément attristé par le sinistre qui
frappe Casablanca, qui a fait de si nombreu
ses victimes et qui a causé de graves dom
mages au commerce, je vous prie d’être
mon interprète auprès de la population.
» Un léger accident me met momentané
ment dans l’impossibilité matérielle de mé
déplacer ; aussitôt que je le pourrai, je vien-
drai examiner la situation, les moyens d‘y
remédier et donner des secours dans la me-
sure du possible, sachant d’ailleurs que la
vaillante population de Casablanca saura
s’élever par son énergie au-dessus de COS
épreuves passagères et ne cessera pas d’avoin
confiance dans l’avenir, étant assurée que je
la seconderai de tout mon effort. »
AFRIQUE OCCIDENTALE
Un rezzou complètement détruit y
Le ministre des colonies vient d’être infor-
mé par le gouverneur général de ‘Afrique
occidentale française des conditions dans les-'
quelles un incident est survenu le 18 sep-
tembre à Boutillis, situé à l'Ouest de Oaa-
dana, où un rezzou, venant de Siguietelham-
ra et allant vers Hodh, aurait attaqué les
pâturages de la section méhariste de Chin-
guetti. D'après les renseignements parvenus,
et dont on attend confirmation, 25 indigènes
auraient été tués, mais aucun Européen n'au-
Fait été atteint.
D’autre part, le gouverneur général fait
connaître que ce même rezzou aurait été
défait, le 15 octobre, par le capitaine Man-
geot dans les circonstances suivantes : 1e
capitaine Mangeot, commandant les trou
pes du secteur de Oualata, secondé par 1s
lieutenant Brisson, avait été informé par la
Mauritanie de la présence dans Siguese.,
hamra.de plusieurs rezzous, dont l'un 8eale
heurté le 18 septembre à Boutillis au de-
Pchement méhariste de Chinguerti. • se Pas
ica en observation près de Nema, au DUC
I deQualata, avec 100 fusils, et renseigné PaE
(5 Pages)
eooyyganv esnasz= Te
Centrmeg
EDTION DU MATIN
S Centimes
Administrateur * Délégué
(S Pages)
=====
Dimanche 2 Novembre UH
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
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85, Rue Fontenelle, 35
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L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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Le PETIT HA VRE est désigné pour tas Annonces Judiciaires et légales
REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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Paris, trois heures matin
===== = ===— .-■■■■ ■ ===============
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 1er NOVEMBRE
Notons : décembre, baisse 4 points ;
anvier, baisse 6 points ; mars, baisse
i points ; mai, baisse 5 points ; juillet,
baisse 5 points.
L Calés : inchangé à hausse 6 points.
NEW-YORK, 1 er NOVEMBRE
Dulvre Standard disp.
— décembre
Amalgamat. Cep...
Fer
c. DE 1002
72 5/8
s. menai
15
15
72
15
62
97
1/2
75
CHICAGO, 1er NOVEMBRE
Blé sur
Décembre.
Mai
C. DU JOUR
85 12
90 1/8
C. PRECED
86 1/4
90 3/4
Maïs sur
Décembre.
69 3 8
70 14
Mai
70 1 2
71 1/4
Saindoux sur.
Octobre...
10 65
10 50
—
Janvier...
10 82
49 6%
LE CONGRÈS DES
JEUNESSES RÉPUBLICAINES
Reims. — Après discussion, le Congrès des
Jeunesses républicaines a adopté une mo
tion d’ensemble sur la défense nationale,
comprenant le service égal pour tous, l’utili-
sation de la préparation militaire, l’emploi
des réserves, le rajeunissement des com-
mandements, le relèvement des soldes, la
suppression des « embusqués », le perfec
tionnement des armes, l'amélioration de la
mobilisation, l’organisation de la levée en
masse, le recrutement de l'armée noire, l’or
ganisation des régiments coloniaux pour
obtenir le retour à la loi de 1905 et assurer
la défense nationale avec aignité.
Plusieurs délégués ont défendu la loi de
trois ans.
Reims.— Le Congrès des Jeunesses répu
blicaines a adopté un ordre du jour donnant
mandat à son bureau parisien de procéder à
la fusion des jeunesses républicaines et des
jeunesses laïques.
CONGRÈS DES ŒUVRES LAÏQUES
Saint-Etienne. — Hier soir, à la séance
plénière du Congrès des OEavres laïques, M.
