Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-02-01
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 février 1913 01 février 1913
Description : 1913/02/01 (A33,N14525). 1913/02/01 (A33,N14525).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637874w
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
53“ Annee
N° 11,525
(6 Pages)
S Centimes
CDITION 00 MATIN
S Centimes
(€ Pages)
Samedi 1 er Février 1913
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
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Administration, Impressions et Annonces. T2L. 10.47
AU HAVRE.
A PARIS
Le Petit
AN NON CES
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
avre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
4 Dernière Meure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
L’Interpellation d'Hier
DEPECHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 31 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
NEW-YORK, 31 JANVIER
Cotens : mars, baisse 6 points ; mai,
baisse 9 points ; juillet, baisse 11 points. —
Facile.
Calés : hausse 2 points à inchangé.
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Redaction
a M. HIPPOLYTE FÉNoUI
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE : Rédaction, N° 7 60
1O
Le Havre, la Seine-Inférieure, PEur ।
l’Oise et la Somme
Autres Départements ......
Union Postale
Trois Moisi Six Mois
5O
Fr.
» 20 Fr. 4% »
Bureaux de Poste de ^ranea
ABONNEMENTS
» Fr
UN AM
La Maison des Pauvres
LE PARLEMENT
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
facile
£ 68 15/-
£ 68 17/6
7/6
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calme
£ 228 10/-
£ 225 -/-
-/-
-/-
-/-
10/-
1
calme
£65/-
£ 66/-
-1-
7 % d
6 d
NEW-YORK, 31 JANVIER
CUIVRE
Comptant.
3 mois....
ETAIN
Comptant
3 mois....
FER
Comptant.
3 mois....
Prix comparés avec ceux delà deuxième Bourse
du 30 janvier 1:13.
Cuivre Standard disp.
— mars
Amalgamat. Cop...
Fer
c. is jont
C. PSZCZDEAT
15 37
15 —
15 68
15 50
73 1/8
73 5 8
18 25
18 25
CHICAGO, 31 JANVIER
Blé sur
Mais sur
Saindoux sar.
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
C. DU JOUR
93 7 8
91 1 2
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53 1/4
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C. PRECED
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10 25
LA GUERRE D’ORIENT
Un nouveau Généralissime Turo
Constantinople, 31 janvier. — Izzet Pacha,
Chef d'etal-major, est nommé généralissime.
Préparatifs militaires en Turquie
SONSTANTINOPLE. — Le gouvernement mili
taire a ordonné à tous les officiers de rejoin
dre leur régiment dans les 24 heures.
Le gouvernement a décidé d’elever d’un
grade tous les officiers de la garnison d'An-
drinople.
Les hostilités ne seraient pas reprises (?)
Berlin. — Une correspondance annonce
qu’un compromis se serait établi à l’heure
actuelle entre la Turquie et les alliés et qu’il
ce saurait plus être question d’une reprise
des hostilités.
On mande de Vienne au Lokal Anzeigar
qu'Enver Bey est alle demander à reprendre
ses fonctions d’attaché militaire à Berlin.
Le Grand vizir aurait accédé à cette de
mande.
Le Comité do défense sociale estima que
cette façon d’agir constituait une extradi
tion déguisée et assuma la défense du déser
teur dont il fit demander l’acquittement.
Après de nombreux incidents, le conseil a
condamné Bergin à la même peine que le
conseil de Tours, c’est-à-dire à trois ans de
prison.
Bergin va de nouveau se pourvoir en cas
sation.
•====--=====-======
ALPHONSE XIII A BORDEAUX
Bordeaux. — Le roi d’Espagne est arrivé
en automobile à trois heures.
Il s'est immédiatement rendu dans un
hôtel.
Une foule nombreuse, massée devant
l’hôtel, a fait au roi un sympathique accueil.
LE CRIME DE SÈVRES
Versailles. — Un ancien patron de
Clerc déclare que celui-ci était doux et
conduite irréprochable.
D’autres témoins déclarent au contraire
M.
de
A Salonique
SALONIQUE.— Tous les officiers bulgares sé-
jOur~aut ici ont reçu l’ordre de se tenir prêts
a occuper un autre poste.
Dans les milieux diplomatiques de Londres
Londres. — Dans toutes les délégations,
on continue les préparatifs de départ.
Les délégués ottomans n’ont pas reçu
d’instructious ; il est fort probable qu’ils
resteront à Londres jusqu'à l’expiration de
l’armistice.
La publication de la réponse du gou-
vernement ottoman a produit, dans les mi
lieux diplomatiques de Londres, la plus
mauvaise impression.
Les ambassadeurs déclarent que la répon
se turque ne cède rien de ce qui a été de
mandé dans la note des puissances, mais
demande au contraire à ces dernières une
quintilé de concessions.
Les Bulgares vont reprendre les hostilités
et Andrinople, a déclaré un des delegués,
sera entre leurs mains huit jours après la
reprise aes hostilités.
L’attitude des Puissances
Londres, 31 janvier.
Les puissances ne semblent pas disposées
à entreprendre une action énergique d’ici
lundi, ni même dans les jours qui suivront.
L’essentiel pour elles est que le conflit soit
localisé et que l’attitude de Vienne, de Berlin
et de Saint-Pétersbourg ne contredise pas
l’optimisme relatif que l’on professe ici à ce
sujet.
Les ambassadeurs des grandes puissances
ne se réuniront pas officiellement avant de
main, bien que la visite de plusieurs d’entre
eux soit prévue chez sir Edward Grey. On
paraît donc vouloir laisser aux alliés la res
ponsabilité de leur détermination, quitte à
intervenir ultérieurement quand la situa
tion aura, par la capitulation ou la prise
d’Andrinople, pris une tournure nouvelle.
L’aviation militaire autrichienne
Belgrade, 31 janvier.
Le journal Pravda reçoit de Vienne la nou
velle que tous les aviateurs militaires autri-
zhiens sont dirigés sur la frontière méridio-
aale de la monarchie.
LES AFFAIRES Dl' MAROC
Dans la nuit du 10 janvier, un détache
ment de tirailleurs et de méharis a été atta
que dans le Nord de l’Adrar, a quelques kilo-
mètres du puits Libouefrat, par un impor
tant rezzou.
Le détachement a subi des pertes sé
rieuses.
Le lieutenant Martin et les maréchaux des
logis Blin et Pelatan ont-été tués, ainsi que
le sergent Tixier.
Le aétachement dut se replier sur le puits
Libouefrat où il a été accueilli par le peloton
fin sergent Raynal.
Une reconnaissance de 330 fusils, sous les
ordres du lieutenant-colonel Mouret, com
mandant militaire en Mauritanie, est partie
l la poursuite du rezzou.
A L’ÉCOLE NATIONALE DES MINES
UOficiel publie aujourd’hui un decret
gommant membre du Conseil de perfection-
iement de l’Ecole nationale supérieure des
mines, M. Jules Siegfried, député du Havre.
CONDAMNATION D’UN DÉSERTEUR
Bourges. — Sur renvoi de la Cour de cas
sation, le conseil de guerre du 8e corps a
jugé hier le cavalier Bergin, du 25e dragons,
Îue le conseil de guerre de Tours avait con-
amné à trois ans de prison pour désertion
l’étranger.
Bergin avait été arrêté à la frontière fran-
po-beige par des gendarmes français au mo
ment où des gendarmes belges venaient de
l'expulser. Il n'était resté libre qu6 quelques
secondes seulement.
qu’il était brutal et grossier avec sa femme.
L’audience a ensuite été levée.
MYSTÉRIEUSE AGRESSION CONTRE UN
GARÇON DE RECETTES
Hier, vers quatre heures, un garçon de
recettes, M. Joachim Peuyo a été a taqué
dans l’immeuble portant le numéro 40, de
la rue Dauphine, a Paris, par deux individus
qui lui ont lancé une poignée de poivre au
visage et lui ont dérobé son portefeuille qui
con’enait une somme de 55,967 francs.
M. Peuyo n’a pu donner qu’un vague si
gnalement de ses agresseurs.
Le garçon de recettes est âgé de cinquante
ans ; il est marié et père de famille.
