Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-02-14
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 14 février 1913 14 février 1913
Description : 1913/02/14 (A33,N14538). 1913/02/14 (A33,N14538).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637887h
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
33“ Annee —
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à M. 0. RANDOLET
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Vendredi 14 Février 194 3
AU HAVRE
A PARIS.
Le Petit Havre
ANN ON CES
Bureau du Journal, 112, boul de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VPE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
1
Le plus fort Tirage des Journaux dë la Région
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
L’EMEUTE POLITIQUE
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK. 13 FÉVRIER
Cotons : mars, hausse 1 point ; mai,
hausse 2 points ; juillet, hausse 2 points ;
octobre, hausse 1 point.— Soutenu.
. Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
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à M. HIPPOLYTE Fénoux
85, Rue Fontenelle, 35
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ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure
l’Oise et la Somme
Autres Départements
Union Postale
Trois Moisi Six Mois
«
Fr.
» Fr.
fl 1 50
20 Fr.
Un Air
18 Fr.
== »
On Sahonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de France
METAUX
LONDRES, 13 Février, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
Comptant.
calme
£ 66 7/6
2/6
-/-
8 mois.....
1 66 7/6 .
-/-
2/6 ■
E TAIN
Comptant .
■ calme
£ 221 40/-
20/—
3 mois. ...
£ 218 15/-
25/—
FER
Comptant ..
calme
£ 64/6
3 d
> mois ....
£ 64/7 %
6 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
Au 42 février 4 H3.
Calés : baisse 44 à 32 points.
NEW-YORK, 13 FÉVRIER
JS JOSt
L PKICDDIT
Cuivre Standard disp.
14 §0
14 SO
— mai
14 69
70 18
18 25
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C. DU oUn
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Mai
Juillet....
Mai
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90 5 8
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93 1/2
94 3 8
53 1/4
Maïs sur
Saindoux sur.
Juillet....
Mai
Juillet....
52 5 8
10 17
10 52
53 7/8
40 70
49 72
LA GUERRE D’ORIENT
Hakki pacha en Autriche
VIENNE. — Hakki pacha est arrivé hier ma
in ; il a eu une conférence avec Hilmi pa-
tha, ambassadeur à Vienne.
Il doit partir dans la soirée pour Berlin.
Les Etrangers d'Andrinople
don A. — Le gouvernement consultera les
généraux devant Andrinople sur la possibi
lité de donner satisfaction à la demande de
laisser sortir les colonies étrangères.
UNE VISITE DU PARTI
REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
A M. FALLIÉRES
M. Carnot a présenté hier soir, à M. Fal-
llè es, une délégation de la Commission cen
trale exécutive du parti républicain démo
cratique.
M. Fallières a vivement remercié M. Car
not.
« Après avoir été pendant sept ans à la
tête de i Etat, uù-il, je rentre dans le rang
ivce joie. »
—i—" - 11 ==
LA RÉFORME ÉLECTORALE
La Lizue de l’Union républicaine pour
a reforme électorale s’est réunie hier.
la
le
Elle a émis un vœu tendant à ce que
Sénat examine à part le projet de modifica-
lion du mode de scrutin de façon que cette
question soit résolue par les deux Chambres
avant la fin de la session ordinaire.
Elle a egalement émis le vœu que le Sénat
adopte un minimum de représentation des
minorités.
A LA COMMISSION DE LA RÉFORME
JUDICIAIRE
La Commission de la réforme judiciaire de
a Chambre s’est réunie hier sous la prési
lence de M. Lauraine.
Elle a commencé l’examen du nouveau
texte présenté par le gouvernement.
Elle a adopté les diverses dispositions de
l’article 1 er , sauf les paragraphes 3 et 6 con
cernant les infractions à la loi sur les con
grégations et les délits prévus par les arti
cles 222, 223, 224,225 du Code pénal, qui ont
été r serves jusqu’à ce que le gouvernement
ait fourni à la Commission des renseigne
ments complémentaires.
Elle a adopté un amendement de M. Lefas
excluant du bénéfice de l’amnistie les in
fractions à la loi du H juin 1887 (diffama
tions par cartes postales).
Elle a ensuite repoussé les amendements
de MM. Goude, GoIly,Aldy, Ruzaimbaud, Ber-
niolle et Péchadre concernant les manifesta
tions sur la voie publique et les troubles en
Champagne.
Elle a également rejeté les amendements
de MM. Berniolle, Paul Meunier, Pasqual,
Andrieu et Boudouint concernant les infrac
tions aux lois réglementant les loteries, la
fièvre aphteuse, l’hygiène et la moralité.
Elle a enfin écarte comme irrec vable l‘a-
rendement Colly relatif à la remit gration
les cheminots.
L’AFFAIRE DU PATY DE CLAM
Par decision presidentielle de ce jour,prise
sur la proposition du ministre de la guerre,
le lieutenant-colonel d’infanterie de territo
riale breveté du service de l’état-major
chemins de fer et étapes) du Paty de Clam a
été suspendu de ses fonctions pendant un
in, par application de ‘article 14 du decret
lu 31 août 1878.
ÉVASION DU BRIGADIER BOEDER
MmnECoURT. — Hier matin, le nomme Roe-
1er qui s’était vanté d’ètre l’auteur de 1 at-
entat contre la sentinelle du parc d’aviation
le Nancy et que l’on croit atteint d’aliéna-
ion mentale, s’est évadé de l’hôpital où il se
rouvait en attendant que ses parents vien-
aent le chercher.
LE GRIME DE LA RUE MOLLET
Au cours de leursinvestigations rueNollet,
tes inspecteurs du Service de la Sûreté au
raient trouvé des empreintes que le crimi
nel aurait laissées.
Le directeur de l’anthropométrie a pu
constater sur un coffret en écaille des em
preintes de doigts parfaitement nettes.
Jusqu’à présent on n’a pas retrouvé la
personne qui a laissé ces traces.
On recherche actuellement un individu
qui aurait eu certaines attaches avec la mai-
son Peltier et qu’on suppose être en relations
avec des personnes approchant de près le
propriétaire de la rue Mollet.
TERRIBLE ACCIDENT
CRIANCON, 13 février. — La voûte de l’écu-
rie uc lu maison Mou ville, à Frevssinière
s’est subitement effondrée hier matin, vers
cinq heures.
Une mère de famille et ses cinq enfants
ont été écrasés sous les décombres, ainsique
quarante montons, un mulet et six vaches.
LA MORT DU CAPITAINE SCOTT
Londres. — Aujourd’hui, à midi, au mo
ment où sera célébré un service funèbre en
la cathédrale Saint-Paul à là mémoire du
capitaine Scott et de ses compagnons, les
enfants de toutes les écoles de la Grande-
Bretagne entendront la lecture du récit des
exploits des « héros du pôle Sud », à la
quelle des commentaires seront ajoutés pour
créer une impression profonde et durable
dans leur imagination.
------------------
GUILLAUME II IRAIT A VIENNE
, Vienne. — Dans les milieux de la cour, on
s’attend à une visite de l’empereur Guillau
me II au printemps prochain, dès son retour
de Gorfou.
LA RÉVOLUTION MEXICAINE
Mexico. — Hier matin, à 8 heures, les bat
teries fédérales ont ouvert le feu.
M. Madeiro elle général Huerta comptaient
pouvoir faire capituler M. Félix Diaz avant
la tombée de la nuit.
Conseil de Cabinet
Les ministres ot sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, en Conseil de Ca
binet, au ministère de l’intérieur, sous la pré
sidence de M. Briand.
Le Conseil a été consacré à l’examen de la
situation extérieure et à l’expédition des af
faires courantes.
Le ministre des colonies a donné connais
sance des renseignements que lui a adressés
le gouverneur général de l’Indo-Chine sur
la mort du De Tham.
Etrangb.tr
ALSACE-LORRAINE
Les Conférences Françaises des
Députés Alsaciens-Terrains
Les députés d’Alsace-Lorraine ont-ils en
core le droit de prendre la parole en France?
Telle est la question qui semble se poser.
On sait quelle campagne a été menée contre
l’abbé Wetterlé, à propos des conférences
qu’il a faites il y a un mois à Paris, Tours,
Évreux, Rouen et au Havre. Pendant que le
député alsacien parlait dans ces villes, un
député de Lorraine, l’abbé Hackspill, qui
séjournait dans le Midi, fit une conférence à
Toulouse. Or, voici qu’on annonce que le
gouvernement impérial d’AFace-Lorraine,
renseigné par un de ses agents, procède ac
tuellement à une enquête au sujet de cette
conférence.
On a fait venir des journaux de Toulouse
pour savoir quelle impression les déclara
tions de l’abbé Hackspill ont produites sur
l’auditoire. En effet, les Allemands neju-
gent pas une conférence d’après ce que di-
sent les conférenciers, mais d’après l’effet
produit sur l’auditoire. C’est extraordinaire 1
L’abbé Hackspill a déclaré avoir la cons
cience tout à fait tranquille. Néanmoins,
c’est un procès de haute trahison en pers-
pective.
ANGLETERRE
Vn Scandale à Londres
Les importantes spéculations de bourse
faites à l'occasion de la signature du contrat
entre une Compagnie de télégraphie sans fil
et l’Etat, et le fait que cette Compagnie avait
pris comme directeur un parent de l’attor
ney général et que celui-ci et le ministre des
fiances sont des israélites, avait donné lieu
a des bruits fâcheux.
Certains journaux conservateurs insinuè
rent que quelques membres du ministère
s’étaient livrés, sinon à quelques manœn-
vres de bourse, par des personnes interpo
sées, du moins à des indiscrétions.
