Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-03-22
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 22 mars 1913 22 mars 1913
Description : 1913/03/22 (A33,N14574). 1913/03/22 (A33,N14574).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637923x
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
33” Année
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N* 11,574
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5 Centimes,
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Samedi 22 Mars 4943
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Le Petit Havre
AU HAVRE
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1 Dernière Heure i
PARIS, TROIS HEURES MATIN
LE MINISTERE BARTHOU
Constitution définitive du Cabinet
M. Barthou s’est rendu à onze heures à
l’Elysée, pour faire connaître au président
de la République la constitution du nou
veau Cabinet et lui soumettre la liste de ses
collaborateurs.
Le ministère est ainsi composé :
Présidence du Conseil et
Instruction publique.
Justice...............
Finances
Affaires étrangères ....
Intérieur
Guerre...............
Marine
Agriculture
Colonies
Travaux publics
Commerce et Postes et
Télégraphes
Travail..............
Le sous-secrétariat
graphes est supprimé.
MM.
Louis Barthou
Ratier
Ch. Dumont
Pichon
Klotz
Etienne
Baudin
Clémente!
Jean Morel
Thierry
Massé
Chéron
des Postes et Télé-
Sont nommés sous-secrétaires d’Etat :
A T Intérieur ...
Aux Finances....
Aux Beaux-Arts
Paul Morel
Paul Bourély
Bérard
Il est créé un sous-secrétariat d’Etat de
la marine marchande qui est confié à
M. de Monzie.
M. Louis Barthou présentera ce matin, à
9 heures, au président de la République,
les membres du nouveau Cabinet.
Les décrets portant constitution du mi
nistère seront signés aujourd’hui et paraî
tront dimanche matin au Journal Officiel.
*s
L’impression dans les milieux politiques
À l’heure tardive où après bien des diffi
cultés, le Cabinet Barthou a été constitué, il
est impossible de réunir les impressions
des milieux politiques.
Au premier examen, le nouveau ministère
paraît être habilement composé.
Les collaborateurs dont s’est entouré M.
Barthou sont très résolus à refaire l’union
du parti républicain et à pratiquer une poli
tique laïque nettement orientée à gauche.
Mais hélas î en politique comme dans la
vie ordinaire, les bonnes intentions ne suffi
sent pas : il faut des actes.
Le savant dosage qui a présidé à la consti
tution du cabinet Barthou lui ralliera proba
blement bien des sympathies et pourra dé
sarmer quelques adversaires. Mais la réfor
me reste toujours la question irritante, diffi
cile à résoudre et elle est bien plus que le
service de trois ans, à une année des élec
tions législatives, le point délicat du pro
gramme ministériel, celui sur lequel les
passions excitées se livreront de furieuses
batailles qui pourront balayer les hommes
nouveaux et courageux que M. Barthou a
associés à sa tâche.
Mais rien n’est aujourd’hui au pessimisme
et beaucoup hier soir souhaitaient au minis
tère Barthou de trouver les formules conci
liatrices et apaisantes grâce auxquelles il
pourra résoudre le gros problème de la ré
forme électorale.
de
Il convient donc de lui faire crédit et
l’attendre à ses actes.
La formule est vieille, mais il convient
l’employer encore.
C'est d’ailleurs la seule dont on puisse
de
se
servir à l’heure actuelle.
Le Programme du nouveau Ministère
Avant de se rendre à l’Elysée, M. Louis
Barthou avait réuni au ministère de la jus
tice ses nouveaux collaborateurs avec les
quels il a arrêté les grandes ligues du pro
gramme gouvernemental.
Les nouveaux ministres se sont complète-
ment mis d’accord sur toutes les questions
importantes dont le Parlement est déjà
saisi : défense laïque, amnistie, réforme fis
cale sur la base de la formule votée par la
Chambre, réforme électorale et rétablisse
ment du service de trois ans.
Les ministres ont été en outre d’avis de
hâter le vote définitif du budget de 1913 et
de déposer le plus rapidement possible le
budget de 1914.
U GUEARR_DORIEIT
L’Autriche notifie aux puissances
l’envoi d’une division navale
L’ambassadeur d’Autriche à Paris est venu
faire savoir à M. Jonnart que l’attitude du
Monténégro et la situation des communau
tés catholiques de Scutari avaient déterminé
son gouvernement à formuler une protesta
tion à Gettigné et à envoyer une division
Ravale croiser sur les côtes d'Albanie.
Les contre-propositions des Puissances
Belgrade. — On attend pour ce matin la
remise aux alliés des contre propositions
élaborées car les puissances en vue de la
paix.
Les Plénipotentiaires se réuniraient à
San-Remo
SAN-REMO. — On assure que les plénipo
tentiaires balkaniques et turcs se réuniront
la semaine prochaine à San-Remo pour trai
ter des conditions de paix.
On cherche actuellement les locaux néces
saires.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
Le bureau de la Ligue d’union républi
caine pour la réforme électorale s’est réuni
hier soir.
Il a adopté à l’unanimité un ordre du jour
dans lequel la Ligue se déclare résolue à
réaliser la réforme électorale par le scrutin
de liste avec représentation des minorités et
proclame la prépondérance du suffrage uni
versel.
LE NOUVEAU ROI DE GRÈCE
Athènes. — Les souverains ont reçu au
palais les membres du Conseil des ministres.
M. Venizelos a offert la démission du gou
vernement au roi, qui ne l’a pas acceptée.
Le roi, le diadoque, les princes et les prin
cesses, partiront dans la soirée pour se ren
dre sur le yacht Sfaktiria, à Salonique.
Le corps du roi Georges sera transféré à
Athènes jeudi.
On annonce que les rois alliés assisteront
aux funérailles, dont la date n’est pas enco
re fixée.
========9 === "ma
DISTINCTIONS ACADÉMIQUES
Sont nommés officiers de l’instruction pu
blique :
M. Olry, receveur des télégraphes au
Havre ; Mme Guerrand, membre du conseil
d’administration du Lycée de .jeunes filles
du Havre ; MM. Eliot, secrétaire de la mari
ne à Caudebec-en-Caux ; docteur Grapin,
médecin à Saint-Valery-en-Caux ; Lenne,
commis principal à l’inspection maritime à
Fécamp ; Rosay, suppléant du juge de paix
à Fécamp ; Rubillon du Lattay, contrôleur
de Are classe des contributions directes à
Fécamp ; Sprel, pharmacien, conseiller mu
nicipal à Fécamp ; Vaquin, négociant, mem
bre de la Chambre de Commerce du Havre.
LA LOI DE TROIS ANS
Déclarations de M. Paté, rapporteur
M. Paté, rapporteur de la loi de trois ans,
est allé hier matin au ministère de la guerre,
où il a eu avec M. Etienne une longue con
versation.
Il a donné l’assurance que, loin de mettre
obstacle à la discussion rapide de la loi de
trois ans, il s’emploirait à établir dans le
plus bref délai son rapport, favorable à la
loi de trois ans, et qu’il déposera quarante-
huit heures après la clôture des travaux de
la Commission de l’armée.
Cette Commission a discuté hier le contre-
projet de M. Messimy.
L’Enquête du « Temps »
Le Temps a ouvert, ‘par les soins de ses
correspondants, une large enquête sur « le
pays et les trois ans ».
Dans son numéro d’hier, notre confrère
publie les intéressantes déclarations suivan
tes de plusieurs élus de notre département,
recueillies par son correspondant de Rouen :
M. Auguste Leblond, député. maire de Rouen,
conseiller général, déplore la fièvre d’armements
qui s’est emparée de l’Europe et qui force la
France à armer davantage sous peine d’être victi
me d’un manque de vigilance. La loi de deux ans
ne préparait que des réserves ; or, pour préparer
des réserves, il faut mobiliser et, pour mobiliser.
