Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-03-19
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 19 mars 1913 19 mars 1913
Description : 1913/03/19 (A33,N14571). 1913/03/19 (A33,N14571).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637920p
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
T oemmeas
N 11,571
(6 Pages)
S Cenunmnes
EDITION DU MATIN
5 Centimes
(6 Pages)
Mercredi 19 Mars 4943
aseen
Administrateur- Délégué
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
grdes:
Trois Mois
Six Mors
Un Am
» Fr.
Fr.
O Fr.
Rédacteur en Chef, Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
** »
4€ »
de spanen
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,
1 Oise et la Somme
Autres Départements
Union Postale
Petit Havre
. — - .....1® » 20 Fr.
On s'abonne é ^ment, SANS FRAIS, dans tous tes Bureaux de Poste
53" Ann»
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
a M. O. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Administration, Impressions et Annonces, TEL 10.47
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
35, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7.60
AU HAVRE
A PARIS
AN NON CES
Bureau du Journal, 112, boula de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ABONNEMENTS
g Dernière Heure j
PARIS, TROIS HEURES MATIN
NEW-YORK, 18 MARS
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 18 Mars, Dépêche de 4 h. 35
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
calme
• 64 10/-
£ 64 47/6
2/6
-/-
5/-
Comptant..
3 mois
ETAIN
Comptant..
3 mois
ferme
£ 209 15/-
£206 15/-
20/—
27/6
FER
Comptant..
! calme
£ 66/6
9 d
8 mois
£ 64/9
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 17 mars 1913.
Apres la Cloute au Caquet
A la C hemnbre
Bien que M. Aristide Briand ait prononcé
au Sénat un des meilleurs discours de sa
vie politique, il n’a pas changé un vote.
Le siège de la Haute Assemblée était fait.
Après le pointage, plusieurs sénateurs ont
offert à M. Briand de déposer après la pro
clamation du vote un ordre du jour de con-
fiance.
M. Briand s’y est énergiquement refusé.
Les proportionnalités de la Chambre s’agi
tent ; ils vont essayer de provoquer jeudi
devant la Chambre en l’absence de tout gou
vernement un débat permettant à celle-
ci de manifester son sentiment sur la réfor
me électorale.
On prévoit même le dépôt d’une motion
invitant le président de la République à de
mander au Sénat, dont l’avis favorable est
nécessaire, la dissolution de la Chambre afin
de permettre au pays de se prononcer.
Mais une telle mesure serait, dit-on, anti
constitutionnelle.
Parmi les noms mis en avant pour la pré
sidence du Conseil, on cite MM. Louis Bar-
thou et Klotz, en cas de conciliation entre les
deux Chambres. Ensuite, ceux de MM. Ribot,
Pichon, Clémenceau, Gaston Doumergue,
Peytral et Caillaux.
Votes de u&s sénateurs
Ont voté contre l’amendement Peytral :
MM. Brindeau, Fortier, Quesnel, Rouland et
Waddington.
Dernier Conseil aes Jlinèstre*
À l’issue de la séance du Sénat, les minis
tres se sont réunis au ministère de l'inté-
rieur.
Ils ont considéré qu’après le débat qui ve-
fiait d’avoir lieu et le vote qui a suivi, ils ne
pouvaient conserver le pouvoir.
Ils ont décidé de remettre leur démission
au président de la République.
Z. Poincare reçoit
la aéwti&sèon au Cabinet
M. Poincaré a reçu à sept heures les mi-
nistres qui lui ont remis leur démission.
( M. poinaré l'a acceptée.
Les consezs«tions
a. JS. Poincaré
es—
Le président de la Républiqu2 recevra au
jourd’hui les présidents de la Chamare et d
Sénat qu’il consultera sur la situation.
---------
Assassinat du Roi Se Grèce
) -—
SON ASSASSIN SERAIT UN FOU
Athènes.— Une dépêche du prince Nicolas,
reçue à sept heures, annonce que le roi de
Srece a été victime d’un attentat.
Il est mort une demi-heure après avoir été
frappé.
Une dépêche de Ractiban confirme la ter-
rible nouvelle.
On assure que des mesures ont été prises
pour le maintien de l’ordre.
Selon une dépêche du directeur du bureau
télégraphique, le roi Georges a été frappé
par derrière, au cours d’une promenade,
par deux individus dont un serait un désé
quilibré et se nommerait Alexandre Schinas.
SALONIQUE. — C’est pendant que le roi de
Grèce faisait sa promenade habituelle dans
les rues de Salonique qu’il fut frappé d’un
coup de revolver.
La balle atteignit le roi à la poitrine et tra
versa le cœur.
Le souverain, transporté immédiatement à
l'Hôpital, y est mort aussitôt après son ai ri
vée.
L’assassin a été arrêté ; on ignore encore
sa nationalité.
Salonique. — Envoyé spécial d'Havas. —
C’est à 5 heures de l’après-midi que le roi a
été assassiné.
Le souverain n’était accompagné que d’un
aide de camp.
L’attentat a eu lieu dans la rue des Cam
pagnes.
L’assassin est un grec dégénéré nommé
Alexandre Schinas.
MORT DU GÉNÉRAL ANDRÉ
DION. — Le général André est mort hier
[poir à six heures ; il était âgé de 76 ans.
( Les obsèques auront lieu à Dijon mais la
date n'en est pas encore fixée.
Cotons : mars, baisse 2 points ; mai,
baisse 2 points ; juillet, baisse 1 point ;
octobre, baisse 1 point. — Calme.
Cafés : hausse 1 point à baisse 6 points.
NEW-YORK, 18 MARS
c. m looi'
C. PRXCZDIAT
Cuivre Standard disp.
— mai
14 37
14 37
14 46
14 45
Amalgamat. Cop...
Fer
68 3/8
17 60
69 »/»
17 60
CHICAGO, 18 MARS
G. DU JOUR
C. PRECED
Blé sur
Mai
88 3/4
88 4/2
52 4 8
88 4/4
88 i 8
51 3 4
Juillet....
Mai
Maïs sur
Saindoux sur.
Juillet....
Mai
53 4/2
40 70
53 4/8
40 67
40 62
Juillet....
40 62
LA NOUVELLE LOI MILITAIRE
À la commission de l’armée
La commission de l’armée a entendu le
ministre de la guerre qui était accompagné
des généraux Joffre et Legrand..
Le général Joffre a affirmé que le conseil
supérieur de la guerre s’est prononcé à l’u
nanimité pour le service de trois ans. Il a
donné quelques explications sur l’utilité du
projet qui, dit-il, n’a pour but que de répon
dre aux projets allemands.
MM. Augagneur, Driant, Jaurès et Girod
ont alors posé diverses questions sur la mo
bilisation et les troupes de couverture.
M. Etienne a répété ce qu’il avait dit pré
cédemment ; il a conclu en disant que le re
jet du projet équivaudrait à un désastre
pour le pays.
M. Treignier a soutenu ensuite qu’une bon
ne application du service de deux ans suffi
rait à parer aux exigences de la défense na
tionale.
Après quoi, la clôture de la discussion gé
nérale a été prononcée par 17 voix contre 16.
LA GUERRE D’ORIENT
La question Macédonienne
CONSTANTINOPLE. — Une Commission com
prenant notamment Halim Bey, ancien mi
nistre de la justice et Galib Bey, est partie
hier pour Vienne, Paris et Londres ; elle est
chargée de propager l’idée d’établir une Ma
cédoine autonome, basée sur le principe des
nationalités.
La réunion des Ambassadeurs
Londres. — Il est probable que la réunion
des ambassadeurs n’aura pas lieu aujour
d’hui, l’ambassadeur de Russie étant grippé.
Le Bombardement d'Andrinople
Constantinople, 17 mars. — Le duel d’ar
tillerie continue sur les points Ouest et Est
d’Andrinople.
Le calme règne à Boulaïr.
Dans la même journée, à Tchataldja, des
détachements turcs ont repoussé l’ennemi
vers l’Ouest avec l’aide de l’artillerie.
Autour deSoutari
CETTIGNE. — Le duel d’artillerie n’a pas
repris autour de Scutari depuis plusieurs
jours.
3 ovelques transports venant de Salonique
escortés par des navires de guerre grecs
sont arrivés à nédua.
Un Engagement à Tozatalda
Constantinople. — On annonce qu'u Sé-
rieux engagement a eu lieu à Tchataldja. '
ARRESTATION DE M. JOUHAUX
M. Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T.,
a été arrêté hier matin en vertu d’un juge
ment du tribunal de simple police de Paris
le condamnant, le 13 janvier 1912, à dix
jours d’emprisonnement pour affichage de
placards non timbrés.
Nouvelles Politiques
A
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis hier matin, en
Conseil, à l’Elysée, sous la présidence de
M. Poincaré.
M. Jonnart a mis le Conseil au courant de
la situation extérieure, puis il a communi
qué les dépêches qu’il a reçues du général
Lyautey, au sujet du combat de Tadla, au
Maroc.
Le reste de la séance a été consacré à l’ex
pédition des affaires courantes.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HIERRIRIE INTERHATIONALE
1.06, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de l'HOTEL TERMINUS)
. - -U
La Crise ouverte
La crise redoutée s’est produite hier au
Sénat dans un furieux assaut livré au mi
nistère.