La Commission nommée par la Chambre
de-, Communes poursuit une enquête au su
jet du contrat en question.
M. Maxse, rédacteur en chef de la National
Review, conservant la tradition des journa
listes, a refusé de livrer à la Commission les
noms des informateurs et la correspondance
échangée avec eux.
L Commission a décidé de déférer M.
Maxse à la Chambre des Communes, qui lui
appliquera les sanctions pénales qu’elle
jugera nécessaires.
Le dernier journaliste cité à la barre de la
Chambre fut M. Madeg, dircteur du Gobe,
accusé, en 1901, d’avoir livré des secrets in
téressant la défense nationale.
CHILI
Les Canons Allemands
De Santiago de-hili : Un des canons ache-
lés par le Chili à l’Allemagne ayant fait ex
plosion, le gouvernement a décidé de n’ad-
mettre aucune offre de l’industrie allemande
dans l’acuat du nouveau matériel de guerre.
Il n’est pour ainsi dire pas un coin du
monde qui ne soit en ce moment agité d‘é-
; tranges et dangereuses fermentations. Pen
dant que la guerre sévit dans les Balkans,
le monde musulman tout entier frémit ; au
Mexique, la révolution gronde ; cependant
à l’autre extrémité de la terre, la vieille
: Chine bouillonne, en proie à la plus effa
rante transformation sociale et politique.
Voici enfin le Japon travaillé par une de
ces inquiétantes émeutes, dont les sages se
demandent toujours si elles ne couvent pas
une révolution.
Les dépêches nous apprennent en effet
qu’on s’est battu à Tokio, que le Parlement
est soulevé contre le ministère, que le peu
ple est intervenu directement, les armes à
la main. Pour la première fois depuis la
Révolution ne 1868 et les grandes guerres
civiles qui en furent postérieurement la
conséquence, nous voyons ce pays divisé
gravement contre lui-même sur une ques
tion constitutionnelle. Y aurait-il donc,
dans l’Empire du soleil levant, un éveil de
l’esprit démocratique ? La vieille politique
autoritaire des clans féodaux toucherait-
elle à sa fin ? S’il en est vraiment ainsi, si
cette crise a un lendemain, il peut en ré
sulter pour le Japon une orientation nou
velle. Aussi bien, qui prétendrait échapper
aujourd’hui aux grands courants démocra
tiques qui traversent le monde et soulèvent
tout de leur puissant levain ?
Voici comment peut se résumer la situa
tion actuelle. On verra de suite qu’elle met
en question le fonctionnement même du
régime parlementaire japonais. Le 20 jan
vier dernier, un nouveau cabinet se présen
tait, à Tokio, devant la Diète. Son prési -
dent, le prince Katsoura, ancien négocia
teur de l’alliance anglo-japonaise, est . le
champion le plus en vue d’une politique
« nationale », au sens le plus strict du mot.
Ce « nationaliste » — le terme pourrait
être employé sans inexactitude — entend,
faire passer avant toute autre considération,
même constitutionnelle, l’intérêt national.
C’est une politique entièrement diffé-
rente qu’incarnait son prédécesseur immé
diat, le marquis Sayonji. Ce dernier aurait
pu, comme Gladstone, résumer en trois
mots son programme : Paix, réforme, éco-
nomie. L’intrigue du parti militaire ne lui
a pas permis de l’exécuter. Comme on dis
posait d’assez fortes plus-values, Sayonji
avait proposé des dégrèvements. Le minis
tre de la guerre demanda au contraire deux
nouveaux corps d’armée. Se les voyant re
fuser, il démissionna bruyamment. Or, le
président du Conseil se trouva incapable de
remplacer le dissident : aucun officier n’o
sait, en acceptant le pouvoir dans ces con
ditions, se mettre en opposition avec le
parti militaire. Impuissant contre cette
sorte de grève, combattu par le Conseil des
Anciens (les genres), mal soutenu, semble-
t-il, par le mikado lui-même, le ministère
se trouva réduit à la démission.
Remarquez que la Chambre n’avait émis
aucun vote de défiance. Même, la politique
du cabinet, qui tendait à soulager le peuple
écrasé d’impôts, semble avoir été très po
pulaire devant l’opinion. La chute de Sa-
yonji était donc en réalité cusée par l’in-
trigue d’un parti extra-parlementaire,
appuyé sur l’armée, la vieille noblesse féo
dale et — tout porte à le croire — sur la
cour impériale elle-même.
C’est dans ces conditions que le mikado,
négligeant les indications données par l’état
d’esprit parlementaire, éceutant au con
traire les suggestions militaires et celles
de ce Conseil des genres où dominent les
vieilles familles nobles, a fait appel au
prince Katsoura. Par là, il imprimait à la
politique générale une orientation toute
autre, remplaçant le programme d’écono-
mie par un programme de développement
militaire, et l’attitude réservée de Sayonji
par celle, nettement impérialiste, de Kat
soura. Il s’agissait en somme d’un petit
coup de force, analogue à celui du Seize-
Mai : on renvoyait ou du moins on laissait
partir un cabinet en majorité dans la Cham
bre, pour le remplacer, sur la sommation
d’éléments non-parlementaires, par un ca
binet d'esprit absolument opposé.
il ne faudrait pas s’imaginer que ce coup
ee force soit le premier que voie le Japon
constitutionnel. Dans la pratique, ce pays
n’a même que l'apparence d’un Etat parle
mentaire. Quand, il y aune trentaine d’an
nées, l’illustre marquis Ito vint en Europe
jour y chercher une Constitution, tout corn
ue il y achetait des cuirassés et des canons,
ses préférences penchèrent tout de suite en
faveur de Berlin ; Là au moins, le Parle
ment n’était pas le maître.
L’observateur superficiel, qui visite au
jourd’hui Tokio, y voit un magnifique palais
législatif ; il peut y entendre des députés
discuter, pérorer ; il peut même y voir ren
verser des ministères. Mais en réalité, la
véritable direction des affaires demeure en
tre les mains du mikado, entre les mains de
la vieille noblesse qui l’entoure. Il ne faut
donc pas se laisser tromper par dos mots ou
des apparences illusoires : Jusqu’ici, l’Em
pire du mikado a toujours été gouverné, en
dehors du Parlement et du peuple, soit par
l’autorité impériale, soit par l’organisation
extra-constitutionnelle des clans féodaux
tout puissants à la Cour.
L’avénement du prince Katsoura n’avait
donc en somme rien de particulièrement
insolite : on avait vu souvent des ministè
res, nés, comme le sien, d’intrigues d’anti-
chambre ou de cour. La véritable origina
lité de la circonstance réside dans l’extraor
dinaire émotion qui se manifesta, quand on
apprit que le nouveau cabinet avait lïn-
tention de soustraire les questions militai
res à la compétence du Parlement pour les
confier à un conseil supérieur de la guerre :
l’intrigue, de la sorte, se muait en coup
d’État.
Immédiatement, la Diète protesta par un
ordre du jour de blâme. Suspendue pour
une durée de cinq jours, elle manifesta ou
vertement son intention de renouveler son
vote de censure. Sollicité par le mikado
lui-même de renoncer à son opposition, le
marquis Sayonji, débordé par ses amis, dé
clara au souverain qu il ne le pouvait pas.
Survint alors une nouvelle prorogation
de trois jours. Mais, entre temps, le peuple
setait ému. Ecrasé d’impôts, beaucoup pins
misérable qu’on ne le croit généralement,
très excitable par dessus le marché, ce peu
ple redoute manifestement la reprise d’une
politique militaire qui se traduirait par de
nouvelles charges. Il se présenta, en gran
des masses, devant la Diète, bouscula les
cordons d’agents, acclamant l’opposition et
conspuant le gouvernement. Comme la
foule se portait vers la demeure du prince
Katsoura, la police intervint en force. La
manifestation dégénéra en émeute et le tout
se termina par la fuite des manifestants,
non sans que de sanglantes rencontres se
fussent produites.
Il est dès aujourd’hui certain que le mi
nistère démissionne. Mais, même si elle n’a
pas de conséquences immédiates, cette
émeute, qui rappelle beaucoup nos journées
de juillet 1830 ou de février 1818, constitue
au Japon une dangereuse innovation Tendu
jusqu’ici dans son effort national, le peuple
japonais avait plutôt négligé les questions
de politique intérieure. Son unité morale
lui donnait une force, une puissance d’ac-
tion et d’expansion dont aucun autre peu
ple ne possède aujourd’hui le secret.
Voici qu’un frémissement vient agiter
tout cet édifice. Devant de nouveaux sacri
fices, même patriotiques, la masse renâcle ;
devant une nouvelle pression de son aristo
cratie et même de son empereur, elle se ré
volté. Et c'est bien la première fois qu’une
sorte de rébellion éclate contre des chefs
traditionnels, contre un souverain hier en-
core sacré. Faut-il croire que la mort du
vieil empereur, semi-légendaire Moutsou-
Hi to aura marqué une date dans l’évolution
nipponne ? On peut légitimement le pen
ser, en voyant son successeur mêlé aux lut
tes des partis,- discuté par l’opinion et pres
que menacé dans son palais.
Ces « journées » de février 1913 sont
grosses de conséquences pour l’avenir poli
tique du Japon.
André Siegfried.
INFORMATIONS
Les Incidents du Parc d'Aviation
de Nancy
L’enquête de l’autorité militaire sur l'a-
gression de la sentinelle du centre d’aviation
de Nancy se poursuit.
