Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-03-26
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 mars 1913 26 mars 1913
Description : 1913/03/26 (A33,N14578). 1913/03/26 (A33,N14578).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637927k
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
33" Année
N° 11,578
(6 Pages)
S Centimes
EDITYON MJ MATIN
3 Centimes
(6 Pages)
Mercredi 26 Mars 1943
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
8 M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
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Le Petit Hav
Rédacteur en Chef. Gérant
HPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce oui concerne la Rédaction
a M. HIPPOLYTE Fénoux
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, No T 60
AU HAVRE.
A PARIS
. Bureau du Journal. 112. bout 4 de Strasbourg.
( L’AGENCE HAVAS. 8, place de la Bourse, est j
• 3 seule chargée de recevoir les Annonces porr ;
( le Journal.
Le PETIT HA VUE est désigne pour tes Annonces judiciaires et légales
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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La Havre, la Seine-Inférieure, l’Eur, '
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LES AVIATEURS HAVRAIS
PARIS, TROIS HEURES MATIN
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LONDRES, 25 Mars, Dépêche de '4 h. 38
CUIVRE
Comptant .
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
calme
£ 64 10/-
2/6
8 mois
X
ETAIN
Comptant .
£ 64 17/6
£ 212 -/-
7/6
40/- .
-1-
-1-
3 mois ....
: calme
£ 208 5/-
30/-
FER
domptant.
calme
£ 65/9
1 d
J mois.... '
£ 62/6
4 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 20 mars 013.
Les Votes sur l’Ordra du Jour
de Confiance
Une Réunion officieuse des Ministres
Les ministres ont tenu une réunion offi
cieuse au cours de laquelle ils se sont en
tretenus du débat qui venait de prendre fin
et des incidents annonces pour la séance de
jeudi.
Interrogé à l’issue de cette réunion offi-
vieuse, M. Barthou, président du Conseil, a
fait les déclarations suivantes :
« Il n’y a pas eu de Conseil ; il n’y a eu
aucune convocation. Nous avons voulu
échanger nos impressions. Nous sommes
d’accord sur tous les points. »
Les ministres ont pris connaissance du
scrutin émis par la Chambre après le dé
pouillement.
Il résulte que quelle que soit la classifica
tion adoptée, la majorité républicaine s’est
prononcée en faveur de l’ordre au jour de
Confiance.
Votes de nos Députés
Ont voté pour : MM. Bignon, Bouctot, Bu
reau, de Bagneux, de Folleville et Lavoinne.
N ont pas pris part au vote : MM. Ancel,
de Pomereu et Peyroux.
Absent par congé : M. Siegfried.
LA GUERRE D’ORIENT
La Sortie de la population civile de Soutari
CETTIGNÉ. — Le Monténégro a informe le
commandant des troupes de Scutari que
trois jours loi sont accordés pour permettre
à la population civile de quitter la ville.
Un grand Combat à Tohataldja
Constantinople. — Depuis le matin un
grand combat a lieu entre Kadikeuy et Tcha-
taldja.
On disait hier soir, dans les cercles de la
porte, que les Bulgares auraient été complè-
tement repoussés.
Aucune communication officielle n’a en
core été publiée à ce sujet.
Constantinople, de l’envoyé spécial d'Ha-
pas. — Le combat qui continue sur toute la
ligne de Tchataldja a été très acharné.
L’aile droite turque de Derkos s’est
avancée.
On assure que huit cents Bulgares ont été
tués.
Les troupes de San-Stephano sont parties
hier pour Tchataldja.
Déclarations de Sir Edward Grey
Londres. — A la Chambre des Communes,
Sir Edward Grey a fait une courte déclara
tion sur la situation des Balkans.
Il a annoncé que les puissances sont d’ac
cord relativement aux frontières Nord et Est
de l’Albanie.
Sir Edward Grey conseille au Monténégro
de suspendre ses opérations contre Scutari.
Il ajoute que si la décision des puissances à
cet egard n’est pas respectée, il espère
qu’une pression unanime de toutes les puis
sances sera exercée. Il recommande à la
Turquie et aux allies d’accepter les condi
tions de la médiation européenne.
Il se déclara enfin défavorable à toute in
demnité de guerre de la part de la Turquie.
La réponse des Alliés
à h Note des puissances
Cologne. — On mande de Sofia à la Gazette
de Cologne que la réponse des alliés à la der
nière note des puissances proposerait com
me frontière la ligne de Midia-Saros et main
tiendrait la demande d’une indemnité de
guerre.
Elle proposerait comme conditions de la
cessation des hostilités la capitulation d'An-
drinople et la démobilisation des troupes
turques.
L'AVIATEUR GUILLAUX
Issy-les-Moulineaux. — L’aviateur Guil-
laux parti de Pont-I Evêque à quatre heures,
est arrive à six heures dix à Issy, malgre un
vent continuel soufflant à quinze mètres à la
seconde.
TRAGIQUE PARTIE DE PLAISIR
ZRIEL-SUR- Mer. — Lundi soir, vers quatre
heures, trois parisiens, MM. le docteur Qué-
ry, Yves De la Rue et Maurice Dussaussay,
faisaient une promenade en mer, à bord
d’une petite barque, quand, en arrivant à
250 mètres de la plage, le canot chavira.
M Dussaussay, qui est un excellent na
geur, allait regagner la côte quand, enten-
ant les appels de ses camarades, il voulut
le tu porter secours, mais ses forces l’aban
donnèrent et il coula à pic.
Le docteur Quéry fut ramené à terre sans
connaissance ; ce n’est qu’au bout de deux
heures de soins empressés qu’on put le rap
peler à la vie. /
Les corps de MM. Dussaussay et De la Rue
n’ont été retrouves qu’après plusieurs heu-
m de recherches.
M. Duaussay était marié depuis quel-
NEW-YORK, 23 MARS
Cotons : mars, baisse 6 points ; mai,
baisse 7 points ; juillet, baisse 6 points ;
octobre, baisse 2 points. — A peine soutenu.
Cales : hausse 12 à 17 points.
NEW-YORK, 23 MARS
. 55 J002
... PRICZDCXT
Cuivre Standard disp.
— mai
44 37
14 43
44 37
14 37
Amalgamat. Cop...
Fer
70 5 8
17 50
68 3 4
17 50
CHICAGO. 25 MARS
C. DU JOUR
C. PRECED
Blé sur
Mai
89 1/2
89 3 8
90 1/2
Juillet....
90 1 8
Maïs sur
Mai
54 7 8
Saindoux sur.
Juillet....
Mai
Juillet....
54 3 8
11 02
10 90
55 7 8
11 15
11 02
mesonm oses ass asna
ques mois seulement ; sa jeune femme a
assisté impuissante au drame qui venait de
se dérouler ; sa douleur fait peine à voir.
Les obsèques des victimes auront lieu à
Griei.
RÉSERVE ET ARMÉE TERRITORIALE
Artillerie
Le lieutenant de reserve Dreyfus, du 5e ré-
ginent à pied, est affecté au groupe territo
rial du 2e régiment § pied au Havre.
M. Bourdon, du 43e regiment, est affecté
au 2 e .
* *
Le gardien de batterie retraité Poupon-
neao, en résidence à Tillières-sur-Avre, est
affecté a l’armée territoriale et passe au parc
de la place du Havre.
CHEZ LES CHEMINOTS CATALANS
Barcelone — La grève des cheminots ca
talans a été votée en principe.
Le bureau du Syndicat fixera le moment
de la cessation du travail.
Les autorités prennent des précautions
pour éviter les sabotages.
LA RÉVOLUTION MEXICAINE
Mexico. — Le nouveau gouvernement qui
s’efforce par tous les moyens de rétablir la
paix est très favorablement accueilli par l‘o-
pinion.
Il vient de soumettre aux Chambres un pro
jet d’amnistie générale.
Les officiers de la fédération ont donné
leur adhésion au gouvernement, à l’excep
tion d’un seul.
Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin à l’Elysée sous la présidence de M.
Poincaré.
M. Barthou a communiqué au président
de la République le texte de la déclaration
ministérielle destinée à être lue aux Cham
bres.
Le Conseil s’est ensuite occupé des travaux
parlementaires à l’ordre du jour.
M. Jonnart, ancien ministre des affaires
étrangères, a été chargé de représenter le
gouvernement de la République aux obsè
ques du roi de Grèce.
