Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-03-20
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 mars 1913 20 mars 1913
Description : 1913/03/20 (A33,N14572). 1913/03/20 (A33,N14572).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526379213
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
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CDITION DU MATIN — 5 Centimes
(6 Pagest
Jeudi 20 Mars 1943
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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16 a
1 fl
Fr.
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Fr.
fl 8
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S, dans tous les Bureaux da Poste da rrunos g
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
LONDRES, 19 Mars, Dépêche de 4 h. 36
CUIVRE 1
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE-
calme
£ 64 2/6
7/6
Comptant .. 1
3 mois 1
£ 64 10/-
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£ 209 15/-
5/-
3 mois '
£206 10/-
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Cenptant ..
calme
£ 64/10 %
3 d
3 mois ;
£ 62/-
2 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
lu 18 mars 1913.
Deë formese le
neotveee Cabinet F
On peut considérer que tous les hommes
politiques que le président de la République
a vus aujourd’hui ont exprimé leur avis,
conforme d’ailleurs à celui du chef de l’Etat,
que le nouveau Cabinet ne devait pas être
un Cabinet de combat contre une des deux
Assemblées et qu’il devait s’efforcer de rap
procher, de concilier les éléments républi
cains des deux Chambres.
M. Briand est disposé à prêter tout son
concours au nouveau ministère pour cette
œuvre d’apaisement qu’il n’a pu créer.
} Suivant des bruits persistants, à la fin de
la soirée, les noms de MM. Barthou, Stephen
Pichon, Klotz, Jean Dupuy étaient particu
lièrement. prononcés pour la succession de
M. Briand.
M. Barthou déjà plusieurs fois ministre,
paraît de beaucoup le plus qualifié et le plus
apte par ses dons personnels à entreprendre
l’œuvre difficile et délicate qui s’imposera
au nouveau cabinet.
: Si le choix de M. Poincaré se porte sur M.
Barthou, celui-ci fera vraisemblablement ap
pel à la collaboration de MM. Pichon, Klotz
et Jean Dupuy.
M. Poincaré ne prendra de décision au su
jet du futur chef du ministère qu’après la
séance de la Chambre, aujourd’hui jeudi.
j pero=-=-=====-==-==-==
L’Assassinat du Roi de Grèce
Le meurtrier est un détraqué
Salonique. — L’enquête ouverte par le
rocureur du roi sur le meurtrier du roi de
rece a démontré que l’assassin est un misé
rable détraqué, désavoué par sa famille.
L’assassin a déclaré avoir adressé il y a peu
de temps une pétition au roi pour lui de
mander de l’argent et il lui avait tenu ran
cune parce que cette demande lui fut ren
voyée.
Le deuil est général à Salonique où le cal
me est complet.
A Salonique
Athènes. — On mande de Salonique que
le commandant de la place a prescrit aux
chefs de corps d’inviter les officiers à prêter
serment au nouveau roi.
Le corps du roi a été déposé dans un salon
de la villa Hadjilazcovo.
Les autorités civiles et militaires ont défilé
devant le cercueil.
• Une garde d’honneur veille le corps.
Le prince Nicolas a envoyé une proclama
tion à l’armée annonçant l’avènement du
nouveau roi.
: Le roi Constantin a également adressé à
l’armée un message annonçant son avène
ment.
• L’émotion à Londres
Londres. — L’assassinat du roi Georges a
produit en Angleterre la plus douloureuse
émotion.
Tous les drapeaux sont en berne.
Le roi et la reine Alexandra ont reçu des
télégrammes de sympathie de tous les points
du globe.
La cour prendra probablement le deuil
pendant un mois.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
P
Au Conseil Municipal de Paris
Au Conseil municipal de Paris, M. Jean
Varenne, au nom de plusieurs de ses collè
gues, a demandé le scrutin pour un ordre
du jour invitant les élus de la Seine au Par
lement à voter en faveur du maintien du
principe d'une réforme électorale avec re
présentation des minorités basée sur le quo
tient calculé d’après le nombre des votants.
Par 73 voix contre zéro, l’ordre du jour
présenté par M. Varenne a été adopté.
. ... nu nrîîrnn rWP%| Ces forces navales ont pour mission, pa-
LES OBSEQUES DU GENERAL ANDRE s rait-il, de protéger les côtes albanaises. ’
Dijon. — Les obsèques du général André
auront lieu samedi matin, à 9 heures et de-
mie.
L’inhumation se fera au cimetière de Dijon
lans un caveau de famille.
PROMOTION DE GÉNÉRAUX
Sont promus :
Au grade de général de division, le général
de brigade Baret, commandant par intérim
la 18e division d’infanterie.
• Au grade de général de brigade, les colonels
Bidon, gouverneur de Dunkerque ; Pierron,
du 52e d’infanterie ; Pellarin, commandant
par intérim l’artillerie da 9e corps ; Blanc,
du 2e tirailleurs algérien ; Wirbel, comman
dant par intérim la 77e brigade d’infanterie ;
Duplessis, commandant par intérim la 4e
brigade d’infanterie ; Stoffel, comman
dant par intérim la brigade de cavale
rie du 14« corps ; Bernard, commandant par
intérim l’artillerie en Algérie ; Rocques,
commandant par intérim la 24e brigade
d’infanterie.
NEW-YORK, 19 MARS
Cotons i mars, hausse 3 points ; mai,
hausse 3 points ; juillet, hausse 3 points ;
octobre, hausse 3 points. — Calme.
Cafés : baisse 34 à 29 points.
NEW-YORK, 19 MARS
t 10 10u:
6. Kï«b;xt
Cuivre Standard disp.
14 37
14 37
— mai
14 31
44 37
Amalgamat. Cop,..
68 »/»
68 3/8
Fer
17 59
17 50
CHICAGO, 1
9 MARS
C. DU JOUR
C. PREGED
Blé sur
Mai
89 5/8.
88 3/4
— _ee
Juillet....
89 1.8
88 1/2
Maïs sur
Mai
52 7'8
52 1,8
— . 2
Juillet....
51 »/»
53 1/2
Saindoux sur.
Mai
10 62
10 70
—
Juillet....
10 55
10 62
TABLEAU D’AVANGEMENT
Est inscrit à la suite du tableau d’avance
ment pour 4913, pour le grade de capitaine
(avec le numéro 6), M. Jacquin, du 129e d’in
fanterie.
L'AÉRONAUTIQUE MILITAIRE
EN ANGLETERRE
Londres. — A la Chambre des communes,
le colonel Seely explique que le corps de
l’aéronautique comporte 126 officiers et 620
hommes et qu’en mai il y aura 148 aéro
planes, les meilleurs du monde, pouvant
faire du 130 kilomètres à l’heure.
Le ministre donne l’assurance que l’An
gleterre peut repousser une invasion sans
qu’il soit nécessaire pour cela de mobiliser
un million d’hommes. Il compte sur la va
leur des troupes régulières.
---=9--=-=
UN AVIATEUR TOMBE DANS LE LAC
DE LUGANO
Lugano. — L’aviateur Pietro Primavesi,
parti de Milan hier après-midi, passait au-
dessus du lac de Lugano, quand son appareil
hauteur de cent mètres
fut précipité d'une
dans le lac.
On n’a retrouvé que des débris de l’hélice
flottant sur l’eau.
•===erpoo=ee=
UN DIRIGEABLE MILITAIRE ALLEMAND
DÉTRUIT
CARLSRUHE. — Le dirigeable militaire Er
satz L-Z en atterrissant hier après-midi sur
le terrain de manœuvres, s’est par suite de
la violence du vent, brisé en deux.
orSResnns"
Deux incidents austro-monténégrins
Cettigné, 19 mars.
Deux incidents viennent de surgir entre
l’Autriche et le Monténégro. Les autorités
monténégrines ayant récemment fait arrêter
un prêtre catholique à Ipek et ce prêtre
étant mort peu de temps après à Diakova,
l’Autriche a chargé l’archevêque de Prizrend
et le vice-consul autrichien de cette ville de
procéder à une enquête. Le Monténégro a
accepté l'enquête ecclésiastique, mais a dé
claré au gouvernement autrichien qu’il ne
reconnaît pas au vice-consul le droit d’y
prendre part.
Le second incident est relatif à la saisie
d’un navire autrichien à Saint-Jean-de-Medua
par les autorités monténégrines qui ont fait
débarquer les marchandises du navire et re
tenu l’équipage à terre.
Il est possible que ces incidents soient uti
lisés par l’Autriche comme le fut celui du
consul Prochaska. On sait que l’Autriche dé
sire faire lever le siège de Scutari dont le
bombardement a repris ces jours derniers.
