Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-01-25
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 janvier 1913 25 janvier 1913
Description : 1913/01/25 (A33,N14518). 1913/01/25 (A33,N14518).
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
55“ Année
N* 11,518
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EDITION BD MATIN
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Samedi 25 Janver 1943
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O. RANDOLET
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Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
avre
organe républicain démocratique
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2%
Fr
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s o Fr. : 44% » (
O \L abo . nn8 également, 8 ANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de . , ano9 h
"] Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MÂTIN
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 24 JANVIER
Cotons : janvier, hausse 24 points ; mars,
hausse 26 points ; mai, hausse 26 points ;
juillet, hausse 26 points. — Ferme.
Cafés : baisse 2 points à hausse 17 points.
AU PARLEMENT
METAUX
LONDRES, 24 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
cal .ne
£ 69 5/-
£ 69 12 6
22/6
22/6
Comptant ..
3 mois. ..
ETAI
Comptant .
3 mois. ...
soutenu
£ 226 -/-
£ 224 -/-
-f-
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10/-
20/-
FER
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Comptant ..
sentenu
£ 65/3
-l-
10 % d
3 mois ....
i 66/7 %
-f-
6 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 23 janvier 1 913.
NEW-YORK, 24 JANVIER
Cuivre Standard disp.
— mars
Amalgamat. Cop...
Fer
CHICAGO, 24
c. ic root
15 50
15 75
71 14
18 25
C. PREGEDENT
15 62
15 87
74 1/8
18 25
JANVIER
U GUERRS D’ORIENT
Après le Coup d’Etat
CONSTANTINOPLE. — L’iradé portant consti
tution du Cabinet a paru hier malin.
Les ambassadeurs se sont réunis chez le
marquis di Palavisini.
Le Conseil des ministres se réunira pour
ArI êter le texte de la réponse à la note des
puissances.
On a pris de grandes mesures pour main
tenir l’ordre. La nuit, de fortes patrouilles
sillonnent les rues de Stamboul.
Le rédacteur en chef de Ylkdam a été ar
rêté.
Les Délégués Balkaniques envisagent
l’éventualité a’une reprise aes nostilités
Londres (du correspondant particulier
d'Havas). — Les délégués balkaniques ont
examiné dans leur conférence d hier après-
midi, la situation qui résultait pour eux du
pronunciamiento de Constantinople. Ils ont
tous été d’avis que les faits parlaient élo
quemment par eux-mêmes et que la réponse
du nouveau gouvernement à la note des
puissances était écrite par les événements
d'hier : le remplacement du Cabinet Kiamil
Tacha qui avait accepté cette note et la mort
de Nazim Pacha, et qu’il fallait donc se pre-
parer à l’éventualite d’une reprise des hos
tilités.
Dans ce but, il est nécessaire que tous les
délégués soient nantis de pouvoirs leur per
mettant de rompre les négociations. Or, si
M. Danef possède pleins pouvoirs et s’il en
est de même pour M. Venizelos, chef de la
mission grecque, les délégués serbes et mon
ténégrins ne les possèdent pas. Ils ont donc
télégraphié en ce sens à leur gouvernement.
La réponse décès gouvernements ne sau
rait parvenir avant demain après-midi ou
demain soir.
Le délai ainsi accordé suffira-t-il pour
qu’entre temps la face des choses puisse
changer, soit que le gouvernement ottoman
actuel soit renversé ou qu’une intervention
des puissances ait lieu ?
Dans les milieux Laikaniques on estime
que sous deux ou trois jours, les négocia
tions seront inévitablement rompues.
Cuirassés italie_a dans les eaux turques
Rome. — Les cuirassés Saint-Alarc et Pise
ont reçu l’ordre de se rendre immédiate
ment dans les eaux turques.
Hakki Pacha viendrait à Londres
Londres. — Le bruit court que Hakki Pa
cha viendrait à Londres pour participer aux
négociations de paix.
Ce bruit est accueilli avec incrédulité par
la délégation ottomane.
Un grand combat serait engagé
Athènes. — Envoyé spécial d’Havas. —
Suivant des renseignements particuliers re
çus par VEphimeris, une grande bataille diri
gée personnellement par le Diadoque a com
mencé dans la matinée devant Bizani.
L’impression à Belgrade
Belgrade, envoyé spécial d’Havas. — Les
désorares de Constantinople et le remplace
ment du ministère Kiamil Pacha par un
gouvernement Jeune Turc, ont produit ici
une forte impression.
La croyance commune répandue dans le
public est que l’Allemagne et l’Autriche ont
dû agir dans la coulisse, Mahmoud Chevket
Pacha et Enver Bey étant connus pour leurs
tendances germanophiles.
LES VOTES SUR L’ORDRE DU JOUR
CHÉRON
Les 77 députés qui ont voté contre l’ordre
du jour de M. Chéron, se décomposent ainsi :
Un membre des droites,un membre de la gau
che-radicale, soixante et onze membres du
parti socialiste, deux membres n'apparte
nant à aucun groupe et deux radicaux-socia-
listes.
N’ont pas pris part au vote, 14 membres
de l’Action libérale, 86 membres des droites,
7 membres du groupe de la Gauche démo
cratique, 23 membres de la Gauche radicale,
6 membres non inscrits aux groupes, 4 mem
bres du groupe des républicains progressis
tes, 86 membres du groupe des radicaux so
cialistes, 15 membres du groupe des répu
blicains socialistes, 1 membre de l’Union ré
publicaine.
Enfin 20 députés étaient absents par con
gé ; tous les autres députés ont voté pour.
Votes de nos Députés
Scrutin sur l’ordre du jour Chéron :
M. Ancel était absent par congé.
. pas pris part au vote.
Les autres députés de la Seine-Inférieure
M. de Pomereu n’a
nt voté pour.
SERVICE DU RECRUTEMENT
M. Leroy, officier d’administration de 2e
Classe, employé au 2e bureau de recrute
ment de la Seine, passe au bureau de recru
tement du Havre.
A la Chambre, l’ordre du jour de confiance est voté
par 524 voix contre 77
(DE NOTRE correspondant particulier)
Paris, 21 janvier 1913.
Blé sur
Maïs sur.....
Saindoux sur,
Mai ...
Juillet.
Mai ...
Juillet.
Mai ...
Juillet :
c. DU
92
90
51
52
10
10
JOUR
7 8
3 8
3 4
12
20
22
C. PRECEO
92
89
51
10
10
1/4
3 4
Ô 8
1/t
15
17
L'INDISPOSITION DE H. BRIAND
Le président du Conseil a été pris, au
cours de la séance de la Chambre, à la fin de
la première partie de son discours, d’un ma
laise résultant d’un trouble de la digestion.
M. Briand voulut néanmoins lutter contre
ce malaise grandissant, poursuivre et termi
ner ses explications.
Cet effort accompli, se sentant sérieuse
ment indisposé, il se rendit dans le salon ré
servé aux ministres, où des soins lui furent
donnés.
Il revint ensuite dans la salle des séances
et prit la parole sur l’ordre du jour de con
fiance.
Après le vote de cet ordre du jour, le pré
sident du Conseil retourna au ministère de
l’intérieur où il rencontra un médecin de ses
amis qui lui prescrivit quelques heures de
repos.
De tout temps, les débuts d’un nouveau
ministère ont exercé sur la foule une attrac
tion particulière. Cette attraction a peut-être
été plus grande encore pour le cabinet
Briand que pour ceux qui l’ont précédé. De
nombreux curieux se pressent devant les
grilles, auprès desquelles s’est installé l’iné
vitable bataillon des photographes.
Même affluence à l’intérieur du palais. La
salle d’attente du public est bondée et les
deux rangées de tribunes regorgent de spec
tateurs.
Ce sont, d’ailleurs, à peu près les mêmes
figures que l’on voyait, vendredi dernier, au
Congrès. Il n’y manque que l’élément ver-
saillais, officiers de la garnison, femmes de
fonctionnaires, auxquels, ce jour-là, on ne
pouvait refuser des places, qu’ils ne retrou
veront plus maintenant que dans sept ans.
Dans les couloirs, c’est la cohue. Dans la
J constata, non sans ironie, que ses adversai
res s’étaient prudemment dérobés.