M. Thierry, ministre des travaux publics,
a été chargé de représenter le gouverne
ment a l’Exposition d’automobiles et d’agri
culture d’Alger.
Dans les Ministères
a
Au Ministère des Finances
M. Charles Dumont, ministre des finances,
constitué comme suit son cabinet :
Chef du cabinet : M. Paul Cuinet.
Chefs adjoints : MM. Perrier et Gnérin.
Sous-chef: M. Lamy.
Chef du secrétariat particulier : M. Orgias.
Attachés : MM. Gerdil, Paul Foy et Wuil-
laume.
Secrétaire particulier : M. Barc.
Au Ministère des Travaux Publics
Le Cabinet du nouveau ministre des tra
vaux publics n'est pas encore officiellement
constitué. Il est probable que M. Joseph.
Thierry gardera le cabinet de son prédéces
seur, M. Jean Dupuy.
M. Goguet est nommé chef du secrétariat
particulier.
Au Ministère du Travail
M. Henry Chéron a pris possession hier
matin des services du ministère du travail,
dont les directeurs lui ont été présentes par
M. René Besnard.
Le ministre du travail et de la prévoyance
sociale a constitué son cabinet de la façon
suivante :
Chef du cabinet, M. Marcel Gambier, di
recteur honoraire au ministère de la guerre,
ancien directeur du cabinet du sous-secréta
riat à la marine.
Chef adjoint, M. André Verne, titulaire de
ces fonctions au ministère du travail.
Chef du secrétariat, M Emile Sassier, se
crétaire général de la Creuse.
Au Sous-Secrétariat des Finances
M. Paul Bourély, sous-secretaire d’Etat des
finances, a conservé le cabinet qu'il avait
sous le précédent ministère :
Chef du cabinet, M. Delamarche.
Sous-chef) M. Dalloz-Furet, rédacteur à
l’administration centrale des finances.
Chef du secrétariat particulier, M. Solal,
avocat à la Cour d’appel.
Au Sous Secrétariat des Beaux-Arts
Le cabinet de M. Léon Bérard demeure
ainsi constitué :
Chef du cabinet, M. Maurice Reclus.
Sous-chef, M. Fraissé.
Chef du secrétariat varticulien M. Cha-
voulié.
A la Chambre, l’ordre du jour de confiance est voté
par 225 voix contre 162
(DE NOTRE correspondant particulier)
Paris, 25 mars.
Les débuts du nouveau ministère avaient
attiré, comme toujours, une grande affluence
au Palais-Bourbon. Les curieux étaient ve
nus en foule pour assister à ce spectacle
dont la répétition trop frequente ne saurait,
à leurs yeux, affaiblir l’intérêt et, bien avant
l’ouverture de la séance, les tribunes publi-
Sues étaient bondées. Même empressement
e la part des députes, même exactitude
aussi.
Tous les groupes avaient été convoqués,
d’ailleurs, soit avant, soit après le déjeuner,
et tout le monde était là quand M. Descha
nel a traversé les couloirs entre la double
haie des sodats présentant les armes. Les
tambours battaient encore que, déjà, les ra- j
dicaux et les socialistes étaient à leur poste !
de combat.
Les autres parties de la salle se sont gar
nies plus lentement, mais il n’y avait plus
guère de vides lorsque les nouveaux minis
tres ont fait leur entrée. C’est, d’abord, M.
Pichon qui monte au fauteuil présidentiel,
où il s’entretient pendant quelques instants
avec M. Deschanel, Puis, arrive M. Barthou
que suivent de près les autres membres du
Cabinet : MM. Klotz, Etienne, Thierry, Morel,
Chéron, Masse, Clémente!, Charles Dumont,
Pierre Baudin, Bourély, Bérard ...
M. Ratier lui-même est là.C’est lui cepen
dant qui, en qualité de garde des sceaux,
doit lire devant la haute assemblée la décla
ration ministé ielle, mais la séance du Sénat
ne commence qu’a trois heures et M. Ratier
avant de se rendre au Luxembourg, a eu le
temps de venir faire une courte apparition
au Palais Bourbon. M. Barthou occupe au
banc ministériel la place réservée au prési
dent du conseil, ayant à sa gauche M. Klotz
Tous les nouveaux ministres reçoivent les
félicitations de leurs amis. M. Briand, arrivé
l’un des derniers, se dirige tout droit vers M.
Barthou, dont il serre amicalement la main
et va s’assoir au sixième banc de la troisième
-travée de gauche, a cô.é de M. Rabier.
Pendant une dizaine de minutes, c’est un
brouhaha confus, un bourdonnement de
conversations, puis, soudain, le bruit s’apai
se. M Barthou vient de se lever et gravit les |
degrés de la tribune pour donner lecture de
la déclaration ministérielle...
C'est au milieu d'un silence profond, d’un
silence un peu surprenant après les bruits
répandus dans les couloirs, que M. Barthou
a pris la parole. Que n‘avait-on pas dit, en
effet, que ne disait-on pas encore, au mo
ment où la séance allait commencer, sur
l’accueil que les groupes avances réservaient
au nouveau cabinet ?
Les radicaux-socialistes, dès que le prési
dent du Conseil apparaîtrait à la tribune,
devaient partir en guerre et cribler d’inter
ruptions violentes la lecture de la déclara
tion ministerielle. Quant aux socialistes, re
venus de Brest par les trains de nuit, après
avoir clos précipitamment leur Congrès, ils
avaient, disait-on, l’intention bien arrêtée
de provoquer une de ces scènes tumultueu
ses où ils sont depuis longtemps passes mai-
très et de se faire expulser les uns après les
2**- ; . —, c'est
autres. S’ils ont eu vraiment ce projet
qu'alors, au dernier moment, ils ont
difie leur tactique. Socialistes et radicaux,
en effet, ont écouté sans moi dire la lectare
ont mo-
de la déclaration ministérielle se bornant à
quelques murmures, à quelques rires, no
tamment au passage sur la réforme électo
rale, à quelques vagues protestations. Leur
hostilité, en un mot, se traduisait non pas
par des violences, mais par une froideur
systématique évidemment dictée par un mot
d'ordre.
M. Barthou, en revanche, était applaudi
par les républicains de gauche, par le cen
tre. parfois aussi par certains membres de
la droite.
Il en fut ainsi pendant tout le temps que
dura la lecture de la déclaration minis é-
rielle, et quand M. Barthou descendit de ia
tribune, des bravos s’élevèrent sur les mê
mes bancs, tandis que les socialistes et ses
radicaux ne se départaient pas de leur si
lence obstiné.
Alors, M. Deschanel donna lecture des de
mandes d’inierpellation et le débat s’enga
gea, débat rapide auquel les chefs de partis
devaient s’abstenir de participer.
C’est M. Franklin-Boui lon qui parla le
premier. Le député de Seine-et-Oise inter
venait seulement en son nom personnel —
il eut bien soin de l’indiquer — et au nom
de quelques-uns de ses amis. Le président
du groupe radical socialiste, M. Rene Re-
noult, avait d’ailleurs déclaré dans une in
terview que cette intervention n’engageait
pas le groupe lui-même. M. Franklin Bouil
lon, assez maigrement applaudi par les radi
caux, surtout au debut de son discours, s’en
prit moins au programme qu’a la composi
tion du nouveau Cabinet, s’efforçant de met
tre en opposition, les éléments qui le compo
sent, attaquant les modérés dans la personne
de M. Thierry, attaquant plus âprement en
core les deux radicaux dont la présence aux
côtés de M. Barthou lui semble une véritable
trahison : MM. Charles Dumont et Massé.
Le député de Seine-et-Oise ne recula ni
devant ies insinuations,ni devant les inexac-
titades. C’est ainsi, notamment, qu’il affirma
que M. Thierry avait été jadis, à Marseille,
président de la Patrie française.
M. Thierry ne jugea pas necessaire dereo
t fier. li fit simplement de la tête un signe
de dénégation, et c’est M. Barthou qui, par
la suite, se chargea de relever lerreur,
peut-être voulue, de M. Franklin-Bouillon.
Après le dépuié de Seine-et-Oise, on en
tendit : M. Violette, dont l’argumentation ne
fut pas d’une limpidité parfaite ; M. Thala-
mas, qui s’en prit à son tour à M. Dumont
et à M. Massé ; M. Maginot, qui parla uni
quement du statut des fonctionnaires.
Puis, M. Barthou revint à la tribune pour
donner suries intentions politiques du cabi
net les explications complémentaires que la
Chambre attendait.
