Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-03-02
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 mars 1913 02 mars 1913
Description : 1913/03/02 (A33,N14554). 1913/03/02 (A33,N14554).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526379035
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
(8 Pages)
Dimanche 2 Mars 1943
33” Année
N 11,554
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O. RANDOLET
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Le Petit Havre
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Duuèh IEURn Question des Armements
Paris, trois heures matin
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 1er MARS
Cotons : mars, baisse 8 points ; mai,
baisse 7 points ; juillet, baisse 9 points ;
octobre, baisse 8 points.
Calés s baisse 6 à 9 points.
NEW-YORK, 1 er MARS
Tuivre Standard disp.
— mai
Amalgamat. Cop...
Ver
c. w ion
69 1/4
C. PRRCEDCAT
14
14
68
17
50
50
1/2
75
CHICAGO, 1er MARS
Blé sur
Maïs sur....
Saindoux sur
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
C. DU JOUR
92 1/2
91 »/»
53 »/»
51 »is
10 80
- 10 77
C. PRECED
91 3/4
91 4/4
53 3/8
5% 3 8
40. 82
10 82
LA GUERRE D’ORIENT
La Turquie accepterait la médiation des
puissances
Cologne. — La Gazette de Cologne publie le
télégramme suivant de Berlin :
« Le gouvernement anglais et les ambas
sadeurs des puissances à Londres ont reçu
une communication émanant, selon toutes
vraisemblances, du représentant de la Tur
quie à Londres, annonçant que la Turquie
serait disposée à accepter la médiation des
puissances pour les conditions de la paix. »
Une Mission de Djavid Bey
Constantinople, ier mars. — Djavid Bey,
ancien ministre des financés, est parti dans
la soirée.
Il a été salué à son départ par de nom
breuses notabilités ottomanes et étrangères.
Il passera deux jours à Vienne, dix jours à
Berlin, dix jours à Londres, puis fera a Paris
un séjour d'une durée indéterminée.
Il a pour mission de régler les questions’
financières, notamment celle des Bons du
Trésor arrivant à échéance ce mois-ci.
A L’ÉLYSÉE
Le président de la République et Mme
Raymond Poincaré ont offert hier soir un
dîner en l’honneur des ambassadeurs, des
ministres et chefs de missions accrédités en
France.
Assistaient au dîner, outre les membres
du corps diplomatiques, MM. Briand, Jon-
nart, Ribot, Delcassé, Pichon, Cruppi, le
grand chancelier de la Légion-d’Honneur, le
gouverneur militaire de Paris, le préfet de
la Seine. •
Le dîner a été suivi d’une réception par
ticulièrement brillante.
* *
Le ministre de Belgique s’est rendu hier
à l’Elysée pour remettre à M. Poincaré, pré
sident de la République, avec une lettre au
tographe du roi des belges, la grand’croix
de l’ordre de Léopold.
CHUTE MORTELLE
D’UN OFFICIER AVIATEUR
Bourges, 1 er mars. — Le lieutenant Por-
teau, qui s’est tué hier dans une chute d'aé
roplane, était détaché au centre d’Avor
depuis un mois seulement.
Hier, vers 1 h. 40, en présence des mem
bres de la Commission extraparlementaire,
MM. Cochery, Clémentel et Benazet, qui vi
sitaient l’Ecole, le lieutenant aviateur fit sor
tir son appareil monoplan.
Quelques instants plus tard, l’aéroplane
piquait droit sur Sa vigny en Septaine, petit
bourg distant de quelques kilomètres seule
ment.
Soudain, alors que l’appareil se trouvait à
une altitude de six cents mètres, le moteur
cessa de fonctionner.
Le monoplan s’abattit sur le sol avec un
fracas épouvantable.
Au milieu des débris, gisait l’infortuné
aviateur qui avait été écrasé.
Le corps dégagé des débris de l'appareil,
fut ramené au camp.
UN AVIATEUR FRANÇAIS ARRÊTÉ
PAR LA POLICE ALLEMANDE
Reims.— L’aviateur Favre, du centre d’avia-
non de Reims, avait quitté hier matin, à
7 h. 15, sur monoplan, le camp de Mourme
lon pour se rendre à Bâle où il devait pren
dre part, le jour même, à un meeting d'avia-
P de Mourme-
il devait pren-
tion.
L’aviateur dut atterrir vers midi à Vigy, à
11 kilomètre? de Metz, pour faire de l’es
sence.
Là, il fut arrêté par la police allemande
qui lui interdit formellement de repartir par
la voie des airs.
L’aviateur dut alors démonter son appa
reil.
TABLEAU DE CONCOURS POUR
LA LÉGION-D’HONNEUR
Armée Active. — Infanterie
pour officiers : ne 10, M. Breuil, chef de
bataillon au A29e ; no 375, M. Blondel, capi
taine au 129 e ; no 411, M. Gondallier de Tri-
gny, capitaine au 129 e .
Pour chevalier : no 496, m. Le Hénaff, chef
de bataillon au 129 e .
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Match Carpentier contre Cyclone Smith
Nice. — Le match de boxe qui fut disputé
hier après-midi, à l'Eldorado, entre Carpen
tier et le nègre Cyclone Smith, s’est terminé
par la facile victoire du champion européen.
Dès le premier round, l’inégalité de force
entre les deux hommes était nettement vi
sible. Malgré les efforts faits par Smith pour
résister aux coups de son adversaire, celui-ci
n’a eu aucune peine à le dominer.
Au troisième round, Smith a été mis
knock-out par un direct du droit.
La grande question gouvernementale est
en ce moment celle des armements qu’im
pose à la France le soin de sa stricte sécu
rité, vis-à-vis des efforts avoués par l’Alle-
magne.
Déjà les ministres ont procédé à des
échanges de vues sur les projets élaborés
par le département de la guerre.
Ils ont abordé l’examen du service de trois
ans, du service de trente mois, de la ques
tion des primes de rengagement, du renfor
cement de nos troupes de couverture, de la
création des camps d’instruction, de l’amé
lioration de l’aéronautique, etc.
Le Conseil des ministres tenu hier, sous
la présidence de M. Poincaré, a examiné
les propositions du ministre de la guerre,
en ce qui concerne les effectifs. Mais il a
ajourné sa décision pour attendre l’avis
du Conseil supérieur de la guerre.
La Commission du budget de la Cham
bre entendra, mardi, le rapport de M. Clé-
mentel. sur le projet relatif aux 500 mil
lions de crédits. Le rapport sera déposé
jeudi ou vendredi : la Chambre pourra donc
en ordonner la discussion aussitôt.
Au Sénat, le groupe d’action démocrati
que a, de son côté, examiné la situation
créée par‘augmentation des effectifs alle
mands. M. Boudenoot, vice-président de la
Commission de l’armée du Sénat, a fait un
exposé très complet de l’état actuel de nos
forces et de notre matériel de guerre. Le
groupe continuera, vendredi, l'examen de
ces questions.
La question est ainsi posée dans toute
son acuité. Nous comptons sur tout le pa
triotisme du- Parlement pour la résoudre
sans aucune arrière-pensée électorale.
Les électeurs, du reste, se sont déjà pro
noncés et de tous- côtés les manifestations
de l’opinion prouvent que tous, les sacri-
fices seront acceptés, non pas d’un cœur
léger, mais d’un cœur résolu.
Une seule note discordante : celle que
donne M. Jaurès au nom du socialisme in
ternational. Son journal publie en alle
mand et en français un Manifeste antimili
tariste dont le but est d’ameuter l’opinion
contre le devoir national.
Au Parlement, le même Jaurès, comme
un défi paradoxal, a osé réclamer, non pas
seulement un crédit. de 150 millions pour
l’enseignement primaire, mais un emprunt
de 500 millions au profit des écoles, pour
l’opposer aux crédits que nécessite la dé
fense nationale. Il soutient sa proposition
dans un article d’antithèse qu’il intitule
La Mort et la Vie, en opposant l’école à
l’armée.
L’œuvre mortelle ne serait-elle pas de
livrer la Patrie sans défense à ses ennemis ?
Aux sophismes malsains où tombe M.
Jaurès, nous opposerons la pensée si pa
triotique et si française développée par M.
Stephen Pichon, sénateur, ancien ministre
des affaires étrangères, dans une conférence
faite à l’Association des anciens élèves de
l’École des Sciences politiques :
« Pas de déséquilibre diplomatique en
Europe, a-t-il dit. Pas de déséquilibre mi
litaire non plus, au détriment de l’une des
nations qui représentent au plus haut de
gré l’idéal pacifique des démocraties mo
dernes.
