Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-01-30
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 janvier 1913 30 janvier 1913
Description : 1913/01/30 (A33,N14523). 1913/01/30 (A33,N14523).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526378722
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
33“ Année
N° 11,523
(8 Pages)
S Centimes
EDTTION DU MATIN — 5 Centimes
(53 Pages)
Jeudi 50 Janvier 493
Administrateur • Délégué
O. RANDOLET
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Petit
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de Posta de ^runoe
J Dernière Heure i
PARIS, TROIS HEURES MATIN
DEPECHES COMMERCIALES
LONDRES, 29 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
—*
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
। calme
£68 15/-
£ 69 -/-
2/6
-/-
Comptant ..
3 mois.....
ETAIN
Comptant .
£ 232 -/-
100/—
3 mois
£ 225 10/-
30/—
-/-
FER
Comptant..
! calme
£ 65/4 %
1% d
3 mois....
£ 66/4 S
4 % d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 28 janvier 1043.
u GUERRE D’ORIENT
LA NOTE DE RUPTURE
Voici le texte intégral français de la note
remise aujourd’hui à la délégation otto
mane :
Les plénipotentiaires des Etats alliés,
ayant depuis la suspension des travaux de
la conférence attendu en vain pendant
trois semaines une réponse des plénipo
tentiaires ottomans à leurs dernières de-
mandes et les événements survenus à
Constantinople leur paraissant écarter
tout espor d’arriver à la conclusion de la
paix, se voient, à leur grand regret, obli
gés de déclarer que les négociations en
tamées à Londres le 16 décembre dernier,
sont rompues.
La réponse de la Turquie
CONSTANTINOPLE. 29 janvier. —- Saïd Bey,
sous-secrétaire d’Etat aux affaires étrangè
res, remettra demain la réponse de la Tur
quie à l’ambassadeur d’Autriche, doyen du
corps diplomatique.
La dénonciation de l’armistice
Sofia. — En vertu d’une décision du con
seil des ministres, le quartier général de
l’armée a été invité à dénoncer demain l’ar
mistice.
Les Négociations Bulgarc-Roumaines
Londres, 29 janvier. — MM. Danef et Mishu
ont rédigé aujourd’hui, au cours de leur
réunion, un protocole contenant les opi
nions des deux parties au sujet des deman
des de la Roumanie.
Ce protocole sera remis aux deux gouver
nements qui, assure-t-on, continueront les
négociations sur cette base à Sofia et à Buca
rest.
Par le protocole Danef et Mishu, la Bulga
rie et la Roumanie énoncent pour la pre
mière fois par écrit ce que celle-ci demande
et ce que celle-là est disposée à accorder.
La Roumanie demande une ligne partant
de Turtukai (Kutrukan), point situe sur le
Danube à une vingtaine de milles de Si-
listrie et aboutissant à Baltchik, sur la Mer
Noire, à une vingtaine de milles de Varia.
. La Roumanie demande aussi des garanties
(d’autonomie pour les églises et les écoles
kutzo-valaques dans le territoire qui appar
tiendra à la Bulgarie.
Les intentions du gouvernement jeune-turc
Constantinople. — On assure que le gou
vernement ne changera pas les tonctionnai-
res pour des raisons politiques ; il fera in
cessamment des nominations et des promo
tions préparées par le cabinet Kiamal pacha.
Une défaite des Grecs
CONSTANTINOPLE. — Les troupes comman
dées par B« kir Agha ont anéanti, près de
Metrovo, deux bataillons grecs qui ont perdu
six ceuts hommes. 3
Un Ordre du Jour du Généralissime Savof
Sofia. — Le généralissime Savoff a adressé
à l’armée un ordre du jour dans lequel il dit
notamment :
« Préparez-vous à de nouvelles victoires
et avec votre irrésistible « En avant 1 » dé
montrez à l’ennemi et au Monde entier que
la Patrie bulgare mérite plus d’égards 1 »
LES AFFAIRES DU MAROC
Les obsèques du commandant Holbeck
Tanger, 29 janvier.
Les dépouilles du commandant Holbeck et
de trois tirailleurs algériens tués à l’ennemi
le 25 janvier, au cours de la prise de la kas-
bah d’Anflous, sont arrivés à Mogador le 27.
Les obsèques du commandant eurent lieu
le même jour. Des discours chaleureux fu
rent prononcés par le lieutenant-colonel Go-
chot, M. Lebé, consul de France, et le doyen
de la colonie française, au milieu d’une
nombreuse et sympathique assistance.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
La Commission de réforme électorale du
Sénat a continué la discussion du rapport de
M. Jeanneney sur le projet de loi arrêté par
la Commission et tendant à établir le scrutin
de liste par département ou fraction de dé
partement, avec mandat de six ans, et re
nouvellement de la Chambre par moitié, le
second tour du scrutin ayant lieu huit jours
après le premier.
Dans sa prochaine séance, la Commission
discutera les amendements présentés.
s
* «
Le bureau de la Ligne d’Union républi
caine pour la réforme électorale s’est reuni
hier à 5 heures du soir.
Il a reconnu que s’imposait plus que ja-
mais la nécessité de dégager l’action politi
que d’une question qui divise les républi-
cains.
NEW-YORK, 29 JANVIER
Cotons » janvier, baisse 4 points ; mars,
hausse 3 points ; mai, hausse 3 points ;
juillet, hausse 1 point.
Calés : hausse 18 à 12 points.
NEW-YORK, 29 JANVIER
Cuivre Standard disp.
— mars
A malgamat. Cop...
Fer
CHICAGO, 29
C. )U 100s
15 25
15 50
72 1/4
18 25
JANVIE
C. npCIT
15 50
15 63
72 5/8
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Blé sur
Mai
C. DU JOUR
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C. PRECED
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Juillet....
Mai
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51 7 8
90 1/4
51 1/4
Maïs sur
Juillet....
Mai
52 3/4
10 27
52 4/8
10 30
Saindoux sur.
—
Juillet...'
10 30
10 32
me mr e nes e esczszs ere sarenarare
En conséquence, il a décidé de se rendre
auprès au président du Conseil pour lui de
mander de hâter au Sénat la discussion de la
réforme électorale.
P 0 «
L’INCIDENT DU PATY DE CLAM
M. Messimy, ancien ministre de la guerre,
a fourni au groupe radical-socialiste de la
Chambre quelques explications sur son rôle
dans la réintégration du colonel du Paty de
Clam.
M. Messimy s’est attaché à établir que
malgré les documents officiels émanant de
son cabinet, il n’avait pas pris d’engagement
formel de réintégrer cet officier et il s’est
déclaré prêt à intervenir dans le débat qui
aura lieu à ce propos vendredi, débat soulevé
par la question Violette qui sera sans aucun
doute transformé en interpellation pour per
mettre à MM. Millerand et Messimy de s’ex
pliquer à la tribune.
AU GROUPE RADICAL-SOCIALISTE
DE LA CHAMBRE
Le groupe radical-socialiste a chargé son
bureau de préparer un projet de réglement
intérieur aux termes duquel tous les adhé
rents du groupe devraient se conformer aux
décisions du groupe et voter conformément
quand une question de principe serait posée.
Ceux qui ne se conformeraient pas à cette
discipline seraient exclus du groupe.
LES PROMOTIONS DANS
LA I.EGION-D’HONNEUR
Les promotions dans la Légion-d’Honneur
du ministère de l’intérieur ne sont pas en
core revenues de la Grande Chancellerie ;
elles ne seront communiquées qu’aujour-
d’hui jeudi.
DRAME DE LA JALOUSIE
Epernay. — Au cours de la dernière nuit,
à Verdun, la femme Pierrot a tiré deux coups
de fusil sur son mari qui dormait aux côtes
de sa fillette, âgée de 7 ans.
La mort a été instantanée.
Ce crime est attribué à la jalousie.
----- —
DISPARITION D’UNE CAISSE D’OR
Madrid. — On mande de Vigo à la Espana-
Nueva, qu’au cours de la traversée d’Améri
que à Vigo, une caisse contenant cent mille
marks d’or provenant de Rio de-Janeiro pour
Berlin et qui était enfermée dans un coffre-
fort à bord du paquebot allemand Cap-Blanc,
a disparu.
Les recherches effectuées sont restées
infructueuses.
UN ABORDAGE
CEUTA. — Le steamer espagnol Comte-Wil-
fredo a abordé un navire français dont le
nom est inconnu.
Le bâtiment menace de couler.