Très ferme et très habile à la fois, M. Bar-
| thou répondit aux attaques tendancieuses de
ses contradicteurs. Il défendit tour à tour
chacun de ses collaborateurs, précisa les in
tentions du cabinet au sujet du service de
trois ans, de l’amnistie, de la reforme élec
torale mais, malgré son courage, malgré
l’appui qu’il trouva auprès des modérés et
des républicains de gauche, il ne parvint pas
à désarmer l’hostilité des radicaux.
Ceux-ci, fidèles à leur plan de conduite, ne
répliquèrent pas et c’est immédiatement
après le discours du président du Conseil
que l’on vota.
Un seul ordre du jour était déposé, un
ordre du jour de confiance, sur lequel on se
compta.
voix de
Le scrutin, qui eut lieu au milieu d’une
assez vive effervescence, donna 63 J.
majorité au cabinet. Environ 150 députés
s’étaient abstenus.
Au Luxembourg, la déclaration lue par
M. Ratier, a été fort bien accueillie.
Jeudi, la Chambre discutera l’amnistie.
Théodore Henry.
A LA CHAMBRE
M. Paul DESCHANEL préside.
m Paul DESCHANAL : La parole est à M. le
prsioent du Conseil.
m. barthou lit la déclaration ministérielle.
En voici le texte :
* Messieurs,
Le gouvernement qui se présente devant
vous ne vous apporte pas un vaste program-
me, auquel le temps de réalisation ferait
défaut ; mais il espère obtenir votre con
fiance par la netteté de son attitude et de
ses déclarations.
Aucune préoccupation ne domine à ses
yeux la nécessité d’assurer la défense na
tionale par des mesures indispensables et
urgentes. (Applaudissements sur divers
bancs.) L’accroissement déjà acquis des
forces militaires des autres peuples avait
imposé au précédent cabinet le devoir de
vous soumettre un projet de loi portant à
trois ans la durée du service, égal pour
tous. Ce devoir et ce projet, nous les faisons
nôtres. (Vifs applaudissements.) Nous ne
nous dissimulons pas la lourde charge qui
en résultera pour le pays, mais un tel sa
crifice n’est au-dessus ni de son patriotis
me réfléchi ni de sa volonté de vivre. (Très
bien ! à gauche.)
Tandis que la prolongation du service
renforcera nos effectifs permanents, le vote
des crédits militaires mettra nos armements
à la hauteur de toutes les situations. Le
vote des projets de lois sur les cadres du
génie et sur les cadres de la cavalerie com
plétera une organisation qui appelle impé
rieusement une refonte. Enfin le développe
ment de la marine nationale, de ses effec
tifs et de ses cadres, de ses ports et de ses
établissements sollicitera au même degré
notre attention et notre vigilance. La Fran
ce républicaine a prouvé, au cours d’évé
nements récents, son attachement désinté
ressé à la paix du monde ; mais elle ne
saurait, sans se trahir elle-même, renoncer
aux efforts qui peuvent seuls maintenir la
protection de ses intérêts, de sa dignité et
de sa sécurité. (Vifs applaudissements).
L’année qui reste ouverte devant la légis
lature ne sera pas inféconde, malgré tant
de difficultés accumulées par de redouta
bles problèmes, si elle resserre l’union,
plus que jamais nécessaire, de tous les ré
publicains. Le gouvernement donnera à ce
rapprochement sa collaboration la plus ac
tive. Un conflit prolongé entre les deux
Chambres ne pourrait servir que les ran
cunes ou les desseins des adversaires de la
République. Il importe d’y mettre fin par
une transaction dont le vote de la haute
Assemblée sur la réforme électorale ne rend
pas le succès impossible. Nous ferons appel
à l’esprit politique du Sénat pour accorder
avec le principe majoritaire qu’il a adopté
une représentation équitable dès minorités.
(Très bien !) Le problème n’est pas insolu
ble. La réunion d'une Commission inter
parlementaire, dont le gouvernement faci
litera l'œuvre, pourra aider à la solution et
enlever ainsi aux partis extrêmes une arme
meurtrière et l’occasion des coalitions les
plus dangereuses.
La Chambre mènera à bonne fin la dis
cussion des projets relatifs à la fréquenta-
tion scolaire et à la défense de l’école laï
que. En protégeant les écoles publiques
contre des outrages, des campagnes et des
manœuvres qui deviennent de plus en plus
intolérables, la République rendra au dé
vouement de ses maîtres la tranquillité
qu’il serait à la fois périlleux et injuste de
leur refuser plus longtemps.
La politique financière du cabinet pour
suivra avec vigilance un triple objet : main
tenir à son rang le crédit de la France, as
surer l’équilibre de nos budgets par des re
cettes normales et permanentes ; tenir des
promesses déjà anciennes envers la démo
cratie, en particulier envers la démocratie
rurale, si surchargée et si courageuse.
La justice, consacrée par la doctrine de
la Révolution, et aussi leur propre intérêt,
commandent aux citoyens les plus fortunés
de contribuer selon leurs facultés aux dé
pensés publiques dont ils retirent leur se
curité ; nous poursuivrons donc sans dé
faillance le vote prochain de l’impôt sur le
revenu, rendu plus que iamais nécessaire
Cliché Petit Havre
T‘ aviateur Maurice BEQUET
L’aviation compte parmi ses pilotes, un Havrais de plus.
Notre concitoyen Maurice Bequet effectue, en effet, en ce moment des vols remarquât
àEtampes, à l'École d’aviation Deperdussin.
Rappelons que Maurice Bequet a fait son service militaire en partie comme aérostier,
en partie comme artilleur au bataillon du Havre.
Il fut antérieurement un des mécaniciens de l’aviateur havrais Marcel Paillette qui est
lui-même, actuellement directeur d’une école nationale d’aviation militaire à Buenos-Ayres.
par les lourds sacrifices imposés aux popu-
' lations laborieuses. * ’ i ’
Attaché à développer par des lois de plus
en plus humaines le progrès social à l’inté-
rieur, le gouvernement de la République
s’est constamment appliqué à faire prévaloir
au dehors, dans les conseils de l’Europe, un
esprit de conciliation et de haute impartia
lité. Strictement fidèles aux pactes d’al
liance et d’amitié qui contribuent à notre
sûreté extérieure, nous continuerons de
coopérer, avec .toutes les puissances, au
règlement pacifique du conflit balkanique.
L’équité dont nous persisterons à nous ré
clamer pour les droits d’autrui nous appa
raît comme la meilleure sauvegarde des
grands intérêts économiques, financiers et
moraux que la France s’est acquis à
l’Orient.
Tels sont, Messieurs, les principes géné
raux dont s’inspirera notre action politique
si le Parlement veut bien la seconder de
son concours. Hommes de bonne foi et de
bonne volonté, nous avons, à une heure dif
ficile, accepté le gouvernement moins com
me un honneur que comme un devoir. (Ap
plaudissements.) Nous avons limité nos
promesses aux possibilités qui s’offraient à
nous de les tenir. Républicains unis pour
une œuvre commune, nous voulons servir
la démocratie et la France, avec l’appui
confiant des républicains. (Applaudisse
ments à gauche et sur de nombreux
bancs.)
Les Interpellations
Le président annonce des demandes d’interpel
lation de MM. Fraokiin-Bouillon, Violette, Fer-
nand Brun, Thalamas, sur le programme dugou-
vernement.
M. barthou : Les interpellations sont de cel
les qui ne semblent pas pouvoir attendre. Le
gouvernement demande la discussion immédiate.
(Applaudissements à gauche.)
La discussion immediale est ordonnée.
L’interpellation de M. FRANE LIN-BOUILLON
porte sur la composition du ministère et la politi
que qu’il entend suivre.
Je ne puis, dit-il, donner au gouvernement la
confiance qu’il nous demande. La crise actuelle
vient de ce que le dernier gouvernement n’a pu
grouper une majorité républicaine au Sénat.
(Bruits sur divers bancs). On ne pouvait logique
ment voir le nouveau ministère coustilué par le
vice-président du précédent ministère et d’autres
de ses membres.
La cabinet Briand était une deuxième mouture
du cabinet Poincaré, le cabine: Barthou en est la
troisième. (Exciamations sur divers bancs). L’o
pinion publique se lasse et s’irrite de ces change
ments qui ne portent que sur les personnes. Il
faut mettre fin a c-tte comédie politique où les
cabinets ne cherchent que des satisfactions d’in-
terèt personnel. La présence de M. Barthou ici
est juste et indispensable (Très bien !)
