Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1909-03-17
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 17 mars 1909 17 mars 1909
Description : 1909/03/17 (A29,N10108). 1909/03/17 (A29,N10108).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638584j
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
29" Année — T 40,108 (6 Pages) S Centimes — ENM DU MATIN — 5 Centimes (6 Pages) Mercredi 17 Mars 4909
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ORGANE REPUBLICAIN DEMOCRATIQUE
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,
Autres Départements 1
Union Postale
G
1o
50
Fr.
® Fr.
a &
Fr.
P
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DEPECHES COMMERCIALES
LONDRES, 16 MARS
Cuivre s Comptant, £ 54.17/6 ; trois mois,
£ 55.15/-.
Etain j Comptant, £ 128.2/6; trois mois,
£ 129.12/6.
Fer « Comptant, 46/- -/- ; trois mois,
46/9 -/-.
NEW-YORK, 16 MARS
Cotons : mars, baisse 14 points ;
juillet, baisse 15 points.
Calés s baisse 10 points à inchangé.
M. Montbrand est suspendu
M. Montbrand, rédacteur à l’Administra
tion centrale, le même qui présida le mee
ting de Tivoli Vaux Hall et qui mit aux voix
la grève générale, a reçu dans l’après-midi
d’hier, à l’issue du Conseil des ministres, no-
tification de sa suspension.
Détail piquant : M. Montbrand était venu
le matin à son travail, comme à l’ordinaire.
Une Réunion de l’A. G.
Hier soir, à cinq heures, une importante
réunion des agents des Postes a eu lieu dans
la grande salle des Sociétés savantes.
L’assemblée a chaleureusement applaudi
la nouvelle qui a été apportée que les da-
mes de Gutemberg avaient déclaré la grève.
On 2 confirmé la cessation du travail de la
part des ambulants.
Au Bureau Central Télégraphique
De légers incidents se sont produits au bu
reau central à la relève de six heures.
Des femmes employées venait pour pren
dre leur service ont été arrêtées o la porte
par des grévistes. Plusieurs employées déjà
entrées dans les salles au moment où Ios
agents cessaient leur'travail ont été invitées
par leurs camarades à s’en aller.
Un Appel des Députés radicaux et radi
caux-socialistes de la Seine
Les députés radicaux et radicaux socialis
tes de la Seine ont voté une motion déplo
rant que le personnel des postes ait cru de
voir abandonner le travail et désorganiser
un service public essentiel, au détriment des
intérêts de la population, et déclarant que
quelle que puisse être la gravité des faits in
voqués, il leur est impossible d’intervenir
aussi longtemps que les services n’auront
pas repris leur cours normal.
Les députés font appel à la clairvoyance
des agents des P. T. T. et s’engagent, le
calme revenu, à poursuivre la réalisation
des réformes qui s’imposent dans les P. T. T.
La Grève des Facteurs
Les sous-agents des postes, convoqués hier
soir par le secrétaire général de leur Syndi
cat, ont décidé la grève des facteurs.
Les Electriciens
Dans une réunion tenue hier soir, les ou
vriers électriciens des P. T. T. ont ajourné la
question de la grève à jeudi et ont voté un
ordre du jour dans lequel ils s’engagent à
soutenir les agents par tous les moyens.
Les Dames téléphonistes
Hier soir, les dames téléphonistes se sont
réunies à nouveau. Elles ont acclamé la
grève.
Les sous-agents se sont également réu
nis. N
Le mouvement gréviste semble s’accen
tuer.
La Situation à Paris
La statistique de la préfecture de police
enregistrait hier soir quelques nouvelles dé
fections dans le personnel des ambulants.
Jusqu’à présent, c’est le service de la gare
de Lyon qui est le plus atteint.
A la prise de service de cinq heures, 15
ambulants sur 76 se sont présentés aux voi
tures, mais 4 ont aussitôt cessé tout travail.
Au Central télégraphique, tous les em
ployés se tenaient a leur poste, mais ne tra
vaillaient pas.
La Recette principale des postes dément le
bruit suivant lequel le service postal pour
l'étranger a souffert de la grève.
A sept heures, le sous-secrétariat des pos
tes communiquait les renseignements sui
vants concernant la situation dans les gares :
Gare de Lyon ; aux ambulants, 7 présents
sur 51 employés ; au bureau du tri, 2 pré
sents sur 24 ; aux sédentaires, 2 présents
sur 32.
Gare Montparnasse : aux ambulants, 21
présents sur 33 employés ; au tri, 32 pré
sents sur 38 ; aux sédentaires, 54 présents
sur 61.
Gare du Nord : aux ambulants, 19 présents
sur 40 employés ; au tri, 7 présents sur 15 ;
aux sédentaires, 55 présents sur 74.
Gare Saint-Lazare : aux ambulants, 17 pré
sents sur 26 employés.
On ne possède pas de renseignement sur
le bureau du tri. Quatre manquants consta
tés aux sédentaires.
Les lettres au départ de Paris sont achemi
nées sur les recettes de province qui assu
rent le tri et la distribution dans leur région.
D’après une communication de la direc-
lion de la police municipale, la statistique
des postiers serait la suivante:
Commis des bureaux de poste, 486; bureau
central télégraphique, 10 0/0 ; les présents
pratiquent la « grève des bras croisés ».
890 Grévistes sur 1,200 agents
On estimait hier au sous-secrétariat des
Postes que sur 1,200 agents il y avait 800 gré
vistes hier soir.
NEW-YORK, 16 MARS
Cuivre
G. DU JOUR
12 50
68 »/»
16 —
6 MAR
C. PRÉCEDENT
12 81
68 3/8
16 37
S
Amalgamat. Cop...
Fer
CHICAGO, 1
Blé sur
Maïs sur
Saindoux sur.
mmsazasnzzar
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
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C. DU JOUR
115 3/8
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67 1/8
67 »/»
40 25
40 37
amanaszosamaz
C. PRÉCÉD.
147 4/8
105 4/2
68 1/2
67 7/8
10 37
10 50
Les Services de la Nuit ont été assurés,
mais difficilement
A dix heures et demie, on annonçait offi
ciellement que cent cinquante ambulants
sur quatre cents manquaient à leur poste.
Les services des courriers dans les gares
étaient assurés difficilement.
A la recette principale, on constatait la
présence de 4 hommes sur 36 à l’équipe de
nuit.
On a compté dans toute la journée 145 gré
vistes.
Air Central on signalait cinq manquants à
l’équipe de nuit, mais par suite de dérange
ments peu graves, les appareils ne fonction
naient pas de sorte que les communications
avec l’étranger étaient rendues impossibles.
Il y avait exception toutefois pour Londres
et Bruxelles.
Les Ambulants
A la sortie de 9 heures au Central télégra
phique, tout a été calme.
A la gare du Nord, six nouvelles défections
se sont produites dans le service des ambu
lants, ce qui porte le nombre à 25 pour la
journée.
A la gare de Lyon, au train de 8h.40 (train
dit « méditerranéen ») les employés subal
ternes ont fait défaut. Dans chaque wagon se
trouvait seul le chef de section.
A la gare Saint-Lazare, au train de Cher
bourg, cinq ambulants manquaient sur neuf
employés.
A la gare de Vincennes, sept commis ont
refusé de travaillé à 6 heures.
A Orleans, la prise de service s’est effectuée
sans incidents.
Au train de 7 heures 50, à destination de
Bayonne.
Au train de Nantes, de 9 heures 21, il s’est
produit trois défections.
A la gare de l’Est, le nombre des défec
tions a été de 27.
Il y avait à la Gare Saint-Lazare 14 grévis
tes sur 33 employés.
A la gare Montparnasse, il manque actuel
lement 22 ambulants pour les départs du
soir.
Le nombre total des ambulants grévistes
est d’environ trois cents.
I
A Brest
Brest. — Le personnel des postes et télé
graphes s’est réuni hier soir dans une des
salles de la Mairie.
Le principe de la grève a été adopté à la
majorité. La réunion a décidé de" faire le
minimum de travail en attendant les nou
velles des autres centres.
Une nouvelle réunion aura lieu ce matin.
Les Secours de l’Etranger
Après la réunion qu’elles ont tenue au
Café Marengo, les dames téléphonistes se
sont rendues aux Sociétés Savantes.
Au cours de cette réunion, on a annoncé
qu’après les Anglais, les Allemands et les
agents des contributions directes de France,
l’Association des postiers Américains mettait
à la disposition des postiers Français une
somme de vingt-cinq [mille francs.
atr rese ge== n I ma d
DANS LES BALKANS
La Situation
Berlin.— Suivant un télégramme de Vien
ne, au Lolcal Anzeiger, on annonce de bonne
source la mobilisation des corps d’armée in
téressés de Bosnie, d’Herzégovine et de Dal -
matie, décidée dans la journée.