BULLETIN MILITAIRE
Les Prochaines
Grandes Manœuvres
De la France Militaire :
L’état-major général envisage comme ter
rain principal des manœuvres en 1913, la
région du Lot-et-Garonne, et la zone affectée
aux opérations de guerre proprement dite
sera incluse vraisemblablement dans le qua
drilatère : Marmande, Bergerac, Gahors,
Montauban.
Le programme et les dates des manœu
vres d’armee seront fixés d’après la recon
naissance qni va être faite du terrain et
après une étude des cuftures de la région.
Le Tirage au sort
Pendant son passage au ministère de la
guerre, M. Millerand avait mis à l’étude un
projet rétablissant le tirage au sort supprimé
par la loi de deux ans.
Dans l’esprit du ministre, le tirage au sort
devait servir de base pour la répartition du
contingent entre les différents régiments,qui
s’effectue actuellement en suivant l’ordre al
phabétique. Cette dernière façon de procé
der a soulevé à diverses reprises des pro
testations et présente des inconvénients que
le tirage, basé uniquement surle sort, ferait,
dit-on, disparaître.
Le projet de rétablissement du tirage au
sort ne sera pas appliqué cette année.
Les instructions qui viennent d’être en
voyées aux préfets pour les conseils de ré
vision n’ont apporte aucune modification à
l’état de choses actuel. Cette année encore,
le classement des conscrits s’effectuera en
suivant un ordre alphabétique déterminé par
le tirage au sort d’une lettre initiale.
RAYMOND POINCARE
La veille du Cengrès, dans le Palais de
Justice de Paris, d’un bout à l’autre de la
grande salle des Pas-Perdus et tout le long
4 des galeries, régnait une extraordinaire
animation. Des groupes agités se formaient.
Et devant les bancs où s’asseoient volon
tiers nos anciens, les plus jeunes écou
taient, opinant de la toque. Ils affirmaient,
les anciens, que les destinées du pays ne
sauraient être confiées a des mains plus di
gnes ni plus fermes qu’à celles du Confrère
illustre. Ils retraçaient sa carrière. Depuis
trente-deux ans qu’il appartenait au bar
reau, sa franchise, sa cordialité, l’élévation,
de son talent lui avaient conquis plus que
l’estime unanime, une amitié joyeuse de se
manifester.
On rappelait les grandes affaires où il
avait plaidé. L’avocat, que des circonstan
ces heureuses avaient fait ministre si jeune,
ne s’était jamais absorbé dans la politique
au point de délaisser les audiences. Du
temps qu’il était député, et lorsque ensuite
il était entré au Sénat, presque chaque jour
il avait voulu revêtir la robe, donnant ainsi
l’exemple de l’attachement à sa profession
et du respect de ses exigences.
On allait perdre un excellent bâtonnier
de demain. Mais, n’était-ce point une gloire
pour l’Ordre tout entier, que de voir porter
à la plus haute magistrature de l’Etat un
membre de son Conseil de discipline ?
Des confrères, membres du Parlement,
venaient-ils à passer, ils étaient aussitôt as
saillis de questions. Quel résultat donnerait
la seconde réunion plénière des gauches ?
Etait-il possible que Poincaré n’arrivât pas
en tête ? Ne fallait-il pas exaucer le vœu du
pays ? Que ferait la droite ? Comme la gau
che, sans doute, elle s’inspirerait de la vo
lonté nationale...
Et, de fait, si au Palais de Justice de
Paris la candidature Poincaré était indis
cutée, l’opinion de la rue et celle de la
province lui sonhaitaient le même triom
phe.
Quelques esprits pensaient judicieuse
ment que ces mouvements d’opinion ne
sont pas sans danger, et que l’idée plébis
citaire y puise son meilleur argument. L’en
train tout particulier que la . presse réac
tionnaire mettait à favoriser l’enthousiasme
se révélait à cet égard très significatif. On
comprenait l’ardeur de cette presse à com
battre le candidat que soutenaient M. Com
bes et M. Clemenceau. Mais, au lieu de
déplorer comme à son ordinaire le malheur.
des temps et de professer le découragement
pourquoi exaltait-elle les mérites du con
current ? Tout simplement parce qu’elle
trouvait favorable de marquer le point de
contact entre le peuple et son favori, et de
reléguer au second plan l’intervention par
lementaire. Nous retrouvons là une tacti
que déjà suivie en de certaines circonstan
ces ! L’espoir d’un soulèvement contre les
Chambres est toujours vicace, et la pro
clamation que le vote des sénateurs et des
députés doit être une simple formalité ré
pond le mieux du monde aux aspirations
de souveraineté.
Au fond, les réactionnaires ne se font pas
d’illusion. Ils connaissent l’homme, et le
sentiment qu’ils ont de son caractère éloi
gne de leur part tout espoir de satisfaction.
Ils l’ont, à chacune de ses luttes électora
les, dans sa circonscription d’abord, dans
son département ensuite, combattu avec la
dernière violence. Ils se souviennent, au
surplus, d’un mot qui ne saurait leur plai
re.Il y a quelques mois, au sortir d’une
Commission, un collègue fort anti-radical
s’était approché de M. Poincaré :
— En somme, lui avait-il dit, nous pou
vons assez bien nous entendre. Qu’est-ce
qui nous sépare ?
Et M. Poincaré de répondre :
— Toute la question religieuse.
On citait cette riposte dans les couloirs
du Sénat comme à Versailles. Nombre de*
parlementaires appartenants tous les grou
pes de gauche faisaient observer que les
tendances laïques du président du Conseil
ne pouvaient pas plus être mises en doute
que celles de M. Pams, de M. Antonin Du-
bost, de M. Deschanel ou de M. Ribot. Il
ne restait donc à peser, au point de vue ré
publicain. que la question de personne, et
au point de vue extérieur, que celle de l’au
torité morale.
Or, si M. Poincaré a coutume d’aller droit
sa route, se préoccupant peu des obstacles,
préférant fondre à l’occasion sur les adver
saires que de tourner leurs approches, cette
crânerie, disait-on, était d’allure trop fran
çaise pour qu’on lui en fît un grief. Les
anti-proportionnalistes de la Chambre
avaient un jour succombé ! Le combat, que
certes on eût pu retarder, n’en demeurait
pas moins inévitable. Dès lors, n’y avait-il
pas quelque injustice à incriminer le vain
queur ? M. Fallières ne lui avait-il pas con
fié le bâton de commandement en pleine
connaissance de cause ?
D’autre part, M. Poincaré jouissait au
près de toutes les chancelleries européen
nes de la plus haute considération. S’il
n’était pas douteux que ses concurrents
pussent acquérir assez vite le même pres
tige, à cet égard il n’y avait nulle raison de
leur accorder plus de crédit.
Le nouveau président de la République
entrera dans trois semaines à l’Elysée avec
la fierté de ses convictions et la résolution
de remplir loyalement son mandat. Ce n'est
assurément pas cet homme qui portera la
moindre atteinte à l’indépendance des
Chambres.
Quelles que puissent être ses préférences
personnelles quant à l’orientation de la po
litique, il s’inspirera uniquement des voeux
de la majorité des élus, lorsqu’il choisira
ses successeurs à la présidence du Conseil.
Il répugnerait à toute autre considération,
et il estimera suffisant le pouvoir qui lui
appartiendra de choisir dans cette majorité
les hommes les plus capables à ses yeux de
, diriger les affaires.
Le président de la République exerce
d’ailleurs de la façon la plus personnelle
cette prérogative considérable. Plus libre
que le roi d’Angleterre qui, lorsqu’un cabi
net vient à tomber, s’en remet traditionnel
lement au leader de l’opposition du soin
d’en former un nouveau, il donne sa con-
fiance à qui bon lui semble. Il ne trahirait
l’esprit de la Constitution que s’il choisis
sait le premier ministre dans les rangs de
la minorité. Une crise aiguë s’ouvrirait
alors, et le président, acculé à une dissolu
tion de la Chambre, devrait solliciter l’avis
conforme du Sénat.
Ç d’ont donc à redouter les républicains
qui ont refusé leurs suffrages à M. Poin
caré ?
La précéden’e élection présidentielle
avait eu lieu en 1906. Lorsque M. Combes
avait déposé son bulletin dans l’urne, une
immense ovation avait salué son passage à
la tribune, et la majorité étroitement unie
avait désigné M. Fallières.
Issu de cette majorité si compacte, M.