M Beauregard disait que les progressistes ne
réclamaient rien, ils n’ont pas tardé à changer
d’avis. M. Thierry a sa place dans le ministère.
(Bruit au centre).
Vous restez fidèle à vos amitiés, monsieur Bar
thou, vous avez raison. Mais moi je vous parle en
homme de parti. Le problème d’il y a quinze ans
est resté le même. (Applaudissements sur les
bancs radicaux.
On avait été contre nous dans l’affaire Dreyfus,
on l’a été dans tes questions de lois laïques et de
réformes sociales. Il ne faut pas entrer dans la
République par la porte basse. (Applaudissements
à l’extrême-gaucher.
Vous avez fuit ce que M. Briand même n’avait
pas osé faire. Vous avez pris un progressiste.
Vous avez pris aussi des radicaux.
m. hoa PROFIT: Vous ne parlez que des partis,
ne pourriez-vous un instant nous parler de la
France. (Vifs applaudissements au centre et à droi
te).
m FRANKLIN -BOUILLON: Par une merveilleuse
harmonie ces radicaux vous attendaient à l’heure
où vous les cherchiez. (Rires).
Croyez-vous pour aulant avoir avec vous notre
parti ? (Applaudissements aux bancs radicaux). Ces
nouveaux venus, ces nouveaux entres n’ont été
admis qu’a une condition : accepter avant tout le
service militaire de trois ans. Nous sommes tous
d’accord, a dit M. Barthou. Sur quoi? Comment M.
Thierry serait-il d’accord sur les questions laïques
avec MM. Massé et Dumont? Il a voté contre
e] les
" Lui-même, M. Barthou, n’a pas voulu rentrer à
l’intérieur. Pour lui, ia maison était hantée. (Rires).
m. BARTHOU : Je n’ai peur ni des esprits ni de
l’esprit. (Rires et applaudissements).
M. FRANKLIN BOUILLON : Vous y auriez trou
vé les spectres radicaux combattus par vous com
me M. Ch. Dumont qui est à vos côtés. (Rires a
(aaA50)
Voyons l’accord sur les questions financières.
Comment se fera-t-il entre MM. Thierry et Ch.
Dumont ? A propos de l’impôt sur le revenu M.
Thierry le combattait encore dans un article le 25
février L‘admet-il aujourd’hui ? Et pour les lois
électorales, comment concilier M. Thierry et M.
Ratier, ‘un pour la proportionnelle, l’autre prési
dent du comité de la rue Las-Gases ?
Et il en est de même de la plus grave des ques
tions qui se posent a l’heure actuelle, de la ques
tion qui touche le cœur de cette nation toute
prête a tous les sacrifices, tout opposée aux sa
crifices irréfléchis. ,
Oui, nous voterons tous ici pour le salut de -
patrie tout ce qui sera nécessaire, mais entendez-
le hien, tout ce qui nous sera démontré neces
saire. (Vifs applaudissements à gauche et à l’ex-
trême-gauche).
Mais nous ne voterons pas ce qu'exige de nour
une campagne artificiellement menée dans une
presse qui va de l'Echo de Paris a l’Action Fran
çaise en passant par la Libre Parole. (Vifs applau
dissements à l’extrême-gauche et sur divers bancs
à gauche. M. Gaillaux et M. Lemire applaudissent
ostensiblement).
Nous ne laisserons pas recommencer la cam
pagne d’il y a quinze ans, celle où vos amis M.
Thierry, nous poursuivaient aux cris de : « A bas
les sans-patrie ! » et nous couvraient
de boue.
(Vifs applaudissements à gauche).
Non, non. mille fois non, nons ne
laisserons
pas transformer en une question de parti une
question nationale. (Applaudissements répétés à
répétés à
l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche.
Bruit prolonge au centre)
Voyons la politique générale du cabinet. On ne
nous apporte comme programme politique que
des promesses vagues ; voilà pourquoi, partisan
de l’union de toutes les gauches, je refuse ma
confiance a qui défait l’œuvre des quinze derniè
res années.
Et moi, humble unité d’un vaste parti, militant
modeste de ce parti, je ne connais plus les an-
ciensamis puisqu’ils ont oublié leurs sentiments
d’autrefois pour ne me souvenir que des pro
messes de jadis, pour ne soutenir que les idées
qui sont les nôtres, pour ne préparer que les ré
formes qui nous sont chères. (Applaudissements
à gauche).
Ils sont sous la haute surveillance du parti
progressiste. Eh bien non, je ne puis pas, je
n’accepte pas cette situation pour des hommes
de mon parti. (Applaudissements aux bancs des
radicaux).
Quelque déchirement que j’éprouve à me sépa-
rer de certains de mes amis, je veux rester contra
eux, avec notre parti, avec notre conscience (Ap
plaudissements à l’extrême-gauche et sur divers
bancs a gauche.)
m. vtoli.es te développe son interpellation sur
la politique gêner le du gouvernement.
Je ne chercherai pas outre mesure, dit-il, que
relle à nos amis sur leur entrée dans le Cabinet.
Ils pourraient se prévaloir de nombreux précé
dents. (On rit.) Seule la question de politique gé
nérale m intéresse.
Le précédent ministère a pu rester deux mois
au pouvoir sans qu’aucune majorité s’affirmât
contre lui, si ce n’est su lendemain de sa chute.
Un auire s’est formé et c’est la reconstitution du
parti r-publicain qui semble le péril suprême.
On s’efforce de faire une déclaration nebuleuse
et de préparer des actes obscurs. Ici, pour ceux
qui veulent le service de trois ans, il y a le mi
nistre de la guerrre ; pour ceux qui le repoussent,
il y a M. Massé.
m. FERNAND brun, auteur d’une demande d’in
terpellation sur la reforme électorale, se déclaré
satisfit par la déclaration ministérielle.
M THALAMAS dit qu’il ne peut accorder SX
confiance an ministère, non pas comme radical-
socialiste, mais comme membre du Parlement.
Depuis deux ou trois ans, nous avons la même
politique qui est faite presque avec les mêmes
hommes.
Aujourd’hui il en est de même, malgré le vote
du Sénat et celui de la Chambre sur l’ordre du
jour pur et simple présenté par M. Charles Du-
mont.
Qu’on yprenne garde ! Si cela continuait, si
c’elaient toujours les mêmes qui gouvernent, l’a
pinion pourrait se détacher du parlementarisme
ainsi pratiqué.
L’orateur déclare qu’il ne peut renier ni ses
opinions ni celles de son parti.
Go n’est plus l’apaisement, mais le ralliement
qu’on demande à la Chambre d’approuver.
’ On renonce a l’impôt progressif sur le revenu
pour soutenir devant le Sénat une réforme fiscale
quelconque;
Quant à la loi du service de trois ans, l’orateur
dit que ce n’est pas le service de deux ans qui esf
mauvais, mais l’usage qu’en font les bureaux.
Il est difficile de consentir a l’acte de foi qu’on
demande a la Chambre quand on lit les articles pUe
b iés sur ce sujet par M. Massé. -
En ce qui touche la réforme électorale, en de
mande a la Chambre de faire une sorte d’aveu
d’impuissance par suite de la nomination d’unt
Commission extrapariementaire.
La question est de savoir si les radicaux-socia
listes vont signer leur addication.
L’orateur dit qu’il prendra la responsabilité de
la coupure du parti s’il se trouve parmi les radi
caux-socialistes des hommes capables de reniel
leur passé par ambition ou par lâcheté. . !
M MAGINOT constate que la déclaration minis
térielle a ntient une lacune en ce qui concerne
le statut des fonctionnaires. .
C’est la première fois, depuis 1906, qu un Gabl
net croit devoir garder le mutisme à 1 égard de
cette réforme. . u .
Dans la séance du 13 décembre, la Chambre ?
adopté un ordre du jour par lequel elle demandai
au gouvernement de faire aboulir le plus tôt poSSi
ble le siatut des fonctionnaires.
On objecte qu’un certain nombre de fonction
naires n’en veulent pas. Ce sont des meneurs qui
appartiennent a la minorité très agissante d’in-
discip iîiés et de libertaires qui rêvent de faire des
services publics des foyers d’anarchie.