Cette information se trouve en partie con
firmée par un télégramme de Vienne au
Berliner Tagblatt annonçant que les autorités
de Presbourg ont été avisées télégraphique
ment dans l’apès-midi, parle ministère de
la Défense Nationale, de la mobilisation
dans les vingt-quatre heures, des troupes du
corps d’armée de Serajevo et de Zara.
Un télégramme de Vienne au Berliner
Tagblatt dit que la troisième et dernière note
que l’Autriche songe à envoyer à la Serbie
sera remise au plus tard samedi.
Un télégramme de Berliner Tagblatt annon
ce que le ministère de la guerre a convoqué
télégraphiquement à Belgrade tous les chefs
d’Etat-Major général des cinq divisions ser
bes.
Le correspondant à Belgrade du Lokal
Anzeiger dit que le gouvernement serbe re
pousserait immédiatement une démarche
des puissances à Belgrade.
Des télégrammes de Vienne et de Prague à
la Gazette de Voss disent que la guerre est con
sidérée comme inévitable.
Tous les journaux de Buda-Pesth deman
dent maintenant une action militaire éner-
gique contre la Serbie.
Vienne. — Suivant la
Neue Freie Press, le
nouvelle démarche,
caractère d’un ulti-
comte Forgach fera une
mais eke n’aura pas le
matum, quoiqu’elle doive être plus énergi
que que la précédente.
La conférence des ministres s’occupera
aujourd’hui de la question des relations
commerciales avec la Serbie.
LA PROMOTION DU MÉRITE AGRICOLE
VOfliciel publiera aujourd’hui la promotion
du Mérite agricole.
Est- il permis encore, dans l’émotion que
la crise aiguë que subissent les P. T. T.
cause dans tout le pays, de prendre la paro
le ou la plume pour défendre les intérêts du
Syndicat de « ceux qui n’y sont pour rien »,
du Syndicat des consommateurs dont la
fortune, la sécurité et la vie familiale
même, tiennent au bout d’un fil, c’est le
cas de le dire ?
Car enfin, si solidarité il y a, pourquoi
n’y aurait-il pas solidarité entre les télé
graphistes et postiers et ceux qui les font
vivre en consommant la marchandise que
détaillent leurs claviers et que distribuent
leurs boîtes ?
Pourquoi le public, le bon public, celui
qui fait la queue aux guichets pour que
l’employé émarge à la fin du mois, n’aurait-
il pas, lui aussi, voix au chapitre ?
Voilà ce que pourrait dire le Syndicat du
Public, s’il était consulté:
« Moi, Public, je suis convaincu que dans
les revendications des fonctionnaires des
P. T. T., il en est de très légitimes et qu’ils
ont le droit d’exiger sur ce point la solution
juste. Je suis de cœur avec eux pour qu’ils
l’obtiennent.
Je ne suis pas convaincu, d’ailleurs, que
la sacro-sainte Administration ait fait tout
ce qui était possible pour venir au devant
de ces revendications, dans la mesure qui
lui appartient.
Je crois volontiers que bien des mécon
tentements eussent été évités si, depuis le
temps qu’il en est question, le « statut des
fonctionnaires », solennellement promis
depuis 1903, avait été inscrit à l’ordre du
jour de la Chambre et solutionné par le Par-
lement.
Je considère d’ailleurs comme évident
que les méthodes de répression sont impuis
santes pour apaiser et faire rentrer dans le
devoir ceux qui sont devenus, bien malgré
eux pour la plupart, des « bureaucrates en
révolte ».
Mais je juge aussi, moi bon Public, que
j’ai mes droits contre lesquels aucun droit
ne peut prévaloir.
J’ai toujours considéré, en payant de mes
deniers les appointements des fonctionnai- (
res de la P. T. T., que ceux-ci, par contrat
réciproque, s’étaient engagés à m’approvi
sionner régulièrement, ponctuellement, de
dépêches et de lettres.
Et s’il leur plaît de se mettre en grève,
j’estime que c’est contre moi, qui n’y suis
pour rien, et s’ils confisquent ma corres
pondance pour embêter leur Secrétaire
d’Eiat, je déclare solennellement que « je la
trouve mauvaise ! »
Ne vous semble-t-il pas que c’est à peu
près ce que pourrait dire en la circonstance
le Syndicat du Public, s’il était consulté.
Mais voilà ! le public n’est jamais con-
sulté.
HIPPOLYTE FÉNOUX.
BONS CONSEILS
Dans l’ordre d’idées que nous venons
d’exprimer, des conseils avisés sont for
mulés par des voix autorisées.
C’est M. Gabriel Chaigne, député de la
Gironde, rapporteur à la Chambre du projet
de loi sur les statuts des fonctionnaires, qui
écrit dans la Gironde :
Les agents des postes risquent de décou
rager leurs meilleurs amis. En tous cas, ils
parviendront facilement à les rendre im
puissants.
L’organisation légale des services publics
est difficile à établir. Nombreux sont les in
térêts mis en jeu. Leur conciliation exige un
examen attentif et des solutions prudentes.
C’est avec peine et par un effort soutenu
qu’on peut espérer remplacer un long passé
d’autorité sans contrôle par un régime de li
bertés nettement définies.
L’intervention de la violence dans cet
effort risque de troubler tous les hésitants
qu’il arrivait à ébranler, à ramener peu à
peu à la conception nouvelle et si parfaite
ment juste de la démocratisation des sep-
vices publics.
Tout le monde est d’accord pour arracher
les fonctionnaires à l’arbitraire contre lequel
ils protestent avec raison. Beaucoup cher
chent et quelques-uns pensent avoir trouvé,
en collaborant avec les intéressés, la formule
qui leur donnera satisfaction tout en réser
vant les légitimes prérogatives de ceux qui
ont chargé de l’intérêt général.
Et, c’est au moment où les études prépa
ratoires touchent à leur terme, où la con
sultation se fait de tous ceux qui, à raison
de leur expérience, peuvent avoir un avis à
donner, à la veille du jour où la discussion
sera reprise au Parlement, des mesures de
garanties professionnelles depuis si long
temps réclamées; c’est à cette heure précise
où le succès, longtemps douteux, paraît cer
tain, que la violence des formules, la gravité
des actes et, dit-on, des préjudices, viendrait
tout remettre en question et peut-être tout
compromettre aux yeux de l’opinion publi
que.
M. A. Gervais, sénateur de la Seine, écrit
dans le Radical ;
Le mouvement qui se manifeste dans l’ad
ministration des postes doit être, comme
tous les mouvements de protestations pro
fessionnelles, pacifique et légal. Il est tout à
fait naturel et normal que des travailleurs
revendiquent leurs droits et accomplissent
tous les actes légitimes de défense person
nelle,
Ces manifestations sont peut-être pour sur
prendre des esprits timorés et rétrogrades ;
ceux qui suivent attentivement l’évolution
du prolétariat vers un état différent et meil
leur ne s’en effraient point- et ne s’en indi
gnent pas. Mais ils veulent, dans l’intérêt
même de l’évolution qu’ils souhaitent voir
s’accomplir, que cette œuvre se poursuive
dans l’ordre et dans le calme et qu’elle ne
serve pas les desseins astucieux de ceux qui,
voulant rétablir les régimes de domination,
s’efforcent de la transformer en une manifes
tation d’anarchie permanente.
Les employés des postes ont tout naturel
lement cette obligation, et l’opinion publi
que les jugerait sévèrement s’ils se mettaient
en grève et s’ils suspendaient la vie de ce
pays, dans un mouvement de révolte. Ils
n’en ont pas le droit.Et ce serait une atteinte
grave portée aux intérêts de tiers qui n’ont
aucune responsabilité dans l’affaire engagée,
s’ils faisaient supporter au public les frais
d’une guerre dont il n’est en rien la cause.
A quel titre, en effet, peut-on mettre des
familles dans l’angoisse, supprimer les. rap
ports d’affaires, alarmer des citoyens, com
promettre des intérêts, menacer les trans
actions intérieures et extérieures? Est-ce que
ces hommes et ces choses ont une raison
d’être pris à partie ? Quelles relations ont-ils
avec les revendications des employés des
postes? Aucune. Ils sont absolument inno
cents de toutes les difficultés qui se présen
tent. Pourquoi les léser ? Il y a là un abus
qui ne peut être commis sans que la raison
proteste et sans que la pure justice le con
damne sévèrement. Les intérêts particuliers
sont en dépôt aux mains des employés des
postes, ils ont accepté d’administrer ce dépôt
dans des conditions déterminées. Ils n’ont
pas le droit de s’en servir pour leurs intérêts
particuliers. Il y a là un acte de simple pro
bité.