M. Briand a mis toute son énergie et tout
son talent à maintenir devant le Sénat les
engagements qu’il avait pris devant la
Chambre.
Comme toujours, c’est M. Clémenceau
qui s’est trouvé le leader des démolitions.
En réalité, les adversaires de la loi votée
par la Chambre visaient surtout la person
nalité du président de la République issu
du récent Congrès. — et c’était la revanche
de l’élection du 17 janvier que poursui
vaient bon nombre des antiproportionna-
listes.
Le ministère s’étant ainsi trouvé en mi
norité de 33 voix, a donné sa démission.
Qu’arrivera-t-il demain ?
Devant les difficultés de l’heure actuelle,
jamais crise ministérielle ne s’est produite
en des conditions aussi critiques.
A l’extérieur, comie à l’intérieur, les
questions se pressent. La France est dans
l’obligation d’orienter sa politique pour la
défense de sa place parmi les nations, et
pour maintenir à la fois sa volonté pacifique
et sa dignité.
En présence de la division qui s’accuse
entre les deux Chambres, que va devenir
non seulement cette réforme électorale,
dont le Sénat n’a pas craint de faire un
brandon de discorde, mais aussi cette loi
militaire, dont le pays, résolu à tous les sa
crifices, attendait une garantie de paix ?
Nous ne voulons pas être pessimistes,
mais nous ne pouvons que déplorer une
crise ouverte dans des conditions si fâcheu
ses et qui ne peut qu’affaiblir l’autorité gou
vernementale dans un moment où le devoir
national commandait l’union.
HIPPOLYTE Fénoux.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 18 mars.
L’heure de la lutte suprême a sonné à
l’horloge du Destin ou, pour parler plus
prosaïquement, à la pendule sénatoriale.
Une odeur de poudre flotte dans la salle en
fiévrée. Les deux armées, drapeau déployé,
sont rangées en colonne d'attaque, n’atten
dant qu’un signal de leurs chefs pour s’élan
cer à l’assaut. Mais, avant que ce signal soit
donné, il faut patienter encore.
Un dernier orateur est inscrit, M. Viger,
qui n’entend pas se voir enlever son tour
de parole. Arrondissementier renforcé, le
sénateur du Loiret s’élève avec violence con
tre la Proportionnelle, contre la représenta
tion des minorités, ne voulant être, dit-il,
ni dupe, ni complice de cette aventure...
C’est la dernière manœuvre stratégique
préparant le choc des gros bataillons. Main
tenant, la garde va donner.
Le président du Conseil, en effet, se lève
au banc ministériel, tenant dans la main
droite un dossier à chemise jaune sur lequel
se détachent en gros caractères, les initiales
R. P. et gravit, posément, les degrés de la
tribune.
Aussitôt, un grand silence se fait dans la
salle et, très-maître de lui, en pleine posses
sion, semble-t-il, de tous ses moyens, M.
Briand entame son discours....
Dès les premiers mots, on sent que le pré
sident du Conseil est dans un de ses bons
jours. Sa voix est chaude, prenante, et son
argumentation se développe en périodes
harmonieuses, d’une impeccable forme lit
téraire, d’une logique absolue dans l’enchai-
nement des pensées.
Le président du Conseil déploie, en cette
minzte décisive, toutes les ressources de son
merveilleuX talent oratoire. Il est, tour à
tour, pressant et persuasif, éloquent et ironi
que, d’une souplesse 8t d’une habileté con
sommée, d’une vigueur aussi, doue netteté
qui ne laissent planer aucune ambigun, sur
ses intentions.
A plusieurs reprises, en effet, au début de [
son discours, au milieu, à la fin, il a posé
catégoriquement la question de confiance,
répétant avec insistance que si la haute as-
semblée restait sourde à son appel, que si
elle refusait de faire un pas dans la voie de
la conciliation, il lui serait impossible de
conserver la responsabilité du pouvoir.
Très écouté de tous les côtés de la salle, à
peine interrompu, le président du conseil
est très applaudi au centre, à droite et sur
quelques bancs de la gauche. Les arrondis-
sementiers, en revanche, se montrent réso
lument hostiles. Malgré tout son talent, le
président du conseil n’a pu entraîner le bloc
compact des adversaires de la proportion
nelle.
Maintenant, c’est le tour de M. Clémen-
ceau. Lui aussi est en pleine forme. Il don
ne à fond, comme aux jours lointains où,
à la Chambre, il renversait les ministères. A
mesure qu’il parle, l’hostilité des arrondis-
sementiers s’accentue. Leurs bravos crépi
tent, tandis qu’un certain flottement se pro
duit dans les rangs proportionnalistes.
Il est évident que la bataille tourne mal
pour le cabinet. Bientôt, les événements se
précipitent, la charge sonne, c’est l’effort fi
nal, le corps à corps suprême d’où doit sor
tir pour les uns la victoire, pour les autres
la défaite.
Le terrain sur lequel ce corps à corps va
se produire est habilement choisi.
M. Peytral a soutenu un amendement
consacrant en tout état de cause le principe
majoritaire et c’est sur cet amendement que
l’on va se compter. 4
. Une fois de plus, M. Briand pose la ques
tion de confiance et c’est au milieu d’une
incroyable agitation que les urnes circulent.
Le gouvernement est battu, battu à 33 voix
de majorité.
Le Sénat, irréductible dans son intransi
geance, n’a voulu ni de la proportionnelle,
ni de la représentation des minorités, et
reste immuablement attaché au système ma
joritaire.
Aussitôt le scrutin proclamé, aux applau
dissements des arrondissementiers, M. Briand
se lève, suivi de tous les ministres, et quitte
la salle des séances, salué par les acclama
tions des proportionnalistes. Le cabinet était
démissionnaire...
A cette minute précise, M. Steeg était à la
tribune de la Chambre, s’expliquant, devant
une salle vide, sur les projets de défense
laïque. Un ami, qui arrivait en hâte du
Luxembourg, lui fit passer un petit papier
lui faisant connaître le vote du Sénat et l’in-
formant, par cela même qu’il n’était plus
ministre...
Alors, M. Steeg abrégea son discours et la
séance fut levée, mais tandis que la Haute-
Assemblée s’ajournait à lundi, la Chambre
qui venait d'apprendre, elle aussi, le résultat
de la grande bataille, décidait, malgré la
crise ministérielle, de siéger jeudi.
Les proportionnalistes, ont, paraît-il, l’in
tention de faire, en séance, une manifesta
tion en faveur de la réforme électorale, une
manifestation contre le Sénat, qui va dresser
l’ane en face de l’autre les deux Assem
blées.
Dans quelles difficultés, dans quel gâchis
llons-nous tomber !...
T. H.
-9—
SENAT
_ Séance du 18 mars
Le grand jour est arrivé, ce jour attendu
si impatiemment, qui va décider du sort de
la réforme électorale et, du même coup, de
l’existence du Cabinet...
Aussi, quelle foule an Luxembourg !
Quelle morne solitude au Palais-Bourbon !
Le Parlement tout entier s’est donné rendez-
vous au Sénat qui, depuis de longues an
nées, depuis les émouvantes séances de la
Haute-Cour, n’avait pas vu pareil envahisse
ment
L’affluence, pourtant si considérable, de
ces jours derniers n’était rien auprès de
l’indescriptible cohue d’hier. Couloirs, salle
des conférences, tribunes publiques, tout es
bondé, archibondé. Dans l’hémicycle, le
spectacle est plus curieux encore. Tous les
membres du Parlement sont là. O a se croi
rait à Versailles, un jour de Congrès, avec
cette différence, toutefois, que, seuls, les
sénateurs sont assis, confortablement ins
tallés dans leurs moelleux fauteuils de
velours rouge — les chaises curules d’au
jourd’hui, —tandis que les députés, debout,
sont entassés dans les couloirs latéraux, sui
vant le débat en simples auditeurs, mais en
auditeurs passionnés.
Au banc du Gouvernement, les ministres
sont au complet, sauf pourtant M. Steeg, qui
s’en est allé représenter le Cabinet dans la
salle déserte du Palais-Bourbon...
La séance est ouverte à 2 h. 10, sous la prési
dence de m. a. dubost, président.
IA RÉFORME ÉLECTORALE
Au banc des ministres prennent place, au début
de la séance, M. Briand, président du Conseil;
MM. Klotz, ministre des finances ; Guist’hau, mi
nistre du commerce ; Fernand David, ministre de
l'agriculture ; Chaumet, sous-secrétaire d’Etat. De
nombreux députés garnissent les travées de l'hé
micycle.
Deux nouveaux amendements ont été déposés.
L’un est signé par MM. Gervais, de Freycinet,
Paul Strauss, Poirrier, Alexandre Lefèvre, Maujan,
Mascuraud, Bassinet, Ranson, Barbier. Il est ainsi
conçu :
« Le nombre des sièges attribués à une circons
cription est calculé d’après le nombre des habi
tants de nationalité française.
» Chaque circonscription élit un député par
70,000 habitants français, et par fraction supé
rieure à 20,000.
» Toutefois, aucun département n’élit moins de
trois députés. Le territoire de Belfort élit un dé
puté.
