Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-03-07
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 mars 1913 07 mars 1913
Description : 1913/03/07 (A33,N14559). 1913/03/07 (A33,N14559).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526379087
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
N 11,559
Administrateur - Délégué
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Y
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
Le Service de Trois Ans
PARIS, TROIS HEURES MATIN
LONDRES, 6 Mars, Dépêche de 4 h. 30
NEW-YORK, 6 MARS
LE PARLEMENT
C. BU JOUI
14
14
71
17
6. PRZCADENT
14 62
14 62
72 1/8
17 75
et l'Opinion
62
62
5/8
75
Cuivre Standard disp.
— mai
Amalganat. Cop..
Fer
i Centimes — CDITION DU mm—$ Centimes
NEW-YORK, 6 MARS
Calés : baisse 11 à 19 points.
t
Anne
Adresser tout ce qui concerne ‘Administration
a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
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a — ... ( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A FAEIS.»/....: < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
[ Le PETIT HA VRE est désigné pour tes Annonces judiciaires et légales
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4 Dernière Heure
DEPECHES COMMERCIALES
Cotons t mars, hausse 1 point ; mai,
baisse 1 point ; juillet, inchangé ; octobre,
hausse 1 point. — Soutenu.
Petit Havre
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l'Eure
1 Oise et la Somme ‘
Autres Départements
Union Postale
Vendredi 7 Mars 1943
Rédaeleur es Chef. Géraat
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Redaction
à M. HIPPOLYTE FéNoUX
35, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE • Rédaction, No 7.60
TROI Mors
=======
Six Mois
20 Fr.
Un an
Fr.
SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de
4.4%
erano»
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CUIVRE
Comptant..
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
calme
£ 66 -/-
2/6
3 mois
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Comptant..
£ 66 5/-
£ 217 -/-
-1-
2/6
50/—
3 mois ;
facile
£ 214 -/-
-J-
50/—
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Comptant ..
soutenu
£63/-
3 d
3 mois....
£ 62/-
2 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 5 mars 1913.
CHICAGO, 6
MARS
3
LE SERVICE DE TROIS OS
C
y
0
I
La Commission de l’Armée
La Commission de l'armée a décidé de te-
nir à partir de mardi des séances quotidien
nes qui seront consacrées à l’examen*des
crédits militaires et des projets sur le ser
vice de trois ans,
Cette décision n’a été prise qu’à la suite
d’assez vives observations présentées par
MM. Augagneur, Jaurès, Benazet Dutreil et
Vandame.
Les deux premiers estimaient qu’une telle
précipitation ne se justifiait pas et que l’on
devrait examiner sans hâte et avec le plus
grand sang-froid les crédits militaires puis
le nouveau projet sur la durée du service
militaire.
Les autres membres de la Commission
émirent au contraire l’avis que sans être en
fait liés, les deux projets militaires présentés
par le gouvernement apparaissaient comme
urgents et qu’il était necessaire que la Com
mission statuât sans trop tarder.
Le projet d’ouverture de crédit
MM. Jacquier, Augagneur, Ponsot, Dalbiez
et une quarantaine de leurs collègues ont
déposé au projet ouvrant un crédit de 500
millions pour la défense nationale un article
additionnel portant qu'il sera pourvu à cette
dépense par un impôt acquitté parles con-
tribuables dont le revenu dépasse dix mille
francs.
Cet impôt sera doublé pour le célibataires
de plus de trente ans on pour les famillog
n’ayant pas d’enfants.
LA GUERRE D’ORIENT
4
La Prise de Janina
La légation de Grèce communique la dé-
gê che suivante:
EMINAJA, 6 mars, 11 h. 30. — Après une
bataille acharnée qui dura les 4 et 5 mars,
Sffat Pacha a chargé Reouf Pacha, son ne
veu et Seilad Bey, son aide de camp, de
porter une lettre collective des consuls au
prince royal de Grèce.
Dans cette lettre, les consuls des puissan
ces déclaraient que le généralissime turc vu
les fortes pertes que son armée venait de
subir, les avait priés d’intervenir auprès du
Diadoque pour que les opérations de guerre
soient suspendues.
L’entrevue eut lieu entre 4 h. 1/2 et 5 heu
res du matin.
La réponse du prince royal et de son état-
major a été que l’armée turque devrait se
rendre sans conditions.
Les délégués de Sffat Pacha ont accepté
cette solution.
35,000 soldats turcs, à partir de ce mo-
ment, ont été considérés comme prisonniers
fie guerre.
L’infanterie grecque vient d’entrer à Janina.
Athènes. — A la séance d'hier, M. Venize-
los a fait part d'un nouveau télégramme du
Diadoque dans lequel il est dit que la garni
son de Janina est considérée comme prison-
nière. Tous les forts, les munitions, les
nons, les armes et les drapeaux ont été
mis aux grecs.
A l’issue de la séance, un Te Deum a
chanté à la cathédrale.
Toute la ville est pavoisée.
La démobilisation en Autriche
ca-
re-
été
les
Vienne. — A la Chambre des députés,
socialistes ont présenté des motions tendant
au licenciement des réservistes appelés sous
les drapeaux et ont demandé que ces mo-
tions soient mises à l’ordre du jour.
Cette demande a été repoussée.
h
BANQUET EN L'HONNEUR DU
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Hier soir, a eu lieu un grand banquet offert
ue par l’Ordre
au président de la Républiq
des avocats à la Cour d’Appel de Paris.
Un millier de convives assistaient à ce ban-
s
t
quet.
M. Fernand Labori, bâtonnier, a pronon
cé un discours.
« Jamais, a-t-il dit, les membres du grand
barreau ne se sont assemblés en pareil nom
bre pour rendre hommage à l’un des leurs».
Après avoir rappelé que le président de la
République a été de tous temps l’un des
leurs, M. Labori a dit en terminant :
« Personne plus que vous ne semble ca
pable de réconcilier sous le drapeau de la
République l’ancienne France et la France
moderne ».
Répondant à M. Labori, M. Poincaré a dit
que parmi les vœux et les félicitations qu’il
avait reçus, il n’en est pas qui l’ont touché
plus profondément que les félicitations du
barreau. . .
« Je suis sûr que votre pensée bienveil
lante m’accompagnera dans le poste où m’a
placé l’Assemblée nationale.
» En me rappelant combien vous êtes pas
sionnément dévoués à la liberté et à l’ordre
public, je me trouverai plus fort pour con-
Blé sur
Mais sur
Saindoux sur.
Mai ..
Juillet
Mai ..
Juillet
Mai ..
Juillet
C. Oü IOUR
91 1/2
90 3 8
52 3 4
53 7 8
10 87
10 80
c. PRECED
91 1/8
90 1/8
o2 3/4 t
53 7/8
10 85
10 77
sacrer sans réserves à la France et à la Ré
publique ce que je puis avoir d’intelligence
et de cœur. »
Le président a ensuite levé son verre en
l'honneur de son cher barreau parisien.
LES ÉCOLES A FEU
DELA PREMIÈRE ESCADRE
Toulon. — Le ministre de la marine a
adressé au vice-amiral Boué de Lapeyrère
un ordre du jour dans lequel il lui exprime
toute sa satisfaction pour les résultats excel
lents obtenus au cours des écoles à feu de
la première escadre.
L’AÉRONAUTIQUE MILITAIRE
Le groupe sénatorial de l’aviation a tenu
deux séances hier.
Dans la première, il a entendu le général
Hirschauer, inspecteur général de l’aero-
nautique militaire, et, après lui,’ le général
Barès.
Dans sa seconde séance, le groupe a exa
miné la situation des dirigeables et des aé-
roplanes militaires français.
Après une discussion générale, il a chargé
à l’unanimité M. Emile Reymond, sénateur
de la Loire, d’interpeller le ministre de la
guerre.
UNE BANDE NOIRE DÉNONCÉE
Elle opérait au Havre
Une instruction vient d’être ouverte con
tre les membres d’une bande noire siégeant
à Constantinople qui, depuis deux ans, ont
escroqué deux cent mille francs à des négo
ciants et des industriels de Paris, du Hawe
et de plusieurs autres villes.
Prenant le titre d’exportateurs, ils se pro
curaient des échantillons de choix pour les
expédier à leurs futurs clients qui, tentés
par les offres avantageuses qui leur étaient
faites, passaient commande et payaient
85 0 0 à vue de la facture sur traite docu
mentée par le connaissement.