Les employés des postes, aussi bien que
les autres fonctionnaires, méritent qu’on
revise leurs situations. Il y a évidemment des
améliorations à y apporter ; on doit le faire,
mais on ne peutTe farre que par la loi, dans
l’ordre et la paix sociale.Tl y va de l’avenir
de la démocratie. Les incidents qui se pro
duisent en ce moment et dont il serait inté
ressant de démêler les origines — toutes les
origines — touchant au plus haut point au
développement de notre régime.
Je ne peux m’empêcher de noter que
l’Action Française encourage le mouvement
« révolutionnaire » des postiers. M. Henry
Vaugeois, en effet, hier matin, adressait aux
postiers et télégraphistes « l’expression de sa
sympathie et de sa confiance ». C’est évidem
ment là un témoignage symptomatique.
Et dans la Petite Piépublique :
Un vent de folie a passé rue de Grenelle et
tourne toutes les cervelles. Il a pénétré dans
tous les bureaux et il semble avoir surexcité
les nerfs de tout le monde.
Parce que les postiers ont à se plaindre
d’un règlement; ils poussent immédiatement
les choses au pire, suspendent le travail, ar
rêtent les dépêches, cessent d’envoyer les
lettres et trouvent tout naturel de faire subir
a des dizaines de millions d’hommes le mé
contentement de quelques centaines d’em-
ployes.
Là-dessus l’administration s’emballe. La
police s’en mêle. On arrête à tort et à tra
vers ; on charge dans les salles et on défère
à la justice quelques employés coupables
d’avoir, suivant une formule mise à la mode
par les potaches, « conspué » M. Simyan.
Pour ne pas être en reste, la magistrature
tape à tour de bras, et pour.un cri injurieux
administre des jours de prison par six à la
fois.
Histoire sans doute de calmer les esprits.
En attendant, tout comme dans la bataille
des deux cochers vidant leurs querelles en
tapant sur leurs bourgeois respectifs, en
attendant, c’est le public qui paie les frais de
la guerre.
Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin, à l’Elysée, sous la présidence de M.
Fallières.
La situation des Postes
Le Conseil s’est d’abord occupé de la si
tuation dans l’administration des postes et
télégraphes. M. Simyan, sous-secrétaire d’E
tat, a fait un exposé complet de la question.
Le Conseil a donné son entière approba
tion à la conduite du sous-secrétaire d’Etat.
M. Simyan a quitté le Conseil avant la fin
de la réunion pour se rendre au poste cen
tral et assister au changement d’équipe. Il a
fait savoir que le service avait été pris régu
lièrement par la nouvelle équipe.
L’Amiral Germinet
Enfin, le ministre de la marine a fait si
gner un décret prononçant la réintégration
de l’amiral Germinet, mis en disponibilité à
la suite des incidents dont on se souvient.
Le Conseil supérieur de la Marine
Hier matin, au Conseil des ministres, le,
ministre de la marine a fait signer un décret
modifiant l’article 1 er § 1 du décret du 21 avril
1905 sur la composition du Conseil supérieur
de la marine.
Le nouveau décret fait entrer au Conseil
supérieur, en outre des cinq vice-amiraux
préfets maritimes et des deux vice-amiraux
commandant en chef les escadres métropo
litaines, les vice-amiraux ayant commandé
ces escadres depuis moins de deux ans.
Par suite de cette modification, le vice-ami
ral Germinet, qui a quitté le commandement
de l’escadre de la Mediterranée il y a quel
ques mois seulement, fera partie au Conseil
supérieur.
Le prédécesseur de l’amiral Jauréguiberry
à la tête de l’escadre du Nord, le vice-amiral
Gigon, bien qu’ayant quitté son commande
ment depuis moins de deux ans, est passé
dans la 2e section du cadre de l’état-major
général de l’armée de mer ; le nouveau dé
cret ne lui est donc pas applicable.
Le Conseil supérieur de la marine sera
réuni prochainement.
A la Commission des Douanes
La Commission des douanes, réunie sous
la présidence de M. Klotz, a procédé à un
échange de vues sur le projet de loi relatif
aux primes à la sériciculture et à la filature
de la soie.
Après avoir entendu l’exposé de la ques
tion présenté par M. Bourély, rapporteur,
elle a décidé de prendre comme base de dis
cussion le projet déposé par le gouverne
ment, qui tend au renouvellement de ces
primes, et d’entendre d’urgence, en sous-
commission d’enquête, les intéressés.
En ce qui concerne la révision douanière,
la Commission a poursuivi lxamen des
amendements, en attendant le jour prochain
où elle reprendra, avec le gouvernement,
l’étude des questions réservées.
La Situation dans les Burcatx de Postes de Paris. — Les Décisions de
l’Association générale
Une Protestation de M. Simyan
Que vont faire les Postiers de province ? — Au Havre.
LA MATINÉE D’HIER
A Paris, hier matin, la relève des équipes
s’est effectuée sans incidents notables. Les
manifestants ont surtout marqué leur mé
contentement en s’abstenant de travailler
avec régularité, mais en faisant toutefois
strictement le nécessaire pour n’être pas
accusés de se croiser les bras.
Cependant à huit heures et demie une cer
taine agitation s’est produite.
Après d’orageuses discussions, les esprits
se sont échauffés, et sans autre cause bien
déterminée, cinquante agents environ des
deux sexes ont abandonné le travail et quitté
les salles du central. Ces grévistes, dont les
noms ont été aussitôt pris par les commis
principaux, se sont rendus à la salle Viar-
me, ou une permanence est établie. Dans
leur précipitation, les femmes étaient sorties
sans prendre la peine de changer de vête
ments. Elles avaient même gardé leurs blou
ses de travail, et ce sont leurs camarades qui,
en quittant le service, à onze heures, au mo
ment de la relève de l’équipe, leur ont porté
leurs manteaux et leurs chapeaux.
La matinée s’est poursuivie sans autre in
cident.
Les agents et dames employées se bornent
à certains moments à cesser de travailler.
Ce défaut d’activité a provoqué nécessaire
ment de nombreux retards dans la transmis
sion des télégrammes, dont pendant la nuit
on avait réussi à écouler le stock accumulé
sur les tables.
A onze heures, le changement d’équipe
s’est fait dans un calme presque absolu.
Un de nos confrères parisiens a demandé
à des employés s’ils feront la grève géné
rale.
— Nous l'avons volée ! disent-ils.
— Mais votre présence ici est en contradiction
avec votre vote ?
— On vient voir et on attend, est-il répondu,
mais ce qu’il y a de certain, c’est que nous ne
travaillerons pas.
Les femmes sont particulièrement surexci
tées.
L’une d’elles déclare que quarante de ses
camarades ont été transportées à l’infirme
rie, en proie à des crises de nerfs.
Nous avons été bassement injuriées par M. Lé-
pine, affirment-elles, et c’est sa présence dans
nos bureaux qui a tout gâté. Nous sommes en
révolte et nous y resterons tant que l’on ne nous
aura pas rendu nos camarades arrêtés au pelit
bonheur, au seul gré des brutalités policières.
La relève de l’équipe dure un bon quart
d’heure. Dès qu’elle est terminée, sous l’œil
des officiers de paix, des instructions sont
données pour que les grandes portes de l’hô
tel du central télégraphique donnant accès
sur la rue de Grenelle soient fermées. Ainsi,
peu à peu, la rue reprend sa physionomie
accoutumée. Au reste, malgré le vote de la
grève générale, les défections n’ont pas été
aussi nombreuses qu’on pouvait le redouter.
Dans les Bureaux de Poste de Paris
L’agitation n’a pas été sans gagner le per
sonnel des bureaux de poste des différents
quartiers. Le fait à noter comme le plus im -
portant est celui de la fermeture obligatoire
de deux bureaux dont le personnel entier a
fait grève.
Ces deux bureaux sont celui de la rue Mar-
sollier et celui de la rue Danton. A l’ouver
ture de ces bureaux, les receveurs se sont
respectivement trouvés tout seuls dans leur
cabinet, regardant, comme sœur Anne, s’ils
ne verraient rien venir.