» Le nombre des députés à élire par chaque
circonscription est fixé conformément au tableau
annexe à la présente loi. »
D’autre part, M. Jean Godet propose de rédiger
ainsi l’article 1" :
« Les membres de la Chambre des députés sont
élus au scrutin de liste à la majorité absolue des
suffrages et avec représentation des minorités. »
m. viger a la parole.
J’apporte, dit-il, une protestation sincère et vé-
hémente contre la représentation proportion
nelle.
plusieurs orateurs, défenseurs de la proportion
nelle, ont dit que celle-ci remplacerait la bataille
des personnes par la lutte des idées. C’est rabais
ser singulièrement les services qu’a rendus le
scrutin d'arrondissement ; c’est aussi rabaisser le
rôle des électeurs sans lesquels ni vous ni moi
ne serions ici.
Ces modestes électeurs qui ont lutté contre
l’Empire, contre le Seize-Mai, avaient un idéal di
gne de tous les respects, un haut idéal républi
cain. De même, ceux qui ont soutenu le minis
tère de défense républicaine et qui combattent
tous les jours contre les puissances da réaction.
(Très bien ! très bien !) Eh bien, ces électeurs ne
sont pas très tendres pour la R. P., cette belle
invention des temps modernes. Ils traitent le
scrutin proportionnel de scrutin de la défiance et
de l’ingratitude.
Au Conseil général, dont je suis président, j'ai
eu avec moi tous les républicains modérés et pro
gressistes comme les radicaux contre la repré
sentation proportionnelle. Plu: ieurs maires m ont
demandé de leur expliquer ce que c’est que la
R. P. Lorsque mon explication a été terminée, ils
m’ont dit : « Si on nous impose un pareil mode
de scrutin nous ne pourrons plus exercer notre
droit, nous nous réfugierons donc dans l absten-
" Pon prend les chiffres du scrutin de 1883
dans le Loiret, on constate que ce fut au second
tour de scrutin que les républicains triomphèrent,
grâce à l’union qui se fit entre les deux listes. Si
la proportionnelle avait été appliquée, les républi
cains auraient obtenu seulement 2 sièges au lieu
de 6. (Interruptions à droite). .
En tout cas, toutes les minorités n’eussent pas
été représentées. . ...
M. LARÈRE : Les élections de 1883 vous ont fait
peur.
M. viger : Mais oui, et c’est pourquoi nous ne
voulons pas supprimer le deuxième tour qui, en
1883, a permis aux républicains de se ressaisir.
Si la représentation proportionnelle triomphait.
on verrait échouer aux élections les chefs les plus
qualifiés du parti républicain.
On nous parle d’apaisement ; la vérité est que
le parti réactionnaire s’organise partout. (Très
bien ! à gauche.)
Les associations cléricales de pères de familles
ou autres nous inquiètent. (Interruptions à droite.)
M. le comte de TRÉ VENEUC : Tout vous in
quiète !
m. viger : D’un autre côté, l’activité révolu
tionnaire des Bourses du Travail n’est pas sans
nous causer des craintes sérieuses. Ce n’est donc
pas le moment pour le parti républicain de désar
mer. (Très bien t a gauche.)
Avec le scrutin d’arrondissement, et même avec
le scrutin de liste majoritaire, les intérêts ruraux
agricoles sont défendus, mais avec la représenta
tion proportionnelle, seuls les candidats urbains
seront élus, ou bien il faudra composer des listes
uniquement d’agriculteurs. Le gouvernement, dit-
on, va poser la question de confiance, forcer le
Sénat à délibérer en paix sous la pointe des baïon
nettes.
Je supplie le Sénat de rejeter la R. P. qui ferait
courir de gros dangers à la République. Je ne
veux, pour ma part, être ni la dupe ni le complice
de cette aventure. (Très bien ! et applaudissements
à gauche.)
M. sureau renonçant à la parole, m. BRIAND,
président du Conseil, monte à la tribune.
DISCOURS DE M. BRIAND
M. briand, président du Conseil : A ce mo
ment décisif, je viens, au nom du gouvernement,
prendre mes responsabilités et vous mettre en
face des vôtres. Je ne suis pas porté par ma na
ture à dramatiser les événements. Un homme po
litique doit envisager les circonstances avee
mesure et même avec optimisme, mais les
saillies de votre spirituel rapporteur n’ont pas
écarté votre esprit de la gravité de cette discus
sion.
Pour le gouvernement, elle est de premier or
dre. Il la considère telle que si elle devait aboutir
à une solution contraire a son désir, il ne croirait
pas pouvoir assumer plus longtemps les charges
du pouvoir. (Très bien !).
Il ne s’agit pas ici d’habileté, de souplesse,
d’éloquence, de charme, de toutes ces qualités
dont mes adversaires politiques se sont plu à or
ner mon col (Rires) : je tiens à aller au sacrifice
le col nu, mais droit. (Très bien !)
Jai tOD I e souci de l’indépendance de l’Assem
blée pouf ne pas être au regret de la placer dans
l’alternative ou douvrir une crise ministérielle,
ou de voter contre sa conscience.
Lorsque j’ai pris le pouvoir, 3 Question la plus
grave était le projet de la réforme électorale qui
divise les républicains et fausse la porique; Le
devoir du gouvernement républicain était de S en-
gager à la résoudre et de faire tous ses loyaux
efforts pour y réussir.
J’ai pensé rendre à mon pays et à la Républi
que un service en la débarrassant de ce cauche
mar. Si je ne posais pas la question de confian
ce, quel est celui de vous qui ne me blâmerait
pas de rester au pouvoir dans la situation dimi
nuée où je serais ? (Vifs applaudissements.) De
nouveaux débats surgiraient qui mettraient le
gouvernement dans la situation de s’en aller dans
l’état de loque. Gela, jamais 1 (Vifs applaudisse
ments).
Les membres de cette Assemblée sont attachés
aux principes, mais le goût de l’absolu n’est pas
à craindre ici, non plus que les partis pris. Votre
orientation d’esprit doit-elle vous conduire à une
décision brutale, intransigeante ? D’abord, voulez-
vous une réforme électorale ? Le gouvernement
la juge indispensable. Il estime que sans elle le
parti républicain irait à des désastres.
Son devoir impérieux est donc d’essayer de la
réaliser. Vous devez chercher une solution possi
ble. Vos prérogatives sont entières, égales à cel
les de la Chambre. Je vous le prouve, puisque je
mets le sort du gouvernement entre vos mains.
(Applaudissements.)
Vouiez-vous rechercher avec nous une solution
transactionnelle en collaboration avec l’autre
Chambre ? On ne peut négliger le concours de
l’une et l’autre Assemblée. Le principe majori
taire a été affirmé ici, mais la Chambre a-t-elie le
droit aussi d’affirmer un principe en cette ques
tion ?
Personne ne le contestera. Or, la Chambre
vous a transmis un dossier que vous devez exa
miner.
Si nous étions assez loin des élections, avec la
possibilité de va-et-vient entre ies deux Cham
bres, je ne pèserais pas sur vos esprits, j’atten
drais votre décision pour la porter a la Chambre.
Peut-être une transaction pourrait-elle arriver en
core à temps, mais le temps presse aujourd’hui.
Je ne veux pas examiner les modes de scrutin au
point de vue philosophique. La justice n’est mê
me pas tout en cette matière, l’affaire est égale
ment politique.
Le devoir du parti républicain est de vouloir
continuer ses services au pays. Ceite considéra
tion doit peser sur vos esprits ; est-il possible de
repousser brutalement les tentatives faites par la
Chambre ?
J’ai combattu la représentation proportionnelle
parce que j’ai l’esprit majoritaire. La représenta
tion des minorités a mes sympathies. Est-ce une
machine de guerre surgie des ateliers réaction
naire conire la République ? Si j’avais ce soup
çon, je ne vous inciterais pas a une manifestation
en sa faveur. Elle a été conçue par des républi
cains français pour être reçue dans les paysetran-
gers. , .
Je ne remonterai pas loin dans I’hl stoire. En
1880, pour la première fois, l’idée de la représen
tation des minorités fait son apparition. On discu
tait le scrutin de liste ; un vieux républicain de
manda la représentation des minorités ; elle fut
votée par MM. Achard. Barodet, Brousse, Granet,
de La Forge, Leydet. C’était la majeure partie de
l’extrême-gauche.
m. peytral : Il s’agissait de la prise en consi
dération. - .
m. briand, président du conseil : G est exact,
M. Peytral l’a votée. (Applaudissements).
Je n’en tire pas argument contre lui. Personne
ne suspectera l’opinion de ces républicains. Plus
près de nous, je trouve un amendement 4e MM.
Augagneur, Renoult, Dessoye, Clémentel, Mala-
vialle, Malvy, etc., dans lequel on proclame la
représentation de minorités. (Applau-dissements).
M. J.-L. Breton a écrit un article, en 1911, dé
clarant qu’une réforme était nécessaire et qu’il
fallait tenir compte du vote de la Chambre. Il con
sidère que cette question a trop longtemps divise
les républicains et il accepte le projet de la délé
gation des seize qui assure aux minorités une re
présentation. Voilà l’esprit de transaction de M.
