Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-01-21
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 21 janvier 1913 21 janvier 1913
Description : 1913/01/21 (A33,N14514). 1913/01/21 (A33,N14514).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526378633
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
53” Année
N 11,514
(6 Pages)
5 Centimes — CDTTION DE MATIN
5 Cenumes
(6 Pages)
Mardi 21 Janvier 1943
Administrateur * Délégué
O. RANDOLET
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ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
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Dernière Heure |
PARIS, TROIS HEURES MATIN
L’Élection Présidentielle
ET L’OPINION
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 20 JANVIER
Cotons : janvier, baisse 24 points ; mars,
baisse 15 points ; mai, baisse 17 points ;
juillet, baisse 21 points. — Soutenu.
Cales : baisse 8 à 12 points.
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
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à M. HIPPOLYTE FÉNoUX
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9n8abonne. également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de ^anoe
METAUX
LONDRES, 20 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
CUIVRE
—
—
—
•*
Comptant.
calme
s 68 17/6
40/-
3 mois
£ 69 2,6
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42/6
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Comptant .
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£ 227 5/-
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3 mois
£ 325 15/-
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Somptant ..
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£ 64/9
3 mois.... )
£65/9
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Cuivre Standard disp.
— , mars
Amalgasat. Cop...
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 17 janvier 1,13.
U CRISE MINISTERIELLE
M. Briand accepte de former
le nouveau Cabinet
M. Aristide Briand s’est rendu à sept heu
res et demie à l'Elysée pour informer le pré
sident de la République qu’il acceptait la
mission de former le nouveau Cabinet.
Comment serait compose le Cabinet
D’après les indications recueillies dans la
soirée, voici comment pourrait être envisa
gée la composition définitive du Cabinet :
Présidence du Conseil et Intérieur : M.
Briand ;
Justice : M. Barthou ;
Affaires étrangères : MM. Ribot ou Jon-
art ;
Guerre : M. Etienne ;
Marine : M. Pierre Baudin ;
Finances ; M. Klotz ;
Instruction publique : M. Stecg ;
Travaux publics : M. Jean Dupuy;
Commerce : M. Jean Morel ;
Agriculture : M. F. David;
Colonies : M. Guist’hau ;
Travail : M. René Besnard.
M. C ha omet serait maintenu au sous-se
crétariat des postes et M. Léon Bérard aux
Beaux-Arts.
, La question du maintien dû sous-secréta
riat à l’intérieur n’a pas encore été résolue.
M. Briand espère que le Cabinet sera défi-
mitivement formé aujourd’hui.
LA GUERRE D’ORIENT
Les Opérations de l’armée Grecque
Athènes, 20 janvier. — L’armée grecque a
commencé aujourd’hui l’attaque générale de
Mizani en dessinant un mouvement tour
nant sur la droite.
Les premières nouvelles reçues sont bon
nes.
La réponse de la Turquie
sera remise jeudi
CONSTANTINOPLE, 20 janvier. — La Porte a
convoqué l’assemblée nationale ou plutôt
le conseil des notables pour mercredi.
L’assemblée se réunira sous la présidence
de Kiamil Pacha. Elle siégera à huis clos.
Sauf incidents, on s’attend à ce que le
conseil des notables, après avoir entendu les
explications du gouvernement, se prononce
pour la paix.
Noradoughian Effendi a informé les am
bassadeurs qu’il comptait remettre jeudi la
réponse à la note des puissances.
Les intentions des alliés
LONDRES.— Les allies sont irrévocablement
résolus à employer la manière prompte et
forte si la réponse de la Porte n’est pas sa
tisfaisante.
L'élément modéré parmi les alliés ne se
sent plus le désir ni la volonté de s’opposer
une troisième fois aux mesures énergiques.
La délégation turque en a été avisée offi
cieusement dans des conversations privées.
La Presse turque
Constantinople. — La presse turque, dans
des articles inspirés, prépare l’opinion pu
blique à une réponse favorable à la note des
puissances.
Cuirassés turcs hors de combat
CONSTANTINOPLE. — D après un rapport du
ministre de la marine, les cuirassés Rurba-
■rossa et Targout Reis ont été mis hors de
combat.
Sur le croiseur cuirassé Assari Tewfik, le
pont s’est effondré.
Le quartier général Bulgare
Sofia. — Le quartier général bulgare a été
transferé à Demotica.
Les Ambassadeurs à Londres
Londres. — Les ambassadeurs ne se sont
•pas réunis hier.
Rechid Pacha et les ambassadeurs turcs
/sont allés au Foreign Office.
FÉLICITATIONS A M. POINCARÉ
M. Poincaré a reçu hier apres-midi Sir
Francis Bertie, ambassadeur d'Angleterre et
M. Tittoni, ambassadeur d’Ital e, qui sont
venus le féliciter de son élection à la prési
dence de la République.
