Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-01-26
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 janvier 1913 26 janvier 1913
Description : 1913/01/26 (A33,N14519). 1913/01/26 (A33,N14519).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526378685
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
53” Annee
N 11,519
(8 Pages)
§ Centimes
EDTION DU MATIN — K Centimes
(83 Pages)
Dimanche 26 Janvier 4943
Administrateur • Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'Administration *
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havro
Administration, Impressions 81 Annonces. TEL. 10.17
Peti
avre
Rédacteur en Chef, Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE Fénoux
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7 60
ANNONCES
AU HAVRE.
A PARIS.
Bureau du Journal, 112, bouF de Strasbourg.
' L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
/ seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 25 JANVIER
Cotons : janvier, hausse 4 points ; mars,
hausse 1 point ; mai, hausse 4 points ;
juillet, hausse 5 points ; octobre, hausse
B points.
Calés t baisse 5 points à hausse 2 points.
NEW-YORK, 25 JANVIER
c. N ram
6, PRECEBEAT
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
INCIDENTS A LA COLONIE
PENITENTIAIRE DE BELLE-ISLE
Lorient. — De nouveaux incidents se sont
produits à la colonie pénitentiaire de Belle-
Isle.
Un colon a frappé d’un coup de poing le
gardien chef; un autre pupille, déjà con
damné par le Tribunal correctionnel de Lo
rient, lança une bûche à la tête d'un sur
veillant, puis il réussit à s’évader.
Arrêté peu après, le pupille fut mis en cel
lule.
LA DECLARATION
Cuivre Standard disp.
— mars
A malgasat, Cop. ..
Fer
71 7/8
15
15
71
18
50
75
1/4
25
LA BAGARRE DE VERSAILLES
Versailles. — M. Maurras a été condamné
à huit mois de prison, deux cents francs
d’amende.
M. de Couvrigny a été condamné à quatre
mois de prison et deux cents francs d’a
mende.
Les deux inculpés ont été condamnés soli-
dairement à mille francs de dommages inté
rêts envers la parcie civile.
CHICAGO, 25 JANVIER
C. DÜ JOUR
C. PRECED
Blé sur
Maïs sur
Saindoux sur.
Mai
Juillet...
Mai
Juillet...
Mai
Juillet...
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22
U GUERRE D’ORIENT
A la présidence du conseil
M. Briand, président du conseil, a reçu
hier au ministère de l’intérieur l’émir Alli
Pacha ; il a également reçu l’ambassadeur
de Turquie à Paris.
Déclarations du Parti Jeune-Turc
Vienne. — D’après la Neue Freie Presse, un
membre du Comité Jeune-Turc aurait fait les
déclarations suivantes :
« Nous comptons sur les Albanais qui dis
posent de soixante mille fusils et qui, en
reprenant Koritza aux Grecs et El Bassan aux
Serbes, hissèrent non le drapeau albanais,
mais le drapeau turc.
» Nous aurons assez d’argent pour conti
nuer la guerre.
» Cinquante partisans du Comité ont déjà
souscrit à eux seuls un million de livres. De
plus, de grosses sommes arrivent de l’étran-
ger. »
COURRIER POSTAL ASSAILLI
PAR DES BANDITS
Ajaccio. — En arrivant hier soir entre
7 et 8 heures, près de Porto-Vecchio, le con
ducteur de l’automobile postale qui assure le
service, trouva la route obstruée par un
amas de pierres.
Il arrêta son véhicule et descendit de son
siège.
A ce moment surgirent six individus ar
més qui lui intimèrent l’ordre de livrer les
sacs de dépêches.
Le conducteur dut s’exécuter. Les bandits
s'emparèrent en outre d’une valise apparte
nant à un officier qui, avec sa femme,
étaient les seuls occupants de la voiture.
Cette valise fut d’ailleurs renvoyée intacte
hier à son propriétaire.
Le montant des valeurs contenues dans les
sacs n’est pas encore déterminé.
Un pli contenant une somme de quatre
mille francs a échappé aux recherches des
bandits.
C’est la première fois qu’une semblable
agression se produit en Corse.
L’ASSASSINAT DU MÉCANICIEN DUPRAT
Aix-kn-Provence.— La Cour d’assises vient
de juger ‘assassinat du mécanicien du PLM
nommé Duprat, qui fat commis le 6 juillet
dernier par Gerbaud, ouvrier pâtissier, âgé
de 24 ans, amant de sa femme.
La femme Duprat a été condamnée aux
travaux forcés à perpétuité et Gerbaud à
quinze ans de travaux torcés.
ABONNEMENTS r
ar— |
Le Havre. la Seine-Inférieure, l’Eure J
l’Oise et la Somme ....3
Autres Départements
Union Postale
(Trois Mois
Six Mois
Un am
i 4 KO
• Fr.
10 »
Fr.
50
Fr.
I & Fr
4.6%
On s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de rrsnae
deEMWeebeaeggang.
La Réponse de la Turquie
CONSTANTINOPLE, 25 janvior Le Cansoil
les ministres discale la réponse à la note,
afin qu’elle puisse être remise demain ou
plus vraisemblablement lundi.
Au sujet du sens de cette réponse, on dit
au ministère des affaires étrangères que le
nouveau gouvernement ne veut pas la guer
re coûte que coûte, mais qu’il ne pourrait
conclure la paix que si Andrinople reste à la
Turquie.
Il semble que le cabinet essaiera de re
prendre les négociations de paix, sans Fin-
tervention des puissances.
Osman Nazimi a décliné l’offre du porte-
teuille de la guerre pour raisons de santé.
La Flotte Russe serait devant le Bosphore
Berlin.— On mande de Sofia à la Berliner
Tageblatt :
Le bruit court à Varna que la flotte russe
de la Mer Noire composée de onze navires,
zroise devant le Bosphore.
(Nous reproduisons ce bruit sous toutes
réserves).
L’Attitude de la Roumanie
Bucarest. — Un Conseil des ministres s’est
tenu dans la matinée sous la présidence du
roi.
Tous les ministres sont tombés d’accord
pour que les pourparlers avec la Bu’garie
puissent aboutir à un résultat dans le plus
“ref délai.
La Sotte turque
BALONIQUE. — Selon des nouvelles appor
tées par des navires français et un navire
italien, toute la flotte ottomane est mouillée
tans le Bosphore.
L’action Grecque
Athènes, 25 janvier. — Envoyé spécial
d’Havas. — Une vive fusillade a recommencé
je matin sur toute la ligne.
L’extrême droite grecque est arrivée hier
jusqu’à la plaine de Bizani, dépassant les
défenses accessoires turques.
L’attaque sur la gauche contre Saint-Nico-
tas continue.
La lutte est très acharnée étant donnés les
grands renforts turcs qui sont arrivés sur ce
boint.
La Réunion des Ambassadeurs
Londres. — Dans la matinée, a eu lieu une
réunion des ambassadeurs.
Les ambassadeurs ont été unanimes à re
fuser à la Porte tout espoir d aide financière
Du autre puisque le gouvernement n’accepte
pas les avis contenus dans la note des puis
sances.
Ils donneront le conseil aux délégations
Je Londres d’attendre une réponse à cette
note afin de baser leur décision sur un acte
officiel.
Les instructions spéciales demandées par
tes délégués à leurs gouvernements n’étant
pas encore parvenues à Londres, aucune
lécision n’a été prise.
La réunion s’est ajournés à aujourd’hui
dimanche, 5 heures.
COLLISION DE NAVIRES
Calais, 25 janvier. — La nouvelle arrive
quo la malle Princesso qui assure
le service Ostende-Douvres, partie à onze
heures d’Ostende, a abordé et coulé, par le
travers de Dunkerque, un trois-mâts norvé
gien dont le nom est encore inconnu, mais
dont l’équipage a pu être sauvé.
Au cours de ce sauvetage, un canot de la
Princesse-Clémentine, monté par huit hom
mes, a chaviré.
Six hommes ont été sauvés, mais deux au-
très, parmi lesquels le second du bord, ont
disparu.
------------ —
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Rugby-
France contre Angleterre
TWICKENHALI.