A l’arrivée des colis, les négociants consta
taient que la marchandise était sans va
leur.
Six personnes habitant Constantinople sont
visées par une plainte de l’ambassade de
France.
CONDAMNATION A MORT
Le Mans. — La cour d’assises a jugé hier
le nommé Lambert, âgé de 31 ans, sans do
micile, qui tua les époux Aubert sur leur
refus de lui donner de l’argent.
Le jury a rendu un verdict affirmatif sans
circonstances atténuantes.
Lambert a été condamné à la peine de
mort.
LA QUESTION ÉLECTORALE
EN BELGIQUE
Bruxelles. — Trente délégués du Comité
du suffrage universel ont été reçus hier soir
à l’Hôtel de ViHe de Bruxelles.
Ils ont remis une résolution visant la
grève générale.
-9 —
TRAVERSÉE DU JURA EN AÉROPLANE
Reims. — L’aviateur Favre, du centre de
Reims, a traversé le Jura sur monoplan ; il
a atteint une altitude de 2,000 mètres et a
atterri à Landeron à 10 h. 50. Reparti ensui
te pour Berne, il atteignit cette ville en dou
ze minutes.
Nouvelles de la Chambre
A la Commission du Commerce
et de l’Industrie
La Commission du Commerce et de l’In
dustrie, dans sa séance du mardi 4 courant,
a nommé M. Georges Bureau rapporteur du
projet de loi sur l’hypothèque maritime.
La Réglementation du
travail des Employés
Sur la proposition de M. Justin Godart, la
Commission du travail, examinant le projet
de loi réglementant le travail des employés,
a décidé :
1» Que le travail quotidien des employés
de toutes catégories devrait être coupé d’un
repos d’une heure et demie et suivi d’un re
pos ininterrompu de onze heures au moins ;
20 Que le travail de nuit serait interdit aux
mineurs de dix-huit ans et aux femmes ;
30 Que les commerçants consultés dans
chaque commune pourraient décider, à la
majorité des trois-quarts, les conditions d’ou-
verture et de fermeture des établissements
faisant le même genre d’affaires et s’adres
sant à la même clientèle et qu’un arrêté mu
nicipal donnerait à ces décisions la force
obligatoire.
M. Godart déposera son rapport dici peu.
En présence de la situation créée par les
armements de l’Allemagne, le retour à la
loi de trois ans, qui s’impose au gouverne
ment, est accueilli par l'opinion publique
non pas avec résignation mais avec le sen
timent du devoir nécessaire.
Seuls les socialistes unifiés combattent
avec âpreté le nouveau projet de loi. Et si
certains radicaux-socialistes formulent en
core quelques réserves, on peut constater,
d’une façon générale, que le pays est fer
mement résolu à tous les sacrifices inéluc
tables.
M. Gaston Calmette, dans le Figaro,
s’exprime en ces termes ;
Il faut qu’on sache partout, et « là-bas »,
plus que partout ailleurs, que nous n’avons
organisé la défense que pour éviter la
guerre. Nous voulons la paix absolue, la
paix complète, la paix durable: notre indus
trie, notre commerce, nos finances, récla
ment la quiétude reconquise des lendemains
certains ; et l’augmentation de notre armée,
dans l’unanime volonté du pays, a pour but
unique de nous assurer plus complètement,
en toute certitude, en toute dignité, la vie
libre, sereine et pacifique à laquelle, enfin,
nous avons droit...
Du Radical :
.. .Cette réponse aux lois allemandes de
1911, 1912 et 1913 s’appuie sur des raisons
très fortes, notamment ‘insuffisance de no-
tre couverture et la difficulté d’instruire les
réserves dans des unités trop faibles.
Le Parlement devra tenir le plus grand
compte de l’avis donné par le Conseil supé
rieur de la guerre, et des arguments invo
qués par lui. Est-ce à dire qu’il devra se bor
ner, comme le demandent certains, à enre
gistrer purement et simplement sa déci
sion ? Le Conseil supérieur de la guerre à
fait ce que font toujours les assemblées de
ce genre (les assemblées de techniciens) ; il
est allé droit au but, par le plus court che
min, il a opté pour la solution la plus radi
cale. Nous ne l’en blâmerons pas, car il était
dans son rôle, et ne s’est assurément inspiré
ue de son patriotisme. Mais nous préten
ons que si son avis doit guider le législa
teur, il ne doit pas avoir en lui-même force
de loi.
en lui-même force
Tel est d’ailleurs, fort Leureusemeni, «
sentiment de l’immense majorité du pays.
Si trois ang lui sont dàmOntroo noooocioce,
il les acceptera avec une calme résolution,
non par une impulsion factice qui lui ferait
perdre le sens de la mesure en attendant de
heureusement, le
provoquer un choc en retour.
De M. Henry Bérenger, dans VAction :
Le suffrage universel est aujourd’hui assez
instruit de la politique européenne pour sa
voir que l'Allemagne, en augmentant de
260,000 hommes son armée active en temps
de paix, contraint la France à un effort pa
rallèle qui ne peut être réalisé que par l’ap
pel d’une classe supplémentaire chaque an
née.
A chaque contrainte nouvelle de l’Allema-
gne correspond un devoir nouveau de la
France. La Chambre et le Sénat l’accompli
ront après l’armée, le gouvernement et l’opi
nion.
Au Parlement appartiendra d’exercer le
pouvoir décisif de contrôle dont la souve
raineté populaire lui a donné la charge...
Du Rappel : .
Sur le devoir commun d’assurer la défense
nationale, tous les partis — c’est leur hon-
neur — tombent d'accord.
Sur les moyens, les patriotes les plus réso
lus peuvent différer d'avis.
Il faut leur fournir sans
d’un débat solennel.
La Lanterne estime que «
vraie, demeure de savoir si
délai, l'occasion
la question, la
‘augmentation
des effectifs de l’armee allemande nous
oblige à un effort similaire ». Et elle ajou
te : « Cette question, nous l’examinerons
sans parti pris ».
Or, cet examen, cette discussion du Pro
jet de loi déposé hier sur le bureau de la
Chambre, et qu’affectent de réclamer cer
tains radicaux-socialistes, ne manqueront
pas de se produire incessamment et avec
toute l’ampleur nécessaire. Et le Temps s’en
est exprimé en ces termes :
« Dans ces graves circonstances, où la
France est appelée à porter devant le mon
de témoignage de sa vigueur nationale,
nous souhaitons que tous les bons Français
oublient ce qui les divise pour ne se rap
peler que ce qui les unit. Nous l’avons déjà
dit, et nous croyons l’avoir prouvé : un fait
nouveau, décisif, survenu hors de nos fron
tières, nous oblige à prendre des mesures
qui, il y a peu d’années, ne semblaient pas
nécessaires. Il ne s’agit pour personne de
se désavouer ni de se renier. Il s’agit de se
protéger, — rien de plus. Radicaux, radi
caux socialistes, progressistes, ont à rem
plir un devoir commun, qui les grandira
tous, loin de les diminuer, et qui les gran
dira d’autant plus qu’ils seront plus unani
mes. Qu’ils écoutent la voix du pays qui
monte des villes et des campagnes. Qu’ils
entendent le magnifique appel de M. Cle
menceau par lequel, une fois de plus,
l’homme de cœur qui incarna en 1908 la di
gnité de la France, affirme sa clairvoyance
et son courage.
» Le président de la République et le
Conseil supérieur de la guerre ont fait con
naître leur unanime avis. Ils ont posé le
principe et examiné les moyens. De cet
examen résulte la solution. Les maires que
nous avons interrogés nous ont tous dit :
« Nous suivrons le gouvernement quand
il aura accompli la démonstration de l’ef-
fort nécessaire. » La démonstration est fai
te. C’est maintenant aux Chambres d’inter-
prêter la volonté du pays. Elles rencontre
ront, à n’en point douter, l’obstruction bru-
taie des unifiés, peut-être aussi les pièges
obliques de la minorité non unifiée, qui
jusqu’ici a toujours humblement servi M.
Jaurès. L’obligation qui s’impose à elles
d’être fidèles au vœu national n’en est que
plus impérieuse. La France a fait ce qu’elle
devait, les pouvoirs publics aussi. Puisse
le Parlement les imiter et fonder les bases
d’une paix durable en Europe par l’affirma
tion de notre résolution de vivre !