Breton ; il n’a pas cru qu’il porterait atteinte au
Teg"P:ouillot a envisagé cette représentation
comme utile. C’est ce qu’il a écrit dans "Darticre
de la Grande Revive. Il (ait appel à l’espi u des con
ciliation sur le problème do la représentation des
M TROUILLOT : Je n’admets pas qu’un siège
pourra être pris par la minorité à la majorité.
M. briand : Ce que je montre ici, cest que la
représentation des minorités n’a pas été inventée
par des réactionnaires. Je ne veux me faire pa
tronner que par des républicains, et je vous choi
sis. (Applaudissements).
M Clémenceau lui-même se déclare favorable a
la R. M. Dans le manifeste pour la défense du
suffrage universel, rédigé par lui, il proclame le
droit des minorités établi par la Révolution fran
çaise. Je retiens son adhésion au principe qui se
trouve ainsi purifié à mes yeux. (Rires). Une autre
autorité s’est prononcée, dans un discours solen
nel, à Poitiers, c’est M. Combes i Mouvements).
M. Combes y reconnaît avec satisfaction que
l’enlente s’est conclue sur le terrain de la repré
sentation des minorités, sanctionnée par un vote
formel de la Chambre. lise plaît a espérer que
cel accord durera. (Applaudissemenssie
Cette espérance, affirmée dans une assemblée
de militants, je vous demande le droit d’y parti
ciper avec vous. (Rires). Je ne crois pas me
trouver en mauvaise compagnie ; ces hommes po
litiques ne sont pas suspects.
Voyons maintenant les groupes républicains. La
question est mise à l’étude dans toutes les loges
votée dans les congrès locaux. En 1898, le Grand
Orient se prononce pour l'application du principe
de proportionalité. Même décision en 1906. En
1908, on déclare que la représentation proportion
nelle libère les candidats. (Mouvements à gau
che). Ce n’est pas moi qui parle. (Rires).
Je n’accepte pas la condamnation sévère pro
noncés en 1908 par le grand-convent. mais c’est
une association républicaine qui m’apporte son
concours. Dira-t-on qu’elle n’est pas assez mêlée
à la lutte politique ?
Le congrès socialiste de Nîmes, composé de
vaillants républicains, félicite les républicains
d’être entrés en collaboration avec le gouverne
ment pour faire triompher la représentation des
minorités.
Il s’est formé des cabinets où tous les membres
n’étaient pas do la même opinion sur la question,
ce qui n’était pas une raison pour qu’ils refusent
d’y entrer.
Le ministère Monis était, en majorité, composé
d’adversaires de l’idée proportionnaliste. Il erait
maître de proposer ou de ne pas proposer. Cepen
dant, dans sa déclaration ministérielle, il se dé
clare prêt à prendre pour base de la discussion un
projet qui comporterait la représentation des mi
norités avec le quotient calculé sur le nombre des
votants.
Le ministère Caillaux était également composé
d’hommes en majorité hostiles à la R. P., il fait la
même déclaration que le précédent.
C’est toujours dans le milieu républicain
qu’émerge l’idée de la représentation des mino
rités.
Voyons maintenant ce qui se passe à la Cham
bre. Je vous demande pour elle l’indulgence. (Ri
res.) Elle est l’enfant du suffrage universel qu’on
nous demande de respecter. Elle lui a donc man
qué de respect ? (Rires.) En tout cas, elle a dû y
regarder d’un peu près, avant de le faire !
Le 20 juin 4914, M. Perrier, garde des sceaux de
ministère Monis, soutenu par les éléments de
gauche, dit que personne ne doit être frustré de
sa part légitime dans la représentation nationale
et que place doit être faite aux minorités.
M. Caillaux, chef du cabinet suivant, proclame
que tout le monde est d’accord sur la question
du quotient.
Les dernières élections sont venues. La nou
velle Chambre vote à une majorité énorme la
R. M. Voilà le dossier que la Chambre m’a chargé
de vous transmettre. (Applaudissements).
Vous ne pouvez pas me dire qu’il s’agit de
faire le jeu de la réaction. Ce seraient tous let
républicains de la Chambre qui ont émis les votes
que vous savez que vous condamneriez par votre
vote (Vifs applaudissements.)
Le presiont du Conseil supplie le Sénat d’abor-
der le débat ave l’esprit conciliateur qui fait
l’honneur de cette assembree.
« Le scrutin de liste est un scrutin de prodi
gue. C’est un scrutin de joueur qu Jette toute S
fortune sur le tapis vert et je ne prenu. Pas "
responsabilité de présider à de pareilles élevons-
On a dit qu’avec le scrutin actuel, le parti revio.
drait moins nombreux, mais vivifié.
» Les sénateurs iront à la bataille, c’est vrai,
invulnérables comme Achille, mais talon com
pris. Mais les députés que vous sacrifiez ainsi 1
Ce n’est pas moi qui me ferai leur fossoyeur.
La situation actuelle ne peut se prolonger ; je
n’ai jamais médit du scrutin d’arrondissement ;
j’ai critiqué ses mœurs, c’est peut-être une faute
rrave au point de vue ministériel (Rires) mais en
e faisant j’ai cru faire mon devoir et servir la
République.
Je vous demande à tous de collaborer avec moi
pour une loi de justice impérieusement nécessai
re à la France.
Pour moi, dont l’habileté touche, paraît-il, à la
duplicité, j’ai pris mes responsabilités : si vous
n’acceptez pas l’invitation que je vous ai faite au
nom du gouvernement ; c’est que vous ne vou
lez plus de ce gouvernement et il est temps qu’il
s’en aille.
M. Briand descend de la tribune très applaudi
par les proportionnalistes et même sur un certain
nombre de banc des adversaires de la réforme.
Discours de M. Clémenceau
M. CLÉMENCEAU monte à la tribune.
J’ai écoulé avec la plus grande attention M. le
président du Conseil, j’ai suivi avec un intérêt
passionné la discussion qu’il a instituée et j'ai
retenu les conclusions politiques qu’il a ap
portées.
Cependant, dans son exposé historique, je veux
combler une lacune considérable que M. le pré
sident du Conseil, oh ! bien malgré lui sans doute
(Rires) a oublié de combler.
Il dit. et c’est vrai, que la réforme est une idée
républicaine. C’est au nom du droit des minorités,
c’est vrai, qu’a été faite la Révolution française ;
leur droites! inscrit dans la déclaration des Droits
de l’Homme, et nous avons consacré ce droit dans
toutes les libertés que nous avons données. (Ap
plaudissements à gauche.)
J’ai défendu moi-même ici, à cette tribune, con
tre beaucoup de mes amis, la liberté de l’ensei
gnement en faveur de nos adversaires.
Vous avez passé sur la question des mares sta
gnantes. On vous les a reprochées cependant,
l’autre jour à la tribune. Je veux y revenir, car
sans le vouloir, vous avez discrédité un grand
nombre de républicains et vous avez fourni à nos
adversaires le moyen de foncer contre ces mares
stagnantes que vous leur aviez désignées.
Les adversaires se sont mis en ligne contre le
scrutin d’arrondissement que vous aviez, — oh t
sans le vouloir, sans doute, — profondément
atteints par votre métaphore, pour atteindre la
majorité républicaine.
Toute la campagne a été faussée parce que Ion
a identifié, grâce à votre mot, les mares Stagnan
tes et le scrutin d’arrondissement.
Voilà ce oui a faussé l’idée de la représentation
des minorités. Et laissez-mol vous dire que si
elle n’a pas été réalisée dans le passe, cest quon
n’a pas trouvé ce système réalisable.
Vous avez dit vous même, dans un de vos dis
cours * « Il ne suffit pas qu une réforme soit jus
te il faut qu’elle soit praticable. » Il y a, dans ce
pays un état d'esprit que je qualifierai de césa-
rien'(Bruits) ; beaucoup d’hommes sont prêts à
s'abandonner à une panacée. C'est cette masse
qui a marché. . . .
Jusqu’ici, ce sont les majorités qur ont eu le
pouvoir, les minorités doivent seulement avoir les
moyens de le gagner. G'est la vérité de tous les
temps. Toute l'histoire est une luite entre majori
té et minorité. Si des violences ont été commises,
c'est par un legs du passé. Avec se progrès, les
majorités ont changé leurs moyens, et se sont
installées dans le monde sous forme de Parle
ment.
Je ne pourrai jamais accepter toute entreprise
conîre la majorité ; comme républicain et comme
parlementaire, je dis : on ne passe pas. (Appiau.
dissereSlident du Conseil a reconnu la nécessi-
té des majorités locales, ce sont elles qui forme
rop!surugpouitsecepraetpe d’autorité, parce que
j’aime la liberté. (Applaudissements).
J Le projet pour lequel se prononce M. le presi
dent du Conseil condamne à mort trois cents de
PU 0uand le suffrage universel aura été fixé dans
des moules immuables, il n’aura plus que la Ré
volution à sa disposition 1 Lorsque vous gagnes
tous les jours du terrain, vous voulez diminuai
la majorité l En réalité vous allez la détruire
M. le président du Conseil n’a pas rendu &acile
la tâche de ses successeurs éventuess. Il & 9u4ee
N 11,571
(6 Pages)
S Cenunmnes
EDITION DU MATIN
5 Centimes
(6 Pages)
Mercredi 19 Mars 4943
aseen
Administrateur- Délégué
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
grdes:
Trois Mois
Six Mors
Un Am
» Fr.