Il faut en avoir le temps. Ce facteur nous ferait
défaut devant une attaque brusquée des Allemands.
Il faut donc que nos troupes actives soient en
mesure de soutenir le premier choc, et puisque le
gouvernement, appuyé par l’unanimité des mem
bres du Conseil supérieur de la guerre, vient affir
mer que seul le service de trois ans nous donnera
les effectifs suffisants pour résister à l’agression,
il déclare qu’il votera le projet du gouvernement,
sans dispenses.
M. Paul Bignon, député, président du Conseil
général de la Seine-Inferieure, maire de la ville
d’Eu, répond sans hésitation :
— Les populations que je représente sont pa
triotes. Ici, point de chauvinisme brutal, mais on
accepte sans marchander tous les sacrifices jugés
nécessaires à la défense du pays. C’est que mes
concitoyens savent fort bien que tout est préfé
rable à la défaite, à l’invasion, c’est-à-dire à l’es
clavage.
» J’sppuierai et je voterai le projet présenté
par le gouvernement aux Chambres. »
M. de Bagneux, député, conseiller général, mai
re de Limésy, déclare :
— Je considère que l’augmentation de nos ef
fectifs militaires est une question de vie ou de
mort pour notre pays.
» Je sais que cet effort nous coûtera de gros
sacrifices et que pour certaines familles les char
ges seront péniblement supportées. Déjà les fa
milles nombreuses viennent de manifester leur
sentiment à cet égard. Comme me le disait le ca
pitaine Maire, le président de la Ligue populaire
des pères et mères de familles nombreuses de
France, « lorsque la patrie est en danger, ce n’est
» pas le moment de délibérer ».
» J’ai pu parler de cette question avec un cer
tain nombre de conscrits de mon arrondissement ;
ils m’ont tous répondu sans hésitation : « Nous
» ferons trois ans s’il le faut ».
M. Lavoinne, agriculteur et conseiller géné
ral, député de l’arrondissement d’Yvelot, déclare
que les populations se rendent parfaitement
compte que les armements à outrance de 1 Alle
magne nous obligent à de nouveaux et importants
sacrifices ; toutes elles sont disposées à Suppor-
ter ces sacrifices sans récrimination.
La Solution de la Crise .
— —9 3 —•
(DE NOTRE correspondant particulier)
Paris, 21 mars, 6 heures du soir.
M. Louis Barthou a officiellement accepté
la mission de former le nouveau ministère
et tout porte à croire qu’il réussira dans ses
démarches.
S’il en est ainsi, la crise n’aura pas été aus
si longue qu’on le redoutait. Sa gravité même
et l’esprit de décision, la clairvoyance que le
président de la République a montrés dans
cette circonstance difficile en auront hâté la
solution.
M. Poincaré, en effet, après les tradition
nelles consultations des présidents du Sénat
et de la Chambre, après un petit nombre
d’entretiens avec les personnalités les plus
en vue du Parlement, a promptement discer
né l’homme politique le plus apte, selon lui,
à dénouer la situation.
A vrai dire, M. Barthou rencontre bien
quelques difficultés dans l’accomplissement
de sa tâche. M. Viviani, par exemple, auquel
il songeait pour le portefeuille de la justice,
M. Doumergue, à qui il avait proposé l’ins
truction publique ou tel autre portefeuille à
son choix, n’ont pas accepté son offre, pré
férant, l’un et l’autre, «rester dans le rang»,
tout en lui promettant, d’ailleurs, leur con
cours personnel. Mais quel est l’homme qui,
chargé de constituer un ministère, ne ren
contre pas d’obstacles sur sa route ?
Et puis, qui dit que M. Barthou, en s’adres
sant à eux, ne prévoyait pas un refus de
leur part ? Partisan résolu du système majo
ritaire, M. Doumergue déclarait aujourd’hui
dans les couloirs du Luxembourg que s’il
n’avait pas accepté d’entrer dans la combi
naison Barthou, c’est que ce dernier devait
faire de la représentation des minorités un
des articles essentiels de son programme.
Or, M. Barthou n’était pas sans connaître sur
ce peint l’opinion de M. Doumergue et son
refus ne pouvait guère l’étonner.
M. Barthou, en revanche, a obtenu dès le
début de ses pourparlers un précieux con
cours, celui de M. Pichon, qui a accepté de
revenir au quai d’Orsay. D’autre part, les ou
vertures qu’il a faites à plusieurs de ses an
ciens collaborateurs dans le Cabinet Briand,
MM. Klotz, Etienne, Jean Dupuy, Pierre
Baudin, notamment, à d’autres personnalités
telle que : MM. Charles Dumont, Massé, Paul
Boncour et de Monzie ont rencontré un
accueil empressé. D’ailleurs les encourage
ments qu’il a reçus de M. Ribot, de M. Cail-
laux ne pouvaient que l'encourager à persé
vérer dans sa tâche.
Enfin, le vote que la Chambre a émis hier
a un peu éclairci la situation. Il est mani
feste, en effet, que la Chambre répugne à
l’idée d’un conflit aigu avec le Sénat et celui-
ci, de son côté, témoigne à présent de dispo
sitions plus conciliantes.
L’entente que tout le monde souhaite en
tre les deux assemblées pourrait donc ne
pas se heurter à des difficultés insurmonta
bles. Pour la réaliser, on aurait recours pa
raît-il, à un moyen auquel M. Briand avait
songé, à la nomination d’une Commission
interparlementaire, composée de sénateurs
et de députés, qui rechercherait un texte
transactionnel. Le cas est prévu par les rè
glements du Sénat et de la Chambre.
Toutefois, pour que cette Commission pût
être nommée, il faudrait que la discussion
ouverte au Luxembourg fût achevée. Or,
d’après certains bruits, les proportionnalis-
tes du Sénat seraient enclins à se désinté
resser du débat en cours et à laisser voter le
projet par les majoritaires seuls, quitte à re
venir plus tard à la charge.
Si ces bruits sont exacts, le Sénat pourrait
achever rapidement le vote du projet, dont
le texte d’ailleurs importerait peu puisqu’il
devrait être remanié d’un commun accord
entre les commissaires désignés par les deux
assemblées.
A la fin de la journée, les négociations en
tamées par M. Barthou, paraissaient en ex
cellente voie. On donnait même comme
probable la liste suivante :
Présidence du Conseil et
Instruction Publique
Justice
Affaires Etrangères...,
Finances .............
Intérieur
Guerre
Marine. -.1..
Travaux Publics
Commerce
Colonies..............
Travail..............
Agriculture
Sous-Secrétaires d’Etat.
Aux Finances.......
Aux Postes............
Aux Beaux-Arts.......
A la Marine Marchande
M. BARTHOU.
M. BIENVENU-MARTIN.
M. PICHON.
M. KLOTZ.
M. JEAN DUPUY.
M. ETIENNE.
M. BAUDIN.
M. Ch. DUMONT.
M. MASSÉ.
M. PAUL BONGOUR.
M. DESPLAS ou
M. CHÉRON.
M.CHÉRON ou
M. NOULENS.
M.BOURELY.
M. GHAUMET.
M. BÉRARD.
M. DE MONZIE.
Le titulaire du sous-s écrétaire de l’inté
rieur n’est pas désigné.
Cette liste, n’aurait, du reste, rien de défi
nitif et serait susceptible d’être modifiée tout
au moins en ce qui concerne l’attribution
des vortefeuilles. ...
Théodore Henri.
Président clu Conseil des Ministres
M. Louis Barthou accepte
de constituer le Cabinet
M. Louis Barihou, après une courte appa
rition à la chancellerie, a poursuivi hier ma
tin la série de ses consultations politiques.