Ed. Petit, inspecteur général de l'enseigne-
ment primaire, entouré de MM. Barnier, chef
de cabinet du préfet ; Ginoux, inspecteur
d’académie ; Durafour, Drivet, députés, et le
docteur Merlin, rapporteur, a prononcé un
discours.
Il a insisté particulièrement sur l’éduca
tion post-scolaire, l’unité de son organisa-
tion d'après les méthodes de Jules Ferry, de
Jean Macé et de Ferdinand Buisson.
L’orateur recommande la lutte par les
moyens légaux et réglementaires contre les
efforts faits dans les partis religieux contre
l'espri civil qui se meur t et qu’il importe de
soutenir.
Le Congrès a ensuite adopté divers vœux,
notamment en faveur de l’application de la
loi de 1872 sur l’éducation physique, l'ensei-
gnement pour le brevet d’aptitude militaire,
contre les représentations cinématographi
ques des crimes.
CONGRÈS DU PARTI RÉPUBLICAIN
SOCIALISTE
Grenoble. — Le Congrès du parti républi
cain socialiste a émis un vœu disant que nul
ne pourra se réclamer du parti républicain
socialiste aux élections législatives s’il n’ac
cepte pas dans son programme cet article :
‘le retour à la loi de deux ans.
UNE HISTOIRE TÉNÉBREUSE
L’enquête ouverte sur le double attentat
prémédité contre deux femmes habitant
Courbevoie a abouti et M. Mouton, directeur
de la police judiciaire, a recueilli hier soir
les aveux du coupable.
C’est un professeur surveillant demeurant
à Clamart qui, las de la vie que lui taisait sa
belle-mère, a voulu se débarrasser de celle-
ci, ainsi que d'une de ses amies.
Après avoir subi une sévère admonesta
tion, le professeur a été remis en liberté, le
crime n’ayant pas eu de commencement
d’exécution, mais il fera l’objet d’une sur
veillance spéciale.
LE VOYAGE DE L’AVIATEUR GILBERT
Berlin. — Comme l’aviateur Gilbert avait
pleine autorisation de l’ambassade d’Allema
gne à Paris, il n’a pas été inquiété à son ar
rivée à Puetnitz.
Il était très fatigué par son voyage, mais
hier matin, il était complètement rétabli.
De son propre avis, l’aviateur n’aurait pas
gagné la Coupe Pommery, car il estime
n’avoir parcouru que 950 kilomètres.
Au moment de l’atterrissage, le chrono
mètre de Gilbert accusait une durée de
5 h. 15’ 23" et une distance parcourue d’en
viron 959 kilomètres.
CHUTE D’UN ROCHER
CLERMONT-FERRAND. — Un énorme rocher
brusquement détaché de la montagne au
village de Montaigut-le-Blanc, a écrasé une
maison et endommagé plusieurs autres im-
meubles.
Les habitants ont réussi à s’échapper au
prix de grandes difficultés.
On redoute un nouvel éboulement.
DE PARIS AU CAIRE EN AÉROPLANE
Vienne — L’aviateur Daucourt a l’inten
tion de continuer ce matin son raid aérien.
DISPARITION D’UNE BARQUE DE
PÊCHE
Marseille.— On est sans nouvelles depuis
deux jours de la barque de pêche Ange-
Marie, montée par le patron Fortaslier.
Le service du pilotage fait procéder à des
recherches le long des côtes.
LES AFFAIRES DU MAROC '
Les Espagnols au Maroc
Madrid. — (Officielle). — Un caporal et six
soldats oui lavaient du linge dans la rivière
de Beni-Messala ont été attaqués par des Ma
rocains.
Deux hommes ont été tués.
Un détachement est immédiatement parti
à la poursuite des agresseurs.
Les attaques des indigènes
autour d’Agadir
MAZAGAN. — La construction des blockhaus
grès d’Agadir ayant été interrompue par les
attaques des indigènes, le croiseur Du-Chayla
a bombardé les alentours.
Les assaillants ont fui en désordre.
LES ÉLECTIONS EN ITALIE
Rome. — Une grande agitation règne dans
les villes où doit avoir lieu le second tour
de scrutin.
Dans les 101 collèges où il y a ballottage,
81 candidats libéraux restent sur les
rangs ; le succès d’une quarantaine d’entre
eux paraît assuré.