Après une heure de vaine attente, ils ont
enfin téléphoné au receveur principal de la
Seine, qui s’est borné à envoyer dans cha
cun de ces bureaux un agent qui, tant bien
que mal, plutôt mal que bien, s’est efforcé
d'assurer le service en partie.
Dans les autres bureaux, les défections
s’élèvent à plus d’une centaine.
Au total, l’administration accuse environ
150 manquants, qui vont être remplacés.
Chez les Ambulants
D’après les chiffres communiqués par l’ad
ministration, on n’aurait constaté, dans les
services ambulants, que des absences peu
importantes. Sur la ligne du Nord il y a en,
14 ambulants manquants, 12 agents employés
dans les bureaux de tri et 12 agents séden
taires, soit 38 absents au total.
Les agents des bureaux de tri sont les em
ployés qui, dans un bureau de gare, font un
premier classement par ligne pour les wa
gons-poste.
Les agents sédentaires sont ceux qui, arri
vant avant les ambulants, procèdent dans le
fourgon à une seconde classification par ré
gion, classification que termineront en cours
de route les ambulants, qui seuls exécutent
un parcours.
A la gare Montparnasse, on signale quatre
manquants, dont deux ambulants et deux
sédentaires.
A la gare de l’Est on ne signale aucune dé
fection.
Sur le Sud-Ouest, qui est la ligne où tra
vaillait lundi encore M. Subra, Pancien se
crétaire général de l’A. G., on accuse seule
ment 4 absences d'ambulats.
Sur les lignes de Lyon, il y a eu, au total,
29 manquants, dont 7 ambuents, 6 agents
de tri et 16 sédentaires.
Enfin sur l’Ouest, à la gare Saint-Lazare,
on a enregistré, d'après les chiffres ofi-
ciels, 19 absences, dont celles de 3 ambu
lants, 9 sédentaires et 7 agents du bureau de
tri.
Ce fait est à signaler qui, d’après l’Admi-
nistration, a une importance caractéristi
que : aucun des ambulants de la Méditerra
née n’a abandonné son poste.
A Marseille, cependant, contre ordinaire
d’agitation, tous les ambulants sont partis
dans la nuit et dans la matinée avec les ba
teaux.
A l’A. G.
Au siège de l’Association générale on a
fait, cet après-midi, à un des. collaborateurs
du Temps, les déclarations suivantes :
— Le mouvement dépasse de beaucoup nos
espérances. Au central télégraphique, où 1,500
agents travaillent ordinairement, tous les services
sont arrêtés à l’heure actuelle.
A la recette principale lie travail n’est plus as-
| sure que par des surnuméraires qui ignorent le
service, aujourd’hui le service le plus important
c’est le service de l’étranger.
En effet le mardi part l’Express-Orient qui des
sert l’Europe centrale, la Turquie d’Europe, etc.,
et demain ont lieu les départs pour les deux Amé
riques, l’Afrique occidentale et le Japon. C’est
75,000 kilos de papier à trier et à empaqueter.
Pour faire les 1,500 sacs que comportent ces expé
ditions, les chefs au lieu d’avoir 36 agents par
brigade en ont deux.
Il y a, à la recette principale environ 1,009
agents. Mais la moitié d’entre eux travaillent dans
les bureaux à des écritures qui n’intéressent pas
Ietravail quotidien. Parmi les 500 qui assurent les
expéditions quotidiennes 230 ont donné leur si
gnature d'honneur de poursuivre la lutte jusqu’au
bout.. D’autres s’associent au mouvement sans
toutefois s’engager par une signature.
Dans les bureaux de quartier les défections sont
très importantes. Les bureaux centraux du 16- et
du 14 e arrondissements, sont arrêtés complète
ment, ce qui rend impossible le travail dans tous
les bureaux de ces arrondissements.
Le souci de l’administration est de chercher à
sauver la façade. On place au besoin aux guichets
des petits télégraphistes. C’est le cas dans les bu
reaux 116, 115, 6, 112, 113, etc.
L’administration envoie solliciter les agents
chez eux. On leur offre d’aller assurer le service
dans les quartiers où ils ne sont pas connus. Cela
réussit dans quelques cas. C’est ainsi qu’au bu
reau 25 il y a des employés du 6 et du 120. Mais
cette méthode ne pourra pas réussir longtemps.
Pour terroriser le personnel on envoie dans les
bureaux des inspecteurs qui peuvent prononcer
séance tenante la suspension des agents qui se
refusent à prendre immédiatement le travail. Mais
cela n’a pas donné jusqu’à présent de résultats
appréciables.
Nous vous le répétons, le mouvement dépasse
nos espérances. Il nous importe peu que l’admi-
nistration prétende que les défections sont en
nombre infime. On verra les résultats demain et
après-demain.
Ce qui nous est un précieux encoursgement,
c’est que tous les chefs sont d’accord avec nous.
Pas un receveur n’a essayé de faire pression sur
les agents de son service.
Il y a des chefs qui empoches par leur situation
de prendre ouvertement parti pour nous nous ont
offert leur concours pécuniaire.
Les grévistes étaient convoqués à quatra
heures à une réunion à l’hôtel des Sociétés
Savantes.
Incidents divers
Vers midi et demi, quatre employés ambu
lants se sont rendus à la gare " Saint-Lazare
où ils se sont livrés à une tentative de dé
bauchage qui n’a pas eu de résultat.
A la gare Saint-Lazare, le train de 1 h. 20
est parti avec son effectif normal d’employés
ambulants.
A la gare de Lyon, le train de 11 h. 40 est
parti avec deux ambulants sur cinq.
A la gare de l’Est, on signale les défections
de deux employés ambulants.
A la gare d’Austerlitz, dans le train de
11 h. 17, on a signalé la défection de cinq
ambulants. Ils ont été remplacés par des
auxiliaires.
A la gare du Luxembourg, il n’y a pas eu
de défections.
Les Agents suspendus
Chaque agent suspendu a reçu la mise en
demeure suivante :
Je vous prie de me fourrer d’urgence et ci-
dessous les explications que vous croyez devoir
présenter sur les causes qui ont motivé votre
suspension de fonctions.
Ces explications devront parvenir à la direction
aujourd’hui même avant cinq heures du soir.
Les agents suspendus déclarent ne pas
vouloir répondre.
Un Démenti de M. Simyan
M. Simyan dément de la façon la plus ca-
tégoriqueTes paroles injurieuses qu’il aurait,
d’après certains journaux, prononcées a
l’égard des dames employées des postes et
télégraphes.
Le sous-secrétaire d’Etat, informé que ce
bruit avait été surtout répandu au bureau
téléphonique de la rue Desrenaudes, est allé
lui-même à ce bureau à 1 heure, pour pro
tester avec indignation contre de semblables
manœuvres.
Voici comment s’est produit l’incident
A midi, comme l’équipe des dames télé
phonistes qui assure le service de l‘après-mi-
di au poste de la rue Desrenaudes venait de
remplacer l’équipe du matin, des clameurs
s’élevèrent, dont le sens, d'après les em-
ployés que nous avons interrogés, était une
protestation contre l’attitude du sous-secré-
taire d’Etat des postes et télégraphes à l’égard
du personnel.
Les dames téléphonistes de ce bureau
croient pouvoir, en effet, reprocher à M. Sy-
mian trop de sévérité et même, selon le mot
d’un chef de service, des actes de « malveil
lance ».
Cette manifestation durait depuis dix mi-
nutes environ, quand les chefs directs des
téléphonistes intervinrent et les exhortèrent
à commencer leur travail sans tarder. Quel-
quos minutes après, le service fonctionnait
normalement.
M. Simyan arrivait bientôt au bureau de la
rue Desrenaudes. Il fit appeler quelques-
unes des téléphonistes et s’entretint avec
elles. Il quittait le bureau un peu avant trois
heures.
A trois heures et demie, le service conti
nuait à fonctionner. Une vingtaine de soldats
d’infanterie ont été mis en permanence dans
l’escalier, et dans le vestibule du posta
téléphonique où ces incidents se sont pro-
duits.
L’équipe qui s’est livrée a cette manifesta-
tion se compose de cent soixante dames télé-
phonistes.
En Province
De Nancy on téléphone que le bureau té
légraphique de cette ville ne prend aucune
dépêche pour Paris, ie bureau central ne les
recevant pas.
A Saint-Etienne, les agents des postes et
télégraphes ont tenu plusieurs réunions et
ont décidé en principe de soutenir leurs Ca-
marades de Paris par tous les moyens.
Le transit des dépêches que Marseille ne
peut expédier à Paris se fait par Bordeaux.
On mande de cette dernière ville que la
service des ambulants des Pyrénées s’est fait
[ normalement.