» Qu’aucune charge reconnue nécessaire
ne soit au-dessus de notre volonté, aucun
devoir au-dessus de notre patriotisme. Ce
n’est pas pour la guerre que nous armons :
c’est pour l’éviter, pour la conjurer. Et
nous ne fortifions l’armée dont nous som
mes fiers, et qui est notre sauvegarde, que
dans la mesure où il le faut, pour prévenir
toutes les surprises et décourager toute
velléité de provocation. »
Ces paroles de haut patriotisme tradui
sent le sentiment même de la Nation, et
c’est dans cette mesure qu’elle est prête à
tous les sacrifices.
HIPPOLYTE FÉNOUX.
====== = l i II II W W
Les Crédits pour l'Armement
La Chambre a été saisie par le ministre des
Finances d’un projet de loi qui a pour objet
d’autoriser le ministre de la Guerre à en
gager des dépenses pour une somme de
500 millions de francs. Nous avons fait con
naître le texte de ce projet élaboré en vue
d’accélérer les travaux intéressant la défense
nationale.
Il reste maintenant à établir quels sont ces
travaux. A défaut de précision officielle — le
Conseil supérieur de la guerre et le Conseil
des ministres poursuivant encore leurs
études —il est possibled'examiner les points
principaux sur lesquels doivent porter l'ef-
fort financier soumis à l’examen du Parle
ment : artillerie, places fortes, aéronautique,
camps d’instruction.
Le général de Lacroix qui examine depuis
quelques jours, dans le Temps, le problème
des améliorations à apporter aux arme
ments déclare que l’artillerie a besoin d’une
pièce à tir courbe, destinée à fouiller les plis
du terrain. Un obusier léger, déjà trouvé,
remplira d’ailleurs ce but quand son adop
tion, décidée en principe, sera définitive.
Cet obusier correspondra au 105 allemand.
Il se pourrait cependant que notre 75, grâce
à une ingénieuse transformation du projec
tile, pût satisfaire aux mêmes besoins que
l'obusier léger. Ce serait un avantage et une
diminution de dépenses.
On a dit, écrit le général de Lacroix, que le 75
est un gros mangeur, H faut donc prévoir sur les
coffres et au service de l’arrière le nombre de
projectiles nécessaires pour alimenter les besoins
du champ de bataille. Il y a de ce côté un effort à
faire en vue de réaliser un approvisionnement
suffisant et d'assurer le remplacement des muni
tions consommées en cours de campagne. Cette
question est une des plus importantes à résou
dre.
Nos places fortes se trouvent actuellement en
très bonnes conditions. Il convient toutefois de
les mettre complètement en état de jouer le rôle
qui leur est assigné et de les doter à cet effet de
tout ce qui leur est encore nécessaire. Nous en
tendons par là les besoins en matériel de toute
nature, les constructions et les améliorations à la
fortification.
D’après l’éminent officier général, notre
attention doit être portée d’une façon parti
culière sur notre frontière du Nord. L’ac
croissement des effectifs allemands ne don
ne que plus de force à notre conviction à
cet égard. Maubeuge exige un effort qui n’a
pas échappé aux préoccupations de notre
haut commandement.
LES MIETTES DE LA MI-@ARÈME
Nous savons, ajoute-t-il, qu’on y a travaillé
beaucoup et qu'on y travaille. Nous y applaudis
sons, car c’est une place de manœuvres dont
l’importance et le rôle stratégique n’ont pas be
soin d’être démontrés. Mentionnons encore Mont-
médy et Longwy. Nous nous abstiendrons d’en
trer dans des détails qui n’auraient pas ici leur
place ; il suffit de laisser entrevoir le rôle qu’au
raient éventuellement à jouer nos places du Nord,
Sans connaître la pensée de notre haut comman
dement, nous sommes certain que ses vues sont
en accord avec l’opinion que nous exprimons et
qui est basée sur des éventualités faciles à pré
voir.
Quant à l’aéronautique dont nous avons
signalé ici même l’état d’infériorité par suite
des progrès réalisés dans la formation de la
flottille de dirigeables allemands, elle rece
vra une nouvelle impulsion. De larges cré
dits y seront en effet affectés.
Il faut s’en féliciter, poursuit le général de La
croix. Les renseignements que nous avons re
cueillis témoignent de notre volonté de rattraper
le temps perdu et de nous constituer aussi vile
que possible une flotte de grands croiseurs pos-
sédant tous les perfectionnements réalisés dans
les zeppelins allemands.’ Une partie des crédits
demandés s’appliquera sans nul doute à la pour
suite de réalisations qui sont absolument néces
saires.
L’organisation de notre aviation doit recevoir
aussi les améliorations qu’elle réclame, pour lui
permettre d’obtenir le plein rendement de l’habi
leté, de l’élan et de la maîtrise de nos aviateurs.
Il est nécessaire que le matériel ait toutes les qua
lités qui caractérisent les engins de guerre que
doivent être nos avions.
Enfin, et la question est d'importance capitale,
les camps d’instruction doivent être une des pre
mières préoccupations du ministre. G’est là que
l’instruction peut se donner, que le commande
ment peut trouver l’occasion de s’exercer, que la
cohésion des différentes unités s’acquiert, que la
liaison des armes se réalisé dans la manœuvre.
C’est là enfin que nos formations de réserve trou
veront l’entraînement dont elles ont besoin. Nous
avons trop souvent parlé de la nécessité de faire
un effort dans cet ordre d’idées pour que nous
ayons besoin d'insister davantage.
Nouvelles Politiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous secrétaires d’Etat
se sont réunis hier matin, en Conseil, à
l’Elysée, sous la présidence de M. Poincaré.
Après l’expédition des affaires courantes,
le Conseil a commencé l’examen des propo
sitions du ministre de la guerre relatives
aux effectifs militaires. Cet examen sera
poursuivi en un Conseil des ministres qui
se réunira lundi, à l’Elysée.
Avant d’être publié, le projet du gouver
nement sera soumis à l’examen du Conseil
supérieur de la guerre, présidé parle minis
tre, et du Conseil supérieur de la défense
nationale, présidé par le président de la Ré
publique.
Le Président de la République
à l’hôpital Lariboisière
Le président de la République, accompa-
gné du général Beaudemoulin, s’est rendu
hier après-midi à l’hôpital Lariboisière.
Il y a été reçu par M. Mesureur, directeur
de l’Assistance publique ; par M. Faure, di
recteur de l’hôpital ; et par MM. Delanney,
préfet de la Seine ; Paul Strauss, sénateur ;
Girardin, maire ; et Roussel, conseiller mu
nicipal du 10 e arrondissement.
La visite des salles a immédiatement com
mencé. Le président a successiuement par
couru, les salles Ambroise-Paré (chirurgie
hommes), docteur Reynier, où un malade a
remis une lettre au président ; Giviale (voies
urinaires), docteur Paul Marion; de la Mater
nité (docteur Boissard) ; Gosselin (chirurgie
femmes), docteur Reynier ; Trémeau (chi
rurgie femmes), docteur Launois ; Perreau,
(isolement de la maternité), docteur Bois
sard ; et enfin le service d’otorhinolary ngo-
logie, docteur Sebilleau.
Le président de la République s’est ensuite
dirigé vers l’amphithéâtre de consultation de
chirurgie où était groupé tout le personnel
de l’Hôpital. « Je suis heureux, a-t-il dit,
d’avoir visité cet Hôpital si admirablement
installé et de vous apporter ici le témoignage
de l’admiration et de la reconnaissance du
gouvernement de la République. »
De chaleureux applaudissements accueilli
rent ces paroles, puis le président, respec
tueusement salué par tous les assistants, re
monta en voiture pour rentrer directement
à l’Elysée.
Avant de se retirer, M. Poincaré avait laissé
une somme de 500 francs à l’Hôpital.
INFORMATIONS
Le Testament bien caché
On se souvient de l’affaire du testament
de M. Isidore Leferre, cet ex-contrôleur des
contributions indirectes, qui par une ven
geance raffinée d'auteur dont on ne lit pas
les ouvrages, avait intercalé dans l'un des
nombreux manuscrits de ses « Mémoires »,
son testament par lequel il léguait à ses pa
rents et à ses amis sa fortune, s’élevant à
plus de 200,000 francs. Il avait, comme à
l’ordinaire, remis, pour le lire, le manuscrit
à chacun des légataires. Puis quand ceux-
ci lui avaient remis l'ouvrage, il avait dis
traitement demandé :
— Eh bien, ce volume de mes « Mémoi
res » vous a-t-il autant intéressé que les pré-
cédents ?