M. Briand n’en compléta pas moins, par
des explications assez détaillées, la déclara
tion qu’li venait de lire au nom du gouver
nement, allant au-devant des objections
qu’il devinait dans l’esprit de ses contradic-
salle des séances également. Presque tous les
députés sont à leur banc lorsque M. Descha-
nel prend place au fauteuil présidentiel,
suivi bientôt par les membres du nouveau
Cabinet.
membres du nouveau
C’est M. Briand qui fait le premier son en-
<- "—iè-a .„ s voici M. Jonnart, M.
trée. Derrière lui.
DE PAU A MADRID EN AÉROPLANE
Madrid. — L’aviateur Bider, parti hier ma
tin de Pau, a atterri à l'aérodrome de Cuatro
Vientos, près de Madrid.
L’aviateur a franchi les Pyrénées à gauche
du Pic du Midi, à trois mille mètres de hau
teur, en se dirigeant au moyen d’une carte.
Il a suivi l’itinéraire suivant ; Jaca, Sarra-
gosse, Guadalajara.
Bider a effectué son raid de 512 kilomètres
en 5 h. 35.
Le temps était très pluvieux et très mau
vais.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
EN ANGLETERRE
Londres. — On assure que le gouverne
ment a décidé d’attendre les résultats du
vote sur l’amendement de Sir Edward Grey
pour prendre une décision au sujet du re
trait ou du maintien dubill du suffrage uni
versel.
Houvelles Politiques
L’Election de M. Poincaré
à la Présidence de la République
M. Fallières, accompagné de M. Collignon,
secrétaire général de la présidence, est allé
jeudi après-midi, rue du Commandant-Mar
chand, rendre visite à M. Poincaré.
M. Raymond Poincaré a rendu visite jeudi
après-midi, à la clinique du docteur Doyen,
au fils de M. Delcassé, ancien ministre de la
marine, qui fut, on se le rappelle, victime
d’un accident d’aéroplane.
Il a assisté jeudi soir, avec Mme Poincaré,
au dîner offert en son honneur par le prince
de Monaco.
A ce dîner, le prince héritier de Monaco
portait la cravate de commandeur de la Lé-
gion-d’Honneur qu’il vient de recevoir du
président de la République.
Le prince Louis était chevalier depuis dix-
sept ans, depuis sa sortie de Saint-Cyr, et M.
Fallières a tenu à lui donner cette marque
d’affectueuse sympathie au moment où il va
quitter l’Elysée.
Mme Raymond Poincaré a donné sa pre
mière réception de jour du jeudi de trois à
sept heures.
Les représentants du corps diplomatique,
de l’Institut, du monde politique, artistique,
du barreau et de la haute société parisienne
avaient tenu à apporter à la femme du nou
veau président de la République leurs félici
tations.
Mme Raymond Poincaré a reçu également
les présidente, vice-presidentes, membres
du conseil d’administration et directrices de
groupes de l’Union des femmes de France
(Croix-Rouge française), venues lui apporter
leurs respectueuses félicitations.
Cette délégation a été présentée par Mme
Pérouse, qui a prononcé une allocution.
Mme Poincaré a exprimé avec émotion à
ses anciennes collaboratrices combien elle
était touchée de cette délicate manifesta
tion.
Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin, à l’Elysée, sous la présidence de M.
Fallières.
Le texte de la déclaration ministérielle de
vant être lue aux Chimbresa été soumis au
président de la République et définitivement
arrêté.
Le Conseil a ensuite admis en principe le
groupement en un sous-secrétariat d’Etat
des divers services concernant la marine
marchande actuellement dispersés dans les
trois ministères de la marine, du commerce
et des travaux publics.
Le Conseil statuera dans une réunion ulté
rieure sur le mode de réalisation de ce pro
jet.
Le Conseil a entendu ensuite les commu
nications du ministre des affaires étrangères
sur la situation extérieure.
Le ministre des finances a été autorisé à
déposer le projet de loi relatif aux moyens
de combattre la tuberculose dans les admi
nistrations publiques et les armées de terre
et de mer.
La prochaine réunion du Conseil est fixée
à mardi.
Etienne, M. Klotz, M. Guist’hau, M. Jean Du-
puy, M. Jean Morel, M Paul Bourely. .. Tous
recueillent au passage les félicitations et les
poignées dé mains de leurs amis.
M Delcassé, qui regagne sa place de sim
ple député, est très entouré. Dès qu’il aper
çoit l’ancien ministre de la marine, M. Briand
se lève à demi et tous deux échangent une
chaude poignée de mains.
C’est dans un silence profond que M.
Briand, le torse moulé dans une impeccable
redingote noire, est monté à la tribune de la
Chambre pour donner lecture de la déclara
tion ministérielle et ce silence, à la fois at
tentif et réservé, a persisté jusqu’au bout, à
peine troublé, çà et là, par de rares et dis
crètes interruptions.
Dès les premiers mots prononcés par le
président du Conseil, il fut aisé d’ailleurs de
constater que les radicaux-socialistes, au
lieu de partir immédiatement en guerre con
tre le nouveau cabinet, avaient jugé plus
expédient d’adopter à son .égard une attitude
moins belliqueuse et de rester, pour le mo
ment du moins, sur l’expectative.
Les socialistes eux mêmes ont, pour une
fois, écouté M. Briand sans l’interrompre à
tout moment par des cris ou des invectives,
comme ils ont coutume de le faire chaque
fois qu’il prend la parole.
Dans ces conditions, la lecture de la décla
ration ministérielle ne pouvait pas être bien
mouvementée et, de fait, elle n’a été mar
quée par aucun incident saillant.
Le président du Conseil, dont la voix un
peu grave portait à merveille au milieu de
ce silence, a détaillé cet art infini de diction
qui le caractérise et qui donne à chaque
phrase sa portée véritable, à chaque mot sa
reelle valeur.
C’est par des marques d’approbation, par
des « très bien !» que furent accueillis, au
début, l'appel à l’union de tous les français,
et le passage concernant l’amnistie.
Celui visant la réforme électorale provo
qua, lorsque M. Briand parla de la sagesse
éprouvée du Sénat, quelques sourires et ce
que le Journal Officiel a coutume d’appeler
des « mouvements divers ».
Des sourires, des applaudissements ironi-
bues soulignèrent aussi la longue énuméra
tion des projets qui s’imposent à la sollici
tude de la Chambre. Certains affectèrent de
comprendre que, par cette énumération, le
nouveau ministère avait la prétention de
tracer pour la présente législature un pro
gramme de travail que dix années suffiraient
à peine à réaliser, alors que M. Briand vou
lait seulement indiquer un plan général de
réformes sociales, economiques, fiscales et
préciser celles qui lui semblent les plus né
cessaires, les plus urgentes, œuvre scolaire,
dont l’achèvement doit être mené à bonne
fin a sans provocation et sans violence, mais
avec ténacité », statut des fonctionnaires,
réforme fiscale, extension des droits syndi
caux, partage des bénéfices, etc.
Cette partie de la déclaration fut ponctuée
par des très bien, partis tantôt d’un côté de
la salle, tantôt de l’autre, et c’est par des
bravos assez nourris que furent accueillis
les passages concernant la politique exté
rieure, la défense nationale et, enfin, la pé
roraison.
Au Luxembourg, c’est M. Barthou, garde
des sceaux et vice-president du Conseil, qui,
selon l’usage, a donné lecture de la déclara-
sion. Là non plus,cette lecture n'a guère été
mouvementée. La droite, cependant, a fait
entendre quelques rumeurs au passage con
cernant l’école laïque.
« Voyons, Messieurs de la Gauche, s’écria
à ce moment M. de Lamaizelle, applaudissez
donc !...
Et M. Brager de la Ville-Moysan de repren
dre : Voyons, applaudissez !...
De même au passage visant la réforme
électorale, M. de Lamarzelle cria ironique
ment : « A ce moment, vous aurez besoin
de nos voix ! »
Quant aux radicaux de la Haute Assem-
blée, leur attitude fut la même que ceux de
la Chambre, réservée, silencieuse, et c’est
surtout du centre que partirent les applau
dissements.
La déclaration lue, le Sénat s’empressa de
lever la séance, tandis qu’on avait,au Palais-
Bourbon, les interpellations traditionnelles.
Celles-ci, d’ailleurs, ne furent pas bien ter
ribles. Il y eut cependant, au début, une
assez vive escarmouche entre les propor-
tionnalistes, conduits par M. Charles Be
noist, et les arrondissementiers, dont M.
Thomson fut, une fois de plus, le porte-pa
role, mais, sauf cela, le débat fut assez terne.