Administrateur- Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Rédacteur ou Chef, Gérant
HIPPOLYTE FENOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
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TÉLÉPEOHE ' Rédaction, Ho 7.60 ; Administration, 10.47
AU HAVRE.
A PARIS
ANN ON CES
BUREAU du Journal, 112, bould de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
ORGANE REPUBLICAIN DEMOCRATIQUE
ABONNEMENTS
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,
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Union Postale
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PARIS, TROIS HEURES MATIN
DEPECHES COMMERCIALES
LONDRES, 16 MARS
Cuivre s Comptant, £ 54.17/6 ; trois mois,
£ 55.15/-.
Etain j Comptant, £ 128.2/6; trois mois,
£ 129.12/6.
Fer « Comptant, 46/- -/- ; trois mois,
46/9 -/-.
NEW-YORK, 16 MARS
Cotons : mars, baisse 14 points ;
juillet, baisse 15 points.
Calés s baisse 10 points à inchangé.
M. Montbrand est suspendu
M. Montbrand, rédacteur à l’Administra
tion centrale, le même qui présida le mee
ting de Tivoli Vaux Hall et qui mit aux voix
la grève générale, a reçu dans l’après-midi
d’hier, à l’issue du Conseil des ministres, no-
tification de sa suspension.
Détail piquant : M. Montbrand était venu
le matin à son travail, comme à l’ordinaire.
Une Réunion de l’A. G.
Hier soir, à cinq heures, une importante
réunion des agents des Postes a eu lieu dans
la grande salle des Sociétés savantes.
L’assemblée a chaleureusement applaudi
la nouvelle qui a été apportée que les da-
mes de Gutemberg avaient déclaré la grève.
On 2 confirmé la cessation du travail de la
part des ambulants.
Au Bureau Central Télégraphique
De légers incidents se sont produits au bu
reau central à la relève de six heures.
Des femmes employées venait pour pren
dre leur service ont été arrêtées o la porte
par des grévistes. Plusieurs employées déjà
entrées dans les salles au moment où Ios
agents cessaient leur'travail ont été invitées
par leurs camarades à s’en aller.
Un Appel des Députés radicaux et radi
caux-socialistes de la Seine
Les députés radicaux et radicaux socialis
tes de la Seine ont voté une motion déplo
rant que le personnel des postes ait cru de
voir abandonner le travail et désorganiser
un service public essentiel, au détriment des
intérêts de la population, et déclarant que
quelle que puisse être la gravité des faits in
voqués, il leur est impossible d’intervenir
aussi longtemps que les services n’auront
pas repris leur cours normal.
Les députés font appel à la clairvoyance
des agents des P. T. T. et s’engagent, le
calme revenu, à poursuivre la réalisation
des réformes qui s’imposent dans les P. T. T.
La Grève des Facteurs
Les sous-agents des postes, convoqués hier
soir par le secrétaire général de leur Syndi
cat, ont décidé la grève des facteurs.
Les Electriciens
Dans une réunion tenue hier soir, les ou
vriers électriciens des P. T. T. ont ajourné la
question de la grève à jeudi et ont voté un
ordre du jour dans lequel ils s’engagent à
soutenir les agents par tous les moyens.
Les Dames téléphonistes
Hier soir, les dames téléphonistes se sont
réunies à nouveau. Elles ont acclamé la
grève.
Les sous-agents se sont également réu
nis. N
Le mouvement gréviste semble s’accen
tuer.
La Situation à Paris
La statistique de la préfecture de police
enregistrait hier soir quelques nouvelles dé
fections dans le personnel des ambulants.
Jusqu’à présent, c’est le service de la gare
de Lyon qui est le plus atteint.
A la prise de service de cinq heures, 15
ambulants sur 76 se sont présentés aux voi
tures, mais 4 ont aussitôt cessé tout travail.
Au Central télégraphique, tous les em
ployés se tenaient a leur poste, mais ne tra
vaillaient pas.
La Recette principale des postes dément le
bruit suivant lequel le service postal pour
l'étranger a souffert de la grève.
A sept heures, le sous-secrétariat des pos
tes communiquait les renseignements sui
vants concernant la situation dans les gares :
Gare de Lyon ; aux ambulants, 7 présents
sur 51 employés ; au bureau du tri, 2 pré
sents sur 24 ; aux sédentaires, 2 présents
sur 32.
Gare Montparnasse : aux ambulants, 21
présents sur 33 employés ; au tri, 32 pré
sents sur 38 ; aux sédentaires, 54 présents
sur 61.
Gare du Nord : aux ambulants, 19 présents
sur 40 employés ; au tri, 7 présents sur 15 ;
aux sédentaires, 55 présents sur 74.
Gare Saint-Lazare : aux ambulants, 17 pré
sents sur 26 employés.
On ne possède pas de renseignement sur
le bureau du tri. Quatre manquants consta
tés aux sédentaires.
Les lettres au départ de Paris sont achemi
nées sur les recettes de province qui assu
rent le tri et la distribution dans leur région.
D’après une communication de la direc-
lion de la police municipale, la statistique
des postiers serait la suivante:
Commis des bureaux de poste, 486; bureau
central télégraphique, 10 0/0 ; les présents
pratiquent la « grève des bras croisés ».
890 Grévistes sur 1,200 agents
On estimait hier au sous-secrétariat des
Postes que sur 1,200 agents il y avait 800 gré
vistes hier soir.
NEW-YORK, 16 MARS
Cuivre
G. DU JOUR
12 50
68 »/»
16 —
6 MAR
C. PRÉCEDENT
12 81
68 3/8
16 37
S
Amalgamat. Cop...
Fer
CHICAGO, 1
Blé sur
Maïs sur
Saindoux sur.
mmsazasnzzar
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
maaezssuan
C. DU JOUR
115 3/8
404 »/»
67 1/8
67 »/»
40 25
40 37
amanaszosamaz
C. PRÉCÉD.
147 4/8
105 4/2
68 1/2
67 7/8
10 37
10 50
Les Services de la Nuit ont été assurés,
mais difficilement
A dix heures et demie, on annonçait offi
ciellement que cent cinquante ambulants
sur quatre cents manquaient à leur poste.
Les services des courriers dans les gares
étaient assurés difficilement.
A la recette principale, on constatait la
présence de 4 hommes sur 36 à l’équipe de
nuit.
On a compté dans toute la journée 145 gré
vistes.
Air Central on signalait cinq manquants à
l’équipe de nuit, mais par suite de dérange
ments peu graves, les appareils ne fonction
naient pas de sorte que les communications
avec l’étranger étaient rendues impossibles.
Il y avait exception toutefois pour Londres
et Bruxelles.
Les Ambulants
A la sortie de 9 heures au Central télégra
phique, tout a été calme.
A la gare du Nord, six nouvelles défections
se sont produites dans le service des ambu
lants, ce qui porte le nombre à 25 pour la
journée.
A la gare de Lyon, au train de 8h.40 (train
dit « méditerranéen ») les employés subal
ternes ont fait défaut. Dans chaque wagon se
trouvait seul le chef de section.
A la gare Saint-Lazare, au train de Cher
bourg, cinq ambulants manquaient sur neuf
employés.
A la gare de Vincennes, sept commis ont
refusé de travaillé à 6 heures.
A Orleans, la prise de service s’est effectuée
sans incidents.
Au train de 7 heures 50, à destination de
Bayonne.
Au train de Nantes, de 9 heures 21, il s’est
produit trois défections.
A la gare de l’Est, le nombre des défec
tions a été de 27.
Il y avait à la Gare Saint-Lazare 14 grévis
tes sur 33 employés.
A la gare Montparnasse, il manque actuel
lement 22 ambulants pour les départs du
soir.
Le nombre total des ambulants grévistes
est d’environ trois cents.
I
A Brest
Brest. — Le personnel des postes et télé
graphes s’est réuni hier soir dans une des
salles de la Mairie.
Le principe de la grève a été adopté à la
majorité. La réunion a décidé de" faire le
minimum de travail en attendant les nou
velles des autres centres.
Une nouvelle réunion aura lieu ce matin.
Les Secours de l’Etranger
Après la réunion qu’elles ont tenue au
Café Marengo, les dames téléphonistes se
sont rendues aux Sociétés Savantes.
Au cours de cette réunion, on a annoncé
qu’après les Anglais, les Allemands et les
agents des contributions directes de France,
l’Association des postiers Américains mettait
à la disposition des postiers Français une
somme de vingt-cinq [mille francs.
atr rese ge== n I ma d
DANS LES BALKANS
La Situation
Berlin.— Suivant un télégramme de Vien
ne, au Lolcal Anzeiger, on annonce de bonne
source la mobilisation des corps d’armée in
téressés de Bosnie, d’Herzégovine et de Dal -
matie, décidée dans la journée.