DES SUFFRAGETTES ATTAQUENT
M. ASQUITH
Londres. — M. Asquith se promenait en
automobile près de Stirling, en Ecosse,
quand il fut attaqué par des suffragettes qui
jetèrent du poivre dans l’auto et tentèrent
de frapper le premier ministre avec un
fouet.
Des policiers qui suivaient l’auto disper
sèrent rapidement les manifestantes, mais
n’opérèrent aucune arrestation.
-----------
UH MEETING POLITIQUE EN ESPAGNE
Sarragosse. — A la suite d’un meeting ra
dical, des manifestants ont parcouru la ville
aux cris de : « A bas Maura! », puis ils ont
saccagé les bureaux du journal conservateur
l’Opinion.
Trois arrestations ont été opérées.
LE MAUVAIS TEMPS AU MAROC
Casablanca. — Les dégâts causés par le
raz de marée se bornent à l’affaissement
d’une partie des derniers ouvrages cons
truits.
La grande jetée n’a pas souffert.
Les consuls allemand et espagnol ont re
mercié le consul de France et les autorités
françaises.
Hier, à trois heures, aucun cadavre n’avait
été rejeté par la mer qui est redevenue cal
me.
Rabat. — La route de Casablanca à Rabat
est coupée par la tempête qui a détruit un
pont.
ÜNE MISSION MILITAIRE EN TURQUIE
Constantinople. — L’iradé publié hier
donne au générai allemand chargé de l’or-
ganisation de l’armée turque pleine autorité
exécutive et des pouvoirs bien supérieurs à
ceux dont jouissait le maréchal Von der
Goltz.
Le général sera aidé dans sa tâche par tout
le personnel nécessaire d’officiers alle
mands.
M. Caillaux et l’Alliance
Démocratique
Du Bulletin officiel du Parti Républicain Dé
mocratique :
« M. Caillaux n’ayant pas posé sa candida
ture, lors du renouvellement des pouvoirs
de la Commission centrale exécutive du Paitt
Républicain Démocratique, en janvier 1912, a
cessé, dès cette date, d’être membre de cette
Commission. Il a cessé également d'apparte-
nir au Conseil supérieur du Parti, le jour où
il a donné son adhésion au Parti radical-so
cialiste. Les statuts prescrivent, en effet, for
mellement que les membres de nos deux
Comités directeurs ne peuvent être inscrits
en même temps au Parti radical-socialiste.
» L'incompatibilité prescrite par nos statuts
s’impose davantage encore quand, comme
c’est le cas, une personnalité politique ins
crite chez nous accepte le mandat d’être le
chef du Parti radical-socialiste. Il est de toute
évidence qu’elle ne peut exercer désormais
une action quelconque sur la politique d’un
parti dont-elle s’est voiontairement séparée».
Le Congrès du Parti Républicain
Socialiste
Le troisième congrès du parti républicain
socialiste s’est ouvert hier matin, à 8 h. 1/2
dans la salle de l’Eldorado à Grenoble. Une
cinquantaine de délégués des fédérations dé
partementales sont présents. Ainsi que le
groupe parlementaire l’avait fait savoir, au
cun député n’y assiste.
Au-dessus de l’estrade, une large bande
role porte l’inscription : « Ni radicaux, ni
unifiés. »
Dès l’ouverture de la séance, un violent
tumulte se produit, provoqué par l’exclu
sion, demandée par M. Zévaès, des représen
tants des journaux radicaux et unifiés de
Grenoble et de divers correspondants de
journaux parisiens. MM. Georges Buisson et
Désirât, de la fédération de la Seine, élèvent
une vigoureuse protestation contre cet os
tracisme dû à des rancunes électorales. Fi
nalement cette exclusion est approuvée, à la
majorité de trois ou quatre voix, le vote
ayant eu lieu par délégué et non par mandat.
M. Zévaès a ensuite donné lecture de son
rapport sur la situation du parti. De violen
tes discussions se produisent encore. M.
Orry, survenant sur ces entrefaites, déclare
à ses voisins que l’exclusion de la presse
avancée est une faute qui rejaillira sur l’au-
torité du congrès. Finalement, il propose et
fait adopter une nouvelle motion admettant
tous les représentants de la presse, sans ex
ception, dans la salle du congrès.
A ce moment, M. Au gagneur, député du
Rhône, dont on vient d’annoncer la présen
ce à Grenoble, fait son entrée dans la salle
et déclare qu’il a l’intention d’intervenir
contre la politique de M. Briand et l’attitude
de la Commission administrative du parti.