» Que la discussion soit sincère et large,
mais alerte et décidée. Que toutes les opi
nions s’expriment, mais avec le propos d‘a-
boutir, et non de biaiser ! Rappelons à nos
élus que nos voisins, nos alliés, nos amis,
nos rivaux ont les yeux fixés sur eux et
qu’ils les jugeront dans ce débat non seule
ment à leurs votes, mais aussi à leur mé
thode. »
Impressions de Séance
(de notre CORRESPONDANT particulier)
Paris, 6 mars.
Le dépôt du projet sur le service de trois
ans, que le gouvernement, après le Conseil
supérieur de la guerre, juge indispensable
pour assurer la sécurité de nos frontières, a
été l’occasion, de la part des socialistes, d’une
manifestation scandaleuse qui aura dans le
pays un douloureux retentissement.
Cette manifestation, d’une violence inouïe,
on la pressentait vaguement. Déjà, le matin,
à propos des traitements des instituteurs, la
Chambre avait donné des marques de ner
vosité. On s’était même assez fortement cha
maillé pour savoir si l’on commencerait la
discussion du projet par l’article 1er ou par
l'article 2, mais cela n’était rien auprès de
ce qui devait se passer dans l’après-midi !
Quel effroyable chahut !
M. Etienne, aussitôt la séance ouverte,
était monté à la tribune, tenant à la main
un mince cahier de papier blanc qu’il venait
de tirer de sa serviette et, d’une voix nette,
prononçait la formule traditionnelle : « J’ai
l’honneur de déposer... » Il ne pût aller
plus loin.
Une immense clameur des socialistes, qui
s’étaient levés comme un seul homme, ve
nait lui couper la parole.— Nous protestons,
cria M. Vaillant, tandis que M. Jaurès, cra
moisi, hors de lui, clamait sans relâche : —
C’est une folie !... et que M. Colly, M. Lau-
che, le poing tendu vers M. Etienne, vers le
banc des ministres, lançaient à pleins p<
mons toutes sortes d’invectives : « Bande
0U-
le de
canailles!... Requins!... Malfaiteurs!...
A droite, au centre, à gauche, on protestait
avec indignation, on applaudissait M. Etien
ne, impassible devant ce tumulte que M.
Deschanel était impuissant à reprimer. Les
unifiés, en effet, continuaient à trénignar, a
£iro ciaquer leurs pupitres puis, soudain, I
sur un signal de M. Jaurès, se mirent à crier
frénétiquement, sur l’air des lampions
« Ré-ac-tion !... Ré-ac-tion !... Lo- -
OS re-
quins !... Les re-quins !... »
Sur les autres bancs de la Chambre, sauf
dans certaines travées occupées par les radi
caux-socialistes, où l’on gardait un silence
embarrassé, de nouvelles protestations s’éle
vaient, vibrantes, dangereuses.— Au Reichs
tag ! criait-on aux unifiés, en Allemagne !
Vive la France !
Alors, M. Deschanel, qui n’avait cessé d’a-
giter désespérément sa sonnette, réussit à
aire entendre quelques mots : — Je laisse,
dit-il, à ceux qui ont prononcé des paroles
impies, la responsabilité de leur acte. Et,
comme de divers côtés, on lui criait de sus-
pendre la séance : — Non, dit-il, laissez-les
aire ! Le pays jugera...
Mais le tapage ne faisait que grandir, si
bien, qu’à deux reprises, M. Deschanel prit
son chapeau et fit le geste de se couvrir. On
fit même, à ce moment, évacuer les tribu
nes pour que le public ne fut pas plus long
temps témoin de ce spectacle scandaleux.
L’ordre n’en avait d’ailleurs pas été donné
par le président et, peu après, le public re
paraissait dans les tribunes.
Pendant ce temps-là, M. Etienne avait pris
le parti de lire l’exposé des motifs du projet,
mais cette lecture se poursuivit au milieu
d’un tapage effroyable et l’on n’en pût en
tendre un seul mot. Quand le ministre
descendit de la tribune, la grande majorité
de la Chambre lui fit une longue ovation.
Alors, seulement, les socialistes consenti
rent à se taire. Ce n’était, d’ailleurs, qu’une
accalmie.
M. Chéron étant monté à la tribune pour
fournir des explications relatives aux servi
ces du Sud-Atlantique, les socialistes l’ac-
cueillirent par des cris hostiles. L’un d’eux,
M. Charies Dumas, le traita de « pompier
national ». Le mot blessa M. Chéron qui,
avant de regagner son banc, se précipita sur
le député de l’Allier. Tous deux en seraient
certainement venus aux mains, si on ne les
avait pas séparés. Ce n’est pas tout encore.
M. Chéron ayant saisi l’occasion pour flétrir
l’odieuse manifestation à laquelle venaient
de se livrer les socialistes, le tumulte reprit
de plus belle. De nouveau, M. Deschanel fût
sur le point de lever la séance. Et M. Rouge
s’écria, aux applaudissements de presque
toute la Chambre. En tout cas, mes amis et
moi, nous tenons à protester de toutes nos
forces et à crier bien haut : « Vive la Fran
ce!.. » Cette fois, c’était la fin, mais la Cham
bre était tellement agitée, tellement tendue,
qu’ayant renvoyé à la commission des cré
dits relatifs au Sud-Atlantique, elle jugea in
dispensable, pour calmer ses nerfs, de sus
pendre longuement sa séance avant de re
prendre le débat sur les traitements des ins
tituteurs.
Pendant ce temps, le Sénat, toujours pla
cide, continuait à s’occuper des usines hy
drauliques... Peut-être, sera-t-il moins calme
quand viendra le débat sur la réforme élec
torale.
T. H.
SÉNAT
Séance du 6 Mars
La séance est ouverte à 3 h. 20 sous la prési
dence de m. a. DUBOSC.
Après avoir adopté deux projets d’intérêt local,
le Sénat poursuit la discussion des projets relatifs
au régime hydraulique.
Une longue discussion s’est engagée sur 1 arti
cle 8, dont divers paragraphe ont été adoptés,
mais on a repoussé la disposition déterminant
dans le cahier des charges la participation aux bé
néfices, un nouveau texte de M. Delahaye a été
renvoyé a la Commission- et la suite du débat a
été, par suite, renvoyée à la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. _ 7
Séance aujourd’hui à 3 heures, o "
----======-==========================================================4
GRAVE INCENDIE A GRAVILLE
--------------------------------------
Une Maison détruite
C
S
y
&:
:
d
g
heto Petit Havre
Dans la soirée de mercredi, vers 10 heures,
un incendie d'une réelle importance s’est
déclaré dans un immeuble au hameau de la
Mare-au-Clerc. Cette maison, ancien bâtiment
de ferme, transformé en maison d’habita
tion, est située au fond d’une cour, et en
tourée d’un petit jardin. Elle était habitée
par MM. Lecordier, maréchal ferrant, et Vi
vien, journalier.
Construite en galandage et comportant un
rez-de-chaussée, compose de 5 pièces suré
levé d’un étage et d’un grenier, elle appar
tenait à la famille du Douet de Graville.
Aussitôt l’alarme donnée, les sapeurs-
pompiers de Sanvic prévenus par M. Lecor
dier, accoururent sous le commandement
du lieutenant Bellenger, aidés par de dévoués
citoyens, ils attaquèrent le foyer avec deux
lances.
Grâce à la facilité d’alimentation une mare
étant à proximité, une pompe aspirante avait
ELt mise CI MiautuvIE, CUIIuC dnimtintdirt.
Les sapeurs-pompiers étaient maîtres du feu
après deux heures de travail opiniâtre.
Mais malgré tous leurs efforts ils n'avaient
pu enrayer le fléau, qui à minuit avait con
sumé tout l’appartement de M. Lecordier.
Une partie de l’escalier fut également dé
truit.
Un veau qui se trouvait enfermé dans un
cellier isolé à deux mètres du bâtiment sinis
tré put être sauvé non sans difficulté.
Alors que le toit fut détruit sur toute sa
longueur, l’aile droite de la maison qu’occu
pait la famille Vivien, resta absolument in
tacte, isolée du foyer par une garniture de
torchis.