Il a expliqué au juge d’instruction les rai
sons pour lesquelles il s’est rendu au no 40,
de la rue Dauphine, chez Mme Doudies.
Au mois d’avril dernier, une somme de
mille francs manqua dans son compte.
Or, il y a un mois, il reçut un pneumati
que de Mme Doudies qui lui demandait de
passer chez elle pour être renseigné sur sa
perte d’argent. Il pensa que c’était le cais
sier d'un commerçant qui lui avait donné
un billet de mille francs en moins et il avait
négligé de se rendre rue Dauphine.
Un nouveau télégramme reçu jeudi était
signé par Mme Doudies ; il l’invitait à passer
chez elle le lendemain sans faute.
Le garçon de recette se rendit alors chez
Mme Doudies qui ne comprit rien à cette
affaire. C’est en descendant de chez elle que
l’attentat eut lieu.
Les circonstances de cette agression étant
mystérieuses, le juge d’instruction a consi
gné le garçon de recettes à sa disposition.
UN NAVIRE-ÉCOLE ALLEMAND
A ALGER
Alger. — Le croiseur allemand Vineta,
école des cadets, est arrivé ici.
Avant de prendre son mouillage, ce bâti
ment a échangé des saints avec la terre.
Le commandant, accompagné du consul
général d’Allemagne, a fait ensuite ses visi
tes officielles aux autorités civiles et mili
taires.
Le Vineta restera pendant six jours à Al
ger, puis il fera route pour Vigo.
UH ABORDAGE A PORTSMOUTH
PORTSMOUTH. — Au cours de mas œuvres,
le sut.s-marin A.-6, a heurté le torpilleur
0-42 dont il a traversé la coque dans son mi
lieu.
Ses cloisons étanches seules l’ont empêché
de coûter.
Le sous-marin semble intact.
-—- —
OBSÈQUES DE L’ARCHIDUC RÉNIER
VIENNE — Hier après-midi ont eu lieu les
funeraliles de l’archiduc Renier.
SOUS-OFFICIERS RENGAGÉS
Les sous-officiers rengagés sont informés
qu’il existe des vacances au 36e d’infanterie
à Gaen, au 39 e à Rouen et à Dieppe, au 74 e à
Rouen et au 129 e au Havre.
SERVICES DE SANTÉ MILITAIRE
Un concours sera ouvert le 24 juin pro
chain (épreuves écrites) pour l’admission en
1913 de 120 élèves à l'Ecole des services de
santé militaire.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la LIHHAIRIE IHTERMATIONALE
108, rue St-Lazare, 108
(immeuble de T HOTEL TERMINUS)
Il est arrivé, à l’interpellation sur l’inci
dent du Paty de Clam, ce qui arrive géné
ralement aux débats exploités d’avance,
dont la sensation est émoussée devant l’opi
nion et qui finissent en queue de poisson.
Que n’avait-on pas dit cependant à propos
de la discussion d’hier I
C’est toute l’affaire Dreyfus que Ton de
vait évoquer, avec ses passions mauvaises
et ses douloureux déchirements.
Ce sont les dessous de la récente campa
gne présidentielle que l’on devait repren
dre et dévoiler, au risque de mettre sur la
sellette la personnalité même de M. Poin
caré, au mépris des règles constitutionnel
les qui le placent, dès maintenant, en de
hors et au-dessus des partis.
Ces pronostics, heureusement, ne se sont
pas réalisés.
Celte reprise des luttes antérieures au
Congrès ne pouvait pas avoir lieu. Le Jour
nal des Débats lui-même, qui ne peut être,
en cette circonstance, suspect de complai
sance, écrivait avant-hier :
Au surplus, à l’heure où il va se produire,
l’émotion suscitée par l’incident est heureu
sement tombée. Elle avait ailleurs ses cau
ses ; elle venait surtout des luttes engagées
à l’approche du Congrès. Aujourd’hui les
luttes sont finies, l’élection présidentielle
est un fait accompli. L’incident et la mesure
elle-même doivent donc apparaître devant
la Chambre avec leurs exactes proportions.
Quant à la mesure, notamment, elle ne peut
et ne doit plus être considérée que comme
un acte d’administration intérieure d’une
importance insignifiante et dénué de tout
caractère politique.
Assurément, comme on le verra par notre
compte-rendu, l’escarmouche fut vive.Mais
ce fut, à tout prendre, une simple escar
mouche et non pas la bataille acharnée
qu’on avait prédite. L’orage qui avait paru
s’amonceler n’a pas crevé.
Dès que M. Millerand parut à la tribune,
sa présence seule, et le ton qu’il sut pren
dre, imposaient le silence. Très maître de
lui, l’ancien ministre de la guerre s’expli
quait avec une clarté lumineuse. Et bientôt
des bravos nourris se faisaient entendre sur
les trois quarts des bancs — dont M. Joseph
Reinach lui-même donnait le signal en dé
clarant tout haut « qu’il approuve et applau
dit M. Millerand ».
. La cause était déjà jugée lorsque M. Mes
simy fit un discours devenu inutile et d’ail
leurs très embarrassé.
Mais les paroles nécessaires et définitives
furent dites ensuites par le ministre de la
guerre, auquel on avait demandé ce qu'il
comptait faire à l’égard de M. du Paty de
Clam.
En termes nets et décisifs, M. Etienne,
refusant de juger ses deux prédécesseurs,
déclara que l’attitude prise, au lendemain
de sa réintégration, par le colonel du Paty
de Clam, appelait une sanction et que,
quant à lui, il se refuserait énergiquement
à lui donner une lettre de service.
Cette brève déclaration, vivement applau
die sur les bancs de la gauche, mettait fin à
tout débat, et l’interpellation fut close par
un ordre du jour approbatif voté à la pres
que unanimité.
Ainsi a échoué l’effort tenté pour faire
revivre les heures de vieilles discordes. Les
vaincus de Versailles n’ont pu prendre leur
revanche à la Chambre.
SÉNAT
Séance du Si Janvier
La séance est ouverte à 3 h. 20.
m. ANTONIN DUBOST préside.
En l’absence du ministre de la guerre, on ajour
ne a huitaine la fixation de la date de la discus
sion d’une interpellation de M. GAUDIN DE VIL
laine, sur la fabrication des pièces d’anillerie
par les établissements de la guerre, pour le
compte d’une puissance appartenant à la Triple-
Alliance.
Le Sénat reprend la discussion de la proposition
de loi de m LANNELONGUE tendant à combattre
la dépopulation par des mesures propres a rele
ver la natalité. -
m. RIOU a la parole.
Il appuie la proposition de loi, ainsi que m. DI
las cases qui insiste en outre sur la nécessité
de venir en aide aux familles nombreuses.
m BARTHOU déclare que le gouvernement est
d’accord avec la Commission sur le fond de U
proposition.
Après une courte intervention de m FLAISSIÈ
RES, la suite du débat a été renvoyée a ia pro
chaîne séance, fixée à jeudi 6 février.
La séance a été levée à 6 heures.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
AVANT LA SÉANCE
EarAss&
Photo P>lit Havre
Cliché Petit Havre.
LA MAISON DE
RUE JÉROME.BELLARMATO
(Sur la gauche, le préau des enfants)
Le joli geste, en vérité, que vient d’avoir là
notre Bureau de bienfaisance. Et combien je
voudrais, pour en faire mieux sentir la
touchanté pensée, traduire l’émotion pro-
fonde qne me laisse la visite aux veuves
éplorées.
Il y a dans ces tableaux de la misère des
accents d’une tristesse intime, infinie, qui
échappent trop souvent à nos inquiétudes.
Il faut pour toucher du doigt ia dou
leur poignante aller vers ces milieux de dé
tresse, surprendre la vie qui se traîne, na
vrante et pitoyable, dans l’ombre des tau
dis dévastés par la mort ou la maladie, voir
de ses yeux la figure effarée de la mère res
tée seule devant le malheur avec ses petits
cramponnés à ses loques, traverser ces pau
vres logis de dévastation et de misère ou le
pain manque, où le charbon n’entre pas...