Vers midi, M. Barthou est revenu au mi
nistère de la justice où il a reçu les représen
tants de la presse, auxquels il a fait en ces
termes l’exposé de ses démarches de la ma
tinée.
— J’ai continué ce matin les consultations
que j’avais commencées pour savoir quel
accueil pourrait recevoir une combinaison
ministérielle dont j’accepterais d’être le chef.
» Hier soir j’avais télégraphié à M. René
Viviani, absent de Paris, pour lui demander
d’accepter le portefeuille de la justice dans
un cabinet dont je lui ai indiqué l’orienta
tion politique. J’ai reçu aujourd’hui la ré
ponse de M. Viviani. Elle est négative. Il me
dit en effet que, « désireux de rester dans les
» rangs du parti républicain et d’y travailler
» avec plus d’efficacité à une conciliation
» honorable et à la paix publique, il avait le
» regret de ne pouvoir accepter une o ffre
» qui l’honore infiniment comme une preu-
» ve d’amitié précieuse à laquelle correspon-
» dent ses sentiments les plus affectueux ».
» Poursuivant mes consultations, j’ai vu
ce matin M. Léon Bourgeois qui m’a très vi
vement encouragé, me promettant son plus
entier concours auprès de ses amis.
» J’ai vu également M. Pichon, qui accepte
le portefeuille des affaires étrangères.
» Je me suis rendu de nouveau auprès de
M. Ribot, avec lequel je me suis longuement
entretenu, et je suis ailé chez M. Clemen
ceau que j’ai eu le regret de ne pouvoir ren
contrer.
» Enfin, j’ai rendu visite à M. Gaston Dou-
mergue. J’ai proposé au sénateur du Gard de
prendre le portefeuille de l’instruction pu
blique s’il était libre, ou, à défaut, tout au
tre portefeuille.
M. Doumergue m’a répondu qu’il approu
vait la politique dont je venais de lui expo
ser les grandes lignes,'mais qu’il jugeait pré
férable de rester très affectueusement dans
les rangs du parti républicain.
» Enfin, j’ai eu un long entretien avec M.
Caillaux sur la situation politique.
» À l’issue de cette entrevue, je me suis
rendu à l’Elysée auprès de M. Poincaré, au
quel j'ai fait savoir que j’acceptais l’offe qui
m’a été faite de constituer le Cabinet.
» Mes conversations de ce matin confir
ment l'impression que j’ai rapportée de mes
visites d’hier; tous mes interlocuteurs m’ont
vivement encouragé.
» Cette après-midi, je vais commencer à
m'occuper du choix de mes futurs collabo
rateurs. Je verrai notamment MM. Charies
Dumont et Massé.
» Il m’est impossible, a conclu M. Louis
Barthou, d’en dire davantage pour le mo
ment, car j'attends des réponses de person
nes que j’ai pressenties et qui ne me sont
pas encore parvenues. »
M. Louis Barthou a quitté la chancellerie à
une heure.
II y est revenu à 2 h. 20 et a reçu aussitôt
MM. L.-L. Klotz et Charles Dumont, avec qui
il a conféré longuement.
Les Intentions de M. Barthou
M. Barthou, recevant jeudi soir les repré-
sentants de la presse au ministère de la jus
tice, leur a fait d’intéressantes déclarations
que l’Agence Havas reproduit en ces termes :
« J’ai été appelé par M. le président de la
République,avec qui je me sais longuement
entretenu de la situation politique et des
moyens de dénouer la crise.
» A la suite de cette conversation, M. le
président de la République a bien voulu me
demander si j'accepterais éventuellement de
constituer le nouveau cabinet. J’ai déclaré
que je désirais,avant de donner une réponse
définitive, consulter un certain nombre de
personnalités politiques et d’amis. .
» Je retournerai à l’Elysée demain matin
pour faire connaître au chef de l’Etat le ré
sultat de ces conversations.
* En quittant l‘Elysée,‘ai commencé mes
démarches qui, toutes, ont eu un caractère
de consultation.
» Ma première visite a été pour mon an
cien président du Conseil et mon ami Aris
tide Briand. J’ai été également voir M. Anto-
nin Dubost, président du Sénat, et M. Pau
Deschanel, président de la Chambre. J’ai
pris leur avis, causé avec eux de la situatior
et j’ai eu la grande satisfaction de constate]
que toutes ces éminentes personnalités ap
prouvaient les intentions dont je leur avais
fait part. J’ai vu, dans les mêmes conditions
M. Ribot, ancien président du Conseil. Sor
accueil bienveillant m’a particulièrement
touché.
» Je me proposais de conférer en outre
dès aujourd’hui, avec M. Léon Bourgeois.
Mais le sénateur de la Marne, lorsque je me
suis présenté chez lui, venait de quitter son
domicile pour aller dîner en ville.
» J’espère le rencontrer demain matin.
» Dans toutes les conversations que j’ai
eues, j’ai renseigné mes interlocuteurs soi
mon état d’esprit, et je me suis inquiété de
connaître le leur. Aucun d’eux ne m’a dé
couragé.
» En ce qui concerne la composition
éventuelle du Cabinet, je n’ai fixé mon choix
sur aucun nom. Ce choix résultera des con
versations
qu’une seu
que j’aurai demain. Je n’ai pris
île résolution : si j’accepte de me
charger de constituer le Cabinet et si je réus
sis dans ma tâche, je n’assumerai pas avec
la présidence du Conseil la direction du mi-
nistère de l’intérieur. J’ai vu, dans certains
journaux, qu’on me prêtait l'intention de
m'attribuer ce portefeuille. Je ne sais encore
où j’irai, mais j’ai la volonté bien arrêtée de
ne pas aller au ministère de l’intérieur.
» Je désire vivement que le ministère que
je constituerai soit un ministère de dé
tente, d’union et de conciliation républi
caine. Je ne veux pas, en prenant l'inté-
rieur, que certains souvenirs anciens ou cer
tains malentendus puissent créer une sus
picion défavorable au Cabinet. Donc, je ne
prendrai pas l’intérieur.
» Il serait prématuré de vous parler du
programme ministériel, puisqu’il ne doit
être arrêté que. d'accord avec mes futurs col
laborateurs. Cependant, il y a deux ques
tions qui sont posées et qu’aucun gouverne
ment ne pourra éluder, la réferme électo
rale et la durée du service militaire.
» Pour la reforme électorale, il conviendra
de demander à la Commission du Sénat de
faire un effort et d’accepter le principe de la
représentation des minorités, dont les moda
lités devront être recherchées dans un esprit
de conciliation et de transaction.
» Sur le second point, je n’accepterai de
constituer le cabinet que si je suis assuré de
l’adhésion de tous ses membres au projet
portant à trois ans la durée du service mili
taire. Ce projet a été déposé sur le bureau de
la Chambre par le précédent ministère dont
je faisais partie, après avis du Conseil supé
rieur de la guerre et après délibération du
Conseil des ministres. Dès cette époque, je
me sais prononcé pour le service de trois
ans. Je n’ai pas changé d’opinion et sur cette
question je demeure irréductible.
» C’est dans une pensée d’union et de con
corde républicaines que je continuerai de
main les démarches commencées aujour
d’hui .
» L’effort que je veux faire doit procéder
de la nécessité absolue de mettre fin à un
conflit entre les deux assemblées, qu’aucun
républicain sincère ne peut désirer voir se
perpétuer. »
Telles ont été les déclarations de M. Bar-
thon. Elles précisent, par avance, sur les
deux points essentiels le programme du
gouvernement qu’il a la volonté de consti-
tuer.