Le lit qui se trouvait accoté au mur eut un
drap à peine jauni par la chaleur.
La gendarmerie de Sanvic s’est rendue sur
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séances du 6 mars
(Séance du matin)
La question des instituteurs
Dans la séance du matin, présidée par M. DRON,
la Chambre a abordé la discussion des deux arti
cles proposés par la Commission, et qui forment
les articles 63 et 64 de la loi de finances.
M. bekthod estime que la question principale
est celle du relèvement général des traitemsnts
d’au moins 300 francs ; s’il est accordé, il votra
la prime au brevet supérieur.
Une discussion s’engage entre MM. Steeg, Fer
dinand Buisson, Mauger, Abel Lefebvre, Ch. Du
mont et Jaurès, puis le débat est ajourné.
(Séance de l’après-midi)
La Loi Militaire
La séance est ouverte à 2 h. 45 sous la prési
dence de m. paul deschanel, président.
m. Étienne, ministre de la guerre, dépose le
projet tendant à modifier la loi militaire de 1905.
M. VAILLANT : NOUS protestons !
m. JAURÈS : C’est de la folie !
Voix à l’extrême-gauche : A bas la réaction !
s1 colly : Bande de canailles !
le président s’efforce d’obtenir le calme,
M
mais le tumulte se poursuit à l’extrême-gauche.
m. ÉTIENNE reste calme à la tribune.
Le centre et la droite applaudissent..
On fait évacuer les tribunes du public.
m. paul DESCHANEL : Je laisse à ceux qui ont
prononcé des paroles sacrilèges toute leur res
ponsabilité. (Applaudissements à droite et au cen
tre.)
m ÉTIENNE ne parvient pas à lire le texte du
projet.
Les socialistes, sur l’air des Lampions ! battent
la mesure en criant : a Réaction 1 Réaction I »
Cependant, la fatigue aidant, peu à peu le bruit
s’apaise.
M. ETIENNE lit l’eXpOSé des motifs sans QU il
soit possible du reste d’en rien saisir.
On voit le public rentrer.
Le ministre, en descendant de la tribune, est
vigoureusement applaudi au centre et à droite.
L’extrême gauche pousse des cris injurieux.
Petit à petit, un silence relatif s’établit.
Le président appelle l’ordre du jour qui com
porte d’abord l’ouverture et l’annulation de divers
crédits sur l’exercice 1912.
M. CHÉRON, rapporteur général, essaye de don
ner des indications sur ce projet, mais l’extrême
gauche couvre sa voix et il est contraint de quit
ter la tribune. . .
— Je proteste, dit il, contre les injures qui vien
nent de m’être adressées. Je profite de l occasion
pour dire en ce qui concerne la manifestation qui
a eu lieu tout à l’heure...
Le reste de ses paroles se perd dans un nou
veau tumulte.
m bouge : En tout cas, mes amis et moi nous
tenons à protester et a crier bien haut : « Vive la
France 1 » (Applaudissements.)
Les Crédits supplémentaires
Le calme enfin revenu, M. d’Ellissagaray veut
prendre la parole et critique l’attribution d’un cré-
dit de 500,000 francs qui est proposé pour la Com
pagnie du Sud-atlantique.
m. CHAUMET, sous-secrétaire d’Etat, demande
le vote de la subvention.
m. BORDERIES formule de nouvelles critiques
contre la Compagnie. . •
m, POURQUERY de BOISSERIN. déclare qu il
refusera la subvention, la Compagnie n’ayant pas
tenu ses engagements. . . , -
L’orateur insiste pour le renvoiàlaGommis-
sion des postes.
s*x2
$
a
Cliciiè Petit Havre
les lieux ainsi que MM. Marcheron, Vatinel
et Laliouelle, conseillers municipaux.
En poussant une pompe M. Marcheron, au
passage d’un ruisseau se trouva atteint par
le balancier qui lui fit quelques contusions
au visage.
Lundi, vers minuit, un commencement
d’incendie s’élail déjà déclaré dans le même
appartement :
Mme Lecordier, qui est souffrante depuis
plusieurs mois, fut réveillée par des crépi
tements. Elle appela son mari et tous deux
eurent à peine le temps de se sauver avec
leurs trois enfants par une fenêtre. Le feu
s’était déclaré dans une chambre, mais il
put être rapidement éteint et les dégâts ne
s’élevèrent qu’à 600 francs.
Une partie du mobilier avait été seulement
détruite ; l’atelier de M. Lecordier n’avait pas
Dans la journée de mardi, sur le conseil
du médecin, Mme Lecordier alla se réfugier
chez sa belle-mère, dont la maison est située
non loin de là. Son mari et ses enfants la
suivirent.
Il ne restait donc mercredi soir, dans la
maison située rue Fontaine, que M. Vivien et
sa femme.
Les causes de cet incendie n’ont pu être
établies, mais on croit que le feu de la nuit
de lundi à mardi n’avait pas été entièrement
éteint. En tout cas la gendarmerie de Gra-
villea ouvert une enquête qui éclaircira sans
doute ce point.
M. Lecordier éprouve un préjudice d’une
dizaine de mille francs. L’immeuble est éva
lué de 7 à 8,000 francs.
Il y a assurance partout.
M. CHAUMET, sous-secrétaire d’Etat aux postes,
répond qu’il ne comprend pas l’utilité du renvoi.
La Chambre a été saisie, depuis plusieurs mois.
La Commission des postes a examiné le contrat
qu’il s’agit d’exécuter. Il s’agit de savoir si l’Etat
paiera ce qu’il doit en vertu de contrats approuvés
par le Parlement.
L’orateur demande à la Chambre de voter la
convention.
M. POURQUERY DE BOISSERIN réplique que
toute la question est de savoir si la Compagnie a
rempli ses obligations.
m. le sous-secrétaire d’état : Si la Com
mission des postes s’engage à ne pas retarder
l’examen du projet de façon à éviter le paiement
d’intérêts, il lui donnera toutes les explications
qu’elle peut désirer.
Le renvoi à la Commission des postes est or
donné.
Les Traitements des Instituteurs
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion
de la loi de finances et des projets concernant les
traitements des instituteurs.
M. LE RAPPORTEUR GÉNÉRAL propose à la
Chambre de suspendre la séance pendant une
demi-heure, de façon à permettre a la Commis
sion, d’accord avec le Gouvernement, d’arrêter
des propositions de nature à faciliter l’accord.
(Assentiment.)
La séance .est suspendue et reprise au bout
d’une heure et demie.
m. henry chéron, rapporteur général de la
Commission du budget, présente des propositions
sur lesquelles la Commission, le Gouvernement et
les auteurs d’amendement se sont mis d’accord et
qui se résument de la façon suivante :
!• Attribution d’une prime de 100 francs à tous
les titulaires du brevet supérieur et aux titulaires
du brevet élémentaire entrés dans les cadres
avant le 18 juillet 1889 ;
20 Relèvement uniforme de 300 francs dans ton- .
tes les classes ;
3» Attribution d’une augmentation de 100 francs
à tous les stagiaires sortis de l’Ecole normal©
avec le diplôme de fin d’études ;
4» Relèvement de 100 francs dans les première,
seconde et troisième classes d’institutrices.
L’ensemble de la réforme représente au plein
une dépense annuelle de 50 millions.
M PIERRE LEROY-BEAULIEU fait observer que
ces 50 millions vont être payés par des contri
buables dont la situation est inférieure a celle
des instituteurs et dépose un amendement.
m elotz, ministre des finances, répond que la
Chambre, en adoptant le projet, ne fera que tenir
un engagement.
C’est dans l’intérêt de l’école laïque que cet
effort doit êre fait.
L’orateur fait observer que M. Leroy-Beaulieu a
aussi déposé un amendement qui comporte des
charges pour les contribuables.
M CHASSAING félicite le gouvernement de
l’initiative des mesures qu’il a prises et lui de
mande de faire des propositions dans le prochain
budget pour solidariser les mesures relatives a
l’enseignement primaire et à renseignement se
COndasEc, ministre de linstruciion publique,
répond que le gouvernement prendra ces mesu-
- m. pierre leroy-beaulieu prend acte de la
déclaralion faite par M. le ..ministre des nances et
retire son amendement relatif aux allocations a
accorder aux familles nombreuses.
acsDart, il demande à la Chambre de reje
ter le projet qui constituera une lourde charge
pour les petits et pour les humbles.