— Je l’ai littéralement dévoré !
Quand M. Leferre mourut, on chercha
vainement de tous côtés l'inévitable testa
ment qu’un pareil écrivain avait dû certai
nement rédiger. On ne le trouva nulle part.
Ce ne fut que dix ans après que, par acci
dent, on le découvrit, intercalé dans les
« Mémoires » qui n’avaient pas été lus.
On plaide actuellement sur ce testament.
AU BAL
— Méfie-toi, Coquardeau f Si tu ne finis
pas de t’amuser comme ça; cela va te
mener au violon:
La Mi Carême n’est pas encore si lointaine
que la chronique n’en puisse recueillir quel
ques échos.
La.folie carnavalesque laisse toujours der
rière elle, pour quelques heures, des bribes
de sa chanson de grelots.
Elle s’est cependant levée un peu tôt,cette
année, la fantaisie traditionnelle des jours
gras.Les caprices du thermomètre a vaient eu
l'ingénieuse idée de donner l'exemple du
travestissement en prêtant à Février le cos
tume trompeur d’un Avril prématuré.
De fait, il fit illusion. Ce fut même à vrai
dire le plus charmant déguisement de la sai-
son. Le Mardi-Gras 1913 s’était amené d’un
pied léger, dans une atmosphère attiédie où
flottaient le parfum des premières violette,
et des odeurs de crêpes et de beignets.
Février naissant avait mêmec onsenti à ce
mettre un faux nez. Au lieu de son « pif »
classique rougi par la bise, il arborait un
appendice respectable, bourgeonné à souhait
mais de ces bourgeons printaniers qui disen,
leur impatience de naître et proclament
aux yeux des passants les espoirs des pro
ches floraisons.
La Mi-Carême connut à son tour les dou
ceurs du nouveau régime.
Pierrot avait lancé dans le ciel, sous forme
de nuages, les blancheurs laiteuses de sa
fraise. Une lumière douce filtrait, tamisée
parles écrans, atténuée de mélancolie,com
me si le soleil eût la discrétion, à l’heure
du renouveau, de dissimuler la morne
détresse des déguisemensis traditionnels.
La vieille gaîté funambulesque nous appa
rut comme un reste de folie frigorifiée, et
pour être venue trop tôt au calendrier, elle
eut l’air tout simplement d’étaler la tris
tesse d’une gaîté mort-née.
J’ai rencontré, ce jour-là, deux jeunes
hommes qui avaient eu la jolie pensée de
rendre hommage à la force des coutumes
en se travestissant.
Ils pouvaient avoir chacun dans les douze
ans. L’un s’était laissé séduire par les ruti
lantes d’un costume espagnol qui étalait au
grand jour la fatigue de ses velours anciens
et la défaillance de ses coutures.
L’autre avait adopté le fier costume de
d’Artagnan. Le panache frissonnait bien
sous le vent frais et semblait se peloton
ner au bord du feutre pour moins sentir
l’atteinte du regard, mais la rapière était di
gne, la culotte largement bouffante, et si les
bottes affaissées en des plis accordéonesques
n’avaient publiquement attesté l’indigence
de la toile cirée, on eût pu évoquer quelque
Roybet pour image d'Epinal.
Une bande de gamins l’avaient raillé. Un
bout de carotte ramassé dans le ruisseau
vint même profaner le manteau.
— Ah ! zut, j’marche p’us, dit l’Espagnol
sévère. On va se faire emboîter. On est suivi
par des voyous. .
Des voyous !... Le mot alluma des colè
res. Gris. Injures .Menaces. D’Artagnan vou
lut mettre flamberge au vent, mais la rapiè
re pacifique résistait, probablement vendue
au démon de la rouille.
— Oui, des voyous l..
Un trognon de chou fit « cl ouf » en rabat
tant un côté du feutre.
L’Espagnol, alors, enleva son « loup » :
— Si qu'on irait dans les rues où qu’y a
pas de voyous ? insinua le toréador.
— Ça tout de même, c’est une idée ! opina
d’Artagnan.
Escamello suivit le panache. Et les deux
mômes au nez morveux, se mirent à décou
vrir « des rues sans voy ous ».
*
* *
Pauvre Carnaval ! Il meurt de sa belle
mort, décidément, mort toute locale, il va
sans dire, puisqu’il suffit de jeter un coup
d’œil sur les gazettes illustrées pour voir
avec quelle intense vitalité, quelle ingénio
sité renouvelée, quelle fantaisie bariolée et
cocasse mise au service du grotesque et du
gigantesque caricatural, il déploie encore
son empire sous la clémence du ciel niçois.
Mais, chez nous, maintenant, le bon
homme agonise. Même avant sa fin nous
l’enterrons un peu plus chaque année.
Le Carnaval se résume désormais dans
l’entrain de quelques quadrilles ou passent
un éclair de paillettes, un éclat de rire
forcé.
Si Gavroche et Navet n’étaient là pour
nous rappeler, par les rues, qu’un feutre de
mousquetaire et un boléro de toréador évo
quant toute la folie des Saturnales, nous en
oublierions vraiment et la résurrection des
crêpes et les glorieuses friperies qu’un jour
exceptionnel arrache à la naphtaline et aux
vers. . . .
Il fut cependant un temps où la joie po
pulaire havraise prenait prétexte de ces
dates pour se détendre dans une expansion
kithoSraphie de GAVFEU
MASQUÉ
— C’est un diplomate t
— C’est un épicier !
: — Cabochet, mon ami, vous ne voyez
donc pas que « Mossieu « est un jeune
homme farceur comme tout, déguisé en
un qui s’embête à mort*
bruyante où la bouffonnerie mettait ses
excès.
L’histoire locale a conservé le souvenir de
cavalcades fameuses qui, sans offrir le luxe
décoratif des cortèges niçois,en avaient l’im
portance, l’entrain et la belle humeur.
La jeunesse, dans toutes les classes de la
société, prenait une part active à ces fêtes
où la charité trouvait son compte. Et la
chronique soulignait volontiers la large dé
pense personnelle que certains consen
taient, d’un cœur ravi, pour contribuer par
le luxe d’un costume au succès de la fête
et au maintien de la tradition.
J’ai sous les yeux une rarissime brochure
qu’un collectionneur havrais a bien voulu
exhumer pour moi de sa biblothèque. C'est
une plaquette imprimée en 1851 par Brin-
deau et Ce ; elle porte pour titre : Les Mas
ques démasqués ; pour auteur, Un vilain Mas
qué ; comme sous-titre : Souvenir philanthro
pique et folâtre du Cortège de la Mi-Carême
1851.
Le tout est dédié à Sacramento, Sacra-
mento, le héros de la cavalcade, le bœuf
gras de la tombola tirée au profit des pau
vres, « valeur sur pied, 500 francs ».
Le « vilain masque » parle naturellement
en vers. Il a des émotions touchantes à la
pensée que le pauvre Sacramento connaîtra
un tragique lendemain. Le masque tombé,
l’historiographe funambulesque se décou
vre des réserves de grave philosophie :
Adieu, Sacramento, noble et gras animal
Dont on admirait tant la fière corpulence.
Adieu, Sacramento. Vois donc combien c’est peu
Que la gloire ici-bas !... De mille flatteries
On t’accab ait hier... Mais ces cajoleries,
Pauvre Sacramento! cachaient un triste jeu.
Entre-côte, aloyau, beef-steak ou pot-au-feu !
Combien ainsi que toi, hissés au rang suprême.
Se sont vus enivrés d’éloges et d’encens
— Et l’éloge a toujours des parfums séduisants !
Puis l’auteur reprend le ton folâtre et en
treprend de démasquer les masques de la
cavalcade. C’est toute la bourgeoisie havraise
de 1851 qui surgit maintenant au bout des
rimes.
Voici le char du Veau d’Or et son patron,
le père Fort, à la tête d’une fougueuse et
brillante jeunesse :
Qui ne connaît ce jeune et gai vieillard,
Dont le bonheur suprême est d’amuser les autres?
De la gaîté les plus fervents apôtres
Sont des bonnets de nuit près de ce vieux moutard
Et lorsque son plaisir profile a l’indigence
Le bonheur répandu double sa jouissance.