H
* *
Le désaccord entre les deux Chambres
On envisage comme probable dans les mi
lieux parlementaires que la procédure à la
quelle on aura recours pour mettre un ter
me au désaccord existant entre le Sénat et la
Chambre des députés sur la question de la
réforme électorale sera empruntée aux ar
ticles 129 et 130 du règlement du Sénat, aux
articles 44%, 145 et 146 du règlement de la
Chambre. Nous donnons ci-dessous le texte
de ces différents articles :
RÉGLEMENT DU SÉNAT
Art. 129. — Lorsqu’un projet de loi volé par le
Sénat a été modifié par la Chambre des députés,
le Sénat peut, ou mettre de nouveau ce projet en
délibération, ou le soumettre aux bureaux, ou le
renvoyer à l'ancienne Commission. Il peut égale
ment, sur la proposition d’un de ses membres,
décider qu’une Commission sera chargée d’entrer
en conférence avec une Commission de la Cham
bre des députés, à l’effet de s’entendre sur un
texte commun. Le Sénat donne les pouvoirs, à cet
effet, à une Commission de onze membres élus
au scrutin de liste.
Art. 430. — Si les deux Commissions tombent
d’accord, la Commission nommée par le Sénat fait
un rapport à cette Assemblée, qui délibère sur la
nouvelle rédaction. Si le Sénat a repoussé la pro
position d’une conférence, le projet ne pourra
être porté de nouveau à l’ordre du jour avant le
délai de deux mois que sur l’initiative du gouver
nement. Il en sera de même dans le cas où les
Commissions ne tomberaient pas d’accord ou si
le Sénat persistait dans sa première résolution.
RÈGLEMENT DE LA CHAMBRE
Art. 141. — Lorsqu’un projet de loi voté par la
Chambre des députés a été modifié par le Sénat,
la Chambre des députés peut décider, SU la pro
position d’un de ses membres, qu’une Commis
sion sera chargée de se réunir avec une Commis
sion du Sénat a l’effet de s’entendre sur un texte
commun. La Chambre décidera si les pouvoirs a
cet effet seront donnés à la Commission qui a fait
le apport sur le projet ou à une nouvelle Com
mission élue dans les bureaux.
Art 143. — Si les deux Commissions s’enten
dent sur un texte, la Commission nommée par la
Chambre des députés fait un rapport a cette As
semblée. La Chambre des députés délibère sur la
nouvelle rédaction. . ... „ _
Art. 146. — Si la Chambre des députés a re
poussé la proposition d’une conférence, le projet
ne pourra être porté à nouveau à l’ordre du jour
avant le délai de deux mois, que sur l initiative du
gouvernement. Il en sera de même dans le cas
où les deux commissions ne s’entendront pas sur
un te xte et si la Chambre persiste dans sa pre
mière résolution.
On remarquera que pour que fonctionne
la procédure de la Commission interparle
mentaire prévue par les règlementsdes
deux Chambres, il importe que la loi, occa
sion du litige, soit votée par l’Assemblée à
1 ordre du jour de laquelle elle est.
La Commission ne pourrait donc être réu-
nie qu’après le vote du Sénat.
C’est la procédure que comptait employer
M. Aristide Briand, si le Sénat n’avait pas
repoussé son appel à la conciliation.
========== =
Nouvelles Politiques
Arrivé© do M. Delcassé
à Saint-Pétersbourg
M. Delcassé, le nouvel ambassadeur de
France, est arrivé hier à midi à Saint-Péters
bourg.
Il a été reçu à la gare par le personnel de
ambassade, les notabilités et les colonies
étrangères.
Tous les journaux russes expriment de
nouveau leur satisfaction de la nomination
de M. Delcassé.
LE NOUVEAU RDI DE GRÈCE
LA PRESTATION DU SERMENT A LA CHAMBRE
Athènes, 21 mars.
A 10 h. 30, le roi Constantin et la reine
Sophie, accompagnés du diadoque Georges
et du prince Alexandre, sont entrés à la
Chambre des députés au milieu d’un grand
silence. Tous les députés étaient debout. Le
roi portait l’uniforme de généralissime avec
aiguillettes noires. La reine Sophie, en grand
deuil, portait le grand-cordon de l’ordre du
Sauveur.
Le métropolite a fait la prière d’usage,
puis il alu la formule du serment, que le
roi a répétée à haute voix et qu’il a ensuite
signée. Les ministres et le métropolite ont
contresigné après lui. Les ministres, les dé
putés et les assistants ont poussé des accla
mations prolongées et enthousiastes.
A la sortie du couple royal, une foule im
mense lui a fait une ovation frénétique jus
qu’au palais.
Le roi partira pour Salonique cette après-
midi.
L’ASSASSIN DE GEORGES jer
EST IRRESPONSABLE
Salonique, 21 mars.
L’enquête ouverte, à la suite de l’assas-
sinat du roi Georges ter, a été officiellement
close sur la preuve nettement établie de l’ir-
responsabilité absolue du régicide.
U omw D'ORIENT
Une Démarche à Belgrade
Vienne, 21 mars.
De la Beichspost :
« Le ministre (l’Autriche-Hongrie à Bel
grade a fait au gouvernement serbe les mê
mes représentations que le chargé d’affaires
autrichien a faites à Cettigne, au sujet du
bombardement de Scutari.
» Il a également soulevé la question der
atrocités commises contre les Albanais. »
L’Irritation à Vienne
Vienne, 21 mars.
Au sujet de la démarche de l’Autriche-
Hongrie à Gettigné, le Neues Wiener Tageblati
fait ressortir qu’il s’agit là, non pas d’une
politique de prestige ou de force, mais uni
quement d’une action tendant, affirme t il,
« à sauver les Albanais menacés d’extermi
nation ».
Les journaux publient des détails effroya
bles au sujet d’atrocités soi-disant commises
en Albanie contre des chrétiens et des mu
sulmans.
La Neue Freie Presse fait un récit du meur
tre du franciscain albanais Angélus Politsch.
D’après cette version, le frère Politsch au
rait été tué le 7 mars, à Djakovo, à coups de
baïonnette et de crosse de fusil, sur l’ordre
d’un prêtre orthodoxe.
La Conciliation italienne
Rome, 21 mars.
Au sujet de la décision de la Conférence des
ambassadeurs de proposer aux puissances
de faire une démarche à Gettigné et à Bel
grade, le Popolo Romano écrit :
« Nous remercions la Conférence des am
bassadeurs, parce que, grâce à ce moyen, on
évitera de la part de l’Autriche un acte ri
goureux dont il n’était pas facile de prévoir
les conséquences et on nous épargnera, à
nous, l’ingrat devoir de protester pour les
victimes italiennes frappées au cours de là
dernière attaque dirigée contre Scutari. »
Rappel de Réservistes en Hongrie
Vienne, 21 mars.
Les réservistes des 15 e et 16 e corps, qui
étaient partis en permission à l’occasion des
fêtes de Pâques, ont reçu l’ordre de rejoin
dre immédiatement leur régiment.
— —— —
ÉTRANGER
ALLEMAGNE
La Situation Financière est mauvaise
Le Leipziger Tageblatt (gouvernemental), dans
une dépêche de Berlin, déclare :
Jamais peut-être les finances ne se sont
trouvées à la fin d’un trimestre dans une
aussi mauvaise situation. Le numéraire a
mettre en circulation fait défaut : il y a pour
125 millions de francs de dividendes à payer ;
il faut, en outre, effectuer le premier verse
ment sur les emprunts nationaux : enfin, u
faut placer les 250 millions de bons du Tré
sor prussien.