Le match de fooiball
rugby a été gagné par l’Angleterre, qui
compte vingt points contre zéro à la France.
Une Victoire de la Colonne Brulard
Tanger, 25 janvier.
La colonne Brulard vient de remporter un
important succès.
Elle avait campé le 23 à Bou-Riki, sur
l’oued Zseb. A onze heures du soir, l’ennemi
lui livrait une attaque de nuit qui nous coû
tait deux blessés, dont un officier.
Le 24, à six heures du matin, la colonne se
mit en marche dans la direction du Sud. A
sept heures, elle se heurtait au feu violent
d’un ennemi fortement retranché à cinq ki-
lomètres au Sud de Bou-Riki, dans la zaouïa
Ouel-Hassen. Il fallut, pour l’en déloger,
exécuter un vaste mouvement tournant. La
zaouïa fut emportée à deux heures et une
partie de nos troupes s’y retrancha pendant
que le reste de la colonne allait camper un
peu plus loin.
Le camp se trouvait en vue de la kasbah
d’Anflous, qui est logée sur une hauteur
d’où les Marocains tiraient sur nos troupes.
La colonne a dû enlever cette kasbah ce
matin.
L’entrain de nos soldats est excellent. Au
cours du combat du 24, nous avons eu 8 tués
et 41 blessés. Il est impossible d’évaluer
pertes de l’ennemi qui paraissent avoir
considérables.
Réunion au quai d’Orsay
les
été
Hier après-midi, au quai d’Orsay a eu lieu
une réunion à laquelle assistaient MM.
Briand, Jonnart, KOtz, Etienne et le génral
Lyautey, résident général au Maroc.
Le général Lyautey a exposé la situation
financière et militaire du Maroc.
Il a été décidé qu’un emprunt de liquida
tion et d’organisation provisoire s’élevant à
200 ou 250 millions serait soumis très pro
chainement au conseil par les ministres in
téressés qui se sont mis d’accord.
Le général Lyautey repartira pour le Maroc
par le premier courrier.
AU MINISTÈRE DE L'INTERIEUR
M. Théodore Tissier, conseiller d'Etat, est
Délegue dans les fonctions de directeur
personnel du secrétariat au ministère
(intérieur.
du
de
ALLEMAGNE
Une ville sans lumière
Un curieux accident s’est produit
près
La journée fut dure pour M. Briand,
moins bien en forme qu’à l’ordinaire pour
présenter et défendre sa politique.
Mais la situation est tellement claire que
la déclaration ministérielle pouvait conte
nir tout en un seul mot, qui affirme le prin
cipe directeur de la mission ministérielle :
« Nous avons le devoir et la volonté de
poursuivre la politique générale du précé
dent cabinet, sur le terrain politique par
l’entente féconde de tous les républicains,
et sur le terrain des grands intérêts natio
naux, par l’union étroite et solidaire de
tous les Français ».
L’élection de M. Raymond Poincaré à la
présidence de la République, dit le Temps, a
prouvé que l’accord n’etait pas impossible
entre la volonté parlementaire et le désir de
la nation. Le 17 janvier fut une journée
d’accord national. Le cabinet Briand a donc
le droit, et le devoir, d’assigner à ses efforts
le maintien de cet accord bienfaisant entre
la majorité républicaine du Parlement et le
pays conscient, libéré de la tyrannie étroite
des factions.
Sur la question de la réforme électorale,
où ses adversaires l’attendaient surtout,
M. Briand n’a pas voulu s’engager à fond.
Il était loisible à M. Briand de se tailler un
succès facile, dit la Petite République, en se
ralliant sans réserve à la thèse proportion-
naliste, ou en cherchant, au contraire, des
appuis et des acclamations dans les rangs
majoritaires.
En homme d’Etat conscient de sps devoirs
et soucieux des réalités, il s‘ borné, au
risque de mécontenter les deux partis, à
affirmer son attachement aux principes du
projet voté parla Chambre,tout en prévoyant
les concessions nécessaires que les réforma
teurs les plus intransigeants devront bien
consentir pour obtenir l’indispensable adhé
sion du Sénat.
C’est pour avoir si loyalement exposé la
situation que M. Briand sentit soudain se
coaliser contre lui tous les mécontents des
deux extrêmes.
Comme toujours, à la suite"de ces jour
nées de début, on attend des actes.
Ils ne sont pas douteux, cette fois, et la
majorité qui les attend ne sera pas déçue.
Les journaux républicains sont unani
mes à cet égard.
Comme on l’a vu, M. Jules Siegfried, à la
fin de la séance de vendredi, avait déposé
l’ordre du jour suivant :
« La Chambre, approuvant les déclara
tions du gouvernement, passe à l’ordre du
jour. »
De leur côté, MM. Chéron et Noulens
avaient déposé un autre ordre du jour :
« La Chambre approuvant les déclara
tions du gouvernement et confiante en lui
pour poursuivre une politique de défense
nationale, de progrès social et de laïcité,
avec le concours des républicains, passe à
l’ordre du jour. »
M. Jules Siegfried se rallia immédiate
ment à l’ordre du jour Chéron.
L’Action dit à ce propos :
L’ordre du jour Chéron-Noulens-Siegfried
a permis à la majorité de se ressaisir autour
d’un gouvernement d’action et de bonne
foi.
Que ce gouvernement n’hésite donc plus
aujourd’hui ! Qu’il ne s’attarde pas plus
longtemps à vouloir rassasier des insatia-
tiablee et concilier des irréconciliables. Qu’il
porte vigoureusement la réforme électorale
au Sénat et la démocratie sociale à la
Chambre.
C’est la seule façon qui lui reste, ainsi
qu’au Parlement, de se représen ter sans trop
d’incertitude devant le suffrage universel aux
élections generales de 1914.
U Aurore s’exprime en ces termes:
Delà séance d’hier, ce qu’il faut retenir
par-dessus tous, ce n’est pas la majorité
obtenue par le gouvernement, c’est la né
cessité de déblayer une fois pour toutes la
route sur laquelle nous piétinons lamenta
blement. Il nous faut aboutir. Trancher,
comme nous le disions l’autre jour, le nœud
gordien. Solutionner le problème de l’éter
nelle réforme électorale. La paix républi
caine ne reviendra pas, que nous ne nous
soyons mis d’accord, antiproportionnalistes
et proportionnalistes. Il flottera toujours
dans l’air ce brouillard glacé qui nous fai
sait à tous, hier, froid dans le dos. M. Briand
trouvera-t-il le secret de la solution ? Il a
demandé, hier, à la Chambre, de lui faire
confiance. De la discussion tout entière on
peut conclure que le désir est général d’une
prompte réponse du Sénat, qui détient en ce
moment le projet que lui a envoyé la Cham
bre. Le moment est venu de ne plus perdre
un seul instant. Le retour de l’entente répu
blicaine, indispensable aux élections déjà
proches, est à ce prix.
La Lanterne enfin;
Par contre, il est une partie de la déclara
tion qui, celle-là, est tout à fait originale et
qui porte bien la marque de l’esprit de M.
Briand : c’est celle qui a trait au programme
economique du cabinet. On n’y a pas prêté
assez d’attention hier. Elle mérite cependant
un examen sérieux et approfondi.
Demain, quand seront dissipés les malen
tendus qui pèsent encore sur la situation
politique, les républicains, nous en sommes
convaincus, apporteront leur concours à
l’œuvre pour laquelle le cabinet s’est cons
titué.
Mais il faut que le malaise disparaisse.
Il sera aisé au president du Conseil et à ses
collaborateurs, de forcer la confiance de la
majorité républicaine.
LE PAIN A LA MÉCANIQUE
uché Pelil Havre
Photo Pitit liavie
Au Ministère de la Guerre
Le général Graziani, directeur de l’infan-
terie, est nommé chef du cabinet militaire
du ministre, en remplacement du général
Bourdériat, appelé à d’autres fonctions ; le
lieutenant-colonel Jouinot - Gambetta, des
chasseurs d’Afrique, est nommé sous-ches
du cabinet.