Le Veau d’or passe, suivi d’un person
nage symbolique :
Ici tout noir de suie
Voyez ce ramoneur équestre (Hélas ! Danvers
Il me faut malgré moi, vous noircir en mes vers)
Puis s’avancent les Quatre Fils Aymon.
puis un roi normand :
Salut aussi puissant monarque
boni la couronne de coton
N’est que du droit de Jeanneton !
— Droit féminin qu’on le remarque :
Cela vaut bien le droit divin ;
Peut-être mieux 1 .
la
Mais le « vilain masque » s’excuse de
digression. Il entend les accords d’une « sa
vante bande ».
Ce sont nos douaniers déguisés en Pierrots
Et l’on peut dire en peu de mots
Que leurs airs ne sont pas des airs de contrebande.
Un peu plus loin éveillant les échos,
De noire garnison éclate la musique.
On voulait revêtir, dit-on, en « dominos »
Ces fils mélodieux de notre République ;
Mais quand Mousset voulut vêtir le « double six »
Il n’y put réussir. — « Du tout, du tout, mon fils,
Dit l’artiste-guerrier : sachez qu’un militaire,
Ne connaît qu’un jeu, quoiqu’il ne l’aime guère :
Cette partie, ami Mousset,
Manque de charme ct sa règle est sévère
Car ce jeu-là, c’est le « piquet »
Le chalet suisse, les chars, le Juif d’errant,
bien d’autres, tout cela défila en bon ordre,
par nos rues en liesse, ce jour de Mi-careme
1851.
Et tout en feuilletant ces souvenirs, je
retrouve un amusant chiffon de papier, un
billet de tombola du bœuf gras de cette même
cavalcade. Les membres de la Commission y
ont fait figurer leurs noms : « Th. Mousset,
Wermelen, Ed. Oursel, A. Du Pasquier, Fort
père, J. Dorey, receveur municipal, trésorier
de la cavalcade ».
*
* *
Ces fantaisies semblent avoir fait leur
temps. La jeunesse a aujourd’hui d’autres
goûts et d'autres préférences, son désir de
mouvement, son besoin d’action qui 1 ont
entraînée à consacrer ses loisirs à l’exercice
physique» à la pratique du sport, ne.sau
raient plus s’accommoder d’un rôle pas
sif de figuration, un jour de cortège.
Mais ce sont là caprices du moment, modes
passagères, prédilections souvent ephémè.
res qu’un autre caprice fait tourner.
A la vérité, ja crois que nous changeons
plus de surface que de fond et qu’il y aura
parmi nous, à l'heure propice, une renais
sance de la folie carnavalesque, le jour où la
jeune génération sera délivrée des angois
sants problèmes de l’heure et retrouvera le
bon art de rire.
Car ils ne rient plus les jeunes, ou du
moins leur rire n’a plus la large exubérance
d une nature libérée qui se détend. Le rire
moderne cache un fond immense d'amer-
tune, d’arrivisme impatient ou las ; il ignore
la bonne et soudaine détente, l’échappée
violente de la sublime Folie qui soulève tout
à coup la soupape de nos préoccupations
journalières, la grosse et sonore gaîté, brave
fille toute ronde et sans façons, qui vous
glisse au cœur du sang de joie nouvelle.
Etes-vous bien sûr, esprit austère, qui
chantez un Dies irae sur la tombe de la belle
humeur française qu’on s’esclaffait toujours
aux bal de l'Opera, aux temps où le carna
val, très en splendeur, secouait ses den
telles ?
Consultez plutôt Daumier, Gavarni, dont
les dessins et les légendes conservent un
saisissant reflet des mœurs.
J'en prends deux au hasard, je les épingle
en tête de cette chronique, et je vous de
mande si la mésanthropie de Coquardeau a
jamais empêché Chicard de balancer joyeu
sement ses dames.
Albert-Herrenschmidt.
ALLEMAGNE
La Discussion du Budget de la Marine
au Reichstag
Le Reichstag a commencé hier la discus
sion du budget de la marine.
M. Vogtherr, socialiste, a critiqué les dé
clarations de l’amiral de Tirpitz, et exprimé
l’avis que, en Allemagne et ailleurs, la fièvre
des armements ne s’arrêtera pas et qu'on
ne s'en tiendra pas à la loi actuelle.
Le député du Centre Erzberger conteste
que l’Allemagne mène la course des arme
ments.
L’amiral de Tirpitz, secrétaire d’Etat à la
marine, prend ensuite la parole. Il estime
qu’on ne saurait comparer l’effectif de la
flotte allemande avec les progrès des autres
marines qui étaient déjà importantes depuis
longtemps. Une marine allemande, dans le
sens militaire et politique du terme,est l’œu
vre de ces temps derniers. « Nous avons em
ployé moins de temps que la flotte française,
qui existe déjà depuis longtemps. »
Le secrétaire d’Etat insiste ensuite sur la
nécessité de la construction d’un nouveau
yacht impérial. L’empereur a besoin, dit-il,
d'un navire spécial au même titre que les
chefs d’Etat des autres nations.
L’amiral de Tirpitz assure que l’Adminis
tration de la marine ne négligera rien pour
accroître la puissance des dirigeables. Il
exprime l’espoir que, cette année même, la
marine allemande sera dotée d’un hydro
aéroplane susceptible de rendre déjà de re-
marquables services.
Le secrétaire d’Etat constate que la marina
allemande paye meilleur marché que celle
des autres pays les plaques blindées de ses
navires.
« L’Administration de la marine est très
économe, dit-il ; elle s’efforce de faire de
chaque livre un écu.
» Nous avons déjà économisé plus de 100
millions en faisant baisser les prix, et, si
nous n’avons pu le faire ces dernières
années, c’est que tout a, naturellement, une
limite.
» D’ailleurs, ajoute-t-il, les plaques blin
dées qui ont aujourd’hui une épaisseur de
huit fois trois millimètres et demi, sont plus
difficiles à fabriquer qu’autretois. J’estime
que, pour l’instant, il n’y a pas lieu, pour
les constructions de la marine, de créer une
industrie d’Etat. »
L’amiral de Tirpitz combat la proposition
du Centre tendant à ramener à deux ans la
duree du service pour l’infanterie et l’artil
lerie de marine. En ce qui concerne l’artil-
lerie de marine, déclare-t-il, cette mesure
serait un coup droit porté à la défense de
nos côtes ; elle est donc impossible.
Les exigences principales posées à l’artille
rie de marine sont si considérables qu'el
les requièrent à elles seules au moins un an
et demi de travail.
L’amiral de Tirpitz expose ensuite en dé
tails la préparation que nécessite cette ar
me. Il nous faut d’abord, dit-il, former tous
les effectifs au service des forts qui doivent
être immédiatement occupés en cas d’un
coup de main tenté sur nos côtes.
En outre, une seconde préparation un peu
plus complète que la première est néces
saire pour le cas de mobilisation où les cinq
subdivisions actuelles existantes sont immé
diatement portées au chiffre de onze.
Cette préparation, à elle seule, requiert
plus de dix-huit mois. Enfin, il y a encore
la préparation pour le service sur mer et
pour la pose des mines. Tout cela exige une
préparation très subtile ;aussi, ne saurait-on
insister pour que le service de l’artillerie de
marine soit réduit à deux ans.
De même, le service de deux ans pour 1 in
fanterie de marine stationnée à Kiao-Tchéou
serait chose impossible si l’on compte le
temps indispensable au transport et à la pré
paration necessaire. On en arriverait à être
obligé de relever chaque année la garnison
de Kiao-Tchéou, ce qui ne peut se soutenir.
Après avoir insisté sur la nécessité de ne
confier la défense des points menacés qu’à
une infanterie de marine de premier ordre,
l’orateur en arrive à cette conclusion :
« Si nous considérons que dans l’armée et
dans la marine entières, toutes les choses
s’engrènent l’une dans l'autre, et si nous te
nons compte de ce fait qu'en temps de guer
re nous ne devons pas hésiter un seul ins
tant à utiliser l’infanterie pour la défeuise des
points menacés, alors nous voyons qu il
n’est pas juste d’ébranler homogénéité de
la marine et de faire une exception en faveur
de l’infanterie de marine.
» La marine doit rester homogène comme
elle l’est, et, déjà avec la service de trois ans,
nous avons suffisamment à travailler. »
Le député Paasche, national libéral, ainsi
qu’un député conservateur se prononcent au
nom de leur pari contre la réduction du SOE-
. vice pour les troupes de la marine.