Cette information se trouve en partie con
firmée par un télégramme de Vienne au
Berliner Tagblatt annonçant que les autorités
de Presbourg ont été avisées télégraphique
ment dans l’apès-midi, parle ministère de
la Défense Nationale, de la mobilisation
dans les vingt-quatre heures, des troupes du
corps d’armée de Serajevo et de Zara.
Un télégramme de Vienne au Berliner
Tagblatt dit que la troisième et dernière note
que l’Autriche songe à envoyer à la Serbie
sera remise au plus tard samedi.
Un télégramme de Berliner Tagblatt annon
ce que le ministère de la guerre a convoqué
télégraphiquement à Belgrade tous les chefs
d’Etat-Major général des cinq divisions ser
bes.
Le correspondant à Belgrade du Lokal
Anzeiger dit que le gouvernement serbe re
pousserait immédiatement une démarche
des puissances à Belgrade.
Des télégrammes de Vienne et de Prague à
la Gazette de Voss disent que la guerre est con
sidérée comme inévitable.
Tous les journaux de Buda-Pesth deman
dent maintenant une action militaire éner-
gique contre la Serbie.
Vienne. — Suivant la
Neue Freie Press, le
nouvelle démarche,
caractère d’un ulti-
comte Forgach fera une
mais eke n’aura pas le
matum, quoiqu’elle doive être plus énergi
que que la précédente.
La conférence des ministres s’occupera
aujourd’hui de la question des relations
commerciales avec la Serbie.
LA PROMOTION DU MÉRITE AGRICOLE
VOfliciel publiera aujourd’hui la promotion
du Mérite agricole.
Est- il permis encore, dans l’émotion que
la crise aiguë que subissent les P. T. T.
cause dans tout le pays, de prendre la paro
le ou la plume pour défendre les intérêts du
Syndicat de « ceux qui n’y sont pour rien »,
du Syndicat des consommateurs dont la
fortune, la sécurité et la vie familiale
même, tiennent au bout d’un fil, c’est le
cas de le dire ?
Car enfin, si solidarité il y a, pourquoi
n’y aurait-il pas solidarité entre les télé
graphistes et postiers et ceux qui les font
vivre en consommant la marchandise que
détaillent leurs claviers et que distribuent
leurs boîtes ?
Pourquoi le public, le bon public, celui
qui fait la queue aux guichets pour que
l’employé émarge à la fin du mois, n’aurait-
il pas, lui aussi, voix au chapitre ?
Voilà ce que pourrait dire le Syndicat du
Public, s’il était consulté:
« Moi, Public, je suis convaincu que dans
les revendications des fonctionnaires des
P. T. T., il en est de très légitimes et qu’ils
ont le droit d’exiger sur ce point la solution
juste. Je suis de cœur avec eux pour qu’ils
l’obtiennent.
Je ne suis pas convaincu, d’ailleurs, que
la sacro-sainte Administration ait fait tout
ce qui était possible pour venir au devant
de ces revendications, dans la mesure qui
lui appartient.
Je crois volontiers que bien des mécon
tentements eussent été évités si, depuis le
temps qu’il en est question, le « statut des
fonctionnaires », solennellement promis
depuis 1903, avait été inscrit à l’ordre du
jour de la Chambre et solutionné par le Par-
lement.
Je considère d’ailleurs comme évident
que les méthodes de répression sont impuis
santes pour apaiser et faire rentrer dans le
devoir ceux qui sont devenus, bien malgré
eux pour la plupart, des « bureaucrates en
révolte ».
Mais je juge aussi, moi bon Public, que
j’ai mes droits contre lesquels aucun droit
ne peut prévaloir.
J’ai toujours considéré, en payant de mes
deniers les appointements des fonctionnai- (
res de la P. T. T., que ceux-ci, par contrat
réciproque, s’étaient engagés à m’approvi
sionner régulièrement, ponctuellement, de
dépêches et de lettres.
Et s’il leur plaît de se mettre en grève,
j’estime que c’est contre moi, qui n’y suis
pour rien, et s’ils confisquent ma corres
pondance pour embêter leur Secrétaire
d’Eiat, je déclare solennellement que « je la
trouve mauvaise ! »
Ne vous semble-t-il pas que c’est à peu
près ce que pourrait dire en la circonstance
le Syndicat du Public, s’il était consulté.
Mais voilà ! le public n’est jamais con-
sulté.
HIPPOLYTE FÉNOUX.
BONS CONSEILS
Dans l’ordre d’idées que nous venons
d’exprimer, des conseils avisés sont for
mulés par des voix autorisées.
C’est M. Gabriel Chaigne, député de la
Gironde, rapporteur à la Chambre du projet
de loi sur les statuts des fonctionnaires, qui
écrit dans la Gironde :
Les agents des postes risquent de décou
rager leurs meilleurs amis. En tous cas, ils
parviendront facilement à les rendre im
puissants.
L’organisation légale des services publics
est difficile à établir. Nombreux sont les in
térêts mis en jeu. Leur conciliation exige un
examen attentif et des solutions prudentes.
C’est avec peine et par un effort soutenu
qu’on peut espérer remplacer un long passé
d’autorité sans contrôle par un régime de li
bertés nettement définies.
L’intervention de la violence dans cet
effort risque de troubler tous les hésitants
qu’il arrivait à ébranler, à ramener peu à
peu à la conception nouvelle et si parfaite
ment juste de la démocratisation des sep-
vices publics.
Tout le monde est d’accord pour arracher
les fonctionnaires à l’arbitraire contre lequel
ils protestent avec raison. Beaucoup cher
chent et quelques-uns pensent avoir trouvé,
en collaborant avec les intéressés, la formule
qui leur donnera satisfaction tout en réser
vant les légitimes prérogatives de ceux qui
ont chargé de l’intérêt général.
Et, c’est au moment où les études prépa
ratoires touchent à leur terme, où la con
sultation se fait de tous ceux qui, à raison
de leur expérience, peuvent avoir un avis à
donner, à la veille du jour où la discussion
sera reprise au Parlement, des mesures de
garanties professionnelles depuis si long
temps réclamées; c’est à cette heure précise
où le succès, longtemps douteux, paraît cer
tain, que la violence des formules, la gravité
des actes et, dit-on, des préjudices, viendrait
tout remettre en question et peut-être tout
compromettre aux yeux de l’opinion publi
que.
M. A. Gervais, sénateur de la Seine, écrit
dans le Radical ;
Le mouvement qui se manifeste dans l’ad
ministration des postes doit être, comme
tous les mouvements de protestations pro
fessionnelles, pacifique et légal. Il est tout à
fait naturel et normal que des travailleurs
revendiquent leurs droits et accomplissent
tous les actes légitimes de défense person
nelle,
Ces manifestations sont peut-être pour sur
prendre des esprits timorés et rétrogrades ;
ceux qui suivent attentivement l’évolution
du prolétariat vers un état différent et meil
leur ne s’en effraient point- et ne s’en indi
gnent pas. Mais ils veulent, dans l’intérêt
même de l’évolution qu’ils souhaitent voir
s’accomplir, que cette œuvre se poursuive
dans l’ordre et dans le calme et qu’elle ne
serve pas les desseins astucieux de ceux qui,
voulant rétablir les régimes de domination,
s’efforcent de la transformer en une manifes
tation d’anarchie permanente.
Les employés des postes ont tout naturel
lement cette obligation, et l’opinion publi
que les jugerait sévèrement s’ils se mettaient
en grève et s’ils suspendaient la vie de ce
pays, dans un mouvement de révolte. Ils
n’en ont pas le droit.Et ce serait une atteinte
grave portée aux intérêts de tiers qui n’ont
aucune responsabilité dans l’affaire engagée,
s’ils faisaient supporter au public les frais
d’une guerre dont il n’est en rien la cause.
A quel titre, en effet, peut-on mettre des
familles dans l’angoisse, supprimer les. rap
ports d’affaires, alarmer des citoyens, com
promettre des intérêts, menacer les trans
actions intérieures et extérieures? Est-ce que
ces hommes et ces choses ont une raison
d’être pris à partie ? Quelles relations ont-ils
avec les revendications des employés des
postes? Aucune. Ils sont absolument inno
cents de toutes les difficultés qui se présen
tent. Pourquoi les léser ? Il y a là un abus
qui ne peut être commis sans que la raison
proteste et sans que la pure justice le con
damne sévèrement. Les intérêts particuliers
sont en dépôt aux mains des employés des
postes, ils ont accepté d’administrer ce dépôt
dans des conditions déterminées. Ils n’ont
pas le droit de s’en servir pour leurs intérêts
particuliers. Il y a là un acte de simple pro
bité.