Et elles sont légion dans notre ville enfié
vrée, de ces veuves, sur les épaules lasses
desquelles reposent désormais tout l’avenir,
toute l’espérance, tout le salut de la famille.
Elles sont légion qui se lamentent et qui
pleurent.
Le propriétaire a donné congé, les der-
nièies ressources sont parties, ce n’est même
plus la vision du galetas, la nichée qu'on
loge sous les solives de la toiture, la boîte à
savon qu’on transforme en berceau... G’est
la rue.
Mieux que d’autres, la Commission de no
tre Bureau de bienfaisance connaissait
l’effroi de cette situation critique. Et elle
avait rêvé de beaux projets : la forte somme
qui lui viendrait peut-être d’un philanthrope
vraiment digne du titre, ou bien la grosse
souscription de l’Etat, la construction d’une
grande maison qui recevrait les familles
nombreuses nécessiteuses, l’abri où des
espoirs renaîtraient un jour, où la joie re
viendrait, où des vies de malheur se repren
draient à sourire, avec la montée de la mar
maille. ..
Le philanthrope s’interroge encore; le
crédit d’Etal, promis pourtant, n’est pas en
core venu. Le Bureau de bienfaisance s’est
désespéré d’attendre. Il a fait par lui-même
une œuvre excellente, encore provisoire,
œuvre de début, mais initiative d’autant
plus digne d’intérêt qu‘elleest,en son genre,
la première en France.
Et je voudrais en dire la simple beauté.
HIPPOLYTE FÉNOUX.
* «
Les Commissions Sénatoriales
La Commission de la marine a éiu prési
dent M. Cuvinot ; MM. Peytral et De la Jaille,
vice-présidents ; MM. Jenet, Lotis Martin et
Reynalde, secrétaires.
La Commission des chemins de fer a élu
comme president, M. Gauthier ; vice-prési
dents, MM. Antoine Perrier, Milliès-Lacroix
et Trouillot ; secrétaires, MM. Alexandre Bé-
rard, Astier et Ranson.
La Commission de la comptabilité a élu
comme president M. Gomot et secrétaire-
rapporteur M. Poulie.
Les Habitations à Bon Marché
La Commission des habitations à bon mar
ché, réunie sous la présidence deM. Ribot, a
abordé l’examen des questions concernant
les Sociétés d’habitat ns à bon marché.
La Commission entendra, au cours d’une
séance ultérieure, les délégués des Sociétés.
-— e— — ——.
ETRANGEE
a
ALLEMAGNE
Au R ci ch s ta g
Un Vote de Méfiance pour le Chancelier
À l’ouverture de la séance du Reich stag, il
été procédé au vote de la motion polonaise
ainsi conçue :
« L’autorisation donnée par le chancelier
d'exproprier les proprietaires polonais pour
servir les buts poursuivis par ia Commission
de colonisation n’est point en accord avec le
sentiment du Reichstag. »
La motion fut acceptée par 213 oui contre
97 non et 43 abstentions.
Les socialistes, le centre, les Polonais, les
Alsaciens-Lorrains, les Danois volèrent pour;
les nationaux libéraux et les conservateurs
contre; les progressistes s’abstinrent.
Ce vote, qui clôt l’interpellation polonaise,
est le premier vote de défiance émis par le
Reichstag en vertu de la modification de son
Rue Jérôme-Bellarmato, non loin de la
Manufacture des Tabacs, la Ville du Havre
possède un groupe d’immeubles que ne re
commandait, il y a quelques mois, ni leur
aspect vétuste, ni leur propreté relative.
Un particulier, locataire de la ville, sous-
louait là des logements à de pauvres diables.
Une corde, en maints endroits, tenait lieu de
rampe. La lumière et l’air pénétraient tant
bien que mal dans ces taudis, gîtes à misère
et à vermine.
La Commission administrative a obtenu, à
prix insignifiant, pour le principe, la loca
tion de ces maisons. Elle les a modifiées, as
sainies, transtormées. Des escaliers ont été
crées, des fenêtres ouvertes, des planchers
refaits. Des courants d’air pur assainisseur
circulent maintenant dans toutes les dépen
dances ; l'eau potable y a été amenée, ainsi
que le gaz.
Deux larges buanderies sont à la disposi
tion du corps de logis ; sept water-closets
isolés munis du « toutà l’égout » avec chasse
d’eau régulière et automatique complètent
la disposition hygiénique. Sous un préau
couvert peuvent jouer les quatre-vingt-douze
enfants de ce phalanstère de la Charité.
Par ces travaux, qui représentent une
vingtaine de mille francs, le Bureau de bien
faisance n’a évidemment pas changé en pa
lais la vieillesse ridée des masures, mais il a
réalisé une chose pratique et efficace dont le
premier début fut la bonne aide à la plus
pénible, à la plus émouvante des infortunes.
Seize familles ont djà reçu un abri. C’est
tout ce que la maison de la rue Bbarmato
pouvait recevoir. Seize tamises qui ont cha
cune trois pièces à leur disposition, seize
pauvres femmes que la disparition du père
laissa sans ressources, sous la rafale de mi
sère, avec autour d’elles des petits qui ne
savent point, qui ne peuvent point savoir
encore.
Que de douleur contenue, que de muette
et impuissante résignation, dans ces foyers
qui se prennent à peine à revivre ! Et com
me on sent dans l’humilité de l’accueil, dans
ces yeux de femmes inquiètes où des larmes
laissent un voile, le reflet des peines d’hier,
la plaie au cœur qui saigne toujours !
Je viens, aux côrés de MM Landrieu et J.
Marck, en compagnie de mes confrères An
dré Hofgaard et U» Falaize, de traverser
quelques-uns de ces logements, de plonger
un regard dans l’intimité de ces demeures.
C’était midi. La table était mise. La ma
man coupait des miches. Peu ou pas de
viande dans les assiettes, des soupes aux
choux, aux carottes.
Dans un de ces pauvres logis, reluisant de
propreté des vitres au fourneau,tout le menu
du déjeuner se composait de deux sous de
pommes de terre frîtes !...
Et autour de la table, ils étaient avec la
mère six,six petites mines pâlottes et tristes.
Un septième bsbé — quatre mois 1 — reposait
en son berceau, dans la pièce voisine, un
biberon de la Goutte de Lait sur la bouche...
J’ai interrogé la veuve :
— Mon mari est mort, il y a trois mois, et
me voilà seule à supporter la charge. Ces
Messieurs du Bureau sont heureusement ve
nus à mon secours. Ils me donnent le pain,
un peu d’argent, l’abri. La cantine scolaire
assure la becquée à mes plus grands. Nous
payons ici trois francs par mois... Des da
mes m’ont aussi donné la machine à coudre
gué vous voyez-là. Je travaille, je fais ce que
je peux, mais le travail est dur à trouver, et
rapporte peu. Depuis quinze jours je n’ai pu
faire que deux sarraus... Et j’ai gagné quinze
sous!... Quinze sous avec tous ces petits ! »
Les enfants nous regardent curieusement et
sourient, tout en jetant à la dérobée un œil
de convoitise dans la direction des pommes
de terre frites...
La mère essuie une larme, puis d’une voix
dolente, elle reprend :
— Je suis bien heureuse encore d’être
comme cela. G’est le logement. La maison
est gaie. Cet été, quand le soleil entrera là,
ce sera tout à fait bien. Les enfants grandi
ront... Du bonheur reviendra peut-être...
J’espère !...
Elle dit cela lentement, profondément,
avec une foi sincère,avec l’accent d’une pau
vre âme qui a assez souffert pour Oser es
compter un jour la douceur bienfaisante
d’une trêve...
Des chromos chantent sur les murs. Des
objets disparates, épaves sauvées du naufra
ge, s’alignent sur une étagère : tout cela ré
vèle l’ordre, la propreté, l’esprit de sagesse,
une dignité qui se dresse fièrement devant
la destinée et qui, après avoir subi son rude
assaut, reprend le cours d’une vie apaisée.