Au Ministère de la Marine
M. Pierre Baudin, ministre de la marine,
vient de constituer définitivement son cabi
net de la façon suivante :
Le contre-amiral Lacazeconserve ses fonc
tions de chef du cabinet qu’il remplissait
depuis 1911. -
| Sont nommés :
| Chef-adjoint du cabinet du ministre, char
gé des affaires civiles, M. Jean Tannery, con
seiller référendaire à la Cour des comptes.
| Sous-chefs du cabinet : MM. Olmi, capi-
; taine de frégate ; Roussellier, auditeur au
Conseil d’Etat.
Chef du secrétariat : M. Alfred Monprofit,
ancien chef du cabinet du ministre de l’ins-
; traction publique.
Attachés au cabinet : MM. Léon Abrami,
avocat à la cour d’appel ; Albert Louvel,
docteur en droit ; Burnouf, conseiller de
préfecture de l’Ain.
Le contrôleur général Lespéron conserve
ses fonctions de chef de la section adminis
trative.
LÉGION-D’HONNEUR
le vice-amiral Philibert est élevé à la
di-
pité de grand'croix de la Légion-d'Hionneur.
DANS L’ARMÉE
Le général de brigade Margaeron, disponi-
lie, passe à la 2e section de réserve.
d’Osnabruck. Le ballou Nordsee } parti de
Wilheimshaven, s’étant approché trop près
du sol, l’ancre vint heurter les fils électri
ques de la Société d’électricité de la Basse-
Saxe et les brisa. La force du courant qui
traverse la conduite étant de 30,000 volts, un
court-circuit se produisit. Les aéronautes en
furent quitte pour la peur. La corde retenant
l’ancre était heureusement sèche et n’avait
pas conduit le courant dans le ballon.
La ville d’Osnabrück et plusieurs villages
ont été privés de lumière à la suite de cet
accident.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la MME ITEMMATIOHALE
108, rue St-Lazare, 108
(immeuble de F HOTEL TE R HH N U S)
La galette des rois est passée, mais le pain
nous reste. Qu’il en soit toujours ainsi.
Si le feuilleté est l’agrément du superflu, la
bonne pâte commune a la valeur du néces
saire. Boulanger, brave ami, dans la splen
deur rosée de votre demi-nudité, vous avez
des airs de demi-dieu, dispensateur de vie.
Je sais que vous n’êtes que le dernier
maillon de la grande ch due et que pour ré
sumer le symbole il faudrait évoquer avant
vous le miracle des champs, le geste auguste
du semeur, le mystérieux travail de la terre,
la levée d’or dans la sérénité des campagnes,
et la rude besogne des « aoûteux », et la
chanson rustique des faucheurs berçant la
gloire de Messidor, et le ronronnement du
moulin, et la claire pluie du froment tom
bant des meules.
Boulanger, mon ami, vous n’arrivez qu’à
la scène finale pour faire de cette poudre
où la belle nature a mis le secret de nos
existences, le pain vénéré qui fait vivre.
Mais il semble que vous synthétisiez alors
tous les efforts épars du semeur au meu
nier, etqu’il y ait dans votre obscur o’lice,
pour faire de cette farine inerte une chose
prête à l’assimilation, l’admirable magie
d’une transfiguration.
Depuis quelque temps déjà, on m’avait dit
de vous aller rendre visite, boulanger ami.
Je crois bien même que vous m’y aviez
convié.
Mais voilà, nous sommes peu gens de vue
et de revue. La destinée nous a créé des
existences parallèles. Tous deux, aux mêmes
heures, la tâche nous asservit. Tous deux,
lorsque perdu dans les douceurs de son
oreiller le bourgeois dort et rêve, nous
sommes au travail, vous devant la pâte, moi
devant la table, inquiets du four tous deux,
vous pour le soigner, moi pour l’éviter le
plus possible. Et le sort étrange et malicieux
nous met parfois tous deux dans le pétrin.
Le pain quotidien a de ces exigences et
quelles que soient la fatigue, l’inquiétude du
moment, il nous faut tous deux, boulanger
ami, paraître à heure fixe, venir surprendre
au lit le bon bourgeois qui ne nous connaît
pas très bien ni l’un ni l’autre, vous avec
votre petit croissant, moi avec ma tranche
de chronique. Nous sommes les vieux amants
de la nuit, les frères des girdiens de la paix,
des râcleurs de rails de tramways, des typos,
des chevaux de fiacre hors d’âge et desetei-
gneurs de becs de gaz t...
*
* *
Cependant, certains soirs, en regagnant
mon gite, je vous entendais, je vous devinais
à l’œuvre.
Par le soupirail montaient dans le silence
de la nuit déserte des halètements sourds et
rythmés.
La machine humaine souffl ut en cadence
au-dessus du pétrin tout blanc. J’apercevais
même, en me penchant un peu, votre torse
ruisselant courbé sur la pâte. Il se redres
sait brusquement pour se plier tout à coup,
se dresser encore, pareil à celui de ces au
tomates que la detente d’un ressort fait
mouvoir, et, chaque fois, un «ahan » sonore
s’évadait par le soupirail.
Rude tâche 1 Ces vingt ou trente kilos de
pâte dansaient littéralement entre vos bras
musclés qui la tassaient dans leur étau, la
pliaient, la roulaient tour à tour, l’éten
daient, la pliaient encore, l’élevaient bien
haut, puis, brutalement, la laissaient re
tomber de tout son poids, afin de l’« aérer»,
m’avez-vous dit un soir.
Et dix fois, vingt fois, cent fois, le même
geste se renouvelait, avec le « ahan » du
« gindre » pendant que la sueur continuait
de ruisseler sur le dos, glissait goutte à gout
te en suivant la rigole des côtes, et que des
nuages de farine volaient, soulevés par des
rafales minuscules, par les tempêtes de vent
et de froment déchaînées au fond du pé
trin ..,
Une nuit, en passant, je n’entendis rien.
Plus de « ahan », plus de bruit sourd de
pâte secouée. Le « gindre » avait endossé
une veste et ne geignait plus. Le soupirail
flamboyait toujours de sa clarté crue, au mi
lieu de la nuit des boutiques endormies, et
la vie régnait toujours dans cette cave em
brasée, mais un régime nouveau s’était in
stallé là, discrètement.
Le lendemain, sur le pas de votre porte,
boulanger, mon ami, vous m’avez dit :
— Entrez donc. Je me modernise. Je fais
le pain à la mécanique. ...
Et je suis entré.
*
* »
A la vérité, l’idée de substituer le moteur
mécanique au travail humain pour malaxer
la pâte et faire le pain n’est pas une idée
neuve.
Dès 1850 on connaissait le pétrin Boland,
sorte de réservoir dans lequel des lames de
fer, disposées en spirales et mues par une
manivelle, soulevaient, roulaient, al ion- J
geaient la pâte d’un mouvement régulier et i
lent. Mais l’appareil se tournait à la main, le |
travail était presque aussi pénible que J
l’autre.
L'absence d'un moteur vraiment pratique
et économique a contrarié et presque arrêté
le développement du pétrissage mécanique
Puis des difficultés sérieuses ont surgi, en
effet : l’interdiction des propriétaires à leurs
locataires boulangers d’installer un moteur
dans l’immeuble, les frais d’aménagement
du pétrin et de son moteur, les exigences du
fisc qui taxe toute « machine » comme cela
s’est vu à Lyon, où les pétrins mécaniques
furent frappés d’un impôt de 75 francs...
Il semble cependant que le progrès élar
gisse sa trouée. Le fluide électrique est in
tervenu, souple, docile, facilement mania
ble. G’est la fezve immédiate obtenue sur un
simple déplacement de manette, comme un
jet d’eau sur un tour de robinet. Là, où le
courant n’a point paru encore, le moteur à
essence, à gaz ou à naphtaline s’est installé,
peu encombrant, économique, toujours prêt
à tourner. Et c’est alors que s’est ouverte
dans les grandes villes et leur banlieue, pour
le pétrissage mécanique, une ère de prospé
rité qui doit fatalement s’étendre.