Ni M. Rozier, qui parla surtout des ques
tions sociales, ni M. Delahaye, qui attaqua
personnellement M. Briand, ni M. Franklin-
Bouillon, ni M. Sembat, ni M. Jaurès lui-
même ne donnèrent à fond et, quand il prit
à son tour la parole, le président du Conseil
teurs et répondant de bonne grâce aux ques
tions qu’on n’avait pas psé lui poser.
Les radicaux poussèrent même la pruden
ce jusqu’à s’abstenir de présenter un ordre
du jour de blâme et c’est sur l’ordre du
jour pur et simple que, par la force des cho
ses, le président du Conseil fut amené à po
ser la question de confiance.
Cet ordre du jour qui, en pareille circons
tance, aurait eu un caractère d’hostilité dé
guisée à l’égard du nouveau Cabinet, fut d’ail-
leurs rejeté à 260 voix de majorité.
Pendant qu’on dépouillait le scrutin, le
bruit se répandit que M. Briand venait d’a
voir une syncope dans la salle Casimir-Pé-
rier.
La nouvelle, propagée de bouche en bou
che, causa naturellement une assez vive
émotion.
Il ne s’agissait, heureusement, que d’une
simple indisposition due à la fatigue et à la
chaleur, et le président du Conseil, auquel
plusieurs députes médecins — M. Augagneur
notamment — donnèrent leurs soins, ne
tarda pas à revenir à lui.
Peu après, il reparaissait en séance, et
comme il s’excusait, en posant de nouveau
la question de confiance sur l’ordre du jour
Chéron, de n’avoir pu donner, en raison de
son malaise, des explications aussi complètes
qu’il l’eût souhaité, la Chambre lui témoigna
par ses bravos toute sa sympathie. Elle fit
mieux et davantage encore en lui donnant au
vote sur l’ordre du jour de confiance 247
voix de majorité.
Dans ce scrutin, la droite et la plupart des
radicaux socialistes se sont abstenus.
T. H.
A LA CHAMBRE
La séance est ouverte à 2 heures, sous la prési
dence de M. Paul DESCHANEL, président.
m. BRIAND donne lecture de la déclaration sui
vante :
DÉCLARATIONDU GOUVERNEMIEAT
Messieurs,
La politique générale du Cabinet auquel
nous avons l’honneur de succéder a reçu
l’adhésion éclatante du Parlement et du
pays.
Nous avons le devoir et la volonté de la
poursuivre, sur le terrain politique, par
l’entente féconde de tous les républicains,
et sur le terrain des grands intérêts natio
naux par l’union étroite et solidaire de tous
les Français.
Notre premier acte sera un acte de clé
mence. Une circonstance particulièrement
favorable nous convie à vous le proposer.
S’il est nécessaire d’assurer le respect de
la loi, il est des cas exceptionnels où l’on
peut, sans diminuer son autorité, effacer
les conséquences judiciaires de certaines
erreurs de la pensée humaine.
Une année d’activité reste ouverte à la
législature. Elle sera fertile en résultats
si l’emploi en est méthodiquement prévu et
réglé.
Les cabinets qui nous ont précédé ont
tous proclamé la nécessité d’une réforme
électorale. (Mouvements divers). Le vote
de la Chambre nous impose le devoir de la
faire aboutir sans délai, par l’accord des
républicains et sur la base d’une représen
tation équitable des minorités. La sagesse
éprouvée et prévoyante du Sénat nous y ai
dera.
La haute Assemblée discutera le projet
d’impôt sur le revenu. Il importe aux inté
rêts de la démocratie de réaliser à bref dé
lai cette œuvre de justice fiscale, tant pour
dégrever la terre si lourdement frappée que
pour alléger les contribuables petits et mo
yens, ainsi que les citoyens chargés de fa
mille.
Enfin le Sénat, guidé par le souci, de
combiner les nécessités de la discipline
avec les principes du droit moderne, vou
dra bien terminer le débat sur la réforme
des conseils de guerre ; puis il discutera la
loi sur les cadres de la cavalerie, indispen
sable à la défense nationale.
A la Chambre nous demanderons de pro
céder sans retard à l’examen du traité que
le gouvernement de la République a conclu
le 27 novembre dernier avec l’Espagne.
Cet accord, fruit de longs efforts, réalise
entre les deux pays l’entente loyale et con
fiante que nos prédécesseurs vous faisaient
espérer dans leur déclaration initiale du
17 janvier 1912. Votre approbation nous
permettra d’organiser définitivement le
Slaroc et de le faire participer comme l’Al
gérie et la Tunisie aux bienfaits de la paix
française.
Le vote du budget doit être immédiate
ment repris et poursuivi sans interruption
dans l’intérêt des services publics et de la
préparation de la loi de finances de 1914.
Sans un effort continu et logique, il devien
drait impossible d’inscrire à l’ordre du jour
les réformes sociales, laïques. économiques
et fiscales dont l’urgence s’impose de plus
en plus. C’est le champ le plus vaste qui
s’offre à vos travaux.
Des projets de lois sur les cadres du gé
nie, les poudres de guerre, le recrutement
de l’armée de mer, la télégraphie sans fil,
les fortifications de Paris, la santé publique,
l’assistance obligatoire, les pensions civi
les, la protection de l’épargne nationale, le
crédit au petit et au moyen commerce, à la
petite et à la moyenne industrie, le crédit
ouvrier, le crédit maritime, l’enseignement
professionnel, l’enseignement agricole, le
régime douanier colonial et tant d’autres,
sont ou rapportés ou renvoyés à l’examen
des Commissions de la Chambre.
S’il est impossible de réaliser tous ces
projets avant la fin de la législature, ils
marquent du moins une orientation politi
que et sociale à laquelle le gouvernement
demande au Parlement d’associer ses efforts
et sa collaboration.
Deux problèmes, dont de nouveaux re
tards accroîtraient les difficultés, appellent
une solution particulièrement pressante.
L’un concerne notre école laïque, son
fonctionnement, sa fréquentation, le recru
tement et la situation matérielle et morale
de ses maîtres, si dévoués et si utiles à nos
institutions. L’œuvre admirable entreprise
depuis plus de trente années doit être me
née à bonne fin, sans provocation et sans
violence, mais avec ténacité. L’école laïque
est une des forces vivantes de la Républi
que : en abdiquant sa défense, celle-ci se
renierait elle-même.
L’autre problème intéresse la stabilité
des administrations publiques et la situa
tion de leurs fonctionnaires, dont les droits
ont pour limites les devoirs qu’ils ont assu
més envers le pays. Droits et devoirs, en
ce qui les concerne, doivent être enfin pré
cisés et coordonnés.
Nous faisons appel à votre concours pour
régler d’urgence ces questions délicates.
Leur solution, comme celle de tant d’au-
très problèmes, vous sera inspirée par le
souci prédominant de l’intérêt public.
Messieurs,
L’œuvre sociale de la République est dé
jà imposante, mais elle est loin encore
d’être complète. L’heure est venue pour le
parti républicain de la poursuivre en en
trant résolument dans des voies plus larges.
Il ne suffit pas d’avoir concédé aux tra
vailleurs la faculté de former des groupe
ments corporatifs ; il faut accorder à ces
groupements tous les moyens légaux de
réaliser leurs fins. Il faut notamment les
mettre en mesure de traiter au nom de
leurs membres, avec le capital, pour la
fourniture de la main-d’œuvre, les habili
ter à se procurer, à posséder et à adminis
trer toutes les ressources dont ils peuvent
avoir besoin pour remplir intégralement
leur rôle ; il faut leur ouvrir et leur facili
ter, dans la plus large mesure, pour eux et
pour leurs membres, l’accès de la propriété.
(Applaudissements.) A cet effet, nous vous
soumettrons tout un ensemble de disposi
tions législatives qui formeront comme la
charte d’organisation générale du travail ;
elles comporteront le droit de conclure des
contrats collectifs, l’extension de la capacité
civile des syndicats, la faculté de former
entre le capital et le travail des sociétés qui
assureront à celui-ci une part légitime des
bénéfices réalisés en commun.