Ce tableau, intime, sans préparation,
n’ayant d’autre mise en scène que celte que
la grande et véritable misère lui donne,
nous l’avons retrouvé dans maints logis de
la Maison des pauvres, dans ces intérieurs
émouvants où l’air et la lumière font main
tenant entrer des effluves de saute renais;
sanie, où l’on peut voir de près, de façon si
sensible, à côté de la détresse qui pleure,
l’opportunité du bienfait qui sauve.
»
» *
Seize familles désemparées sont aujour
d'hui ainsi arrachées aux angoisses immé
diates de la vie marâtre !
Et le Havre en compte encore près de cent
autres, aussi dignes de sollicitude, vers les
quelles le Bureau de bienfaisance s’est pen
ché, mais qu’il ne peut loger, faute de place,
faute de ressources...
L’œuvre merveilleuse, l’œuvre admirable
que pourrait faire là un geste de générosité
et de fraternelle pitié !
Si celui-là, capable de ce geste, voyait de
près les pauvres êtres dont la maison.de la
rue Bellarmato est aujourd’hui le sûr refuge,
c’est dès demain que nous l’aurions la
grande maison des veuves et des enfants.
Et bien volontiers, où qu’il soit, quel qu’il
soit, si seulement il existe, si ces lignes peu
vent le faire surgir, à tout hasard, je re
prends pour lui des rimes de mon Hoir, et
de grand cœur, en fervent hommage, je les
lui envoie, à cet inconnu, avec un vague
mais cher espoir :
De tous ces parias exauce les prières,
Cicatrise les cœurs et sèche les paupières
Réserve à ces damnés des boimeurs munis !
Prince, ils ont tant souffert, que leur peine soit
’ [douce !
Prends pitié des déchus et donne un peu de mousse
Aux oisillons tombés des nids !...
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
règlement, qui autrefois n’admettait même
pas cette sanction toute platonique des in
terpellations.
Un tel vote en effet ne peut avoir aucune
influence immédiate sur l’attitude du gou
vernement, la Constitution de l empire
n’ayant point établi en Allemagne le régime
parlementaire.
La Diminution de la Natalité en Prusse
La Commission du budget de la Chambre
des députés prussienne s’est occupée de la
diminution de la natalité en Prusse.
Une enquête, déclare le ministre, a ete ou
verte pour déterminer les causes de cette dimi
nution. et dés maintenant on peut dire qu elle est
voulue.
(De notre correspondant particulier)
Paris, 31 janvier.
L’affluence est aussi considérable aujour
d’hui qu’elle l’était vendredi dernier. Les
mêmes curieux qui s’écrasaient, ce jour-là,
dans les tribunes pour assister aux débuts
du nouveau cabinet s’y sont retrouvés, à
une semaine de distance, attirés, cette fois,
par l’interpellation relative à l’affaire du
Paty de Glam.
Les députés, de leur côté, ont fait preuve
d’un égal 'empressement, d’une ponctualité
qui, malheureusement, n’est guère dans
leurs habitudes.
Tous étaient à leur poste avant même que
M. Deschanel eût pris place au fauteuil pré
sidentiel.
M. Briand, M. Etienne, sont au banc mi
nistériel, entourés de la plupart des mem
bres du cabinet.
Enfin, voici M. Millerand et M. Messimy,
armés, l’un et l’autre, d’un volumineux dos
sier.
Tous les regards sont tournés vers eux.
On épie avec curiosité leurs moindres gestes,
les plusimp rceptibies mouvements de leur
physionomie, ce qui n’a rien de surprenant,
puisqu’ils sont annalc 4 fane" inc dans
rôles principaux C
gager.
ippelés à jouer les deux
dans le débat qui va s’en-
. — . T. I. e
LA SANCE
La séance est ouverte à 2 heures.
M. PAUL DESCHANEL préside.
L’Affaire du Paty de Clam
M. VIOLLETTE demande à interpeller ie minis-
tre de la guerre sur les raisons qui ont fait déci
der l’affectation du coonel du Paty de Glam.
M. le bail : Et moi, je demande le maintien
de l’ordre du jour. La crise sardinière n’a rien
perdu de son actualité ; elle doit être discutée
d’abord. (Mouvements divers).
M. etienne, ministre de la guerre : M. Viol-
lette demande a m’interpeller. Je suis à la dispo
sition de la Chambre.
La Chambre décide qu’elle discutera tout de
suite ‘interpellation sur l’affaire du Paty de Glam.
L’In terpellation de M. Vlollette
M. VIOLLETTE 8 la parole.
L’affectation du colonel du Paty dans la territo
riale a produit dans le pays républicain une péni
ble et profonde impression.
Le coionel du Paty de Glam a joué dans le
grand drame de l’affaire Dreyfus, un rôle particu
lièrement triste que personne n’a pu oublier.
A lui seul, il est toute l’affare Dreyfus ; il est
l’artisan criminel de celle affaire ; rien ne peut
être retiré du jugement de Zola sur lui. « J’ac
cuse, disait Zola, le colonel du Paty de Clam
d’avoir été l’ouvrier docile de l’erreur judiciaire. »
Dreyfus incarnait l’idée de justice et l’idée répu
blicaine. qui se confondent.
m. viollette rappelle les conditions dans les
quelles s’est faite l’affectation du colonel, puis il
ajoute :
« Voilà pourquoi mes amis et mon groupe
m’ont chargé d’interpeller. Je sais que le ministre
actuel n’est pour rien dans cette affectation, mais
il est dépositaire du dossier. Je lui demande quel
redressement ou quelle confirmation il a à appor
ter à l’exposé que j’ai fait, et ici, en mon nom per
sonnel, je lui demande si le cas de M. du Paty da
Clam est un cas spécial, ou si, comme le bruit en
court dans les couloirs, d’autres mesures de ce
genre sont en projet.
» Dira-t-on qu’il y a, à celle demande, des sus
ceptibilités exagérées ? Je réponds uu’h y a des
noms qui sont des symboles, et une telle nomina-
lion ne doit être pour personne interprétée, ni
comme une amende honorable, ni comme un* 1
réhabilitation. » (Applaudissements à gauche.)
Réponse de NI. Millerand
M. millerand a la parole : Je viens ici, dit-il,
remplir un devoir en portant à la tribune les
explications qui m’ont été demandées. La ques
tion qui s’est posée devant moi, je la définis d’un
mot : c’était une question d honneur 1 (Vifs ap-
plaudissements). Une question d’honneur posée
au chef de l’armée, dont l’honneur est le principe
même. (Très bien ! > Je n’ai pas hésité ; personne
n’aurait hésité, car aucune considération ne sau
rait prévaloir contre le souci de la vérité et de ta
justice. . , . . . . .
J’exposerai simplement les faits en laissant du
côté la personnalité en cause. Trois pièces domi
nent et règlent l’affaire :
4- Un lieutenant-colonel demande, à raison des
circonstances, son affectation. A cette demande,
on oppose une considération préalable : le retrait
d’une plainte en faux déposée par l’officier ;
2° Deuxième pièce, copie d’une lettre recom
mandée adressée par l’officier au procureur de la
République et retirant la plainte ;
3° Troisième pièce, une lettre, partie du cabinet
du ministre, et faisant connaître à l’intéressé que
des ordres étaient donnés pour qu’une suite favo
rable soit accordée à sa demande.
Cette dernière pièce juge l’affaire et la termine :
c’est désormais une question d’honneur.
M. MILLERAND expose ensuite les laits déjà
connus : la plainte en faux du colonel du Paty de
Glam contre la production de ses états de servi
ces, le retrait de celte plainte, puis lavis du co
mité du contentieux. Mais, dit-il, on avait mal posé
la question au comité ; on lui avait demandé si le
colonel pouvait être maintenu dans la reserve:
il repond « non » sans doute, puisqu’il n y avait
jamais été affecté, mais on aurait dû lui poser la
seule question possible : « Peut il être asecte.”
la réserve ? » Et le comité du contentieux con
sulté répond affirmativement. , , ,. .