P m jaurès dit qu’il votera le projet parce qu il
le trouve bon ; mais il exprime le regret que
l’égalisation des traitements des instituteurs et
des institutrices se trouve ajournée.
m. le ministre des finances répond que la
texte proposé est le résultat d’une transaction et
il prie M. Jaurès de ne pas insister pour une ré-
9
Administrateur - Délégué
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
Le Service de Trois Ans
PARIS, TROIS HEURES MATIN
LONDRES, 6 Mars, Dépêche de 4 h. 30
NEW-YORK, 6 MARS
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Anne
Adresser tout ce qui concerne ‘Administration
a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Administration, Impressions et Annonees, TEL. 10.17
AN NON CES
AU HAVRE...., Bureau du Journal, 113, boul* de Strasbourg.
a — ... ( L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A FAEIS.»/....: < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
[ Le PETIT HA VRE est désigné pour tes Annonces judiciaires et légales
== =============
4 Dernière Heure
DEPECHES COMMERCIALES
Cotons t mars, hausse 1 point ; mai,
baisse 1 point ; juillet, inchangé ; octobre,
hausse 1 point. — Soutenu.
Petit Havre
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l'Eure
1 Oise et la Somme ‘
Autres Départements
Union Postale
Vendredi 7 Mars 1943
Rédaeleur es Chef. Géraat
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Redaction
à M. HIPPOLYTE FéNoUX
35, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE • Rédaction, No 7.60
TROI Mors
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Comptant ..
soutenu
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3 mois....
£ 62/-
2 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 5 mars 1913.
CHICAGO, 6
MARS
3
LE SERVICE DE TROIS OS
C
y
0
I
La Commission de l’Armée
La Commission de l'armée a décidé de te-
nir à partir de mardi des séances quotidien
nes qui seront consacrées à l’examen*des
crédits militaires et des projets sur le ser
vice de trois ans,
Cette décision n’a été prise qu’à la suite
d’assez vives observations présentées par
MM. Augagneur, Jaurès, Benazet Dutreil et
Vandame.
Les deux premiers estimaient qu’une telle
précipitation ne se justifiait pas et que l’on
devrait examiner sans hâte et avec le plus
grand sang-froid les crédits militaires puis
le nouveau projet sur la durée du service
militaire.
Les autres membres de la Commission
émirent au contraire l’avis que sans être en
fait liés, les deux projets militaires présentés
par le gouvernement apparaissaient comme
urgents et qu’il était necessaire que la Com
mission statuât sans trop tarder.
Le projet d’ouverture de crédit
MM. Jacquier, Augagneur, Ponsot, Dalbiez
et une quarantaine de leurs collègues ont
déposé au projet ouvrant un crédit de 500
millions pour la défense nationale un article
additionnel portant qu'il sera pourvu à cette
dépense par un impôt acquitté parles con-
tribuables dont le revenu dépasse dix mille
francs.
Cet impôt sera doublé pour le célibataires
de plus de trente ans on pour les famillog
n’ayant pas d’enfants.
LA GUERRE D’ORIENT
4
La Prise de Janina
La légation de Grèce communique la dé-
gê che suivante:
EMINAJA, 6 mars, 11 h. 30. — Après une
bataille acharnée qui dura les 4 et 5 mars,
Sffat Pacha a chargé Reouf Pacha, son ne
veu et Seilad Bey, son aide de camp, de
porter une lettre collective des consuls au
prince royal de Grèce.
Dans cette lettre, les consuls des puissan
ces déclaraient que le généralissime turc vu
les fortes pertes que son armée venait de
subir, les avait priés d’intervenir auprès du
Diadoque pour que les opérations de guerre
soient suspendues.
L’entrevue eut lieu entre 4 h. 1/2 et 5 heu
res du matin.
La réponse du prince royal et de son état-
major a été que l’armée turque devrait se
rendre sans conditions.
Les délégués de Sffat Pacha ont accepté
cette solution.
35,000 soldats turcs, à partir de ce mo-
ment, ont été considérés comme prisonniers
fie guerre.
L’infanterie grecque vient d’entrer à Janina.
Athènes. — A la séance d'hier, M. Venize-
los a fait part d'un nouveau télégramme du
Diadoque dans lequel il est dit que la garni
son de Janina est considérée comme prison-
nière. Tous les forts, les munitions, les
nons, les armes et les drapeaux ont été
mis aux grecs.
A l’issue de la séance, un Te Deum a
chanté à la cathédrale.
Toute la ville est pavoisée.
La démobilisation en Autriche
ca-
re-
été
les
Vienne. — A la Chambre des députés,
socialistes ont présenté des motions tendant
au licenciement des réservistes appelés sous
les drapeaux et ont demandé que ces mo-
tions soient mises à l’ordre du jour.
Cette demande a été repoussée.
h
BANQUET EN L'HONNEUR DU
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Hier soir, a eu lieu un grand banquet offert
ue par l’Ordre
au président de la Républiq
des avocats à la Cour d’Appel de Paris.
Un millier de convives assistaient à ce ban-
s
t
quet.
M. Fernand Labori, bâtonnier, a pronon
cé un discours.
« Jamais, a-t-il dit, les membres du grand
barreau ne se sont assemblés en pareil nom
bre pour rendre hommage à l’un des leurs».
Après avoir rappelé que le président de la
République a été de tous temps l’un des
leurs, M. Labori a dit en terminant :
« Personne plus que vous ne semble ca
pable de réconcilier sous le drapeau de la
République l’ancienne France et la France
moderne ».
Répondant à M. Labori, M. Poincaré a dit
que parmi les vœux et les félicitations qu’il
avait reçus, il n’en est pas qui l’ont touché
plus profondément que les félicitations du
barreau. . .
« Je suis sûr que votre pensée bienveil
lante m’accompagnera dans le poste où m’a
placé l’Assemblée nationale.
» En me rappelant combien vous êtes pas
sionnément dévoués à la liberté et à l’ordre
public, je me trouverai plus fort pour con-
Blé sur
Mais sur
Saindoux sur.
Mai ..
Juillet
Mai ..
Juillet
Mai ..
Juillet
C. Oü IOUR
91 1/2
90 3 8
52 3 4
53 7 8
10 87
10 80
c. PRECED
91 1/8
90 1/8
o2 3/4 t
53 7/8
10 85
10 77
sacrer sans réserves à la France et à la Ré
publique ce que je puis avoir d’intelligence
et de cœur. »
Le président a ensuite levé son verre en
l'honneur de son cher barreau parisien.
LES ÉCOLES A FEU
DELA PREMIÈRE ESCADRE
Toulon. — Le ministre de la marine a
adressé au vice-amiral Boué de Lapeyrère
un ordre du jour dans lequel il lui exprime
toute sa satisfaction pour les résultats excel
lents obtenus au cours des écoles à feu de
la première escadre.
L’AÉRONAUTIQUE MILITAIRE
Le groupe sénatorial de l’aviation a tenu
deux séances hier.
Dans la première, il a entendu le général
Hirschauer, inspecteur général de l’aero-
nautique militaire, et, après lui,’ le général
Barès.
Dans sa seconde séance, le groupe a exa
miné la situation des dirigeables et des aé-
roplanes militaires français.
Après une discussion générale, il a chargé
à l’unanimité M. Emile Reymond, sénateur
de la Loire, d’interpeller le ministre de la
guerre.
UNE BANDE NOIRE DÉNONCÉE
Elle opérait au Havre
Une instruction vient d’être ouverte con
tre les membres d’une bande noire siégeant
à Constantinople qui, depuis deux ans, ont
escroqué deux cent mille francs à des négo
ciants et des industriels de Paris, du Hawe
et de plusieurs autres villes.
Prenant le titre d’exportateurs, ils se pro
curaient des échantillons de choix pour les
expédier à leurs futurs clients qui, tentés
par les offres avantageuses qui leur étaient
faites, passaient commande et payaient
85 0 0 à vue de la facture sur traite docu
mentée par le connaissement.
A l’arrivée des colis, les négociants consta
taient que la marchandise était sans va
leur.
Six personnes habitant Constantinople sont
visées par une plainte de l’ambassade de
France.
CONDAMNATION A MORT
Le Mans. — La cour d’assises a jugé hier
le nommé Lambert, âgé de 31 ans, sans do
micile, qui tua les époux Aubert sur leur
refus de lui donner de l’argent.