Notons, un fait qui paraissait bien tout
d’abord décisif en faveur du soldat, c’est
l'arrestation, à Mirecourt, d’un nommé Au
guste Rœ œr, âge de vingt quatre ans, qui se
vantait d’être l’auteur de l’agression. Cepen
dant bientôt, à la suite de l’enquête, et en
raison de l'etat mental de Rœder, la justice
a dû reconnaître qu’on se trouve en présen
ce d’un individu qui se vante des méfaits les
plus divers.
Voici dans quelles conditions s’est produi
te l’arrestation ;
Rœder se trouvait à.Oelleville. Il était des-
connu dans un café où il avait passe la nuit.
Il avait donné un faux nom, celui d’André
Bonnot, vingt quatre ans, manouvrier. Dans
ce café il avait changé de vêtements. Deux
gendarmes, le brigadier André et le gen
darme Boisselier, de la brigade de Mirecourt,
se trouvaient en tournée dans le village
d'Oelleville. Ils s’étaient fait remet re le re
gistre du logeur. Surpris par le nom de Bon
not, ils demandèrent à voir le voyageur.
Celui-ci, prévenu que les gendarmes le de
mandaient, sauta a bas du lit et voulut pren
dre la fuite.
Mais les gendarmes le saisirent, l’arrête-
reru et l'amenèrent à la gendarmerie de Mi-
recourt. Les gendarmes avaient saisi en mê
me temps deux lettres que Bonnot avait
laissées sur la table de l'auberge. Dans l'une,
adressée à ses parents, il déclarait qu'ayant
commis une faute grave contre l'honueur,
il préférait se suicider.
La deuxième contenait une autre lettre,
adressée à lui par des agents d'espionnage
allemands lui donnant rend* z-vous à Nancy
pour le 6 février et lui ordonnant d'execu-
ter les ordres qui lui avaient été donnes;
faute de quoi ils le dénonceraient à ses
chefs.
Interrogé sur ces faits. Boeder avoua, pa
rai!-il, être en relations depuis quelques
mois avec des officiers allemands au sujet
de renseignements qu’il devrait leur four-
nir. . «
Il avoua également qu'il était flanque, au
moment de l'agression du parc de Nancy, de
trois acolytes, mais qu’il ne voulait pas don
ner leurs noms. Surpris par la sentinelle au
moment où ils allaient mettre le feu au han-
gar, ils résolurent de se debarrasser de cette
sentinelle en la tuant.
Le nomme Roeder est un brigadier mare-
chai du 610 régiment d’artillerie à Charte-
vil le
L'enquête, à Amanty a démontré que Boe
der était chez ses parents le jour de 1 atten
tat contre le factionnaire du parc d aviation
de Nancy. Ce n’est pas la première fois,
d’ailleurs, que Boeder s’accuse de méfaits
imaginaires. Ses parents oui été invités à le
reorendre.
• ----------------------===========9======»
CHAMBRE DE COMMERCE 00 HAVRE
Exploitation du Service Maritime Postal
Au cours de la séance du 28 janvier der
nier, M. Taconet, au nom de la Commission
de la marine, a présenté le rapport suivant,
sur le projet de loi portant approbation de
la convention conclue entre l’Etat et la Com
pagnie Générale Transatlantique :
Messieurs,
Vous avez renvoyé à l'examen de votre Com
mission de là marine le projet de loi portant ap
probation de la convention conclue entre l’Eiat
et la Compagnie Générale Transatlantique pour
l’exploitation du service maritime postal entre Le
Havre et New-York.
Nous vous rappellerons qu’en octobre 1907
nous avions été consultés par le sous-secrétaire
d’Etat des postes et télégraphes sur le renouvel
lement de la concession de ce service, qui arri
vait a son échéance le 21 juillet 1911, et qu’a la
date du 21 décembre de la mme année vous
avez adopté, àl'unanimité, le rapport que nous
avions soumis en conséquence et que vous l’avez
transformé en délibération.
Depuis lors, les pourparlers entre l’EUt et la
Compagnie Générale Transatlantique n’ayant pu
aboutir, et afin de prévenir toute interruption de
service, deux conventions successives ont. été
conclues qui ont prolongé les effets du contrat
du 16 janvier 1897 : la première jusqu’au 31 dé
cembre 19H, et la deuxième, apportant quelques
modifications sur le calcul des bises de vitesse
et sur la prime de vitesse notamment, jusqu’au
31 décembre 1912. Enfin, les négociations ont
abouti, à la date du 29 novembre 1912, à la con
clusion d'une nouvelle convention do:t nous
analyserons, aussi succinctement que possible,
les principaux traits.
Il convient auparavant de vous rappeler que
depuis l’étude faite par la Chambra de commerce
en 1907, vous avez eu à examiner la convention
projetée entre l’Etat et la Compagnie des Nessa-
geries Maritimes et passée ultérieurement le 17
octobre 1908, convention que la Chambre des dé-
put s a adoptée le 7 juillet 1909, et qui posait,
ainsi que vous l’ont fait alors ressortir nos rap
ports des 27 novembre 1908 et du 23 avril (909,
des principes nouveaux quant au mode de con
cession des services maritimes postaux : contrôle
financier de l’Etat, révisinilité des subventions
suivant les résultats de l’expioitation, partage des
bénéfices, etc. La convention du Sud-Allantique a
été conçue dans le même esprit. C’est vous dire
tout d’abord que celle dont nous nous occupons
aujourd’hui s’est inspirée de principes identiques
et que nous n’au ons qu’a constater la mesure
dans laquelle ils ont été app iqués au contrat ac
tuellement soumis à l’approbation du Parlement.
Nous avons pu regretter, en hommes d’affaires,
dans l’intérêt de l’armement, que l’ingérence de
ï’Elat,— atténuée. il est vrai, depuis l’étude et la
critique des projets de 4908, — fût aussi profonde
et parfois aussi compliquée, si l’on met en pa
rallèle les contrats analogues passés à l’étranger,
et que, d’autre part, la sauvegarde légitime de
l’Etat ait été conçue dans le sens d’un partage de
bénéfices ; mais ces principes ont été nett- ment
posés à la base des négociations entre les par
ties. et il est inutile ici de les discuter à nou
veau.
Dans les contrats relatifs à l’exéculion des ser
vices maritimes postaux sur les Antilles et l’Amé
rique Centrale, on a renoncé au système d’alloca-
lion de primes de vitesse, qui n’a pas donné les
résultats attendus : aussi n’a-t-on prévu dans le
projet actuel que le payement d’une subvention
sans complément éventuel de ce genre de primes.
D’autre part, eu égard aux conditions excep
tionnel es dans lesquelles se présentait la ques
tion : tout d’abord le fait que seule en France la
Compagnie Générale Translantique, en posses
sion du service, apparaissait capable de le con
tinuer, puis le résultat négatif de l’adjudication
des services exploités par les Messagéries Mari
times, il a été décidé de ne recourir qu’à un mar-
èbe de gré à gré.
La concession est d’une durée de vingl-cînq
ans, susceptible ainsi de faciliter les amortisse-/
ments du matériel naval de la Compagnie. Des
modifications éventuelles, prévues à l’article 7 de
la convention pour les époques de mise en cons
truction des troisième èt quatrième paquebots,
pourront toutefois être apportées au marché.
Le concessionnaire devra faire entrer en ser-
vice quatre paquebots en 1916, 4921, 4925 et 1931,
qui comporteront tous les progrès réalisés dans
l’art naval et seront construits en France.
La vitesse a été fixée pour ces steamers, de
même que pour France. à 20 nœuds pour la sai
son d’éte et à 48 nœuds pour celle d’hiver. L’on a
jugé ces vitesses suffisantes pour lutter contre la
concurrence étrangère.
La Question de Vitesse
et de Tonnage
C’est là une question des plus délicates et des
plus controverses dans le monde maritime, com
pliquée fatalement qu'elle est par celle de l’ac
croissement du tonnage.
France (8,432 tonneaux nets. 23.666 bruts) peut
atreinure, en service courant, la moyenne de 22 à
23 nœuds, résultat qui n'est à l'heure présente
dupasse que par deux steamers de la Compagnie
Cunard Lusitania et Mauretania. Mais tout en
considérant que la vitesse imposée au contrat
actuel répond à la vitesse moyenne de l’ensemble
des entreprises rivales, le gouvernement s’est re-
serve la faculté d’élever la vitesse des navires à
construire, en cas de nécessité.
li est important de faire remarquer ici, qu’avant
1900 la politique suivie par toutes les Compagnies
de navigation était de c nstruire des vapeurs de
plus en plus grands et de plus en plus rapides,
mais, depuis cette époque, l’augmentation du
tounage et celle des vitesses n’ont pas suivi la
même marche ascendante. Si nous prenons par
exemple le Norddeutscher Lloyd, nous voyons
cette Compagnie construire le Berlin et le George-
ü'nshinaton d’un gros tonnage (15,379 tonneaux
nets. 23,570 bruts), mais d’une vitesse d’environ
48 nœuds. La Compagnie Hambourgeoise a porté
ses efforts, en ces dernières années, également
sur les navires de gros tonnage, mais peu rapi
des : America, Kaiserin-Augusta-Victoria (4,817
tonneaux nets, 24,581 brut'). President-Gi ant.
(41,412 tonneaux neis), Cincinnati 9,733 tonneaux
nets). . j ,
Toutefois, elle annonce la construction de deux
navires nouveaux d’un type dit « Impeiator »,
dont la vitesse n’est encore que vaguement indi
quée, l’on dit 22 nœuds nous croyons plutôt sa
voir 24 nœuds) et dont les dimensions sont :
273 m. 69 de longueur et 29 m 18 de largeur.