Au Havre, on compte une cinquantaine de
boulangeries qui, rompant définitivement
avec la tradition ancienne, n’ont pas hésité
à remplacer le travail à la main par la ma
chine.
L’appareil n’a pas sensiblement changé
depuis 1850. Le pétrisseur Bruneau qui est
surtout en usage dans notre région consiste
essentiellement en une grande cuvette mé
tallique dans l’axe de laquelle tourne des
lames en spirale. Le mouvement est com
biné de telle sorte que la cuve et les lames
tournent en sens inverse, obligeant la pâte
à subir sut tous les sens une trituration
intense et complète, qui assure sa parfaite
homogénéité.
Les bras pétrisseurs, par leurs formes et
leur genre de travail, fournissent l’allonge
ment voulu ; la pâle soulevée s'élire sans se
casser, elle s’allonge sur les bras de l’hélice
en les enveloppant sur toute leur étendue,
elle forme en s’y reposant comme une sorte
de toile, de telle façon que l’eau pénètre in
timement dans toutes les molécules de la
farine.
Le pétrissage est rapide, 8 à 10 minutes
par fournée de 325 kilos.
La machine effectue son office avec sa
classiqae régularité. Iafatigible, elle pétrit
sans faiblesse, alors que le meilleur des ou
vriers capable de travailler d’affilée 9 ou 10
fournées de 70 pains, sera nécessairement
amené, quand son travail tire à sa fin, à se
ralentir, à soigner moins ses derniers pâ-
tons.
La machine enfin offre un avantage indis-
eu table au point de vue de la propreté et de
l’hygiène... Plus de contact entre la pâte
et le corps du boulanger, plus de sueur,
plus de salive, plus de poussière.
Quand le seul mérite du pétrissage méca
nique serait de soulager le boulanger d’un
travail qui l’exténue et l’anémie, de lui as
surer plus d’hygiène en donnant plus de ga
rantie à la clientèle, ce mérite serait suffi
sant pour justifier la généralisation du pro
cédé?
*
* *
De fait, l’expérience est concluante.
Le mélange ayant été fait dans la cuve, le
moteur mis en marche, sous mes yeux, en
quelques minutes, la pâte était liée, pétrie,
déchiquetée, reformée, roulée, aplatie, tra
vaillée sur toutes ses faces.
Elle apparaissait alors sous l’aspect d’une
massejaunâtre, fine de grain, sans « gru
meaux », parfumée d’une bonne odeur de
levain et de fleur de froment.
Le boulanger la façonnait maintenant à sa
guise, formait le pain long, la boule, la cou
ronne, piquait des fossottes sur sa masse,
dessinait les têtes d’un souple mouvement
de la paume de la main, arrondissait les
« croûtons » en homme soucieux de la belle
symétrie.
Et les longues pelles glissaient tout cela
en bon ordre dans les blanches entrailles
du monstre à la gueule en demi-cintre ; le
four s’embrasait.
Dos langues de feu jail lies des bûches cou
raient joyeusement sur la voûte, semblaient
se poursuivre en chantant, ou bien encore
se ruaient farouches à l’assaut des briques,
pareilles à des petits êtres fantastiques qui
déroulaient dans leur course folle des che
velures incandescentes dorées ou bleues.
Et toujours demi-nu, devant son temple,
le demi-dieu, le boulanger observait...
La belle pâte achevait sa transformation,
là-bas, derrière un rempart de flammes.
L’ordre naturel des choses voulait que le
pain, source de vie, naquit du feu destruc-
teur — Nutrisco et exlinguo — et qu’il y eut
dans ce spectacle banal toute la majesté d’un
symbole.
Mais mon ami le boulanger ne s’attarda
pas à ces réflexions. Il avait repris sa longue
pelle ; il écartait des tisons. Il me dit en
hâte :
— Bougez-vous un peu.V’là un deux livres
fantaisie qui me fait des blagues...
ALBERT-IERRENSCHMIDT.
Au Ministère du Travail
M. René Besnard, ministre du travail et de
la prévoyance sociale, a constitué son cabi
net comme suit :
Chef du cabinet : M. Carrière, maître des
requêtes au Conseil d’État.
Chefs adjoints : MM. André Verne, ancien
chef adjoint du cabinet du ministre du tra
vail, et Lucien Daleu, docteur en droit, avo
cat à la Cour d’appel,chef adjoint du cabinet
du ministre des colonies.
Chef du secrétariat particulier: M.Poincin,
ancien chef du secrétariat particulier du minis
tre des colonies.
Attachés : MM. Gaston Bairet, rédacteur
principal au ministère des finances ; Pierre
Delalande, rédacteur rapporteur au conten
tieux des Chemins de fer de l’État, et Marnay,
rédacteur au ministère du travail.
M. Schweisguth, inspecteur des finances,,
est chargé de mission au cabinet du mi
nistre.
Le parti Républicain démocratique
chez M. Poincaré
M. Raymond Poincaré, président de la
République, a reçu les membres de la Com
mission centrale exécutive du parti républi
cain démocratique,
Etaient présents : MM. A. Carnot, prési
dent ; Viger, sénateur ; F. Drelon, député, et
F. Hattat, vice-présidents ; C. Pallu de la
Barrière, secrétaire général ; Henri Lillaz,
trésorier ; G. Chastenet et Léon Barbier, sé
nateurs ; J. Godin, ancien ministre ; Sau-
mande. Geo. Gérald, Maurice Ajam, Robert
David et Paul Benazet, députes ; Hayem, pré
sident de la Société des industriels et com
merçants de France; Léopold Bellan, ancien
président du Conseil municipal de Paris ; le
professeur Samuel Pozzi, de l'Académie de
médecine ; A. Villemin, président du grou
pe des Chambres syndicales du bâtiment,
etc., etc.
M. A. Carnot a prononcé l’allocution sui
vante :
Monsieur le président de la République,
La Commission centrale exécutive du parti Ré
publicain démocratique, dont vous avez été Pua
des chefs et des inspirateurs les plus écoutés, a
l’honneur de vous apporter ses hommages avec
ses félicitations les plus cordiales, les plus sin
cères.
Elle le fait avec d’autant plus d’enthousiasme
qu’elle voit, dans le beau succès de votre élec
tion, à la fois la reconnaissance des services déjà
rendus par vous et l’espoir que votre esprit supé
rieur et votre droiture impeccable continueront à
diriger de haut la politique de la France.
===================
L'Action Diplomatique
On attend de Constantinople des éclair
cissements sur la solidité du nouveau gou-
vernement, ses intentions en ce qui concer
ne la réponse aux puissances et sa force
pour les exécuter.
Cet élément d’appréciation de la situa
tion reste assez vague, le télégraphe, en
Turquie, ne laissant passer les dépêches
qu’avec beaucoup de circonspection. Tou
tefois, il semble que le coup d’Etat n’a plus
fait de nouvelles victimes et que jusqu’à
présent l’opinion publique à Constantinople
reste calme devant cet événement comme
devant une révolution de palais. On ignore
aussi comment l’armée accepte le minis
tère du général Mahmoud Chevket pacha,
qui était fort impopulaire parmi les officiers
de la ligue militaire.
Une autre question que l’on se pose, dit
le Temps, est de savoir dans quelle mesure
l’unité de l’Europe résistera aux sollici
tations des jeunes-turcs. L’accueil que
leur coup d’État a reçu dans les grandes
capitales n’a été favorable dans aucune.
Mais la visite qu’Enver bey, qui a du reste
toujours le titre d’attaché militaire à Ber
lin, a faite à l’ambassade d’Allemagne aus
sitôt après le succès de son coup de force,
montre de quel côté le nouveau gouverne
ment Union et progrès s'efforcera de cher
cher un appui.
Toutefois l’Allemagne manifeste très net
tement sa volonté de maintenir le contact
et l’accord des six puissances sur les bases
actuelles. On ne peut que souhaiter qu’elle
fasse prévaloir sans réserve cette concep
tion dans la Triple-Alliance.