Les employés des postes, aussi bien que
les autres fonctionnaires, méritent qu’on
revise leurs situations. Il y a évidemment des
améliorations à y apporter ; on doit le faire,
mais on ne peutTe farre que par la loi, dans
l’ordre et la paix sociale.Tl y va de l’avenir
de la démocratie. Les incidents qui se pro
duisent en ce moment et dont il serait inté
ressant de démêler les origines — toutes les
origines — touchant au plus haut point au
développement de notre régime.
Je ne peux m’empêcher de noter que
l’Action Française encourage le mouvement
« révolutionnaire » des postiers. M. Henry
Vaugeois, en effet, hier matin, adressait aux
postiers et télégraphistes « l’expression de sa
sympathie et de sa confiance ». C’est évidem
ment là un témoignage symptomatique.
Et dans la Petite Piépublique :
Un vent de folie a passé rue de Grenelle et
tourne toutes les cervelles. Il a pénétré dans
tous les bureaux et il semble avoir surexcité
les nerfs de tout le monde.
Parce que les postiers ont à se plaindre
d’un règlement; ils poussent immédiatement
les choses au pire, suspendent le travail, ar
rêtent les dépêches, cessent d’envoyer les
lettres et trouvent tout naturel de faire subir
a des dizaines de millions d’hommes le mé
contentement de quelques centaines d’em-
ployes.
Là-dessus l’administration s’emballe. La
police s’en mêle. On arrête à tort et à tra
vers ; on charge dans les salles et on défère
à la justice quelques employés coupables
d’avoir, suivant une formule mise à la mode
par les potaches, « conspué » M. Simyan.
Pour ne pas être en reste, la magistrature
tape à tour de bras, et pour.un cri injurieux
administre des jours de prison par six à la
fois.
Histoire sans doute de calmer les esprits.
En attendant, tout comme dans la bataille
des deux cochers vidant leurs querelles en
tapant sur leurs bourgeois respectifs, en
attendant, c’est le public qui paie les frais de
la guerre.
Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin, à l’Elysée, sous la présidence de M.
Fallières.
La situation des Postes
Le Conseil s’est d’abord occupé de la si
tuation dans l’administration des postes et
télégraphes. M. Simyan, sous-secrétaire d’E
tat, a fait un exposé complet de la question.
Le Conseil a donné son entière approba
tion à la conduite du sous-secrétaire d’Etat.
M. Simyan a quitté le Conseil avant la fin
de la réunion pour se rendre au poste cen
tral et assister au changement d’équipe. Il a
fait savoir que le service avait été pris régu
lièrement par la nouvelle équipe.
L’Amiral Germinet
Enfin, le ministre de la marine a fait si
gner un décret prononçant la réintégration
de l’amiral Germinet, mis en disponibilité à
la suite des incidents dont on se souvient.
Le Conseil supérieur de la Marine
Hier matin, au Conseil des ministres, le,
ministre de la marine a fait signer un décret
modifiant l’article 1 er § 1 du décret du 21 avril
1905 sur la composition du Conseil supérieur
de la marine.
Le nouveau décret fait entrer au Conseil
supérieur, en outre des cinq vice-amiraux
préfets maritimes et des deux vice-amiraux
commandant en chef les escadres métropo
litaines, les vice-amiraux ayant commandé
ces escadres depuis moins de deux ans.
Par suite de cette modification, le vice-ami
ral Germinet, qui a quitté le commandement
de l’escadre de la Mediterranée il y a quel
ques mois seulement, fera partie au Conseil
supérieur.
Le prédécesseur de l’amiral Jauréguiberry
à la tête de l’escadre du Nord, le vice-amiral
Gigon, bien qu’ayant quitté son commande
ment depuis moins de deux ans, est passé
dans la 2e section du cadre de l’état-major
général de l’armée de mer ; le nouveau dé
cret ne lui est donc pas applicable.
Le Conseil supérieur de la marine sera
réuni prochainement.
A la Commission des Douanes
La Commission des douanes, réunie sous
la présidence de M. Klotz, a procédé à un
échange de vues sur le projet de loi relatif
aux primes à la sériciculture et à la filature
de la soie.
Après avoir entendu l’exposé de la ques
tion présenté par M. Bourély, rapporteur,
elle a décidé de prendre comme base de dis
cussion le projet déposé par le gouverne
ment, qui tend au renouvellement de ces
primes, et d’entendre d’urgence, en sous-
commission d’enquête, les intéressés.
En ce qui concerne la révision douanière,
la Commission a poursuivi lxamen des
amendements, en attendant le jour prochain
où elle reprendra, avec le gouvernement,
l’étude des questions réservées.
La Situation dans les Burcatx de Postes de Paris. — Les Décisions de
l’Association générale
Une Protestation de M. Simyan
Que vont faire les Postiers de province ? — Au Havre.
LA MATINÉE D’HIER
A Paris, hier matin, la relève des équipes
s’est effectuée sans incidents notables. Les
manifestants ont surtout marqué leur mé
contentement en s’abstenant de travailler
avec régularité, mais en faisant toutefois
strictement le nécessaire pour n’être pas
accusés de se croiser les bras.
Cependant à huit heures et demie une cer
taine agitation s’est produite.
Après d’orageuses discussions, les esprits
se sont échauffés, et sans autre cause bien
déterminée, cinquante agents environ des
deux sexes ont abandonné le travail et quitté
les salles du central. Ces grévistes, dont les
noms ont été aussitôt pris par les commis
principaux, se sont rendus à la salle Viar-
me, ou une permanence est établie. Dans
leur précipitation, les femmes étaient sorties
sans prendre la peine de changer de vête
ments. Elles avaient même gardé leurs blou
ses de travail, et ce sont leurs camarades qui,
en quittant le service, à onze heures, au mo
ment de la relève de l’équipe, leur ont porté
leurs manteaux et leurs chapeaux.
La matinée s’est poursuivie sans autre in
cident.
Les agents et dames employées se bornent
à certains moments à cesser de travailler.
Ce défaut d’activité a provoqué nécessaire
ment de nombreux retards dans la transmis
sion des télégrammes, dont pendant la nuit
on avait réussi à écouler le stock accumulé
sur les tables.
A onze heures, le changement d’équipe
s’est fait dans un calme presque absolu.
Un de nos confrères parisiens a demandé
à des employés s’ils feront la grève géné
rale.
— Nous l'avons volée ! disent-ils.
— Mais votre présence ici est en contradiction
avec votre vote ?
— On vient voir et on attend, est-il répondu,
mais ce qu’il y a de certain, c’est que nous ne
travaillerons pas.
Les femmes sont particulièrement surexci
tées.
L’une d’elles déclare que quarante de ses
camarades ont été transportées à l’infirme
rie, en proie à des crises de nerfs.
Nous avons été bassement injuriées par M. Lé-
pine, affirment-elles, et c’est sa présence dans
nos bureaux qui a tout gâté. Nous sommes en
révolte et nous y resterons tant que l’on ne nous
aura pas rendu nos camarades arrêtés au pelit
bonheur, au seul gré des brutalités policières.
La relève de l’équipe dure un bon quart
d’heure. Dès qu’elle est terminée, sous l’œil
des officiers de paix, des instructions sont
données pour que les grandes portes de l’hô
tel du central télégraphique donnant accès
sur la rue de Grenelle soient fermées. Ainsi,
peu à peu, la rue reprend sa physionomie
accoutumée. Au reste, malgré le vote de la
grève générale, les défections n’ont pas été
aussi nombreuses qu’on pouvait le redouter.
Dans les Bureaux de Poste de Paris
L’agitation n’a pas été sans gagner le per
sonnel des bureaux de poste des différents
quartiers. Le fait à noter comme le plus im -
portant est celui de la fermeture obligatoire
de deux bureaux dont le personnel entier a
fait grève.
Ces deux bureaux sont celui de la rue Mar-
sollier et celui de la rue Danton. A l’ouver
ture de ces bureaux, les receveurs se sont
respectivement trouvés tout seuls dans leur
cabinet, regardant, comme sœur Anne, s’ils
ne verraient rien venir.
Après une heure de vaine attente, ils ont
enfin téléphoné au receveur principal de la
Seine, qui s’est borné à envoyer dans cha
cun de ces bureaux un agent qui, tant bien
que mal, plutôt mal que bien, s’est efforcé
d'assurer le service en partie.