Parmi les questions à l’ordre du jour, ar
rêté par la Commission administrative, ci
tons : le programme agraire, la politique
coloniale, la loi militaire, le monopole de
l’enseignement, la question de l’héritage, le
crédit commercial et le crédit ouvrier.
Le Quart d’heure de Rabelais
Ce quart d’heure va sonner mardi, à la
rentrée de la Chambre. C’est le moment où
le gouvernement va faire connaître les me
sures financières qu’il entend prendre,pour
faire face aux nécessités budgétaires actuel
les et aux besoins de la défense nationale.
Ces besoins, on les connaît, si on ne
connaît encore exactement les détails du
projet que le ministre des finances va dé
poser mardi sur le bureau de la Chambre.
Il n’y a pas loin de deux milliards à faire
sortir. Le déficit du budget, en dehors des
nouvelles dépenses militaires, s’élevant à
plus de 500 millions.
Jusqu’à mardi, il faut se passer de tout
renseignement officiel. Tout ce qu’on peut
savoir, c’est que la solution par l’impôt se
rait abandonnée et que le principe d’une
émission d'environ 1,300 millions de rente
française serait retenu. -
La seule question, disent les Débats, est
de savoir ce que l’on comprendra dansl'em-
prunt. a. Y fera-t-on entrer d’autres besoins |
de l'armé auxquels il aurait fallu satisfai- |
re, quoique dans une mesure moindre, si la ’
durée du service n’avait pas été augmen- ,
tée ? Aura-t-on recours au crédit pour faire ,
face à certaines charges navales ? Inscrira-
t-on aussi, dans la carte à payer au moyen i
du produit de l’emprunt, les dépenses affé- ■
rentes au Maroc, non seulement les 208 mil
lions qui avaient été prévus pour 1913 et
que le budget de cette année ne couvre pas,
mais aussi celles de l’année prochaine et
pent -être des suivantes ? Ce sont autant de
questions à débattre ».
Le Temps accepte en bloc le principe de
l’emprunt :
« En ce qui nous concerne, nous y
voyons, indépendamment de l’aide efficace
apportée à l’État, un moyen inestimable de
renouveau, le gage de confiance que l’opi
nion espère. Au lieu de la lutte haineuse
contre le capital,on aurait— on doit avoir —
l’accord des épargnes privées et des pou
voirs publics. Il ne s’agit pas de violenter
les capitaux : il s’agit de les rassurer au
contraire, en les appelant à concourir à la
défense commune.
» Dans une souscription libre à un em
prunt d’Etat, les épargnes disponibles sor
tent des bas de laine, se mêlent au courant
de la circulation vivifiante des capitaux,
sans désorganisation pour l’usine, l'atelier,
la boutique ou la terre. Les réserves sans
emploi s’offrent volontairement. La puis
sance financière du pays s’affirme, et les
affaires de l’Etat se rétablissent. »
Avec beaucoup de bon sens pratique, M.
Maxime Vuillaume, dans Y Aurore, démon
tre de son côté la nécessité de l’emprunt :
« Disons tout de suite que nous ne
voyons pas d’autre solution que l’emprunt.
Et ceci pour diverses raisons,, dont la pre
mière, que nous croyons irréfutable, réside
dans ce fait, que des dépenses immédiates,
et à la fois formidables, ne peuvent être
couvertes que par des ressources immédia
tes. Fût-on cent fois partisan d’un impôt
sur la richesse et d’un impôt sur le revenu,
il saute aux yeux que ces mesures finan
cières ne peuvent être décidées et approu
vées par le Parlement sans une longue dis
cussion. On ne décrète pas de semblables
innovations, qui ne manqueraient pas de
rencontrer une très vive opposition, en un
tour de main.
» Alors, que reste-t-il? L’emprunt. L’em
prunt, avec amortissement assuré par les
ressources de l’impôt sur le revenu, dès
qu’il sera entré dans nos lois ».
L’argument de notre confrère nous paraît
le plus décisif de tous.
La « douloureuse », comme on dit vul
gairement dans les cas pressés, ne saurait
attendre. C’est immédiatement qu’il faut
mettre la main à la poche et l’épargne fran
çaise peut et doit y suffire.
C’est la vraie solution patriotique et nous
ne voyons pas comment s’en tirer autre
ment. La réforme de l’impôt ne saurait
venir qu'après.