Fallières prit successivement pour prési
dents du Conseil MM. Rouvier, Sarrien,
Clémenceau, Briand, Monis, Caillaux et
Poincaré. Ces noms accusent par eux-
mêmes la fluctuation de l’opinion parlemen
taire, non pas déterminée par le chef de
l’Etat, mais par lui constatée.
Les houles de la politique, ces houles
qui agitent les grandes assemblées délibé
rantes selon la diversité des impressions ou
des passions, et qui trompent perpétuelle
ment les calculs des meilleurs pilotes, peut-
oh imaginer qu’elles s’apaisent jamais ?
M. Poincaré sera forcément attentif à tous
les mouvements, à toutes les évolutions.
Il appartient aux groupes de se diriger
eux-mêmes. La conception démocratique
exige de leur part une véritable cohésion,
un sens très clair de l’action qu’ils entre
prennent, et une mutualité d’efforts dans
la poursuite de l’idéal commun. Ils ne doi
vent rien attendre du chef de l’Etat qu’un
loyalisme indéfectible.
Le loyalisme de M. Poincaré sera certai
nement égal à la haute probité de sa cons
cience.
Elu entre des rivaux qui, tous, possé
daient la même notion du devoir et dont les
services rendus à la République récla
maient à des titres divers la sympathie et
la reconnaissance publiques, il tiendra à
se montrer digne de la confiance témoi
gnée. La France et la République atten
dent de lui la sécurité, l’honneur et
la
paix.
Georges BUREAU,
député.
(La Semaine politique et littéraire
de Paris).
La ta d'Orient
La rupture des négociations de paix, in
terrompues depuis trois semaines, a été dé
cidée par les plénipotentiaires alliés, si la
Turquie ne donnait pas à la note des puis
sances une réponse de nature à permettre
de conclure la paix. Cette réponse, s’il faut
en croire une dépêche de Constantinople
au Berliner Tageblatt, aurait été communi
quée dans ses grandes lignes à l’ambassa
deur d’Allemagne, le baron de Wangen-
heim. Le gouvernement ottoman y propo
serait la constitution d’un régime autono
me et neutre à Andrinople.
Cette concession ne satisferait pas les
alliés et la rupture a donc été officiellement
notifiée hier. Toutefois, il n’en faut pas
nécessairement conclure que la reprise des
hostilités s’ensuivra à bref délai, bien que
théoriquement elle paraisse inévitable. La
Turquie ne dira vraisemblablement pas
dans cette réponse son dernier mot, et les
alliés, dont les plénipotentiaires ne quitte
ront pas tous Londres, y laisseront une dé
légation permanente pour garder le contact
avec les ambassadeurs et recevoir éven
tuellement d’autres ouvertures de paix.
Il y a lieu aussi de tenir compte de la
possibilité d’un nouveau revirement à
Constantinople.
Nous avons annoncé hier que des bagar
res sanglantes se sont produites dans l’ar
mée de Tchataldja, entre les partisans de
Nazim pacha, le ministre de la guerre, qui
tomba victime du coup d’Etat, et les parti
sans des jeunes-turcs. L’agence officielle
austro-hongroise publie également l’infor
mation que cette armée est divisée en deux
camps, et un organe officieux viennois, le
Neues Wiener Tagblatt, croit même à la pos
sibilité d’une marche des troupes mutinées
sur Constantinople.
Quelle que soit, du reste, l’importance
réelle de ces conflits, dit le Temps, ils dé
montrent que l’anarchie a gagné jusqu’à
l’armée qui garde la dernière ligne de dé
fense de l’empire ottoman devant Constan
tinople.
Le nouveau gouvernement ne peut se
dissimuler les catastrophes auxquelles une
reprise des hostilités dans ces conditions
l’exposerait en Europe et en Asie.
Les jeunes-turcs, qui ne bornent certai
nement pas leur ambition à retenir le pou
voir conquis par un coup de force, mais ont
cru pouvoir sauver Andrinople, ne tarde
ront peut-être pas à se convaincre que les
douloureux sacrifices auxquels s’étaient ré
signés le Cabinet Kiamil pacha et l’assem
blée des notables sont le seul moyen de pré
server leur pays d’un désastre encore plus
grand, sinon de la ruine complète.
Les opérations financières qui ont mis
quelque argent dans les caisses vides des
nouveaux gouvernants de la Turquie sont
des expédients de fortune sur lesquels on
est encore insuffisamment fixé. Toutefois le
gouvernement allemand et les grands éta
blissements qui collaborent à sa politique
orientale déclarent n’avoir ni conclu ni en
tamé avec la Porte aucune affaire financiè
re, et ne vouloir lui fournir aucune avance.
Quoi qu’il en soit, les ieunes-turcs ont
trouvé quelques millions, et les rapports
étroits qu’ils entretiennent avec l’ambas
sade d’Allemagne, les éloges et les encoura
gements que ne leur ménage pas le journal
allemand de Constantinople, VOsmanischer
- Lloyd ont naturellement accrédité l’opinion
qu’ils ne pouvaient avoir trouvé de con
cours qu’auprès de ceux avec lesquels ils
font ostensiblement commerce d’amitié.
L’emprunt roumain, par contre, a été
ouvertement et officiellement conclu en
Allemagne. Mais si la Roumanie a cru de
voir se procurer un supplément de ressour
ces au moment où elle fait valoir ses reven
dications contre la Bulgarie, il semble
néanmoins qu’on puisse prévoir une con
clusion pacifique du différend entre les
deux royaumes voisins. Le roi Charles
s’opposerait à une mobilisation, et le minis
tre de Bulgarie à Bucarest a déclaré dans
un journal roumain, VAdeverul, qu’un ré
sultat satisfaisant ne tarderait pas à clore
les négociations. Le correspondant du Daily
Télégraphe Vienne croit même que la Bul
garie déférerait aux désirs de la Roumanie
sous la condition d’un concours armé de
celle-ci en cas de reprise des hostilités.
Toutes ces indications diverses ne contri
buent malheureusement pas à éclaircir une
situation troublée où tous les problèmes
qui inquiètent l’Europe continuent à rester
sans solution.
Remise de la Note de Rupture
Londres, 29 janvier.
Le chargé d’affaires de Serbie est arrivé
à l’hôtel des délégués turcs à 3 heures
précises. Il a été reçu par un des secrétai
res de la mi sion ottomane et conduit aux
appartements de Rechid pacha.
Le chargé d’affaires de Serbie a alors
remis forme lement la note des alliés et a
quitté l’hôtel immédiatement après.
Le chargé d’affaires s’est ensuite rendu
au Foreign Office pour remettre une copie
de la note à sir Edward Grey. — (Havas).
Un Emprunt Roumain en Allemagne
Un emprunt de 150 millions sur des bons
du Trésor remboursables en trois ans à
4 1/2 0/0, au cours de 97, a été conclu par le
gouvernement roumain avec la Disconto Ge-
sellschaft et la banque Bleichrœder de Ber
lin.
Une part de l’emprunt, la plus petite,
a été prise ferme ; l’autre sera prise à option.
Un certain nombre de journaux allemands
croient devoir déclarer que cet emprunt est
destiné aux travaux du port de Gonstantza et
à la construction d’un chemin de fer.
Il resterait à savoir jusqu’à quel point cette
action des banques berlinoises est en accord
avec la politique impériale qui, ces.dernières
semaines, ne ménagea point, paraît-il, à
Bucarest les avis de prudence.
La Morgen Post, libérale, écrit à ce sujet :
On ne saurait méconnaître que la conclusion de
cet emprunt dans le moment actuel est un acte
politique qui prouve l’intimité de la Roumanie
et de la Triple Alliance et lui permet de faire
olus aisément face aux nécessités financières
d’une guerre.
Une des raisons qui rendent fort difficile depuis
quelque temps l’appréciation de la politique alle
mande est la diversité d’influences qui semble
tour à tour ou même simultanément agir sur sa
direction. Dans ces derniers jours, l’abondance
«les dépêches parvenues de Constantinople, l’in
sistance avec laquelle elles soulignent l’excel
lence des relations de l’ambassadeur d’Allemagne
avec le gouvernement jeune-turc permettaient de
craindre que le baron de Wangenheim n’aspirât à
reprendre le rôle de son éminent prédécesseur.
Rien ne contribuerait plus à obscurcir, dans une
heure aussi grave, les directions politiques alle
mandes, qu’un retour à cette décentralisation par
tielle qui marqua les dernières années du séjour
du baron de Marschall à Constantinople.