Fr.
O Fr.
Rédacteur en Chef, Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
** »
4€ »
de spanen
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,
1 Oise et la Somme
Autres Départements
Union Postale
Petit Havre
. — - .....1® » 20 Fr.
On s'abonne é ^ment, SANS FRAIS, dans tous tes Bureaux de Poste
53" Ann»
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
a M. O. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Administration, Impressions et Annonces, TEL 10.47
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
35, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7.60
AU HAVRE
A PARIS
AN NON CES
Bureau du Journal, 112, boula de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ABONNEMENTS
g Dernière Heure j
PARIS, TROIS HEURES MATIN
NEW-YORK, 18 MARS
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 18 Mars, Dépêche de 4 h. 35
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
calme
• 64 10/-
£ 64 47/6
2/6
-/-
5/-
Comptant..
3 mois
ETAIN
Comptant..
3 mois
ferme
£ 209 15/-
£206 15/-
20/—
27/6
FER
Comptant..
! calme
£ 66/6
9 d
8 mois
£ 64/9
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 17 mars 1913.
Apres la Cloute au Caquet
A la C hemnbre
Bien que M. Aristide Briand ait prononcé
au Sénat un des meilleurs discours de sa
vie politique, il n’a pas changé un vote.
Le siège de la Haute Assemblée était fait.
Après le pointage, plusieurs sénateurs ont
offert à M. Briand de déposer après la pro
clamation du vote un ordre du jour de con-
fiance.
M. Briand s’y est énergiquement refusé.
Les proportionnalités de la Chambre s’agi
tent ; ils vont essayer de provoquer jeudi
devant la Chambre en l’absence de tout gou
vernement un débat permettant à celle-
ci de manifester son sentiment sur la réfor
me électorale.
On prévoit même le dépôt d’une motion
invitant le président de la République à de
mander au Sénat, dont l’avis favorable est
nécessaire, la dissolution de la Chambre afin
de permettre au pays de se prononcer.
Mais une telle mesure serait, dit-on, anti
constitutionnelle.
Parmi les noms mis en avant pour la pré
sidence du Conseil, on cite MM. Louis Bar-
thou et Klotz, en cas de conciliation entre les
deux Chambres. Ensuite, ceux de MM. Ribot,
Pichon, Clémenceau, Gaston Doumergue,
Peytral et Caillaux.
Votes de u&s sénateurs
Ont voté contre l’amendement Peytral :
MM. Brindeau, Fortier, Quesnel, Rouland et
Waddington.
Dernier Conseil aes Jlinèstre*
À l’issue de la séance du Sénat, les minis
tres se sont réunis au ministère de l'inté-
rieur.
Ils ont considéré qu’après le débat qui ve-
fiait d’avoir lieu et le vote qui a suivi, ils ne
pouvaient conserver le pouvoir.
Ils ont décidé de remettre leur démission
au président de la République.
Z. Poincare reçoit
la aéwti&sèon au Cabinet
M. Poincaré a reçu à sept heures les mi-
nistres qui lui ont remis leur démission.
( M. poinaré l'a acceptée.
Les consezs«tions
a. JS. Poincaré
es—
Le président de la Républiqu2 recevra au
jourd’hui les présidents de la Chamare et d
Sénat qu’il consultera sur la situation.
---------
Assassinat du Roi Se Grèce
) -—
SON ASSASSIN SERAIT UN FOU
Athènes.— Une dépêche du prince Nicolas,
reçue à sept heures, annonce que le roi de
Srece a été victime d’un attentat.
Il est mort une demi-heure après avoir été
frappé.
Une dépêche de Ractiban confirme la ter-
rible nouvelle.
On assure que des mesures ont été prises
pour le maintien de l’ordre.
Selon une dépêche du directeur du bureau
télégraphique, le roi Georges a été frappé
par derrière, au cours d’une promenade,
par deux individus dont un serait un désé
quilibré et se nommerait Alexandre Schinas.
SALONIQUE. — C’est pendant que le roi de
Grèce faisait sa promenade habituelle dans
les rues de Salonique qu’il fut frappé d’un
coup de revolver.
La balle atteignit le roi à la poitrine et tra
versa le cœur.
Le souverain, transporté immédiatement à
l'Hôpital, y est mort aussitôt après son ai ri
vée.
L’assassin a été arrêté ; on ignore encore
sa nationalité.
Salonique. — Envoyé spécial d'Havas. —
C’est à 5 heures de l’après-midi que le roi a
été assassiné.
Le souverain n’était accompagné que d’un
aide de camp.
L’attentat a eu lieu dans la rue des Cam
pagnes.
L’assassin est un grec dégénéré nommé
Alexandre Schinas.
MORT DU GÉNÉRAL ANDRÉ
DION. — Le général André est mort hier
[poir à six heures ; il était âgé de 76 ans.
( Les obsèques auront lieu à Dijon mais la
date n'en est pas encore fixée.
Cotons : mars, baisse 2 points ; mai,
baisse 2 points ; juillet, baisse 1 point ;
octobre, baisse 1 point. — Calme.
Cafés : hausse 1 point à baisse 6 points.
NEW-YORK, 18 MARS
c. m looi'
C. PRXCZDIAT
Cuivre Standard disp.
— mai
14 37
14 37
14 46
14 45
Amalgamat. Cop...
Fer
68 3/8
17 60
69 »/»
17 60
CHICAGO, 18 MARS
G. DU JOUR
C. PRECED
Blé sur
Mai
88 3/4
88 4/2
52 4 8
88 4/4
88 i 8
51 3 4
Juillet....
Mai
Maïs sur
Saindoux sur.
Juillet....
Mai
53 4/2
40 70
53 4/8
40 67
40 62
Juillet....
40 62
LA NOUVELLE LOI MILITAIRE
À la commission de l’armée
La commission de l’armée a entendu le
ministre de la guerre qui était accompagné
des généraux Joffre et Legrand..
Le général Joffre a affirmé que le conseil
supérieur de la guerre s’est prononcé à l’u
nanimité pour le service de trois ans. Il a
donné quelques explications sur l’utilité du
projet qui, dit-il, n’a pour but que de répon
dre aux projets allemands.
MM. Augagneur, Driant, Jaurès et Girod
ont alors posé diverses questions sur la mo
bilisation et les troupes de couverture.
M. Etienne a répété ce qu’il avait dit pré
cédemment ; il a conclu en disant que le re
jet du projet équivaudrait à un désastre
pour le pays.
M. Treignier a soutenu ensuite qu’une bon
ne application du service de deux ans suffi
rait à parer aux exigences de la défense na
tionale.
Après quoi, la clôture de la discussion gé
nérale a été prononcée par 17 voix contre 16.
LA GUERRE D’ORIENT
La question Macédonienne
CONSTANTINOPLE. — Une Commission com
prenant notamment Halim Bey, ancien mi
nistre de la justice et Galib Bey, est partie
hier pour Vienne, Paris et Londres ; elle est
chargée de propager l’idée d’établir une Ma
cédoine autonome, basée sur le principe des
nationalités.
La réunion des Ambassadeurs
Londres. — Il est probable que la réunion
des ambassadeurs n’aura pas lieu aujour
d’hui, l’ambassadeur de Russie étant grippé.
Le Bombardement d'Andrinople
Constantinople, 17 mars. — Le duel d’ar
tillerie continue sur les points Ouest et Est
d’Andrinople.
Le calme règne à Boulaïr.
Dans la même journée, à Tchataldja, des
détachements turcs ont repoussé l’ennemi
vers l’Ouest avec l’aide de l’artillerie.
Autour deSoutari
CETTIGNE. — Le duel d’artillerie n’a pas
repris autour de Scutari depuis plusieurs
jours.
3 ovelques transports venant de Salonique
escortés par des navires de guerre grecs
sont arrivés à nédua.
Un Engagement à Tozatalda
Constantinople. — On annonce qu'u Sé-
rieux engagement a eu lieu à Tchataldja. '
ARRESTATION DE M. JOUHAUX
M. Jouhaux, secrétaire général de la C.G.T.,
a été arrêté hier matin en vertu d’un juge
ment du tribunal de simple police de Paris
le condamnant, le 13 janvier 1912, à dix
jours d’emprisonnement pour affichage de
placards non timbrés.
Nouvelles Politiques
A
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis hier matin, en
Conseil, à l’Elysée, sous la présidence de
M. Poincaré.
M. Jonnart a mis le Conseil au courant de
la situation extérieure, puis il a communi
qué les dépêches qu’il a reçues du général
Lyautey, au sujet du combat de Tadla, au
Maroc.
Le reste de la séance a été consacré à l’ex
pédition des affaires courantes.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HIERRIRIE INTERHATIONALE
1.06, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de l'HOTEL TERMINUS)
. - -U
La Crise ouverte
La crise redoutée s’est produite hier au
Sénat dans un furieux assaut livré au mi
nistère.
M. Briand a mis toute son énergie et tout
son talent à maintenir devant le Sénat les
engagements qu’il avait pris devant la
Chambre.