LES AFFAIRES DU MAROC
Le général Lyautey à Bordeaux
Bordeaux. — Le général Lyautey et Mme
Lyautey arriveront vraisemblablement sa
medi soir à Bordeaux.
Le résident général assistera à un dîner
offert dimanche soir par la Chambre de
commerce.
Le général s’embarquera soit sur un croi
seur de l’Etat ou sur le Versailles, de la
Comnacnie Trausatlantique, le 27 janvier.
NEW-YORK, 20 JANVIER
6. BB JOGt
15 25
15 43
71 »/»
18 25
L PRIGEDENT
15
15
72
18
50
87
7/8
25
CHICAGO, 20 JANVIER
Ble sur
Mais sur....
Saindoux sar
C. DU JOUR
Mai ......
92 7 8
Juillet....
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Mai
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Juillet....
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Mai
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Juillet....
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90
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51
10
10
c. PRECED
93 5/8
6/8
1/4
13
10
15
Départ de la colonne d’Esperey
Mogador. — Demain partira la colonne di
rigée sur la casbah des Anflous.
Le général Francet d’Esperey suivra les
opérations.
Les forces ennemies dirigées par le frère
d’El Hibba comprennent 900 cavaliers envi
ron et autant de fantassins.
LE MAUVAIS TEMPS
Cherbourg.— Une violente tempête
Sud-Ouest rend la navigation impossible.
Les manœuvres des flottilles ont dû
du
être
interrompues.
La goélette française Rose, de Vannes, qui
se rendait du Newport au Croisic avec son
chargement est arrivée ici avec sa voilure
emportée.
LA CRISE SARDINIÈRE
Lorient. — Aujourd’hui a eu lieu une réu
nion de la Commission nommée par la
Chambre de commerce de Lorient pour exa
miner les questions se rapportant à la situa
tion actuelle de l’industrie sardinière.
Cette Commission convoquera ensuite les
représentants des pêcheurs.
UN MAIRE CONDAMNÉ
Bourges.— La Cour d’Appel vient de con
damner M. Dutour, maire de Mareuil, à dix
jours de prison, avec sursis, pour entraves à
la liberté du travail et outrages envers un
garde particulier.
Les faits reprochés à M. Dutour se rappor
tent à des incidents qui se sont produits dans
la commune de Mareuil où des bûcherons
syndiqués en grève manifestaient contre des
bûcherons non syndiqués qui continuaient à
travailler.
M. Dutour, pris en sa qualité d’officier de
police judiciaire, avait été traduit directe
ment devant la Cour d’Appel.
LES BALLONS RUSSES EN ALLEMAGNE
Berlin. — Les journaux annoncent que le
ministre de l’intérieur de Prusse vient d’in
viter les autorités provinciales des frontières
de l’Est à prendre les mesures nécessaires
pour obliger tous les ballons russes ayant
passé la frontière à atterrir immédiatement.
MnuvelleS Politiques
Félicitations à M. Poincaré
M. Coromilos, ministre des affaires étran
gères de Grèce, qui remplace à la tête du ca
binet M. Venizelos, délégué à la conférence
de Londres, a adressé à M. Poincaré la dépê
che suivante :
Athènes, 19 janvier.
Je vous prie d’agréer les chaleureuses félicita
tions du gouvernement hellénique pour le vote
de l’Assemblée nationale qui a élevé Votre Excel
lence a la suprême magistrature de la République
française, et vous transmets ses vœux les plus
sincères pour la grandeur et la prospérité de la
France.
COsOMILOS.
Au Ministère de l’Agriculture
M. Paras a quitté hier après-midi le minis
tère de l’agriculture avec tous ses collabora
teurs, après avoir reçu dans son cabinet M.
Fernand David, ministre du commerce, qui
avait été chargé, comme on sait, par intérim,
du département de l’agriculture.
C’est à trois heures que M. Paras a fait à
M. Fernand David la remise des services, et
lui a présenté les directeurs et les princi
paux chefs de service de l’administration cen
trale.
Au Parti républicain démocratique
Le Bulletin officiel du parti républicain
démocratique annonce que le prochain dîner
mensuel du parti aura lieu, sous la prési
dence de M. A. Carnot, le mardi 18 février,
jour où se fera la transmission des pouvoirs
présidentiels et où M. Raymond Poincaré
sera effectivement président de la Répu
blique.
« Nos fédérations, nos comités et nos amis,
ajoute le Bulletin, auront ainsi l’occasion de
têter l’élection à la plus haute magistrature
de l'État de celui qui fut, comme vice-pré
sident du parti, l’un de nos chefs les plus
écoutés. »
Déjeuner franco-italien
chez M. Tittoni
M. Tittoni, ambassadeur d’Italie, a offert
hier un déjeuner en l’honneur du bureau de
la présidence du Comité franco-italien.