IÎIPPOLYTE FÉNOUX.
BULLETIN MILITAIRE
L’Epave de P « léna »
Certains journaux avaient annoncé que,
dans 4 épave du léna, actuellement en démo
lition, on avait trouvé 400 tonnes de char
bon, des obus et des canons. Le ministère de
la marine vient de démentir cette informa
tion. Il n’est resté dans l’épave du léna qu’une
petite quantité de charbon. Il a permis,
d’ailleurs, de faire des expériences très ins
tructives sur la résistance au tir d’un matelas
de charbon dans la coque d’un cuirassé.
Quant aux canons laissés à bord du navire,
ils étaient au nombre de deux. Ce sont deux
pièces d’un modèle ancien et ne présentant
aucun intérêt au point de vue de la defense
nationale.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
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LA CITÉ DES MORTS
Pnoto PeLt Havre
Cliché Petit Raves
Des Fleurs 2 Des Couronnes 2
La sagesse humaine fit bien quand elle
décréta, dans son œuvre de morcellement
du temps, qu’un jour de l’année serait entiè
rement consacré à la mémoire des disparus.
Peut-être prévoyait ehe déjà nos " exis
tences modernes, les vies de lutte ardente,
trépidantes et fiévreuses où passent, hélas,
tant d’espoirs et d’oublis.
Il lui parut désirable que les morts, les
muets pèlerins partis pour le grand voyage,
revinssent ce jour-là dans la vivante inimité
de nos souvenirs, et qu’il leur fut voué un
culte fidèle.
La tradition en poursuivait d’autres de
même esprit. Si loin que l’on remonte dans
l’histoire des races et des civilisations, on re
trouve sous des formes differentes cette im
muable pensée du respect funèbre Nos temps
de septicisme ne l’ont point atténuée.
Bien des révolutions passeront qui n’en
lèveront pas de nos plus chères, de nos plus
touchantes coutumes, le salut grave devant
le mort qui passe. Il emprunte un peu de
l’émotion qui nous étreint à l’évocation du
Néant, un peu aussi do vague effroi que sème
le grand mystère de l’au-delà.
Qu’il soit mystique ou dégagé de foi confes
sionnelle, ce salut venu de tous et fait par
tous avec une sincérité évidente, est un des
traits typiques suivant lesquels les dogmes
les plus opposés, les plus diverses philoso
phies se recontrent fatalement au carrefour
où se dresse l’effarant point d’interrogation.
Soyez donc fêlés et fleuris, pauvres et
chers disparus de la grande bataille ! Les
grisailles de novembre s’adaptent à souhait
à la tristesse de nos souvenirs. Les heures
sont profondes, comme ouatées de mélanco
lie. Elles nous ramènent vers un passé où
nous avons laissé, sanglants, des lambeaux
de nos cœurs.
$
* *
A nouveau, je suis allé « leur » faire visite.
Le ciel s’était fait, ce malin-là, du ne dou
ceur, d’une pureté infinies. D’un azur atté
nué et frileux tombait la lumière dorée. Le
champ de repos avait pris par ce prestige de
la nue et de la clarté une poésie troublante.
Il n’avait point encore l’aspect que lui don
nent l’allée et tenue des foules aux jours de
fête. L’asile restait intime et presque désert,
dans la grande paix du monde endormi.
Seuls, des oiseaux s’apostrophaient d’un
arbre à l’autre, par-dessus des tombes, et
des caquetages joyeux tombaient sur les
dalles en cascades, avec des coulées de so
leil.
La gloire d’une arrière-saison radieuse
s’ingéniait encore à parer les choses. Elle
glissait de l’or roux sur- les feuilles jaunies,
plaquait çà et là des grandes taches vertes
où les fleurs tardives mettaient des écla
boussures brillantes.
On eut dit vraiment que le Printemps
était entré en tapinois pour saluer l’immen
se cité de désolation et de silence. Il avait
apporté avec lui des verdures et des corol
les, des parfums de la terre, des effluves de
joie nouvelle. La Mort lei devait de se trans
former elle-même. Ce n’était plus la figure
horrible et grimaçante, avec son cortège de
fimars en croix, mais quelque chose de
mystérieux et de grand qui sommeillait en
core sous les herbes.
on-
Et dans ce elair soleil, dans le pur ray
nement d’un ciel de féerie, la nature chan
tait,au-dessusdela décomposition des choses,
un poème éclatant de résurrection...