Faire produire à la démocratie, sociale
ment organisée dans l’ordre et le progrès,
tous ses effets ; poursuivre vis-à-vis des
citoyens que la maladie ou la vieillesse a
atteints, une politique de solidarité étroite;
ne rien négliger de ce qui peut assurer et
étendre la prospérité économique du pays,
t faire circuler la richesse, gage de sa
force, protéger notre agriculture, notre
commerce, notre industrie et développer
leur champ d’action ; compléter ‘outillage
national ; mettre en pleine valeur notre do
maine colonial ; fortifier le contrôle du
Parlement sur les dépenses publiques aux
quelles un terme doit être assigné ; accroî
tre notre crédit, le premier du monde ; ne
faire que des promesses réalisables, tenir
celles que l’on a faites ; se consacrer avec
ardeur aux luttes des idées et dédaigner les
querelles des personnes ; réunir en un
faisceau vigoureusement lié toutes les for
ces républicaines ; donner à notre armée
et à notre flotte les moyens de résister à
toute agression, sauvegarder avec fierté
l’honneur national : c'est par là que nous
entendons servir l’intérêt public dont nous
voulons rester avec vous les défenseurs ré
solus.
Tel est, au surplus, le devoir que le pays
nous impose. Le pays nous saura gré de
l’accomplir. Lui-même a récemment donné
de fertiles exemples de sang-froid et de
dignité. Son concours nous a été précieux
pour franchir allègrement des passes diffi
ciles d’où la France est sortie à son hon
neur. Plus que jamais, notre attention doit
demeurer soigneusement fixée sur les pro
blèmes extérieurs qui sont posés et plus
spécialement sur ceux de l’Orient et de
l’Extrême-Orient.
La fidélité à nos alliances et à nos ami
tiés demeure le principe immuable de notre
politique extérieure. L’expérience de ces
derniers mois a surabondamment prouvé
tout ce que, au service de la paix du mon
de, l’action diplomatique de la France ac
quiert d’autorité morale et de force persua- ,
sive lorsque, dans un clair esprit de fran
chise et de courtoisie à l’égard des autres
nations, elle s’exerce en étroit contact et en !
constante harmonie avec celle de ses amis ,
et de ses alliés. (Applaudissements).
C’est ainsi, que sans nous écarter de cette
ligne de conduite, nous entendons sauve
garder notre patrimoine intellectuel et éco
nomique, répandre la civilisation sur les
territoires dont s’est accrue notre puissance
et servir utilement la cause de la
fortifiant, avec notre influence, les
essentiels de la défense nationale.
Messieurs,
s’o:
paix en
organes
entière-
Nous voulons nous consacrer
ment avec vous aux grands devoirs que le
régime républicain et les destinées de la
France nous trace lumineusement.
Nous avons la conviction, que pour une
pareille œuvre, si haute et si noble, il n’est
has trop de notre profond dévouement a
'intérêt général et de notre commun amour
pas trop de notre
l’intérêt général et -
de la patrie et de la République. (Applau-
dissements)
LES MÉFAITS DE LA FOUDRE
Photo et Cliché Petit Havre
LE CLOCHER DÉSARDOISÈ
, Un orage d’une violence exceptionnelle
s’est déchaîné lundi dernier sur la région de
Saint-Romain et paraît avoir eu pour centre
Saint-Gilles-de-la-Neu ville.
Dans cette commune, la foudre a causé
des dégâts tout à fait curieux.
Vers huit heures et demie du matin, un
formidable coup de tonnerre a retenti. Au
même instant le clocher de l’église était en
tièrement dégarni de ses ardoises.
Pas une seule de ces ardoises n’est demeu
rée après le passage de la foudre.
Le clocher apparaît aujourd’hui complète
ment à jour, ne montrant que ses charpen
tes. L’aspect est vraiment curieux à voir.
Le fluide a également érafle la toiture d’an
des bas côtés de l’église qui a été dégarni,
sur un angle, de sa couverture. Une pluie _
d’ardoises jonchait le sol. p-
Le même phenomene avec les mêmes effets
s’est produit à Angerville-l’Orcher où la fou
dre a également causé des dommages à la
toiture du clocher. Tout s’est borné à des
dégâts matériels.
Rappelons que le curé de Saint-Gilles sa
trouvait dans l’église quand la foudre est
tombée, qu’il a été précipité sur le sol et en
a été quitte pour une forte émotion.
Les Interpellations
le PRÉSIDENT annonce qu’il a reçu trois de
mandes d’interpellations :
L’une de m. Charles BENOIST sur la réforme
électorale.
L’autre de m. ARTHUR ROZIER sur la politique
que le gouvernement entend suivre
La troisième de m. DELAHAYE sur la politique
du gouvernement
M CHARLES BENOIST fl la parole.
Ce n’est, dit-il, que pour obéir aux prescriptions
du règlement que j’ai déposé une demande d'in-
terpellation.Commede plus longs développements
ne pourraient rien ajouter ni la discussion rien
changer à ce que je dois dire, je me borne a don
ner lecture de la déclaration suivante :
« Avant que s’ouvre le débat où les différents
partis prendront leurs positions respectives, les
partisans de la réforme électorale déclarent qu’ils
sont et resteront unis jusqu’au bout (Vifs applau
dissements; pour considérer que la représenta
tion des minorités par le quotient électoral
(Nouveaux applaudissements), calculé sur la
base des votants, est la condition absolue de la
réforme.
» Ils rappellent que ce principe essentiel a été
consacré a trois reprises par les votes de la Cham
bre et explicitement approuvé par tous les minis
tères qui se sont succédé depuis les élections gé
nérales, particulièrement par le chef actuel du
gouvernement dans sa communication du 24 dé
cembre 1910 et par le ministère Poincaré. »
Cette déclaration est faite au nom des membres
du bureau du groupe de la réforme électorale
dont elle porte les signatures. (Vifs applaudisse
ments).
M. Arthur rozier s’apprête à développer
son interpellation, mais M. Thomson lui demande
de lui céder son tour, M. Rozier y consent.
M. Thomson : Je n’aurais pas demandé la paro
le sans la déclaration de M. Charles Benoist;
elle m’oblige a préciser notre attitude.
La Chambre n'est plus saisie de la réforme élec
torale, la réforme est devant le Sénat, mes amis
et moi nous avons confiance dans la haute As
semblée. (Appl-udissements à gauche).
Une telle reforme ne peut se faire qu’avec le
concours des républicains. (Nouveaux applaudis
sements sur les mêmes bancs.)
Elle ne peut s’accomplir que si on désarme les
défiances des adversaires de la République. (Ap
plaudissements a gauche).
M ARTHUR ROZIER a la parole.
La déclaration ministérielle manque de clarté.
M. Briand engagera t- il. comme son prédeces-
seur, la responsabilité ministérielle sur la ques-
tion de la reforme électorale ? Il ne le dit pas ;
pas plus de clarté sur d’autres points, sur 1 amnis
tie, par exemple. Les employés révoqués, punis
seront-ils bénéficiaires de l’amnistie ? (1res bien i
à l’extrême gauche.) . . .
La déclaration est toute chargée de promesses ;
M Briand est plein de bonnes intentions. C’est le
trait commun de tous les nouveaux ministères.
Mais il faut une méthode de travail, il faut assu
rer le vote de toutes les réformes, il faut appli:
quer celles que la Chambre vote dans l’esprit où
elle les a votées.
Que pense le gouvernement de la loi de dix
heures toujours en suspens devant le Sénat ? M,
Méline est président delà Commission, M.Touron,
rapporteur du projet ; ce ne sont pas des noms
propres à rassurer ceux qui veulent le succès de
la loi de dix heures. Le gouvernement est-il re-
faut assu
faut appli
solu à en presser 16 vole ? .
De même adoptera-t-il ia singulière théorie du
Conseil d’Etat qui élargit les dérogations au repos
hebdomadaire? , _
Le gouvernement est-il résolu à prendre def
mesures énergiques pour remédier au chômage 1
M. Briand avait, au Neubourg, prononcé un dis.
cours où il avait étalé des proj ts hardis et an
noncé par une coquetterie, devant un auditoire
de Normands prudents, des reformes audacieuses.
Je n’ai pas retrouvé la même envolée dans w
déclaration. . . . . . ..
Que fera-t-il encore à propos du statut des rono
tionnaires ? Il a collaboré au projet rapporeimd ’
ce projet rencontre de vastes hostililés. N
voulons, mes amis et moi, laliberte,Pour.e
fonctionnaires, est-ce aussi la volonté U69. Yo
noment f il vaudrait mieux ne pas faire de 101
que d’en faire qui soient contraires aux vœux d
N* 11,518
(€ Pages)
S Centimes
EDITION BD MATIN
S Centimes
(€ Pages)
Samedi 25 Janver 1943
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administratios
a M. O. Randolet
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AU HAVRE.