On dit que le gouvernement autrichien se
concerte en ce moment même avec le gou
vernement italien sur la rédaction d’une
note conjointe destinée, dit-on, à rétablir la
paix et .dans laquelle les deux gouverne
ments insisteront pour que le siège soit levé
par le Monténégro.
Deux Divisions de la Flotte auetro-
hongroise dans les Eaux albanaises
Berlin, 19 mars.
On mande de Pola que la nuit dernière,
sur un ordre venu de Vienne, deux divisions
de la flotte austro hongroise sont parties dans
la direction du sud.
La première division est placée sous les
ordres du contre-amiral Njovan. La seconde
division, composée du grand croiseur Saint-
Georges et du petit croiseur Spaum, est com
mandée par le contre-amiral Fiedler.
Une division de torpilleurs suivra aujour
d’hui.
Démenti officieux Serbe
Belgrade, 49 mars.
Un communiqué déclare que les nouvelles
publiées par la Gazette de Francfort et la Ga
zette de Cologne sur la fusillade de six cents
Albanais environ à Uskub et à Prizrend et
sur les soulèvements d’Albanais de la région
de Liouma, ainsi que sur les traitements
inhumains infligés à des Albanais, sont abso
lument fausses et fabriquées de toutes piè
ces. Ces nouvelles sont d’autant plus erro
nées que les populations albanaises vivent
en paix avec les Serbes. Seules quelques pe
tites bandes errent encore et naturellement
sont traitées d’après les lois de la guerre. La
Serbie repousse énergiquement ces nouvelles
tendancieuses.
Les négociations roumano -bulgares
Bucarest, 19 mars.
On annonce que les négociations de la mé
diation entre la Roumanie et la Bulgarie ne
commenceront que la semaine prochaine.
N’est-ce pas une victoire à la Pyrrhus
que les radicaux anti-proportionnalistes ont
remportée hier contre M. Briand ?
D’abord, au lendemain de l’événement,
M. Briand ne fait pas figure d'un vaincu.
Un même sentiment se dégage de tous les
jugements que nous trouvons dans la
presse :
M. Aristide Briand ne sort pas diminué,
mais grandi par le vote sénatorial.
Ses exécuteurs, au contraire, paraissent
déjà embarrassés de leur victoire. Aucun
ne semble savoir clairement ce qu’il en
fera.
La plupart, après ce grand coup d’épée,
essuient la lame et reviennent à la conci
liation.
C'est le Radical, le premier, qui la prê
che :
Nous n’allons pas à un ministère de combat et
de défaite, mais à un ministère de réalisations et
de transaction entre républicains.
Il réalisera notamment, et à bref délai, la ré
forme électorale. Le Sénat, en effet, pas plus que
sa Commission, n’est intransigeant. A maintes
reprises, les orateurs majoritaires les plus quali
fiés, et au dernier moment encore M. Peytral, se
sont déclarés déci iés à faire leur part aux mino
rités.
Cette part leur sera faite. Nous y pousserons
quant à nous de toutes nos forces, fideles à l’at
titude que nous avons constamment observee,
depuis les jours où nous secondions, en juillet
1911, les efforts de la Commission des Seize. Dans
Sa victoire comme dans la défaite, nous restons
persuadés que l’on peut, sans rien abdiquer du
principe majoritaire, donner largement satisfac
tion aux proportionnalistes républicains.
C’est aussi la conclusion de V Aurore :
II nous faut un gouvernement capable de re“
faire l’union républicaine, capable de montrer aux
uns comme aux autres, proportionnalistes et ma
joritaires républicains, que l’heure a sonné d’une
transaction, et que cette transaction est non seu
lement indispensable au point de vue parlemen
taire, mais absolument urgente au point de vue
strictemeni républicain.
Et la Lanterne elle-même :
De quoi demain sera-t-il fait ! La crise constitu-
tionnelle va-t-eüe s’ouvrir après la crise ministé
rielle ? Le jeux des réactionnaires sera sans doute
de pousser à l’extrême le trouble du moment,mais
il appartient aux républicains vigilants de déjouer
les manœuvres désespérées de ceux qui trouvè
rent. dans la R. P. un incomparable brandon de
discorde républicaine.
Désaccord aujourd’hui, accord demain peut-être.
Mais alors, pourquoi tout ce fracas, pour
quoi la condamnation de M. Briand.
La conclusion qu’en tire le Journal est
toute naturelle:
Si le Sénat n’a pas voulu écouter les paroles
d’union de M Briand, le pays les entendra et les
approuvera. Battu au Luxembourg, le président
du Conseil conserve avec lui l’opinion publique,
qui comprendra mal les raisons d’une crise inté
rieure ouverte délibérément devant l’Europe in
quiète, attentive, armée. Sa défaite ne diminue
pas M. Briand. Elle le grandit.
Et ne ressort-il pas de ces tardives ré
flexions que la question mère du conflit, la
nécessité de s’entendre entre républicains
sur la réforme électorale, fut étouffée par
de plus mesquines préoccupations, par
l’idée de prendre revanche, comme nous
le disions hier, de l’élection du 17 janvier
dernier, à laquelle contribua puissamment
M. Briand.
Auquel cas, les adversaires du Cabinet
auraient travaillé pour M. Gustave Hervé,
qui écrit dans la Guerre sociale :
La seule chose qui intéresse le pays dans la
chute du ministère, il ne faut pas se le dissimuler,
à l’heure actuelle, c’est de savoir si la loi de trois
ans est par terre en même temps que Briand.
Ne nous réjouissons pas trop.
La chute du ministère pourrait être un coup
mortel pour les trois ans; mais le nationaliste
que l’on vient d’élever à la présidence de la Ré-
publique est bien capable, si erpéiste qu’il soit,
de nous donner quelque ministère Etienne, dont
l’unique programme sera de faire voter la loi de
trois ans.
La parole est maintenant à la Chambre
des députés et au président de la Répu
blique.
A eux de recoudre ce que le Sénat a si
imprudemment décousu.
Hippolyte FÉNOUX.
@=eu=tRe=STSesEenenSEYCCTETERCSERSSESTTSRNNSN
Le Départ de M. Delcassé
M. Delcassé a quitté Paris hier après-midi,
à 1 h. 45, parle Nord-Express, se rendant à
Saint-Pétersbourg, où il va prendre son pos
te d’ambassadeur de France.
Il a été salué à son départ par MM. Isvols-
ki, ambassadeur de Russie à Paris ; Mollard,
chef du protocole, représentant le ministre
des affaires étrangères, et par un grand nom
bre d’amis et de membres du Parlement,
parmi lesquels : MM. Pams, Michel, Vermo-
rel, Reynald, sénateurs ; Massé, Constant,
Leboucq, Fournol, Le Cherpy, Monprofit,
Bluysen, Dalimier, Maunoury, Milliaux,
Guernier, Chevilion, Fayssat, Binet, députés ;
Alphand, Marcel, anciens chefs du cabinet
de M. Delcassé au ministère de la marine,
etc., etc.
Au moment où le train s’est mis en mar
che, une chaleureuse ovation a été faite au
nouvel ambassadeur de France à Saint-Pé
tersbourg qui, debout à la portière de son
wagon-salon, saluait et répondait en sou
riant aux souhaits de bon voyage.
Mme Delcassé n’ira rejoindre son mari à
Saint- Pétersbourg que dans un mois, lors
que son fils sera complètement rétabli.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HIHRAITIS ITETHATIOHRLE
108, rue St-Lazare, 108
(immeuble de PHOTEL TERMINUS)
(de notre CORRESPONDANT particulier)
Paris, 19 mars.
Presque désert pendant tout le temps qu’a
duré, au Luxembourg, la grande bataille sur
la réforme électorale, le Palais-Bourbon a
retrouvé aujourd’hui toute son animation.
La Chambre ne siège pas cependant, mais
les députés, encore sous le coup de l’émo
tion causée par le vote du Sénat, sont venus
en toute pour s’entretenir des graves consé
quences que ce vote peut entraîner au point
de vue politique.
Quelle que soit l’opinion à laquelle on
appartienne, tout le monde s’accorde à re
connaître que la situation créée par la déci
sion de la Haute-Assemblée est pleine de
difficultés, sinon de périls.
C’est le gâchis, dit-on de tous côtés, gâchis
dont il ne sera pas facile de sortir. Jamais,
en effet, une crise ministérielle ne s’est ou
verte dans de pareilles conditions et la suc
cession du cabinet Briand, formé le 21 jan
vier, anniversaire de la mort de Louis XVI,
renversé le 18 mars, anniversaire de la pro
clamation de la Commune, sera lourde pour
ceux qui vont être appelés à la recueillir.