Des gens étaient venus, ce matin-là, qui
faisaient la toilette des tombes, car il est
d’usage que la maison du mort soit, en ces
jours plus qu’en d’autres, décente et parée.
Pourquoi ?...
La terre ne se charge-t-elle pas de tous
temps de renouveler ses parures ? La mo
deste flsur qui surgit sur le tertre anonyme
n’a-t elle pas autant de grâce en sa simpli-
cité rustique que l’opulent bouquet de chry
santhèmes dans son vase de fonte argentée ?
Mais il est bien entendu que nos orgueils
ne désarment point, même devant le pouvoir
terrible qui les fauche à son gré. La vanité
humaine se comptait à proclamer sa survi
vance jusque sur le grand terrain égalitaire
qui reçoit et confond nos frêles destinées.
Il apparaît toujours vivant,ce travers aussi
vieux que le monde, qui pousse l’individu à
s’élever au-dessus du semblable et infiltre
dans les âmes le poison du dédain.
Il est dans l’imposante ampleur du sar
cophage, dans la majesté monumentale,
dans la prétention du terrain de choix chè
rement acquis.
Il est dans la forme d’une pierre, dans la
rédaction d’une épitaphe. Et que de consta-
tâtions curieuses, troublantes, significatives,
l’observateur un peu teinté de philosophie,
ourrait glaner en poursuivant sa rêverie au
asard des mausolées.
. L’humanité apparaît là sous son vrai jour.
La douleur et la peine vraiment ressenties
lui ont arraché son masque coutumier. Le
sentiment s’est trahi tel qu’il est, sans fard,
sans hypocrisie, dans toute la sincérité de
son accent.
Lorsque la volonté du défunt n’eut pas la
prévoyance de réglementer par avance cette
mise en scène macabre, les survivants se
sont chargés de l’assurer, en oubliant parfois
peut être que le respect dû au disparu au
rait pu, tout au moins, sauver sa mémoire du
ridicule.
L’épitaphe n’y échappe pas ; et c’est par là
qu’elle apparaît bien comme une petite chose
mesquine, banale, éphémère, une pauvre
étiquette apposée sur la porte du Néant.
Certains l’ont faite toute simple, élo
quente, avec deux noms, deux chiffres,
c’est tout... D’autres l’ont voulue, au con
traire, solennelle et magnifique, bourrée de
titres ronflants, rehaussée de dorures, pro
lixe comme une carte de visite de célébrité
banquiste, imposante comme une enseigne.
Le Gampo Santo de Gènes possède bien un
monument où un homme tout en marbre et
tenant un chapeau melon à la main, est re
présenté avec la tumeur dont il mourut;
mais point n’est besoin d’aller si loin pour
faire dans le même genre des découvertes
aussi étranges.
Les contrastes violents sont dans l’ordre
naturel, et c’est une singulière malice des
faits qui mêia souvent à la tristesse piquante
du lieu des échos de fantaisie comique.
Deux tombes sommeillent côte à côte,dans
notre cimetière Sainté-Marie. L’une est celle
d’un époux ravi à une affection chère. La
veuve a pris soin d’y faire graver ses « Re
grets éternels ». Et cette fidélité de Baucis
est douce aux esprits...
Mais vous passez et les yeux glissent sur
le mausolée voisin. Inconstance des pensées
humaines ! Fragilité des grands engage-
menu !... La veuve s’était remariée, l’epita
pue l’atteste... Que ces « regrets éternels »
paraissent donc ironiques !
$
* *
Mais c’est toute une littérature philosophi
que que fournirait l’étude de ces inscriptions,
littérature piquante et plaisante aussi, qui
se fait souvent sentimentale, profonde, évo
catrice, touchante, et dont les fantaisies n’en
apparaissent que plus énormes.
L’épitaphe veut être aussi parfois utilitaire
et pratique et ne dédaigne pas le format
commercial.