A PARIS
ANNONCES
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L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
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Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
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[ Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,
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Taon Mois, Six Mois ; Un an
Autres Départements
Union Postale
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1 1
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s0
2%
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.A 6
s o Fr. : 44% » (
O \L abo . nn8 également, 8 ANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de . , ano9 h
"] Dernière Heure
PARIS, TROIS HEURES MÂTIN
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 24 JANVIER
Cotons : janvier, hausse 24 points ; mars,
hausse 26 points ; mai, hausse 26 points ;
juillet, hausse 26 points. — Ferme.
Cafés : baisse 2 points à hausse 17 points.
AU PARLEMENT
METAUX
LONDRES, 24 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
CUIVRE
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
cal .ne
£ 69 5/-
£ 69 12 6
22/6
22/6
Comptant ..
3 mois. ..
ETAI
Comptant .
3 mois. ...
soutenu
£ 226 -/-
£ 224 -/-
-f-
-1-
10/-
20/-
FER
e
Comptant ..
sentenu
£ 65/3
-l-
10 % d
3 mois ....
i 66/7 %
-f-
6 d
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 23 janvier 1 913.
NEW-YORK, 24 JANVIER
Cuivre Standard disp.
— mars
Amalgamat. Cop...
Fer
CHICAGO, 24
c. ic root
15 50
15 75
71 14
18 25
C. PREGEDENT
15 62
15 87
74 1/8
18 25
JANVIER
U GUERRS D’ORIENT
Après le Coup d’Etat
CONSTANTINOPLE. — L’iradé portant consti
tution du Cabinet a paru hier malin.
Les ambassadeurs se sont réunis chez le
marquis di Palavisini.
Le Conseil des ministres se réunira pour
ArI êter le texte de la réponse à la note des
puissances.
On a pris de grandes mesures pour main
tenir l’ordre. La nuit, de fortes patrouilles
sillonnent les rues de Stamboul.
Le rédacteur en chef de Ylkdam a été ar
rêté.
Les Délégués Balkaniques envisagent
l’éventualité a’une reprise aes nostilités
Londres (du correspondant particulier
d'Havas). — Les délégués balkaniques ont
examiné dans leur conférence d hier après-
midi, la situation qui résultait pour eux du
pronunciamiento de Constantinople. Ils ont
tous été d’avis que les faits parlaient élo
quemment par eux-mêmes et que la réponse
du nouveau gouvernement à la note des
puissances était écrite par les événements
d'hier : le remplacement du Cabinet Kiamil
Tacha qui avait accepté cette note et la mort
de Nazim Pacha, et qu’il fallait donc se pre-
parer à l’éventualite d’une reprise des hos
tilités.
Dans ce but, il est nécessaire que tous les
délégués soient nantis de pouvoirs leur per
mettant de rompre les négociations. Or, si
M. Danef possède pleins pouvoirs et s’il en
est de même pour M. Venizelos, chef de la
mission grecque, les délégués serbes et mon
ténégrins ne les possèdent pas. Ils ont donc
télégraphié en ce sens à leur gouvernement.
La réponse décès gouvernements ne sau
rait parvenir avant demain après-midi ou
demain soir.
Le délai ainsi accordé suffira-t-il pour
qu’entre temps la face des choses puisse
changer, soit que le gouvernement ottoman
actuel soit renversé ou qu’une intervention
des puissances ait lieu ?
Dans les milieux Laikaniques on estime
que sous deux ou trois jours, les négocia
tions seront inévitablement rompues.
Cuirassés italie_a dans les eaux turques
Rome. — Les cuirassés Saint-Alarc et Pise
ont reçu l’ordre de se rendre immédiate
ment dans les eaux turques.
Hakki Pacha viendrait à Londres
Londres. — Le bruit court que Hakki Pa
cha viendrait à Londres pour participer aux
négociations de paix.
Ce bruit est accueilli avec incrédulité par
la délégation ottomane.
Un grand combat serait engagé
Athènes. — Envoyé spécial d’Havas. —
Suivant des renseignements particuliers re
çus par VEphimeris, une grande bataille diri
gée personnellement par le Diadoque a com
mencé dans la matinée devant Bizani.
L’impression à Belgrade
Belgrade, envoyé spécial d’Havas. — Les
désorares de Constantinople et le remplace
ment du ministère Kiamil Pacha par un
gouvernement Jeune Turc, ont produit ici
une forte impression.
La croyance commune répandue dans le
public est que l’Allemagne et l’Autriche ont
dû agir dans la coulisse, Mahmoud Chevket
Pacha et Enver Bey étant connus pour leurs
tendances germanophiles.
LES VOTES SUR L’ORDRE DU JOUR
CHÉRON
Les 77 députés qui ont voté contre l’ordre
du jour de M. Chéron, se décomposent ainsi :
Un membre des droites,un membre de la gau
che-radicale, soixante et onze membres du
parti socialiste, deux membres n'apparte
nant à aucun groupe et deux radicaux-socia-
listes.
N’ont pas pris part au vote, 14 membres
de l’Action libérale, 86 membres des droites,
7 membres du groupe de la Gauche démo
cratique, 23 membres de la Gauche radicale,
6 membres non inscrits aux groupes, 4 mem
bres du groupe des républicains progressis
tes, 86 membres du groupe des radicaux so
cialistes, 15 membres du groupe des répu
blicains socialistes, 1 membre de l’Union ré
publicaine.
Enfin 20 députés étaient absents par con
gé ; tous les autres députés ont voté pour.
Votes de nos Députés
Scrutin sur l’ordre du jour Chéron :
M. Ancel était absent par congé.
. pas pris part au vote.
Les autres députés de la Seine-Inférieure
M. de Pomereu n’a
nt voté pour.
SERVICE DU RECRUTEMENT
M. Leroy, officier d’administration de 2e
Classe, employé au 2e bureau de recrute
ment de la Seine, passe au bureau de recru
tement du Havre.
A la Chambre, l’ordre du jour de confiance est voté
par 524 voix contre 77
(DE NOTRE correspondant particulier)
Paris, 21 janvier 1913.
Blé sur
Maïs sur.....
Saindoux sur,
Mai ...
Juillet.
Mai ...
Juillet.
Mai ...
Juillet :
c. DU
92
90
51
52
10
10
JOUR
7 8
3 8
3 4
12
20
22
C. PRECEO
92
89
51
10
10
1/4
3 4
Ô 8
1/t
15
17
L'INDISPOSITION DE H. BRIAND
Le président du Conseil a été pris, au
cours de la séance de la Chambre, à la fin de
la première partie de son discours, d’un ma
laise résultant d’un trouble de la digestion.
M. Briand voulut néanmoins lutter contre
ce malaise grandissant, poursuivre et termi
ner ses explications.
Cet effort accompli, se sentant sérieuse
ment indisposé, il se rendit dans le salon ré
servé aux ministres, où des soins lui furent
donnés.
Il revint ensuite dans la salle des séances
et prit la parole sur l’ordre du jour de con
fiance.
Après le vote de cet ordre du jour, le pré
sident du Conseil retourna au ministère de
l’intérieur où il rencontra un médecin de ses
amis qui lui prescrivit quelques heures de
repos.
De tout temps, les débuts d’un nouveau
ministère ont exercé sur la foule une attrac
tion particulière. Cette attraction a peut-être
été plus grande encore pour le cabinet
Briand que pour ceux qui l’ont précédé. De
nombreux curieux se pressent devant les
grilles, auprès desquelles s’est installé l’iné
vitable bataillon des photographes.
Même affluence à l’intérieur du palais. La
salle d’attente du public est bondée et les
deux rangées de tribunes regorgent de spec
tateurs.
Ce sont, d’ailleurs, à peu près les mêmes
figures que l’on voyait, vendredi dernier, au
Congrès. Il n’y manque que l’élément ver-
saillais, officiers de la garnison, femmes de
fonctionnaires, auxquels, ce jour-là, on ne
pouvait refuser des places, qu’ils ne retrou
veront plus maintenant que dans sept ans.
Dans les couloirs, c’est la cohue. Dans la
J constata, non sans ironie, que ses adversai
res s’étaient prudemment dérobés.