Cette divergence de tendances se reflète
dans la presse où, tandis que les journaux
radicaux recommandent une politique éner
giquement turcophile, les gazettes conserva
trices conseillent au gouvernement une atti
tude de sage réseive.
M. Schiemann écrit dans la Gazette de la
Croix :
La Turquie fait en ce moment-ci des fautes po-
li-iques et ethniques qui ne peuvent être effacées
que par une de ces luttes glorieuses où un peuple
accepte de mettre en jeu son existence même.
La décision d’Enver bey nous paraît être une
action réparatrice, non point parce que nous
cioyons qu’elle pourra garder à la Turquie ses
possessions européennes, mais parce qu elle est
le seul moyen de la sauver du déshonneur. Les
grandes puissances doivent assister avec impar
tialité à ce combat entre les Turcs et les alliés
balkaniques. Uue intervention pourrait avoir pour
conséquence des complications singulièrement
dangereuses. . .
Si les alliés réussissent à planter sur Sainte-
Sophie la croix orthodoxe, on ne voit aucune rai
son morale qui justifierait une intervention des
puissances. ,
L’idee de Constantinople ville libre — celte
idee que Napoléon défendit déjà dans ses conver-
salions avec Alexandre — n’est en contradiction
avec l’idee de personne.
Il en est de même de la neutralité des Détroits
dès qu’ils ne seront plus entre les mains de la
Turquie. Nous ne croyons pas à la possibilité
d’une solution qui fermerait les Dardanelles à tou
tes les flottes de guerre sauf a la flotte russe.
De tels articles permettent de comprendre
combien il serait faux de croire que dans les
milieux politiques allemands on partage les
sentiments turcophiles d’une partie de la
presse berlinoise.
Les Départs de Navires pour l’Orient
Les croiseurs autrichiens Impératrice-Marie-
Thérèse et Impératrice-Elisabeth sont désignés
pour aller à Constantinople dans le cas où il
faudrait assurer la sécurité des Européens ;
mais les ordres de départ ne sont pas encore
venus.
Seion une dépêche de Kiel à la Gazette de
Cologne, le croiseur Gœben, ancré devant
Constantinople, est en continuelles relations
radiotélégraphiques avec le petit croiseur
Breslau, mouillé devant Alexandrette, et le
petit croiseur Geier, stationné sur les côtes
de Syrie.
Déclarations de Mahmoud Chevket
Le nouveau grand-vizir a reçu le correspondant
du Daily Telegraph et lui a expose les vues du
gouvernement. . -,
Son interlocuteur lui ayant demandé s’il fallait
s’attendre à la paix ou à la guerre, Mahmoud
Chevket a déclaré :
Il faut s’attendre à la paix, à condition que
l’Europe la rende possible. Pour nous, nous
ne désirons pas tirer l’épée, nous ne le fe
rons que si nous nous trouvons dans 1 alter
native de choisir entre la guerre et la répro
bation non seulement de l’opinion turque
mais de l’opinion musulmane, dans le
monde entier.
La coopération étrangère nous est précien.
se et indispensable, a dit ensuite le grand-
vizir, pour la réalisation des réformes et
administration du pays. Nous prendrons
des conseillers étrangers pour tous les mi-
nistères, nous diviserons l’empire en zo
nes administratives, dont chacune aura un
inspecteur étranger. Une loi sera adoptée,
autorisant les opérations des banques agrai
res.
La longueur et la stérilité des débats par
lementaires n’ont pas permis jusqu’à pré
sent de proclamer les lois nécessaires et ont
gêné la conclusion des affaires les plus im
portantes. Sans attendre la convocation du
Parlement, nous promulguerons, sous for
me d’irados impériaux, des lois provisoires,
dont je prendrai l’entière responsabilité, au
torisant la création de banques, déclarant la
liberté de contrat et la faculté de fonder des
sociétés anonymes par actions.
Sans nous arrêter à des formalités inutiles,
nous conclurons les contrats nécessaires
pour la construction de chemins de fer et
l’exécution des travaux publics.
Enfin, nous étudierons dans l'esprit le
plus large, les moyens de restaurer le cré
dit public ottoman qui a été si sérieusement
atteint par les calamités qui nous ont
frappés.
La réponse de la Porte serait négative
Constantinople, 29 janvier
La remise de la réponse de la Porte à la
note des puissances est attendue pour au
jourd’hui ou pour demain. Quoique fort
courtoise, la réponse sera nettement néga
tive. Elle remercie les puissances de leur in
tervention et de leurs efforts pour amener
la paix, mais elle exprime ses regrets de ne
pouvoir accéder à leurs désirs, et déclare en
rester aux concessions déjà faites par les dé
légués ottomans à Londres.
Une partie de l'armée de Tchataldja
marcherait sur Constantinopl.
Londres, 29 janvier.
Les nouvelles de Constantinople venues
par Vienne annoncent que le mouvement
contre-révolutionnaire aurait pour chef la
général Achmess Abuk pacha. Celui-ci, à la
tête du 4e corps d’armée de Tchataldja, mar
cherait sur Constantinople.
On fait remarquer ici que cette nouvelle
n’a rien d’invraisemblable car Achmess Abuk
pacha est un Circassien comme Nazim pacha.
Ses sentiments d’amitié pour le généralissi
me assassiné autant que son hostilité à la
propagande jeune-turque dans l’armée ont
parfaitement pu l’amener à prendre cette
détermination.
Devant Janina
Athènes, 29 janvier.
Hier, durant tonte la journée, un due,
d'artillerie a eu lieu devant Bisani. Les Grecs
ont essayé pour la première fois les canons
de siège pris sur les Turcs à Prevesa. Leur
tir aurait détruit quelques canons ennemis
et un dépôt de munitions.
On remarque toujours des mouvements de
troupes turques quittant Bisani pour Janina,
On suppose que les Turcs organisent une
dernière défense en arrière de Bisani.
Une Note Officieuse Autrichienns
Vienne, 20 janvie.
Le Fremdenblatt constate que, quelles que
puissent être les divergences qui se mani
festent dans les spéculations et les opinions
de la presse européenne au sujet de la dé
cision que va prendre le Conseil des minis
tres de Turquie, il y a cependant entre la
Triple-Alliance et la Triple-Entente une en
tière unité de vues sur le point suivant : le
nouveau ministère turc, s’il n’accède pas au
vœu exprimé dans la note collective des
puissances, ne saurait compter en aucune
façon sur l’appui de celles-ci.
La Triple-Entente et la Triple-Alliance ajoute le
journal officieux, sont absolument d’accord sur m
point, et ce fait mérite d’autant plus d’être releve
qu'à l’occasion du coup de force de Constantino
ple, de nouvelles tentatives ont été faites pour
représenter faussement a l'opinion publique eu
ropéenne qué l’Autriche-Hongrie aurait prêté I&
main en secret au bouleversement opéré actuel-
lement en Turquie, et par là à l’opposition des
Ottomans à l’acceptation des conditions de la
paix.
De plus une entente parfaite existe entre les
gouvernements pour se garder de toute action
isolée dans le cas inattendu d’une réponse né
gative de la Turquie à la note collective des
puissances.
Les Finances Ottomanes
Vienne, 29 janvier.
On télégraphie de Constantinople à l’Agen
ce télégraphique impériale viennoise que la
Porte a reçu d’un groupe de financiers la
promesse ferme qu’il prendrait pour un
million de livres turques de bons du Trésor
ottoman.
La Question d’Anatolie
Berlin, 29 janvier.
Des télégrammes de Constantinople rappor
tent que l’ambassadeur d’Allemagne en cette
ville aurait déclaré, au cours du toast qu’il
porta le jour de la fête anniversaire de l’em
pereur :
Personne, ni aujourd’hui ni dans l’avenir, ne
pourra toucher à l’Anatolie. Nous y possédons des
intérêts vitaux.
Suivant une autre dépêche, le baron Wan-
genheim aurait dit :
Si la Turquie cherche à consolider son avenir
en Asie-Mineure, l’Asie-Mineure deviendra un noli
me tangere de la politique allemande.
Cette déclaration, ajoute en matière de commen
taire le Journal de Berlin à midi, semble dépasser
l’affirmation donnée hier à ce sujet par le gouver
nement au Reichstag ; le gouvernement a déclaré
qu'il avait des raisons d’admettre qu’il n’existait
point, dans la question d’Asie-Mineure, d’accord
entre la Russie, la France et l’Angleterre. L’Alle-
magne a le plus grand intérêt à ce qu’un accord
entre ces puissances ne se fasse point, ou à ce
qu’elle n’y participe point.