La Chambre ne doit pas s’incliner devant 18
mise en demeure d’une minorité turbulente. Il est
de l’intérêt et de la digni é de tous de ne pas re
culer devant un débat où chacun pourra prendre
ses responsabilités. , . . ai
L’orateur interprète le silence de M. le prési
dent du Conseil dans un sens favorable et compte
que le gouvernement demandera ‘inscription à
l'ordre du jour du projet relatif au statut des
fonctionnaires à la suite des projets militaires.
(Très bien ! Très bien ! )
M. BEAUQUIER, président de la Commission
d’administration générale, appuie les observations
. de M. Maginot.
N° 11,578
(6 Pages)
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(6 Pages)
Mercredi 26 Mars 1943
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
8 M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
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Le Petit Hav
Rédacteur en Chef. Gérant
HPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce oui concerne la Rédaction
a M. HIPPOLYTE Fénoux
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TÉLÉPHONE: Rédaction, No T 60
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J mois.... '
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Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 20 mars 013.
Les Votes sur l’Ordra du Jour
de Confiance
Une Réunion officieuse des Ministres
Les ministres ont tenu une réunion offi
cieuse au cours de laquelle ils se sont en
tretenus du débat qui venait de prendre fin
et des incidents annonces pour la séance de
jeudi.
Interrogé à l’issue de cette réunion offi-
vieuse, M. Barthou, président du Conseil, a
fait les déclarations suivantes :
« Il n’y a pas eu de Conseil ; il n’y a eu
aucune convocation. Nous avons voulu
échanger nos impressions. Nous sommes
d’accord sur tous les points. »
Les ministres ont pris connaissance du
scrutin émis par la Chambre après le dé
pouillement.
Il résulte que quelle que soit la classifica
tion adoptée, la majorité républicaine s’est
prononcée en faveur de l’ordre au jour de
Confiance.
Votes de nos Députés
Ont voté pour : MM. Bignon, Bouctot, Bu
reau, de Bagneux, de Folleville et Lavoinne.
N ont pas pris part au vote : MM. Ancel,
de Pomereu et Peyroux.
Absent par congé : M. Siegfried.
LA GUERRE D’ORIENT
La Sortie de la population civile de Soutari
CETTIGNÉ. — Le Monténégro a informe le
commandant des troupes de Scutari que
trois jours loi sont accordés pour permettre
à la population civile de quitter la ville.
Un grand Combat à Tohataldja
Constantinople. — Depuis le matin un
grand combat a lieu entre Kadikeuy et Tcha-
taldja.
On disait hier soir, dans les cercles de la
porte, que les Bulgares auraient été complè-
tement repoussés.
Aucune communication officielle n’a en
core été publiée à ce sujet.
Constantinople, de l’envoyé spécial d'Ha-
pas. — Le combat qui continue sur toute la
ligne de Tchataldja a été très acharné.
L’aile droite turque de Derkos s’est
avancée.
On assure que huit cents Bulgares ont été
tués.
Les troupes de San-Stephano sont parties
hier pour Tchataldja.
Déclarations de Sir Edward Grey
Londres. — A la Chambre des Communes,
Sir Edward Grey a fait une courte déclara
tion sur la situation des Balkans.
Il a annoncé que les puissances sont d’ac
cord relativement aux frontières Nord et Est
de l’Albanie.
Sir Edward Grey conseille au Monténégro
de suspendre ses opérations contre Scutari.
Il ajoute que si la décision des puissances à
cet egard n’est pas respectée, il espère
qu’une pression unanime de toutes les puis
sances sera exercée. Il recommande à la
Turquie et aux allies d’accepter les condi
tions de la médiation européenne.
Il se déclara enfin défavorable à toute in
demnité de guerre de la part de la Turquie.
La réponse des Alliés
à h Note des puissances
Cologne. — On mande de Sofia à la Gazette
de Cologne que la réponse des alliés à la der
nière note des puissances proposerait com
me frontière la ligne de Midia-Saros et main
tiendrait la demande d’une indemnité de
guerre.
Elle proposerait comme conditions de la
cessation des hostilités la capitulation d'An-
drinople et la démobilisation des troupes
turques.
L'AVIATEUR GUILLAUX
Issy-les-Moulineaux. — L’aviateur Guil-
laux parti de Pont-I Evêque à quatre heures,
est arrive à six heures dix à Issy, malgre un
vent continuel soufflant à quinze mètres à la
seconde.
TRAGIQUE PARTIE DE PLAISIR
ZRIEL-SUR- Mer. — Lundi soir, vers quatre
heures, trois parisiens, MM. le docteur Qué-
ry, Yves De la Rue et Maurice Dussaussay,
faisaient une promenade en mer, à bord
d’une petite barque, quand, en arrivant à
250 mètres de la plage, le canot chavira.
M Dussaussay, qui est un excellent na
geur, allait regagner la côte quand, enten-
ant les appels de ses camarades, il voulut
le tu porter secours, mais ses forces l’aban
donnèrent et il coula à pic.
Le docteur Quéry fut ramené à terre sans
connaissance ; ce n’est qu’au bout de deux
heures de soins empressés qu’on put le rap
peler à la vie. /
Les corps de MM. Dussaussay et De la Rue
n’ont été retrouves qu’après plusieurs heu-
m de recherches.
M. Duaussay était marié depuis quel-
NEW-YORK, 23 MARS
Cotons : mars, baisse 6 points ; mai,
baisse 7 points ; juillet, baisse 6 points ;
octobre, baisse 2 points. — A peine soutenu.
Cales : hausse 12 à 17 points.
NEW-YORK, 23 MARS
. 55 J002
... PRICZDCXT
Cuivre Standard disp.
— mai
44 37
14 43
44 37
14 37
Amalgamat. Cop...
Fer
70 5 8
17 50
68 3 4
17 50
CHICAGO. 25 MARS
C. DU JOUR
C. PRECED
Blé sur
Mai
89 1/2
89 3 8
90 1/2
Juillet....
90 1 8
Maïs sur
Mai
54 7 8
Saindoux sur.
Juillet....
Mai
Juillet....
54 3 8
11 02
10 90
55 7 8
11 15
11 02
mesonm oses ass asna
ques mois seulement ; sa jeune femme a
assisté impuissante au drame qui venait de
se dérouler ; sa douleur fait peine à voir.
Les obsèques des victimes auront lieu à
Griei.
RÉSERVE ET ARMÉE TERRITORIALE
Artillerie
Le lieutenant de reserve Dreyfus, du 5e ré-
ginent à pied, est affecté au groupe territo
rial du 2e régiment § pied au Havre.
M. Bourdon, du 43e regiment, est affecté
au 2 e .
* *
Le gardien de batterie retraité Poupon-
neao, en résidence à Tillières-sur-Avre, est
affecté a l’armée territoriale et passe au parc
de la place du Havre.
CHEZ LES CHEMINOTS CATALANS
Barcelone — La grève des cheminots ca
talans a été votée en principe.
Le bureau du Syndicat fixera le moment
de la cessation du travail.
Les autorités prennent des précautions
pour éviter les sabotages.
LA RÉVOLUTION MEXICAINE
Mexico. — Le nouveau gouvernement qui
s’efforce par tous les moyens de rétablir la
paix est très favorablement accueilli par l‘o-
pinion.
Il vient de soumettre aux Chambres un pro
jet d’amnistie générale.
Les officiers de la fédération ont donné
leur adhésion au gouvernement, à l’excep
tion d’un seul.
Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin à l’Elysée sous la présidence de M.
Poincaré.
M. Barthou a communiqué au président
de la République le texte de la déclaration
ministérielle destinée à être lue aux Cham
bres.
Le Conseil s’est ensuite occupé des travaux
parlementaires à l’ordre du jour.
M. Jonnart, ancien ministre des affaires
étrangères, a été chargé de représenter le
gouvernement de la République aux obsè
ques du roi de Grèce.
M. Thierry, ministre des travaux publics,
a été chargé de représenter le gouverne
ment a l’Exposition d’automobiles et d’agri
culture d’Alger.
Dans les Ministères
a
Au Ministère des Finances
M. Charles Dumont, ministre des finances,
constitué comme suit son cabinet :
Chef du cabinet : M. Paul Cuinet.
Chefs adjoints : MM. Perrier et Gnérin.
Sous-chef: M. Lamy.
Chef du secrétariat particulier : M. Orgias.
Attachés : MM. Gerdil, Paul Foy et Wuil-
laume.
Secrétaire particulier : M. Barc.