M. Briand n’en compléta pas moins, par
des explications assez détaillées, la déclara
tion qu’li venait de lire au nom du gouver
nement, allant au-devant des objections
qu’il devinait dans l’esprit de ses contradic-
salle des séances également. Presque tous les
députés sont à leur banc lorsque M. Descha-
nel prend place au fauteuil présidentiel,
suivi bientôt par les membres du nouveau
Cabinet.
membres du nouveau
C’est M. Briand qui fait le premier son en-
<- "—iè-a .„ s voici M. Jonnart, M.
trée. Derrière lui.
DE PAU A MADRID EN AÉROPLANE
Madrid. — L’aviateur Bider, parti hier ma
tin de Pau, a atterri à l'aérodrome de Cuatro
Vientos, près de Madrid.
L’aviateur a franchi les Pyrénées à gauche
du Pic du Midi, à trois mille mètres de hau
teur, en se dirigeant au moyen d’une carte.
Il a suivi l’itinéraire suivant ; Jaca, Sarra-
gosse, Guadalajara.
Bider a effectué son raid de 512 kilomètres
en 5 h. 35.
Le temps était très pluvieux et très mau
vais.
LA RÉFORME ÉLECTORALE
EN ANGLETERRE
Londres. — On assure que le gouverne
ment a décidé d’attendre les résultats du
vote sur l’amendement de Sir Edward Grey
pour prendre une décision au sujet du re
trait ou du maintien dubill du suffrage uni
versel.
Houvelles Politiques
L’Election de M. Poincaré
à la Présidence de la République
M. Fallières, accompagné de M. Collignon,
secrétaire général de la présidence, est allé
jeudi après-midi, rue du Commandant-Mar
chand, rendre visite à M. Poincaré.
M. Raymond Poincaré a rendu visite jeudi
après-midi, à la clinique du docteur Doyen,
au fils de M. Delcassé, ancien ministre de la
marine, qui fut, on se le rappelle, victime
d’un accident d’aéroplane.
Il a assisté jeudi soir, avec Mme Poincaré,
au dîner offert en son honneur par le prince
de Monaco.
A ce dîner, le prince héritier de Monaco
portait la cravate de commandeur de la Lé-
gion-d’Honneur qu’il vient de recevoir du
président de la République.
Le prince Louis était chevalier depuis dix-
sept ans, depuis sa sortie de Saint-Cyr, et M.
Fallières a tenu à lui donner cette marque
d’affectueuse sympathie au moment où il va
quitter l’Elysée.
Mme Raymond Poincaré a donné sa pre
mière réception de jour du jeudi de trois à
sept heures.
Les représentants du corps diplomatique,
de l’Institut, du monde politique, artistique,
du barreau et de la haute société parisienne
avaient tenu à apporter à la femme du nou
veau président de la République leurs félici
tations.
Mme Raymond Poincaré a reçu également
les présidente, vice-presidentes, membres
du conseil d’administration et directrices de
groupes de l’Union des femmes de France
(Croix-Rouge française), venues lui apporter
leurs respectueuses félicitations.
Cette délégation a été présentée par Mme
Pérouse, qui a prononcé une allocution.
Mme Poincaré a exprimé avec émotion à
ses anciennes collaboratrices combien elle
était touchée de cette délicate manifesta
tion.
Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin, à l’Elysée, sous la présidence de M.
Fallières.
Le texte de la déclaration ministérielle de
vant être lue aux Chimbresa été soumis au
président de la République et définitivement
arrêté.
Le Conseil a ensuite admis en principe le
groupement en un sous-secrétariat d’Etat
des divers services concernant la marine
marchande actuellement dispersés dans les
trois ministères de la marine, du commerce
et des travaux publics.
Le Conseil statuera dans une réunion ulté
rieure sur le mode de réalisation de ce pro
jet.
Le Conseil a entendu ensuite les commu
nications du ministre des affaires étrangères
sur la situation extérieure.
Le ministre des finances a été autorisé à
déposer le projet de loi relatif aux moyens
de combattre la tuberculose dans les admi
nistrations publiques et les armées de terre
et de mer.
La prochaine réunion du Conseil est fixée
à mardi.
Etienne, M. Klotz, M. Guist’hau, M. Jean Du-
puy, M. Jean Morel, M Paul Bourely. .. Tous
recueillent au passage les félicitations et les
poignées dé mains de leurs amis.
M Delcassé, qui regagne sa place de sim
ple député, est très entouré. Dès qu’il aper
çoit l’ancien ministre de la marine, M. Briand
se lève à demi et tous deux échangent une
chaude poignée de mains.
C’est dans un silence profond que M.
Briand, le torse moulé dans une impeccable
redingote noire, est monté à la tribune de la
Chambre pour donner lecture de la déclara
tion ministérielle et ce silence, à la fois at
tentif et réservé, a persisté jusqu’au bout, à
peine troublé, çà et là, par de rares et dis
crètes interruptions.
Dès les premiers mots prononcés par le
président du Conseil, il fut aisé d’ailleurs de
constater que les radicaux-socialistes, au
lieu de partir immédiatement en guerre con
tre le nouveau cabinet, avaient jugé plus
expédient d’adopter à son .égard une attitude
moins belliqueuse et de rester, pour le mo
ment du moins, sur l’expectative.
Les socialistes eux mêmes ont, pour une
fois, écouté M. Briand sans l’interrompre à
tout moment par des cris ou des invectives,
comme ils ont coutume de le faire chaque
fois qu’il prend la parole.
Dans ces conditions, la lecture de la décla
ration ministérielle ne pouvait pas être bien
mouvementée et, de fait, elle n’a été mar
quée par aucun incident saillant.
Le président du Conseil, dont la voix un
peu grave portait à merveille au milieu de
ce silence, a détaillé cet art infini de diction
qui le caractérise et qui donne à chaque
phrase sa portée véritable, à chaque mot sa
reelle valeur.
C’est par des marques d’approbation, par
des « très bien !» que furent accueillis, au
début, l'appel à l’union de tous les français,
et le passage concernant l’amnistie.
Celui visant la réforme électorale provo
qua, lorsque M. Briand parla de la sagesse
éprouvée du Sénat, quelques sourires et ce
que le Journal Officiel a coutume d’appeler
des « mouvements divers ».
Des sourires, des applaudissements ironi-
bues soulignèrent aussi la longue énuméra
tion des projets qui s’imposent à la sollici
tude de la Chambre. Certains affectèrent de
comprendre que, par cette énumération, le
nouveau ministère avait la prétention de
tracer pour la présente législature un pro
gramme de travail que dix années suffiraient
à peine à réaliser, alors que M. Briand vou
lait seulement indiquer un plan général de
réformes sociales, economiques, fiscales et
préciser celles qui lui semblent les plus né
cessaires, les plus urgentes, œuvre scolaire,
dont l’achèvement doit être mené à bonne
fin a sans provocation et sans violence, mais
avec ténacité », statut des fonctionnaires,
réforme fiscale, extension des droits syndi
caux, partage des bénéfices, etc.
Cette partie de la déclaration fut ponctuée
par des très bien, partis tantôt d’un côté de
la salle, tantôt de l’autre, et c’est par des
bravos assez nourris que furent accueillis
les passages concernant la politique exté
rieure, la défense nationale et, enfin, la pé
roraison.
Au Luxembourg, c’est M. Barthou, garde
des sceaux et vice-president du Conseil, qui,
selon l’usage, a donné lecture de la déclara-
sion. Là non plus,cette lecture n'a guère été
mouvementée. La droite, cependant, a fait
entendre quelques rumeurs au passage con
cernant l’école laïque.
« Voyons, Messieurs de la Gauche, s’écria
à ce moment M. de Lamaizelle, applaudissez
donc !...
Et M. Brager de la Ville-Moysan de repren
dre : Voyons, applaudissez !...
De même au passage visant la réforme
électorale, M. de Lamarzelle cria ironique
ment : « A ce moment, vous aurez besoin
de nos voix ! »
Quant aux radicaux de la Haute Assem-
blée, leur attitude fut la même que ceux de
la Chambre, réservée, silencieuse, et c’est
surtout du centre que partirent les applau
dissements.
La déclaration lue, le Sénat s’empressa de
lever la séance, tandis qu’on avait,au Palais-
Bourbon, les interpellations traditionnelles.
Celles-ci, d’ailleurs, ne furent pas bien ter
ribles. Il y eut cependant, au début, une
assez vive escarmouche entre les propor-
tionnalistes, conduits par M. Charles Be
noist, et les arrondissementiers, dont M.