M. Tittoni et M. Pichon, sénateur, prési
dent du Comité, ont porté un toast à l’amitié
des deux pays.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la EIARAIRIE IMTERMATIOHALE
108, rue Saint-Lazare, >08
(immeuble de l'HOTEL TERMINUS)
L’élection de M. Poincaré à la Présidence
de la République est accueillie par l’opi
nion avec une faveur qui ne laisse aucun
doute sur l’importance qu’elle attachait à
ce choix. Le grand public, qui voit les cho
ses de loin et qui a chance ainsi de les voir
quelquefois de haut, se rendait très bien
compte, en effet, que l’avenir même de
l’institution présidentielle était un peu en
cause dans la circonstance. Il n’ignorait
pas d’autre part que l’Europe, les yeux
fixés sur nous, attendait notre choix, prête
à nous juger. Aussi est-ce avec une sorte
de soulagement (le mot n’est pas trop fort),
que la France a appris la désignation d’un
homme politique dont le nom, le passé ré
publicain, la haute notoriété personnelle
enfin justifiaient le succès.
On ne peut s’y tromper, la masse de la
Nation, et en particulier la province, au-
jourd’hui toute puissante en matière d’in
fluence politique, souhaitait l’élection de
M. Poincaré. Ce n’est pas, semble-t-il,
qu’elle eût de préférence personnelle pour
une individualité. Rien de plébiscitaire
dans l’espèce. Ceux qui ont dénoncé comme
« consulaire » la campagne présidentielle
du nouvel élu se sont laissé aller, par es-
pr t de parti, à une exagération ridicule.
Ce que l’opinion voulait en réalité, ce
qu’elle pensait trouver en M. Poincaré,
c’était un président représentatif et surtout
choisi parmi les personnalités politiques de
premier rang. Le Français, qui est souvent
un peu jaloux dans les questions de détail,
comprend très bien que dans les questions
nationales il faut s’adresser à des chefs in
discutés et que n’importe qui ne peut par
ler avec autorité au nom de la France.
Ce qui était grave, dans la situation d’hier,
à la veille du Congrès de Versailles, c’est
que « les couloirs » semblaient avoir perdu
de vue ces essentielles vérités de bon sens
que le pays, lui, n’oubliait pas. C’est un des
plus grands périls des Assemblées élues
que cet aveuglement qui parfois les frappe,
leur fait perdre la communion avec l’opi-
nion générale et les porte à se faire une
manière de voir propre qui risque de n’être
pas celle de la Nation.
En prônant des candidatures de parle
mentaires, respectés, sans doute, mais in
connus du grand public, et représentant
des préoccupations de partis plus encore
que des préoccupations nationales, certains
groupes de la Chambre et du Sénat, com
mettaient justement cette faute de mécon
naître le vœu du pays. Quand ils propo
saient par exemple la candidature de M.
Pams, on ne comprenait pas comment, entre
tant d’hommes d’Etat notoires, ayant servi
la République, ils finissaient par donner
leur investiture à un ministre, populaire
évidemment dans ce milieu spécial ainsi
que dans sa région, mais dont le nom, il y
a six mois encore, était à peu près inconnu
de tous.
De la désignation du premier personnage
de la Nation vouloir faire une affaire de
couloirs, voilà où était la faute lourde, la
faute impardonnable et qui risquait de com
promettre non seulement la fonction prési
dentielle, mais le régime lui-même.
Si cette faute avait été commise, les ad
versaires de la République, et notamment
les plébiscitaires, n’eussent pas manqué de
s’en servir. Depuis plusieurs semaines
déjà, ils l’escomptaient, et leur campagne
certainement n’eût pas été sans émouvoir
l’opinion si on lui avait donné lieu de se
produire. Nous avons discuté à plusieurs
reprises, dans ce journal, le péril d’un pré
sident de République faisant à l’Elysée « sa
politique » et nous avons montré qu’en
s’orientant dans cette voie, l’institution
présidentielle tendait à devenir consulaire.
Suivre les suggestions des plébiscitaires,
faire élire le président par le suffrage uni
versel, comme le demandait l’autre jour M.
de Dion, c’est s’exposer à changer dange
reusement le centre de gravité du régime,
retirer l’influence prépondérente au Parle
ment élu qui doit la garder, pour la donner
à un homme sur lequel ensuite nul n’aurait
plus de prise.
L’opinion publique qui, en France, fait
souvent preuve d’une étonnante rectitude
de jugement, a très bien compris qu’entre
la doctrine du président plébiscité et celle
du président issu d’une sorte de conclave
parlementaire, il y avait une troisième thè
se, qui n’est pas un compromis entre les
deux autres, mais qui se justifie par sa pro
pre évidence. Gomme nous l’avons dit plus
haut, rien n’est plus, correct, au point de
vue républicain, que la préférence dont M.
Poincaré était l’objet dans le grand public.