Dimanche 2 Mars 1943
33” Année
N 11,554
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Duuèh IEURn Question des Armements
Paris, trois heures matin
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 1er MARS
Cotons : mars, baisse 8 points ; mai,
baisse 7 points ; juillet, baisse 9 points ;
octobre, baisse 8 points.
Calés s baisse 6 à 9 points.
NEW-YORK, 1 er MARS
Tuivre Standard disp.
— mai
Amalgamat. Cop...
Ver
c. w ion
69 1/4
C. PRRCEDCAT
14
14
68
17
50
50
1/2
75
CHICAGO, 1er MARS
Blé sur
Maïs sur....
Saindoux sur
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
C. DU JOUR
92 1/2
91 »/»
53 »/»
51 »is
10 80
- 10 77
C. PRECED
91 3/4
91 4/4
53 3/8
5% 3 8
40. 82
10 82
LA GUERRE D’ORIENT
La Turquie accepterait la médiation des
puissances
Cologne. — La Gazette de Cologne publie le
télégramme suivant de Berlin :
« Le gouvernement anglais et les ambas
sadeurs des puissances à Londres ont reçu
une communication émanant, selon toutes
vraisemblances, du représentant de la Tur
quie à Londres, annonçant que la Turquie
serait disposée à accepter la médiation des
puissances pour les conditions de la paix. »
Une Mission de Djavid Bey
Constantinople, ier mars. — Djavid Bey,
ancien ministre des financés, est parti dans
la soirée.
Il a été salué à son départ par de nom
breuses notabilités ottomanes et étrangères.
Il passera deux jours à Vienne, dix jours à
Berlin, dix jours à Londres, puis fera a Paris
un séjour d'une durée indéterminée.
Il a pour mission de régler les questions’
financières, notamment celle des Bons du
Trésor arrivant à échéance ce mois-ci.
A L’ÉLYSÉE
Le président de la République et Mme
Raymond Poincaré ont offert hier soir un
dîner en l’honneur des ambassadeurs, des
ministres et chefs de missions accrédités en
France.
Assistaient au dîner, outre les membres
du corps diplomatiques, MM. Briand, Jon-
nart, Ribot, Delcassé, Pichon, Cruppi, le
grand chancelier de la Légion-d’Honneur, le
gouverneur militaire de Paris, le préfet de
la Seine. •
Le dîner a été suivi d’une réception par
ticulièrement brillante.
* *
Le ministre de Belgique s’est rendu hier
à l’Elysée pour remettre à M. Poincaré, pré
sident de la République, avec une lettre au
tographe du roi des belges, la grand’croix
de l’ordre de Léopold.
CHUTE MORTELLE
D’UN OFFICIER AVIATEUR
Bourges, 1 er mars. — Le lieutenant Por-
teau, qui s’est tué hier dans une chute d'aé
roplane, était détaché au centre d’Avor
depuis un mois seulement.
Hier, vers 1 h. 40, en présence des mem
bres de la Commission extraparlementaire,
MM. Cochery, Clémentel et Benazet, qui vi
sitaient l’Ecole, le lieutenant aviateur fit sor
tir son appareil monoplan.
Quelques instants plus tard, l’aéroplane
piquait droit sur Sa vigny en Septaine, petit
bourg distant de quelques kilomètres seule
ment.
Soudain, alors que l’appareil se trouvait à
une altitude de six cents mètres, le moteur
cessa de fonctionner.
Le monoplan s’abattit sur le sol avec un
fracas épouvantable.
Au milieu des débris, gisait l’infortuné
aviateur qui avait été écrasé.
Le corps dégagé des débris de l'appareil,
fut ramené au camp.
UN AVIATEUR FRANÇAIS ARRÊTÉ
PAR LA POLICE ALLEMANDE
Reims.— L’aviateur Favre, du centre d’avia-
non de Reims, avait quitté hier matin, à
7 h. 15, sur monoplan, le camp de Mourme
lon pour se rendre à Bâle où il devait pren
dre part, le jour même, à un meeting d'avia-
P de Mourme-
il devait pren-
tion.
L’aviateur dut atterrir vers midi à Vigy, à
11 kilomètre? de Metz, pour faire de l’es
sence.
Là, il fut arrêté par la police allemande
qui lui interdit formellement de repartir par
la voie des airs.
L’aviateur dut alors démonter son appa
reil.
TABLEAU DE CONCOURS POUR
LA LÉGION-D’HONNEUR
Armée Active. — Infanterie
pour officiers : ne 10, M. Breuil, chef de
bataillon au A29e ; no 375, M. Blondel, capi
taine au 129 e ; no 411, M. Gondallier de Tri-
gny, capitaine au 129 e .
Pour chevalier : no 496, m. Le Hénaff, chef
de bataillon au 129 e .
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Match Carpentier contre Cyclone Smith
Nice. — Le match de boxe qui fut disputé
hier après-midi, à l'Eldorado, entre Carpen
tier et le nègre Cyclone Smith, s’est terminé
par la facile victoire du champion européen.
Dès le premier round, l’inégalité de force
entre les deux hommes était nettement vi
sible. Malgré les efforts faits par Smith pour
résister aux coups de son adversaire, celui-ci
n’a eu aucune peine à le dominer.
Au troisième round, Smith a été mis
knock-out par un direct du droit.
La grande question gouvernementale est
en ce moment celle des armements qu’im
pose à la France le soin de sa stricte sécu
rité, vis-à-vis des efforts avoués par l’Alle-
magne.
Déjà les ministres ont procédé à des
échanges de vues sur les projets élaborés
par le département de la guerre.
Ils ont abordé l’examen du service de trois
ans, du service de trente mois, de la ques
tion des primes de rengagement, du renfor
cement de nos troupes de couverture, de la
création des camps d’instruction, de l’amé
lioration de l’aéronautique, etc.
Le Conseil des ministres tenu hier, sous
la présidence de M. Poincaré, a examiné
les propositions du ministre de la guerre,
en ce qui concerne les effectifs. Mais il a
ajourné sa décision pour attendre l’avis
du Conseil supérieur de la guerre.
La Commission du budget de la Cham
bre entendra, mardi, le rapport de M. Clé-
mentel. sur le projet relatif aux 500 mil
lions de crédits. Le rapport sera déposé
jeudi ou vendredi : la Chambre pourra donc
en ordonner la discussion aussitôt.
Au Sénat, le groupe d’action démocrati
que a, de son côté, examiné la situation
créée par‘augmentation des effectifs alle
mands. M. Boudenoot, vice-président de la
Commission de l’armée du Sénat, a fait un
exposé très complet de l’état actuel de nos
forces et de notre matériel de guerre. Le
groupe continuera, vendredi, l'examen de
ces questions.
La question est ainsi posée dans toute
son acuité. Nous comptons sur tout le pa
triotisme du- Parlement pour la résoudre
sans aucune arrière-pensée électorale.
Les électeurs, du reste, se sont déjà pro
noncés et de tous- côtés les manifestations
de l’opinion prouvent que tous, les sacri-
fices seront acceptés, non pas d’un cœur
léger, mais d’un cœur résolu.
Une seule note discordante : celle que
donne M. Jaurès au nom du socialisme in
ternational. Son journal publie en alle
mand et en français un Manifeste antimili
tariste dont le but est d’ameuter l’opinion
contre le devoir national.
Au Parlement, le même Jaurès, comme
un défi paradoxal, a osé réclamer, non pas
seulement un crédit. de 150 millions pour
l’enseignement primaire, mais un emprunt
de 500 millions au profit des écoles, pour
l’opposer aux crédits que nécessite la dé
fense nationale. Il soutient sa proposition
dans un article d’antithèse qu’il intitule
La Mort et la Vie, en opposant l’école à
l’armée.
L’œuvre mortelle ne serait-elle pas de
livrer la Patrie sans défense à ses ennemis ?
Aux sophismes malsains où tombe M.
Jaurès, nous opposerons la pensée si pa
triotique et si française développée par M.
Stephen Pichon, sénateur, ancien ministre
des affaires étrangères, dans une conférence
faite à l’Association des anciens élèves de
l’École des Sciences politiques :
« Pas de déséquilibre diplomatique en
Europe, a-t-il dit. Pas de déséquilibre mi
litaire non plus, au détriment de l’une des
nations qui représentent au plus haut de
gré l’idéal pacifique des démocraties mo
dernes.