Ils auront 6'1,600 tonnes de déplacement, porte
ront 4,100 passagers en sus de 1,100 hommes
d’équipage et personnel des deux sexes.
La White Star continue sa même politique de
construction de navires de plus en plus gios,
mais à vitesse relativement réduite
L'Olumpic (de même qu était le htamc) est un
naduebot de très gros tonnage dont la vitesse
S a éte, pendant l’année 1912, de 21 nœuds.
C’est, du reste, le seul de cette flotte qui ait
use vitesse élevée.
Tous les autres, même les plus récents, ont des
vitesses bien inferieures à 20 nœuds, elles varient
de 16 a 47 nœuds.
La Compagnie Hollandaise a coutruit le Bot,ter-
dam. de 24.000 tonnes, faisant une moyenne de 16
nœuds. Enfin la Red Star a mis en service le La-
^la^d, dont la vitesse est un peu moindre encore.
Lord Pirrie, qui, en matière de progrès naval, tait
autorité en Angleterre, a déclaré qu il fallait voir
d’ici à 4925, pour les vapeurs, des dimensions de
4,000 pieds (soit 304 mèires) de long et de 100,000
tonnes de déplacement. D’aille urs, en 13 ans, l’on
peut constater que le tonnage des vapeurs & ln-
’ plé. Leur longueur s'est accrue de 40 0/0 et fa
puissance-est montée de 21000 à 70.00 , chevaux
tandis que la vitesse progressait au delà de 23
nœuds par heure jusqu’à 24 et 26 nœuds.
La Compagnie Cunard, qui a construit avec l’ap
pui des avances et des subventions du gouverne
ment anglais, le Mauretania et le Lusitania, alors
que jusqu’à cette époque elle n’avait pas eu be
soin de pareil concours, que seules sembent jus-
tifier des considérations d'ordre politique, paraît
s’arrêter dans la construction des navires de
grandes vitesses.
CAquitania, qui sera en service avant queY'Im-
peratur allemand ait pris la mer. et qui, disent les
Anglais, fera sensation, n’aura pas cependant, au
tant. que nous avons pu l'apprendre, une vitesse
égale à celle de ses deux frères aînés.
En résumé, de tous de ces faits et de toutes les
Statistiques qui pourraient être produites à leur
appui.il résulte incontestablement qu’en ce qui
concerne les navires transallaatiques, Forienta-
tion se fait surtout vers les gros to nages, et que
la vitesse joue, actuellement tout mi moins. un
rôle beaucoup moins prépondérant qu’autrefois.
Certes, l’idéal consisterait à voir réunis dans un
même navire e très gros tonnage et la très grande
vi e^se. mais en l’etat actuel ne l’art des cons
tructions navales et du coût d’exploitation des
paquebots, en particulier en ce qui concerne les
consommations de combustible, il apparaît bien
comme impossible d'y parvenir. B
Il est un principe bien connu, c'est que la vi
tesse pour un même navire ne croît que comme
la racine cubique de la puissance développée par
la machine. Par conséquent, pour pouvoir faire
avancer à des vitesses raisonnables les énormes
uniiés actuelles, il faut déjà augmenter considé
rablement la puissance des machines. S’il fallait
en même temps envisager un accroissement de la
vitesse pour ses grosses unités, il y faudrait met
tre des machines d’une puissance telle que l’ex-
ploitation deviendrait impossible, au po n de vue
du rendement commercial bien entendu, car il est
toujours loisible de remplir l’intérieur d’une co-
que avec des machines. des chaudières et des
soutes à charbon, seulement la capacié de trans
port pralique de cette même coque devient tout à
fait insuffisente.
A C; s différentes observations, il faut en ajou
ter une qui est insuffisamment connue peut-être,
et qui pourtant es! bien frappante lorsqu’elle est
chiffrée, c’est celle du gain représenté pour la
traversée sur New-York par un nœud d’augmen
tation de vitesse à différentes allures. Alors que
la différence d’un nœud entre 41 et 12 nœuds di
minue la traversée de 24 heures, cette même dif-
ference d’un nœud entre 45 et 46 nœuds ne repré
sente plus qu’un gain de 43 heures 16 minutes ;
entre 18 et 19 nœuds : 10 heures ; entre 20 et 24
nœuds : 7 heures 33 minutes ; entre 22 et 23
nœuds : 6 heures 16 minutes.
Ces chiffres sont faciles à contrôler, et quand
on les examine d’un peu près, on se rend compte
du très gros inté êt qu’il y avait à augmenter les
vitesses des paquebots sur la ligne de New-York
quand ils ne marchaient qu’a une allure d’envi-
ron 15 nœuds, et de l’intérêt beaucoup moindre et
pratiquement dégressif qu’il y a lorsque l’on
arrive à des vitesses qui avoisinent 20 nœuds.
Ce raisonnement prend beaucoup plus de lorce
quand on se rend compte de ce que représente
l accroissement des dépenses au fur et à mesure
que les vitesses s’élèvent.
L’on en arrive donc à conclure assez logique
ment qu’en l’état actuel du problème de la uavi-
gation transatlantique et de l’art des construc
tions navales, la vitesse rationnelle des paque
bots sur celle ligne ne doit pas dépasser 29 nœuds
environ. Il peut, bien entendu, y avoir des excep
tions, mais elles ne sont que le résultat de situa
tions particulières, soit a des nations, soit a des
Compagnies.
Tel est le cas des Mauretania et Lusitania pour
la navigation anglaise.
Tel est. en ce qui concerne les Compagnies,
celui de la Hamburg Americ qui, en ce moment,
semble faire un certain effort de vitesse, limite
cependant, pour deux de ses paquebots. Les rai
sons s’en expliquent facilement. Geite Compagnie,
dont la puissance est devenue considérable (son
tonnage est a l’heure présente de 961.804 ton
neaux de jauge nette pour plusieurs centaines
d’unitési, n’en possède pas une seule dont la vi
tesse approche de 20 nœuds.
Elle estime qu’elle doit, comme réclame pour
son pavillon, avoir ses deux types à Imiperator »,
mais certainement en les construisant elle sort de
la formule qu’elle a toujours adoptée et qu’eile
conlinue à respecter pour son exploitation mari-
lime, mais elle le fait a titre exceptionnel.
Nous voudrions faire ici une remarque qui nous
semble bien devoir y trouver sa place, parce qu’il
est necessaire, en examinant les clauses d’une
convention de ce genre, de ne pas laisser perdre
de vue certains facteurs très importants dont on
poui rail omettre la répercussion sur les condi
tions d’exploitation de la Compagnie contractante.
La constatation est un peu humiliante pour noire
pays ; alors que pour ses deux grands concur
rents maritimes, l’Angleterre et l’Allemagne, une
clientèle nationale alimente leurs paquebots
transatlantiques, la France n’a pas a transporter
de Français aux Etats-Unis, elle est obligée d’aller
arracher sa clieniele aux pays voisins et de s’ap
puyer sur la clientèle américaine, qui est de ac«
anglo-saxonne, qui a une tendance trop naturel
à favoriser les navires sous pavillon anglais ut
allemand.
Aussi la Compagnie concessionnaire en France
se trouvant en pareil état d’infériorité écrasante
doit elle faire des efforts surhumains pour main
tenir sa ligne à un rang convenable ei raiso:
des relations entre l’Europe et les Etats-Unis.
Nous nous plaisons non seulement â constate»
ici qu’elle y parvient et que l’on sait, meme che?
nos voisins d’outre-Manche, lui rendre justice, si
nous en jugeons par les constatations flatteuses
de certains écrivains.
Il n us faut bien toutefois reconnaître ici qu’à
cette cause incontestable et trop connue d’infé
riorité : manque de Français aux Etats-Unis, man
que de voyageurs français de ou pour les Etats-
Unis, il s’en ajoute un autre dont nous n’avons
eu que trop souvent l’occasion de nous plaindre
nous-mêmes, depuis trente ans surtout, celle de
l’insuffisance du port du Havre.
Le tonnage des grands paquebots transatlanti
ques s’est accru d’une façon trop rapide pour
qu’un port, auquel on a si parcimonieusement ac
corde les crédits indispensables, alors qu’il fallait
se hler d’y créer un établissement maritime in
comparable, dès il y a vingt ans, puisse être à
l’heure actuelle capable de répondre aux besoins
de vapeurs géants.
Certes, dans quelques années, lorsque le pro
gramme des travaux de 1909, en cours d’exécu-
tion, sera assez avancé pour offrir a la Compa
gnie Générale Transatlantique les longs quais à
grand tirant d’eau qui lui sont nécessaires, eilo
n’aura plus à limiter les dimensions de ses pa
quebots.
Actuellement, bien qu’elle soit loin d’avoir un
trafic de passagers, d’émigrants et de marchan
dises équivalent à celui de certaines Compagnies
anglaises et allemandes, elle est pourtant la P e-
miere qui, entre ‘Europe et les Etats-Unis, effec
tue le plus grand nombre de voyages annuels.
C’est en réalité parce que les unités qu’elle s
en service ont a subir les exigences des dimon-
sions actuelles de nos ouvrages, alors que les
Compagnies étrangères concurrentes peuvent sa
contenter généralement d’un paquebot pour trans
porter leurs passagers de cabines, leurs émigrants
et leurs marchandises, que la compagnie Gene
raie Transatlantique est obligée d’emploverdeus
unités et, par conséquent, de subir des dépenses
considérablement élevées. Il es. d’une evidence
absolue que, pour une même espacité“/‘anS
port, l’exptoitation d’us seul paquebot est ncon
Ak== ooomanarasnasaman*SL
11,538
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Vendredi 14 Février 194 3
AU HAVRE
A PARIS.