Comme toujours, c’est M. Clémenceau
qui s’est trouvé le leader des démolitions.
En réalité, les adversaires de la loi votée
par la Chambre visaient surtout la person
nalité du président de la République issu
du récent Congrès. — et c’était la revanche
de l’élection du 17 janvier que poursui
vaient bon nombre des antiproportionna-
listes.
Le ministère s’étant ainsi trouvé en mi
norité de 33 voix, a donné sa démission.
Qu’arrivera-t-il demain ?
Devant les difficultés de l’heure actuelle,
jamais crise ministérielle ne s’est produite
en des conditions aussi critiques.
A l’extérieur, comie à l’intérieur, les
questions se pressent. La France est dans
l’obligation d’orienter sa politique pour la
défense de sa place parmi les nations, et
pour maintenir à la fois sa volonté pacifique
et sa dignité.
En présence de la division qui s’accuse
entre les deux Chambres, que va devenir
non seulement cette réforme électorale,
dont le Sénat n’a pas craint de faire un
brandon de discorde, mais aussi cette loi
militaire, dont le pays, résolu à tous les sa
crifices, attendait une garantie de paix ?
Nous ne voulons pas être pessimistes,
mais nous ne pouvons que déplorer une
crise ouverte dans des conditions si fâcheu
ses et qui ne peut qu’affaiblir l’autorité gou
vernementale dans un moment où le devoir
national commandait l’union.
HIPPOLYTE Fénoux.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 18 mars.
L’heure de la lutte suprême a sonné à
l’horloge du Destin ou, pour parler plus
prosaïquement, à la pendule sénatoriale.
Une odeur de poudre flotte dans la salle en
fiévrée. Les deux armées, drapeau déployé,
sont rangées en colonne d'attaque, n’atten
dant qu’un signal de leurs chefs pour s’élan
cer à l’assaut. Mais, avant que ce signal soit
donné, il faut patienter encore.
Un dernier orateur est inscrit, M. Viger,
qui n’entend pas se voir enlever son tour
de parole. Arrondissementier renforcé, le
sénateur du Loiret s’élève avec violence con
tre la Proportionnelle, contre la représenta
tion des minorités, ne voulant être, dit-il,
ni dupe, ni complice de cette aventure...
C’est la dernière manœuvre stratégique
préparant le choc des gros bataillons. Main
tenant, la garde va donner.
Le président du Conseil, en effet, se lève
au banc ministériel, tenant dans la main
droite un dossier à chemise jaune sur lequel
se détachent en gros caractères, les initiales
R. P. et gravit, posément, les degrés de la
tribune.
Aussitôt, un grand silence se fait dans la
salle et, très-maître de lui, en pleine posses
sion, semble-t-il, de tous ses moyens, M.
Briand entame son discours....
Dès les premiers mots, on sent que le pré
sident du Conseil est dans un de ses bons
jours. Sa voix est chaude, prenante, et son
argumentation se développe en périodes
harmonieuses, d’une impeccable forme lit
téraire, d’une logique absolue dans l’enchai-
nement des pensées.
Le président du Conseil déploie, en cette
minzte décisive, toutes les ressources de son
merveilleuX talent oratoire. Il est, tour à
tour, pressant et persuasif, éloquent et ironi
que, d’une souplesse 8t d’une habileté con
sommée, d’une vigueur aussi, doue netteté
qui ne laissent planer aucune ambigun, sur
ses intentions.
A plusieurs reprises, en effet, au début de [
son discours, au milieu, à la fin, il a posé
catégoriquement la question de confiance,
répétant avec insistance que si la haute as-
semblée restait sourde à son appel, que si
elle refusait de faire un pas dans la voie de
la conciliation, il lui serait impossible de
conserver la responsabilité du pouvoir.
Très écouté de tous les côtés de la salle, à
peine interrompu, le président du conseil
est très applaudi au centre, à droite et sur
quelques bancs de la gauche. Les arrondis-
sementiers, en revanche, se montrent réso
lument hostiles. Malgré tout son talent, le
président du conseil n’a pu entraîner le bloc
compact des adversaires de la proportion
nelle.
Maintenant, c’est le tour de M. Clémen-
ceau. Lui aussi est en pleine forme. Il don
ne à fond, comme aux jours lointains où,
à la Chambre, il renversait les ministères. A
mesure qu’il parle, l’hostilité des arrondis-
sementiers s’accentue. Leurs bravos crépi
tent, tandis qu’un certain flottement se pro
duit dans les rangs proportionnalistes.
Il est évident que la bataille tourne mal
pour le cabinet. Bientôt, les événements se
précipitent, la charge sonne, c’est l’effort fi
nal, le corps à corps suprême d’où doit sor
tir pour les uns la victoire, pour les autres
la défaite.
Le terrain sur lequel ce corps à corps va
se produire est habilement choisi.
M. Peytral a soutenu un amendement
consacrant en tout état de cause le principe
majoritaire et c’est sur cet amendement que
l’on va se compter. 4
. Une fois de plus, M. Briand pose la ques
tion de confiance et c’est au milieu d’une
incroyable agitation que les urnes circulent.
Le gouvernement est battu, battu à 33 voix
de majorité.
Le Sénat, irréductible dans son intransi
geance, n’a voulu ni de la proportionnelle,
ni de la représentation des minorités, et
reste immuablement attaché au système ma
joritaire.
Aussitôt le scrutin proclamé, aux applau
dissements des arrondissementiers, M. Briand
se lève, suivi de tous les ministres, et quitte
la salle des séances, salué par les acclama
tions des proportionnalistes. Le cabinet était
démissionnaire...
A cette minute précise, M. Steeg était à la
tribune de la Chambre, s’expliquant, devant
une salle vide, sur les projets de défense
laïque. Un ami, qui arrivait en hâte du
Luxembourg, lui fit passer un petit papier
lui faisant connaître le vote du Sénat et l’in-
formant, par cela même qu’il n’était plus
ministre...
Alors, M. Steeg abrégea son discours et la
séance fut levée, mais tandis que la Haute-
Assemblée s’ajournait à lundi, la Chambre
qui venait d'apprendre, elle aussi, le résultat
de la grande bataille, décidait, malgré la
crise ministérielle, de siéger jeudi.
Les proportionnalistes, ont, paraît-il, l’in
tention de faire, en séance, une manifesta
tion en faveur de la réforme électorale, une
manifestation contre le Sénat, qui va dresser
l’ane en face de l’autre les deux Assem
blées.
Dans quelles difficultés, dans quel gâchis
llons-nous tomber !...
T. H.
-9—
SENAT
_ Séance du 18 mars
Le grand jour est arrivé, ce jour attendu
si impatiemment, qui va décider du sort de
la réforme électorale et, du même coup, de
l’existence du Cabinet...
Aussi, quelle foule an Luxembourg !
Quelle morne solitude au Palais-Bourbon !
Le Parlement tout entier s’est donné rendez-
vous au Sénat qui, depuis de longues an
nées, depuis les émouvantes séances de la
Haute-Cour, n’avait pas vu pareil envahisse
ment
L’affluence, pourtant si considérable, de
ces jours derniers n’était rien auprès de
l’indescriptible cohue d’hier. Couloirs, salle
des conférences, tribunes publiques, tout es
bondé, archibondé. Dans l’hémicycle, le
spectacle est plus curieux encore. Tous les
membres du Parlement sont là. O a se croi
rait à Versailles, un jour de Congrès, avec
cette différence, toutefois, que, seuls, les
sénateurs sont assis, confortablement ins
tallés dans leurs moelleux fauteuils de
velours rouge — les chaises curules d’au
jourd’hui, —tandis que les députés, debout,
sont entassés dans les couloirs latéraux, sui
vant le débat en simples auditeurs, mais en
auditeurs passionnés.
Au banc du Gouvernement, les ministres
sont au complet, sauf pourtant M. Steeg, qui
s’en est allé représenter le Cabinet dans la
salle déserte du Palais-Bourbon...
La séance est ouverte à 2 h. 10, sous la prési
dence de m. a. dubost, président.
IA RÉFORME ÉLECTORALE
Au banc des ministres prennent place, au début
de la séance, M. Briand, président du Conseil;
MM. Klotz, ministre des finances ; Guist’hau, mi
nistre du commerce ; Fernand David, ministre de
l'agriculture ; Chaumet, sous-secrétaire d’Etat. De
nombreux députés garnissent les travées de l'hé
micycle.
Deux nouveaux amendements ont été déposés.
L’un est signé par MM. Gervais, de Freycinet,
Paul Strauss, Poirrier, Alexandre Lefèvre, Maujan,
Mascuraud, Bassinet, Ranson, Barbier. Il est ainsi
conçu :
« Le nombre des sièges attribués à une circons
cription est calculé d’après le nombre des habi
tants de nationalité française.
» Chaque circonscription élit un député par
70,000 habitants français, et par fraction supé
rieure à 20,000.
» Toutefois, aucun département n’élit moins de
trois députés. Le territoire de Belfort élit un dé
puté.