» Qu’aucune charge reconnue nécessaire
ne soit au-dessus de notre volonté, aucun
devoir au-dessus de notre patriotisme. Ce
n’est pas pour la guerre que nous armons :
c’est pour l’éviter, pour la conjurer. Et
nous ne fortifions l’armée dont nous som
mes fiers, et qui est notre sauvegarde, que
dans la mesure où il le faut, pour prévenir
toutes les surprises et décourager toute
velléité de provocation. »
Ces paroles de haut patriotisme tradui
sent le sentiment même de la Nation, et
c’est dans cette mesure qu’elle est prête à
tous les sacrifices.
HIPPOLYTE FÉNOUX.
====== = l i II II W W
Les Crédits pour l'Armement
La Chambre a été saisie par le ministre des
Finances d’un projet de loi qui a pour objet
d’autoriser le ministre de la Guerre à en
gager des dépenses pour une somme de
500 millions de francs. Nous avons fait con
naître le texte de ce projet élaboré en vue
d’accélérer les travaux intéressant la défense
nationale.
Il reste maintenant à établir quels sont ces
travaux. A défaut de précision officielle — le
Conseil supérieur de la guerre et le Conseil
des ministres poursuivant encore leurs
études —il est possibled'examiner les points
principaux sur lesquels doivent porter l'ef-
fort financier soumis à l’examen du Parle
ment : artillerie, places fortes, aéronautique,
camps d’instruction.
Le général de Lacroix qui examine depuis
quelques jours, dans le Temps, le problème
des améliorations à apporter aux arme
ments déclare que l’artillerie a besoin d’une
pièce à tir courbe, destinée à fouiller les plis
du terrain. Un obusier léger, déjà trouvé,
remplira d’ailleurs ce but quand son adop
tion, décidée en principe, sera définitive.
Cet obusier correspondra au 105 allemand.
Il se pourrait cependant que notre 75, grâce
à une ingénieuse transformation du projec
tile, pût satisfaire aux mêmes besoins que
l'obusier léger. Ce serait un avantage et une
diminution de dépenses.
On a dit, écrit le général de Lacroix, que le 75
est un gros mangeur, H faut donc prévoir sur les
coffres et au service de l’arrière le nombre de
projectiles nécessaires pour alimenter les besoins
du champ de bataille. Il y a de ce côté un effort à
faire en vue de réaliser un approvisionnement
suffisant et d'assurer le remplacement des muni
tions consommées en cours de campagne. Cette
question est une des plus importantes à résou
dre.
Nos places fortes se trouvent actuellement en
très bonnes conditions. Il convient toutefois de
les mettre complètement en état de jouer le rôle
qui leur est assigné et de les doter à cet effet de
tout ce qui leur est encore nécessaire. Nous en
tendons par là les besoins en matériel de toute
nature, les constructions et les améliorations à la
fortification.
D’après l’éminent officier général, notre
attention doit être portée d’une façon parti
culière sur notre frontière du Nord. L’ac
croissement des effectifs allemands ne don
ne que plus de force à notre conviction à
cet égard. Maubeuge exige un effort qui n’a
pas échappé aux préoccupations de notre
haut commandement.
LES MIETTES DE LA MI-@ARÈME
Nous savons, ajoute-t-il, qu’on y a travaillé
beaucoup et qu'on y travaille. Nous y applaudis
sons, car c’est une place de manœuvres dont
l’importance et le rôle stratégique n’ont pas be
soin d’être démontrés. Mentionnons encore Mont-
médy et Longwy. Nous nous abstiendrons d’en
trer dans des détails qui n’auraient pas ici leur
place ; il suffit de laisser entrevoir le rôle qu’au
raient éventuellement à jouer nos places du Nord,
Sans connaître la pensée de notre haut comman
dement, nous sommes certain que ses vues sont
en accord avec l’opinion que nous exprimons et
qui est basée sur des éventualités faciles à pré
voir.
Quant à l’aéronautique dont nous avons
signalé ici même l’état d’infériorité par suite
des progrès réalisés dans la formation de la
flottille de dirigeables allemands, elle rece
vra une nouvelle impulsion. De larges cré
dits y seront en effet affectés.
Il faut s’en féliciter, poursuit le général de La
croix. Les renseignements que nous avons re
cueillis témoignent de notre volonté de rattraper
le temps perdu et de nous constituer aussi vile
que possible une flotte de grands croiseurs pos-
sédant tous les perfectionnements réalisés dans
les zeppelins allemands.’ Une partie des crédits
demandés s’appliquera sans nul doute à la pour
suite de réalisations qui sont absolument néces
saires.
L’organisation de notre aviation doit recevoir
aussi les améliorations qu’elle réclame, pour lui
permettre d’obtenir le plein rendement de l’habi
leté, de l’élan et de la maîtrise de nos aviateurs.
Il est nécessaire que le matériel ait toutes les qua
lités qui caractérisent les engins de guerre que
doivent être nos avions.
Enfin, et la question est d'importance capitale,
les camps d’instruction doivent être une des pre
mières préoccupations du ministre. G’est là que
l’instruction peut se donner, que le commande
ment peut trouver l’occasion de s’exercer, que la
cohésion des différentes unités s’acquiert, que la
liaison des armes se réalisé dans la manœuvre.
C’est là enfin que nos formations de réserve trou
veront l’entraînement dont elles ont besoin. Nous
avons trop souvent parlé de la nécessité de faire
un effort dans cet ordre d’idées pour que nous
ayons besoin d'insister davantage.
Nouvelles Politiques
Conseil des Ministres
Les ministres et sous secrétaires d’Etat
se sont réunis hier matin, en Conseil, à
l’Elysée, sous la présidence de M. Poincaré.
Après l’expédition des affaires courantes,
le Conseil a commencé l’examen des propo
sitions du ministre de la guerre relatives
aux effectifs militaires. Cet examen sera
poursuivi en un Conseil des ministres qui
se réunira lundi, à l’Elysée.
Avant d’être publié, le projet du gouver
nement sera soumis à l’examen du Conseil
supérieur de la guerre, présidé parle minis
tre, et du Conseil supérieur de la défense
nationale, présidé par le président de la Ré
publique.
Le Président de la République
à l’hôpital Lariboisière
Le président de la République, accompa-
gné du général Beaudemoulin, s’est rendu
hier après-midi à l’hôpital Lariboisière.
Il y a été reçu par M. Mesureur, directeur
de l’Assistance publique ; par M. Faure, di
recteur de l’hôpital ; et par MM. Delanney,
préfet de la Seine ; Paul Strauss, sénateur ;
Girardin, maire ; et Roussel, conseiller mu
nicipal du 10 e arrondissement.
La visite des salles a immédiatement com
mencé. Le président a successiuement par
couru, les salles Ambroise-Paré (chirurgie
hommes), docteur Reynier, où un malade a
remis une lettre au président ; Giviale (voies
urinaires), docteur Paul Marion; de la Mater
nité (docteur Boissard) ; Gosselin (chirurgie
femmes), docteur Reynier ; Trémeau (chi
rurgie femmes), docteur Launois ; Perreau,
(isolement de la maternité), docteur Bois
sard ; et enfin le service d’otorhinolary ngo-
logie, docteur Sebilleau.
Le président de la République s’est ensuite
dirigé vers l’amphithéâtre de consultation de
chirurgie où était groupé tout le personnel
de l’Hôpital. « Je suis heureux, a-t-il dit,
d’avoir visité cet Hôpital si admirablement
installé et de vous apporter ici le témoignage
de l’admiration et de la reconnaissance du
gouvernement de la République. »
De chaleureux applaudissements accueilli
rent ces paroles, puis le président, respec
tueusement salué par tous les assistants, re
monta en voiture pour rentrer directement
à l’Elysée.
Avant de se retirer, M. Poincaré avait laissé
une somme de 500 francs à l’Hôpital.
INFORMATIONS
Le Testament bien caché
On se souvient de l’affaire du testament
de M. Isidore Leferre, cet ex-contrôleur des
contributions indirectes, qui par une ven
geance raffinée d'auteur dont on ne lit pas
les ouvrages, avait intercalé dans l'un des
nombreux manuscrits de ses « Mémoires »,
son testament par lequel il léguait à ses pa
rents et à ses amis sa fortune, s’élevant à
plus de 200,000 francs. Il avait, comme à
l’ordinaire, remis, pour le lire, le manuscrit
à chacun des légataires. Puis quand ceux-
ci lui avaient remis l'ouvrage, il avait dis
traitement demandé :
— Eh bien, ce volume de mes « Mémoi
res » vous a-t-il autant intéressé que les pré-
cédents ?