Dressées l’une contre l’autre par le vote
d’hier, profondément divisées sur une ques
tion politique de cette importance, les deux
assemblées ne semblent pas disposées à mo
difier du jour au lendemain leur attitude et
le cabinet qui viendra ne parviendra pas fa
cilement à les mettre d’accord, à opérer le
rapprochement que M. Briand, malgré tout
son talent, malgré son évident désir de con-
ciiier a été impuissant à réaliser.
Ce qui complique encore la situation, c’est
que le ministère, contrairement aux habitu
des a été renverse par un vote du Sénat
tandis qu’à la Chambre, il avait encore la
majorité.
Deux fois seulement le fait s’est produit
depuis un quart de siècle : en 1890, d’abord,
lorsque le cabinet Tirard tomba au Luxem
bourg sur la question des relations commer
ciales avec la Turquie, en 1896, ensuite, quand
le cabinet Bourgeois se vit refuser par la
Chambre haute les crédits de Madagascar.
Ces deux précédents, on les rappelait au
jourd’hui dans les couloirs du Palais-Bour
bon, où une vive irritation se manifestait
contre les pères conscrits. Les arrondisse-
mentiers applaudissaient, cela va sans dire,
au vote de la Haute-Assemblée ; mais la ma
jorité proportionnaliste, dont la volonté, af
firmée à maintes reprises, a été méconnue
au Luxembourg, veut mener une campagne
ardente contre les élus du suffrage restreint
qui viennent de s’insurger contre les déci
sions des représentants du suffrage univer
sel, et cela dans une question où ces der
niers sont directement intéressés.
De nouveau, on va entendra retentir le
vieux cri de guerre de Madier de Montjau :
« Sus au S nat ! », avec cette différence, tou
tefois, qu’il sera poussé aujourd’hui par le
centre, par la droite, par les radicaux modé
rés, alors que la Haute-Assemblée sera dé-
fendue par l’extrême-gauche où se recru
taient jadis ses pires adversaires.
Ce renversement des rôles, aussi curieux
qu’anormal, n’est pas précisément fait pour
éclaircir la situation...
Cette première journée de crise n’a été,
comme toujours, et ne pouvait être, surtout
dans les circonstances actuelles, qu’une
journée d’attente.
M. Poincaré a conféré avec M. Briand, a
consulté, selon la tradition constante, les
présidents du Sénat et de la Chambre, puis
a prié M. Léon Bourgeois de venir causer
avec lui, mais, de ces entretiens, rien n’a
transpiré.
Que M. Briand ait conseillé au président
de la République, de constituer un cabinet
dont la mission principale serait de tenter
une réconciliation entre les deux Assemblées
sur la question de la réforme électorale et
de faire voter les projets militaires, il n’est
pas besoin de beaucoup de perspicacité pour
le deviner ; que M. Poincaré ait désiré s’en
tretenir avec M. Léon Bourgeois, dont l’au
torité est grande au Palais Bourbon comme
au Luxembourg, et qui par son abstention
dans le vote d’hier, n’est engagé ni dans un
sens, ni dans l’autre, cela n’a rien que de
fort naturel.
Ce qui est moins véridique, ce sont les in
tentions, les projets qu’on prête à M. Poin
caré, lequel n’a fait, vous pensez bien, de
confidences à personne.
Les noms qu’on met en avant pour la pré
sidence du Conseil et pour certains porte
feuilles sont ceux de MM. Bourgeois et Ri-
bot, de MM. Barthou et Jean Dupuy, de MM.
Etienne et Clémenceau.
Les indications que l’on prétend pouvoir
donner sur l’orientation politique ou la com
position du futur cabinet sent autant de pa
roles en l’air.
Ce n’est pas en une journée qu’une crise
comme celle qui vient de s’ouvrir peut se
dénouer, surtout lorsque, à tort ou à raison,
on considère le vote d’hier comme une ma
nifestation du Sénat destinée à atteindre à
travers le cabinet aujourd’hui démission
naire, la personnalité même du président
de la République, comme une revanche du
17 janvier.
Les rares sénateurs qu’on rencontrait au
jourd’hui dans les couloirs du Luxembourg,
aussi paisibles maintenant qu’ils étaient agi
tés pendant ces derniers jours, ceux là qui
furent au premier rang de la bataille d’hier,
s’en défendaient énergiquement.
Et puis, que va faire la Chambre qui siège
demain ? Votera-t-elle la motion rédigée par
le groupe proportionnaliste ou adoptera-t
elle, au contraire celle que les radicaux so
cialistes et un grand nombre de républicains
antiproportionnalistes vont lui opposer ?
Ces motions même seront elles mises aux
voix? On n’en sait rien.
Les motions seraient, dit-on, jugées in
constitutionnelles par M. Deschanei et com
me M. Charles Benoist est naturellement
d'un avis contraire elles auront pour pré-
Inde un débat réglementaire qui promet
d être assez vif.
D’autre part, on assure qu’un certain nom
bre de proportionnalistes qui assistaient à la
réunion d’aujourd’hui,
les conséquences graves
couler de l’antagonisme
Assemblées.
C’est dans une pensée
hésiteraient devant
qui pourraient dé
prolongé des deux
d’apaisement, dans
un sentiment patriotique, qu’ils seraient as
sez enclins à laisser dormir pour l’instant la
réforme électorale, autrement dit, à accepter
un ajournement.
A leur avis, puisque le fossé qui sépare les
deux partis en pré-ence, qui se creuse entre
les deux Assemblées, semble si difficile à
combler, le mieux serait de s’en remettre au
pays, et comme l’idée d’une dissolution ne
rencontrera pas beaucoup de partisans, d’al
ler aux élections de l’an prochain avec le
mode actuel de scrutin, en prenant pour
plateforme, pour tremplin électoral, la ques
tion de la proportionnelle.
De cette façon, c’est le pays lui-même qui
rendrait sa sentence et, quel que fût ce ver
dict, il n’y aurait plus ensuite qu’à s’incli
ner.
T. H.
A l'Ælgsée
M. Briand s’est rendu hier,
à midi, à
l’Elysée et a conféré avec le président de la
République pendant une demi-heure envi
ron.
Avant et après cet entretien, M. Briand
avait reçu au ministère de l’intérieur plu
sieurs de ses collègues du cabinet démis
sionnaire : MM. Jean Dupuy, Barthou et Jon-
nart.
M. Poincaré, suivant la tradition, a fait ap-
eler les présidents des Chambres dans
après-midi, pour les consulter sur la situa
tion parlementaire.
Il a reçu à deux heures M. Antonin Du-
bost, président du Sénat, et à trois heures,
M. Paul Deschanei, président de la Chambre.
Après ces conférences, M. Poincaré a re
çu de nouveau M. Briand, à la fin de l’après-
midi.
L’Impression a F’Etranger
EN ALLEMAGNE
Les commentaires sur la séance du Sénat
et la chute du Cabinet Briand sont dans la
presse nombreux et abondants. L’impression
dominante est que le projet de rétablisse
ment du service de trois ans est gravement
compromis.
Le correspondant parisien de l’agence
Wolf télégraphie :
On entend de nombreux côtés exprimer la certi
tude que la chute du Cabinet a rendu peu sûr le
succès de la loi de trois ans.
Le correspondant parisien de la Deutsche
Tageszeitung, agrarienne, télégraphie :
Le ministère tombe victime du projet militaire.
La chose est d’autant plus étonnante que la situa
tion internationale est à cette heure assez trou-
blée pour qu’on puisse croire que la France aurait
hésité à consentir le cœur léger à un changement
de Cabinet. Une très forte opposition règne dans
le Parlement contre le rétablissement de la loi da
trois ans.
Le correspondant parisien du Vorwaerts,
socialiste, télégraphie :
Cette crise ministérielle enlève aux partisans de
la loi militaire tout espoir de la faire voter à
grande allure.
Le correspondant parisien de la Gazette de
Voss, radicale, télégraphie :
On n’a pas besoin c’être aussi pessimiste que
ceux qui aujourd’hui répétaient dans les couloirs
de la Chambre que c’était une crise présiden
tielle. Cependant, on ne saurait se dissimuler la
gravité de la situation.
Le Courrier de la Bourse, radical, écrit :
Cette chute du cabinet a plus d’importance que
toutes celles qui se produisirent en France dans
le cours de ces dernières années. La discussion
de la loi militaire est imminente. On s’était atten
du à une très forte opposition lors de ce débat.
On ne croyait pas cependant que le gouvernement
se retirerait dès la discussion sur la réforme élec
torale.
Comme on voit, la presse allemande trou
ve dans la chute du Cabinet une raison nou
velle pour étayer ses espérances d'un échec
final du service de trois ans, la seule mesure
militaire prise par la France en réponse aux
armements allemands dont l’Allemagne soit
sérieusement préoccupée.