La tâche de la diplomatie allemande, au lende
main de la remise de la réponse de la Turquie,
sera de renoncer à une politique de bascule et de
veiller à trouver son compte dans cette affaire.
Nous devons nous représenter clairement ce Iu-
nous voulons.
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PARIS, TROIS HEURES MATIN
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LONDRES, 29 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
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TON
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Comptant..
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1% d
3 mois....
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4 % d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 28 janvier 1043.
u GUERRE D’ORIENT
LA NOTE DE RUPTURE
Voici le texte intégral français de la note
remise aujourd’hui à la délégation otto
mane :
Les plénipotentiaires des Etats alliés,
ayant depuis la suspension des travaux de
la conférence attendu en vain pendant
trois semaines une réponse des plénipo
tentiaires ottomans à leurs dernières de-
mandes et les événements survenus à
Constantinople leur paraissant écarter
tout espor d’arriver à la conclusion de la
paix, se voient, à leur grand regret, obli
gés de déclarer que les négociations en
tamées à Londres le 16 décembre dernier,
sont rompues.
La réponse de la Turquie
CONSTANTINOPLE. 29 janvier. —- Saïd Bey,
sous-secrétaire d’Etat aux affaires étrangè
res, remettra demain la réponse de la Tur
quie à l’ambassadeur d’Autriche, doyen du
corps diplomatique.
La dénonciation de l’armistice
Sofia. — En vertu d’une décision du con
seil des ministres, le quartier général de
l’armée a été invité à dénoncer demain l’ar
mistice.
Les Négociations Bulgarc-Roumaines
Londres, 29 janvier. — MM. Danef et Mishu
ont rédigé aujourd’hui, au cours de leur
réunion, un protocole contenant les opi
nions des deux parties au sujet des deman
des de la Roumanie.
Ce protocole sera remis aux deux gouver
nements qui, assure-t-on, continueront les
négociations sur cette base à Sofia et à Buca
rest.
Par le protocole Danef et Mishu, la Bulga
rie et la Roumanie énoncent pour la pre
mière fois par écrit ce que celle-ci demande
et ce que celle-là est disposée à accorder.
La Roumanie demande une ligne partant
de Turtukai (Kutrukan), point situe sur le
Danube à une vingtaine de milles de Si-
listrie et aboutissant à Baltchik, sur la Mer
Noire, à une vingtaine de milles de Varia.
. La Roumanie demande aussi des garanties
(d’autonomie pour les églises et les écoles
kutzo-valaques dans le territoire qui appar
tiendra à la Bulgarie.
Les intentions du gouvernement jeune-turc
Constantinople. — On assure que le gou
vernement ne changera pas les tonctionnai-
res pour des raisons politiques ; il fera in
cessamment des nominations et des promo
tions préparées par le cabinet Kiamal pacha.
Une défaite des Grecs
CONSTANTINOPLE. — Les troupes comman
dées par B« kir Agha ont anéanti, près de
Metrovo, deux bataillons grecs qui ont perdu
six ceuts hommes. 3
Un Ordre du Jour du Généralissime Savof
Sofia. — Le généralissime Savoff a adressé
à l’armée un ordre du jour dans lequel il dit
notamment :
« Préparez-vous à de nouvelles victoires
et avec votre irrésistible « En avant 1 » dé
montrez à l’ennemi et au Monde entier que
la Patrie bulgare mérite plus d’égards 1 »
LES AFFAIRES DU MAROC
Les obsèques du commandant Holbeck
Tanger, 29 janvier.
Les dépouilles du commandant Holbeck et
de trois tirailleurs algériens tués à l’ennemi
le 25 janvier, au cours de la prise de la kas-
bah d’Anflous, sont arrivés à Mogador le 27.
Les obsèques du commandant eurent lieu
le même jour. Des discours chaleureux fu
rent prononcés par le lieutenant-colonel Go-
chot, M. Lebé, consul de France, et le doyen
de la colonie française, au milieu d’une
nombreuse et sympathique assistance.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
La Commission de réforme électorale du
Sénat a continué la discussion du rapport de
M. Jeanneney sur le projet de loi arrêté par
la Commission et tendant à établir le scrutin
de liste par département ou fraction de dé
partement, avec mandat de six ans, et re
nouvellement de la Chambre par moitié, le
second tour du scrutin ayant lieu huit jours
après le premier.
Dans sa prochaine séance, la Commission
discutera les amendements présentés.
s
* «
Le bureau de la Ligne d’Union républi
caine pour la réforme électorale s’est reuni
hier à 5 heures du soir.
Il a reconnu que s’imposait plus que ja-
mais la nécessité de dégager l’action politi
que d’une question qui divise les républi-
cains.
NEW-YORK, 29 JANVIER
Cotons » janvier, baisse 4 points ; mars,
hausse 3 points ; mai, hausse 3 points ;
juillet, hausse 1 point.
Calés : hausse 18 à 12 points.
NEW-YORK, 29 JANVIER
Cuivre Standard disp.
— mars
A malgamat. Cop...
Fer
CHICAGO, 29
C. )U 100s
15 25
15 50
72 1/4
18 25
JANVIE
C. npCIT
15 50
15 63
72 5/8
18 25
:R
Blé sur
Mai
C. DU JOUR
93 »/»
C. PRECED
92 5 8
Juillet....
Mai
90 5 8
51 7 8
90 1/4
51 1/4
Maïs sur
Juillet....
Mai
52 3/4
10 27
52 4/8
10 30
Saindoux sur.
—
Juillet...'
10 30
10 32
me mr e nes e esczszs ere sarenarare
En conséquence, il a décidé de se rendre
auprès au président du Conseil pour lui de
mander de hâter au Sénat la discussion de la
réforme électorale.
P 0 «
L’INCIDENT DU PATY DE CLAM
M. Messimy, ancien ministre de la guerre,
a fourni au groupe radical-socialiste de la
Chambre quelques explications sur son rôle
dans la réintégration du colonel du Paty de
Clam.
M. Messimy s’est attaché à établir que
malgré les documents officiels émanant de
son cabinet, il n’avait pas pris d’engagement
formel de réintégrer cet officier et il s’est
déclaré prêt à intervenir dans le débat qui
aura lieu à ce propos vendredi, débat soulevé
par la question Violette qui sera sans aucun
doute transformé en interpellation pour per
mettre à MM. Millerand et Messimy de s’ex
pliquer à la tribune.
AU GROUPE RADICAL-SOCIALISTE
DE LA CHAMBRE
Le groupe radical-socialiste a chargé son
bureau de préparer un projet de réglement
intérieur aux termes duquel tous les adhé
rents du groupe devraient se conformer aux
décisions du groupe et voter conformément
quand une question de principe serait posée.
Ceux qui ne se conformeraient pas à cette
discipline seraient exclus du groupe.
LES PROMOTIONS DANS
LA I.EGION-D’HONNEUR
Les promotions dans la Légion-d’Honneur
du ministère de l’intérieur ne sont pas en
core revenues de la Grande Chancellerie ;
elles ne seront communiquées qu’aujour-
d’hui jeudi.
DRAME DE LA JALOUSIE
Epernay. — Au cours de la dernière nuit,
à Verdun, la femme Pierrot a tiré deux coups
de fusil sur son mari qui dormait aux côtes
de sa fillette, âgée de 7 ans.
La mort a été instantanée.
Ce crime est attribué à la jalousie.
----- —
DISPARITION D’UNE CAISSE D’OR
Madrid. — On mande de Vigo à la Espana-
Nueva, qu’au cours de la traversée d’Améri
que à Vigo, une caisse contenant cent mille
marks d’or provenant de Rio de-Janeiro pour
Berlin et qui était enfermée dans un coffre-
fort à bord du paquebot allemand Cap-Blanc,
a disparu.
Les recherches effectuées sont restées
infructueuses.
UN ABORDAGE
CEUTA. — Le steamer espagnol Comte-Wil-
fredo a abordé un navire français dont le
nom est inconnu.
Le bâtiment menace de couler.
BULLETIN MILITAIRE
Les Prochaines
Grandes Manœuvres
De la France Militaire :
L’état-major général envisage comme ter
rain principal des manœuvres en 1913, la
région du Lot-et-Garonne, et la zone affectée
aux opérations de guerre proprement dite
sera incluse vraisemblablement dans le qua
drilatère : Marmande, Bergerac, Gahors,
Montauban.