Si le sentiment de l'intérêt européen
persiste à dominer chez les puissances, K
serait inconcevable que la Turquie ne pré
férât pas en fin de compte se résigner plu
tôt que de compromettre par une inutile
résistance son empire d'Asie, dont une par
tie de la presse allemande envisage dès à
N 11,519
(8 Pages)
§ Centimes
EDTION DU MATIN — K Centimes
(83 Pages)
Dimanche 26 Janvier 4943
Administrateur • Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'Administration *
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havro
Administration, Impressions 81 Annonces. TEL. 10.17
Peti
avre
Rédacteur en Chef, Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE Fénoux
85, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7 60
ANNONCES
AU HAVRE.
A PARIS.
Bureau du Journal, 112, bouF de Strasbourg.
' L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
/ seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 25 JANVIER
Cotons : janvier, hausse 4 points ; mars,
hausse 1 point ; mai, hausse 4 points ;
juillet, hausse 5 points ; octobre, hausse
B points.
Calés t baisse 5 points à hausse 2 points.
NEW-YORK, 25 JANVIER
c. N ram
6, PRECEBEAT
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
INCIDENTS A LA COLONIE
PENITENTIAIRE DE BELLE-ISLE
Lorient. — De nouveaux incidents se sont
produits à la colonie pénitentiaire de Belle-
Isle.
Un colon a frappé d’un coup de poing le
gardien chef; un autre pupille, déjà con
damné par le Tribunal correctionnel de Lo
rient, lança une bûche à la tête d'un sur
veillant, puis il réussit à s’évader.
Arrêté peu après, le pupille fut mis en cel
lule.
LA DECLARATION
Cuivre Standard disp.
— mars
A malgasat, Cop. ..
Fer
71 7/8
15
15
71
18
50
75
1/4
25
LA BAGARRE DE VERSAILLES
Versailles. — M. Maurras a été condamné
à huit mois de prison, deux cents francs
d’amende.
M. de Couvrigny a été condamné à quatre
mois de prison et deux cents francs d’a
mende.
Les deux inculpés ont été condamnés soli-
dairement à mille francs de dommages inté
rêts envers la parcie civile.
CHICAGO, 25 JANVIER
C. DÜ JOUR
C. PRECED
Blé sur
Maïs sur
Saindoux sur.
Mai
Juillet...
Mai
Juillet...
Mai
Juillet...
92
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22
U GUERRE D’ORIENT
A la présidence du conseil
M. Briand, président du conseil, a reçu
hier au ministère de l’intérieur l’émir Alli
Pacha ; il a également reçu l’ambassadeur
de Turquie à Paris.
Déclarations du Parti Jeune-Turc
Vienne. — D’après la Neue Freie Presse, un
membre du Comité Jeune-Turc aurait fait les
déclarations suivantes :
« Nous comptons sur les Albanais qui dis
posent de soixante mille fusils et qui, en
reprenant Koritza aux Grecs et El Bassan aux
Serbes, hissèrent non le drapeau albanais,
mais le drapeau turc.
» Nous aurons assez d’argent pour conti
nuer la guerre.
» Cinquante partisans du Comité ont déjà
souscrit à eux seuls un million de livres. De
plus, de grosses sommes arrivent de l’étran-
ger. »
COURRIER POSTAL ASSAILLI
PAR DES BANDITS
Ajaccio. — En arrivant hier soir entre
7 et 8 heures, près de Porto-Vecchio, le con
ducteur de l’automobile postale qui assure le
service, trouva la route obstruée par un
amas de pierres.
Il arrêta son véhicule et descendit de son
siège.
A ce moment surgirent six individus ar
més qui lui intimèrent l’ordre de livrer les
sacs de dépêches.
Le conducteur dut s’exécuter. Les bandits
s'emparèrent en outre d’une valise apparte
nant à un officier qui, avec sa femme,
étaient les seuls occupants de la voiture.
Cette valise fut d’ailleurs renvoyée intacte
hier à son propriétaire.
Le montant des valeurs contenues dans les
sacs n’est pas encore déterminé.
Un pli contenant une somme de quatre
mille francs a échappé aux recherches des
bandits.
C’est la première fois qu’une semblable
agression se produit en Corse.
L’ASSASSINAT DU MÉCANICIEN DUPRAT
Aix-kn-Provence.— La Cour d’assises vient
de juger ‘assassinat du mécanicien du PLM
nommé Duprat, qui fat commis le 6 juillet
dernier par Gerbaud, ouvrier pâtissier, âgé
de 24 ans, amant de sa femme.
La femme Duprat a été condamnée aux
travaux forcés à perpétuité et Gerbaud à
quinze ans de travaux torcés.
ABONNEMENTS r
ar— |
Le Havre. la Seine-Inférieure, l’Eure J
l’Oise et la Somme ....3
Autres Départements
Union Postale
(Trois Mois
Six Mois
Un am
i 4 KO
• Fr.
10 »
Fr.
50
Fr.
I & Fr
4.6%
On s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de rrsnae
deEMWeebeaeggang.
La Réponse de la Turquie
CONSTANTINOPLE, 25 janvior Le Cansoil
les ministres discale la réponse à la note,
afin qu’elle puisse être remise demain ou
plus vraisemblablement lundi.
Au sujet du sens de cette réponse, on dit
au ministère des affaires étrangères que le
nouveau gouvernement ne veut pas la guer
re coûte que coûte, mais qu’il ne pourrait
conclure la paix que si Andrinople reste à la
Turquie.
Il semble que le cabinet essaiera de re
prendre les négociations de paix, sans Fin-
tervention des puissances.
Osman Nazimi a décliné l’offre du porte-
teuille de la guerre pour raisons de santé.
La Flotte Russe serait devant le Bosphore
Berlin.— On mande de Sofia à la Berliner
Tageblatt :
Le bruit court à Varna que la flotte russe
de la Mer Noire composée de onze navires,
zroise devant le Bosphore.
(Nous reproduisons ce bruit sous toutes
réserves).
L’Attitude de la Roumanie
Bucarest. — Un Conseil des ministres s’est
tenu dans la matinée sous la présidence du
roi.
Tous les ministres sont tombés d’accord
pour que les pourparlers avec la Bu’garie
puissent aboutir à un résultat dans le plus
“ref délai.
La Sotte turque
BALONIQUE. — Selon des nouvelles appor
tées par des navires français et un navire
italien, toute la flotte ottomane est mouillée
tans le Bosphore.
L’action Grecque
Athènes, 25 janvier. — Envoyé spécial
d’Havas. — Une vive fusillade a recommencé
je matin sur toute la ligne.
L’extrême droite grecque est arrivée hier
jusqu’à la plaine de Bizani, dépassant les
défenses accessoires turques.
L’attaque sur la gauche contre Saint-Nico-
tas continue.
La lutte est très acharnée étant donnés les
grands renforts turcs qui sont arrivés sur ce
boint.
La Réunion des Ambassadeurs
Londres. — Dans la matinée, a eu lieu une
réunion des ambassadeurs.
Les ambassadeurs ont été unanimes à re
fuser à la Porte tout espoir d aide financière
Du autre puisque le gouvernement n’accepte
pas les avis contenus dans la note des puis
sances.
Ils donneront le conseil aux délégations
Je Londres d’attendre une réponse à cette
note afin de baser leur décision sur un acte
officiel.
Les instructions spéciales demandées par
tes délégués à leurs gouvernements n’étant
pas encore parvenues à Londres, aucune
lécision n’a été prise.
La réunion s’est ajournés à aujourd’hui
dimanche, 5 heures.
COLLISION DE NAVIRES
Calais, 25 janvier. — La nouvelle arrive
quo la malle Princesso qui assure
le service Ostende-Douvres, partie à onze
heures d’Ostende, a abordé et coulé, par le
travers de Dunkerque, un trois-mâts norvé
gien dont le nom est encore inconnu, mais
dont l’équipage a pu être sauvé.
Au cours de ce sauvetage, un canot de la
Princesse-Clémentine, monté par huit hom
mes, a chaviré.
Six hommes ont été sauvés, mais deux au-
très, parmi lesquels le second du bord, ont
disparu.
------------ —
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Rugby-
France contre Angleterre
TWICKENHALI.
Le match de fooiball
rugby a été gagné par l’Angleterre, qui
compte vingt points contre zéro à la France.