» Le nombre des députés à élire par chaque
circonscription est fixé conformément au tableau
annexe à la présente loi. »
D’autre part, M. Jean Godet propose de rédiger
ainsi l’article 1" :
« Les membres de la Chambre des députés sont
élus au scrutin de liste à la majorité absolue des
suffrages et avec représentation des minorités. »
m. viger a la parole.
J’apporte, dit-il, une protestation sincère et vé-
hémente contre la représentation proportion
nelle.
plusieurs orateurs, défenseurs de la proportion
nelle, ont dit que celle-ci remplacerait la bataille
des personnes par la lutte des idées. C’est rabais
ser singulièrement les services qu’a rendus le
scrutin d'arrondissement ; c’est aussi rabaisser le
rôle des électeurs sans lesquels ni vous ni moi
ne serions ici.
Ces modestes électeurs qui ont lutté contre
l’Empire, contre le Seize-Mai, avaient un idéal di
gne de tous les respects, un haut idéal républi
cain. De même, ceux qui ont soutenu le minis
tère de défense républicaine et qui combattent
tous les jours contre les puissances da réaction.
(Très bien ! très bien !) Eh bien, ces électeurs ne
sont pas très tendres pour la R. P., cette belle
invention des temps modernes. Ils traitent le
scrutin proportionnel de scrutin de la défiance et
de l’ingratitude.
Au Conseil général, dont je suis président, j'ai
eu avec moi tous les républicains modérés et pro
gressistes comme les radicaux contre la repré
sentation proportionnelle. Plu: ieurs maires m ont
demandé de leur expliquer ce que c’est que la
R. P. Lorsque mon explication a été terminée, ils
m’ont dit : « Si on nous impose un pareil mode
de scrutin nous ne pourrons plus exercer notre
droit, nous nous réfugierons donc dans l absten-
" Pon prend les chiffres du scrutin de 1883
dans le Loiret, on constate que ce fut au second
tour de scrutin que les républicains triomphèrent,
grâce à l’union qui se fit entre les deux listes. Si
la proportionnelle avait été appliquée, les républi
cains auraient obtenu seulement 2 sièges au lieu
de 6. (Interruptions à droite). .
En tout cas, toutes les minorités n’eussent pas
été représentées. . ...
M. LARÈRE : Les élections de 1883 vous ont fait
peur.
M. viger : Mais oui, et c’est pourquoi nous ne
voulons pas supprimer le deuxième tour qui, en
1883, a permis aux républicains de se ressaisir.
Si la représentation proportionnelle triomphait.
on verrait échouer aux élections les chefs les plus
qualifiés du parti républicain.
On nous parle d’apaisement ; la vérité est que
le parti réactionnaire s’organise partout. (Très
bien ! à gauche.)
Les associations cléricales de pères de familles
ou autres nous inquiètent. (Interruptions à droite.)
M. le comte de TRÉ VENEUC : Tout vous in
quiète !
m. viger : D’un autre côté, l’activité révolu
tionnaire des Bourses du Travail n’est pas sans
nous causer des craintes sérieuses. Ce n’est donc
pas le moment pour le parti républicain de désar
mer. (Très bien t a gauche.)
Avec le scrutin d’arrondissement, et même avec
le scrutin de liste majoritaire, les intérêts ruraux
agricoles sont défendus, mais avec la représenta
tion proportionnelle, seuls les candidats urbains
seront élus, ou bien il faudra composer des listes
uniquement d’agriculteurs. Le gouvernement, dit-
on, va poser la question de confiance, forcer le
Sénat à délibérer en paix sous la pointe des baïon
nettes.
Je supplie le Sénat de rejeter la R. P. qui ferait
courir de gros dangers à la République. Je ne
veux, pour ma part, être ni la dupe ni le complice
de cette aventure. (Très bien ! et applaudissements
à gauche.)
M. sureau renonçant à la parole, m. BRIAND,
président du Conseil, monte à la tribune.
DISCOURS DE M. BRIAND
M. briand, président du Conseil : A ce mo
ment décisif, je viens, au nom du gouvernement,
prendre mes responsabilités et vous mettre en
face des vôtres. Je ne suis pas porté par ma na
ture à dramatiser les événements. Un homme po
litique doit envisager les circonstances avee
mesure et même avec optimisme, mais les
saillies de votre spirituel rapporteur n’ont pas
écarté votre esprit de la gravité de cette discus
sion.
Pour le gouvernement, elle est de premier or
dre. Il la considère telle que si elle devait aboutir
à une solution contraire a son désir, il ne croirait
pas pouvoir assumer plus longtemps les charges
du pouvoir. (Très bien !).
Il ne s’agit pas ici d’habileté, de souplesse,
d’éloquence, de charme, de toutes ces qualités
dont mes adversaires politiques se sont plu à or
ner mon col (Rires) : je tiens à aller au sacrifice
le col nu, mais droit. (Très bien !)
Jai tOD I e souci de l’indépendance de l’Assem
blée pouf ne pas être au regret de la placer dans
l’alternative ou douvrir une crise ministérielle,
ou de voter contre sa conscience.
Lorsque j’ai pris le pouvoir, 3 Question la plus
grave était le projet de la réforme électorale qui
divise les républicains et fausse la porique; Le
devoir du gouvernement républicain était de S en-
gager à la résoudre et de faire tous ses loyaux
efforts pour y réussir.
J’ai pensé rendre à mon pays et à la Républi
que un service en la débarrassant de ce cauche
mar. Si je ne posais pas la question de confian
ce, quel est celui de vous qui ne me blâmerait
pas de rester au pouvoir dans la situation dimi
nuée où je serais ? (Vifs applaudissements.) De
nouveaux débats surgiraient qui mettraient le
gouvernement dans la situation de s’en aller dans
l’état de loque. Gela, jamais 1 (Vifs applaudisse
ments).
Les membres de cette Assemblée sont attachés
aux principes, mais le goût de l’absolu n’est pas
à craindre ici, non plus que les partis pris. Votre
orientation d’esprit doit-elle vous conduire à une
décision brutale, intransigeante ? D’abord, voulez-
vous une réforme électorale ? Le gouvernement
la juge indispensable. Il estime que sans elle le
parti républicain irait à des désastres.
Son devoir impérieux est donc d’essayer de la
réaliser. Vous devez chercher une solution possi
ble. Vos prérogatives sont entières, égales à cel
les de la Chambre. Je vous le prouve, puisque je
mets le sort du gouvernement entre vos mains.
(Applaudissements.)
Vouiez-vous rechercher avec nous une solution
transactionnelle en collaboration avec l’autre
Chambre ? On ne peut négliger le concours de
l’une et l’autre Assemblée. Le principe majori
taire a été affirmé ici, mais la Chambre a-t-elie le
droit aussi d’affirmer un principe en cette ques
tion ?
Personne ne le contestera. Or, la Chambre
vous a transmis un dossier que vous devez exa
miner.
Si nous étions assez loin des élections, avec la
possibilité de va-et-vient entre ies deux Cham
bres, je ne pèserais pas sur vos esprits, j’atten
drais votre décision pour la porter a la Chambre.
Peut-être une transaction pourrait-elle arriver en
core à temps, mais le temps presse aujourd’hui.
Je ne veux pas examiner les modes de scrutin au
point de vue philosophique. La justice n’est mê
me pas tout en cette matière, l’affaire est égale
ment politique.
Le devoir du parti républicain est de vouloir
continuer ses services au pays. Ceite considéra
tion doit peser sur vos esprits ; est-il possible de
repousser brutalement les tentatives faites par la
Chambre ?
J’ai combattu la représentation proportionnelle
parce que j’ai l’esprit majoritaire. La représenta
tion des minorités a mes sympathies. Est-ce une
machine de guerre surgie des ateliers réaction
naire conire la République ? Si j’avais ce soup
çon, je ne vous inciterais pas a une manifestation
en sa faveur. Elle a été conçue par des républi
cains français pour être reçue dans les paysetran-
gers. , .
Je ne remonterai pas loin dans I’hl stoire. En
1880, pour la première fois, l’idée de la représen
tation des minorités fait son apparition. On discu
tait le scrutin de liste ; un vieux républicain de
manda la représentation des minorités ; elle fut
votée par MM. Achard. Barodet, Brousse, Granet,
de La Forge, Leydet. C’était la majeure partie de
l’extrême-gauche.
m. peytral : Il s’agissait de la prise en consi
dération. - .
m. briand, président du conseil : G est exact,
M. Peytral l’a votée. (Applaudissements).
Je n’en tire pas argument contre lui. Personne
ne suspectera l’opinion de ces républicains. Plus
près de nous, je trouve un amendement 4e MM.
Augagneur, Renoult, Dessoye, Clémentel, Mala-
vialle, Malvy, etc., dans lequel on proclame la
représentation de minorités. (Applau-dissements).
M. J.-L. Breton a écrit un article, en 1911, dé
clarant qu’une réforme était nécessaire et qu’il
fallait tenir compte du vote de la Chambre. Il con
sidère que cette question a trop longtemps divise
les républicains et il accepte le projet de la délé
gation des seize qui assure aux minorités une re
présentation. Voilà l’esprit de transaction de M.