Il me semble même que cette préférence
n’allait pas tant à un homme qu’à un type
d’homme. Par là, l’opinion indiquait qu’elle
ne revendiquait pas l’élection directe du
chef de l’Etat. La France actuelle n’est cer
tainement pas plébiscitaire. Mais par l’in-
térêt très vif que le peuple a porté au choix
qui vient d’être fait, il a souligné qu’il
n’admettait pas que cette opération, en
somme fort grave, se passe tout à fait en
dehors de lui.
La désignation de M. Pams. qui eût satis
fait un grand nombre de militants versés
dans la pratique immédiate de la politique,
eût profondément étonné, disons-le, inquié
té* l’ensemble de ceux oui moins, au cou-J
rant de la lutte un peu étroite des partis
veulent surtout une République et. une
France brillamment représentées. Ajoutons
que l’Europe n’eût pas compris davantage.
Nous ne nous rendons pas suffisamment
compte à quel point la politique française est
suivie et commentée à l’étranger. Notre pres
tige de grande nation démocratique, initia
trice de tant d’idées généreuses qui ont bou
leversé le monde, reste entier. Dès qu’en
France un homme éminent se révèle, défen
dant une politique d’idées, quelle qu’elle
soit, il faut voir comme aussitôt son nom
court sur toutes les bouches, d’un bout à
l’autre de l’humanité civilisée.
Dans ces conditions, la décision du Con
grès de Versailles causera une satisfaction
à peu près générale et certains méconten
tements qui déjà commençaient de s’expri
mer seront aussitôtréduits au silence. C’était
une erreur de considérer l’élection du 17
janvier comme une affaire de parti. La
République et la France sortent plus for
tes du choix d’un homme que l’opinion par
avance considérait déjà comme le plus di
gne.
ANDRÉ Siegfried.
CRISE MINISTERIDLIE
Dans les Couloirs de la Chambre
(De notre correspondant particulier)
Paris, 20 janvier.
Si la séance publique de la Chambre n’a
duré que quelques minutes, les couloirs en
revanche, ont été très animés pendant toute
la journée. Comme hier, d’ailleurs, on en était
réduit aux simples conjectures.
M. Briand, en effet, poursuit ses consulta
tions en vue de la solution delà crise minis
térielle, consultations déjà très larges et dont
le cercle s’est encore étendu aujourd’hui.
Désireux de grouper autour du nouveau
ministère une majorité républicaine aussi
nombreuse, aussi compacte que possible, M.
Briand a jugé nécessaire de prendre l’avis
non seulement des chefs de groupes, des an-
cièns ministres, mais de toutes les personna
lités marquantes du Parlement:
C’est seulement lorsqu’ilaura achevé cette
œuvre préparatoire, lorsqu’il en con
naîtra les résultats d’ensemble qu’il pourra,
les ayant mûrement étudiées, en dégager les
indications précises qu’il estime indispensa
bles de recueillir avant d’entreprendre la se
conde partie de sa tâche.
Les nombreuses conversations qu’il a eues
avec les membres les plus influents des deux
Assemblées ont permis à M. Briand de cons
tater qu’une détente très sensible s’est pro
duite pendant ces deux derniers jours.
Certes, il y a encore des irréductibles dans
les rangs des radicaux-socialistes, mais le
nombre de ceux qui refusent de s’incliner
devant le fait accompli diminue d’heure en
heure.
Cette première constatation est de nature
à faciliter l’œuvre de réconciliation, de paci
fication entreprise par M. Briand.
« Celui-ci, nous disait tout à l’heure un de
ses familiers, s’est trouvé, lorsque le prési
dent delà République lui a offert la mission
de dénouer la crise, en présence de ces deux
hypothèses, ou bien reconstituer le cabinet
Poincaré, en se bornant à pourvoir de nou
veaux titulaires les portefeuilles vacants, on
bien élargir le cadre de sa combinaison et
faire un ministère comprenant les princi
paux éléments de l’ancien, mais, en partie,
nouveau. C’est la première solution qui lui
a, dès l’abord, semblé la meilleure et qu'il
s’efforce de. réaliser.
» C’est dans cette voie qu’il a dirigé, qu’il
poursuit ses n égociations, se bornant, pour
l’instant, à s’assurer des concours éventuels,
se réservant d’utiliser ultérieurement ces
concours, selon les nécessités de sa combi
naison. Il ne saurait donc encore être ques
tion des attributions de portefeuille. »
Toutefois, on désigne couramment un cer
tain nombre d’hommes politiques dont l’en
trée dans le nouveau cabinet paraît assurée.
Parmi les noms qu'on prononce, celui de
M. Thierry, président de la Commission des
Douanes, est accueilli, dans tous les partis,
avec une faveur marquée. L’honorable dé
puté de Marseille, par sa valeur personnelle,
par son talent et sa puissance de travail, par
la haute situation qu’il a su se créer à la
Chambre et les sympathies unanimes qui
l’entourent, serait, de l’avis de tous, un col
laborateur des plus précieux pour M. Briand.