— Je l’ai littéralement dévoré !
Quand M. Leferre mourut, on chercha
vainement de tous côtés l'inévitable testa
ment qu’un pareil écrivain avait dû certai
nement rédiger. On ne le trouva nulle part.
Ce ne fut que dix ans après que, par acci
dent, on le découvrit, intercalé dans les
« Mémoires » qui n’avaient pas été lus.
On plaide actuellement sur ce testament.
AU BAL
— Méfie-toi, Coquardeau f Si tu ne finis
pas de t’amuser comme ça; cela va te
mener au violon:
La Mi Carême n’est pas encore si lointaine
que la chronique n’en puisse recueillir quel
ques échos.
La.folie carnavalesque laisse toujours der
rière elle, pour quelques heures, des bribes
de sa chanson de grelots.
Elle s’est cependant levée un peu tôt,cette
année, la fantaisie traditionnelle des jours
gras.Les caprices du thermomètre a vaient eu
l'ingénieuse idée de donner l'exemple du
travestissement en prêtant à Février le cos
tume trompeur d’un Avril prématuré.
De fait, il fit illusion. Ce fut même à vrai
dire le plus charmant déguisement de la sai-
son. Le Mardi-Gras 1913 s’était amené d’un
pied léger, dans une atmosphère attiédie où
flottaient le parfum des premières violette,
et des odeurs de crêpes et de beignets.
Février naissant avait mêmec onsenti à ce
mettre un faux nez. Au lieu de son « pif »
classique rougi par la bise, il arborait un
appendice respectable, bourgeonné à souhait
mais de ces bourgeons printaniers qui disen,
leur impatience de naître et proclament
aux yeux des passants les espoirs des pro
ches floraisons.
La Mi-Carême connut à son tour les dou
ceurs du nouveau régime.
Pierrot avait lancé dans le ciel, sous forme
de nuages, les blancheurs laiteuses de sa
fraise. Une lumière douce filtrait, tamisée
parles écrans, atténuée de mélancolie,com
me si le soleil eût la discrétion, à l’heure
du renouveau, de dissimuler la morne
détresse des déguisemensis traditionnels.
La vieille gaîté funambulesque nous appa
rut comme un reste de folie frigorifiée, et
pour être venue trop tôt au calendrier, elle
eut l’air tout simplement d’étaler la tris
tesse d’une gaîté mort-née.
J’ai rencontré, ce jour-là, deux jeunes
hommes qui avaient eu la jolie pensée de
rendre hommage à la force des coutumes
en se travestissant.
Ils pouvaient avoir chacun dans les douze
ans. L’un s’était laissé séduire par les ruti
lantes d’un costume espagnol qui étalait au
grand jour la fatigue de ses velours anciens
et la défaillance de ses coutures.
L’autre avait adopté le fier costume de
d’Artagnan. Le panache frissonnait bien
sous le vent frais et semblait se peloton
ner au bord du feutre pour moins sentir
l’atteinte du regard, mais la rapière était di
gne, la culotte largement bouffante, et si les
bottes affaissées en des plis accordéonesques
n’avaient publiquement attesté l’indigence
de la toile cirée, on eût pu évoquer quelque
Roybet pour image d'Epinal.
Une bande de gamins l’avaient raillé. Un
bout de carotte ramassé dans le ruisseau
vint même profaner le manteau.
— Ah ! zut, j’marche p’us, dit l’Espagnol
sévère. On va se faire emboîter. On est suivi
par des voyous. .
Des voyous !... Le mot alluma des colè
res. Gris. Injures .Menaces. D’Artagnan vou
lut mettre flamberge au vent, mais la rapiè
re pacifique résistait, probablement vendue
au démon de la rouille.
— Oui, des voyous l..
Un trognon de chou fit « cl ouf » en rabat
tant un côté du feutre.
L’Espagnol, alors, enleva son « loup » :
— Si qu'on irait dans les rues où qu’y a
pas de voyous ? insinua le toréador.
— Ça tout de même, c’est une idée ! opina
d’Artagnan.
Escamello suivit le panache. Et les deux
mômes au nez morveux, se mirent à décou
vrir « des rues sans voy ous ».
*
* *
Pauvre Carnaval ! Il meurt de sa belle
mort, décidément, mort toute locale, il va
sans dire, puisqu’il suffit de jeter un coup
d’œil sur les gazettes illustrées pour voir
avec quelle intense vitalité, quelle ingénio
sité renouvelée, quelle fantaisie bariolée et
cocasse mise au service du grotesque et du
gigantesque caricatural, il déploie encore
son empire sous la clémence du ciel niçois.
Mais, chez nous, maintenant, le bon
homme agonise. Même avant sa fin nous
l’enterrons un peu plus chaque année.
Le Carnaval se résume désormais dans
l’entrain de quelques quadrilles ou passent
un éclair de paillettes, un éclat de rire
forcé.
Si Gavroche et Navet n’étaient là pour
nous rappeler, par les rues, qu’un feutre de
mousquetaire et un boléro de toréador évo
quant toute la folie des Saturnales, nous en
oublierions vraiment et la résurrection des
crêpes et les glorieuses friperies qu’un jour
exceptionnel arrache à la naphtaline et aux
vers. . . .
Il fut cependant un temps où la joie po
pulaire havraise prenait prétexte de ces
dates pour se détendre dans une expansion
kithoSraphie de GAVFEU
MASQUÉ
— C’est un diplomate t
— C’est un épicier !
: — Cabochet, mon ami, vous ne voyez
donc pas que « Mossieu « est un jeune
homme farceur comme tout, déguisé en
un qui s’embête à mort*
bruyante où la bouffonnerie mettait ses
excès.
L’histoire locale a conservé le souvenir de
cavalcades fameuses qui, sans offrir le luxe
décoratif des cortèges niçois,en avaient l’im
portance, l’entrain et la belle humeur.
La jeunesse, dans toutes les classes de la
société, prenait une part active à ces fêtes
où la charité trouvait son compte. Et la
chronique soulignait volontiers la large dé
pense personnelle que certains consen
taient, d’un cœur ravi, pour contribuer par
le luxe d’un costume au succès de la fête
et au maintien de la tradition.
J’ai sous les yeux une rarissime brochure
qu’un collectionneur havrais a bien voulu
exhumer pour moi de sa biblothèque. C'est
une plaquette imprimée en 1851 par Brin-
deau et Ce ; elle porte pour titre : Les Mas
ques démasqués ; pour auteur, Un vilain Mas
qué ; comme sous-titre : Souvenir philanthro
pique et folâtre du Cortège de la Mi-Carême
1851.
Le tout est dédié à Sacramento, Sacra-
mento, le héros de la cavalcade, le bœuf
gras de la tombola tirée au profit des pau
vres, « valeur sur pied, 500 francs ».
Le « vilain masque » parle naturellement
en vers. Il a des émotions touchantes à la
pensée que le pauvre Sacramento connaîtra
un tragique lendemain. Le masque tombé,
l’historiographe funambulesque se décou
vre des réserves de grave philosophie :
Adieu, Sacramento, noble et gras animal
Dont on admirait tant la fière corpulence.
Adieu, Sacramento. Vois donc combien c’est peu
Que la gloire ici-bas !... De mille flatteries
On t’accab ait hier... Mais ces cajoleries,
Pauvre Sacramento! cachaient un triste jeu.
Entre-côte, aloyau, beef-steak ou pot-au-feu !
Combien ainsi que toi, hissés au rang suprême.
Se sont vus enivrés d’éloges et d’encens
— Et l’éloge a toujours des parfums séduisants !
Puis l’auteur reprend le ton folâtre et en
treprend de démasquer les masques de la
cavalcade. C’est toute la bourgeoisie havraise
de 1851 qui surgit maintenant au bout des
rimes.
Voici le char du Veau d’Or et son patron,
le père Fort, à la tête d’une fougueuse et
brillante jeunesse :
Qui ne connaît ce jeune et gai vieillard,
Dont le bonheur suprême est d’amuser les autres?
De la gaîté les plus fervents apôtres
Sont des bonnets de nuit près de ce vieux moutard
Et lorsque son plaisir profile a l’indigence
Le bonheur répandu double sa jouissance.