Thomson fut, une fois de plus, le porte-pa
role, mais, sauf cela, le débat fut assez terne.
Ni M. Rozier, qui parla surtout des ques
tions sociales, ni M. Delahaye, qui attaqua
personnellement M. Briand, ni M. Franklin-
Bouillon, ni M. Sembat, ni M. Jaurès lui-
même ne donnèrent à fond et, quand il prit
à son tour la parole, le président du Conseil
teurs et répondant de bonne grâce aux ques
tions qu’on n’avait pas psé lui poser.
Les radicaux poussèrent même la pruden
ce jusqu’à s’abstenir de présenter un ordre
du jour de blâme et c’est sur l’ordre du
jour pur et simple que, par la force des cho
ses, le président du Conseil fut amené à po
ser la question de confiance.
Cet ordre du jour qui, en pareille circons
tance, aurait eu un caractère d’hostilité dé
guisée à l’égard du nouveau Cabinet, fut d’ail-
leurs rejeté à 260 voix de majorité.
Pendant qu’on dépouillait le scrutin, le
bruit se répandit que M. Briand venait d’a
voir une syncope dans la salle Casimir-Pé-
rier.
La nouvelle, propagée de bouche en bou
che, causa naturellement une assez vive
émotion.
Il ne s’agissait, heureusement, que d’une
simple indisposition due à la fatigue et à la
chaleur, et le président du Conseil, auquel
plusieurs députes médecins — M. Augagneur
notamment — donnèrent leurs soins, ne
tarda pas à revenir à lui.
Peu après, il reparaissait en séance, et
comme il s’excusait, en posant de nouveau
la question de confiance sur l’ordre du jour
Chéron, de n’avoir pu donner, en raison de
son malaise, des explications aussi complètes
qu’il l’eût souhaité, la Chambre lui témoigna
par ses bravos toute sa sympathie. Elle fit
mieux et davantage encore en lui donnant au
vote sur l’ordre du jour de confiance 247
voix de majorité.
Dans ce scrutin, la droite et la plupart des
radicaux socialistes se sont abstenus.
T. H.
A LA CHAMBRE
La séance est ouverte à 2 heures, sous la prési
dence de M. Paul DESCHANEL, président.
m. BRIAND donne lecture de la déclaration sui
vante :
DÉCLARATIONDU GOUVERNEMIEAT
Messieurs,
La politique générale du Cabinet auquel
nous avons l’honneur de succéder a reçu
l’adhésion éclatante du Parlement et du
pays.
Nous avons le devoir et la volonté de la
poursuivre, sur le terrain politique, par
l’entente féconde de tous les républicains,
et sur le terrain des grands intérêts natio
naux par l’union étroite et solidaire de tous
les Français.
Notre premier acte sera un acte de clé
mence. Une circonstance particulièrement
favorable nous convie à vous le proposer.
S’il est nécessaire d’assurer le respect de
la loi, il est des cas exceptionnels où l’on
peut, sans diminuer son autorité, effacer
les conséquences judiciaires de certaines
erreurs de la pensée humaine.
Une année d’activité reste ouverte à la
législature. Elle sera fertile en résultats
si l’emploi en est méthodiquement prévu et
réglé.
Les cabinets qui nous ont précédé ont
tous proclamé la nécessité d’une réforme
électorale. (Mouvements divers). Le vote
de la Chambre nous impose le devoir de la
faire aboutir sans délai, par l’accord des
républicains et sur la base d’une représen
tation équitable des minorités. La sagesse
éprouvée et prévoyante du Sénat nous y ai
dera.
La haute Assemblée discutera le projet
d’impôt sur le revenu. Il importe aux inté
rêts de la démocratie de réaliser à bref dé
lai cette œuvre de justice fiscale, tant pour
dégrever la terre si lourdement frappée que
pour alléger les contribuables petits et mo
yens, ainsi que les citoyens chargés de fa
mille.
Enfin le Sénat, guidé par le souci, de
combiner les nécessités de la discipline
avec les principes du droit moderne, vou
dra bien terminer le débat sur la réforme
des conseils de guerre ; puis il discutera la
loi sur les cadres de la cavalerie, indispen
sable à la défense nationale.
A la Chambre nous demanderons de pro
céder sans retard à l’examen du traité que
le gouvernement de la République a conclu
le 27 novembre dernier avec l’Espagne.
Cet accord, fruit de longs efforts, réalise
entre les deux pays l’entente loyale et con
fiante que nos prédécesseurs vous faisaient
espérer dans leur déclaration initiale du
17 janvier 1912. Votre approbation nous
permettra d’organiser définitivement le
Slaroc et de le faire participer comme l’Al
gérie et la Tunisie aux bienfaits de la paix
française.
Le vote du budget doit être immédiate
ment repris et poursuivi sans interruption
dans l’intérêt des services publics et de la
préparation de la loi de finances de 1914.
Sans un effort continu et logique, il devien
drait impossible d’inscrire à l’ordre du jour
les réformes sociales, laïques. économiques
et fiscales dont l’urgence s’impose de plus
en plus. C’est le champ le plus vaste qui
s’offre à vos travaux.
Des projets de lois sur les cadres du gé
nie, les poudres de guerre, le recrutement
de l’armée de mer, la télégraphie sans fil,
les fortifications de Paris, la santé publique,
l’assistance obligatoire, les pensions civi
les, la protection de l’épargne nationale, le
crédit au petit et au moyen commerce, à la
petite et à la moyenne industrie, le crédit
ouvrier, le crédit maritime, l’enseignement
professionnel, l’enseignement agricole, le
régime douanier colonial et tant d’autres,
sont ou rapportés ou renvoyés à l’examen
des Commissions de la Chambre.
S’il est impossible de réaliser tous ces
projets avant la fin de la législature, ils
marquent du moins une orientation politi
que et sociale à laquelle le gouvernement
demande au Parlement d’associer ses efforts
et sa collaboration.
Deux problèmes, dont de nouveaux re
tards accroîtraient les difficultés, appellent
une solution particulièrement pressante.
L’un concerne notre école laïque, son
fonctionnement, sa fréquentation, le recru
tement et la situation matérielle et morale
de ses maîtres, si dévoués et si utiles à nos
institutions. L’œuvre admirable entreprise
depuis plus de trente années doit être me
née à bonne fin, sans provocation et sans
violence, mais avec ténacité. L’école laïque
est une des forces vivantes de la Républi
que : en abdiquant sa défense, celle-ci se
renierait elle-même.
L’autre problème intéresse la stabilité
des administrations publiques et la situa
tion de leurs fonctionnaires, dont les droits
ont pour limites les devoirs qu’ils ont assu
més envers le pays. Droits et devoirs, en
ce qui les concerne, doivent être enfin pré
cisés et coordonnés.
Nous faisons appel à votre concours pour
régler d’urgence ces questions délicates.
Leur solution, comme celle de tant d’au-
très problèmes, vous sera inspirée par le
souci prédominant de l’intérêt public.
Messieurs,
L’œuvre sociale de la République est dé
jà imposante, mais elle est loin encore
d’être complète. L’heure est venue pour le
parti républicain de la poursuivre en en
trant résolument dans des voies plus larges.
Il ne suffit pas d’avoir concédé aux tra
vailleurs la faculté de former des groupe
ments corporatifs ; il faut accorder à ces
groupements tous les moyens légaux de
réaliser leurs fins. Il faut notamment les
mettre en mesure de traiter au nom de
leurs membres, avec le capital, pour la
fourniture de la main-d’œuvre, les habili
ter à se procurer, à posséder et à adminis
trer toutes les ressources dont ils peuvent
avoir besoin pour remplir intégralement
leur rôle ; il faut leur ouvrir et leur facili
ter, dans la plus large mesure, pour eux et
pour leurs membres, l’accès de la propriété.
(Applaudissements.) A cet effet, nous vous
soumettrons tout un ensemble de disposi
tions législatives qui formeront comme la
charte d’organisation générale du travail ;
elles comporteront le droit de conclure des
contrats collectifs, l’extension de la capacité
civile des syndicats, la faculté de former
entre le capital et le travail des sociétés qui
assureront à celui-ci une part légitime des
bénéfices réalisés en commun.