On cite également, comme devant très
probablement faire partie de la nouvelle
combinaison MM. Jonnart, Pierre Baudin,
Chéron, Puech, mais, encore une fois, rien
n’est encore décidé, surtout quant à l’attri
bution des portefeuilles. Ce sera, sans doute,
l’œuvre de demain.
T. H.
M. Briand a reçu ensuite MM. Cochery, Pi-
chon, Klotz, Guist’hau, Jean Dupuy, Etienne,
Vallé, Théodore Girard, Maujan, Raoul Pé-
ret, André Lefèvre, Maginot, Henry Béren
ger, etc.
A une heure et demie, M. Briand est allé
déjeuner en annonçant qu’il verrait dans
1 après-midi d’autres personnalités politi
ques.
Avant de quitter la chancellerie, il a reçu
les représentants de la presse et leur a fait
les -déclarations suivantes sur l’état de ses
pourparlers :
« La vérité constitutionnelle et la situation
parlementaire voudraient que le cabinet ac
tuel se représentât tout entier devant les
Chambres. En effet, dans aucune circons-
ce il n’a été affaibli, ni dans son ensemble,
puisque sa politique générale a été constam
ment approuvée, ni dans la personne d’au
cun de ses membres. On peut même dire
qu’il meurt d’un excès de confiance de la
majorité, puisque de son chef, on a fait le
président de la République.
j» Le cabinet a été seulement décapité.
» Tous mes efforts ont donc tendu, depuis
deux jours, à maintenir dans le prochain ca
binet le plus grand nombre de ceux qui le
composaient.
» Hier et avant-hier j’ai ainsi très vaine
ment supplié M. Léon Bourgeois de succéder
à M. Poincaré au ministère des affaires étran
gères. J’ai également demandé à M. Delcassé
de conserver le ministère de la marine, ou
d’accepter, s’il le désirait, le portefeuille de
la guerre. Le président de la République
d’aujourd’hui, M. Fallières, et le président
de la République de demain, M. Poincaré,
ont joint leurs efforts aux miens. Notre in
sistance est restée vaine. M. Léon Bourgeois
aurait été extrêmement heureux de pouvoir
m’accorder son concours : mais son état de
santé le lui interdit formellement. Il a be
soin sans contredit d’un repos immédiat, et
j’ai senti, dans ces conditions, que j’aurais la
lus mauvaise grâce à insister. M. Delcassé,
ui-même, a invoqué également son état de
santé qui est très ébranlé.
» Enfin, M. Lebron que j’ai sollicité de
garder le ministère de la guerre a refusé,par
un excès de modestie, à mon sens. Il consi
dère que sa nomination à ce poste avait un
caractère intérimaire et il éprouve des scru
pules, suivant moi excessifs, à assume? une
charge qu’il juge trop lourde.
» Telle est actuellement la situation, con
clut M. Briand. Toutefois, ajoute-t-il, je pen
se ce soir être .en mesure de donner une ré
ponse définitive à M. le président de la Ré
publique. »
M. Briand s’est rendu vers trois heures, au
ministère des affaires étrangères, où il a eu
un entretien avec M. Poincaré, qu’il a mis
au courant de ses conversations avec les
personnalités qu’il avait vues dans la ma
tinée.
M. Briand est rentré ensuite au ministère
de la justice où il a reçu des amis poli
tiques.
¥
8 *
On donnait hier soir comme assez vrai
semblable la combinaison suivante :
Intérieur et présidence du Conseil : M.
Briand ;
Justice-: M. Théodore Girard ;
Affaires étrangères : M. Joseph Thierry ;
Instruction publique : M. Guist’hau ;
Finances : M. Klotz ;
Guerre : M. Etienne ;
Marine : M. l’amiral Boué de Lapeyrère ;
Colonies : M. Jonnart ;
Commerce : M. Fernand David ;
Travaux publics : M. Jean Dupuy ;
Agriculture : M. Noulens ;
Travail : M. Puech.
La Guerne "Orient
L’Assemblée nationale que le gouverne
ment turc paraissait avoir renoncé à convo
quer se réunira aujourd’hui à Constantino
ple, et elle discutera la réponse que la Porte
fera à la note collective des puissances.
Le cabinet ottoman ne veut pas prendre
sur lui la responsabilité d’accepter ou de
refuser les propositions de paix, mais il se
soumet par là même à limiter dorénavant
sa capacité de négocier par les décisions
mêmes que cette Assemblée irresponsable
aura prises.