Au Ministère des Travaux Publics
Le Cabinet du nouveau ministre des tra
vaux publics n'est pas encore officiellement
constitué. Il est probable que M. Joseph.
Thierry gardera le cabinet de son prédéces
seur, M. Jean Dupuy.
M. Goguet est nommé chef du secrétariat
particulier.
Au Ministère du Travail
M. Henry Chéron a pris possession hier
matin des services du ministère du travail,
dont les directeurs lui ont été présentes par
M. René Besnard.
Le ministre du travail et de la prévoyance
sociale a constitué son cabinet de la façon
suivante :
Chef du cabinet, M. Marcel Gambier, di
recteur honoraire au ministère de la guerre,
ancien directeur du cabinet du sous-secréta
riat à la marine.
Chef adjoint, M. André Verne, titulaire de
ces fonctions au ministère du travail.
Chef du secrétariat, M Emile Sassier, se
crétaire général de la Creuse.
Au Sous-Secrétariat des Finances
M. Paul Bourély, sous-secretaire d’Etat des
finances, a conservé le cabinet qu'il avait
sous le précédent ministère :
Chef du cabinet, M. Delamarche.
Sous-chef) M. Dalloz-Furet, rédacteur à
l’administration centrale des finances.
Chef du secrétariat particulier, M. Solal,
avocat à la Cour d’appel.
Au Sous Secrétariat des Beaux-Arts
Le cabinet de M. Léon Bérard demeure
ainsi constitué :
Chef du cabinet, M. Maurice Reclus.
Sous-chef, M. Fraissé.
Chef du secrétariat varticulien M. Cha-
voulié.
A la Chambre, l’ordre du jour de confiance est voté
par 225 voix contre 162
(DE NOTRE correspondant particulier)
Paris, 25 mars.
Les débuts du nouveau ministère avaient
attiré, comme toujours, une grande affluence
au Palais-Bourbon. Les curieux étaient ve
nus en foule pour assister à ce spectacle
dont la répétition trop frequente ne saurait,
à leurs yeux, affaiblir l’intérêt et, bien avant
l’ouverture de la séance, les tribunes publi-
Sues étaient bondées. Même empressement
e la part des députes, même exactitude
aussi.
Tous les groupes avaient été convoqués,
d’ailleurs, soit avant, soit après le déjeuner,
et tout le monde était là quand M. Descha
nel a traversé les couloirs entre la double
haie des sodats présentant les armes. Les
tambours battaient encore que, déjà, les ra- j
dicaux et les socialistes étaient à leur poste !
de combat.
Les autres parties de la salle se sont gar
nies plus lentement, mais il n’y avait plus
guère de vides lorsque les nouveaux minis
tres ont fait leur entrée. C’est, d’abord, M.
Pichon qui monte au fauteuil présidentiel,
où il s’entretient pendant quelques instants
avec M. Deschanel, Puis, arrive M. Barthou
que suivent de près les autres membres du
Cabinet : MM. Klotz, Etienne, Thierry, Morel,
Chéron, Masse, Clémente!, Charles Dumont,
Pierre Baudin, Bourély, Bérard ...
M. Ratier lui-même est là.C’est lui cepen
dant qui, en qualité de garde des sceaux,
doit lire devant la haute assemblée la décla
ration ministé ielle, mais la séance du Sénat
ne commence qu’a trois heures et M. Ratier
avant de se rendre au Luxembourg, a eu le
temps de venir faire une courte apparition
au Palais Bourbon. M. Barthou occupe au
banc ministériel la place réservée au prési
dent du conseil, ayant à sa gauche M. Klotz
Tous les nouveaux ministres reçoivent les
félicitations de leurs amis. M. Briand, arrivé
l’un des derniers, se dirige tout droit vers M.
Barthou, dont il serre amicalement la main
et va s’assoir au sixième banc de la troisième
-travée de gauche, a cô.é de M. Rabier.
Pendant une dizaine de minutes, c’est un
brouhaha confus, un bourdonnement de
conversations, puis, soudain, le bruit s’apai
se. M Barthou vient de se lever et gravit les |
degrés de la tribune pour donner lecture de
la déclaration ministérielle...
C'est au milieu d'un silence profond, d’un
silence un peu surprenant après les bruits
répandus dans les couloirs, que M. Barthou
a pris la parole. Que n‘avait-on pas dit, en
effet, que ne disait-on pas encore, au mo
ment où la séance allait commencer, sur
l’accueil que les groupes avances réservaient
au nouveau cabinet ?
Les radicaux-socialistes, dès que le prési
dent du Conseil apparaîtrait à la tribune,
devaient partir en guerre et cribler d’inter
ruptions violentes la lecture de la déclara
tion ministerielle. Quant aux socialistes, re
venus de Brest par les trains de nuit, après
avoir clos précipitamment leur Congrès, ils
avaient, disait-on, l’intention bien arrêtée
de provoquer une de ces scènes tumultueu
ses où ils sont depuis longtemps passes mai-
très et de se faire expulser les uns après les
2**- ; . —, c'est
autres. S’ils ont eu vraiment ce projet
qu'alors, au dernier moment, ils ont
difie leur tactique. Socialistes et radicaux,
en effet, ont écouté sans moi dire la lectare
ont mo-
de la déclaration ministérielle se bornant à
quelques murmures, à quelques rires, no
tamment au passage sur la réforme électo
rale, à quelques vagues protestations. Leur
hostilité, en un mot, se traduisait non pas
par des violences, mais par une froideur
systématique évidemment dictée par un mot
d'ordre.
M. Barthou, en revanche, était applaudi
par les républicains de gauche, par le cen
tre. parfois aussi par certains membres de
la droite.
Il en fut ainsi pendant tout le temps que
dura la lecture de la déclaration minis é-
rielle, et quand M. Barthou descendit de ia
tribune, des bravos s’élevèrent sur les mê
mes bancs, tandis que les socialistes et ses
radicaux ne se départaient pas de leur si
lence obstiné.
Alors, M. Deschanel donna lecture des de
mandes d’inierpellation et le débat s’enga
gea, débat rapide auquel les chefs de partis
devaient s’abstenir de participer.
C’est M. Franklin-Boui lon qui parla le
premier. Le député de Seine-et-Oise inter
venait seulement en son nom personnel —
il eut bien soin de l’indiquer — et au nom
de quelques-uns de ses amis. Le président
du groupe radical socialiste, M. Rene Re-
noult, avait d’ailleurs déclaré dans une in
terview que cette intervention n’engageait
pas le groupe lui-même. M. Franklin Bouil
lon, assez maigrement applaudi par les radi
caux, surtout au debut de son discours, s’en
prit moins au programme qu’a la composi
tion du nouveau Cabinet, s’efforçant de met
tre en opposition, les éléments qui le compo
sent, attaquant les modérés dans la personne
de M. Thierry, attaquant plus âprement en
core les deux radicaux dont la présence aux
côtés de M. Barthou lui semble une véritable
trahison : MM. Charles Dumont et Massé.
Le député de Seine-et-Oise ne recula ni
devant ies insinuations,ni devant les inexac-
titades. C’est ainsi, notamment, qu’il affirma
que M. Thierry avait été jadis, à Marseille,
président de la Patrie française.
M. Thierry ne jugea pas necessaire dereo
t fier. li fit simplement de la tête un signe
de dénégation, et c’est M. Barthou qui, par
la suite, se chargea de relever lerreur,
peut-être voulue, de M. Franklin-Bouillon.
Après le dépuié de Seine-et-Oise, on en
tendit : M. Violette, dont l’argumentation ne
fut pas d’une limpidité parfaite ; M. Thala-
mas, qui s’en prit à son tour à M. Dumont
et à M. Massé ; M. Maginot, qui parla uni
quement du statut des fonctionnaires.
Puis, M. Barthou revint à la tribune pour
donner suries intentions politiques du cabi
net les explications complémentaires que la
Chambre attendait.
Très ferme et très habile à la fois, M. Bar-
| thou répondit aux attaques tendancieuses de
ses contradicteurs. Il défendit tour à tour
chacun de ses collaborateurs, précisa les in
tentions du cabinet au sujet du service de
trois ans, de l’amnistie, de la reforme élec
torale mais, malgré son courage, malgré
l’appui qu’il trouva auprès des modérés et
des républicains de gauche, il ne parvint pas
à désarmer l’hostilité des radicaux.