Dans un cimetière du département des
Vosges, on peut lire, dans cette orthogra
phe :
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
»
» Ci gi, justement regrettée C. P., épouse
de M. S. P. Cette dame né pour le com
merce à l'âge de dix-neuf ans avant son
mariage tenait seule la partie des drape
ries. Peu de temps après ebe y réunit
d’autres branches qui n’ont cessé qu’avec
elle son état l’occupant nuit et jour ses dé
sirs à acquérir par sa conduite l’esiime et
la confiance de tout le monde. Sa vie a été
courageuse, dans ses voyages, inébranla
bles dans ses entreprises, ardie dans ses
expéditions, mais trop sensible aux cir
constances aggravantes, abrégé ont été ses
jours et elle fini sa carrière le 6 juin 1822
sans avoir fait un faux pas. »
Un « pendant » à cette oraison funèbre se
peut trouver sans peine. Empruntons-le au
cimetière de Dydford, près Dartmoor.C’est
l’épitaphe d’un horloger :
« Ci-gît dans la position horizontale le corps
de George Roukeigh, horloger, dont le talent
honora la profession.
« L’intégrité fut le ressort principal de sa
vie, et la prudence servit de régulateur à ses
actions. Tous ses mouvements étaient si bien
réglés que jamais il ne désobligea que les
gens non initiés à la clef de sa conduite. Il
savait si bien disposer son temps que ses
heures glissèrent sur un cadran perpétuel de
plaisir et d’agrément, jusqu à ce qu une mi
nute fatale mit un ter me à son existence.
» Il est mort âgé de 57 ans, ayant l’espé
rance d’être le bien venu auprès du Créa
teur et de se trouver parfaitement réparé et
mis à neuf dans l’éternité. »
A côté de ces facéties baroques, apparaî
tra simplement gaillarde l’épitaphe que Clé
ment Marot composa pour « de Guion Le
Roy, qui s’attendoit d’être pape avant de
mouryr » et par laquelle nous n’ignorons
plus que ce Guion fut un pochard :
' Ci-gist Guion, pape jadiz, et roy ;
Roy de surnom, pape par fantaisie .
Non maryé, de peur (comme je croyj
D'estre ....» ou d’avoir jalousie.
Il préféra bon vin et malvoisie.
E chair salée à sa propre santé.
Or est-il mort la face cramoisie :
Dieu tepardoint, povre pater sancte.
Mots aux destins éphémères !... Mais non,
pourtant, puisque leur imprévu et leur
gaîté funèbre les sauve de l’oubli et que,
sans eux, l’occasion ne serait probablement
jamais venue de parler de l’activité commer
ciale de Mme G. P... ni de l’intégrité de
George Roukeigh, horloger, ci-dessus men
tionnés. Leurs descendants semblaient leur
jouer une dernière farce, et voici qu’ils ont
réussi à les faire passer à la postérité, tout
au moins relative.
Mais ce sont là minces avantages. Tôt on
tard s'effacent les épitaphes, qu’elles soient
imposantes ou bouffonnes. Notre cimetière
Sainte-Marie en a vu passer de tous styles et
de toutes ampleurs. Fasse le grand destin
qu’une seule demeure, celle que le statuaire
Albert Mulot a inscrite sur le monument
qu’elle inspira :
Et toi, divine mort où tout rentre et s’efface,
Accueille tes enfants dans ton sein étoilé
AfTranchis-nousdu temps,du nombre et de l’espace
Et rend-nous le repos que la vie a troublé.
Les vers de Sully-Prudhomme ont assez
d’ampleur et de fraternité sereine pour ser
vir de titres aux tombes sans nom, comme
pour faire oublier la vaine ostentation des
autres.
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
====2
LES AFFAIRES D’ORIENT
Déclarations de Djavid bey
Berlin, P r novembre.
Djavid bey, ancien ministre des finances
ottoman, arrivé à Berlin accompagné de Re-
chid Sevket,directeur du cabinet du ministre
des finances, a fait les déclarations suivan
tes :
J’aurai ici, a déclaré Djavid bey, des conversa-
fions avec des représentants du gouvernement
allemand. Avec le gouvernement allemand, nous
négocierons des questions déjà abordées à Paris :
1® l’élévation des droits de douane de 4 0/0 ; 2*
les cinq monopoles des allumettes, du papier à ci-
gareltes, de l’alco 1, des cartes à jouer et du pé
trole L’Allemagne a le plus grand intérêt à y
souscrire.
Avec les financiers allemands, nous réglerong
certains problèmes posés par les chemins de fer
dAsie-Mineure. Il s’agit de s’entendre sur les ga
ranties et les délais de construction. La perte de
la Macédoine exige certaines modifications à l’ac
cord relatif aux garanties. Les voies ferrées dont
il s’agira au cours de ces conversations sont :
4’ La ligne principale Alop-Bagdad; 2. l’embran
chement allant à Diarbekir. Nous nous occupe
rons également de la ligne Césarée-Sivas Les che
mins de fer d’Anatolie, sur lesquels on n’a pas
convenu d’une garantie, et qui sont intéressants
par leur raccordemeni aux voies françaises.