Le Petit Havre
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! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
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Le PETIT HA VPE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
1
Le plus fort Tirage des Journaux dë la Région
Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
L’EMEUTE POLITIQUE
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK. 13 FÉVRIER
Cotons : mars, hausse 1 point ; mai,
hausse 2 points ; juillet, hausse 2 points ;
octobre, hausse 1 point.— Soutenu.
. Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure
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METAUX
LONDRES, 13 Février, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
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Comptant.
calme
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2/6
-/-
8 mois.....
1 66 7/6 .
-/-
2/6 ■
E TAIN
Comptant .
■ calme
£ 221 40/-
20/—
3 mois. ...
£ 218 15/-
25/—
FER
Comptant ..
calme
£ 64/6
3 d
> mois ....
£ 64/7 %
6 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
Au 42 février 4 H3.
Calés : baisse 44 à 32 points.
NEW-YORK, 13 FÉVRIER
JS JOSt
L PKICDDIT
Cuivre Standard disp.
14 §0
14 SO
— mai
14 69
70 18
18 25
FÉVRI
14 75
Amalgamai* Cop...
Fer
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18 25
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CHICAGO, 13
C. DU oUn
C. PRECED
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Mai
Juillet....
Mai
92 1/4
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52 o/»
93 1/2
94 3 8
53 1/4
Maïs sur
Saindoux sur.
Juillet....
Mai
Juillet....
52 5 8
10 17
10 52
53 7/8
40 70
49 72
LA GUERRE D’ORIENT
Hakki pacha en Autriche
VIENNE. — Hakki pacha est arrivé hier ma
in ; il a eu une conférence avec Hilmi pa-
tha, ambassadeur à Vienne.
Il doit partir dans la soirée pour Berlin.
Les Etrangers d'Andrinople
don A. — Le gouvernement consultera les
généraux devant Andrinople sur la possibi
lité de donner satisfaction à la demande de
laisser sortir les colonies étrangères.
UNE VISITE DU PARTI
REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
A M. FALLIÉRES
M. Carnot a présenté hier soir, à M. Fal-
llè es, une délégation de la Commission cen
trale exécutive du parti républicain démo
cratique.
M. Fallières a vivement remercié M. Car
not.
« Après avoir été pendant sept ans à la
tête de i Etat, uù-il, je rentre dans le rang
ivce joie. »
—i—" - 11 ==
LA RÉFORME ÉLECTORALE
La Lizue de l’Union républicaine pour
a reforme électorale s’est réunie hier.
la
le
Elle a émis un vœu tendant à ce que
Sénat examine à part le projet de modifica-
lion du mode de scrutin de façon que cette
question soit résolue par les deux Chambres
avant la fin de la session ordinaire.
Elle a egalement émis le vœu que le Sénat
adopte un minimum de représentation des
minorités.
A LA COMMISSION DE LA RÉFORME
JUDICIAIRE
La Commission de la réforme judiciaire de
a Chambre s’est réunie hier sous la prési
lence de M. Lauraine.
Elle a commencé l’examen du nouveau
texte présenté par le gouvernement.
Elle a adopté les diverses dispositions de
l’article 1 er , sauf les paragraphes 3 et 6 con
cernant les infractions à la loi sur les con
grégations et les délits prévus par les arti
cles 222, 223, 224,225 du Code pénal, qui ont
été r serves jusqu’à ce que le gouvernement
ait fourni à la Commission des renseigne
ments complémentaires.
Elle a adopté un amendement de M. Lefas
excluant du bénéfice de l’amnistie les in
fractions à la loi du H juin 1887 (diffama
tions par cartes postales).
Elle a ensuite repoussé les amendements
de MM. Goude, GoIly,Aldy, Ruzaimbaud, Ber-
niolle et Péchadre concernant les manifesta
tions sur la voie publique et les troubles en
Champagne.
Elle a également rejeté les amendements
de MM. Berniolle, Paul Meunier, Pasqual,
Andrieu et Boudouint concernant les infrac
tions aux lois réglementant les loteries, la
fièvre aphteuse, l’hygiène et la moralité.
Elle a enfin écarte comme irrec vable l‘a-
rendement Colly relatif à la remit gration
les cheminots.
L’AFFAIRE DU PATY DE CLAM
Par decision presidentielle de ce jour,prise
sur la proposition du ministre de la guerre,
le lieutenant-colonel d’infanterie de territo
riale breveté du service de l’état-major
chemins de fer et étapes) du Paty de Clam a
été suspendu de ses fonctions pendant un
in, par application de ‘article 14 du decret
lu 31 août 1878.
ÉVASION DU BRIGADIER BOEDER
MmnECoURT. — Hier matin, le nomme Roe-
1er qui s’était vanté d’ètre l’auteur de 1 at-
entat contre la sentinelle du parc d’aviation
le Nancy et que l’on croit atteint d’aliéna-
ion mentale, s’est évadé de l’hôpital où il se
rouvait en attendant que ses parents vien-
aent le chercher.
LE GRIME DE LA RUE MOLLET
Au cours de leursinvestigations rueNollet,
tes inspecteurs du Service de la Sûreté au
raient trouvé des empreintes que le crimi
nel aurait laissées.
Le directeur de l’anthropométrie a pu
constater sur un coffret en écaille des em
preintes de doigts parfaitement nettes.
Jusqu’à présent on n’a pas retrouvé la
personne qui a laissé ces traces.
On recherche actuellement un individu
qui aurait eu certaines attaches avec la mai-
son Peltier et qu’on suppose être en relations
avec des personnes approchant de près le
propriétaire de la rue Mollet.
TERRIBLE ACCIDENT
CRIANCON, 13 février. — La voûte de l’écu-
rie uc lu maison Mou ville, à Frevssinière
s’est subitement effondrée hier matin, vers
cinq heures.
Une mère de famille et ses cinq enfants
ont été écrasés sous les décombres, ainsique
quarante montons, un mulet et six vaches.
LA MORT DU CAPITAINE SCOTT
Londres. — Aujourd’hui, à midi, au mo
ment où sera célébré un service funèbre en
la cathédrale Saint-Paul à là mémoire du
capitaine Scott et de ses compagnons, les
enfants de toutes les écoles de la Grande-
Bretagne entendront la lecture du récit des
exploits des « héros du pôle Sud », à la
quelle des commentaires seront ajoutés pour
créer une impression profonde et durable
dans leur imagination.
------------------
GUILLAUME II IRAIT A VIENNE
, Vienne. — Dans les milieux de la cour, on
s’attend à une visite de l’empereur Guillau
me II au printemps prochain, dès son retour
de Gorfou.
LA RÉVOLUTION MEXICAINE
Mexico. — Hier matin, à 8 heures, les bat
teries fédérales ont ouvert le feu.
M. Madeiro elle général Huerta comptaient
pouvoir faire capituler M. Félix Diaz avant
la tombée de la nuit.
Conseil de Cabinet
Les ministres ot sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, en Conseil de Ca
binet, au ministère de l’intérieur, sous la pré
sidence de M. Briand.
Le Conseil a été consacré à l’examen de la
situation extérieure et à l’expédition des af
faires courantes.
Le ministre des colonies a donné connais
sance des renseignements que lui a adressés
le gouverneur général de l’Indo-Chine sur
la mort du De Tham.
Etrangb.tr
ALSACE-LORRAINE
Les Conférences Françaises des
Députés Alsaciens-Terrains
Les députés d’Alsace-Lorraine ont-ils en
core le droit de prendre la parole en France?
Telle est la question qui semble se poser.
On sait quelle campagne a été menée contre
l’abbé Wetterlé, à propos des conférences
qu’il a faites il y a un mois à Paris, Tours,
Évreux, Rouen et au Havre. Pendant que le
député alsacien parlait dans ces villes, un
député de Lorraine, l’abbé Hackspill, qui
séjournait dans le Midi, fit une conférence à
Toulouse. Or, voici qu’on annonce que le
gouvernement impérial d’AFace-Lorraine,
renseigné par un de ses agents, procède ac
tuellement à une enquête au sujet de cette
conférence.
On a fait venir des journaux de Toulouse
pour savoir quelle impression les déclara
tions de l’abbé Hackspill ont produites sur
l’auditoire. En effet, les Allemands neju-
gent pas une conférence d’après ce que di-
sent les conférenciers, mais d’après l’effet
produit sur l’auditoire. C’est extraordinaire 1
L’abbé Hackspill a déclaré avoir la cons
cience tout à fait tranquille. Néanmoins,
c’est un procès de haute trahison en pers-
pective.
ANGLETERRE
Vn Scandale à Londres
Les importantes spéculations de bourse
faites à l'occasion de la signature du contrat
entre une Compagnie de télégraphie sans fil
et l’Etat, et le fait que cette Compagnie avait
pris comme directeur un parent de l’attor
ney général et que celui-ci et le ministre des
fiances sont des israélites, avait donné lieu
a des bruits fâcheux.
Certains journaux conservateurs insinuè
rent que quelques membres du ministère
s’étaient livrés, sinon à quelques manœn-
vres de bourse, par des personnes interpo
sées, du moins à des indiscrétions.
La Commission nommée par la Chambre
de-, Communes poursuit une enquête au su
jet du contrat en question.