EN ANGLETERRE
La chute du Cabinet Briand, au moment
où la situation internationale est particuliè
rement délicate, a produit ici une pénible
impression.
Le discours de M. Clémenceau, dit le Times, in
dique qu’au-dessous de ce que peut apercevoir le
spectateur ordinaire, il y a bien des cournts et
des contre-courants, des questions de parti, des
questions personnelles, des vieilles rancunes à
régler. Aussi est-ce avec plus de regret que de
surprise que l’on peut prévoir une suite de com
binaisons instables et de ministères a courte vie.
Heureusement ce n’est pas là une situation sans
précédent, et nous devons espérer que le grand
bon sens et le patriotisme du peuple français sau
ront sauvegarder les intérêts vitaux du pays.
s
* *
Le troisième cebinet EZraste
Le troisième cabinet de M. Aristide Briand
a duré un peu moins de deux mois. C’est,
on le sait, au lendemain de l’élection de M.
Raymond Poincaré, le 48 janvier dernier,
que M. Fallières confia au député de la Loire
la mission de former le nouveau cabinet,
qui fut officiellement constitué le 24 janvier.
Garde des sceaux dans le cabinet de M.
Poincaré le 15 janvier 1942, M Briand est
resté au pouvoir sans interruption, soit com
me ministre, soit comme chef du gouverne
ment, pendant un peu plus de quatorze
mois.
La carrière ministérielle de M. Briand date
du 44 mars 1906. Il entra alors comme mi
nistre de l’instruction publique dans le ca
binet de M. Sarrien, dont faisait partie éga
lement M. Clémenceau.
A la retraite deM. Sarrien, son successeur,
M. Clemenceau, demanda à M. Briand de
conserver le portefeuille de l’instruction pu
blique. Il passa au ministère de la justice à
la mort de Guyot-Dessaigne.
Le premier cabinet Briand, formé le 25
juillet 1909, à la chute de M. Clemenceau, ne
se démit qu’au 3 décembre 1940, à la suite
de la grève des cheminots. M. Briand forma
alors un nouveau cabinet qui dura jusqu au
3 mars 1914
Les Circonstances du Crime
Salonique, 19 mars.
En sortant du palais de son fils le prince
Nicolas, le roi Georges rentrait à pied et sui
vait la principale promenade de Salonique
en compagnie de son aide de camp le colo
nel Francoudis, lorsque un coup de feu re
tentit derrière eux. L’aide de camp du roi
se retourna et saisit à la gorge un homme
qui était à deux pas derrière le roi et tenait
à la main un revolver. Il le maîtrisa, et quel
ques instants après deux gendarmes qui sui
vaient le souverain à une assez longue dis
tance s’en emparaient. Le roi s’était affaissé
sur le sol ; on le releva et le
une voiture de place pour le
l’hôpital militaire situé dans
mais il ne tarda pas à expirer
d’être arrivé à destination.
La balle était entrée sous
déposa dans
transporter à
le voisinage,
avant même
l’omoplate et
sortie par l’estomac. Une hémorragie abon
dante s’était produite et la croix en dia
mants que le roi portait toujours sur la poi
trine était couverte de sang.
Le prince Nicolas, gouverneur militaire,
les généraux, les autorités, des officiers de
tous grades accoururent à l’hôpital.
Au milieu d’un silence religieux, le prince
Nicolas, gouverneur militaire, annonça aux
officiers la mort du souverain et leur fit prê
ter serment au nouveau roi Constantin. Les
assistants poussèrent des cris de « Vive le
roi ! »
Le prince Nicolas était le seul membre de
la famille royale qui tût présent. On sait que
le diadoque, aujourd’hui roi de Grèce, est en
Epire, ou il commande l’armée qui vient de
prendre Janina.
Un ordre complet règne dans la ville, où
le roi était très aimé. La population est en
deuil.
Le ministre, M. Raktivan, représentant la
gouvernement a lancé une proclamation au
peuple annonçant le deuil qui frappe la
Grèce et faisant connaître que le serment de
fidélité a été prêté au roi Constantin.
Athènes, 19 mars.
Des témoins oculaires fournissent sur l’as
sassinat du roi, les détails suivants :
L’assassin était caché à l’angle de la rue
Aghiarias et de l’avenue des Campagnes,
près du commissariat de police du quartier.
Le roi, revenant de faire une promenade, se
dirigeait vers le palais. Dès qu’il eut franchi
le coin de la rue, l’assassin tira sur lui, à la
distance de deux pas, avec un revolver, un
premier coup. Le colonel Francoudis, aide
de camp du roi, qui marchait à côté de ce
lui-ci, voulut se servir de son revolver ;
l’assassin tira alors sur lui, mais le coup
rata.
Deux gendarmes crétois qui suivaient le
roi s’élancèrent sur l’assassin et l’arrêtèrent
sans qu’il opposât aucune résistance. Des
soldats qui passaient s’étaient du reste joints
aux gendarmes.
L’aide de camp, dès qu’il vit l’assassin ar
rêté, se tourna vers le roi, qu'il ne croyait
pas atteint ; mais Georges I er était tombé, à
demi évanoui, devant la boutique d’un épi
cier, qui s’empressait pour le relever. Il ne
prononça pas une parole ; des soldats le
transportèrent dans leurs bras à l’hôpital.Le
pavé ne portait aucune trace de sang.
L’assassin, fouillé, fut trouvé porteur de
quelques notes et de cartouches de revolver.
Il demanda à être conduit au commissariat
et déclara se nommer Skina.
Selon des renseignements fournis par un
camarade de l’assassin, celui-ci aurait vé
cu plusieurs années à l’étranger ; il serait
revenu à Salonique après l’occupation grec
que.
L’Assassin
Salonique. 19 mars.
L’assassin du roi Georges s’appelle Alexan
dre Skina. Âgé d’une quarantaine d’années,
il serait Grec et appartiendrait à l’associa-
tion socialiste de Volo. On dit qu’il aurait
expliqué son acte en déclarant qu’il avait été
réduit au désespoir par la maladie et le be
soin. Il semblerait dans ce cas qu’on se trou-
ve en présence de l’acte d'un déséquilibré.
A un officier qui lui demandait s’il n’avait
pas pitié de son pays, il a répondu : « Je suis
socialiste ».
n’avait
Une enquête minutieuse est ouverte tant
sur l’identité de l’assassin que sur les mobi
les du crime et la question de savoir s’il s
eu des complices.
Le roi Georges de Grèc9
Notes Biographiques
Le roi dos Hellènes n’était pas un inconnt
pour les Français.
Chaque été, depuis fort longtemps, il avait
coutume de passer quelques semaines à
Aix-les-Bains pour y prendre les eaux et
goûter, loin du pouvoir et de ses soucis, un
repos mérité. Le roi Georges était très popu
laire à Aix-les-Bains. Il prenait, à toutes les
fêtes qui s’y donnent pendant la saison, une
part active. Chaque soir, en outre, ou pres
que, il faisait dans les salles de jeu une ap
parition. Jamais il ne risquait lui-même le
moindre louis. Adversaire des jeux de ha
sard, il tenait à demeurer conséquent avec
ses principes, mais il ne lui déplaisait pas
d’assister aux grosses parties qui se dérou
lent au mois d’août à la Villa des Fleurs.
Accompagné d’une suite fort peu appa
rente il ne se distinguait en rien du com
mun des baigneurs. Et les personnes non
averties ne se doutaient pas, à frôler cet
homme élégant, mince, grand, blond ef
chauve, qu'elles bousculaient Georges ier,
roi des Hellènes. Le roi lui-même était d’ail
leurs le dernier à prendre ombrage de ces
familiarités. Il avait plaisir, au contraire, à
passer inaperçu, à dîner sans aucune forma
lité protocolaire au restaurant du cercle, à
flâner au hasard, reconnu seulement par les
clients ordinaires d’Aix-les-Bains. Très bien
faisant, très cordial, il était sincèrement ai
mé dans la jolie stationsavoisienne. La triste
nouvelle de son assassinat nesera pas moins
cruellement ressentie dans sa résidence d’été
que dans son pays même.
Le roi défunt était le second fus du feu roi
Christian de Danemark. Né le 24 décembre
1845 il avait par conséquent dix-sept ans
seulement quand on lui offrit la couronne
de Grèce. La même année, sa sœur, mainte
nant la reine Alexandra, épousait le roi
Edouard. alors prince de Galles.
La Grèce avait recouvré son indépendance
en 1828 : mais il lui manquait un roi. On lui
donna d’abord le prince Othon de Bavière, le
prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, plus
tard roi des Belges, ayant refusé le trône.