Les puissances en éprouveront une gêne
plus grande, dans le cas d’une réponse né
gative ou insuffisante de la Turquie, pour
reprendre leurs démarches, et tenter d’em-
pêcher par quelque mesure nouvelle, sinon
plus efficace, la, reprise des hostilités. Elles
ne semblent toutefois pas vouloir se laisser
décourager, et on dit que certaines d’entre
elles désirent que l’Europe conserve la di
rection des négociations même en ce qui
concerne la solution des règlements territo
riaux entre alliés.
Les coalisés cependant paraissent impa
tients de cette tutelle des puissances qui ne
leur inspirent pas une égale confiance. Ils
se font peu d’illusions sur la valeur des
sympathies que la presse allemande leur
marchande durement et sur la valeur de
l’amitié que leur offre l’Autriche, dont l’ar
mée mobilisée depuis deux mois commence
maintenant une menaçante concentration
sur les frontières serbes. L’opposition fla
grante entre les frontières que l’Autriche-
Hongrie veut donner à la future principauté
d’Albanie et celles que tracent les exposés
serbes et monténégrins remis aux ambassa
deurs à Londres, est une raison de plus
pour les alliés de limiter dans la mesure du
possibe l’ingérence européenne dans leurs
affaires, surtout si celle-ci était impuis-
sante à leur accorder les conditions de paix
qu’ils se croient en mesure d’imposer direc
tement par la force à la Turquie,
il est donc impossible, dit le Temps, de
ne pas compter ce moment avec l’even-
tualité d’une reprise prochaine des hostili
tés. Celles-ci, s’il faut CD croire certains
renseignements militaires ven’s des deux
côtés des lignes de Tchataldja, ne seraient
pas de longue durée par suite de l’épuise
ment de la Turquie, et l’on pourrait ainsi
espérer éviter les complications qu’une
lutte nouvelle, qui ne serait pas prompte
ment décisive,risquerait défaire naître
Les Démarches de M. Briand
M. Briand a poursuivi hier matin la série
de ses consultations politiques.
Il s’est rendu tout d’abord au quai d'Orsay
où il s’est longuement entretenu de la situa
tion avec M. Poincaré.
Après cette entrevue, M. Briand est venu,
vers dix heures, au ministère de la justice,
où il a reçu diverses personnalités parlemen
taires au nombre desquelles M. Jonnart qu’il
n'avait pu joindre dimanche, M. Jonnart ha
bitant actuellement son château de Dam-
pierre. M. Briand a eu une longue conte-
rence avec l’ancien gouverneur général de
l’Algérie.
Interrogé au sujet de son entrée éventuelle
dans la combinaison ministérielle, M. Jon
nart a déclaré qu’il avait assuré M. Briand
de son absolu dévouement au futur Cabinet,
sans lui cacher toutefois ses préférences qui
lui faisaient désirer de rester en marge de
cotre combinaison.
LE PARLEMENT
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séance du 20 Janvier
La séance est ouverte à 2 h. 10.
m. paul DESCHANEL préside.
Il donne leciure d'une lettre par laquelle le
président du Sénat lui notifie la composition défi
nitive du Sénat.
Il donne également lecture d’une lettre par la
quelle M. Villiers, sénateur, donne sa démission
de député du Finistère.
Il demande à la Chambre quel jour elle entend
se réunir.
Plusieurs voix : A jeudi !
La Chambre renvoie sa prochaine séance à jeu
di prochain 2 heures pour là réunion dans les
bureaux, et à 2 h. 1/2 pour la séance publique.
La séance est levée à 2 h. 20.
------------------ - " -=-=
ALLEMAGNE
Vn dirigeable détruit
Le dirigeable Schiltte-Lanz, qui accomplis
sait les essais de durée nécessaires à son ac
ceptation par l’armée, a été très gravement
avarié
Si une réparation est possible, les travaux
nécessiteront en tout cas de longues semai
nes.
Parti de Biesdorf, près de Berlin, à deux
heures de l'après-midi, le dirigeable évoluait
au-dessus de Potsdam, lorsque tout à coup
les commandes du gouvernail de profondeur
se rompirent. Le Schütte-Lanz, entraîné par
un vent violent, passa au-dessus d’un fau
bourg de Berlin à une assez faible hauteur.
Un atterrissage de fortune fut essayé, mais
au moment où le Schülte-L^z n’était plus
qu’à une quinzaine de mètres du sol, un
coup de vent le jeta sur le toit d’une villa
voisine.
Un homme de l’équipage, pris de peur,
sauta dans le vide et se blessa grièvement.
A huit heures du soir, des soldats mandés
en toute hâte, réussirent enfin à dégager le
dirigeable et transportèrent ses restes au hall
de Biesdorf. , .....
D’après des informations qu il est dilliche
de contrôler, aucune explosion ne se serait
P L’armature en bois du ballon seule s est
brisée en plusieurs endroits et aurait perfo-
ré l’enveloppe extérieure.