M. Maxse, rédacteur en chef de la National
Review, conservant la tradition des journa
listes, a refusé de livrer à la Commission les
noms des informateurs et la correspondance
échangée avec eux.
L Commission a décidé de déférer M.
Maxse à la Chambre des Communes, qui lui
appliquera les sanctions pénales qu’elle
jugera nécessaires.
Le dernier journaliste cité à la barre de la
Chambre fut M. Madeg, dircteur du Gobe,
accusé, en 1901, d’avoir livré des secrets in
téressant la défense nationale.
CHILI
Les Canons Allemands
De Santiago de-hili : Un des canons ache-
lés par le Chili à l’Allemagne ayant fait ex
plosion, le gouvernement a décidé de n’ad-
mettre aucune offre de l’industrie allemande
dans l’acuat du nouveau matériel de guerre.
Il n’est pour ainsi dire pas un coin du
monde qui ne soit en ce moment agité d‘é-
; tranges et dangereuses fermentations. Pen
dant que la guerre sévit dans les Balkans,
le monde musulman tout entier frémit ; au
Mexique, la révolution gronde ; cependant
à l’autre extrémité de la terre, la vieille
: Chine bouillonne, en proie à la plus effa
rante transformation sociale et politique.
Voici enfin le Japon travaillé par une de
ces inquiétantes émeutes, dont les sages se
demandent toujours si elles ne couvent pas
une révolution.
Les dépêches nous apprennent en effet
qu’on s’est battu à Tokio, que le Parlement
est soulevé contre le ministère, que le peu
ple est intervenu directement, les armes à
la main. Pour la première fois depuis la
Révolution ne 1868 et les grandes guerres
civiles qui en furent postérieurement la
conséquence, nous voyons ce pays divisé
gravement contre lui-même sur une ques
tion constitutionnelle. Y aurait-il donc,
dans l’Empire du soleil levant, un éveil de
l’esprit démocratique ? La vieille politique
autoritaire des clans féodaux toucherait-
elle à sa fin ? S’il en est vraiment ainsi, si
cette crise a un lendemain, il peut en ré
sulter pour le Japon une orientation nou
velle. Aussi bien, qui prétendrait échapper
aujourd’hui aux grands courants démocra
tiques qui traversent le monde et soulèvent
tout de leur puissant levain ?
Voici comment peut se résumer la situa
tion actuelle. On verra de suite qu’elle met
en question le fonctionnement même du
régime parlementaire japonais. Le 20 jan
vier dernier, un nouveau cabinet se présen
tait, à Tokio, devant la Diète. Son prési -
dent, le prince Katsoura, ancien négocia
teur de l’alliance anglo-japonaise, est . le
champion le plus en vue d’une politique
« nationale », au sens le plus strict du mot.
Ce « nationaliste » — le terme pourrait
être employé sans inexactitude — entend,
faire passer avant toute autre considération,
même constitutionnelle, l’intérêt national.
C’est une politique entièrement diffé-
rente qu’incarnait son prédécesseur immé
diat, le marquis Sayonji. Ce dernier aurait
pu, comme Gladstone, résumer en trois
mots son programme : Paix, réforme, éco-
nomie. L’intrigue du parti militaire ne lui
a pas permis de l’exécuter. Comme on dis
posait d’assez fortes plus-values, Sayonji
avait proposé des dégrèvements. Le minis
tre de la guerre demanda au contraire deux
nouveaux corps d’armée. Se les voyant re
fuser, il démissionna bruyamment. Or, le
président du Conseil se trouva incapable de
remplacer le dissident : aucun officier n’o
sait, en acceptant le pouvoir dans ces con
ditions, se mettre en opposition avec le
parti militaire. Impuissant contre cette
sorte de grève, combattu par le Conseil des
Anciens (les genres), mal soutenu, semble-
t-il, par le mikado lui-même, le ministère
se trouva réduit à la démission.
Remarquez que la Chambre n’avait émis
aucun vote de défiance. Même, la politique
du cabinet, qui tendait à soulager le peuple
écrasé d’impôts, semble avoir été très po
pulaire devant l’opinion. La chute de Sa-
yonji était donc en réalité cusée par l’in-
trigue d’un parti extra-parlementaire,
appuyé sur l’armée, la vieille noblesse féo
dale et — tout porte à le croire — sur la
cour impériale elle-même.
C’est dans ces conditions que le mikado,
négligeant les indications données par l’état
d’esprit parlementaire, éceutant au con
traire les suggestions militaires et celles
de ce Conseil des genres où dominent les
vieilles familles nobles, a fait appel au
prince Katsoura. Par là, il imprimait à la
politique générale une orientation toute
autre, remplaçant le programme d’écono-
mie par un programme de développement
militaire, et l’attitude réservée de Sayonji
par celle, nettement impérialiste, de Kat
soura. Il s’agissait en somme d’un petit
coup de force, analogue à celui du Seize-
Mai : on renvoyait ou du moins on laissait
partir un cabinet en majorité dans la Cham
bre, pour le remplacer, sur la sommation
d’éléments non-parlementaires, par un ca
binet d'esprit absolument opposé.
il ne faudrait pas s’imaginer que ce coup
ee force soit le premier que voie le Japon
constitutionnel. Dans la pratique, ce pays
n’a même que l'apparence d’un Etat parle
mentaire. Quand, il y aune trentaine d’an
nées, l’illustre marquis Ito vint en Europe
jour y chercher une Constitution, tout corn
ue il y achetait des cuirassés et des canons,
ses préférences penchèrent tout de suite en
faveur de Berlin ; Là au moins, le Parle
ment n’était pas le maître.
L’observateur superficiel, qui visite au
jourd’hui Tokio, y voit un magnifique palais
législatif ; il peut y entendre des députés
discuter, pérorer ; il peut même y voir ren
verser des ministères. Mais en réalité, la
véritable direction des affaires demeure en
tre les mains du mikado, entre les mains de
la vieille noblesse qui l’entoure. Il ne faut
donc pas se laisser tromper par dos mots ou
des apparences illusoires : Jusqu’ici, l’Em
pire du mikado a toujours été gouverné, en
dehors du Parlement et du peuple, soit par
l’autorité impériale, soit par l’organisation
extra-constitutionnelle des clans féodaux
tout puissants à la Cour.
L’avénement du prince Katsoura n’avait
donc en somme rien de particulièrement
insolite : on avait vu souvent des ministè
res, nés, comme le sien, d’intrigues d’anti-
chambre ou de cour. La véritable origina
lité de la circonstance réside dans l’extraor
dinaire émotion qui se manifesta, quand on
apprit que le nouveau cabinet avait lïn-
tention de soustraire les questions militai
res à la compétence du Parlement pour les
confier à un conseil supérieur de la guerre :
l’intrigue, de la sorte, se muait en coup
d’État.
Immédiatement, la Diète protesta par un
ordre du jour de blâme. Suspendue pour
une durée de cinq jours, elle manifesta ou
vertement son intention de renouveler son
vote de censure. Sollicité par le mikado
lui-même de renoncer à son opposition, le
marquis Sayonji, débordé par ses amis, dé
clara au souverain qu il ne le pouvait pas.
Survint alors une nouvelle prorogation
de trois jours. Mais, entre temps, le peuple
setait ému. Ecrasé d’impôts, beaucoup pins
misérable qu’on ne le croit généralement,
très excitable par dessus le marché, ce peu
ple redoute manifestement la reprise d’une
politique militaire qui se traduirait par de
nouvelles charges. Il se présenta, en gran
des masses, devant la Diète, bouscula les
cordons d’agents, acclamant l’opposition et
conspuant le gouvernement. Comme la
foule se portait vers la demeure du prince
Katsoura, la police intervint en force. La
manifestation dégénéra en émeute et le tout
se termina par la fuite des manifestants,
non sans que de sanglantes rencontres se
fussent produites.
Il est dès aujourd’hui certain que le mi
nistère démissionne. Mais, même si elle n’a
pas de conséquences immédiates, cette
émeute, qui rappelle beaucoup nos journées
de juillet 1830 ou de février 1818, constitue
au Japon une dangereuse innovation Tendu
jusqu’ici dans son effort national, le peuple
japonais avait plutôt négligé les questions
de politique intérieure. Son unité morale
lui donnait une force, une puissance d’ac-
tion et d’expansion dont aucun autre peu
ple ne possède aujourd’hui le secret.
Voici qu’un frémissement vient agiter
tout cet édifice. Devant de nouveaux sacri
fices, même patriotiques, la masse renâcle ;
devant une nouvelle pression de son aristo
cratie et même de son empereur, elle se ré
volté. Et c'est bien la première fois qu’une
sorte de rébellion éclate contre des chefs
traditionnels, contre un souverain hier en-
core sacré. Faut-il croire que la mort du
vieil empereur, semi-légendaire Moutsou-
Hi to aura marqué une date dans l’évolution
nipponne ? On peut légitimement le pen
ser, en voyant son successeur mêlé aux lut
tes des partis,- discuté par l’opinion et pres
que menacé dans son palais.
Ces « journées » de février 1913 sont
grosses de conséquences pour l’avenir poli
tique du Japon.
André Siegfried.
INFORMATIONS
Les Incidents du Parc d'Aviation
de Nancy
L’enquête de l’autorité militaire sur l'a-
gression de la sentinelle du centre d’aviation
de Nancy se poursuit.