Le programme et les dates des manœu
vres d’armee seront fixés d’après la recon
naissance qni va être faite du terrain et
après une étude des cuftures de la région.
Le Tirage au sort
Pendant son passage au ministère de la
guerre, M. Millerand avait mis à l’étude un
projet rétablissant le tirage au sort supprimé
par la loi de deux ans.
Dans l’esprit du ministre, le tirage au sort
devait servir de base pour la répartition du
contingent entre les différents régiments,qui
s’effectue actuellement en suivant l’ordre al
phabétique. Cette dernière façon de procé
der a soulevé à diverses reprises des pro
testations et présente des inconvénients que
le tirage, basé uniquement surle sort, ferait,
dit-on, disparaître.
Le projet de rétablissement du tirage au
sort ne sera pas appliqué cette année.
Les instructions qui viennent d’être en
voyées aux préfets pour les conseils de ré
vision n’ont apporte aucune modification à
l’état de choses actuel. Cette année encore,
le classement des conscrits s’effectuera en
suivant un ordre alphabétique déterminé par
le tirage au sort d’une lettre initiale.
RAYMOND POINCARE
La veille du Cengrès, dans le Palais de
Justice de Paris, d’un bout à l’autre de la
grande salle des Pas-Perdus et tout le long
4 des galeries, régnait une extraordinaire
animation. Des groupes agités se formaient.
Et devant les bancs où s’asseoient volon
tiers nos anciens, les plus jeunes écou
taient, opinant de la toque. Ils affirmaient,
les anciens, que les destinées du pays ne
sauraient être confiées a des mains plus di
gnes ni plus fermes qu’à celles du Confrère
illustre. Ils retraçaient sa carrière. Depuis
trente-deux ans qu’il appartenait au bar
reau, sa franchise, sa cordialité, l’élévation,
de son talent lui avaient conquis plus que
l’estime unanime, une amitié joyeuse de se
manifester.
On rappelait les grandes affaires où il
avait plaidé. L’avocat, que des circonstan
ces heureuses avaient fait ministre si jeune,
ne s’était jamais absorbé dans la politique
au point de délaisser les audiences. Du
temps qu’il était député, et lorsque ensuite
il était entré au Sénat, presque chaque jour
il avait voulu revêtir la robe, donnant ainsi
l’exemple de l’attachement à sa profession
et du respect de ses exigences.
On allait perdre un excellent bâtonnier
de demain. Mais, n’était-ce point une gloire
pour l’Ordre tout entier, que de voir porter
à la plus haute magistrature de l’Etat un
membre de son Conseil de discipline ?
Des confrères, membres du Parlement,
venaient-ils à passer, ils étaient aussitôt as
saillis de questions. Quel résultat donnerait
la seconde réunion plénière des gauches ?
Etait-il possible que Poincaré n’arrivât pas
en tête ? Ne fallait-il pas exaucer le vœu du
pays ? Que ferait la droite ? Comme la gau
che, sans doute, elle s’inspirerait de la vo
lonté nationale...
Et, de fait, si au Palais de Justice de
Paris la candidature Poincaré était indis
cutée, l’opinion de la rue et celle de la
province lui sonhaitaient le même triom
phe.
Quelques esprits pensaient judicieuse
ment que ces mouvements d’opinion ne
sont pas sans danger, et que l’idée plébis
citaire y puise son meilleur argument. L’en
train tout particulier que la . presse réac
tionnaire mettait à favoriser l’enthousiasme
se révélait à cet égard très significatif. On
comprenait l’ardeur de cette presse à com
battre le candidat que soutenaient M. Com
bes et M. Clemenceau. Mais, au lieu de
déplorer comme à son ordinaire le malheur.
des temps et de professer le découragement
pourquoi exaltait-elle les mérites du con
current ? Tout simplement parce qu’elle
trouvait favorable de marquer le point de
contact entre le peuple et son favori, et de
reléguer au second plan l’intervention par
lementaire. Nous retrouvons là une tacti
que déjà suivie en de certaines circonstan
ces ! L’espoir d’un soulèvement contre les
Chambres est toujours vicace, et la pro
clamation que le vote des sénateurs et des
députés doit être une simple formalité ré
pond le mieux du monde aux aspirations
de souveraineté.
Au fond, les réactionnaires ne se font pas
d’illusion. Ils connaissent l’homme, et le
sentiment qu’ils ont de son caractère éloi
gne de leur part tout espoir de satisfaction.
Ils l’ont, à chacune de ses luttes électora
les, dans sa circonscription d’abord, dans
son département ensuite, combattu avec la
dernière violence. Ils se souviennent, au
surplus, d’un mot qui ne saurait leur plai
re.Il y a quelques mois, au sortir d’une
Commission, un collègue fort anti-radical
s’était approché de M. Poincaré :
— En somme, lui avait-il dit, nous pou
vons assez bien nous entendre. Qu’est-ce
qui nous sépare ?
Et M. Poincaré de répondre :
— Toute la question religieuse.
On citait cette riposte dans les couloirs
du Sénat comme à Versailles. Nombre de*
parlementaires appartenants tous les grou
pes de gauche faisaient observer que les
tendances laïques du président du Conseil
ne pouvaient pas plus être mises en doute
que celles de M. Pams, de M. Antonin Du-
bost, de M. Deschanel ou de M. Ribot. Il
ne restait donc à peser, au point de vue ré
publicain. que la question de personne, et
au point de vue extérieur, que celle de l’au
torité morale.
Or, si M. Poincaré a coutume d’aller droit
sa route, se préoccupant peu des obstacles,
préférant fondre à l’occasion sur les adver
saires que de tourner leurs approches, cette
crânerie, disait-on, était d’allure trop fran
çaise pour qu’on lui en fît un grief. Les
anti-proportionnalistes de la Chambre
avaient un jour succombé ! Le combat, que
certes on eût pu retarder, n’en demeurait
pas moins inévitable. Dès lors, n’y avait-il
pas quelque injustice à incriminer le vain
queur ? M. Fallières ne lui avait-il pas con
fié le bâton de commandement en pleine
connaissance de cause ?
D’autre part, M. Poincaré jouissait au
près de toutes les chancelleries européen
nes de la plus haute considération. S’il
n’était pas douteux que ses concurrents
pussent acquérir assez vite le même pres
tige, à cet égard il n’y avait nulle raison de
leur accorder plus de crédit.
Le nouveau président de la République
entrera dans trois semaines à l’Elysée avec
la fierté de ses convictions et la résolution
de remplir loyalement son mandat. Ce n'est
assurément pas cet homme qui portera la
moindre atteinte à l’indépendance des
Chambres.
Quelles que puissent être ses préférences
personnelles quant à l’orientation de la po
litique, il s’inspirera uniquement des voeux
de la majorité des élus, lorsqu’il choisira
ses successeurs à la présidence du Conseil.
Il répugnerait à toute autre considération,
et il estimera suffisant le pouvoir qui lui
appartiendra de choisir dans cette majorité
les hommes les plus capables à ses yeux de
, diriger les affaires.
Le président de la République exerce
d’ailleurs de la façon la plus personnelle
cette prérogative considérable. Plus libre
que le roi d’Angleterre qui, lorsqu’un cabi
net vient à tomber, s’en remet traditionnel
lement au leader de l’opposition du soin
d’en former un nouveau, il donne sa con-
fiance à qui bon lui semble. Il ne trahirait
l’esprit de la Constitution que s’il choisis
sait le premier ministre dans les rangs de
la minorité. Une crise aiguë s’ouvrirait
alors, et le président, acculé à une dissolu
tion de la Chambre, devrait solliciter l’avis
conforme du Sénat.
Ç d’ont donc à redouter les républicains
qui ont refusé leurs suffrages à M. Poin
caré ?
La précéden’e élection présidentielle
avait eu lieu en 1906. Lorsque M. Combes
avait déposé son bulletin dans l’urne, une
immense ovation avait salué son passage à
la tribune, et la majorité étroitement unie
avait désigné M. Fallières.
Issu de cette majorité si compacte, M.
Fallières prit successivement pour prési
dents du Conseil MM. Rouvier, Sarrien,
Clémenceau, Briand, Monis, Caillaux et
Poincaré. Ces noms accusent par eux-
mêmes la fluctuation de l’opinion parlemen
taire, non pas déterminée par le chef de
l’Etat, mais par lui constatée.