Je n’avais donc plus qa une chose, à faire • me
conformer à cet avis ; c’est ce que 3 ai nui i
Je n’ai demandé conseil a personne, lie que
Pétais par un engagement et par des faits dont
personne nevouvalt me délier. U jour lointain
N° 11,525
(6 Pages)
S Centimes
CDITION 00 MATIN
S Centimes
(€ Pages)
Samedi 1 er Février 1913
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Administration, Impressions et Annonces. T2L. 10.47
AU HAVRE.
A PARIS
Le Petit
AN NON CES
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
avre
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
4 Dernière Meure
PARIS, TROIS HEURES MATIN
L’Interpellation d'Hier
DEPECHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 31 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
NEW-YORK, 31 JANVIER
Cotens : mars, baisse 6 points ; mai,
baisse 9 points ; juillet, baisse 11 points. —
Facile.
Calés : hausse 2 points à inchangé.
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
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a M. HIPPOLYTE FÉNoUI
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TÉLÉPHONE : Rédaction, N° 7 60
1O
Le Havre, la Seine-Inférieure, PEur ।
l’Oise et la Somme
Autres Départements ......
Union Postale
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5O
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Bureaux de Poste de ^ranea
ABONNEMENTS
» Fr
UN AM
La Maison des Pauvres
LE PARLEMENT
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
facile
£ 68 15/-
£ 68 17/6
7/6
•
calme
£ 228 10/-
£ 225 -/-
-/-
-/-
-/-
10/-
1
calme
£65/-
£ 66/-
-1-
7 % d
6 d
NEW-YORK, 31 JANVIER
CUIVRE
Comptant.
3 mois....
ETAIN
Comptant
3 mois....
FER
Comptant.
3 mois....
Prix comparés avec ceux delà deuxième Bourse
du 30 janvier 1:13.
Cuivre Standard disp.
— mars
Amalgamat. Cop...
Fer
c. is jont
C. PSZCZDEAT
15 37
15 —
15 68
15 50
73 1/8
73 5 8
18 25
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CHICAGO, 31 JANVIER
Blé sur
Mais sur
Saindoux sar.
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
C. DU JOUR
93 7 8
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C. PRECED
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52 3/8
10 25
10 25
LA GUERRE D’ORIENT
Un nouveau Généralissime Turo
Constantinople, 31 janvier. — Izzet Pacha,
Chef d'etal-major, est nommé généralissime.
Préparatifs militaires en Turquie
SONSTANTINOPLE. — Le gouvernement mili
taire a ordonné à tous les officiers de rejoin
dre leur régiment dans les 24 heures.
Le gouvernement a décidé d’elever d’un
grade tous les officiers de la garnison d'An-
drinople.
Les hostilités ne seraient pas reprises (?)
Berlin. — Une correspondance annonce
qu’un compromis se serait établi à l’heure
actuelle entre la Turquie et les alliés et qu’il
ce saurait plus être question d’une reprise
des hostilités.
On mande de Vienne au Lokal Anzeigar
qu'Enver Bey est alle demander à reprendre
ses fonctions d’attaché militaire à Berlin.
Le Grand vizir aurait accédé à cette de
mande.
Le Comité do défense sociale estima que
cette façon d’agir constituait une extradi
tion déguisée et assuma la défense du déser
teur dont il fit demander l’acquittement.
Après de nombreux incidents, le conseil a
condamné Bergin à la même peine que le
conseil de Tours, c’est-à-dire à trois ans de
prison.
Bergin va de nouveau se pourvoir en cas
sation.
•====--=====-======
ALPHONSE XIII A BORDEAUX
Bordeaux. — Le roi d’Espagne est arrivé
en automobile à trois heures.
Il s'est immédiatement rendu dans un
hôtel.
Une foule nombreuse, massée devant
l’hôtel, a fait au roi un sympathique accueil.
LE CRIME DE SÈVRES
Versailles. — Un ancien patron de
Clerc déclare que celui-ci était doux et
conduite irréprochable.
D’autres témoins déclarent au contraire
M.
de
A Salonique
SALONIQUE.— Tous les officiers bulgares sé-
jOur~aut ici ont reçu l’ordre de se tenir prêts
a occuper un autre poste.
Dans les milieux diplomatiques de Londres
Londres. — Dans toutes les délégations,
on continue les préparatifs de départ.
Les délégués ottomans n’ont pas reçu
d’instructious ; il est fort probable qu’ils
resteront à Londres jusqu'à l’expiration de
l’armistice.
La publication de la réponse du gou-
vernement ottoman a produit, dans les mi
lieux diplomatiques de Londres, la plus
mauvaise impression.
Les ambassadeurs déclarent que la répon
se turque ne cède rien de ce qui a été de
mandé dans la note des puissances, mais
demande au contraire à ces dernières une
quintilé de concessions.
Les Bulgares vont reprendre les hostilités
et Andrinople, a déclaré un des delegués,
sera entre leurs mains huit jours après la
reprise aes hostilités.
L’attitude des Puissances
Londres, 31 janvier.
Les puissances ne semblent pas disposées
à entreprendre une action énergique d’ici
lundi, ni même dans les jours qui suivront.
L’essentiel pour elles est que le conflit soit
localisé et que l’attitude de Vienne, de Berlin
et de Saint-Pétersbourg ne contredise pas
l’optimisme relatif que l’on professe ici à ce
sujet.
Les ambassadeurs des grandes puissances
ne se réuniront pas officiellement avant de
main, bien que la visite de plusieurs d’entre
eux soit prévue chez sir Edward Grey. On
paraît donc vouloir laisser aux alliés la res
ponsabilité de leur détermination, quitte à
intervenir ultérieurement quand la situa
tion aura, par la capitulation ou la prise
d’Andrinople, pris une tournure nouvelle.
L’aviation militaire autrichienne
Belgrade, 31 janvier.
Le journal Pravda reçoit de Vienne la nou
velle que tous les aviateurs militaires autri-
zhiens sont dirigés sur la frontière méridio-
aale de la monarchie.
LES AFFAIRES Dl' MAROC
Dans la nuit du 10 janvier, un détache
ment de tirailleurs et de méharis a été atta
que dans le Nord de l’Adrar, a quelques kilo-
mètres du puits Libouefrat, par un impor
tant rezzou.
Le détachement a subi des pertes sé
rieuses.
Le lieutenant Martin et les maréchaux des
logis Blin et Pelatan ont-été tués, ainsi que
le sergent Tixier.
Le aétachement dut se replier sur le puits
Libouefrat où il a été accueilli par le peloton
fin sergent Raynal.
Une reconnaissance de 330 fusils, sous les
ordres du lieutenant-colonel Mouret, com
mandant militaire en Mauritanie, est partie
l la poursuite du rezzou.
A L’ÉCOLE NATIONALE DES MINES
UOficiel publie aujourd’hui un decret
gommant membre du Conseil de perfection-
iement de l’Ecole nationale supérieure des
mines, M. Jules Siegfried, député du Havre.
CONDAMNATION D’UN DÉSERTEUR
Bourges. — Sur renvoi de la Cour de cas
sation, le conseil de guerre du 8e corps a
jugé hier le cavalier Bergin, du 25e dragons,
Îue le conseil de guerre de Tours avait con-
amné à trois ans de prison pour désertion
l’étranger.
Bergin avait été arrêté à la frontière fran-
po-beige par des gendarmes français au mo
ment où des gendarmes belges venaient de
l'expulser. Il n'était resté libre qu6 quelques
secondes seulement.
qu’il était brutal et grossier avec sa femme.
L’audience a ensuite été levée.
MYSTÉRIEUSE AGRESSION CONTRE UN
GARÇON DE RECETTES
Hier, vers quatre heures, un garçon de
recettes, M. Joachim Peuyo a été a taqué
dans l’immeuble portant le numéro 40, de
la rue Dauphine, a Paris, par deux individus
qui lui ont lancé une poignée de poivre au
visage et lui ont dérobé son portefeuille qui
con’enait une somme de 55,967 francs.
M. Peuyo n’a pu donner qu’un vague si
gnalement de ses agresseurs.
Le garçon de recettes est âgé de cinquante
ans ; il est marié et père de famille.