Le jury a rendu un verdict affirmatif sans
circonstances atténuantes.
Lambert a été condamné à la peine de
mort.
LA QUESTION ÉLECTORALE
EN BELGIQUE
Bruxelles. — Trente délégués du Comité
du suffrage universel ont été reçus hier soir
à l’Hôtel de ViHe de Bruxelles.
Ils ont remis une résolution visant la
grève générale.
-9 —
TRAVERSÉE DU JURA EN AÉROPLANE
Reims. — L’aviateur Favre, du centre de
Reims, a traversé le Jura sur monoplan ; il
a atteint une altitude de 2,000 mètres et a
atterri à Landeron à 10 h. 50. Reparti ensui
te pour Berne, il atteignit cette ville en dou
ze minutes.
Nouvelles de la Chambre
A la Commission du Commerce
et de l’Industrie
La Commission du Commerce et de l’In
dustrie, dans sa séance du mardi 4 courant,
a nommé M. Georges Bureau rapporteur du
projet de loi sur l’hypothèque maritime.
La Réglementation du
travail des Employés
Sur la proposition de M. Justin Godart, la
Commission du travail, examinant le projet
de loi réglementant le travail des employés,
a décidé :
1» Que le travail quotidien des employés
de toutes catégories devrait être coupé d’un
repos d’une heure et demie et suivi d’un re
pos ininterrompu de onze heures au moins ;
20 Que le travail de nuit serait interdit aux
mineurs de dix-huit ans et aux femmes ;
30 Que les commerçants consultés dans
chaque commune pourraient décider, à la
majorité des trois-quarts, les conditions d’ou-
verture et de fermeture des établissements
faisant le même genre d’affaires et s’adres
sant à la même clientèle et qu’un arrêté mu
nicipal donnerait à ces décisions la force
obligatoire.
M. Godart déposera son rapport dici peu.
En présence de la situation créée par les
armements de l’Allemagne, le retour à la
loi de trois ans, qui s’impose au gouverne
ment, est accueilli par l'opinion publique
non pas avec résignation mais avec le sen
timent du devoir nécessaire.
Seuls les socialistes unifiés combattent
avec âpreté le nouveau projet de loi. Et si
certains radicaux-socialistes formulent en
core quelques réserves, on peut constater,
d’une façon générale, que le pays est fer
mement résolu à tous les sacrifices inéluc
tables.
M. Gaston Calmette, dans le Figaro,
s’exprime en ces termes ;
Il faut qu’on sache partout, et « là-bas »,
plus que partout ailleurs, que nous n’avons
organisé la défense que pour éviter la
guerre. Nous voulons la paix absolue, la
paix complète, la paix durable: notre indus
trie, notre commerce, nos finances, récla
ment la quiétude reconquise des lendemains
certains ; et l’augmentation de notre armée,
dans l’unanime volonté du pays, a pour but
unique de nous assurer plus complètement,
en toute certitude, en toute dignité, la vie
libre, sereine et pacifique à laquelle, enfin,
nous avons droit...
Du Radical :
.. .Cette réponse aux lois allemandes de
1911, 1912 et 1913 s’appuie sur des raisons
très fortes, notamment ‘insuffisance de no-
tre couverture et la difficulté d’instruire les
réserves dans des unités trop faibles.
Le Parlement devra tenir le plus grand
compte de l’avis donné par le Conseil supé
rieur de la guerre, et des arguments invo
qués par lui. Est-ce à dire qu’il devra se bor
ner, comme le demandent certains, à enre
gistrer purement et simplement sa déci
sion ? Le Conseil supérieur de la guerre à
fait ce que font toujours les assemblées de
ce genre (les assemblées de techniciens) ; il
est allé droit au but, par le plus court che
min, il a opté pour la solution la plus radi
cale. Nous ne l’en blâmerons pas, car il était
dans son rôle, et ne s’est assurément inspiré
ue de son patriotisme. Mais nous préten
ons que si son avis doit guider le législa
teur, il ne doit pas avoir en lui-même force
de loi.
en lui-même force
Tel est d’ailleurs, fort Leureusemeni, «
sentiment de l’immense majorité du pays.
Si trois ang lui sont dàmOntroo noooocioce,
il les acceptera avec une calme résolution,
non par une impulsion factice qui lui ferait
perdre le sens de la mesure en attendant de
heureusement, le
provoquer un choc en retour.
De M. Henry Bérenger, dans VAction :
Le suffrage universel est aujourd’hui assez
instruit de la politique européenne pour sa
voir que l'Allemagne, en augmentant de
260,000 hommes son armée active en temps
de paix, contraint la France à un effort pa
rallèle qui ne peut être réalisé que par l’ap
pel d’une classe supplémentaire chaque an
née.
A chaque contrainte nouvelle de l’Allema-
gne correspond un devoir nouveau de la
France. La Chambre et le Sénat l’accompli
ront après l’armée, le gouvernement et l’opi
nion.
Au Parlement appartiendra d’exercer le
pouvoir décisif de contrôle dont la souve
raineté populaire lui a donné la charge...
Du Rappel : .
Sur le devoir commun d’assurer la défense
nationale, tous les partis — c’est leur hon-
neur — tombent d'accord.
Sur les moyens, les patriotes les plus réso
lus peuvent différer d'avis.
Il faut leur fournir sans
d’un débat solennel.
La Lanterne estime que «
vraie, demeure de savoir si
délai, l'occasion
la question, la
‘augmentation
des effectifs de l’armee allemande nous
oblige à un effort similaire ». Et elle ajou
te : « Cette question, nous l’examinerons
sans parti pris ».
Or, cet examen, cette discussion du Pro
jet de loi déposé hier sur le bureau de la
Chambre, et qu’affectent de réclamer cer
tains radicaux-socialistes, ne manqueront
pas de se produire incessamment et avec
toute l’ampleur nécessaire. Et le Temps s’en
est exprimé en ces termes :
« Dans ces graves circonstances, où la
France est appelée à porter devant le mon
de témoignage de sa vigueur nationale,
nous souhaitons que tous les bons Français
oublient ce qui les divise pour ne se rap
peler que ce qui les unit. Nous l’avons déjà
dit, et nous croyons l’avoir prouvé : un fait
nouveau, décisif, survenu hors de nos fron
tières, nous oblige à prendre des mesures
qui, il y a peu d’années, ne semblaient pas
nécessaires. Il ne s’agit pour personne de
se désavouer ni de se renier. Il s’agit de se
protéger, — rien de plus. Radicaux, radi
caux socialistes, progressistes, ont à rem
plir un devoir commun, qui les grandira
tous, loin de les diminuer, et qui les gran
dira d’autant plus qu’ils seront plus unani
mes. Qu’ils écoutent la voix du pays qui
monte des villes et des campagnes. Qu’ils
entendent le magnifique appel de M. Cle
menceau par lequel, une fois de plus,
l’homme de cœur qui incarna en 1908 la di
gnité de la France, affirme sa clairvoyance
et son courage.
» Le président de la République et le
Conseil supérieur de la guerre ont fait con
naître leur unanime avis. Ils ont posé le
principe et examiné les moyens. De cet
examen résulte la solution. Les maires que
nous avons interrogés nous ont tous dit :
« Nous suivrons le gouvernement quand
il aura accompli la démonstration de l’ef-
fort nécessaire. » La démonstration est fai
te. C’est maintenant aux Chambres d’inter-
prêter la volonté du pays. Elles rencontre
ront, à n’en point douter, l’obstruction bru-
taie des unifiés, peut-être aussi les pièges
obliques de la minorité non unifiée, qui
jusqu’ici a toujours humblement servi M.
Jaurès. L’obligation qui s’impose à elles
d’être fidèles au vœu national n’en est que
plus impérieuse. La France a fait ce qu’elle
devait, les pouvoirs publics aussi. Puisse
le Parlement les imiter et fonder les bases
d’une paix durable en Europe par l’affirma
tion de notre résolution de vivre !
» Que la discussion soit sincère et large,
mais alerte et décidée. Que toutes les opi
nions s’expriment, mais avec le propos d‘a-
boutir, et non de biaiser ! Rappelons à nos
élus que nos voisins, nos alliés, nos amis,
nos rivaux ont les yeux fixés sur eux et
qu’ils les jugeront dans ce débat non seule
ment à leurs votes, mais aussi à leur mé
thode. »
Impressions de Séance
(de notre CORRESPONDANT particulier)
Paris, 6 mars.