Les houles de la politique, ces houles
qui agitent les grandes assemblées délibé
rantes selon la diversité des impressions ou
des passions, et qui trompent perpétuelle
ment les calculs des meilleurs pilotes, peut-
oh imaginer qu’elles s’apaisent jamais ?
M. Poincaré sera forcément attentif à tous
les mouvements, à toutes les évolutions.
Il appartient aux groupes de se diriger
eux-mêmes. La conception démocratique
exige de leur part une véritable cohésion,
un sens très clair de l’action qu’ils entre
prennent, et une mutualité d’efforts dans
la poursuite de l’idéal commun. Ils ne doi
vent rien attendre du chef de l’Etat qu’un
loyalisme indéfectible.
Le loyalisme de M. Poincaré sera certai
nement égal à la haute probité de sa cons
cience.
Elu entre des rivaux qui, tous, possé
daient la même notion du devoir et dont les
services rendus à la République récla
maient à des titres divers la sympathie et
la reconnaissance publiques, il tiendra à
se montrer digne de la confiance témoi
gnée. La France et la République atten
dent de lui la sécurité, l’honneur et
la
paix.
Georges BUREAU,
député.
(La Semaine politique et littéraire
de Paris).
La ta d'Orient
La rupture des négociations de paix, in
terrompues depuis trois semaines, a été dé
cidée par les plénipotentiaires alliés, si la
Turquie ne donnait pas à la note des puis
sances une réponse de nature à permettre
de conclure la paix. Cette réponse, s’il faut
en croire une dépêche de Constantinople
au Berliner Tageblatt, aurait été communi
quée dans ses grandes lignes à l’ambassa
deur d’Allemagne, le baron de Wangen-
heim. Le gouvernement ottoman y propo
serait la constitution d’un régime autono
me et neutre à Andrinople.
Cette concession ne satisferait pas les
alliés et la rupture a donc été officiellement
notifiée hier. Toutefois, il n’en faut pas
nécessairement conclure que la reprise des
hostilités s’ensuivra à bref délai, bien que
théoriquement elle paraisse inévitable. La
Turquie ne dira vraisemblablement pas
dans cette réponse son dernier mot, et les
alliés, dont les plénipotentiaires ne quitte
ront pas tous Londres, y laisseront une dé
légation permanente pour garder le contact
avec les ambassadeurs et recevoir éven
tuellement d’autres ouvertures de paix.
Il y a lieu aussi de tenir compte de la
possibilité d’un nouveau revirement à
Constantinople.
Nous avons annoncé hier que des bagar
res sanglantes se sont produites dans l’ar
mée de Tchataldja, entre les partisans de
Nazim pacha, le ministre de la guerre, qui
tomba victime du coup d’Etat, et les parti
sans des jeunes-turcs. L’agence officielle
austro-hongroise publie également l’infor
mation que cette armée est divisée en deux
camps, et un organe officieux viennois, le
Neues Wiener Tagblatt, croit même à la pos
sibilité d’une marche des troupes mutinées
sur Constantinople.
Quelle que soit, du reste, l’importance
réelle de ces conflits, dit le Temps, ils dé
montrent que l’anarchie a gagné jusqu’à
l’armée qui garde la dernière ligne de dé
fense de l’empire ottoman devant Constan
tinople.
Le nouveau gouvernement ne peut se
dissimuler les catastrophes auxquelles une
reprise des hostilités dans ces conditions
l’exposerait en Europe et en Asie.
Les jeunes-turcs, qui ne bornent certai
nement pas leur ambition à retenir le pou
voir conquis par un coup de force, mais ont
cru pouvoir sauver Andrinople, ne tarde
ront peut-être pas à se convaincre que les
douloureux sacrifices auxquels s’étaient ré
signés le Cabinet Kiamil pacha et l’assem
blée des notables sont le seul moyen de pré
server leur pays d’un désastre encore plus
grand, sinon de la ruine complète.
Les opérations financières qui ont mis
quelque argent dans les caisses vides des
nouveaux gouvernants de la Turquie sont
des expédients de fortune sur lesquels on
est encore insuffisamment fixé. Toutefois le
gouvernement allemand et les grands éta
blissements qui collaborent à sa politique
orientale déclarent n’avoir ni conclu ni en
tamé avec la Porte aucune affaire financiè
re, et ne vouloir lui fournir aucune avance.
Quoi qu’il en soit, les ieunes-turcs ont
trouvé quelques millions, et les rapports
étroits qu’ils entretiennent avec l’ambas
sade d’Allemagne, les éloges et les encoura
gements que ne leur ménage pas le journal
allemand de Constantinople, VOsmanischer
- Lloyd ont naturellement accrédité l’opinion
qu’ils ne pouvaient avoir trouvé de con
cours qu’auprès de ceux avec lesquels ils
font ostensiblement commerce d’amitié.
L’emprunt roumain, par contre, a été
ouvertement et officiellement conclu en
Allemagne. Mais si la Roumanie a cru de
voir se procurer un supplément de ressour
ces au moment où elle fait valoir ses reven
dications contre la Bulgarie, il semble
néanmoins qu’on puisse prévoir une con
clusion pacifique du différend entre les
deux royaumes voisins. Le roi Charles
s’opposerait à une mobilisation, et le minis
tre de Bulgarie à Bucarest a déclaré dans
un journal roumain, VAdeverul, qu’un ré
sultat satisfaisant ne tarderait pas à clore
les négociations. Le correspondant du Daily
Télégraphe Vienne croit même que la Bul
garie déférerait aux désirs de la Roumanie
sous la condition d’un concours armé de
celle-ci en cas de reprise des hostilités.
Toutes ces indications diverses ne contri
buent malheureusement pas à éclaircir une
situation troublée où tous les problèmes
qui inquiètent l’Europe continuent à rester
sans solution.
Remise de la Note de Rupture
Londres, 29 janvier.
Le chargé d’affaires de Serbie est arrivé
à l’hôtel des délégués turcs à 3 heures
précises. Il a été reçu par un des secrétai
res de la mi sion ottomane et conduit aux
appartements de Rechid pacha.
Le chargé d’affaires de Serbie a alors
remis forme lement la note des alliés et a
quitté l’hôtel immédiatement après.
Le chargé d’affaires s’est ensuite rendu
au Foreign Office pour remettre une copie
de la note à sir Edward Grey. — (Havas).
Un Emprunt Roumain en Allemagne
Un emprunt de 150 millions sur des bons
du Trésor remboursables en trois ans à
4 1/2 0/0, au cours de 97, a été conclu par le
gouvernement roumain avec la Disconto Ge-
sellschaft et la banque Bleichrœder de Ber
lin.
Une part de l’emprunt, la plus petite,
a été prise ferme ; l’autre sera prise à option.
Un certain nombre de journaux allemands
croient devoir déclarer que cet emprunt est
destiné aux travaux du port de Gonstantza et
à la construction d’un chemin de fer.
Il resterait à savoir jusqu’à quel point cette
action des banques berlinoises est en accord
avec la politique impériale qui, ces.dernières
semaines, ne ménagea point, paraît-il, à
Bucarest les avis de prudence.
La Morgen Post, libérale, écrit à ce sujet :
On ne saurait méconnaître que la conclusion de
cet emprunt dans le moment actuel est un acte
politique qui prouve l’intimité de la Roumanie
et de la Triple Alliance et lui permet de faire
olus aisément face aux nécessités financières
d’une guerre.
Une des raisons qui rendent fort difficile depuis
quelque temps l’appréciation de la politique alle
mande est la diversité d’influences qui semble
tour à tour ou même simultanément agir sur sa
direction. Dans ces derniers jours, l’abondance
«les dépêches parvenues de Constantinople, l’in
sistance avec laquelle elles soulignent l’excel
lence des relations de l’ambassadeur d’Allemagne
avec le gouvernement jeune-turc permettaient de
craindre que le baron de Wangenheim n’aspirât à
reprendre le rôle de son éminent prédécesseur.
Rien ne contribuerait plus à obscurcir, dans une
heure aussi grave, les directions politiques alle
mandes, qu’un retour à cette décentralisation par
tielle qui marqua les dernières années du séjour
du baron de Marschall à Constantinople.
Cette divergence de tendances se reflète
dans la presse où, tandis que les journaux
radicaux recommandent une politique éner
giquement turcophile, les gazettes conserva
trices conseillent au gouvernement une atti
tude de sage réseive.
M. Schiemann écrit dans la Gazette de la
Croix :
La Turquie fait en ce moment-ci des fautes po-
li-iques et ethniques qui ne peuvent être effacées
que par une de ces luttes glorieuses où un peuple
accepte de mettre en jeu son existence même.