Notons, un fait qui paraissait bien tout
d’abord décisif en faveur du soldat, c’est
l'arrestation, à Mirecourt, d’un nommé Au
guste Rœ œr, âge de vingt quatre ans, qui se
vantait d’être l’auteur de l’agression. Cepen
dant bientôt, à la suite de l’enquête, et en
raison de l'etat mental de Rœder, la justice
a dû reconnaître qu’on se trouve en présen
ce d’un individu qui se vante des méfaits les
plus divers.
Voici dans quelles conditions s’est produi
te l’arrestation ;
Rœder se trouvait à.Oelleville. Il était des-
connu dans un café où il avait passe la nuit.
Il avait donné un faux nom, celui d’André
Bonnot, vingt quatre ans, manouvrier. Dans
ce café il avait changé de vêtements. Deux
gendarmes, le brigadier André et le gen
darme Boisselier, de la brigade de Mirecourt,
se trouvaient en tournée dans le village
d'Oelleville. Ils s’étaient fait remet re le re
gistre du logeur. Surpris par le nom de Bon
not, ils demandèrent à voir le voyageur.
Celui-ci, prévenu que les gendarmes le de
mandaient, sauta a bas du lit et voulut pren
dre la fuite.
Mais les gendarmes le saisirent, l’arrête-
reru et l'amenèrent à la gendarmerie de Mi-
recourt. Les gendarmes avaient saisi en mê
me temps deux lettres que Bonnot avait
laissées sur la table de l'auberge. Dans l'une,
adressée à ses parents, il déclarait qu'ayant
commis une faute grave contre l'honueur,
il préférait se suicider.
La deuxième contenait une autre lettre,
adressée à lui par des agents d'espionnage
allemands lui donnant rend* z-vous à Nancy
pour le 6 février et lui ordonnant d'execu-
ter les ordres qui lui avaient été donnes;
faute de quoi ils le dénonceraient à ses
chefs.
Interrogé sur ces faits. Boeder avoua, pa
rai!-il, être en relations depuis quelques
mois avec des officiers allemands au sujet
de renseignements qu’il devrait leur four-
nir. . «
Il avoua également qu'il était flanque, au
moment de l'agression du parc de Nancy, de
trois acolytes, mais qu’il ne voulait pas don
ner leurs noms. Surpris par la sentinelle au
moment où ils allaient mettre le feu au han-
gar, ils résolurent de se debarrasser de cette
sentinelle en la tuant.
Le nomme Roeder est un brigadier mare-
chai du 610 régiment d’artillerie à Charte-
vil le
L'enquête, à Amanty a démontré que Boe
der était chez ses parents le jour de 1 atten
tat contre le factionnaire du parc d aviation
de Nancy. Ce n’est pas la première fois,
d’ailleurs, que Boeder s’accuse de méfaits
imaginaires. Ses parents oui été invités à le
reorendre.
• ----------------------===========9======»
CHAMBRE DE COMMERCE 00 HAVRE
Exploitation du Service Maritime Postal
Au cours de la séance du 28 janvier der
nier, M. Taconet, au nom de la Commission
de la marine, a présenté le rapport suivant,
sur le projet de loi portant approbation de
la convention conclue entre l’Etat et la Com
pagnie Générale Transatlantique :
Messieurs,
Vous avez renvoyé à l'examen de votre Com
mission de là marine le projet de loi portant ap
probation de la convention conclue entre l’Eiat
et la Compagnie Générale Transatlantique pour
l’exploitation du service maritime postal entre Le
Havre et New-York.
Nous vous rappellerons qu’en octobre 1907
nous avions été consultés par le sous-secrétaire
d’Etat des postes et télégraphes sur le renouvel
lement de la concession de ce service, qui arri
vait a son échéance le 21 juillet 1911, et qu’a la
date du 21 décembre de la mme année vous
avez adopté, àl'unanimité, le rapport que nous
avions soumis en conséquence et que vous l’avez
transformé en délibération.
Depuis lors, les pourparlers entre l’EUt et la
Compagnie Générale Transatlantique n’ayant pu
aboutir, et afin de prévenir toute interruption de
service, deux conventions successives ont. été
conclues qui ont prolongé les effets du contrat
du 16 janvier 1897 : la première jusqu’au 31 dé
cembre 19H, et la deuxième, apportant quelques
modifications sur le calcul des bises de vitesse
et sur la prime de vitesse notamment, jusqu’au
31 décembre 1912. Enfin, les négociations ont
abouti, à la date du 29 novembre 1912, à la con
clusion d'une nouvelle convention do:t nous
analyserons, aussi succinctement que possible,
les principaux traits.
Il convient auparavant de vous rappeler que
depuis l’étude faite par la Chambra de commerce
en 1907, vous avez eu à examiner la convention
projetée entre l’Etat et la Compagnie des Nessa-
geries Maritimes et passée ultérieurement le 17
octobre 1908, convention que la Chambre des dé-
put s a adoptée le 7 juillet 1909, et qui posait,
ainsi que vous l’ont fait alors ressortir nos rap
ports des 27 novembre 1908 et du 23 avril (909,
des principes nouveaux quant au mode de con
cession des services maritimes postaux : contrôle
financier de l’Etat, révisinilité des subventions
suivant les résultats de l’expioitation, partage des
bénéfices, etc. La convention du Sud-Allantique a
été conçue dans le même esprit. C’est vous dire
tout d’abord que celle dont nous nous occupons
aujourd’hui s’est inspirée de principes identiques
et que nous n’au ons qu’a constater la mesure
dans laquelle ils ont été app iqués au contrat ac
tuellement soumis à l’approbation du Parlement.
Nous avons pu regretter, en hommes d’affaires,
dans l’intérêt de l’armement, que l’ingérence de
ï’Elat,— atténuée. il est vrai, depuis l’étude et la
critique des projets de 4908, — fût aussi profonde
et parfois aussi compliquée, si l’on met en pa
rallèle les contrats analogues passés à l’étranger,
et que, d’autre part, la sauvegarde légitime de
l’Etat ait été conçue dans le sens d’un partage de
bénéfices ; mais ces principes ont été nett- ment
posés à la base des négociations entre les par
ties. et il est inutile ici de les discuter à nou
veau.
Dans les contrats relatifs à l’exéculion des ser
vices maritimes postaux sur les Antilles et l’Amé
rique Centrale, on a renoncé au système d’alloca-
lion de primes de vitesse, qui n’a pas donné les
résultats attendus : aussi n’a-t-on prévu dans le
projet actuel que le payement d’une subvention
sans complément éventuel de ce genre de primes.
D’autre part, eu égard aux conditions excep
tionnel es dans lesquelles se présentait la ques
tion : tout d’abord le fait que seule en France la
Compagnie Générale Translantique, en posses
sion du service, apparaissait capable de le con
tinuer, puis le résultat négatif de l’adjudication
des services exploités par les Messagéries Mari
times, il a été décidé de ne recourir qu’à un mar-
èbe de gré à gré.
La concession est d’une durée de vingl-cînq
ans, susceptible ainsi de faciliter les amortisse-/
ments du matériel naval de la Compagnie. Des
modifications éventuelles, prévues à l’article 7 de
la convention pour les époques de mise en cons
truction des troisième èt quatrième paquebots,
pourront toutefois être apportées au marché.
Le concessionnaire devra faire entrer en ser-
vice quatre paquebots en 1916, 4921, 4925 et 1931,
qui comporteront tous les progrès réalisés dans
l’art naval et seront construits en France.
La vitesse a été fixée pour ces steamers, de
même que pour France. à 20 nœuds pour la sai
son d’éte et à 48 nœuds pour celle d’hiver. L’on a
jugé ces vitesses suffisantes pour lutter contre la
concurrence étrangère.
La Question de Vitesse
et de Tonnage
C’est là une question des plus délicates et des
plus controverses dans le monde maritime, com
pliquée fatalement qu'elle est par celle de l’ac
croissement du tonnage.
France (8,432 tonneaux nets. 23.666 bruts) peut
atreinure, en service courant, la moyenne de 22 à
23 nœuds, résultat qui n'est à l'heure présente
dupasse que par deux steamers de la Compagnie
Cunard Lusitania et Mauretania. Mais tout en
considérant que la vitesse imposée au contrat
actuel répond à la vitesse moyenne de l’ensemble
des entreprises rivales, le gouvernement s’est re-
serve la faculté d’élever la vitesse des navires à
construire, en cas de nécessité.
li est important de faire remarquer ici, qu’avant
1900 la politique suivie par toutes les Compagnies
de navigation était de c nstruire des vapeurs de
plus en plus grands et de plus en plus rapides,
mais, depuis cette époque, l’augmentation du
tounage et celle des vitesses n’ont pas suivi la
même marche ascendante. Si nous prenons par
exemple le Norddeutscher Lloyd, nous voyons
cette Compagnie construire le Berlin et le George-
ü'nshinaton d’un gros tonnage (15,379 tonneaux
nets. 23,570 bruts), mais d’une vitesse d’environ
48 nœuds. La Compagnie Hambourgeoise a porté
ses efforts, en ces dernières années, également
sur les navires de gros tonnage, mais peu rapi
des : America, Kaiserin-Augusta-Victoria (4,817
tonneaux nets, 24,581 brut'). President-Gi ant.
(41,412 tonneaux neis), Cincinnati 9,733 tonneaux
nets). . j ,
Toutefois, elle annonce la construction de deux
navires nouveaux d’un type dit « Impeiator »,
dont la vitesse n’est encore que vaguement indi
quée, l’on dit 22 nœuds nous croyons plutôt sa
voir 24 nœuds) et dont les dimensions sont :
273 m. 69 de longueur et 29 m 18 de largeur.