Les moteurs semblent, malgré tout, avoir
été assez sérieusement avariés, puisque le
Schiilte-Lanz, même après avoir été débarras
sé de tout le lest qui était à bord, ne put re
gagner par ses propres moyen? le hall de
Biesdorf, qui n’est éloigné que de quelques
kilomètres du lieu de l’accident.
Le Schilite-Lanz, construit en 1909-1911 par
l’ingénieur Schûtte (Jean), a une capacité de
20,000 mètres. Il est actionné par deux mo
teurs, dont la force totale est d’environ
550 chevaux. Seize à dix-huit personnes
peuvent prendre place dans ses deux na
celles. La longueur de l’aérostat est de 130
mètres.
A Vienne
On est d’avis que les Puissances doivent
garder la direction des affaires
Le Correspondant du Temps à Vienne télégra
phie :
On est ici, dans les milieux bien informés,
persuadé qu’une reprise des hostilités n’aura
pas lieu et que les grandes puissances ayant
commencé leur intervention par la démar
che collective à Constantinople, ne se laisse
roui plus enlever la direction des affaires
balkaniques.
Le Son und Montags Zeitung remarque à ce
propos :
a L’épisode sans précédent dans l'histoire
de l’Europe où le concert européen des
grandes puissances était réduit au silence
par quatre petits Etats balkaniques, est ter
miné par la démarche collective auprès de
la Porte. Il est clair que l’événement extraor
dinaire par lequel la ligue balkanique s’est,
au début de la guerre, émancipée de l’in
fluence des puissances, ne peut se renouve
ler. Les alliés ont montré leur impuissance
à imposer la paix et ils doivent de nouveau
respecter la volonté de l’Europe. Cette vo
lonté, c’est que la guerre finisse. »
Les Armements autrichiens
Suivant une lettre de Neusatz (Hongrie) à
la Politika, de Belgrade, à côté de l’armée
active et de la réserve concentrées sur les
frontières de la Russie et de la Serbie, l’Au
triche aurait convoqué tous les jeunes gens
de 18 à 21 ans, dont le recrutement serait
déjà commencé, en s’inspirant de leur natio
nalité pour la destination à leur donner.
Les régiments formés de Slaves du Sud
seraient destinés à la frontière italienne : en
attendant, ils sont l’objet d’une surveillance
spéciale que rend nécessaire l’état d’esprit
des soldats.
A Agrad, le 70e régiment d'infanterie,
composé de Croates, s’est mutiné de nou
veau ; quelques soldats auraient été fusillés
et près de 200 auraient été condamnés à des
peines sévères.
Le centre des opérations principales con
tre la Serbie serait Sarajevo, où se trouve
l’état-major de l’armée qui serait chargée de
franchir la frontière serbe. A Trebinje, on
concentrerait l’armée qui marcherait contre
le Monténégro.
On calcule que près de 200,000 hommes
sont accumulés en Bosnie. La poste et les
télégraphes sont militarisés ; la censure s ap
plique à toute correspondance.
Par suite de l’interruption du trafic com
mercial sur les voies ferrées, qui sont uni
quement employées aux transports militai
res, toutes les gares sont encombrées de
marchandises.
Les troupes sont entraînées de jour et de
nuit aux marches, aux passages de rivière et
aux exercices de tir.
Un nouveau régiment d’infanterie hongroi
se renforce la garnison de Semlin. Le
pont sur le Danube, à Péterwardein, est
protégé par des ouvrages de défense ; près de
Brellyaritza, derrière Semlin, des monitors
exécutent fréquemment des exercices de tir.
La surveillance des voyageurs ne se ralentit
pas, notamment sur les routes, où il nest
pas rare de se voir arrêter par une patrouito
le qui demande des pièces d’identité.
Un télégramme de M. Guechof
aux plénipotentiaires bulgares
Londres, 20 janvier.
On apprend que le président du Conseil
de Bulgarie a autorisé les délégués bulgares
à Londres à télégraphier directement au
général Savof de reprendre les hostilité,
lorsqu’ils croiront qu’il n’y a plus lieu.d al-
tenore raisonnablement la conclusion de la
Paoh fait remarquer que les soldats balkani »
N 11,514
(6 Pages)
5 Centimes — CDTTION DE MATIN
5 Cenumes
(6 Pages)
Mardi 21 Janvier 1943
Administrateur * Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
a M. O. RANDOLET
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Dernière Heure |
PARIS, TROIS HEURES MATIN
L’Élection Présidentielle
ET L’OPINION
DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 20 JANVIER
Cotons : janvier, baisse 24 points ; mars,
baisse 15 points ; mai, baisse 17 points ;
juillet, baisse 21 points. — Soutenu.
Cales : baisse 8 à 12 points.