Ceux-ci, fidèles à leur plan de conduite, ne
répliquèrent pas et c’est immédiatement
après le discours du président du Conseil
que l’on vota.
Un seul ordre du jour était déposé, un
ordre du jour de confiance, sur lequel on se
compta.
voix de
Le scrutin, qui eut lieu au milieu d’une
assez vive effervescence, donna 63 J.
majorité au cabinet. Environ 150 députés
s’étaient abstenus.
Au Luxembourg, la déclaration lue par
M. Ratier, a été fort bien accueillie.
Jeudi, la Chambre discutera l’amnistie.
Théodore Henry.
A LA CHAMBRE
M. Paul DESCHANEL préside.
m Paul DESCHANAL : La parole est à M. le
prsioent du Conseil.
m. barthou lit la déclaration ministérielle.
En voici le texte :
* Messieurs,
Le gouvernement qui se présente devant
vous ne vous apporte pas un vaste program-
me, auquel le temps de réalisation ferait
défaut ; mais il espère obtenir votre con
fiance par la netteté de son attitude et de
ses déclarations.
Aucune préoccupation ne domine à ses
yeux la nécessité d’assurer la défense na
tionale par des mesures indispensables et
urgentes. (Applaudissements sur divers
bancs.) L’accroissement déjà acquis des
forces militaires des autres peuples avait
imposé au précédent cabinet le devoir de
vous soumettre un projet de loi portant à
trois ans la durée du service, égal pour
tous. Ce devoir et ce projet, nous les faisons
nôtres. (Vifs applaudissements.) Nous ne
nous dissimulons pas la lourde charge qui
en résultera pour le pays, mais un tel sa
crifice n’est au-dessus ni de son patriotis
me réfléchi ni de sa volonté de vivre. (Très
bien ! à gauche.)
Tandis que la prolongation du service
renforcera nos effectifs permanents, le vote
des crédits militaires mettra nos armements
à la hauteur de toutes les situations. Le
vote des projets de lois sur les cadres du
génie et sur les cadres de la cavalerie com
plétera une organisation qui appelle impé
rieusement une refonte. Enfin le développe
ment de la marine nationale, de ses effec
tifs et de ses cadres, de ses ports et de ses
établissements sollicitera au même degré
notre attention et notre vigilance. La Fran
ce républicaine a prouvé, au cours d’évé
nements récents, son attachement désinté
ressé à la paix du monde ; mais elle ne
saurait, sans se trahir elle-même, renoncer
aux efforts qui peuvent seuls maintenir la
protection de ses intérêts, de sa dignité et
de sa sécurité. (Vifs applaudissements).
L’année qui reste ouverte devant la légis
lature ne sera pas inféconde, malgré tant
de difficultés accumulées par de redouta
bles problèmes, si elle resserre l’union,
plus que jamais nécessaire, de tous les ré
publicains. Le gouvernement donnera à ce
rapprochement sa collaboration la plus ac
tive. Un conflit prolongé entre les deux
Chambres ne pourrait servir que les ran
cunes ou les desseins des adversaires de la
République. Il importe d’y mettre fin par
une transaction dont le vote de la haute
Assemblée sur la réforme électorale ne rend
pas le succès impossible. Nous ferons appel
à l’esprit politique du Sénat pour accorder
avec le principe majoritaire qu’il a adopté
une représentation équitable dès minorités.
(Très bien !) Le problème n’est pas insolu
ble. La réunion d'une Commission inter
parlementaire, dont le gouvernement faci
litera l'œuvre, pourra aider à la solution et
enlever ainsi aux partis extrêmes une arme
meurtrière et l’occasion des coalitions les
plus dangereuses.
La Chambre mènera à bonne fin la dis
cussion des projets relatifs à la fréquenta-
tion scolaire et à la défense de l’école laï
que. En protégeant les écoles publiques
contre des outrages, des campagnes et des
manœuvres qui deviennent de plus en plus
intolérables, la République rendra au dé
vouement de ses maîtres la tranquillité
qu’il serait à la fois périlleux et injuste de
leur refuser plus longtemps.
La politique financière du cabinet pour
suivra avec vigilance un triple objet : main
tenir à son rang le crédit de la France, as
surer l’équilibre de nos budgets par des re
cettes normales et permanentes ; tenir des
promesses déjà anciennes envers la démo
cratie, en particulier envers la démocratie
rurale, si surchargée et si courageuse.
La justice, consacrée par la doctrine de
la Révolution, et aussi leur propre intérêt,
commandent aux citoyens les plus fortunés
de contribuer selon leurs facultés aux dé
pensés publiques dont ils retirent leur se
curité ; nous poursuivrons donc sans dé
faillance le vote prochain de l’impôt sur le
revenu, rendu plus que iamais nécessaire
Cliché Petit Havre
T‘ aviateur Maurice BEQUET
L’aviation compte parmi ses pilotes, un Havrais de plus.
Notre concitoyen Maurice Bequet effectue, en effet, en ce moment des vols remarquât
àEtampes, à l'École d’aviation Deperdussin.
Rappelons que Maurice Bequet a fait son service militaire en partie comme aérostier,
en partie comme artilleur au bataillon du Havre.
Il fut antérieurement un des mécaniciens de l’aviateur havrais Marcel Paillette qui est
lui-même, actuellement directeur d’une école nationale d’aviation militaire à Buenos-Ayres.
par les lourds sacrifices imposés aux popu-
' lations laborieuses. * ’ i ’
Attaché à développer par des lois de plus
en plus humaines le progrès social à l’inté-
rieur, le gouvernement de la République
s’est constamment appliqué à faire prévaloir
au dehors, dans les conseils de l’Europe, un
esprit de conciliation et de haute impartia
lité. Strictement fidèles aux pactes d’al
liance et d’amitié qui contribuent à notre
sûreté extérieure, nous continuerons de
coopérer, avec .toutes les puissances, au
règlement pacifique du conflit balkanique.
L’équité dont nous persisterons à nous ré
clamer pour les droits d’autrui nous appa
raît comme la meilleure sauvegarde des
grands intérêts économiques, financiers et
moraux que la France s’est acquis à
l’Orient.
Tels sont, Messieurs, les principes géné
raux dont s’inspirera notre action politique
si le Parlement veut bien la seconder de
son concours. Hommes de bonne foi et de
bonne volonté, nous avons, à une heure dif
ficile, accepté le gouvernement moins com
me un honneur que comme un devoir. (Ap
plaudissements.) Nous avons limité nos
promesses aux possibilités qui s’offraient à
nous de les tenir. Républicains unis pour
une œuvre commune, nous voulons servir
la démocratie et la France, avec l’appui
confiant des républicains. (Applaudisse
ments à gauche et sur de nombreux
bancs.)
Les Interpellations
Le président annonce des demandes d’interpel
lation de MM. Fraokiin-Bouillon, Violette, Fer-
nand Brun, Thalamas, sur le programme dugou-
vernement.
M. barthou : Les interpellations sont de cel
les qui ne semblent pas pouvoir attendre. Le
gouvernement demande la discussion immédiate.
(Applaudissements à gauche.)
La discussion immediale est ordonnée.
L’interpellation de M. FRANE LIN-BOUILLON
porte sur la composition du ministère et la politi
que qu’il entend suivre.
Je ne puis, dit-il, donner au gouvernement la
confiance qu’il nous demande. La crise actuelle
vient de ce que le dernier gouvernement n’a pu
grouper une majorité républicaine au Sénat.
(Bruits sur divers bancs). On ne pouvait logique
ment voir le nouveau ministère coustilué par le
vice-président du précédent ministère et d’autres
de ses membres.
La cabinet Briand était une deuxième mouture
du cabinet Poincaré, le cabine: Barthou en est la
troisième. (Exciamations sur divers bancs). L’o
pinion publique se lasse et s’irrite de ces change
ments qui ne portent que sur les personnes. Il
faut mettre fin a c-tte comédie politique où les
cabinets ne cherchent que des satisfactions d’in-
terèt personnel. La présence de M. Barthou ici
est juste et indispensable (Très bien !)
M Beauregard disait que les progressistes ne
réclamaient rien, ils n’ont pas tardé à changer
d’avis. M. Thierry a sa place dans le ministère.
(Bruit au centre).
Vous restez fidèle à vos amitiés, monsieur Bar
thou, vous avez raison. Mais moi je vous parle en
homme de parti. Le problème d’il y a quinze ans
est resté le même. (Applaudissements sur les
bancs radicaux.