Ils auront 6'1,600 tonnes de déplacement, porte
ront 4,100 passagers en sus de 1,100 hommes
d’équipage et personnel des deux sexes.
La White Star continue sa même politique de
construction de navires de plus en plus gios,
mais à vitesse relativement réduite
L'Olumpic (de même qu était le htamc) est un
naduebot de très gros tonnage dont la vitesse
S a éte, pendant l’année 1912, de 21 nœuds.
C’est, du reste, le seul de cette flotte qui ait
use vitesse élevée.
Tous les autres, même les plus récents, ont des
vitesses bien inferieures à 20 nœuds, elles varient
de 16 a 47 nœuds.
La Compagnie Hollandaise a coutruit le Bot,ter-
dam. de 24.000 tonnes, faisant une moyenne de 16
nœuds. Enfin la Red Star a mis en service le La-
^la^d, dont la vitesse est un peu moindre encore.
Lord Pirrie, qui, en matière de progrès naval, tait
autorité en Angleterre, a déclaré qu il fallait voir
d’ici à 4925, pour les vapeurs, des dimensions de
4,000 pieds (soit 304 mèires) de long et de 100,000
tonnes de déplacement. D’aille urs, en 13 ans, l’on
peut constater que le tonnage des vapeurs & ln-
’ plé. Leur longueur s'est accrue de 40 0/0 et fa
puissance-est montée de 21000 à 70.00 , chevaux
tandis que la vitesse progressait au delà de 23
nœuds par heure jusqu’à 24 et 26 nœuds.
La Compagnie Cunard, qui a construit avec l’ap
pui des avances et des subventions du gouverne
ment anglais, le Mauretania et le Lusitania, alors
que jusqu’à cette époque elle n’avait pas eu be
soin de pareil concours, que seules sembent jus-
tifier des considérations d'ordre politique, paraît
s’arrêter dans la construction des navires de
grandes vitesses.
CAquitania, qui sera en service avant queY'Im-
peratur allemand ait pris la mer. et qui, disent les
Anglais, fera sensation, n’aura pas cependant, au
tant. que nous avons pu l'apprendre, une vitesse
égale à celle de ses deux frères aînés.
En résumé, de tous de ces faits et de toutes les
Statistiques qui pourraient être produites à leur
appui.il résulte incontestablement qu’en ce qui
concerne les navires transallaatiques, Forienta-
tion se fait surtout vers les gros to nages, et que
la vitesse joue, actuellement tout mi moins. un
rôle beaucoup moins prépondérant qu’autrefois.
Certes, l’idéal consisterait à voir réunis dans un
même navire e très gros tonnage et la très grande
vi e^se. mais en l’etat actuel ne l’art des cons
tructions navales et du coût d’exploitation des
paquebots, en particulier en ce qui concerne les
consommations de combustible, il apparaît bien
comme impossible d'y parvenir. B
Il est un principe bien connu, c'est que la vi
tesse pour un même navire ne croît que comme
la racine cubique de la puissance développée par
la machine. Par conséquent, pour pouvoir faire
avancer à des vitesses raisonnables les énormes
uniiés actuelles, il faut déjà augmenter considé
rablement la puissance des machines. S’il fallait
en même temps envisager un accroissement de la
vitesse pour ses grosses unités, il y faudrait met
tre des machines d’une puissance telle que l’ex-
ploitation deviendrait impossible, au po n de vue
du rendement commercial bien entendu, car il est
toujours loisible de remplir l’intérieur d’une co-
que avec des machines. des chaudières et des
soutes à charbon, seulement la capacié de trans
port pralique de cette même coque devient tout à
fait insuffisente.
A C; s différentes observations, il faut en ajou
ter une qui est insuffisamment connue peut-être,
et qui pourtant es! bien frappante lorsqu’elle est
chiffrée, c’est celle du gain représenté pour la
traversée sur New-York par un nœud d’augmen
tation de vitesse à différentes allures. Alors que
la différence d’un nœud entre 41 et 12 nœuds di
minue la traversée de 24 heures, cette même dif-
ference d’un nœud entre 45 et 46 nœuds ne repré
sente plus qu’un gain de 43 heures 16 minutes ;
entre 18 et 19 nœuds : 10 heures ; entre 20 et 24
nœuds : 7 heures 33 minutes ; entre 22 et 23
nœuds : 6 heures 16 minutes.
Ces chiffres sont faciles à contrôler, et quand
on les examine d’un peu près, on se rend compte
du très gros inté êt qu’il y avait à augmenter les
vitesses des paquebots sur la ligne de New-York
quand ils ne marchaient qu’a une allure d’envi-
ron 15 nœuds, et de l’intérêt beaucoup moindre et
pratiquement dégressif qu’il y a lorsque l’on
arrive à des vitesses qui avoisinent 20 nœuds.
Ce raisonnement prend beaucoup plus de lorce
quand on se rend compte de ce que représente
l accroissement des dépenses au fur et à mesure
que les vitesses s’élèvent.
L’on en arrive donc à conclure assez logique
ment qu’en l’état actuel du problème de la uavi-
gation transatlantique et de l’art des construc
tions navales, la vitesse rationnelle des paque
bots sur celle ligne ne doit pas dépasser 29 nœuds
environ. Il peut, bien entendu, y avoir des excep
tions, mais elles ne sont que le résultat de situa
tions particulières, soit a des nations, soit a des
Compagnies.
Tel est le cas des Mauretania et Lusitania pour
la navigation anglaise.
Tel est. en ce qui concerne les Compagnies,
celui de la Hamburg Americ qui, en ce moment,
semble faire un certain effort de vitesse, limite
cependant, pour deux de ses paquebots. Les rai
sons s’en expliquent facilement. Geite Compagnie,
dont la puissance est devenue considérable (son
tonnage est a l’heure présente de 961.804 ton
neaux de jauge nette pour plusieurs centaines
d’unitési, n’en possède pas une seule dont la vi
tesse approche de 20 nœuds.
Elle estime qu’elle doit, comme réclame pour
son pavillon, avoir ses deux types à Imiperator »,
mais certainement en les construisant elle sort de
la formule qu’elle a toujours adoptée et qu’eile
conlinue à respecter pour son exploitation mari-
lime, mais elle le fait a titre exceptionnel.
Nous voudrions faire ici une remarque qui nous
semble bien devoir y trouver sa place, parce qu’il
est necessaire, en examinant les clauses d’une
convention de ce genre, de ne pas laisser perdre
de vue certains facteurs très importants dont on
poui rail omettre la répercussion sur les condi
tions d’exploitation de la Compagnie contractante.
La constatation est un peu humiliante pour noire
pays ; alors que pour ses deux grands concur
rents maritimes, l’Angleterre et l’Allemagne, une
clientèle nationale alimente leurs paquebots
transatlantiques, la France n’a pas a transporter
de Français aux Etats-Unis, elle est obligée d’aller
arracher sa clieniele aux pays voisins et de s’ap
puyer sur la clientèle américaine, qui est de ac«
anglo-saxonne, qui a une tendance trop naturel
à favoriser les navires sous pavillon anglais ut
allemand.
Aussi la Compagnie concessionnaire en France
se trouvant en pareil état d’infériorité écrasante
doit elle faire des efforts surhumains pour main
tenir sa ligne à un rang convenable ei raiso:
des relations entre l’Europe et les Etats-Unis.
Nous nous plaisons non seulement â constate»
ici qu’elle y parvient et que l’on sait, meme che?
nos voisins d’outre-Manche, lui rendre justice, si
nous en jugeons par les constatations flatteuses
de certains écrivains.
Il n us faut bien toutefois reconnaître ici qu’à
cette cause incontestable et trop connue d’infé
riorité : manque de Français aux Etats-Unis, man
que de voyageurs français de ou pour les Etats-
Unis, il s’en ajoute un autre dont nous n’avons
eu que trop souvent l’occasion de nous plaindre
nous-mêmes, depuis trente ans surtout, celle de
l’insuffisance du port du Havre.
Le tonnage des grands paquebots transatlanti
ques s’est accru d’une façon trop rapide pour
qu’un port, auquel on a si parcimonieusement ac
corde les crédits indispensables, alors qu’il fallait
se hler d’y créer un établissement maritime in
comparable, dès il y a vingt ans, puisse être à
l’heure actuelle capable de répondre aux besoins
de vapeurs géants.
Certes, dans quelques années, lorsque le pro
gramme des travaux de 1909, en cours d’exécu-
tion, sera assez avancé pour offrir a la Compa
gnie Générale Transatlantique les longs quais à
grand tirant d’eau qui lui sont nécessaires, eilo
n’aura plus à limiter les dimensions de ses pa
quebots.
Actuellement, bien qu’elle soit loin d’avoir un
trafic de passagers, d’émigrants et de marchan
dises équivalent à celui de certaines Compagnies
anglaises et allemandes, elle est pourtant la P e-
miere qui, entre ‘Europe et les Etats-Unis, effec
tue le plus grand nombre de voyages annuels.
C’est en réalité parce que les unités qu’elle s
en service ont a subir les exigences des dimon-
sions actuelles de nos ouvrages, alors que les
Compagnies étrangères concurrentes peuvent sa
contenter généralement d’un paquebot pour trans
porter leurs passagers de cabines, leurs émigrants
et leurs marchandises, que la compagnie Gene
raie Transatlantique est obligée d’emploverdeus
unités et, par conséquent, de subir des dépenses
considérablement élevées. Il es. d’une evidence
absolue que, pour une même espacité“/‘anS
port, l’exptoitation d’us seul paquebot est ncon
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