Une Victoire de la Colonne Brulard
Tanger, 25 janvier.
La colonne Brulard vient de remporter un
important succès.
Elle avait campé le 23 à Bou-Riki, sur
l’oued Zseb. A onze heures du soir, l’ennemi
lui livrait une attaque de nuit qui nous coû
tait deux blessés, dont un officier.
Le 24, à six heures du matin, la colonne se
mit en marche dans la direction du Sud. A
sept heures, elle se heurtait au feu violent
d’un ennemi fortement retranché à cinq ki-
lomètres au Sud de Bou-Riki, dans la zaouïa
Ouel-Hassen. Il fallut, pour l’en déloger,
exécuter un vaste mouvement tournant. La
zaouïa fut emportée à deux heures et une
partie de nos troupes s’y retrancha pendant
que le reste de la colonne allait camper un
peu plus loin.
Le camp se trouvait en vue de la kasbah
d’Anflous, qui est logée sur une hauteur
d’où les Marocains tiraient sur nos troupes.
La colonne a dû enlever cette kasbah ce
matin.
L’entrain de nos soldats est excellent. Au
cours du combat du 24, nous avons eu 8 tués
et 41 blessés. Il est impossible d’évaluer
pertes de l’ennemi qui paraissent avoir
considérables.
Réunion au quai d’Orsay
les
été
Hier après-midi, au quai d’Orsay a eu lieu
une réunion à laquelle assistaient MM.
Briand, Jonnart, KOtz, Etienne et le génral
Lyautey, résident général au Maroc.
Le général Lyautey a exposé la situation
financière et militaire du Maroc.
Il a été décidé qu’un emprunt de liquida
tion et d’organisation provisoire s’élevant à
200 ou 250 millions serait soumis très pro
chainement au conseil par les ministres in
téressés qui se sont mis d’accord.
Le général Lyautey repartira pour le Maroc
par le premier courrier.
AU MINISTÈRE DE L'INTERIEUR
M. Théodore Tissier, conseiller d'Etat, est
Délegue dans les fonctions de directeur
personnel du secrétariat au ministère
(intérieur.
du
de
ALLEMAGNE
Une ville sans lumière
Un curieux accident s’est produit
près
La journée fut dure pour M. Briand,
moins bien en forme qu’à l’ordinaire pour
présenter et défendre sa politique.
Mais la situation est tellement claire que
la déclaration ministérielle pouvait conte
nir tout en un seul mot, qui affirme le prin
cipe directeur de la mission ministérielle :
« Nous avons le devoir et la volonté de
poursuivre la politique générale du précé
dent cabinet, sur le terrain politique par
l’entente féconde de tous les républicains,
et sur le terrain des grands intérêts natio
naux, par l’union étroite et solidaire de
tous les Français ».
L’élection de M. Raymond Poincaré à la
présidence de la République, dit le Temps, a
prouvé que l’accord n’etait pas impossible
entre la volonté parlementaire et le désir de
la nation. Le 17 janvier fut une journée
d’accord national. Le cabinet Briand a donc
le droit, et le devoir, d’assigner à ses efforts
le maintien de cet accord bienfaisant entre
la majorité républicaine du Parlement et le
pays conscient, libéré de la tyrannie étroite
des factions.
Sur la question de la réforme électorale,
où ses adversaires l’attendaient surtout,
M. Briand n’a pas voulu s’engager à fond.
Il était loisible à M. Briand de se tailler un
succès facile, dit la Petite République, en se
ralliant sans réserve à la thèse proportion-
naliste, ou en cherchant, au contraire, des
appuis et des acclamations dans les rangs
majoritaires.
En homme d’Etat conscient de sps devoirs
et soucieux des réalités, il s‘ borné, au
risque de mécontenter les deux partis, à
affirmer son attachement aux principes du
projet voté parla Chambre,tout en prévoyant
les concessions nécessaires que les réforma
teurs les plus intransigeants devront bien
consentir pour obtenir l’indispensable adhé
sion du Sénat.
C’est pour avoir si loyalement exposé la
situation que M. Briand sentit soudain se
coaliser contre lui tous les mécontents des
deux extrêmes.
Comme toujours, à la suite"de ces jour
nées de début, on attend des actes.
Ils ne sont pas douteux, cette fois, et la
majorité qui les attend ne sera pas déçue.
Les journaux républicains sont unani
mes à cet égard.
Comme on l’a vu, M. Jules Siegfried, à la
fin de la séance de vendredi, avait déposé
l’ordre du jour suivant :
« La Chambre, approuvant les déclara
tions du gouvernement, passe à l’ordre du
jour. »
De leur côté, MM. Chéron et Noulens
avaient déposé un autre ordre du jour :
« La Chambre approuvant les déclara
tions du gouvernement et confiante en lui
pour poursuivre une politique de défense
nationale, de progrès social et de laïcité,
avec le concours des républicains, passe à
l’ordre du jour. »
M. Jules Siegfried se rallia immédiate
ment à l’ordre du jour Chéron.
L’Action dit à ce propos :
L’ordre du jour Chéron-Noulens-Siegfried
a permis à la majorité de se ressaisir autour
d’un gouvernement d’action et de bonne
foi.
Que ce gouvernement n’hésite donc plus
aujourd’hui ! Qu’il ne s’attarde pas plus
longtemps à vouloir rassasier des insatia-
tiablee et concilier des irréconciliables. Qu’il
porte vigoureusement la réforme électorale
au Sénat et la démocratie sociale à la
Chambre.
C’est la seule façon qui lui reste, ainsi
qu’au Parlement, de se représen ter sans trop
d’incertitude devant le suffrage universel aux
élections generales de 1914.
U Aurore s’exprime en ces termes:
Delà séance d’hier, ce qu’il faut retenir
par-dessus tous, ce n’est pas la majorité
obtenue par le gouvernement, c’est la né
cessité de déblayer une fois pour toutes la
route sur laquelle nous piétinons lamenta
blement. Il nous faut aboutir. Trancher,
comme nous le disions l’autre jour, le nœud
gordien. Solutionner le problème de l’éter
nelle réforme électorale. La paix républi
caine ne reviendra pas, que nous ne nous
soyons mis d’accord, antiproportionnalistes
et proportionnalistes. Il flottera toujours
dans l’air ce brouillard glacé qui nous fai
sait à tous, hier, froid dans le dos. M. Briand
trouvera-t-il le secret de la solution ? Il a
demandé, hier, à la Chambre, de lui faire
confiance. De la discussion tout entière on
peut conclure que le désir est général d’une
prompte réponse du Sénat, qui détient en ce
moment le projet que lui a envoyé la Cham
bre. Le moment est venu de ne plus perdre
un seul instant. Le retour de l’entente répu
blicaine, indispensable aux élections déjà
proches, est à ce prix.
La Lanterne enfin;
Par contre, il est une partie de la déclara
tion qui, celle-là, est tout à fait originale et
qui porte bien la marque de l’esprit de M.
Briand : c’est celle qui a trait au programme
economique du cabinet. On n’y a pas prêté
assez d’attention hier. Elle mérite cependant
un examen sérieux et approfondi.
Demain, quand seront dissipés les malen
tendus qui pèsent encore sur la situation
politique, les républicains, nous en sommes
convaincus, apporteront leur concours à
l’œuvre pour laquelle le cabinet s’est cons
titué.
Mais il faut que le malaise disparaisse.
Il sera aisé au president du Conseil et à ses
collaborateurs, de forcer la confiance de la
majorité républicaine.
LE PAIN A LA MÉCANIQUE
uché Pelil Havre
Photo Pitit liavie
Au Ministère de la Guerre
Le général Graziani, directeur de l’infan-
terie, est nommé chef du cabinet militaire
du ministre, en remplacement du général
Bourdériat, appelé à d’autres fonctions ; le
lieutenant-colonel Jouinot - Gambetta, des
chasseurs d’Afrique, est nommé sous-ches
du cabinet.