On avait été contre nous dans l’affaire Dreyfus,
on l’a été dans tes questions de lois laïques et de
réformes sociales. Il ne faut pas entrer dans la
République par la porte basse. (Applaudissements
à l’extrême-gaucher.
Vous avez fuit ce que M. Briand même n’avait
pas osé faire. Vous avez pris un progressiste.
Vous avez pris aussi des radicaux.
m. hoa PROFIT: Vous ne parlez que des partis,
ne pourriez-vous un instant nous parler de la
France. (Vifs applaudissements au centre et à droi
te).
m FRANKLIN -BOUILLON: Par une merveilleuse
harmonie ces radicaux vous attendaient à l’heure
où vous les cherchiez. (Rires).
Croyez-vous pour aulant avoir avec vous notre
parti ? (Applaudissements aux bancs radicaux). Ces
nouveaux venus, ces nouveaux entres n’ont été
admis qu’a une condition : accepter avant tout le
service militaire de trois ans. Nous sommes tous
d’accord, a dit M. Barthou. Sur quoi? Comment M.
Thierry serait-il d’accord sur les questions laïques
avec MM. Massé et Dumont? Il a voté contre
e] les
" Lui-même, M. Barthou, n’a pas voulu rentrer à
l’intérieur. Pour lui, ia maison était hantée. (Rires).
m. BARTHOU : Je n’ai peur ni des esprits ni de
l’esprit. (Rires et applaudissements).
M. FRANKLIN BOUILLON : Vous y auriez trou
vé les spectres radicaux combattus par vous com
me M. Ch. Dumont qui est à vos côtés. (Rires a
(aaA50)
Voyons l’accord sur les questions financières.
Comment se fera-t-il entre MM. Thierry et Ch.
Dumont ? A propos de l’impôt sur le revenu M.
Thierry le combattait encore dans un article le 25
février L‘admet-il aujourd’hui ? Et pour les lois
électorales, comment concilier M. Thierry et M.
Ratier, ‘un pour la proportionnelle, l’autre prési
dent du comité de la rue Las-Gases ?
Et il en est de même de la plus grave des ques
tions qui se posent a l’heure actuelle, de la ques
tion qui touche le cœur de cette nation toute
prête a tous les sacrifices, tout opposée aux sa
crifices irréfléchis. ,
Oui, nous voterons tous ici pour le salut de -
patrie tout ce qui sera nécessaire, mais entendez-
le hien, tout ce qui nous sera démontré neces
saire. (Vifs applaudissements à gauche et à l’ex-
trême-gauche).
Mais nous ne voterons pas ce qu'exige de nour
une campagne artificiellement menée dans une
presse qui va de l'Echo de Paris a l’Action Fran
çaise en passant par la Libre Parole. (Vifs applau
dissements à l’extrême-gauche et sur divers bancs
à gauche. M. Gaillaux et M. Lemire applaudissent
ostensiblement).
Nous ne laisserons pas recommencer la cam
pagne d’il y a quinze ans, celle où vos amis M.
Thierry, nous poursuivaient aux cris de : « A bas
les sans-patrie ! » et nous couvraient
de boue.
(Vifs applaudissements à gauche).
Non, non. mille fois non, nons ne
laisserons
pas transformer en une question de parti une
question nationale. (Applaudissements répétés à
répétés à
l’extrême gauche et sur divers bancs à gauche.
Bruit prolonge au centre)
Voyons la politique générale du cabinet. On ne
nous apporte comme programme politique que
des promesses vagues ; voilà pourquoi, partisan
de l’union de toutes les gauches, je refuse ma
confiance a qui défait l’œuvre des quinze derniè
res années.
Et moi, humble unité d’un vaste parti, militant
modeste de ce parti, je ne connais plus les an-
ciensamis puisqu’ils ont oublié leurs sentiments
d’autrefois pour ne me souvenir que des pro
messes de jadis, pour ne soutenir que les idées
qui sont les nôtres, pour ne préparer que les ré
formes qui nous sont chères. (Applaudissements
à gauche).
Ils sont sous la haute surveillance du parti
progressiste. Eh bien non, je ne puis pas, je
n’accepte pas cette situation pour des hommes
de mon parti. (Applaudissements aux bancs des
radicaux).
Quelque déchirement que j’éprouve à me sépa-
rer de certains de mes amis, je veux rester contra
eux, avec notre parti, avec notre conscience (Ap
plaudissements à l’extrême-gauche et sur divers
bancs a gauche.)
m. vtoli.es te développe son interpellation sur
la politique gêner le du gouvernement.
Je ne chercherai pas outre mesure, dit-il, que
relle à nos amis sur leur entrée dans le Cabinet.
Ils pourraient se prévaloir de nombreux précé
dents. (On rit.) Seule la question de politique gé
nérale m intéresse.
Le précédent ministère a pu rester deux mois
au pouvoir sans qu’aucune majorité s’affirmât
contre lui, si ce n’est su lendemain de sa chute.
Un auire s’est formé et c’est la reconstitution du
parti r-publicain qui semble le péril suprême.
On s’efforce de faire une déclaration nebuleuse
et de préparer des actes obscurs. Ici, pour ceux
qui veulent le service de trois ans, il y a le mi
nistre de la guerrre ; pour ceux qui le repoussent,
il y a M. Massé.
m. FERNAND brun, auteur d’une demande d’in
terpellation sur la reforme électorale, se déclaré
satisfit par la déclaration ministérielle.
M THALAMAS dit qu’il ne peut accorder SX
confiance an ministère, non pas comme radical-
socialiste, mais comme membre du Parlement.
Depuis deux ou trois ans, nous avons la même
politique qui est faite presque avec les mêmes
hommes.
Aujourd’hui il en est de même, malgré le vote
du Sénat et celui de la Chambre sur l’ordre du
jour pur et simple présenté par M. Charles Du-
mont.
Qu’on yprenne garde ! Si cela continuait, si
c’elaient toujours les mêmes qui gouvernent, l’a
pinion pourrait se détacher du parlementarisme
ainsi pratiqué.
L’orateur déclare qu’il ne peut renier ni ses
opinions ni celles de son parti.
Go n’est plus l’apaisement, mais le ralliement
qu’on demande à la Chambre d’approuver.
’ On renonce a l’impôt progressif sur le revenu
pour soutenir devant le Sénat une réforme fiscale
quelconque;
Quant à la loi du service de trois ans, l’orateur
dit que ce n’est pas le service de deux ans qui esf
mauvais, mais l’usage qu’en font les bureaux.
Il est difficile de consentir a l’acte de foi qu’on
demande a la Chambre quand on lit les articles pUe
b iés sur ce sujet par M. Massé. -
En ce qui touche la réforme électorale, en de
mande a la Chambre de faire une sorte d’aveu
d’impuissance par suite de la nomination d’unt
Commission extrapariementaire.
La question est de savoir si les radicaux-socia
listes vont signer leur addication.
L’orateur dit qu’il prendra la responsabilité de
la coupure du parti s’il se trouve parmi les radi
caux-socialistes des hommes capables de reniel
leur passé par ambition ou par lâcheté. . !
M MAGINOT constate que la déclaration minis
térielle a ntient une lacune en ce qui concerne
le statut des fonctionnaires. .
C’est la première fois, depuis 1906, qu un Gabl
net croit devoir garder le mutisme à 1 égard de
cette réforme. . u .
Dans la séance du 13 décembre, la Chambre ?
adopté un ordre du jour par lequel elle demandai
au gouvernement de faire aboulir le plus tôt poSSi
ble le siatut des fonctionnaires.
On objecte qu’un certain nombre de fonction
naires n’en veulent pas. Ce sont des meneurs qui
appartiennent a la minorité très agissante d’in-
discip iîiés et de libertaires qui rêvent de faire des
services publics des foyers d’anarchie.
La Chambre ne doit pas s’incliner devant 18
mise en demeure d’une minorité turbulente. Il est
de l’intérêt et de la digni é de tous de ne pas re
culer devant un débat où chacun pourra prendre
ses responsabilités. , . . ai
L’orateur interprète le silence de M. le prési
dent du Conseil dans un sens favorable et compte
que le gouvernement demandera ‘inscription à
l'ordre du jour du projet relatif au statut des
fonctionnaires à la suite des projets militaires.
(Très bien ! Très bien ! )
M. BEAUQUIER, président de la Commission
d’administration générale, appuie les observations
. de M. Maginot.
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