D’autre part, les secours de l étranger sont
minimes ; les banques ont dû aviser leur
clientèle qu’elles ne peuvent plus accorder
de crédits semestriels. Le marché enfin es
chargé par de nombreux engagements, en
=====—•==
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1 Dernière Heure i
PARIS, TROIS HEURES MATIN
LE MINISTERE BARTHOU
Constitution définitive du Cabinet
M. Barthou s’est rendu à onze heures à
l’Elysée, pour faire connaître au président
de la République la constitution du nou
veau Cabinet et lui soumettre la liste de ses
collaborateurs.
Le ministère est ainsi composé :
Présidence du Conseil et
Instruction publique.
Justice...............
Finances
Affaires étrangères ....
Intérieur
Guerre...............
Marine
Agriculture
Colonies
Travaux publics
Commerce et Postes et
Télégraphes
Travail..............
Le sous-secrétariat
graphes est supprimé.
MM.
Louis Barthou
Ratier
Ch. Dumont
Pichon
Klotz
Etienne
Baudin
Clémente!
Jean Morel
Thierry
Massé
Chéron
des Postes et Télé-
Sont nommés sous-secrétaires d’Etat :
A T Intérieur ...
Aux Finances....
Aux Beaux-Arts
Paul Morel
Paul Bourély
Bérard
Il est créé un sous-secrétariat d’Etat de
la marine marchande qui est confié à
M. de Monzie.
M. Louis Barthou présentera ce matin, à
9 heures, au président de la République,
les membres du nouveau Cabinet.
Les décrets portant constitution du mi
nistère seront signés aujourd’hui et paraî
tront dimanche matin au Journal Officiel.
*s
L’impression dans les milieux politiques
À l’heure tardive où après bien des diffi
cultés, le Cabinet Barthou a été constitué, il
est impossible de réunir les impressions
des milieux politiques.
Au premier examen, le nouveau ministère
paraît être habilement composé.
Les collaborateurs dont s’est entouré M.
Barthou sont très résolus à refaire l’union
du parti républicain et à pratiquer une poli
tique laïque nettement orientée à gauche.
Mais hélas î en politique comme dans la
vie ordinaire, les bonnes intentions ne suffi
sent pas : il faut des actes.
Le savant dosage qui a présidé à la consti
tution du cabinet Barthou lui ralliera proba
blement bien des sympathies et pourra dé
sarmer quelques adversaires. Mais la réfor
me reste toujours la question irritante, diffi
cile à résoudre et elle est bien plus que le
service de trois ans, à une année des élec
tions législatives, le point délicat du pro
gramme ministériel, celui sur lequel les
passions excitées se livreront de furieuses
batailles qui pourront balayer les hommes
nouveaux et courageux que M. Barthou a
associés à sa tâche.
Mais rien n’est aujourd’hui au pessimisme
et beaucoup hier soir souhaitaient au minis
tère Barthou de trouver les formules conci
liatrices et apaisantes grâce auxquelles il
pourra résoudre le gros problème de la ré
forme électorale.
de
Il convient donc de lui faire crédit et
l’attendre à ses actes.
La formule est vieille, mais il convient
l’employer encore.
C'est d’ailleurs la seule dont on puisse
de
se
servir à l’heure actuelle.
Le Programme du nouveau Ministère
Avant de se rendre à l’Elysée, M. Louis
Barthou avait réuni au ministère de la jus
tice ses nouveaux collaborateurs avec les
quels il a arrêté les grandes ligues du pro
gramme gouvernemental.
Les nouveaux ministres se sont complète-
ment mis d’accord sur toutes les questions
importantes dont le Parlement est déjà
saisi : défense laïque, amnistie, réforme fis
cale sur la base de la formule votée par la
Chambre, réforme électorale et rétablisse
ment du service de trois ans.
Les ministres ont été en outre d’avis de
hâter le vote définitif du budget de 1913 et
de déposer le plus rapidement possible le
budget de 1914.
U GUEARR_DORIEIT
L’Autriche notifie aux puissances
l’envoi d’une division navale
L’ambassadeur d’Autriche à Paris est venu
faire savoir à M. Jonnart que l’attitude du
Monténégro et la situation des communau
tés catholiques de Scutari avaient déterminé
son gouvernement à formuler une protesta
tion à Gettigné et à envoyer une division
Ravale croiser sur les côtes d'Albanie.
Les contre-propositions des Puissances
Belgrade. — On attend pour ce matin la
remise aux alliés des contre propositions
élaborées car les puissances en vue de la
paix.
Les Plénipotentiaires se réuniraient à
San-Remo
SAN-REMO. — On assure que les plénipo
tentiaires balkaniques et turcs se réuniront
la semaine prochaine à San-Remo pour trai
ter des conditions de paix.
On cherche actuellement les locaux néces
saires.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
Le bureau de la Ligue d’union républi
caine pour la réforme électorale s’est réuni
hier soir.
Il a adopté à l’unanimité un ordre du jour
dans lequel la Ligue se déclare résolue à
réaliser la réforme électorale par le scrutin
de liste avec représentation des minorités et
proclame la prépondérance du suffrage uni
versel.
LE NOUVEAU ROI DE GRÈCE
Athènes. — Les souverains ont reçu au
palais les membres du Conseil des ministres.
M. Venizelos a offert la démission du gou
vernement au roi, qui ne l’a pas acceptée.
Le roi, le diadoque, les princes et les prin
cesses, partiront dans la soirée pour se ren
dre sur le yacht Sfaktiria, à Salonique.
Le corps du roi Georges sera transféré à
Athènes jeudi.
On annonce que les rois alliés assisteront
aux funérailles, dont la date n’est pas enco
re fixée.
========9 === "ma
DISTINCTIONS ACADÉMIQUES
Sont nommés officiers de l’instruction pu
blique :
M. Olry, receveur des télégraphes au
Havre ; Mme Guerrand, membre du conseil
d’administration du Lycée de .jeunes filles
du Havre ; MM. Eliot, secrétaire de la mari
ne à Caudebec-en-Caux ; docteur Grapin,
médecin à Saint-Valery-en-Caux ; Lenne,
commis principal à l’inspection maritime à
Fécamp ; Rosay, suppléant du juge de paix
à Fécamp ; Rubillon du Lattay, contrôleur
de Are classe des contributions directes à
Fécamp ; Sprel, pharmacien, conseiller mu
nicipal à Fécamp ; Vaquin, négociant, mem
bre de la Chambre de Commerce du Havre.
LA LOI DE TROIS ANS
Déclarations de M. Paté, rapporteur
M. Paté, rapporteur de la loi de trois ans,
est allé hier matin au ministère de la guerre,
où il a eu avec M. Etienne une longue con
versation.
Il a donné l’assurance que, loin de mettre
obstacle à la discussion rapide de la loi de
trois ans, il s’emploirait à établir dans le
plus bref délai son rapport, favorable à la
loi de trois ans, et qu’il déposera quarante-
huit heures après la clôture des travaux de
la Commission de l’armée.
Cette Commission a discuté hier le contre-
projet de M. Messimy.
L’Enquête du « Temps »
Le Temps a ouvert, ‘par les soins de ses
correspondants, une large enquête sur « le
pays et les trois ans ».
Dans son numéro d’hier, notre confrère
publie les intéressantes déclarations suivan
tes de plusieurs élus de notre département,
recueillies par son correspondant de Rouen :
M. Auguste Leblond, député. maire de Rouen,
conseiller général, déplore la fièvre d’armements
qui s’est emparée de l’Europe et qui force la
France à armer davantage sous peine d’être victi
me d’un manque de vigilance. La loi de deux ans
ne préparait que des réserves ; or, pour préparer
des réserves, il faut mobiliser et, pour mobiliser.