Il a expliqué au juge d’instruction les rai
sons pour lesquelles il s’est rendu au no 40,
de la rue Dauphine, chez Mme Doudies.
Au mois d’avril dernier, une somme de
mille francs manqua dans son compte.
Or, il y a un mois, il reçut un pneumati
que de Mme Doudies qui lui demandait de
passer chez elle pour être renseigné sur sa
perte d’argent. Il pensa que c’était le cais
sier d'un commerçant qui lui avait donné
un billet de mille francs en moins et il avait
négligé de se rendre rue Dauphine.
Un nouveau télégramme reçu jeudi était
signé par Mme Doudies ; il l’invitait à passer
chez elle le lendemain sans faute.
Le garçon de recette se rendit alors chez
Mme Doudies qui ne comprit rien à cette
affaire. C’est en descendant de chez elle que
l’attentat eut lieu.
Les circonstances de cette agression étant
mystérieuses, le juge d’instruction a consi
gné le garçon de recettes à sa disposition.
UN NAVIRE-ÉCOLE ALLEMAND
A ALGER
Alger. — Le croiseur allemand Vineta,
école des cadets, est arrivé ici.
Avant de prendre son mouillage, ce bâti
ment a échangé des saints avec la terre.
Le commandant, accompagné du consul
général d’Allemagne, a fait ensuite ses visi
tes officielles aux autorités civiles et mili
taires.
Le Vineta restera pendant six jours à Al
ger, puis il fera route pour Vigo.
UH ABORDAGE A PORTSMOUTH
PORTSMOUTH. — Au cours de mas œuvres,
le sut.s-marin A.-6, a heurté le torpilleur
0-42 dont il a traversé la coque dans son mi
lieu.
Ses cloisons étanches seules l’ont empêché
de coûter.
Le sous-marin semble intact.
-—- —
OBSÈQUES DE L’ARCHIDUC RÉNIER
VIENNE — Hier après-midi ont eu lieu les
funeraliles de l’archiduc Renier.
SOUS-OFFICIERS RENGAGÉS
Les sous-officiers rengagés sont informés
qu’il existe des vacances au 36e d’infanterie
à Gaen, au 39 e à Rouen et à Dieppe, au 74 e à
Rouen et au 129 e au Havre.
SERVICES DE SANTÉ MILITAIRE
Un concours sera ouvert le 24 juin pro
chain (épreuves écrites) pour l’admission en
1913 de 120 élèves à l'Ecole des services de
santé militaire.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la LIHHAIRIE IHTERMATIONALE
108, rue St-Lazare, 108
(immeuble de T HOTEL TERMINUS)
Il est arrivé, à l’interpellation sur l’inci
dent du Paty de Clam, ce qui arrive géné
ralement aux débats exploités d’avance,
dont la sensation est émoussée devant l’opi
nion et qui finissent en queue de poisson.
Que n’avait-on pas dit cependant à propos
de la discussion d’hier I
C’est toute l’affaire Dreyfus que Ton de
vait évoquer, avec ses passions mauvaises
et ses douloureux déchirements.
Ce sont les dessous de la récente campa
gne présidentielle que l’on devait repren
dre et dévoiler, au risque de mettre sur la
sellette la personnalité même de M. Poin
caré, au mépris des règles constitutionnel
les qui le placent, dès maintenant, en de
hors et au-dessus des partis.
Ces pronostics, heureusement, ne se sont
pas réalisés.
Celte reprise des luttes antérieures au
Congrès ne pouvait pas avoir lieu. Le Jour
nal des Débats lui-même, qui ne peut être,
en cette circonstance, suspect de complai
sance, écrivait avant-hier :
Au surplus, à l’heure où il va se produire,
l’émotion suscitée par l’incident est heureu
sement tombée. Elle avait ailleurs ses cau
ses ; elle venait surtout des luttes engagées
à l’approche du Congrès. Aujourd’hui les
luttes sont finies, l’élection présidentielle
est un fait accompli. L’incident et la mesure
elle-même doivent donc apparaître devant
la Chambre avec leurs exactes proportions.
Quant à la mesure, notamment, elle ne peut
et ne doit plus être considérée que comme
un acte d’administration intérieure d’une
importance insignifiante et dénué de tout
caractère politique.
Assurément, comme on le verra par notre
compte-rendu, l’escarmouche fut vive.Mais
ce fut, à tout prendre, une simple escar
mouche et non pas la bataille acharnée
qu’on avait prédite. L’orage qui avait paru
s’amonceler n’a pas crevé.
Dès que M. Millerand parut à la tribune,
sa présence seule, et le ton qu’il sut pren
dre, imposaient le silence. Très maître de
lui, l’ancien ministre de la guerre s’expli
quait avec une clarté lumineuse. Et bientôt
des bravos nourris se faisaient entendre sur
les trois quarts des bancs — dont M. Joseph
Reinach lui-même donnait le signal en dé
clarant tout haut « qu’il approuve et applau
dit M. Millerand ».
. La cause était déjà jugée lorsque M. Mes
simy fit un discours devenu inutile et d’ail
leurs très embarrassé.
Mais les paroles nécessaires et définitives
furent dites ensuites par le ministre de la
guerre, auquel on avait demandé ce qu'il
comptait faire à l’égard de M. du Paty de
Clam.
En termes nets et décisifs, M. Etienne,
refusant de juger ses deux prédécesseurs,
déclara que l’attitude prise, au lendemain
de sa réintégration, par le colonel du Paty
de Clam, appelait une sanction et que,
quant à lui, il se refuserait énergiquement
à lui donner une lettre de service.
Cette brève déclaration, vivement applau
die sur les bancs de la gauche, mettait fin à
tout débat, et l’interpellation fut close par
un ordre du jour approbatif voté à la pres
que unanimité.
Ainsi a échoué l’effort tenté pour faire
revivre les heures de vieilles discordes. Les
vaincus de Versailles n’ont pu prendre leur
revanche à la Chambre.
SÉNAT
Séance du Si Janvier
La séance est ouverte à 3 h. 20.
m. ANTONIN DUBOST préside.
En l’absence du ministre de la guerre, on ajour
ne a huitaine la fixation de la date de la discus
sion d’une interpellation de M. GAUDIN DE VIL
laine, sur la fabrication des pièces d’anillerie
par les établissements de la guerre, pour le
compte d’une puissance appartenant à la Triple-
Alliance.
Le Sénat reprend la discussion de la proposition
de loi de m LANNELONGUE tendant à combattre
la dépopulation par des mesures propres a rele
ver la natalité. -
m. RIOU a la parole.
Il appuie la proposition de loi, ainsi que m. DI
las cases qui insiste en outre sur la nécessité
de venir en aide aux familles nombreuses.
m BARTHOU déclare que le gouvernement est
d’accord avec la Commission sur le fond de U
proposition.
Après une courte intervention de m FLAISSIÈ
RES, la suite du débat a été renvoyée a ia pro
chaîne séance, fixée à jeudi 6 février.
La séance a été levée à 6 heures.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
AVANT LA SÉANCE
EarAss&
Photo P>lit Havre
Cliché Petit Havre.
LA MAISON DE
RUE JÉROME.BELLARMATO
(Sur la gauche, le préau des enfants)
Le joli geste, en vérité, que vient d’avoir là
notre Bureau de bienfaisance. Et combien je
voudrais, pour en faire mieux sentir la
touchanté pensée, traduire l’émotion pro-
fonde qne me laisse la visite aux veuves
éplorées.
Il y a dans ces tableaux de la misère des
accents d’une tristesse intime, infinie, qui
échappent trop souvent à nos inquiétudes.
Il faut pour toucher du doigt ia dou
leur poignante aller vers ces milieux de dé
tresse, surprendre la vie qui se traîne, na
vrante et pitoyable, dans l’ombre des tau
dis dévastés par la mort ou la maladie, voir
de ses yeux la figure effarée de la mère res
tée seule devant le malheur avec ses petits
cramponnés à ses loques, traverser ces pau
vres logis de dévastation et de misère ou le
pain manque, où le charbon n’entre pas...