D’autre part, un accord a été négocié le mois
dernier entre des financiers allemands et des finan
ciers français, au sujet de la ligne Sivas-Samsoun
et du raccordement de Karpout Nous avons été
tenus au courant de ces négociations, et je crois
savoir que cet accord est déjà conclu. Nons au
rons à lui donner notre assentiment formel.
Je suis très optimiste, a ajouté Djavid bey, et
je suis convaincu que sur tous les points nous
arriverons rapidement à nous arranger. Mon sé
jour à Berlin sera de trois semaines; je me ren
drai ensuite à Paris.
A une question posée à Djavid bey sur le?
bruits d’une concession de chemin de fer à
l’Babe dans la région d’Adana, le mînistre
répond :
On a grossi cette affaire. En fait, un Ottoman,
qui est en rapport avec la Banco commerciale, a
demandé au gouvernement turc l’autorisation de
faire avec des ingénieurs un voyage d’inspection
dans cette région pour étudier s’il y avait lieu de
construire éventuellement des chemins de fer ou
d’uliliser des voies navigables, de tirer parti des
chutes d’eau et d’exploiter la force hydraulique de
cette région. Je crois que la durée de celle ins
pection sera de quatre ou cinq ans. Nous devrons
ensuite nous prononcer et nous avons toute li
berté d’accorder ou de refuser la concession.
Djavid bey dément tous les bruits relatifs
à un établissement de l’Antriche-Hongrie
dans la région de Mersina. Comme on lui
parle des négociations relatives à la paix
gréco-tarque, le ministre ottoman répond :
Nous sommes tombés d'accord sur la question
de l’indigénat, qui est à nos yeux la plus impor
tante. La question des vakous sera probablement
également réglée. J’espère que la paix sera con
clue d’ici à quinze jours ou trois semaines.
LES AFFAIRES DU MAROC
Le Raz de Marée de Casablanca.
Casablanca, 1 er novembre.
Dès que le général Lyautey eût appris les
sinistres maritimes de Casablanca, il adressa
au consul, M. Laronce, pour être affiché en
ville, le télégramme suivant :
« Profondément attristé par le sinistre qui
frappe Casablanca, qui a fait de si nombreu
ses victimes et qui a causé de graves dom
mages au commerce, je vous prie d’être
mon interprète auprès de la population.
» Un léger accident me met momentané
ment dans l’impossibilité matérielle de mé
déplacer ; aussitôt que je le pourrai, je vien-
drai examiner la situation, les moyens d‘y
remédier et donner des secours dans la me-
sure du possible, sachant d’ailleurs que la
vaillante population de Casablanca saura
s’élever par son énergie au-dessus de COS
épreuves passagères et ne cessera pas d’avoin
confiance dans l’avenir, étant assurée que je
la seconderai de tout mon effort. »
AFRIQUE OCCIDENTALE
Un rezzou complètement détruit y
Le ministre des colonies vient d’être infor-
mé par le gouverneur général de ‘Afrique
occidentale française des conditions dans les-'
quelles un incident est survenu le 18 sep-
tembre à Boutillis, situé à l'Ouest de Oaa-
dana, où un rezzou, venant de Siguietelham-
ra et allant vers Hodh, aurait attaqué les
pâturages de la section méhariste de Chin-
guetti. D'après les renseignements parvenus,
et dont on attend confirmation, 25 indigènes
auraient été tués, mais aucun Européen n'au-
Fait été atteint.
D’autre part, le gouverneur général fait
connaître que ce même rezzou aurait été
défait, le 15 octobre, par le capitaine Man-
geot dans les circonstances suivantes : 1e
capitaine Mangeot, commandant les trou
pes du secteur de Oualata, secondé par 1s
lieutenant Brisson, avait été informé par la
Mauritanie de la présence dans Siguese.,
hamra.de plusieurs rezzous, dont l'un 8eale
heurté le 18 septembre à Boutillis au de-
Pchement méhariste de Chinguerti. • se Pas
ica en observation près de Nema, au DUC
I deQualata, avec 100 fusils, et renseigné PaE
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