Il faut en avoir le temps. Ce facteur nous ferait
défaut devant une attaque brusquée des Allemands.
Il faut donc que nos troupes actives soient en
mesure de soutenir le premier choc, et puisque le
gouvernement, appuyé par l’unanimité des mem
bres du Conseil supérieur de la guerre, vient affir
mer que seul le service de trois ans nous donnera
les effectifs suffisants pour résister à l’agression,
il déclare qu’il votera le projet du gouvernement,
sans dispenses.
M. Paul Bignon, député, président du Conseil
général de la Seine-Inferieure, maire de la ville
d’Eu, répond sans hésitation :
— Les populations que je représente sont pa
triotes. Ici, point de chauvinisme brutal, mais on
accepte sans marchander tous les sacrifices jugés
nécessaires à la défense du pays. C’est que mes
concitoyens savent fort bien que tout est préfé
rable à la défaite, à l’invasion, c’est-à-dire à l’es
clavage.
» J’sppuierai et je voterai le projet présenté
par le gouvernement aux Chambres. »
M. de Bagneux, député, conseiller général, mai
re de Limésy, déclare :
— Je considère que l’augmentation de nos ef
fectifs militaires est une question de vie ou de
mort pour notre pays.
» Je sais que cet effort nous coûtera de gros
sacrifices et que pour certaines familles les char
ges seront péniblement supportées. Déjà les fa
milles nombreuses viennent de manifester leur
sentiment à cet égard. Comme me le disait le ca
pitaine Maire, le président de la Ligue populaire
des pères et mères de familles nombreuses de
France, « lorsque la patrie est en danger, ce n’est
» pas le moment de délibérer ».
» J’ai pu parler de cette question avec un cer
tain nombre de conscrits de mon arrondissement ;
ils m’ont tous répondu sans hésitation : « Nous
» ferons trois ans s’il le faut ».
M. Lavoinne, agriculteur et conseiller géné
ral, député de l’arrondissement d’Yvelot, déclare
que les populations se rendent parfaitement
compte que les armements à outrance de 1 Alle
magne nous obligent à de nouveaux et importants
sacrifices ; toutes elles sont disposées à Suppor-
ter ces sacrifices sans récrimination.
La Solution de la Crise .
— —9 3 —•
(DE NOTRE correspondant particulier)
Paris, 21 mars, 6 heures du soir.
M. Louis Barthou a officiellement accepté
la mission de former le nouveau ministère
et tout porte à croire qu’il réussira dans ses
démarches.
S’il en est ainsi, la crise n’aura pas été aus
si longue qu’on le redoutait. Sa gravité même
et l’esprit de décision, la clairvoyance que le
président de la République a montrés dans
cette circonstance difficile en auront hâté la
solution.
M. Poincaré, en effet, après les tradition
nelles consultations des présidents du Sénat
et de la Chambre, après un petit nombre
d’entretiens avec les personnalités les plus
en vue du Parlement, a promptement discer
né l’homme politique le plus apte, selon lui,
à dénouer la situation.
A vrai dire, M. Barthou rencontre bien
quelques difficultés dans l’accomplissement
de sa tâche. M. Viviani, par exemple, auquel
il songeait pour le portefeuille de la justice,
M. Doumergue, à qui il avait proposé l’ins
truction publique ou tel autre portefeuille à
son choix, n’ont pas accepté son offre, pré
férant, l’un et l’autre, «rester dans le rang»,
tout en lui promettant, d’ailleurs, leur con
cours personnel. Mais quel est l’homme qui,
chargé de constituer un ministère, ne ren
contre pas d’obstacles sur sa route ?
Et puis, qui dit que M. Barthou, en s’adres
sant à eux, ne prévoyait pas un refus de
leur part ? Partisan résolu du système majo
ritaire, M. Doumergue déclarait aujourd’hui
dans les couloirs du Luxembourg que s’il
n’avait pas accepté d’entrer dans la combi
naison Barthou, c’est que ce dernier devait
faire de la représentation des minorités un
des articles essentiels de son programme.
Or, M. Barthou n’était pas sans connaître sur
ce peint l’opinion de M. Doumergue et son
refus ne pouvait guère l’étonner.
M. Barthou, en revanche, a obtenu dès le
début de ses pourparlers un précieux con
cours, celui de M. Pichon, qui a accepté de
revenir au quai d’Orsay. D’autre part, les ou
vertures qu’il a faites à plusieurs de ses an
ciens collaborateurs dans le Cabinet Briand,
MM. Klotz, Etienne, Jean Dupuy, Pierre
Baudin, notamment, à d’autres personnalités
telle que : MM. Charles Dumont, Massé, Paul
Boncour et de Monzie ont rencontré un
accueil empressé. D’ailleurs les encourage
ments qu’il a reçus de M. Ribot, de M. Cail-
laux ne pouvaient que l'encourager à persé
vérer dans sa tâche.
Enfin, le vote que la Chambre a émis hier
a un peu éclairci la situation. Il est mani
feste, en effet, que la Chambre répugne à
l’idée d’un conflit aigu avec le Sénat et celui-
ci, de son côté, témoigne à présent de dispo
sitions plus conciliantes.
L’entente que tout le monde souhaite en
tre les deux assemblées pourrait donc ne
pas se heurter à des difficultés insurmonta
bles. Pour la réaliser, on aurait recours pa
raît-il, à un moyen auquel M. Briand avait
songé, à la nomination d’une Commission
interparlementaire, composée de sénateurs
et de députés, qui rechercherait un texte
transactionnel. Le cas est prévu par les rè
glements du Sénat et de la Chambre.
Toutefois, pour que cette Commission pût
être nommée, il faudrait que la discussion
ouverte au Luxembourg fût achevée. Or,
d’après certains bruits, les proportionnalis-
tes du Sénat seraient enclins à se désinté
resser du débat en cours et à laisser voter le
projet par les majoritaires seuls, quitte à re
venir plus tard à la charge.
Si ces bruits sont exacts, le Sénat pourrait
achever rapidement le vote du projet, dont
le texte d’ailleurs importerait peu puisqu’il
devrait être remanié d’un commun accord
entre les commissaires désignés par les deux
assemblées.
A la fin de la journée, les négociations en
tamées par M. Barthou, paraissaient en ex
cellente voie. On donnait même comme
probable la liste suivante :
Présidence du Conseil et
Instruction Publique
Justice
Affaires Etrangères...,
Finances .............
Intérieur
Guerre
Marine. -.1..
Travaux Publics
Commerce
Colonies..............
Travail..............
Agriculture
Sous-Secrétaires d’Etat.
Aux Finances.......
Aux Postes............
Aux Beaux-Arts.......
A la Marine Marchande
M. BARTHOU.
M. BIENVENU-MARTIN.
M. PICHON.
M. KLOTZ.
M. JEAN DUPUY.
M. ETIENNE.
M. BAUDIN.
M. Ch. DUMONT.
M. MASSÉ.
M. PAUL BONGOUR.
M. DESPLAS ou
M. CHÉRON.
M.CHÉRON ou
M. NOULENS.
M.BOURELY.
M. GHAUMET.
M. BÉRARD.
M. DE MONZIE.
Le titulaire du sous-s écrétaire de l’inté
rieur n’est pas désigné.
Cette liste, n’aurait, du reste, rien de défi
nitif et serait susceptible d’être modifiée tout
au moins en ce qui concerne l’attribution
des vortefeuilles. ...
Théodore Henri.
Président clu Conseil des Ministres
M. Louis Barthou accepte
de constituer le Cabinet
M. Louis Barihou, après une courte appa
rition à la chancellerie, a poursuivi hier ma
tin la série de ses consultations politiques.