Dans les autres bureaux, les défections
s’élèvent à plus d’une centaine.
Au total, l’administration accuse environ
150 manquants, qui vont être remplacés.
Chez les Ambulants
D’après les chiffres communiqués par l’ad
ministration, on n’aurait constaté, dans les
services ambulants, que des absences peu
importantes. Sur la ligne du Nord il y a en,
14 ambulants manquants, 12 agents employés
dans les bureaux de tri et 12 agents séden
taires, soit 38 absents au total.
Les agents des bureaux de tri sont les em
ployés qui, dans un bureau de gare, font un
premier classement par ligne pour les wa
gons-poste.
Les agents sédentaires sont ceux qui, arri
vant avant les ambulants, procèdent dans le
fourgon à une seconde classification par ré
gion, classification que termineront en cours
de route les ambulants, qui seuls exécutent
un parcours.
A la gare Montparnasse, on signale quatre
manquants, dont deux ambulants et deux
sédentaires.
A la gare de l’Est on ne signale aucune dé
fection.
Sur le Sud-Ouest, qui est la ligne où tra
vaillait lundi encore M. Subra, Pancien se
crétaire général de l’A. G., on accuse seule
ment 4 absences d'ambulats.
Sur les lignes de Lyon, il y a eu, au total,
29 manquants, dont 7 ambuents, 6 agents
de tri et 16 sédentaires.
Enfin sur l’Ouest, à la gare Saint-Lazare,
on a enregistré, d'après les chiffres ofi-
ciels, 19 absences, dont celles de 3 ambu
lants, 9 sédentaires et 7 agents du bureau de
tri.
Ce fait est à signaler qui, d’après l’Admi-
nistration, a une importance caractéristi
que : aucun des ambulants de la Méditerra
née n’a abandonné son poste.
A Marseille, cependant, contre ordinaire
d’agitation, tous les ambulants sont partis
dans la nuit et dans la matinée avec les ba
teaux.
A l’A. G.
Au siège de l’Association générale on a
fait, cet après-midi, à un des. collaborateurs
du Temps, les déclarations suivantes :
— Le mouvement dépasse de beaucoup nos
espérances. Au central télégraphique, où 1,500
agents travaillent ordinairement, tous les services
sont arrêtés à l’heure actuelle.
A la recette principale lie travail n’est plus as-
| sure que par des surnuméraires qui ignorent le
service, aujourd’hui le service le plus important
c’est le service de l’étranger.
En effet le mardi part l’Express-Orient qui des
sert l’Europe centrale, la Turquie d’Europe, etc.,
et demain ont lieu les départs pour les deux Amé
riques, l’Afrique occidentale et le Japon. C’est
75,000 kilos de papier à trier et à empaqueter.
Pour faire les 1,500 sacs que comportent ces expé
ditions, les chefs au lieu d’avoir 36 agents par
brigade en ont deux.
Il y a, à la recette principale environ 1,009
agents. Mais la moitié d’entre eux travaillent dans
les bureaux à des écritures qui n’intéressent pas
Ietravail quotidien. Parmi les 500 qui assurent les
expéditions quotidiennes 230 ont donné leur si
gnature d'honneur de poursuivre la lutte jusqu’au
bout.. D’autres s’associent au mouvement sans
toutefois s’engager par une signature.
Dans les bureaux de quartier les défections sont
très importantes. Les bureaux centraux du 16- et
du 14 e arrondissements, sont arrêtés complète
ment, ce qui rend impossible le travail dans tous
les bureaux de ces arrondissements.
Le souci de l’administration est de chercher à
sauver la façade. On place au besoin aux guichets
des petits télégraphistes. C’est le cas dans les bu
reaux 116, 115, 6, 112, 113, etc.
L’administration envoie solliciter les agents
chez eux. On leur offre d’aller assurer le service
dans les quartiers où ils ne sont pas connus. Cela
réussit dans quelques cas. C’est ainsi qu’au bu
reau 25 il y a des employés du 6 et du 120. Mais
cette méthode ne pourra pas réussir longtemps.
Pour terroriser le personnel on envoie dans les
bureaux des inspecteurs qui peuvent prononcer
séance tenante la suspension des agents qui se
refusent à prendre immédiatement le travail. Mais
cela n’a pas donné jusqu’à présent de résultats
appréciables.
Nous vous le répétons, le mouvement dépasse
nos espérances. Il nous importe peu que l’admi-
nistration prétende que les défections sont en
nombre infime. On verra les résultats demain et
après-demain.
Ce qui nous est un précieux encoursgement,
c’est que tous les chefs sont d’accord avec nous.
Pas un receveur n’a essayé de faire pression sur
les agents de son service.
Il y a des chefs qui empoches par leur situation
de prendre ouvertement parti pour nous nous ont
offert leur concours pécuniaire.
Les grévistes étaient convoqués à quatra
heures à une réunion à l’hôtel des Sociétés
Savantes.
Incidents divers
Vers midi et demi, quatre employés ambu
lants se sont rendus à la gare " Saint-Lazare
où ils se sont livrés à une tentative de dé
bauchage qui n’a pas eu de résultat.
A la gare Saint-Lazare, le train de 1 h. 20
est parti avec son effectif normal d’employés
ambulants.
A la gare de Lyon, le train de 11 h. 40 est
parti avec deux ambulants sur cinq.
A la gare de l’Est, on signale les défections
de deux employés ambulants.
A la gare d’Austerlitz, dans le train de
11 h. 17, on a signalé la défection de cinq
ambulants. Ils ont été remplacés par des
auxiliaires.
A la gare du Luxembourg, il n’y a pas eu
de défections.
Les Agents suspendus
Chaque agent suspendu a reçu la mise en
demeure suivante :
Je vous prie de me fourrer d’urgence et ci-
dessous les explications que vous croyez devoir
présenter sur les causes qui ont motivé votre
suspension de fonctions.
Ces explications devront parvenir à la direction
aujourd’hui même avant cinq heures du soir.
Les agents suspendus déclarent ne pas
vouloir répondre.
Un Démenti de M. Simyan
M. Simyan dément de la façon la plus ca-
tégoriqueTes paroles injurieuses qu’il aurait,
d’après certains journaux, prononcées a
l’égard des dames employées des postes et
télégraphes.
Le sous-secrétaire d’Etat, informé que ce
bruit avait été surtout répandu au bureau
téléphonique de la rue Desrenaudes, est allé
lui-même à ce bureau à 1 heure, pour pro
tester avec indignation contre de semblables
manœuvres.
Voici comment s’est produit l’incident
A midi, comme l’équipe des dames télé
phonistes qui assure le service de l‘après-mi-
di au poste de la rue Desrenaudes venait de
remplacer l’équipe du matin, des clameurs
s’élevèrent, dont le sens, d'après les em-
ployés que nous avons interrogés, était une
protestation contre l’attitude du sous-secré-
taire d’Etat des postes et télégraphes à l’égard
du personnel.
Les dames téléphonistes de ce bureau
croient pouvoir, en effet, reprocher à M. Sy-
mian trop de sévérité et même, selon le mot
d’un chef de service, des actes de « malveil
lance ».
Cette manifestation durait depuis dix mi-
nutes environ, quand les chefs directs des
téléphonistes intervinrent et les exhortèrent
à commencer leur travail sans tarder. Quel-
quos minutes après, le service fonctionnait
normalement.
M. Simyan arrivait bientôt au bureau de la
rue Desrenaudes. Il fit appeler quelques-
unes des téléphonistes et s’entretint avec
elles. Il quittait le bureau un peu avant trois
heures.
A trois heures et demie, le service conti
nuait à fonctionner. Une vingtaine de soldats
d’infanterie ont été mis en permanence dans
l’escalier, et dans le vestibule du posta
téléphonique où ces incidents se sont pro-
duits.
L’équipe qui s’est livrée a cette manifesta-
tion se compose de cent soixante dames télé-
phonistes.
En Province
De Nancy on téléphone que le bureau té
légraphique de cette ville ne prend aucune
dépêche pour Paris, ie bureau central ne les
recevant pas.
A Saint-Etienne, les agents des postes et
télégraphes ont tenu plusieurs réunions et
ont décidé en principe de soutenir leurs Ca-
marades de Paris par tous les moyens.
Le transit des dépêches que Marseille ne
peut expédier à Paris se fait par Bordeaux.
On mande de cette dernière ville que la
service des ambulants des Pyrénées s’est fait
[ normalement.
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