Mais le roi Othon fut dépossédé en 186- au
lendemain d’une révolte militaire. Le trône
de Grèce était de nouveau à pourvoir.
1 L’Assemblée nationale l’offrit d abord at
WH,Si!
S Centimes
CDITION DU MATIN — 5 Centimes
(6 Pagest
Jeudi 20 Mars 1943
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Adresser tout ce qui concerne l’Administration
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16 a
1 fl
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PARIS, TROIS HEURES MATIN
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LONDRES, 19 Mars, Dépêche de 4 h. 36
CUIVRE 1
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE-
calme
£ 64 2/6
7/6
Comptant .. 1
3 mois 1
£ 64 10/-
7/6
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calne
£ 209 15/-
5/-
3 mois '
£206 10/-
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Cenptant ..
calme
£ 64/10 %
3 d
3 mois ;
£ 62/-
2 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
lu 18 mars 1913.
Deë formese le
neotveee Cabinet F
On peut considérer que tous les hommes
politiques que le président de la République
a vus aujourd’hui ont exprimé leur avis,
conforme d’ailleurs à celui du chef de l’Etat,
que le nouveau Cabinet ne devait pas être
un Cabinet de combat contre une des deux
Assemblées et qu’il devait s’efforcer de rap
procher, de concilier les éléments républi
cains des deux Chambres.
M. Briand est disposé à prêter tout son
concours au nouveau ministère pour cette
œuvre d’apaisement qu’il n’a pu créer.
} Suivant des bruits persistants, à la fin de
la soirée, les noms de MM. Barthou, Stephen
Pichon, Klotz, Jean Dupuy étaient particu
lièrement. prononcés pour la succession de
M. Briand.
M. Barthou déjà plusieurs fois ministre,
paraît de beaucoup le plus qualifié et le plus
apte par ses dons personnels à entreprendre
l’œuvre difficile et délicate qui s’imposera
au nouveau cabinet.
: Si le choix de M. Poincaré se porte sur M.
Barthou, celui-ci fera vraisemblablement ap
pel à la collaboration de MM. Pichon, Klotz
et Jean Dupuy.
M. Poincaré ne prendra de décision au su
jet du futur chef du ministère qu’après la
séance de la Chambre, aujourd’hui jeudi.
j pero=-=-=====-==-==-==
L’Assassinat du Roi de Grèce
Le meurtrier est un détraqué
Salonique. — L’enquête ouverte par le
rocureur du roi sur le meurtrier du roi de
rece a démontré que l’assassin est un misé
rable détraqué, désavoué par sa famille.
L’assassin a déclaré avoir adressé il y a peu
de temps une pétition au roi pour lui de
mander de l’argent et il lui avait tenu ran
cune parce que cette demande lui fut ren
voyée.
Le deuil est général à Salonique où le cal
me est complet.
A Salonique
Athènes. — On mande de Salonique que
le commandant de la place a prescrit aux
chefs de corps d’inviter les officiers à prêter
serment au nouveau roi.
Le corps du roi a été déposé dans un salon
de la villa Hadjilazcovo.
Les autorités civiles et militaires ont défilé
devant le cercueil.
• Une garde d’honneur veille le corps.
Le prince Nicolas a envoyé une proclama
tion à l’armée annonçant l’avènement du
nouveau roi.
: Le roi Constantin a également adressé à
l’armée un message annonçant son avène
ment.
• L’émotion à Londres
Londres. — L’assassinat du roi Georges a
produit en Angleterre la plus douloureuse
émotion.
Tous les drapeaux sont en berne.
Le roi et la reine Alexandra ont reçu des
télégrammes de sympathie de tous les points
du globe.
La cour prendra probablement le deuil
pendant un mois.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
P
Au Conseil Municipal de Paris
Au Conseil municipal de Paris, M. Jean
Varenne, au nom de plusieurs de ses collè
gues, a demandé le scrutin pour un ordre
du jour invitant les élus de la Seine au Par
lement à voter en faveur du maintien du
principe d'une réforme électorale avec re
présentation des minorités basée sur le quo
tient calculé d’après le nombre des votants.
Par 73 voix contre zéro, l’ordre du jour
présenté par M. Varenne a été adopté.
. ... nu nrîîrnn rWP%| Ces forces navales ont pour mission, pa-
LES OBSEQUES DU GENERAL ANDRE s rait-il, de protéger les côtes albanaises. ’
Dijon. — Les obsèques du général André
auront lieu samedi matin, à 9 heures et de-
mie.
L’inhumation se fera au cimetière de Dijon
lans un caveau de famille.
PROMOTION DE GÉNÉRAUX
Sont promus :
Au grade de général de division, le général
de brigade Baret, commandant par intérim
la 18e division d’infanterie.
• Au grade de général de brigade, les colonels
Bidon, gouverneur de Dunkerque ; Pierron,
du 52e d’infanterie ; Pellarin, commandant
par intérim l’artillerie da 9e corps ; Blanc,
du 2e tirailleurs algérien ; Wirbel, comman
dant par intérim la 77e brigade d’infanterie ;
Duplessis, commandant par intérim la 4e
brigade d’infanterie ; Stoffel, comman
dant par intérim la brigade de cavale
rie du 14« corps ; Bernard, commandant par
intérim l’artillerie en Algérie ; Rocques,
commandant par intérim la 24e brigade
d’infanterie.
NEW-YORK, 19 MARS
Cotons i mars, hausse 3 points ; mai,
hausse 3 points ; juillet, hausse 3 points ;
octobre, hausse 3 points. — Calme.
Cafés : baisse 34 à 29 points.
NEW-YORK, 19 MARS
t 10 10u:
6. Kï«b;xt
Cuivre Standard disp.
14 37
14 37
— mai
14 31
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CHICAGO, 1
9 MARS
C. DU JOUR
C. PREGED
Blé sur
Mai
89 5/8.
88 3/4
— _ee
Juillet....
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88 1/2
Maïs sur
Mai
52 7'8
52 1,8
— . 2
Juillet....
51 »/»
53 1/2
Saindoux sur.
Mai
10 62
10 70
—
Juillet....
10 55
10 62
TABLEAU D’AVANGEMENT
Est inscrit à la suite du tableau d’avance
ment pour 4913, pour le grade de capitaine
(avec le numéro 6), M. Jacquin, du 129e d’in
fanterie.
L'AÉRONAUTIQUE MILITAIRE
EN ANGLETERRE
Londres. — A la Chambre des communes,
le colonel Seely explique que le corps de
l’aéronautique comporte 126 officiers et 620
hommes et qu’en mai il y aura 148 aéro
planes, les meilleurs du monde, pouvant
faire du 130 kilomètres à l’heure.
Le ministre donne l’assurance que l’An
gleterre peut repousser une invasion sans
qu’il soit nécessaire pour cela de mobiliser
un million d’hommes. Il compte sur la va
leur des troupes régulières.
---=9--=-=
UN AVIATEUR TOMBE DANS LE LAC
DE LUGANO
Lugano. — L’aviateur Pietro Primavesi,
parti de Milan hier après-midi, passait au-
dessus du lac de Lugano, quand son appareil
hauteur de cent mètres
fut précipité d'une
dans le lac.
On n’a retrouvé que des débris de l’hélice
flottant sur l’eau.
•===erpoo=ee=
UN DIRIGEABLE MILITAIRE ALLEMAND
DÉTRUIT
CARLSRUHE. — Le dirigeable militaire Er
satz L-Z en atterrissant hier après-midi sur
le terrain de manœuvres, s’est par suite de
la violence du vent, brisé en deux.
orSResnns"
Deux incidents austro-monténégrins
Cettigné, 19 mars.
Deux incidents viennent de surgir entre
l’Autriche et le Monténégro. Les autorités
monténégrines ayant récemment fait arrêter
un prêtre catholique à Ipek et ce prêtre
étant mort peu de temps après à Diakova,
l’Autriche a chargé l’archevêque de Prizrend
et le vice-consul autrichien de cette ville de
procéder à une enquête. Le Monténégro a
accepté l'enquête ecclésiastique, mais a dé
claré au gouvernement autrichien qu’il ne
reconnaît pas au vice-consul le droit d’y
prendre part.
Le second incident est relatif à la saisie
d’un navire autrichien à Saint-Jean-de-Medua
par les autorités monténégrines qui ont fait
débarquer les marchandises du navire et re
tenu l’équipage à terre.
Il est possible que ces incidents soient uti
lisés par l’Autriche comme le fut celui du
consul Prochaska. On sait que l’Autriche dé
sire faire lever le siège de Scutari dont le
bombardement a repris ces jours derniers.
On dit que le gouvernement autrichien se
concerte en ce moment même avec le gou
vernement italien sur la rédaction d’une
note conjointe destinée, dit-on, à rétablir la
paix et .dans laquelle les deux gouverne
ments insisteront pour que le siège soit levé
par le Monténégro.