Au Ministère de la Marine
M. Pierre Baudin, ministre de la marine,
vient de constituer définitivement son cabi
net de la façon suivante :
Le contre-amiral Lacazeconserve ses fonc
tions de chef du cabinet qu’il remplissait
depuis 1911. -
| Sont nommés :
| Chef-adjoint du cabinet du ministre, char
gé des affaires civiles, M. Jean Tannery, con
seiller référendaire à la Cour des comptes.
| Sous-chefs du cabinet : MM. Olmi, capi-
; taine de frégate ; Roussellier, auditeur au
Conseil d’Etat.
Chef du secrétariat : M. Alfred Monprofit,
ancien chef du cabinet du ministre de l’ins-
; traction publique.
Attachés au cabinet : MM. Léon Abrami,
avocat à la cour d’appel ; Albert Louvel,
docteur en droit ; Burnouf, conseiller de
préfecture de l’Ain.
Le contrôleur général Lespéron conserve
ses fonctions de chef de la section adminis
trative.
LÉGION-D’HONNEUR
le vice-amiral Philibert est élevé à la
di-
pité de grand'croix de la Légion-d'Hionneur.
DANS L’ARMÉE
Le général de brigade Margaeron, disponi-
lie, passe à la 2e section de réserve.
d’Osnabruck. Le ballou Nordsee } parti de
Wilheimshaven, s’étant approché trop près
du sol, l’ancre vint heurter les fils électri
ques de la Société d’électricité de la Basse-
Saxe et les brisa. La force du courant qui
traverse la conduite étant de 30,000 volts, un
court-circuit se produisit. Les aéronautes en
furent quitte pour la peur. La corde retenant
l’ancre était heureusement sèche et n’avait
pas conduit le courant dans le ballon.
La ville d’Osnabrück et plusieurs villages
ont été privés de lumière à la suite de cet
accident.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la MME ITEMMATIOHALE
108, rue St-Lazare, 108
(immeuble de F HOTEL TE R HH N U S)
La galette des rois est passée, mais le pain
nous reste. Qu’il en soit toujours ainsi.
Si le feuilleté est l’agrément du superflu, la
bonne pâte commune a la valeur du néces
saire. Boulanger, brave ami, dans la splen
deur rosée de votre demi-nudité, vous avez
des airs de demi-dieu, dispensateur de vie.
Je sais que vous n’êtes que le dernier
maillon de la grande ch due et que pour ré
sumer le symbole il faudrait évoquer avant
vous le miracle des champs, le geste auguste
du semeur, le mystérieux travail de la terre,
la levée d’or dans la sérénité des campagnes,
et la rude besogne des « aoûteux », et la
chanson rustique des faucheurs berçant la
gloire de Messidor, et le ronronnement du
moulin, et la claire pluie du froment tom
bant des meules.
Boulanger, mon ami, vous n’arrivez qu’à
la scène finale pour faire de cette poudre
où la belle nature a mis le secret de nos
existences, le pain vénéré qui fait vivre.
Mais il semble que vous synthétisiez alors
tous les efforts épars du semeur au meu
nier, etqu’il y ait dans votre obscur o’lice,
pour faire de cette farine inerte une chose
prête à l’assimilation, l’admirable magie
d’une transfiguration.
Depuis quelque temps déjà, on m’avait dit
de vous aller rendre visite, boulanger ami.
Je crois bien même que vous m’y aviez
convié.
Mais voilà, nous sommes peu gens de vue
et de revue. La destinée nous a créé des
existences parallèles. Tous deux, aux mêmes
heures, la tâche nous asservit. Tous deux,
lorsque perdu dans les douceurs de son
oreiller le bourgeois dort et rêve, nous
sommes au travail, vous devant la pâte, moi
devant la table, inquiets du four tous deux,
vous pour le soigner, moi pour l’éviter le
plus possible. Et le sort étrange et malicieux
nous met parfois tous deux dans le pétrin.
Le pain quotidien a de ces exigences et
quelles que soient la fatigue, l’inquiétude du
moment, il nous faut tous deux, boulanger
ami, paraître à heure fixe, venir surprendre
au lit le bon bourgeois qui ne nous connaît
pas très bien ni l’un ni l’autre, vous avec
votre petit croissant, moi avec ma tranche
de chronique. Nous sommes les vieux amants
de la nuit, les frères des girdiens de la paix,
des râcleurs de rails de tramways, des typos,
des chevaux de fiacre hors d’âge et desetei-
gneurs de becs de gaz t...
*
* *
Cependant, certains soirs, en regagnant
mon gite, je vous entendais, je vous devinais
à l’œuvre.
Par le soupirail montaient dans le silence
de la nuit déserte des halètements sourds et
rythmés.
La machine humaine souffl ut en cadence
au-dessus du pétrin tout blanc. J’apercevais
même, en me penchant un peu, votre torse
ruisselant courbé sur la pâte. Il se redres
sait brusquement pour se plier tout à coup,
se dresser encore, pareil à celui de ces au
tomates que la detente d’un ressort fait
mouvoir, et, chaque fois, un «ahan » sonore
s’évadait par le soupirail.
Rude tâche 1 Ces vingt ou trente kilos de
pâte dansaient littéralement entre vos bras
musclés qui la tassaient dans leur étau, la
pliaient, la roulaient tour à tour, l’éten
daient, la pliaient encore, l’élevaient bien
haut, puis, brutalement, la laissaient re
tomber de tout son poids, afin de l’« aérer»,
m’avez-vous dit un soir.
Et dix fois, vingt fois, cent fois, le même
geste se renouvelait, avec le « ahan » du
« gindre » pendant que la sueur continuait
de ruisseler sur le dos, glissait goutte à gout
te en suivant la rigole des côtes, et que des
nuages de farine volaient, soulevés par des
rafales minuscules, par les tempêtes de vent
et de froment déchaînées au fond du pé
trin ..,
Une nuit, en passant, je n’entendis rien.
Plus de « ahan », plus de bruit sourd de
pâte secouée. Le « gindre » avait endossé
une veste et ne geignait plus. Le soupirail
flamboyait toujours de sa clarté crue, au mi
lieu de la nuit des boutiques endormies, et
la vie régnait toujours dans cette cave em
brasée, mais un régime nouveau s’était in
stallé là, discrètement.
Le lendemain, sur le pas de votre porte,
boulanger, mon ami, vous m’avez dit :
— Entrez donc. Je me modernise. Je fais
le pain à la mécanique. ...
Et je suis entré.
*
* »
A la vérité, l’idée de substituer le moteur
mécanique au travail humain pour malaxer
la pâte et faire le pain n’est pas une idée
neuve.
Dès 1850 on connaissait le pétrin Boland,
sorte de réservoir dans lequel des lames de
fer, disposées en spirales et mues par une
manivelle, soulevaient, roulaient, al ion- J
geaient la pâte d’un mouvement régulier et i
lent. Mais l’appareil se tournait à la main, le |
travail était presque aussi pénible que J
l’autre.
L'absence d'un moteur vraiment pratique
et économique a contrarié et presque arrêté
le développement du pétrissage mécanique
Puis des difficultés sérieuses ont surgi, en
effet : l’interdiction des propriétaires à leurs
locataires boulangers d’installer un moteur
dans l’immeuble, les frais d’aménagement
du pétrin et de son moteur, les exigences du
fisc qui taxe toute « machine » comme cela
s’est vu à Lyon, où les pétrins mécaniques
furent frappés d’un impôt de 75 francs...
Il semble cependant que le progrès élar
gisse sa trouée. Le fluide électrique est in
tervenu, souple, docile, facilement mania
ble. G’est la fezve immédiate obtenue sur un
simple déplacement de manette, comme un
jet d’eau sur un tour de robinet. Là, où le
courant n’a point paru encore, le moteur à
essence, à gaz ou à naphtaline s’est installé,
peu encombrant, économique, toujours prêt
à tourner. Et c’est alors que s’est ouverte
dans les grandes villes et leur banlieue, pour
le pétrissage mécanique, une ère de prospé
rité qui doit fatalement s’étendre.
Au Havre, on compte une cinquantaine de
boulangeries qui, rompant définitivement
avec la tradition ancienne, n’ont pas hésité
à remplacer le travail à la main par la ma
chine.