Faire produire à la démocratie, sociale
ment organisée dans l’ordre et le progrès,
tous ses effets ; poursuivre vis-à-vis des
citoyens que la maladie ou la vieillesse a
atteints, une politique de solidarité étroite;
ne rien négliger de ce qui peut assurer et
étendre la prospérité économique du pays,
t faire circuler la richesse, gage de sa
force, protéger notre agriculture, notre
commerce, notre industrie et développer
leur champ d’action ; compléter ‘outillage
national ; mettre en pleine valeur notre do
maine colonial ; fortifier le contrôle du
Parlement sur les dépenses publiques aux
quelles un terme doit être assigné ; accroî
tre notre crédit, le premier du monde ; ne
faire que des promesses réalisables, tenir
celles que l’on a faites ; se consacrer avec
ardeur aux luttes des idées et dédaigner les
querelles des personnes ; réunir en un
faisceau vigoureusement lié toutes les for
ces républicaines ; donner à notre armée
et à notre flotte les moyens de résister à
toute agression, sauvegarder avec fierté
l’honneur national : c'est par là que nous
entendons servir l’intérêt public dont nous
voulons rester avec vous les défenseurs ré
solus.
Tel est, au surplus, le devoir que le pays
nous impose. Le pays nous saura gré de
l’accomplir. Lui-même a récemment donné
de fertiles exemples de sang-froid et de
dignité. Son concours nous a été précieux
pour franchir allègrement des passes diffi
ciles d’où la France est sortie à son hon
neur. Plus que jamais, notre attention doit
demeurer soigneusement fixée sur les pro
blèmes extérieurs qui sont posés et plus
spécialement sur ceux de l’Orient et de
l’Extrême-Orient.
La fidélité à nos alliances et à nos ami
tiés demeure le principe immuable de notre
politique extérieure. L’expérience de ces
derniers mois a surabondamment prouvé
tout ce que, au service de la paix du mon
de, l’action diplomatique de la France ac
quiert d’autorité morale et de force persua- ,
sive lorsque, dans un clair esprit de fran
chise et de courtoisie à l’égard des autres
nations, elle s’exerce en étroit contact et en !
constante harmonie avec celle de ses amis ,
et de ses alliés. (Applaudissements).
C’est ainsi, que sans nous écarter de cette
ligne de conduite, nous entendons sauve
garder notre patrimoine intellectuel et éco
nomique, répandre la civilisation sur les
territoires dont s’est accrue notre puissance
et servir utilement la cause de la
fortifiant, avec notre influence, les
essentiels de la défense nationale.
Messieurs,
s’o:
paix en
organes
entière-
Nous voulons nous consacrer
ment avec vous aux grands devoirs que le
régime républicain et les destinées de la
France nous trace lumineusement.
Nous avons la conviction, que pour une
pareille œuvre, si haute et si noble, il n’est
has trop de notre profond dévouement a
'intérêt général et de notre commun amour
pas trop de notre
l’intérêt général et -
de la patrie et de la République. (Applau-
dissements)
LES MÉFAITS DE LA FOUDRE
Photo et Cliché Petit Havre
LE CLOCHER DÉSARDOISÈ
, Un orage d’une violence exceptionnelle
s’est déchaîné lundi dernier sur la région de
Saint-Romain et paraît avoir eu pour centre
Saint-Gilles-de-la-Neu ville.
Dans cette commune, la foudre a causé
des dégâts tout à fait curieux.
Vers huit heures et demie du matin, un
formidable coup de tonnerre a retenti. Au
même instant le clocher de l’église était en
tièrement dégarni de ses ardoises.
Pas une seule de ces ardoises n’est demeu
rée après le passage de la foudre.
Le clocher apparaît aujourd’hui complète
ment à jour, ne montrant que ses charpen
tes. L’aspect est vraiment curieux à voir.
Le fluide a également érafle la toiture d’an
des bas côtés de l’église qui a été dégarni,
sur un angle, de sa couverture. Une pluie _
d’ardoises jonchait le sol. p-
Le même phenomene avec les mêmes effets
s’est produit à Angerville-l’Orcher où la fou
dre a également causé des dommages à la
toiture du clocher. Tout s’est borné à des
dégâts matériels.
Rappelons que le curé de Saint-Gilles sa
trouvait dans l’église quand la foudre est
tombée, qu’il a été précipité sur le sol et en
a été quitte pour une forte émotion.
Les Interpellations
le PRÉSIDENT annonce qu’il a reçu trois de
mandes d’interpellations :
L’une de m. Charles BENOIST sur la réforme
électorale.
L’autre de m. ARTHUR ROZIER sur la politique
que le gouvernement entend suivre
La troisième de m. DELAHAYE sur la politique
du gouvernement
M CHARLES BENOIST fl la parole.
Ce n’est, dit-il, que pour obéir aux prescriptions
du règlement que j’ai déposé une demande d'in-
terpellation.Commede plus longs développements
ne pourraient rien ajouter ni la discussion rien
changer à ce que je dois dire, je me borne a don
ner lecture de la déclaration suivante :
« Avant que s’ouvre le débat où les différents
partis prendront leurs positions respectives, les
partisans de la réforme électorale déclarent qu’ils
sont et resteront unis jusqu’au bout (Vifs applau
dissements; pour considérer que la représenta
tion des minorités par le quotient électoral
(Nouveaux applaudissements), calculé sur la
base des votants, est la condition absolue de la
réforme.
» Ils rappellent que ce principe essentiel a été
consacré a trois reprises par les votes de la Cham
bre et explicitement approuvé par tous les minis
tères qui se sont succédé depuis les élections gé
nérales, particulièrement par le chef actuel du
gouvernement dans sa communication du 24 dé
cembre 1910 et par le ministère Poincaré. »
Cette déclaration est faite au nom des membres
du bureau du groupe de la réforme électorale
dont elle porte les signatures. (Vifs applaudisse
ments).
M. Arthur rozier s’apprête à développer
son interpellation, mais M. Thomson lui demande
de lui céder son tour, M. Rozier y consent.
M. Thomson : Je n’aurais pas demandé la paro
le sans la déclaration de M. Charles Benoist;
elle m’oblige a préciser notre attitude.
La Chambre n'est plus saisie de la réforme élec
torale, la réforme est devant le Sénat, mes amis
et moi nous avons confiance dans la haute As
semblée. (Appl-udissements à gauche).
Une telle reforme ne peut se faire qu’avec le
concours des républicains. (Nouveaux applaudis
sements sur les mêmes bancs.)
Elle ne peut s’accomplir que si on désarme les
défiances des adversaires de la République. (Ap
plaudissements a gauche).
M ARTHUR ROZIER a la parole.
La déclaration ministérielle manque de clarté.
M. Briand engagera t- il. comme son prédeces-
seur, la responsabilité ministérielle sur la ques-
tion de la reforme électorale ? Il ne le dit pas ;
pas plus de clarté sur d’autres points, sur 1 amnis
tie, par exemple. Les employés révoqués, punis
seront-ils bénéficiaires de l’amnistie ? (1res bien i
à l’extrême gauche.) . . .
La déclaration est toute chargée de promesses ;
M Briand est plein de bonnes intentions. C’est le
trait commun de tous les nouveaux ministères.
Mais il faut une méthode de travail, il faut assu
rer le vote de toutes les réformes, il faut appli:
quer celles que la Chambre vote dans l’esprit où
elle les a votées.
Que pense le gouvernement de la loi de dix
heures toujours en suspens devant le Sénat ? M,
Méline est président delà Commission, M.Touron,
rapporteur du projet ; ce ne sont pas des noms
propres à rassurer ceux qui veulent le succès de
la loi de dix heures. Le gouvernement est-il re-
faut assu
faut appli
solu à en presser 16 vole ? .
De même adoptera-t-il ia singulière théorie du
Conseil d’Etat qui élargit les dérogations au repos
hebdomadaire? , _
Le gouvernement est-il résolu à prendre def
mesures énergiques pour remédier au chômage 1
M. Briand avait, au Neubourg, prononcé un dis.
cours où il avait étalé des proj ts hardis et an
noncé par une coquetterie, devant un auditoire
de Normands prudents, des reformes audacieuses.
Je n’ai pas retrouvé la même envolée dans w
déclaration. . . . . . ..
Que fera-t-il encore à propos du statut des rono
tionnaires ? Il a collaboré au projet rapporeimd ’
ce projet rencontre de vastes hostililés. N
voulons, mes amis et moi, laliberte,Pour.e
fonctionnaires, est-ce aussi la volonté U69. Yo
noment f il vaudrait mieux ne pas faire de 101
que d’en faire qui soient contraires aux vœux d
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