Breton ; il n’a pas cru qu’il porterait atteinte au
Teg"P:ouillot a envisagé cette représentation
comme utile. C’est ce qu’il a écrit dans "Darticre
de la Grande Revive. Il (ait appel à l’espi u des con
ciliation sur le problème do la représentation des
M TROUILLOT : Je n’admets pas qu’un siège
pourra être pris par la minorité à la majorité.
M. briand : Ce que je montre ici, cest que la
représentation des minorités n’a pas été inventée
par des réactionnaires. Je ne veux me faire pa
tronner que par des républicains, et je vous choi
sis. (Applaudissements).
M Clémenceau lui-même se déclare favorable a
la R. M. Dans le manifeste pour la défense du
suffrage universel, rédigé par lui, il proclame le
droit des minorités établi par la Révolution fran
çaise. Je retiens son adhésion au principe qui se
trouve ainsi purifié à mes yeux. (Rires). Une autre
autorité s’est prononcée, dans un discours solen
nel, à Poitiers, c’est M. Combes i Mouvements).
M. Combes y reconnaît avec satisfaction que
l’enlente s’est conclue sur le terrain de la repré
sentation des minorités, sanctionnée par un vote
formel de la Chambre. lise plaît a espérer que
cel accord durera. (Applaudissemenssie
Cette espérance, affirmée dans une assemblée
de militants, je vous demande le droit d’y parti
ciper avec vous. (Rires). Je ne crois pas me
trouver en mauvaise compagnie ; ces hommes po
litiques ne sont pas suspects.
Voyons maintenant les groupes républicains. La
question est mise à l’étude dans toutes les loges
votée dans les congrès locaux. En 1898, le Grand
Orient se prononce pour l'application du principe
de proportionalité. Même décision en 1906. En
1908, on déclare que la représentation proportion
nelle libère les candidats. (Mouvements à gau
che). Ce n’est pas moi qui parle. (Rires).
Je n’accepte pas la condamnation sévère pro
noncés en 1908 par le grand-convent. mais c’est
une association républicaine qui m’apporte son
concours. Dira-t-on qu’elle n’est pas assez mêlée
à la lutte politique ?
Le congrès socialiste de Nîmes, composé de
vaillants républicains, félicite les républicains
d’être entrés en collaboration avec le gouverne
ment pour faire triompher la représentation des
minorités.
Il s’est formé des cabinets où tous les membres
n’étaient pas do la même opinion sur la question,
ce qui n’était pas une raison pour qu’ils refusent
d’y entrer.
Le ministère Monis était, en majorité, composé
d’adversaires de l’idée proportionnaliste. Il erait
maître de proposer ou de ne pas proposer. Cepen
dant, dans sa déclaration ministérielle, il se dé
clare prêt à prendre pour base de la discussion un
projet qui comporterait la représentation des mi
norités avec le quotient calculé sur le nombre des
votants.
Le ministère Caillaux était également composé
d’hommes en majorité hostiles à la R. P., il fait la
même déclaration que le précédent.
C’est toujours dans le milieu républicain
qu’émerge l’idée de la représentation des mino
rités.
Voyons maintenant ce qui se passe à la Cham
bre. Je vous demande pour elle l’indulgence. (Ri
res.) Elle est l’enfant du suffrage universel qu’on
nous demande de respecter. Elle lui a donc man
qué de respect ? (Rires.) En tout cas, elle a dû y
regarder d’un peu près, avant de le faire !
Le 20 juin 4914, M. Perrier, garde des sceaux de
ministère Monis, soutenu par les éléments de
gauche, dit que personne ne doit être frustré de
sa part légitime dans la représentation nationale
et que place doit être faite aux minorités.
M. Caillaux, chef du cabinet suivant, proclame
que tout le monde est d’accord sur la question
du quotient.
Les dernières élections sont venues. La nou
velle Chambre vote à une majorité énorme la
R. M. Voilà le dossier que la Chambre m’a chargé
de vous transmettre. (Applaudissements).
Vous ne pouvez pas me dire qu’il s’agit de
faire le jeu de la réaction. Ce seraient tous let
républicains de la Chambre qui ont émis les votes
que vous savez que vous condamneriez par votre
vote (Vifs applaudissements.)
Le presiont du Conseil supplie le Sénat d’abor-
der le débat ave l’esprit conciliateur qui fait
l’honneur de cette assembree.
« Le scrutin de liste est un scrutin de prodi
gue. C’est un scrutin de joueur qu Jette toute S
fortune sur le tapis vert et je ne prenu. Pas "
responsabilité de présider à de pareilles élevons-
On a dit qu’avec le scrutin actuel, le parti revio.
drait moins nombreux, mais vivifié.
» Les sénateurs iront à la bataille, c’est vrai,
invulnérables comme Achille, mais talon com
pris. Mais les députés que vous sacrifiez ainsi 1
Ce n’est pas moi qui me ferai leur fossoyeur.
La situation actuelle ne peut se prolonger ; je
n’ai jamais médit du scrutin d’arrondissement ;
j’ai critiqué ses mœurs, c’est peut-être une faute
rrave au point de vue ministériel (Rires) mais en
e faisant j’ai cru faire mon devoir et servir la
République.
Je vous demande à tous de collaborer avec moi
pour une loi de justice impérieusement nécessai
re à la France.
Pour moi, dont l’habileté touche, paraît-il, à la
duplicité, j’ai pris mes responsabilités : si vous
n’acceptez pas l’invitation que je vous ai faite au
nom du gouvernement ; c’est que vous ne vou
lez plus de ce gouvernement et il est temps qu’il
s’en aille.
M. Briand descend de la tribune très applaudi
par les proportionnalistes et même sur un certain
nombre de banc des adversaires de la réforme.
Discours de M. Clémenceau
M. CLÉMENCEAU monte à la tribune.
J’ai écoulé avec la plus grande attention M. le
président du Conseil, j’ai suivi avec un intérêt
passionné la discussion qu’il a instituée et j'ai
retenu les conclusions politiques qu’il a ap
portées.
Cependant, dans son exposé historique, je veux
combler une lacune considérable que M. le pré
sident du Conseil, oh ! bien malgré lui sans doute
(Rires) a oublié de combler.
Il dit. et c’est vrai, que la réforme est une idée
républicaine. C’est au nom du droit des minorités,
c’est vrai, qu’a été faite la Révolution française ;
leur droites! inscrit dans la déclaration des Droits
de l’Homme, et nous avons consacré ce droit dans
toutes les libertés que nous avons données. (Ap
plaudissements à gauche.)
J’ai défendu moi-même ici, à cette tribune, con
tre beaucoup de mes amis, la liberté de l’ensei
gnement en faveur de nos adversaires.
Vous avez passé sur la question des mares sta
gnantes. On vous les a reprochées cependant,
l’autre jour à la tribune. Je veux y revenir, car
sans le vouloir, vous avez discrédité un grand
nombre de républicains et vous avez fourni à nos
adversaires le moyen de foncer contre ces mares
stagnantes que vous leur aviez désignées.
Les adversaires se sont mis en ligne contre le
scrutin d’arrondissement que vous aviez, — oh t
sans le vouloir, sans doute, — profondément
atteints par votre métaphore, pour atteindre la
majorité républicaine.
Toute la campagne a été faussée parce que Ion
a identifié, grâce à votre mot, les mares Stagnan
tes et le scrutin d’arrondissement.
Voilà ce oui a faussé l’idée de la représentation
des minorités. Et laissez-mol vous dire que si
elle n’a pas été réalisée dans le passe, cest quon
n’a pas trouvé ce système réalisable.
Vous avez dit vous même, dans un de vos dis
cours * « Il ne suffit pas qu une réforme soit jus
te il faut qu’elle soit praticable. » Il y a, dans ce
pays un état d'esprit que je qualifierai de césa-
rien'(Bruits) ; beaucoup d’hommes sont prêts à
s'abandonner à une panacée. C'est cette masse
qui a marché. . . .
Jusqu’ici, ce sont les majorités qur ont eu le
pouvoir, les minorités doivent seulement avoir les
moyens de le gagner. G'est la vérité de tous les
temps. Toute l'histoire est une luite entre majori
té et minorité. Si des violences ont été commises,
c'est par un legs du passé. Avec se progrès, les
majorités ont changé leurs moyens, et se sont
installées dans le monde sous forme de Parle
ment.
Je ne pourrai jamais accepter toute entreprise
conîre la majorité ; comme républicain et comme
parlementaire, je dis : on ne passe pas. (Appiau.
dissereSlident du Conseil a reconnu la nécessi-
té des majorités locales, ce sont elles qui forme
rop!surugpouitsecepraetpe d’autorité, parce que
j’aime la liberté. (Applaudissements).
J Le projet pour lequel se prononce M. le presi
dent du Conseil condamne à mort trois cents de
PU 0uand le suffrage universel aura été fixé dans
des moules immuables, il n’aura plus que la Ré
volution à sa disposition 1 Lorsque vous gagnes
tous les jours du terrain, vous voulez diminuai
la majorité l En réalité vous allez la détruire
M. le président du Conseil n’a pas rendu &acile
la tâche de ses successeurs éventuess. Il & 9u4ee
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.46%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 86.46%.
- Auteurs similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bd6t52637920p/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bd6t52637920p/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bd6t52637920p/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bd6t52637920p
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bd6t52637920p
Facebook
Twitter