Deux Divisions de la Flotte auetro-
hongroise dans les Eaux albanaises
Berlin, 19 mars.
On mande de Pola que la nuit dernière,
sur un ordre venu de Vienne, deux divisions
de la flotte austro hongroise sont parties dans
la direction du sud.
La première division est placée sous les
ordres du contre-amiral Njovan. La seconde
division, composée du grand croiseur Saint-
Georges et du petit croiseur Spaum, est com
mandée par le contre-amiral Fiedler.
Une division de torpilleurs suivra aujour
d’hui.
Démenti officieux Serbe
Belgrade, 49 mars.
Un communiqué déclare que les nouvelles
publiées par la Gazette de Francfort et la Ga
zette de Cologne sur la fusillade de six cents
Albanais environ à Uskub et à Prizrend et
sur les soulèvements d’Albanais de la région
de Liouma, ainsi que sur les traitements
inhumains infligés à des Albanais, sont abso
lument fausses et fabriquées de toutes piè
ces. Ces nouvelles sont d’autant plus erro
nées que les populations albanaises vivent
en paix avec les Serbes. Seules quelques pe
tites bandes errent encore et naturellement
sont traitées d’après les lois de la guerre. La
Serbie repousse énergiquement ces nouvelles
tendancieuses.
Les négociations roumano -bulgares
Bucarest, 19 mars.
On annonce que les négociations de la mé
diation entre la Roumanie et la Bulgarie ne
commenceront que la semaine prochaine.
N’est-ce pas une victoire à la Pyrrhus
que les radicaux anti-proportionnalistes ont
remportée hier contre M. Briand ?
D’abord, au lendemain de l’événement,
M. Briand ne fait pas figure d'un vaincu.
Un même sentiment se dégage de tous les
jugements que nous trouvons dans la
presse :
M. Aristide Briand ne sort pas diminué,
mais grandi par le vote sénatorial.
Ses exécuteurs, au contraire, paraissent
déjà embarrassés de leur victoire. Aucun
ne semble savoir clairement ce qu’il en
fera.
La plupart, après ce grand coup d’épée,
essuient la lame et reviennent à la conci
liation.
C'est le Radical, le premier, qui la prê
che :
Nous n’allons pas à un ministère de combat et
de défaite, mais à un ministère de réalisations et
de transaction entre républicains.
Il réalisera notamment, et à bref délai, la ré
forme électorale. Le Sénat, en effet, pas plus que
sa Commission, n’est intransigeant. A maintes
reprises, les orateurs majoritaires les plus quali
fiés, et au dernier moment encore M. Peytral, se
sont déclarés déci iés à faire leur part aux mino
rités.
Cette part leur sera faite. Nous y pousserons
quant à nous de toutes nos forces, fideles à l’at
titude que nous avons constamment observee,
depuis les jours où nous secondions, en juillet
1911, les efforts de la Commission des Seize. Dans
Sa victoire comme dans la défaite, nous restons
persuadés que l’on peut, sans rien abdiquer du
principe majoritaire, donner largement satisfac
tion aux proportionnalistes républicains.
C’est aussi la conclusion de V Aurore :
II nous faut un gouvernement capable de re“
faire l’union républicaine, capable de montrer aux
uns comme aux autres, proportionnalistes et ma
joritaires républicains, que l’heure a sonné d’une
transaction, et que cette transaction est non seu
lement indispensable au point de vue parlemen
taire, mais absolument urgente au point de vue
strictemeni républicain.
Et la Lanterne elle-même :
De quoi demain sera-t-il fait ! La crise constitu-
tionnelle va-t-eüe s’ouvrir après la crise ministé
rielle ? Le jeux des réactionnaires sera sans doute
de pousser à l’extrême le trouble du moment,mais
il appartient aux républicains vigilants de déjouer
les manœuvres désespérées de ceux qui trouvè
rent. dans la R. P. un incomparable brandon de
discorde républicaine.
Désaccord aujourd’hui, accord demain peut-être.
Mais alors, pourquoi tout ce fracas, pour
quoi la condamnation de M. Briand.
La conclusion qu’en tire le Journal est
toute naturelle:
Si le Sénat n’a pas voulu écouter les paroles
d’union de M Briand, le pays les entendra et les
approuvera. Battu au Luxembourg, le président
du Conseil conserve avec lui l’opinion publique,
qui comprendra mal les raisons d’une crise inté
rieure ouverte délibérément devant l’Europe in
quiète, attentive, armée. Sa défaite ne diminue
pas M. Briand. Elle le grandit.
Et ne ressort-il pas de ces tardives ré
flexions que la question mère du conflit, la
nécessité de s’entendre entre républicains
sur la réforme électorale, fut étouffée par
de plus mesquines préoccupations, par
l’idée de prendre revanche, comme nous
le disions hier, de l’élection du 17 janvier
dernier, à laquelle contribua puissamment
M. Briand.
Auquel cas, les adversaires du Cabinet
auraient travaillé pour M. Gustave Hervé,
qui écrit dans la Guerre sociale :
La seule chose qui intéresse le pays dans la
chute du ministère, il ne faut pas se le dissimuler,
à l’heure actuelle, c’est de savoir si la loi de trois
ans est par terre en même temps que Briand.
Ne nous réjouissons pas trop.
La chute du ministère pourrait être un coup
mortel pour les trois ans; mais le nationaliste
que l’on vient d’élever à la présidence de la Ré-
publique est bien capable, si erpéiste qu’il soit,
de nous donner quelque ministère Etienne, dont
l’unique programme sera de faire voter la loi de
trois ans.
La parole est maintenant à la Chambre
des députés et au président de la Répu
blique.
A eux de recoudre ce que le Sénat a si
imprudemment décousu.
Hippolyte FÉNOUX.
@=eu=tRe=STSesEenenSEYCCTETERCSERSSESTTSRNNSN
Le Départ de M. Delcassé
M. Delcassé a quitté Paris hier après-midi,
à 1 h. 45, parle Nord-Express, se rendant à
Saint-Pétersbourg, où il va prendre son pos
te d’ambassadeur de France.
Il a été salué à son départ par MM. Isvols-
ki, ambassadeur de Russie à Paris ; Mollard,
chef du protocole, représentant le ministre
des affaires étrangères, et par un grand nom
bre d’amis et de membres du Parlement,
parmi lesquels : MM. Pams, Michel, Vermo-
rel, Reynald, sénateurs ; Massé, Constant,
Leboucq, Fournol, Le Cherpy, Monprofit,
Bluysen, Dalimier, Maunoury, Milliaux,
Guernier, Chevilion, Fayssat, Binet, députés ;
Alphand, Marcel, anciens chefs du cabinet
de M. Delcassé au ministère de la marine,
etc., etc.
Au moment où le train s’est mis en mar
che, une chaleureuse ovation a été faite au
nouvel ambassadeur de France à Saint-Pé
tersbourg qui, debout à la portière de son
wagon-salon, saluait et répondait en sou
riant aux souhaits de bon voyage.
Mme Delcassé n’ira rejoindre son mari à
Saint- Pétersbourg que dans un mois, lors
que son fils sera complètement rétabli.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HIHRAITIS ITETHATIOHRLE
108, rue St-Lazare, 108
(immeuble de PHOTEL TERMINUS)
(de notre CORRESPONDANT particulier)
Paris, 19 mars.
Presque désert pendant tout le temps qu’a
duré, au Luxembourg, la grande bataille sur
la réforme électorale, le Palais-Bourbon a
retrouvé aujourd’hui toute son animation.
La Chambre ne siège pas cependant, mais
les députés, encore sous le coup de l’émo
tion causée par le vote du Sénat, sont venus
en toute pour s’entretenir des graves consé
quences que ce vote peut entraîner au point
de vue politique.
Quelle que soit l’opinion à laquelle on
appartienne, tout le monde s’accorde à re
connaître que la situation créée par la déci
sion de la Haute-Assemblée est pleine de
difficultés, sinon de périls.
C’est le gâchis, dit-on de tous côtés, gâchis
dont il ne sera pas facile de sortir. Jamais,
en effet, une crise ministérielle ne s’est ou
verte dans de pareilles conditions et la suc
cession du cabinet Briand, formé le 21 jan
vier, anniversaire de la mort de Louis XVI,
renversé le 18 mars, anniversaire de la pro
clamation de la Commune, sera lourde pour
ceux qui vont être appelés à la recueillir.