Vers midi, M. Barthou est revenu au mi
nistère de la justice où il a reçu les représen
tants de la presse, auxquels il a fait en ces
termes l’exposé de ses démarches de la ma
tinée.
— J’ai continué ce matin les consultations
que j’avais commencées pour savoir quel
accueil pourrait recevoir une combinaison
ministérielle dont j’accepterais d’être le chef.
» Hier soir j’avais télégraphié à M. René
Viviani, absent de Paris, pour lui demander
d’accepter le portefeuille de la justice dans
un cabinet dont je lui ai indiqué l’orienta
tion politique. J’ai reçu aujourd’hui la ré
ponse de M. Viviani. Elle est négative. Il me
dit en effet que, « désireux de rester dans les
» rangs du parti républicain et d’y travailler
» avec plus d’efficacité à une conciliation
» honorable et à la paix publique, il avait le
» regret de ne pouvoir accepter une o ffre
» qui l’honore infiniment comme une preu-
» ve d’amitié précieuse à laquelle correspon-
» dent ses sentiments les plus affectueux ».
» Poursuivant mes consultations, j’ai vu
ce matin M. Léon Bourgeois qui m’a très vi
vement encouragé, me promettant son plus
entier concours auprès de ses amis.
» J’ai vu également M. Pichon, qui accepte
le portefeuille des affaires étrangères.
» Je me suis rendu de nouveau auprès de
M. Ribot, avec lequel je me suis longuement
entretenu, et je suis ailé chez M. Clemen
ceau que j’ai eu le regret de ne pouvoir ren
contrer.
» Enfin, j’ai rendu visite à M. Gaston Dou-
mergue. J’ai proposé au sénateur du Gard de
prendre le portefeuille de l’instruction pu
blique s’il était libre, ou, à défaut, tout au
tre portefeuille.
M. Doumergue m’a répondu qu’il approu
vait la politique dont je venais de lui expo
ser les grandes lignes,'mais qu’il jugeait pré
férable de rester très affectueusement dans
les rangs du parti républicain.
» Enfin, j’ai eu un long entretien avec M.
Caillaux sur la situation politique.
» À l’issue de cette entrevue, je me suis
rendu à l’Elysée auprès de M. Poincaré, au
quel j'ai fait savoir que j’acceptais l’offe qui
m’a été faite de constituer le Cabinet.
» Mes conversations de ce matin confir
ment l'impression que j’ai rapportée de mes
visites d’hier; tous mes interlocuteurs m’ont
vivement encouragé.
» Cette après-midi, je vais commencer à
m'occuper du choix de mes futurs collabo
rateurs. Je verrai notamment MM. Charies
Dumont et Massé.
» Il m’est impossible, a conclu M. Louis
Barthou, d’en dire davantage pour le mo
ment, car j'attends des réponses de person
nes que j’ai pressenties et qui ne me sont
pas encore parvenues. »
M. Louis Barthou a quitté la chancellerie à
une heure.
II y est revenu à 2 h. 20 et a reçu aussitôt
MM. L.-L. Klotz et Charles Dumont, avec qui
il a conféré longuement.
Les Intentions de M. Barthou
M. Barthou, recevant jeudi soir les repré-
sentants de la presse au ministère de la jus
tice, leur a fait d’intéressantes déclarations
que l’Agence Havas reproduit en ces termes :
« J’ai été appelé par M. le président de la
République,avec qui je me sais longuement
entretenu de la situation politique et des
moyens de dénouer la crise.
» A la suite de cette conversation, M. le
président de la République a bien voulu me
demander si j'accepterais éventuellement de
constituer le nouveau cabinet. J’ai déclaré
que je désirais,avant de donner une réponse
définitive, consulter un certain nombre de
personnalités politiques et d’amis. .
» Je retournerai à l’Elysée demain matin
pour faire connaître au chef de l’Etat le ré
sultat de ces conversations.
* En quittant l‘Elysée,‘ai commencé mes
démarches qui, toutes, ont eu un caractère
de consultation.
» Ma première visite a été pour mon an
cien président du Conseil et mon ami Aris
tide Briand. J’ai été également voir M. Anto-
nin Dubost, président du Sénat, et M. Pau
Deschanel, président de la Chambre. J’ai
pris leur avis, causé avec eux de la situatior
et j’ai eu la grande satisfaction de constate]
que toutes ces éminentes personnalités ap
prouvaient les intentions dont je leur avais
fait part. J’ai vu, dans les mêmes conditions
M. Ribot, ancien président du Conseil. Sor
accueil bienveillant m’a particulièrement
touché.
» Je me proposais de conférer en outre
dès aujourd’hui, avec M. Léon Bourgeois.
Mais le sénateur de la Marne, lorsque je me
suis présenté chez lui, venait de quitter son
domicile pour aller dîner en ville.
» J’espère le rencontrer demain matin.
» Dans toutes les conversations que j’ai
eues, j’ai renseigné mes interlocuteurs soi
mon état d’esprit, et je me suis inquiété de
connaître le leur. Aucun d’eux ne m’a dé
couragé.
» En ce qui concerne la composition
éventuelle du Cabinet, je n’ai fixé mon choix
sur aucun nom. Ce choix résultera des con
versations
qu’une seu
que j’aurai demain. Je n’ai pris
île résolution : si j’accepte de me
charger de constituer le Cabinet et si je réus
sis dans ma tâche, je n’assumerai pas avec
la présidence du Conseil la direction du mi-
nistère de l’intérieur. J’ai vu, dans certains
journaux, qu’on me prêtait l'intention de
m'attribuer ce portefeuille. Je ne sais encore
où j’irai, mais j’ai la volonté bien arrêtée de
ne pas aller au ministère de l’intérieur.
» Je désire vivement que le ministère que
je constituerai soit un ministère de dé
tente, d’union et de conciliation républi
caine. Je ne veux pas, en prenant l'inté-
rieur, que certains souvenirs anciens ou cer
tains malentendus puissent créer une sus
picion défavorable au Cabinet. Donc, je ne
prendrai pas l’intérieur.
» Il serait prématuré de vous parler du
programme ministériel, puisqu’il ne doit
être arrêté que. d'accord avec mes futurs col
laborateurs. Cependant, il y a deux ques
tions qui sont posées et qu’aucun gouverne
ment ne pourra éluder, la réferme électo
rale et la durée du service militaire.
» Pour la reforme électorale, il conviendra
de demander à la Commission du Sénat de
faire un effort et d’accepter le principe de la
représentation des minorités, dont les moda
lités devront être recherchées dans un esprit
de conciliation et de transaction.
» Sur le second point, je n’accepterai de
constituer le cabinet que si je suis assuré de
l’adhésion de tous ses membres au projet
portant à trois ans la durée du service mili
taire. Ce projet a été déposé sur le bureau de
la Chambre par le précédent ministère dont
je faisais partie, après avis du Conseil supé
rieur de la guerre et après délibération du
Conseil des ministres. Dès cette époque, je
me sais prononcé pour le service de trois
ans. Je n’ai pas changé d’opinion et sur cette
question je demeure irréductible.
» C’est dans une pensée d’union et de con
corde républicaines que je continuerai de
main les démarches commencées aujour
d’hui .
» L’effort que je veux faire doit procéder
de la nécessité absolue de mettre fin à un
conflit entre les deux assemblées, qu’aucun
républicain sincère ne peut désirer voir se
perpétuer. »
Telles ont été les déclarations de M. Bar-
thon. Elles précisent, par avance, sur les
deux points essentiels le programme du
gouvernement qu’il a la volonté de consti-
tuer.