Et elles sont légion dans notre ville enfié
vrée, de ces veuves, sur les épaules lasses
desquelles reposent désormais tout l’avenir,
toute l’espérance, tout le salut de la famille.
Elles sont légion qui se lamentent et qui
pleurent.
Le propriétaire a donné congé, les der-
nièies ressources sont parties, ce n’est même
plus la vision du galetas, la nichée qu'on
loge sous les solives de la toiture, la boîte à
savon qu’on transforme en berceau... G’est
la rue.
Mieux que d’autres, la Commission de no
tre Bureau de bienfaisance connaissait
l’effroi de cette situation critique. Et elle
avait rêvé de beaux projets : la forte somme
qui lui viendrait peut-être d’un philanthrope
vraiment digne du titre, ou bien la grosse
souscription de l’Etat, la construction d’une
grande maison qui recevrait les familles
nombreuses nécessiteuses, l’abri où des
espoirs renaîtraient un jour, où la joie re
viendrait, où des vies de malheur se repren
draient à sourire, avec la montée de la mar
maille. ..
Le philanthrope s’interroge encore; le
crédit d’Etal, promis pourtant, n’est pas en
core venu. Le Bureau de bienfaisance s’est
désespéré d’attendre. Il a fait par lui-même
une œuvre excellente, encore provisoire,
œuvre de début, mais initiative d’autant
plus digne d’intérêt qu‘elleest,en son genre,
la première en France.
Et je voudrais en dire la simple beauté.
HIPPOLYTE FÉNOUX.
* «
Les Commissions Sénatoriales
La Commission de la marine a éiu prési
dent M. Cuvinot ; MM. Peytral et De la Jaille,
vice-présidents ; MM. Jenet, Lotis Martin et
Reynalde, secrétaires.
La Commission des chemins de fer a élu
comme president, M. Gauthier ; vice-prési
dents, MM. Antoine Perrier, Milliès-Lacroix
et Trouillot ; secrétaires, MM. Alexandre Bé-
rard, Astier et Ranson.
La Commission de la comptabilité a élu
comme president M. Gomot et secrétaire-
rapporteur M. Poulie.
Les Habitations à Bon Marché
La Commission des habitations à bon mar
ché, réunie sous la présidence deM. Ribot, a
abordé l’examen des questions concernant
les Sociétés d’habitat ns à bon marché.
La Commission entendra, au cours d’une
séance ultérieure, les délégués des Sociétés.
-— e— — ——.
ETRANGEE
a
ALLEMAGNE
Au R ci ch s ta g
Un Vote de Méfiance pour le Chancelier
À l’ouverture de la séance du Reich stag, il
été procédé au vote de la motion polonaise
ainsi conçue :
« L’autorisation donnée par le chancelier
d'exproprier les proprietaires polonais pour
servir les buts poursuivis par ia Commission
de colonisation n’est point en accord avec le
sentiment du Reichstag. »
La motion fut acceptée par 213 oui contre
97 non et 43 abstentions.
Les socialistes, le centre, les Polonais, les
Alsaciens-Lorrains, les Danois volèrent pour;
les nationaux libéraux et les conservateurs
contre; les progressistes s’abstinrent.
Ce vote, qui clôt l’interpellation polonaise,
est le premier vote de défiance émis par le
Reichstag en vertu de la modification de son
Rue Jérôme-Bellarmato, non loin de la
Manufacture des Tabacs, la Ville du Havre
possède un groupe d’immeubles que ne re
commandait, il y a quelques mois, ni leur
aspect vétuste, ni leur propreté relative.
Un particulier, locataire de la ville, sous-
louait là des logements à de pauvres diables.
Une corde, en maints endroits, tenait lieu de
rampe. La lumière et l’air pénétraient tant
bien que mal dans ces taudis, gîtes à misère
et à vermine.
La Commission administrative a obtenu, à
prix insignifiant, pour le principe, la loca
tion de ces maisons. Elle les a modifiées, as
sainies, transtormées. Des escaliers ont été
crées, des fenêtres ouvertes, des planchers
refaits. Des courants d’air pur assainisseur
circulent maintenant dans toutes les dépen
dances ; l'eau potable y a été amenée, ainsi
que le gaz.
Deux larges buanderies sont à la disposi
tion du corps de logis ; sept water-closets
isolés munis du « toutà l’égout » avec chasse
d’eau régulière et automatique complètent
la disposition hygiénique. Sous un préau
couvert peuvent jouer les quatre-vingt-douze
enfants de ce phalanstère de la Charité.
Par ces travaux, qui représentent une
vingtaine de mille francs, le Bureau de bien
faisance n’a évidemment pas changé en pa
lais la vieillesse ridée des masures, mais il a
réalisé une chose pratique et efficace dont le
premier début fut la bonne aide à la plus
pénible, à la plus émouvante des infortunes.
Seize familles ont djà reçu un abri. C’est
tout ce que la maison de la rue Bbarmato
pouvait recevoir. Seize tamises qui ont cha
cune trois pièces à leur disposition, seize
pauvres femmes que la disparition du père
laissa sans ressources, sous la rafale de mi
sère, avec autour d’elles des petits qui ne
savent point, qui ne peuvent point savoir
encore.
Que de douleur contenue, que de muette
et impuissante résignation, dans ces foyers
qui se prennent à peine à revivre ! Et com
me on sent dans l’humilité de l’accueil, dans
ces yeux de femmes inquiètes où des larmes
laissent un voile, le reflet des peines d’hier,
la plaie au cœur qui saigne toujours !
Je viens, aux côrés de MM Landrieu et J.
Marck, en compagnie de mes confrères An
dré Hofgaard et U» Falaize, de traverser
quelques-uns de ces logements, de plonger
un regard dans l’intimité de ces demeures.
C’était midi. La table était mise. La ma
man coupait des miches. Peu ou pas de
viande dans les assiettes, des soupes aux
choux, aux carottes.
Dans un de ces pauvres logis, reluisant de
propreté des vitres au fourneau,tout le menu
du déjeuner se composait de deux sous de
pommes de terre frîtes !...
Et autour de la table, ils étaient avec la
mère six,six petites mines pâlottes et tristes.
Un septième bsbé — quatre mois 1 — reposait
en son berceau, dans la pièce voisine, un
biberon de la Goutte de Lait sur la bouche...
J’ai interrogé la veuve :
— Mon mari est mort, il y a trois mois, et
me voilà seule à supporter la charge. Ces
Messieurs du Bureau sont heureusement ve
nus à mon secours. Ils me donnent le pain,
un peu d’argent, l’abri. La cantine scolaire
assure la becquée à mes plus grands. Nous
payons ici trois francs par mois... Des da
mes m’ont aussi donné la machine à coudre
gué vous voyez-là. Je travaille, je fais ce que
je peux, mais le travail est dur à trouver, et
rapporte peu. Depuis quinze jours je n’ai pu
faire que deux sarraus... Et j’ai gagné quinze
sous!... Quinze sous avec tous ces petits ! »
Les enfants nous regardent curieusement et
sourient, tout en jetant à la dérobée un œil
de convoitise dans la direction des pommes
de terre frites...
La mère essuie une larme, puis d’une voix
dolente, elle reprend :
— Je suis bien heureuse encore d’être
comme cela. G’est le logement. La maison
est gaie. Cet été, quand le soleil entrera là,
ce sera tout à fait bien. Les enfants grandi
ront... Du bonheur reviendra peut-être...
J’espère !...
Elle dit cela lentement, profondément,
avec une foi sincère,avec l’accent d’une pau
vre âme qui a assez souffert pour Oser es
compter un jour la douceur bienfaisante
d’une trêve...
Des chromos chantent sur les murs. Des
objets disparates, épaves sauvées du naufra
ge, s’alignent sur une étagère : tout cela ré
vèle l’ordre, la propreté, l’esprit de sagesse,
une dignité qui se dresse fièrement devant
la destinée et qui, après avoir subi son rude
assaut, reprend le cours d’une vie apaisée.