Le Veau d’or passe, suivi d’un person
nage symbolique :
Ici tout noir de suie
Voyez ce ramoneur équestre (Hélas ! Danvers
Il me faut malgré moi, vous noircir en mes vers)
Puis s’avancent les Quatre Fils Aymon.
puis un roi normand :
Salut aussi puissant monarque
boni la couronne de coton
N’est que du droit de Jeanneton !
— Droit féminin qu’on le remarque :
Cela vaut bien le droit divin ;
Peut-être mieux 1 .
la
Mais le « vilain masque » s’excuse de
digression. Il entend les accords d’une « sa
vante bande ».
Ce sont nos douaniers déguisés en Pierrots
Et l’on peut dire en peu de mots
Que leurs airs ne sont pas des airs de contrebande.
Un peu plus loin éveillant les échos,
De noire garnison éclate la musique.
On voulait revêtir, dit-on, en « dominos »
Ces fils mélodieux de notre République ;
Mais quand Mousset voulut vêtir le « double six »
Il n’y put réussir. — « Du tout, du tout, mon fils,
Dit l’artiste-guerrier : sachez qu’un militaire,
Ne connaît qu’un jeu, quoiqu’il ne l’aime guère :
Cette partie, ami Mousset,
Manque de charme ct sa règle est sévère
Car ce jeu-là, c’est le « piquet »
Le chalet suisse, les chars, le Juif d’errant,
bien d’autres, tout cela défila en bon ordre,
par nos rues en liesse, ce jour de Mi-careme
1851.
Et tout en feuilletant ces souvenirs, je
retrouve un amusant chiffon de papier, un
billet de tombola du bœuf gras de cette même
cavalcade. Les membres de la Commission y
ont fait figurer leurs noms : « Th. Mousset,
Wermelen, Ed. Oursel, A. Du Pasquier, Fort
père, J. Dorey, receveur municipal, trésorier
de la cavalcade ».
*
* *
Ces fantaisies semblent avoir fait leur
temps. La jeunesse a aujourd’hui d’autres
goûts et d'autres préférences, son désir de
mouvement, son besoin d’action qui 1 ont
entraînée à consacrer ses loisirs à l’exercice
physique» à la pratique du sport, ne.sau
raient plus s’accommoder d’un rôle pas
sif de figuration, un jour de cortège.
Mais ce sont là caprices du moment, modes
passagères, prédilections souvent ephémè.
res qu’un autre caprice fait tourner.
A la vérité, ja crois que nous changeons
plus de surface que de fond et qu’il y aura
parmi nous, à l'heure propice, une renais
sance de la folie carnavalesque, le jour où la
jeune génération sera délivrée des angois
sants problèmes de l’heure et retrouvera le
bon art de rire.
Car ils ne rient plus les jeunes, ou du
moins leur rire n’a plus la large exubérance
d une nature libérée qui se détend. Le rire
moderne cache un fond immense d'amer-
tune, d’arrivisme impatient ou las ; il ignore
la bonne et soudaine détente, l’échappée
violente de la sublime Folie qui soulève tout
à coup la soupape de nos préoccupations
journalières, la grosse et sonore gaîté, brave
fille toute ronde et sans façons, qui vous
glisse au cœur du sang de joie nouvelle.
Etes-vous bien sûr, esprit austère, qui
chantez un Dies irae sur la tombe de la belle
humeur française qu’on s’esclaffait toujours
aux bal de l'Opera, aux temps où le carna
val, très en splendeur, secouait ses den
telles ?
Consultez plutôt Daumier, Gavarni, dont
les dessins et les légendes conservent un
saisissant reflet des mœurs.
J'en prends deux au hasard, je les épingle
en tête de cette chronique, et je vous de
mande si la mésanthropie de Coquardeau a
jamais empêché Chicard de balancer joyeu
sement ses dames.
Albert-Herrenschmidt.
ALLEMAGNE
La Discussion du Budget de la Marine
au Reichstag
Le Reichstag a commencé hier la discus
sion du budget de la marine.
M. Vogtherr, socialiste, a critiqué les dé
clarations de l’amiral de Tirpitz, et exprimé
l’avis que, en Allemagne et ailleurs, la fièvre
des armements ne s’arrêtera pas et qu'on
ne s'en tiendra pas à la loi actuelle.
Le député du Centre Erzberger conteste
que l’Allemagne mène la course des arme
ments.
L’amiral de Tirpitz, secrétaire d’Etat à la
marine, prend ensuite la parole. Il estime
qu’on ne saurait comparer l’effectif de la
flotte allemande avec les progrès des autres
marines qui étaient déjà importantes depuis
longtemps. Une marine allemande, dans le
sens militaire et politique du terme,est l’œu
vre de ces temps derniers. « Nous avons em
ployé moins de temps que la flotte française,
qui existe déjà depuis longtemps. »
Le secrétaire d’Etat insiste ensuite sur la
nécessité de la construction d’un nouveau
yacht impérial. L’empereur a besoin, dit-il,
d'un navire spécial au même titre que les
chefs d’Etat des autres nations.
L’amiral de Tirpitz assure que l’Adminis
tration de la marine ne négligera rien pour
accroître la puissance des dirigeables. Il
exprime l’espoir que, cette année même, la
marine allemande sera dotée d’un hydro
aéroplane susceptible de rendre déjà de re-
marquables services.
Le secrétaire d’Etat constate que la marina
allemande paye meilleur marché que celle
des autres pays les plaques blindées de ses
navires.
« L’Administration de la marine est très
économe, dit-il ; elle s’efforce de faire de
chaque livre un écu.
» Nous avons déjà économisé plus de 100
millions en faisant baisser les prix, et, si
nous n’avons pu le faire ces dernières
années, c’est que tout a, naturellement, une
limite.
» D’ailleurs, ajoute-t-il, les plaques blin
dées qui ont aujourd’hui une épaisseur de
huit fois trois millimètres et demi, sont plus
difficiles à fabriquer qu’autretois. J’estime
que, pour l’instant, il n’y a pas lieu, pour
les constructions de la marine, de créer une
industrie d’Etat. »
L’amiral de Tirpitz combat la proposition
du Centre tendant à ramener à deux ans la
duree du service pour l’infanterie et l’artil
lerie de marine. En ce qui concerne l’artil-
lerie de marine, déclare-t-il, cette mesure
serait un coup droit porté à la défense de
nos côtes ; elle est donc impossible.
Les exigences principales posées à l’artille
rie de marine sont si considérables qu'el
les requièrent à elles seules au moins un an
et demi de travail.
L’amiral de Tirpitz expose ensuite en dé
tails la préparation que nécessite cette ar
me. Il nous faut d’abord, dit-il, former tous
les effectifs au service des forts qui doivent
être immédiatement occupés en cas d’un
coup de main tenté sur nos côtes.
En outre, une seconde préparation un peu
plus complète que la première est néces
saire pour le cas de mobilisation où les cinq
subdivisions actuelles existantes sont immé
diatement portées au chiffre de onze.
Cette préparation, à elle seule, requiert
plus de dix-huit mois. Enfin, il y a encore
la préparation pour le service sur mer et
pour la pose des mines. Tout cela exige une
préparation très subtile ;aussi, ne saurait-on
insister pour que le service de l’artillerie de
marine soit réduit à deux ans.
De même, le service de deux ans pour 1 in
fanterie de marine stationnée à Kiao-Tchéou
serait chose impossible si l’on compte le
temps indispensable au transport et à la pré
paration necessaire. On en arriverait à être
obligé de relever chaque année la garnison
de Kiao-Tchéou, ce qui ne peut se soutenir.
Après avoir insisté sur la nécessité de ne
confier la défense des points menacés qu’à
une infanterie de marine de premier ordre,
l’orateur en arrive à cette conclusion :
« Si nous considérons que dans l’armée et
dans la marine entières, toutes les choses
s’engrènent l’une dans l'autre, et si nous te
nons compte de ce fait qu'en temps de guer
re nous ne devons pas hésiter un seul ins
tant à utiliser l’infanterie pour la défeuise des
points menacés, alors nous voyons qu il
n’est pas juste d’ébranler homogénéité de
la marine et de faire une exception en faveur
de l’infanterie de marine.
» La marine doit rester homogène comme
elle l’est, et, déjà avec la service de trois ans,
nous avons suffisamment à travailler. »
Le député Paasche, national libéral, ainsi
qu’un député conservateur se prononcent au
nom de leur pari contre la réduction du SOE-
. vice pour les troupes de la marine.
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