Dressées l’une contre l’autre par le vote
d’hier, profondément divisées sur une ques
tion politique de cette importance, les deux
assemblées ne semblent pas disposées à mo
difier du jour au lendemain leur attitude et
le cabinet qui viendra ne parviendra pas fa
cilement à les mettre d’accord, à opérer le
rapprochement que M. Briand, malgré tout
son talent, malgré son évident désir de con-
ciiier a été impuissant à réaliser.
Ce qui complique encore la situation, c’est
que le ministère, contrairement aux habitu
des a été renverse par un vote du Sénat
tandis qu’à la Chambre, il avait encore la
majorité.
Deux fois seulement le fait s’est produit
depuis un quart de siècle : en 1890, d’abord,
lorsque le cabinet Tirard tomba au Luxem
bourg sur la question des relations commer
ciales avec la Turquie, en 1896, ensuite, quand
le cabinet Bourgeois se vit refuser par la
Chambre haute les crédits de Madagascar.
Ces deux précédents, on les rappelait au
jourd’hui dans les couloirs du Palais-Bour
bon, où une vive irritation se manifestait
contre les pères conscrits. Les arrondisse-
mentiers applaudissaient, cela va sans dire,
au vote de la Haute-Assemblée ; mais la ma
jorité proportionnaliste, dont la volonté, af
firmée à maintes reprises, a été méconnue
au Luxembourg, veut mener une campagne
ardente contre les élus du suffrage restreint
qui viennent de s’insurger contre les déci
sions des représentants du suffrage univer
sel, et cela dans une question où ces der
niers sont directement intéressés.
De nouveau, on va entendra retentir le
vieux cri de guerre de Madier de Montjau :
« Sus au S nat ! », avec cette différence, tou
tefois, qu’il sera poussé aujourd’hui par le
centre, par la droite, par les radicaux modé
rés, alors que la Haute-Assemblée sera dé-
fendue par l’extrême-gauche où se recru
taient jadis ses pires adversaires.
Ce renversement des rôles, aussi curieux
qu’anormal, n’est pas précisément fait pour
éclaircir la situation...
Cette première journée de crise n’a été,
comme toujours, et ne pouvait être, surtout
dans les circonstances actuelles, qu’une
journée d’attente.
M. Poincaré a conféré avec M. Briand, a
consulté, selon la tradition constante, les
présidents du Sénat et de la Chambre, puis
a prié M. Léon Bourgeois de venir causer
avec lui, mais, de ces entretiens, rien n’a
transpiré.
Que M. Briand ait conseillé au président
de la République, de constituer un cabinet
dont la mission principale serait de tenter
une réconciliation entre les deux Assemblées
sur la question de la réforme électorale et
de faire voter les projets militaires, il n’est
pas besoin de beaucoup de perspicacité pour
le deviner ; que M. Poincaré ait désiré s’en
tretenir avec M. Léon Bourgeois, dont l’au
torité est grande au Palais Bourbon comme
au Luxembourg, et qui par son abstention
dans le vote d’hier, n’est engagé ni dans un
sens, ni dans l’autre, cela n’a rien que de
fort naturel.
Ce qui est moins véridique, ce sont les in
tentions, les projets qu’on prête à M. Poin
caré, lequel n’a fait, vous pensez bien, de
confidences à personne.
Les noms qu’on met en avant pour la pré
sidence du Conseil et pour certains porte
feuilles sont ceux de MM. Bourgeois et Ri-
bot, de MM. Barthou et Jean Dupuy, de MM.
Etienne et Clémenceau.
Les indications que l’on prétend pouvoir
donner sur l’orientation politique ou la com
position du futur cabinet sent autant de pa
roles en l’air.
Ce n’est pas en une journée qu’une crise
comme celle qui vient de s’ouvrir peut se
dénouer, surtout lorsque, à tort ou à raison,
on considère le vote d’hier comme une ma
nifestation du Sénat destinée à atteindre à
travers le cabinet aujourd’hui démission
naire, la personnalité même du président
de la République, comme une revanche du
17 janvier.
Les rares sénateurs qu’on rencontrait au
jourd’hui dans les couloirs du Luxembourg,
aussi paisibles maintenant qu’ils étaient agi
tés pendant ces derniers jours, ceux là qui
furent au premier rang de la bataille d’hier,
s’en défendaient énergiquement.
Et puis, que va faire la Chambre qui siège
demain ? Votera-t-elle la motion rédigée par
le groupe proportionnaliste ou adoptera-t
elle, au contraire celle que les radicaux so
cialistes et un grand nombre de républicains
antiproportionnalistes vont lui opposer ?
Ces motions même seront elles mises aux
voix? On n’en sait rien.
Les motions seraient, dit-on, jugées in
constitutionnelles par M. Deschanei et com
me M. Charles Benoist est naturellement
d'un avis contraire elles auront pour pré-
Inde un débat réglementaire qui promet
d être assez vif.
D’autre part, on assure qu’un certain nom
bre de proportionnalistes qui assistaient à la
réunion d’aujourd’hui,
les conséquences graves
couler de l’antagonisme
Assemblées.
C’est dans une pensée
hésiteraient devant
qui pourraient dé
prolongé des deux
d’apaisement, dans
un sentiment patriotique, qu’ils seraient as
sez enclins à laisser dormir pour l’instant la
réforme électorale, autrement dit, à accepter
un ajournement.
A leur avis, puisque le fossé qui sépare les
deux partis en pré-ence, qui se creuse entre
les deux Assemblées, semble si difficile à
combler, le mieux serait de s’en remettre au
pays, et comme l’idée d’une dissolution ne
rencontrera pas beaucoup de partisans, d’al
ler aux élections de l’an prochain avec le
mode actuel de scrutin, en prenant pour
plateforme, pour tremplin électoral, la ques
tion de la proportionnelle.
De cette façon, c’est le pays lui-même qui
rendrait sa sentence et, quel que fût ce ver
dict, il n’y aurait plus ensuite qu’à s’incli
ner.
T. H.
A l'Ælgsée
M. Briand s’est rendu hier,
à midi, à
l’Elysée et a conféré avec le président de la
République pendant une demi-heure envi
ron.
Avant et après cet entretien, M. Briand
avait reçu au ministère de l’intérieur plu
sieurs de ses collègues du cabinet démis
sionnaire : MM. Jean Dupuy, Barthou et Jon-
nart.
M. Poincaré, suivant la tradition, a fait ap-
eler les présidents des Chambres dans
après-midi, pour les consulter sur la situa
tion parlementaire.
Il a reçu à deux heures M. Antonin Du-
bost, président du Sénat, et à trois heures,
M. Paul Deschanei, président de la Chambre.
Après ces conférences, M. Poincaré a re
çu de nouveau M. Briand, à la fin de l’après-
midi.
L’Impression a F’Etranger
EN ALLEMAGNE
Les commentaires sur la séance du Sénat
et la chute du Cabinet Briand sont dans la
presse nombreux et abondants. L’impression
dominante est que le projet de rétablisse
ment du service de trois ans est gravement
compromis.
Le correspondant parisien de l’agence
Wolf télégraphie :
On entend de nombreux côtés exprimer la certi
tude que la chute du Cabinet a rendu peu sûr le
succès de la loi de trois ans.
Le correspondant parisien de la Deutsche
Tageszeitung, agrarienne, télégraphie :
Le ministère tombe victime du projet militaire.
La chose est d’autant plus étonnante que la situa
tion internationale est à cette heure assez trou-
blée pour qu’on puisse croire que la France aurait
hésité à consentir le cœur léger à un changement
de Cabinet. Une très forte opposition règne dans
le Parlement contre le rétablissement de la loi da
trois ans.
Le correspondant parisien du Vorwaerts,
socialiste, télégraphie :
Cette crise ministérielle enlève aux partisans de
la loi militaire tout espoir de la faire voter à
grande allure.
Le correspondant parisien de la Gazette de
Voss, radicale, télégraphie :
On n’a pas besoin c’être aussi pessimiste que
ceux qui aujourd’hui répétaient dans les couloirs
de la Chambre que c’était une crise présiden
tielle. Cependant, on ne saurait se dissimuler la
gravité de la situation.
Le Courrier de la Bourse, radical, écrit :
Cette chute du cabinet a plus d’importance que
toutes celles qui se produisirent en France dans
le cours de ces dernières années. La discussion
de la loi militaire est imminente. On s’était atten
du à une très forte opposition lors de ce débat.
On ne croyait pas cependant que le gouvernement
se retirerait dès la discussion sur la réforme élec
torale.
Comme on voit, la presse allemande trou
ve dans la chute du Cabinet une raison nou
velle pour étayer ses espérances d'un échec
final du service de trois ans, la seule mesure
militaire prise par la France en réponse aux
armements allemands dont l’Allemagne soit
sérieusement préoccupée.