Ce tableau, intime, sans préparation,
n’ayant d’autre mise en scène que celte que
la grande et véritable misère lui donne,
nous l’avons retrouvé dans maints logis de
la Maison des pauvres, dans ces intérieurs
émouvants où l’air et la lumière font main
tenant entrer des effluves de saute renais;
sanie, où l’on peut voir de près, de façon si
sensible, à côté de la détresse qui pleure,
l’opportunité du bienfait qui sauve.
»
» *
Seize familles désemparées sont aujour
d'hui ainsi arrachées aux angoisses immé
diates de la vie marâtre !
Et le Havre en compte encore près de cent
autres, aussi dignes de sollicitude, vers les
quelles le Bureau de bienfaisance s’est pen
ché, mais qu’il ne peut loger, faute de place,
faute de ressources...
L’œuvre merveilleuse, l’œuvre admirable
que pourrait faire là un geste de générosité
et de fraternelle pitié !
Si celui-là, capable de ce geste, voyait de
près les pauvres êtres dont la maison.de la
rue Bellarmato est aujourd’hui le sûr refuge,
c’est dès demain que nous l’aurions la
grande maison des veuves et des enfants.
Et bien volontiers, où qu’il soit, quel qu’il
soit, si seulement il existe, si ces lignes peu
vent le faire surgir, à tout hasard, je re
prends pour lui des rimes de mon Hoir, et
de grand cœur, en fervent hommage, je les
lui envoie, à cet inconnu, avec un vague
mais cher espoir :
De tous ces parias exauce les prières,
Cicatrise les cœurs et sèche les paupières
Réserve à ces damnés des boimeurs munis !
Prince, ils ont tant souffert, que leur peine soit
’ [douce !
Prends pitié des déchus et donne un peu de mousse
Aux oisillons tombés des nids !...
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
règlement, qui autrefois n’admettait même
pas cette sanction toute platonique des in
terpellations.
Un tel vote en effet ne peut avoir aucune
influence immédiate sur l’attitude du gou
vernement, la Constitution de l empire
n’ayant point établi en Allemagne le régime
parlementaire.
La Diminution de la Natalité en Prusse
La Commission du budget de la Chambre
des députés prussienne s’est occupée de la
diminution de la natalité en Prusse.
Une enquête, déclare le ministre, a ete ou
verte pour déterminer les causes de cette dimi
nution. et dés maintenant on peut dire qu elle est
voulue.
(De notre correspondant particulier)
Paris, 31 janvier.
L’affluence est aussi considérable aujour
d’hui qu’elle l’était vendredi dernier. Les
mêmes curieux qui s’écrasaient, ce jour-là,
dans les tribunes pour assister aux débuts
du nouveau cabinet s’y sont retrouvés, à
une semaine de distance, attirés, cette fois,
par l’interpellation relative à l’affaire du
Paty de Glam.
Les députés, de leur côté, ont fait preuve
d’un égal 'empressement, d’une ponctualité
qui, malheureusement, n’est guère dans
leurs habitudes.
Tous étaient à leur poste avant même que
M. Deschanel eût pris place au fauteuil pré
sidentiel.
M. Briand, M. Etienne, sont au banc mi
nistériel, entourés de la plupart des mem
bres du cabinet.
Enfin, voici M. Millerand et M. Messimy,
armés, l’un et l’autre, d’un volumineux dos
sier.
Tous les regards sont tournés vers eux.
On épie avec curiosité leurs moindres gestes,
les plusimp rceptibies mouvements de leur
physionomie, ce qui n’a rien de surprenant,
puisqu’ils sont annalc 4 fane" inc dans
rôles principaux C
gager.
ippelés à jouer les deux
dans le débat qui va s’en-
. — . T. I. e
LA SANCE
La séance est ouverte à 2 heures.
M. PAUL DESCHANEL préside.
L’Affaire du Paty de Clam
M. VIOLLETTE demande à interpeller ie minis-
tre de la guerre sur les raisons qui ont fait déci
der l’affectation du coonel du Paty de Glam.
M. le bail : Et moi, je demande le maintien
de l’ordre du jour. La crise sardinière n’a rien
perdu de son actualité ; elle doit être discutée
d’abord. (Mouvements divers).
M. etienne, ministre de la guerre : M. Viol-
lette demande a m’interpeller. Je suis à la dispo
sition de la Chambre.
La Chambre décide qu’elle discutera tout de
suite ‘interpellation sur l’affaire du Paty de Glam.
L’In terpellation de M. Vlollette
M. VIOLLETTE 8 la parole.
L’affectation du colonel du Paty dans la territo
riale a produit dans le pays républicain une péni
ble et profonde impression.
Le coionel du Paty de Glam a joué dans le
grand drame de l’affaire Dreyfus, un rôle particu
lièrement triste que personne n’a pu oublier.
A lui seul, il est toute l’affare Dreyfus ; il est
l’artisan criminel de celle affaire ; rien ne peut
être retiré du jugement de Zola sur lui. « J’ac
cuse, disait Zola, le colonel du Paty de Clam
d’avoir été l’ouvrier docile de l’erreur judiciaire. »
Dreyfus incarnait l’idée de justice et l’idée répu
blicaine. qui se confondent.
m. viollette rappelle les conditions dans les
quelles s’est faite l’affectation du colonel, puis il
ajoute :
« Voilà pourquoi mes amis et mon groupe
m’ont chargé d’interpeller. Je sais que le ministre
actuel n’est pour rien dans cette affectation, mais
il est dépositaire du dossier. Je lui demande quel
redressement ou quelle confirmation il a à appor
ter à l’exposé que j’ai fait, et ici, en mon nom per
sonnel, je lui demande si le cas de M. du Paty da
Clam est un cas spécial, ou si, comme le bruit en
court dans les couloirs, d’autres mesures de ce
genre sont en projet.
» Dira-t-on qu’il y a, à celle demande, des sus
ceptibilités exagérées ? Je réponds uu’h y a des
noms qui sont des symboles, et une telle nomina-
lion ne doit être pour personne interprétée, ni
comme une amende honorable, ni comme un* 1
réhabilitation. » (Applaudissements à gauche.)
Réponse de NI. Millerand
M. millerand a la parole : Je viens ici, dit-il,
remplir un devoir en portant à la tribune les
explications qui m’ont été demandées. La ques
tion qui s’est posée devant moi, je la définis d’un
mot : c’était une question d honneur 1 (Vifs ap-
plaudissements). Une question d’honneur posée
au chef de l’armée, dont l’honneur est le principe
même. (Très bien ! > Je n’ai pas hésité ; personne
n’aurait hésité, car aucune considération ne sau
rait prévaloir contre le souci de la vérité et de ta
justice. . , . . . . .
J’exposerai simplement les faits en laissant du
côté la personnalité en cause. Trois pièces domi
nent et règlent l’affaire :
4- Un lieutenant-colonel demande, à raison des
circonstances, son affectation. A cette demande,
on oppose une considération préalable : le retrait
d’une plainte en faux déposée par l’officier ;
2° Deuxième pièce, copie d’une lettre recom
mandée adressée par l’officier au procureur de la
République et retirant la plainte ;
3° Troisième pièce, une lettre, partie du cabinet
du ministre, et faisant connaître à l’intéressé que
des ordres étaient donnés pour qu’une suite favo
rable soit accordée à sa demande.
Cette dernière pièce juge l’affaire et la termine :
c’est désormais une question d’honneur.
M. MILLERAND expose ensuite les laits déjà
connus : la plainte en faux du colonel du Paty de
Glam contre la production de ses états de servi
ces, le retrait de celte plainte, puis lavis du co
mité du contentieux. Mais, dit-il, on avait mal posé
la question au comité ; on lui avait demandé si le
colonel pouvait être maintenu dans la reserve:
il repond « non » sans doute, puisqu’il n y avait
jamais été affecté, mais on aurait dû lui poser la
seule question possible : « Peut il être asecte.”
la réserve ? » Et le comité du contentieux con
sulté répond affirmativement. , , ,. .
Je n’avais donc plus qa une chose, à faire • me
conformer à cet avis ; c’est ce que 3 ai nui i
Je n’ai demandé conseil a personne, lie que
Pétais par un engagement et par des faits dont
personne nevouvalt me délier. U jour lointain
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