L’appareil n’a pas sensiblement changé
depuis 1850. Le pétrisseur Bruneau qui est
surtout en usage dans notre région consiste
essentiellement en une grande cuvette mé
tallique dans l’axe de laquelle tourne des
lames en spirale. Le mouvement est com
biné de telle sorte que la cuve et les lames
tournent en sens inverse, obligeant la pâte
à subir sut tous les sens une trituration
intense et complète, qui assure sa parfaite
homogénéité.
Les bras pétrisseurs, par leurs formes et
leur genre de travail, fournissent l’allonge
ment voulu ; la pâle soulevée s'élire sans se
casser, elle s’allonge sur les bras de l’hélice
en les enveloppant sur toute leur étendue,
elle forme en s’y reposant comme une sorte
de toile, de telle façon que l’eau pénètre in
timement dans toutes les molécules de la
farine.
Le pétrissage est rapide, 8 à 10 minutes
par fournée de 325 kilos.
La machine effectue son office avec sa
classiqae régularité. Iafatigible, elle pétrit
sans faiblesse, alors que le meilleur des ou
vriers capable de travailler d’affilée 9 ou 10
fournées de 70 pains, sera nécessairement
amené, quand son travail tire à sa fin, à se
ralentir, à soigner moins ses derniers pâ-
tons.
La machine enfin offre un avantage indis-
eu table au point de vue de la propreté et de
l’hygiène... Plus de contact entre la pâte
et le corps du boulanger, plus de sueur,
plus de salive, plus de poussière.
Quand le seul mérite du pétrissage méca
nique serait de soulager le boulanger d’un
travail qui l’exténue et l’anémie, de lui as
surer plus d’hygiène en donnant plus de ga
rantie à la clientèle, ce mérite serait suffi
sant pour justifier la généralisation du pro
cédé?
*
* *
De fait, l’expérience est concluante.
Le mélange ayant été fait dans la cuve, le
moteur mis en marche, sous mes yeux, en
quelques minutes, la pâte était liée, pétrie,
déchiquetée, reformée, roulée, aplatie, tra
vaillée sur toutes ses faces.
Elle apparaissait alors sous l’aspect d’une
massejaunâtre, fine de grain, sans « gru
meaux », parfumée d’une bonne odeur de
levain et de fleur de froment.
Le boulanger la façonnait maintenant à sa
guise, formait le pain long, la boule, la cou
ronne, piquait des fossottes sur sa masse,
dessinait les têtes d’un souple mouvement
de la paume de la main, arrondissait les
« croûtons » en homme soucieux de la belle
symétrie.
Et les longues pelles glissaient tout cela
en bon ordre dans les blanches entrailles
du monstre à la gueule en demi-cintre ; le
four s’embrasait.
Dos langues de feu jail lies des bûches cou
raient joyeusement sur la voûte, semblaient
se poursuivre en chantant, ou bien encore
se ruaient farouches à l’assaut des briques,
pareilles à des petits êtres fantastiques qui
déroulaient dans leur course folle des che
velures incandescentes dorées ou bleues.
Et toujours demi-nu, devant son temple,
le demi-dieu, le boulanger observait...
La belle pâte achevait sa transformation,
là-bas, derrière un rempart de flammes.
L’ordre naturel des choses voulait que le
pain, source de vie, naquit du feu destruc-
teur — Nutrisco et exlinguo — et qu’il y eut
dans ce spectacle banal toute la majesté d’un
symbole.
Mais mon ami le boulanger ne s’attarda
pas à ces réflexions. Il avait repris sa longue
pelle ; il écartait des tisons. Il me dit en
hâte :
— Bougez-vous un peu.V’là un deux livres
fantaisie qui me fait des blagues...
ALBERT-IERRENSCHMIDT.
Au Ministère du Travail
M. René Besnard, ministre du travail et de
la prévoyance sociale, a constitué son cabi
net comme suit :
Chef du cabinet : M. Carrière, maître des
requêtes au Conseil d’État.
Chefs adjoints : MM. André Verne, ancien
chef adjoint du cabinet du ministre du tra
vail, et Lucien Daleu, docteur en droit, avo
cat à la Cour d’appel,chef adjoint du cabinet
du ministre des colonies.
Chef du secrétariat particulier: M.Poincin,
ancien chef du secrétariat particulier du minis
tre des colonies.
Attachés : MM. Gaston Bairet, rédacteur
principal au ministère des finances ; Pierre
Delalande, rédacteur rapporteur au conten
tieux des Chemins de fer de l’État, et Marnay,
rédacteur au ministère du travail.
M. Schweisguth, inspecteur des finances,,
est chargé de mission au cabinet du mi
nistre.
Le parti Républicain démocratique
chez M. Poincaré
M. Raymond Poincaré, président de la
République, a reçu les membres de la Com
mission centrale exécutive du parti républi
cain démocratique,
Etaient présents : MM. A. Carnot, prési
dent ; Viger, sénateur ; F. Drelon, député, et
F. Hattat, vice-présidents ; C. Pallu de la
Barrière, secrétaire général ; Henri Lillaz,
trésorier ; G. Chastenet et Léon Barbier, sé
nateurs ; J. Godin, ancien ministre ; Sau-
mande. Geo. Gérald, Maurice Ajam, Robert
David et Paul Benazet, députes ; Hayem, pré
sident de la Société des industriels et com
merçants de France; Léopold Bellan, ancien
président du Conseil municipal de Paris ; le
professeur Samuel Pozzi, de l'Académie de
médecine ; A. Villemin, président du grou
pe des Chambres syndicales du bâtiment,
etc., etc.
M. A. Carnot a prononcé l’allocution sui
vante :
Monsieur le président de la République,
La Commission centrale exécutive du parti Ré
publicain démocratique, dont vous avez été Pua
des chefs et des inspirateurs les plus écoutés, a
l’honneur de vous apporter ses hommages avec
ses félicitations les plus cordiales, les plus sin
cères.
Elle le fait avec d’autant plus d’enthousiasme
qu’elle voit, dans le beau succès de votre élec
tion, à la fois la reconnaissance des services déjà
rendus par vous et l’espoir que votre esprit supé
rieur et votre droiture impeccable continueront à
diriger de haut la politique de la France.
===================
L'Action Diplomatique
On attend de Constantinople des éclair
cissements sur la solidité du nouveau gou-
vernement, ses intentions en ce qui concer
ne la réponse aux puissances et sa force
pour les exécuter.
Cet élément d’appréciation de la situa
tion reste assez vague, le télégraphe, en
Turquie, ne laissant passer les dépêches
qu’avec beaucoup de circonspection. Tou
tefois, il semble que le coup d’Etat n’a plus
fait de nouvelles victimes et que jusqu’à
présent l’opinion publique à Constantinople
reste calme devant cet événement comme
devant une révolution de palais. On ignore
aussi comment l’armée accepte le minis
tère du général Mahmoud Chevket pacha,
qui était fort impopulaire parmi les officiers
de la ligue militaire.
Une autre question que l’on se pose, dit
le Temps, est de savoir dans quelle mesure
l’unité de l’Europe résistera aux sollici
tations des jeunes-turcs. L’accueil que
leur coup d’État a reçu dans les grandes
capitales n’a été favorable dans aucune.
Mais la visite qu’Enver bey, qui a du reste
toujours le titre d’attaché militaire à Ber
lin, a faite à l’ambassade d’Allemagne aus
sitôt après le succès de son coup de force,
montre de quel côté le nouveau gouverne
ment Union et progrès s'efforcera de cher
cher un appui.
Toutefois l’Allemagne manifeste très net
tement sa volonté de maintenir le contact
et l’accord des six puissances sur les bases
actuelles. On ne peut que souhaiter qu’elle
fasse prévaloir sans réserve cette concep
tion dans la Triple-Alliance.
Si le sentiment de l'intérêt européen
persiste à dominer chez les puissances, K
serait inconcevable que la Turquie ne pré
férât pas en fin de compte se résigner plu
tôt que de compromettre par une inutile
résistance son empire d'Asie, dont une par
tie de la presse allemande envisage dès à
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