La décision d’Enver bey nous paraît être une
action réparatrice, non point parce que nous
cioyons qu’elle pourra garder à la Turquie ses
possessions européennes, mais parce qu elle est
le seul moyen de la sauver du déshonneur. Les
grandes puissances doivent assister avec impar
tialité à ce combat entre les Turcs et les alliés
balkaniques. Uue intervention pourrait avoir pour
conséquence des complications singulièrement
dangereuses. . .
Si les alliés réussissent à planter sur Sainte-
Sophie la croix orthodoxe, on ne voit aucune rai
son morale qui justifierait une intervention des
puissances. ,
L’idee de Constantinople ville libre — celte
idee que Napoléon défendit déjà dans ses conver-
salions avec Alexandre — n’est en contradiction
avec l’idee de personne.
Il en est de même de la neutralité des Détroits
dès qu’ils ne seront plus entre les mains de la
Turquie. Nous ne croyons pas à la possibilité
d’une solution qui fermerait les Dardanelles à tou
tes les flottes de guerre sauf a la flotte russe.
De tels articles permettent de comprendre
combien il serait faux de croire que dans les
milieux politiques allemands on partage les
sentiments turcophiles d’une partie de la
presse berlinoise.
Les Départs de Navires pour l’Orient
Les croiseurs autrichiens Impératrice-Marie-
Thérèse et Impératrice-Elisabeth sont désignés
pour aller à Constantinople dans le cas où il
faudrait assurer la sécurité des Européens ;
mais les ordres de départ ne sont pas encore
venus.
Seion une dépêche de Kiel à la Gazette de
Cologne, le croiseur Gœben, ancré devant
Constantinople, est en continuelles relations
radiotélégraphiques avec le petit croiseur
Breslau, mouillé devant Alexandrette, et le
petit croiseur Geier, stationné sur les côtes
de Syrie.
Déclarations de Mahmoud Chevket
Le nouveau grand-vizir a reçu le correspondant
du Daily Telegraph et lui a expose les vues du
gouvernement. . -,
Son interlocuteur lui ayant demandé s’il fallait
s’attendre à la paix ou à la guerre, Mahmoud
Chevket a déclaré :
Il faut s’attendre à la paix, à condition que
l’Europe la rende possible. Pour nous, nous
ne désirons pas tirer l’épée, nous ne le fe
rons que si nous nous trouvons dans 1 alter
native de choisir entre la guerre et la répro
bation non seulement de l’opinion turque
mais de l’opinion musulmane, dans le
monde entier.
La coopération étrangère nous est précien.
se et indispensable, a dit ensuite le grand-
vizir, pour la réalisation des réformes et
administration du pays. Nous prendrons
des conseillers étrangers pour tous les mi-
nistères, nous diviserons l’empire en zo
nes administratives, dont chacune aura un
inspecteur étranger. Une loi sera adoptée,
autorisant les opérations des banques agrai
res.
La longueur et la stérilité des débats par
lementaires n’ont pas permis jusqu’à pré
sent de proclamer les lois nécessaires et ont
gêné la conclusion des affaires les plus im
portantes. Sans attendre la convocation du
Parlement, nous promulguerons, sous for
me d’irados impériaux, des lois provisoires,
dont je prendrai l’entière responsabilité, au
torisant la création de banques, déclarant la
liberté de contrat et la faculté de fonder des
sociétés anonymes par actions.
Sans nous arrêter à des formalités inutiles,
nous conclurons les contrats nécessaires
pour la construction de chemins de fer et
l’exécution des travaux publics.
Enfin, nous étudierons dans l'esprit le
plus large, les moyens de restaurer le cré
dit public ottoman qui a été si sérieusement
atteint par les calamités qui nous ont
frappés.
La réponse de la Porte serait négative
Constantinople, 29 janvier
La remise de la réponse de la Porte à la
note des puissances est attendue pour au
jourd’hui ou pour demain. Quoique fort
courtoise, la réponse sera nettement néga
tive. Elle remercie les puissances de leur in
tervention et de leurs efforts pour amener
la paix, mais elle exprime ses regrets de ne
pouvoir accéder à leurs désirs, et déclare en
rester aux concessions déjà faites par les dé
légués ottomans à Londres.
Une partie de l'armée de Tchataldja
marcherait sur Constantinopl.
Londres, 29 janvier.
Les nouvelles de Constantinople venues
par Vienne annoncent que le mouvement
contre-révolutionnaire aurait pour chef la
général Achmess Abuk pacha. Celui-ci, à la
tête du 4e corps d’armée de Tchataldja, mar
cherait sur Constantinople.
On fait remarquer ici que cette nouvelle
n’a rien d’invraisemblable car Achmess Abuk
pacha est un Circassien comme Nazim pacha.
Ses sentiments d’amitié pour le généralissi
me assassiné autant que son hostilité à la
propagande jeune-turque dans l’armée ont
parfaitement pu l’amener à prendre cette
détermination.
Devant Janina
Athènes, 29 janvier.
Hier, durant tonte la journée, un due,
d'artillerie a eu lieu devant Bisani. Les Grecs
ont essayé pour la première fois les canons
de siège pris sur les Turcs à Prevesa. Leur
tir aurait détruit quelques canons ennemis
et un dépôt de munitions.
On remarque toujours des mouvements de
troupes turques quittant Bisani pour Janina,
On suppose que les Turcs organisent une
dernière défense en arrière de Bisani.
Une Note Officieuse Autrichienns
Vienne, 20 janvie.
Le Fremdenblatt constate que, quelles que
puissent être les divergences qui se mani
festent dans les spéculations et les opinions
de la presse européenne au sujet de la dé
cision que va prendre le Conseil des minis
tres de Turquie, il y a cependant entre la
Triple-Alliance et la Triple-Entente une en
tière unité de vues sur le point suivant : le
nouveau ministère turc, s’il n’accède pas au
vœu exprimé dans la note collective des
puissances, ne saurait compter en aucune
façon sur l’appui de celles-ci.
La Triple-Entente et la Triple-Alliance ajoute le
journal officieux, sont absolument d’accord sur m
point, et ce fait mérite d’autant plus d’être releve
qu'à l’occasion du coup de force de Constantino
ple, de nouvelles tentatives ont été faites pour
représenter faussement a l'opinion publique eu
ropéenne qué l’Autriche-Hongrie aurait prêté I&
main en secret au bouleversement opéré actuel-
lement en Turquie, et par là à l’opposition des
Ottomans à l’acceptation des conditions de la
paix.
De plus une entente parfaite existe entre les
gouvernements pour se garder de toute action
isolée dans le cas inattendu d’une réponse né
gative de la Turquie à la note collective des
puissances.
Les Finances Ottomanes
Vienne, 29 janvier.
On télégraphie de Constantinople à l’Agen
ce télégraphique impériale viennoise que la
Porte a reçu d’un groupe de financiers la
promesse ferme qu’il prendrait pour un
million de livres turques de bons du Trésor
ottoman.
La Question d’Anatolie
Berlin, 29 janvier.
Des télégrammes de Constantinople rappor
tent que l’ambassadeur d’Allemagne en cette
ville aurait déclaré, au cours du toast qu’il
porta le jour de la fête anniversaire de l’em
pereur :
Personne, ni aujourd’hui ni dans l’avenir, ne
pourra toucher à l’Anatolie. Nous y possédons des
intérêts vitaux.
Suivant une autre dépêche, le baron Wan-
genheim aurait dit :
Si la Turquie cherche à consolider son avenir
en Asie-Mineure, l’Asie-Mineure deviendra un noli
me tangere de la politique allemande.
Cette déclaration, ajoute en matière de commen
taire le Journal de Berlin à midi, semble dépasser
l’affirmation donnée hier à ce sujet par le gouver
nement au Reichstag ; le gouvernement a déclaré
qu'il avait des raisons d’admettre qu’il n’existait
point, dans la question d’Asie-Mineure, d’accord
entre la Russie, la France et l’Angleterre. L’Alle-
magne a le plus grand intérêt à ce qu’un accord
entre ces puissances ne se fasse point, ou à ce
qu’elle n’y participe point.
La tâche de la diplomatie allemande, au lende
main de la remise de la réponse de la Turquie,
sera de renoncer à une politique de bascule et de
veiller à trouver son compte dans cette affaire.
Nous devons nous représenter clairement ce Iu-
nous voulons.
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