H
* *
Le désaccord entre les deux Chambres
On envisage comme probable dans les mi
lieux parlementaires que la procédure à la
quelle on aura recours pour mettre un ter
me au désaccord existant entre le Sénat et la
Chambre des députés sur la question de la
réforme électorale sera empruntée aux ar
ticles 129 et 130 du règlement du Sénat, aux
articles 44%, 145 et 146 du règlement de la
Chambre. Nous donnons ci-dessous le texte
de ces différents articles :
RÉGLEMENT DU SÉNAT
Art. 129. — Lorsqu’un projet de loi volé par le
Sénat a été modifié par la Chambre des députés,
le Sénat peut, ou mettre de nouveau ce projet en
délibération, ou le soumettre aux bureaux, ou le
renvoyer à l'ancienne Commission. Il peut égale
ment, sur la proposition d’un de ses membres,
décider qu’une Commission sera chargée d’entrer
en conférence avec une Commission de la Cham
bre des députés, à l’effet de s’entendre sur un
texte commun. Le Sénat donne les pouvoirs, à cet
effet, à une Commission de onze membres élus
au scrutin de liste.
Art. 430. — Si les deux Commissions tombent
d’accord, la Commission nommée par le Sénat fait
un rapport à cette Assemblée, qui délibère sur la
nouvelle rédaction. Si le Sénat a repoussé la pro
position d’une conférence, le projet ne pourra
être porté de nouveau à l’ordre du jour avant le
délai de deux mois que sur l’initiative du gouver
nement. Il en sera de même dans le cas où les
Commissions ne tomberaient pas d’accord ou si
le Sénat persistait dans sa première résolution.
RÈGLEMENT DE LA CHAMBRE
Art. 141. — Lorsqu’un projet de loi voté par la
Chambre des députés a été modifié par le Sénat,
la Chambre des députés peut décider, SU la pro
position d’un de ses membres, qu’une Commis
sion sera chargée de se réunir avec une Commis
sion du Sénat a l’effet de s’entendre sur un texte
commun. La Chambre décidera si les pouvoirs a
cet effet seront donnés à la Commission qui a fait
le apport sur le projet ou à une nouvelle Com
mission élue dans les bureaux.
Art 143. — Si les deux Commissions s’enten
dent sur un texte, la Commission nommée par la
Chambre des députés fait un rapport a cette As
semblée. La Chambre des députés délibère sur la
nouvelle rédaction. . ... „ _
Art. 146. — Si la Chambre des députés a re
poussé la proposition d’une conférence, le projet
ne pourra être porté à nouveau à l’ordre du jour
avant le délai de deux mois, que sur l initiative du
gouvernement. Il en sera de même dans le cas
où les deux commissions ne s’entendront pas sur
un te xte et si la Chambre persiste dans sa pre
mière résolution.
On remarquera que pour que fonctionne
la procédure de la Commission interparle
mentaire prévue par les règlementsdes
deux Chambres, il importe que la loi, occa
sion du litige, soit votée par l’Assemblée à
1 ordre du jour de laquelle elle est.
La Commission ne pourrait donc être réu-
nie qu’après le vote du Sénat.
C’est la procédure que comptait employer
M. Aristide Briand, si le Sénat n’avait pas
repoussé son appel à la conciliation.
========== =
Nouvelles Politiques
Arrivé© do M. Delcassé
à Saint-Pétersbourg
M. Delcassé, le nouvel ambassadeur de
France, est arrivé hier à midi à Saint-Péters
bourg.
Il a été reçu à la gare par le personnel de
ambassade, les notabilités et les colonies
étrangères.
Tous les journaux russes expriment de
nouveau leur satisfaction de la nomination
de M. Delcassé.
LE NOUVEAU RDI DE GRÈCE
LA PRESTATION DU SERMENT A LA CHAMBRE
Athènes, 21 mars.
A 10 h. 30, le roi Constantin et la reine
Sophie, accompagnés du diadoque Georges
et du prince Alexandre, sont entrés à la
Chambre des députés au milieu d’un grand
silence. Tous les députés étaient debout. Le
roi portait l’uniforme de généralissime avec
aiguillettes noires. La reine Sophie, en grand
deuil, portait le grand-cordon de l’ordre du
Sauveur.
Le métropolite a fait la prière d’usage,
puis il alu la formule du serment, que le
roi a répétée à haute voix et qu’il a ensuite
signée. Les ministres et le métropolite ont
contresigné après lui. Les ministres, les dé
putés et les assistants ont poussé des accla
mations prolongées et enthousiastes.
A la sortie du couple royal, une foule im
mense lui a fait une ovation frénétique jus
qu’au palais.
Le roi partira pour Salonique cette après-
midi.
L’ASSASSIN DE GEORGES jer
EST IRRESPONSABLE
Salonique, 21 mars.
L’enquête ouverte, à la suite de l’assas-
sinat du roi Georges ter, a été officiellement
close sur la preuve nettement établie de l’ir-
responsabilité absolue du régicide.
U omw D'ORIENT
Une Démarche à Belgrade
Vienne, 21 mars.
De la Beichspost :
« Le ministre (l’Autriche-Hongrie à Bel
grade a fait au gouvernement serbe les mê
mes représentations que le chargé d’affaires
autrichien a faites à Cettigne, au sujet du
bombardement de Scutari.
» Il a également soulevé la question der
atrocités commises contre les Albanais. »
L’Irritation à Vienne
Vienne, 21 mars.
Au sujet de la démarche de l’Autriche-
Hongrie à Gettigné, le Neues Wiener Tageblati
fait ressortir qu’il s’agit là, non pas d’une
politique de prestige ou de force, mais uni
quement d’une action tendant, affirme t il,
« à sauver les Albanais menacés d’extermi
nation ».
Les journaux publient des détails effroya
bles au sujet d’atrocités soi-disant commises
en Albanie contre des chrétiens et des mu
sulmans.
La Neue Freie Presse fait un récit du meur
tre du franciscain albanais Angélus Politsch.
D’après cette version, le frère Politsch au
rait été tué le 7 mars, à Djakovo, à coups de
baïonnette et de crosse de fusil, sur l’ordre
d’un prêtre orthodoxe.
La Conciliation italienne
Rome, 21 mars.
Au sujet de la décision de la Conférence des
ambassadeurs de proposer aux puissances
de faire une démarche à Gettigné et à Bel
grade, le Popolo Romano écrit :
« Nous remercions la Conférence des am
bassadeurs, parce que, grâce à ce moyen, on
évitera de la part de l’Autriche un acte ri
goureux dont il n’était pas facile de prévoir
les conséquences et on nous épargnera, à
nous, l’ingrat devoir de protester pour les
victimes italiennes frappées au cours de là
dernière attaque dirigée contre Scutari. »
Rappel de Réservistes en Hongrie
Vienne, 21 mars.
Les réservistes des 15 e et 16 e corps, qui
étaient partis en permission à l’occasion des
fêtes de Pâques, ont reçu l’ordre de rejoin
dre immédiatement leur régiment.
— —— —
ÉTRANGER
ALLEMAGNE
La Situation Financière est mauvaise
Le Leipziger Tageblatt (gouvernemental), dans
une dépêche de Berlin, déclare :
Jamais peut-être les finances ne se sont
trouvées à la fin d’un trimestre dans une
aussi mauvaise situation. Le numéraire a
mettre en circulation fait défaut : il y a pour
125 millions de francs de dividendes à payer ;
il faut, en outre, effectuer le premier verse
ment sur les emprunts nationaux : enfin, u
faut placer les 250 millions de bons du Tré
sor prussien.
D’autre part, les secours de l étranger sont
minimes ; les banques ont dû aviser leur
clientèle qu’elles ne peuvent plus accorder
de crédits semestriels. Le marché enfin es
chargé par de nombreux engagements, en
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