Le dépôt du projet sur le service de trois
ans, que le gouvernement, après le Conseil
supérieur de la guerre, juge indispensable
pour assurer la sécurité de nos frontières, a
été l’occasion, de la part des socialistes, d’une
manifestation scandaleuse qui aura dans le
pays un douloureux retentissement.
Cette manifestation, d’une violence inouïe,
on la pressentait vaguement. Déjà, le matin,
à propos des traitements des instituteurs, la
Chambre avait donné des marques de ner
vosité. On s’était même assez fortement cha
maillé pour savoir si l’on commencerait la
discussion du projet par l’article 1er ou par
l'article 2, mais cela n’était rien auprès de
ce qui devait se passer dans l’après-midi !
Quel effroyable chahut !
M. Etienne, aussitôt la séance ouverte,
était monté à la tribune, tenant à la main
un mince cahier de papier blanc qu’il venait
de tirer de sa serviette et, d’une voix nette,
prononçait la formule traditionnelle : « J’ai
l’honneur de déposer... » Il ne pût aller
plus loin.
Une immense clameur des socialistes, qui
s’étaient levés comme un seul homme, ve
nait lui couper la parole.— Nous protestons,
cria M. Vaillant, tandis que M. Jaurès, cra
moisi, hors de lui, clamait sans relâche : —
C’est une folie !... et que M. Colly, M. Lau-
che, le poing tendu vers M. Etienne, vers le
banc des ministres, lançaient à pleins p<
mons toutes sortes d’invectives : « Bande
0U-
le de
canailles!... Requins!... Malfaiteurs!...
A droite, au centre, à gauche, on protestait
avec indignation, on applaudissait M. Etien
ne, impassible devant ce tumulte que M.
Deschanel était impuissant à reprimer. Les
unifiés, en effet, continuaient à trénignar, a
£iro ciaquer leurs pupitres puis, soudain, I
sur un signal de M. Jaurès, se mirent à crier
frénétiquement, sur l’air des lampions
« Ré-ac-tion !... Ré-ac-tion !... Lo- -
OS re-
quins !... Les re-quins !... »
Sur les autres bancs de la Chambre, sauf
dans certaines travées occupées par les radi
caux-socialistes, où l’on gardait un silence
embarrassé, de nouvelles protestations s’éle
vaient, vibrantes, dangereuses.— Au Reichs
tag ! criait-on aux unifiés, en Allemagne !
Vive la France !
Alors, M. Deschanel, qui n’avait cessé d’a-
giter désespérément sa sonnette, réussit à
aire entendre quelques mots : — Je laisse,
dit-il, à ceux qui ont prononcé des paroles
impies, la responsabilité de leur acte. Et,
comme de divers côtés, on lui criait de sus-
pendre la séance : — Non, dit-il, laissez-les
aire ! Le pays jugera...
Mais le tapage ne faisait que grandir, si
bien, qu’à deux reprises, M. Deschanel prit
son chapeau et fit le geste de se couvrir. On
fit même, à ce moment, évacuer les tribu
nes pour que le public ne fut pas plus long
temps témoin de ce spectacle scandaleux.
L’ordre n’en avait d’ailleurs pas été donné
par le président et, peu après, le public re
paraissait dans les tribunes.
Pendant ce temps-là, M. Etienne avait pris
le parti de lire l’exposé des motifs du projet,
mais cette lecture se poursuivit au milieu
d’un tapage effroyable et l’on n’en pût en
tendre un seul mot. Quand le ministre
descendit de la tribune, la grande majorité
de la Chambre lui fit une longue ovation.
Alors, seulement, les socialistes consenti
rent à se taire. Ce n’était, d’ailleurs, qu’une
accalmie.
M. Chéron étant monté à la tribune pour
fournir des explications relatives aux servi
ces du Sud-Atlantique, les socialistes l’ac-
cueillirent par des cris hostiles. L’un d’eux,
M. Charies Dumas, le traita de « pompier
national ». Le mot blessa M. Chéron qui,
avant de regagner son banc, se précipita sur
le député de l’Allier. Tous deux en seraient
certainement venus aux mains, si on ne les
avait pas séparés. Ce n’est pas tout encore.
M. Chéron ayant saisi l’occasion pour flétrir
l’odieuse manifestation à laquelle venaient
de se livrer les socialistes, le tumulte reprit
de plus belle. De nouveau, M. Deschanel fût
sur le point de lever la séance. Et M. Rouge
s’écria, aux applaudissements de presque
toute la Chambre. En tout cas, mes amis et
moi, nous tenons à protester de toutes nos
forces et à crier bien haut : « Vive la Fran
ce!.. » Cette fois, c’était la fin, mais la Cham
bre était tellement agitée, tellement tendue,
qu’ayant renvoyé à la commission des cré
dits relatifs au Sud-Atlantique, elle jugea in
dispensable, pour calmer ses nerfs, de sus
pendre longuement sa séance avant de re
prendre le débat sur les traitements des ins
tituteurs.
Pendant ce temps, le Sénat, toujours pla
cide, continuait à s’occuper des usines hy
drauliques... Peut-être, sera-t-il moins calme
quand viendra le débat sur la réforme élec
torale.
T. H.
SÉNAT
Séance du 6 Mars
La séance est ouverte à 3 h. 20 sous la prési
dence de m. a. DUBOSC.
Après avoir adopté deux projets d’intérêt local,
le Sénat poursuit la discussion des projets relatifs
au régime hydraulique.
Une longue discussion s’est engagée sur 1 arti
cle 8, dont divers paragraphe ont été adoptés,
mais on a repoussé la disposition déterminant
dans le cahier des charges la participation aux bé
néfices, un nouveau texte de M. Delahaye a été
renvoyé a la Commission- et la suite du débat a
été, par suite, renvoyée à la prochaine séance.
La séance est levée à 6 heures. _ 7
Séance aujourd’hui à 3 heures, o "
----======-==========================================================4
GRAVE INCENDIE A GRAVILLE
--------------------------------------
Une Maison détruite
C
S
y
&:
:
d
g
heto Petit Havre
Dans la soirée de mercredi, vers 10 heures,
un incendie d'une réelle importance s’est
déclaré dans un immeuble au hameau de la
Mare-au-Clerc. Cette maison, ancien bâtiment
de ferme, transformé en maison d’habita
tion, est située au fond d’une cour, et en
tourée d’un petit jardin. Elle était habitée
par MM. Lecordier, maréchal ferrant, et Vi
vien, journalier.
Construite en galandage et comportant un
rez-de-chaussée, compose de 5 pièces suré
levé d’un étage et d’un grenier, elle appar
tenait à la famille du Douet de Graville.
Aussitôt l’alarme donnée, les sapeurs-
pompiers de Sanvic prévenus par M. Lecor
dier, accoururent sous le commandement
du lieutenant Bellenger, aidés par de dévoués
citoyens, ils attaquèrent le foyer avec deux
lances.
Grâce à la facilité d’alimentation une mare
étant à proximité, une pompe aspirante avait
ELt mise CI MiautuvIE, CUIIuC dnimtintdirt.
Les sapeurs-pompiers étaient maîtres du feu
après deux heures de travail opiniâtre.
Mais malgré tous leurs efforts ils n'avaient
pu enrayer le fléau, qui à minuit avait con
sumé tout l’appartement de M. Lecordier.
Une partie de l’escalier fut également dé
truit.
Un veau qui se trouvait enfermé dans un
cellier isolé à deux mètres du bâtiment sinis
tré put être sauvé non sans difficulté.
Alors que le toit fut détruit sur toute sa
longueur, l’aile droite de la maison qu’occu
pait la famille Vivien, resta absolument in
tacte, isolée du foyer par une garniture de
torchis.
Le lit qui se trouvait accoté au mur eut un
drap à peine jauni par la chaleur.
La gendarmerie de Sanvic s’est rendue sur
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séances du 6 mars
(Séance du matin)
La question des instituteurs
Dans la séance du matin, présidée par M. DRON,
la Chambre a abordé la discussion des deux arti
cles proposés par la Commission, et qui forment
les articles 63 et 64 de la loi de finances.