EN ANGLETERRE
La chute du Cabinet Briand, au moment
où la situation internationale est particuliè
rement délicate, a produit ici une pénible
impression.
Le discours de M. Clémenceau, dit le Times, in
dique qu’au-dessous de ce que peut apercevoir le
spectateur ordinaire, il y a bien des cournts et
des contre-courants, des questions de parti, des
questions personnelles, des vieilles rancunes à
régler. Aussi est-ce avec plus de regret que de
surprise que l’on peut prévoir une suite de com
binaisons instables et de ministères a courte vie.
Heureusement ce n’est pas là une situation sans
précédent, et nous devons espérer que le grand
bon sens et le patriotisme du peuple français sau
ront sauvegarder les intérêts vitaux du pays.
s
* *
Le troisième cebinet EZraste
Le troisième cabinet de M. Aristide Briand
a duré un peu moins de deux mois. C’est,
on le sait, au lendemain de l’élection de M.
Raymond Poincaré, le 48 janvier dernier,
que M. Fallières confia au député de la Loire
la mission de former le nouveau cabinet,
qui fut officiellement constitué le 24 janvier.
Garde des sceaux dans le cabinet de M.
Poincaré le 15 janvier 1942, M Briand est
resté au pouvoir sans interruption, soit com
me ministre, soit comme chef du gouverne
ment, pendant un peu plus de quatorze
mois.
La carrière ministérielle de M. Briand date
du 44 mars 1906. Il entra alors comme mi
nistre de l’instruction publique dans le ca
binet de M. Sarrien, dont faisait partie éga
lement M. Clémenceau.
A la retraite deM. Sarrien, son successeur,
M. Clemenceau, demanda à M. Briand de
conserver le portefeuille de l’instruction pu
blique. Il passa au ministère de la justice à
la mort de Guyot-Dessaigne.
Le premier cabinet Briand, formé le 25
juillet 1909, à la chute de M. Clemenceau, ne
se démit qu’au 3 décembre 1940, à la suite
de la grève des cheminots. M. Briand forma
alors un nouveau cabinet qui dura jusqu au
3 mars 1914
Les Circonstances du Crime
Salonique, 19 mars.
En sortant du palais de son fils le prince
Nicolas, le roi Georges rentrait à pied et sui
vait la principale promenade de Salonique
en compagnie de son aide de camp le colo
nel Francoudis, lorsque un coup de feu re
tentit derrière eux. L’aide de camp du roi
se retourna et saisit à la gorge un homme
qui était à deux pas derrière le roi et tenait
à la main un revolver. Il le maîtrisa, et quel
ques instants après deux gendarmes qui sui
vaient le souverain à une assez longue dis
tance s’en emparaient. Le roi s’était affaissé
sur le sol ; on le releva et le
une voiture de place pour le
l’hôpital militaire situé dans
mais il ne tarda pas à expirer
d’être arrivé à destination.
La balle était entrée sous
déposa dans
transporter à
le voisinage,
avant même
l’omoplate et
sortie par l’estomac. Une hémorragie abon
dante s’était produite et la croix en dia
mants que le roi portait toujours sur la poi
trine était couverte de sang.
Le prince Nicolas, gouverneur militaire,
les généraux, les autorités, des officiers de
tous grades accoururent à l’hôpital.
Au milieu d’un silence religieux, le prince
Nicolas, gouverneur militaire, annonça aux
officiers la mort du souverain et leur fit prê
ter serment au nouveau roi Constantin. Les
assistants poussèrent des cris de « Vive le
roi ! »
Le prince Nicolas était le seul membre de
la famille royale qui tût présent. On sait que
le diadoque, aujourd’hui roi de Grèce, est en
Epire, ou il commande l’armée qui vient de
prendre Janina.
Un ordre complet règne dans la ville, où
le roi était très aimé. La population est en
deuil.
Le ministre, M. Raktivan, représentant la
gouvernement a lancé une proclamation au
peuple annonçant le deuil qui frappe la
Grèce et faisant connaître que le serment de
fidélité a été prêté au roi Constantin.
Athènes, 19 mars.
Des témoins oculaires fournissent sur l’as
sassinat du roi, les détails suivants :
L’assassin était caché à l’angle de la rue
Aghiarias et de l’avenue des Campagnes,
près du commissariat de police du quartier.
Le roi, revenant de faire une promenade, se
dirigeait vers le palais. Dès qu’il eut franchi
le coin de la rue, l’assassin tira sur lui, à la
distance de deux pas, avec un revolver, un
premier coup. Le colonel Francoudis, aide
de camp du roi, qui marchait à côté de ce
lui-ci, voulut se servir de son revolver ;
l’assassin tira alors sur lui, mais le coup
rata.
Deux gendarmes crétois qui suivaient le
roi s’élancèrent sur l’assassin et l’arrêtèrent
sans qu’il opposât aucune résistance. Des
soldats qui passaient s’étaient du reste joints
aux gendarmes.
L’aide de camp, dès qu’il vit l’assassin ar
rêté, se tourna vers le roi, qu'il ne croyait
pas atteint ; mais Georges I er était tombé, à
demi évanoui, devant la boutique d’un épi
cier, qui s’empressait pour le relever. Il ne
prononça pas une parole ; des soldats le
transportèrent dans leurs bras à l’hôpital.Le
pavé ne portait aucune trace de sang.
L’assassin, fouillé, fut trouvé porteur de
quelques notes et de cartouches de revolver.
Il demanda à être conduit au commissariat
et déclara se nommer Skina.
Selon des renseignements fournis par un
camarade de l’assassin, celui-ci aurait vé
cu plusieurs années à l’étranger ; il serait
revenu à Salonique après l’occupation grec
que.
L’Assassin
Salonique. 19 mars.
L’assassin du roi Georges s’appelle Alexan
dre Skina. Âgé d’une quarantaine d’années,
il serait Grec et appartiendrait à l’associa-
tion socialiste de Volo. On dit qu’il aurait
expliqué son acte en déclarant qu’il avait été
réduit au désespoir par la maladie et le be
soin. Il semblerait dans ce cas qu’on se trou-
ve en présence de l’acte d'un déséquilibré.
A un officier qui lui demandait s’il n’avait
pas pitié de son pays, il a répondu : « Je suis
socialiste ».
n’avait
Une enquête minutieuse est ouverte tant
sur l’identité de l’assassin que sur les mobi
les du crime et la question de savoir s’il s
eu des complices.
Le roi Georges de Grèc9
Notes Biographiques
Le roi dos Hellènes n’était pas un inconnt
pour les Français.
Chaque été, depuis fort longtemps, il avait
coutume de passer quelques semaines à
Aix-les-Bains pour y prendre les eaux et
goûter, loin du pouvoir et de ses soucis, un
repos mérité. Le roi Georges était très popu
laire à Aix-les-Bains. Il prenait, à toutes les
fêtes qui s’y donnent pendant la saison, une
part active. Chaque soir, en outre, ou pres
que, il faisait dans les salles de jeu une ap
parition. Jamais il ne risquait lui-même le
moindre louis. Adversaire des jeux de ha
sard, il tenait à demeurer conséquent avec
ses principes, mais il ne lui déplaisait pas
d’assister aux grosses parties qui se dérou
lent au mois d’août à la Villa des Fleurs.
Accompagné d’une suite fort peu appa
rente il ne se distinguait en rien du com
mun des baigneurs. Et les personnes non
averties ne se doutaient pas, à frôler cet
homme élégant, mince, grand, blond ef
chauve, qu'elles bousculaient Georges ier,
roi des Hellènes. Le roi lui-même était d’ail
leurs le dernier à prendre ombrage de ces
familiarités. Il avait plaisir, au contraire, à
passer inaperçu, à dîner sans aucune forma
lité protocolaire au restaurant du cercle, à
flâner au hasard, reconnu seulement par les
clients ordinaires d’Aix-les-Bains. Très bien
faisant, très cordial, il était sincèrement ai
mé dans la jolie stationsavoisienne. La triste
nouvelle de son assassinat nesera pas moins
cruellement ressentie dans sa résidence d’été
que dans son pays même.
Le roi défunt était le second fus du feu roi
Christian de Danemark. Né le 24 décembre
1845 il avait par conséquent dix-sept ans
seulement quand on lui offrit la couronne
de Grèce. La même année, sa sœur, mainte
nant la reine Alexandra, épousait le roi
Edouard. alors prince de Galles.
La Grèce avait recouvré son indépendance
en 1828 : mais il lui manquait un roi. On lui
donna d’abord le prince Othon de Bavière, le
prince Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha, plus
tard roi des Belges, ayant refusé le trône.
Mais le roi Othon fut dépossédé en 186- au
lendemain d’une révolte militaire. Le trône
de Grèce était de nouveau à pourvoir.
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