M. bekthod estime que la question principale
est celle du relèvement général des traitemsnts
d’au moins 300 francs ; s’il est accordé, il votra
la prime au brevet supérieur.
Une discussion s’engage entre MM. Steeg, Fer
dinand Buisson, Mauger, Abel Lefebvre, Ch. Du
mont et Jaurès, puis le débat est ajourné.
(Séance de l’après-midi)
La Loi Militaire
La séance est ouverte à 2 h. 45 sous la prési
dence de m. paul deschanel, président.
m. Étienne, ministre de la guerre, dépose le
projet tendant à modifier la loi militaire de 1905.
M. VAILLANT : NOUS protestons !
m. JAURÈS : C’est de la folie !
Voix à l’extrême-gauche : A bas la réaction !
s1 colly : Bande de canailles !
le président s’efforce d’obtenir le calme,
M
mais le tumulte se poursuit à l’extrême-gauche.
m. ÉTIENNE reste calme à la tribune.
Le centre et la droite applaudissent..
On fait évacuer les tribunes du public.
m. paul DESCHANEL : Je laisse à ceux qui ont
prononcé des paroles sacrilèges toute leur res
ponsabilité. (Applaudissements à droite et au cen
tre.)
m ÉTIENNE ne parvient pas à lire le texte du
projet.
Les socialistes, sur l’air des Lampions ! battent
la mesure en criant : a Réaction 1 Réaction I »
Cependant, la fatigue aidant, peu à peu le bruit
s’apaise.
M. ETIENNE lit l’eXpOSé des motifs sans QU il
soit possible du reste d’en rien saisir.
On voit le public rentrer.
Le ministre, en descendant de la tribune, est
vigoureusement applaudi au centre et à droite.
L’extrême gauche pousse des cris injurieux.
Petit à petit, un silence relatif s’établit.
Le président appelle l’ordre du jour qui com
porte d’abord l’ouverture et l’annulation de divers
crédits sur l’exercice 1912.
M. CHÉRON, rapporteur général, essaye de don
ner des indications sur ce projet, mais l’extrême
gauche couvre sa voix et il est contraint de quit
ter la tribune. . .
— Je proteste, dit il, contre les injures qui vien
nent de m’être adressées. Je profite de l occasion
pour dire en ce qui concerne la manifestation qui
a eu lieu tout à l’heure...
Le reste de ses paroles se perd dans un nou
veau tumulte.
m bouge : En tout cas, mes amis et moi nous
tenons à protester et a crier bien haut : « Vive la
France 1 » (Applaudissements.)
Les Crédits supplémentaires
Le calme enfin revenu, M. d’Ellissagaray veut
prendre la parole et critique l’attribution d’un cré-
dit de 500,000 francs qui est proposé pour la Com
pagnie du Sud-atlantique.
m. CHAUMET, sous-secrétaire d’Etat, demande
le vote de la subvention.
m. BORDERIES formule de nouvelles critiques
contre la Compagnie. . •
m, POURQUERY de BOISSERIN. déclare qu il
refusera la subvention, la Compagnie n’ayant pas
tenu ses engagements. . . , -
L’orateur insiste pour le renvoiàlaGommis-
sion des postes.
s*x2
$
a
Cliciiè Petit Havre
les lieux ainsi que MM. Marcheron, Vatinel
et Laliouelle, conseillers municipaux.
En poussant une pompe M. Marcheron, au
passage d’un ruisseau se trouva atteint par
le balancier qui lui fit quelques contusions
au visage.
Lundi, vers minuit, un commencement
d’incendie s’élail déjà déclaré dans le même
appartement :
Mme Lecordier, qui est souffrante depuis
plusieurs mois, fut réveillée par des crépi
tements. Elle appela son mari et tous deux
eurent à peine le temps de se sauver avec
leurs trois enfants par une fenêtre. Le feu
s’était déclaré dans une chambre, mais il
put être rapidement éteint et les dégâts ne
s’élevèrent qu’à 600 francs.
Une partie du mobilier avait été seulement
détruite ; l’atelier de M. Lecordier n’avait pas
Dans la journée de mardi, sur le conseil
du médecin, Mme Lecordier alla se réfugier
chez sa belle-mère, dont la maison est située
non loin de là. Son mari et ses enfants la
suivirent.
Il ne restait donc mercredi soir, dans la
maison située rue Fontaine, que M. Vivien et
sa femme.
Les causes de cet incendie n’ont pu être
établies, mais on croit que le feu de la nuit
de lundi à mardi n’avait pas été entièrement
éteint. En tout cas la gendarmerie de Gra-
villea ouvert une enquête qui éclaircira sans
doute ce point.
M. Lecordier éprouve un préjudice d’une
dizaine de mille francs. L’immeuble est éva
lué de 7 à 8,000 francs.
Il y a assurance partout.
M. CHAUMET, sous-secrétaire d’Etat aux postes,
répond qu’il ne comprend pas l’utilité du renvoi.
La Chambre a été saisie, depuis plusieurs mois.
La Commission des postes a examiné le contrat
qu’il s’agit d’exécuter. Il s’agit de savoir si l’Etat
paiera ce qu’il doit en vertu de contrats approuvés
par le Parlement.
L’orateur demande à la Chambre de voter la
convention.
M. POURQUERY DE BOISSERIN réplique que
toute la question est de savoir si la Compagnie a
rempli ses obligations.
m. le sous-secrétaire d’état : Si la Com
mission des postes s’engage à ne pas retarder
l’examen du projet de façon à éviter le paiement
d’intérêts, il lui donnera toutes les explications
qu’elle peut désirer.
Le renvoi à la Commission des postes est or
donné.
Les Traitements des Instituteurs
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion
de la loi de finances et des projets concernant les
traitements des instituteurs.
M. LE RAPPORTEUR GÉNÉRAL propose à la
Chambre de suspendre la séance pendant une
demi-heure, de façon à permettre a la Commis
sion, d’accord avec le Gouvernement, d’arrêter
des propositions de nature à faciliter l’accord.
(Assentiment.)
La séance .est suspendue et reprise au bout
d’une heure et demie.
m. henry chéron, rapporteur général de la
Commission du budget, présente des propositions
sur lesquelles la Commission, le Gouvernement et
les auteurs d’amendement se sont mis d’accord et
qui se résument de la façon suivante :
!• Attribution d’une prime de 100 francs à tous
les titulaires du brevet supérieur et aux titulaires
du brevet élémentaire entrés dans les cadres
avant le 18 juillet 1889 ;
20 Relèvement uniforme de 300 francs dans ton- .
tes les classes ;
3» Attribution d’une augmentation de 100 francs
à tous les stagiaires sortis de l’Ecole normal©
avec le diplôme de fin d’études ;
4» Relèvement de 100 francs dans les première,
seconde et troisième classes d’institutrices.
L’ensemble de la réforme représente au plein
une dépense annuelle de 50 millions.
M PIERRE LEROY-BEAULIEU fait observer que
ces 50 millions vont être payés par des contri
buables dont la situation est inférieure a celle
des instituteurs et dépose un amendement.
m elotz, ministre des finances, répond que la
Chambre, en adoptant le projet, ne fera que tenir
un engagement.
C’est dans l’intérêt de l’école laïque que cet
effort doit êre fait.
L’orateur fait observer que M. Leroy-Beaulieu a
aussi déposé un amendement qui comporte des
charges pour les contribuables.
M CHASSAING félicite le gouvernement de
l’initiative des mesures qu’il a prises et lui de
mande de faire des propositions dans le prochain
budget pour solidariser les mesures relatives a
l’enseignement primaire et à renseignement se
COndasEc, ministre de linstruciion publique,
répond que le gouvernement prendra ces mesu-
- m. pierre leroy-beaulieu prend acte de la
déclaralion faite par M. le ..ministre des nances et
retire son amendement relatif aux allocations a
accorder aux familles nombreuses.
acsDart, il demande à la Chambre de reje
ter le projet qui constituera une lourde charge
pour les petits et pour les humbles.
P m jaurès dit qu’il votera le projet parce qu il
le trouve bon ; mais il exprime le regret que
l’égalisation des traitements des instituteurs et
des institutrices se trouve ajournée.
m. le ministre des finances répond que la
texte proposé est le résultat d’une transaction et
il prie M. Jaurès de ne pas insister pour une ré-
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