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPOLYTE FÉNOUX
Adresser tout ce qui concerne la Redaction
à M. HIPPOLYTE FÉNoUX
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TÉLÉPHONE : Rédaction, No 7.60
ABONNEMENTS
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METAUX
LONDRES, 20 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
TON
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—
—
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calme
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3 mois
£ 69 2,6
-/-
42/6
ETAIN
Comptant .
calme
£ 227 5/-
-1-
25/—
3 mois
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25/—
FER
Somptant ..
icrégul.
£ 64/9
3 mois.... )
£65/9
—/—
Cuivre Standard disp.
— , mars
Amalgasat. Cop...
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 17 janvier 1,13.
U CRISE MINISTERIELLE
M. Briand accepte de former
le nouveau Cabinet
M. Aristide Briand s’est rendu à sept heu
res et demie à l'Elysée pour informer le pré
sident de la République qu’il acceptait la
mission de former le nouveau Cabinet.
Comment serait compose le Cabinet
D’après les indications recueillies dans la
soirée, voici comment pourrait être envisa
gée la composition définitive du Cabinet :
Présidence du Conseil et Intérieur : M.
Briand ;
Justice : M. Barthou ;
Affaires étrangères : MM. Ribot ou Jon-
art ;
Guerre : M. Etienne ;
Marine : M. Pierre Baudin ;
Finances ; M. Klotz ;
Instruction publique : M. Stecg ;
Travaux publics : M. Jean Dupuy;
Commerce : M. Jean Morel ;
Agriculture : M. F. David;
Colonies : M. Guist’hau ;
Travail : M. René Besnard.
M. C ha omet serait maintenu au sous-se
crétariat des postes et M. Léon Bérard aux
Beaux-Arts.
, La question du maintien dû sous-secréta
riat à l’intérieur n’a pas encore été résolue.
M. Briand espère que le Cabinet sera défi-
mitivement formé aujourd’hui.
LA GUERRE D’ORIENT
Les Opérations de l’armée Grecque
Athènes, 20 janvier. — L’armée grecque a
commencé aujourd’hui l’attaque générale de
Mizani en dessinant un mouvement tour
nant sur la droite.
Les premières nouvelles reçues sont bon
nes.
La réponse de la Turquie
sera remise jeudi
CONSTANTINOPLE, 20 janvier. — La Porte a
convoqué l’assemblée nationale ou plutôt
le conseil des notables pour mercredi.
L’assemblée se réunira sous la présidence
de Kiamil Pacha. Elle siégera à huis clos.
Sauf incidents, on s’attend à ce que le
conseil des notables, après avoir entendu les
explications du gouvernement, se prononce
pour la paix.
Noradoughian Effendi a informé les am
bassadeurs qu’il comptait remettre jeudi la
réponse à la note des puissances.
Les intentions des alliés
LONDRES.— Les allies sont irrévocablement
résolus à employer la manière prompte et
forte si la réponse de la Porte n’est pas sa
tisfaisante.
L'élément modéré parmi les alliés ne se
sent plus le désir ni la volonté de s’opposer
une troisième fois aux mesures énergiques.
La délégation turque en a été avisée offi
cieusement dans des conversations privées.
La Presse turque
Constantinople. — La presse turque, dans
des articles inspirés, prépare l’opinion pu
blique à une réponse favorable à la note des
puissances.
Cuirassés turcs hors de combat
CONSTANTINOPLE. — D après un rapport du
ministre de la marine, les cuirassés Rurba-
■rossa et Targout Reis ont été mis hors de
combat.
Sur le croiseur cuirassé Assari Tewfik, le
pont s’est effondré.
Le quartier général Bulgare
Sofia. — Le quartier général bulgare a été
transferé à Demotica.
Les Ambassadeurs à Londres
Londres. — Les ambassadeurs ne se sont
•pas réunis hier.
Rechid Pacha et les ambassadeurs turcs
/sont allés au Foreign Office.
FÉLICITATIONS A M. POINCARÉ
M. Poincaré a reçu hier apres-midi Sir
Francis Bertie, ambassadeur d'Angleterre et
M. Tittoni, ambassadeur d’Ital e, qui sont
venus le féliciter de son élection à la prési
dence de la République.
LES AFFAIRES DU MAROC
Le général Lyautey à Bordeaux
Bordeaux. — Le général Lyautey et Mme
Lyautey arriveront vraisemblablement sa
medi soir à Bordeaux.
Le résident général assistera à un dîner
offert dimanche soir par la Chambre de
commerce.
Le général s’embarquera soit sur un croi
seur de l’Etat ou sur le Versailles, de la
Comnacnie Trausatlantique, le 27 janvier.
NEW-YORK, 20 JANVIER
6. BB JOGt
15 25
15 43
71 »/»
18 25
L PRIGEDENT
15
15
72
18
50
87
7/8
25
CHICAGO, 20 JANVIER
Ble sur
Mais sur....
Saindoux sar
C. DU JOUR
Mai ......
92 7 8
Juillet....
90 1/8
Mai
51 »i»
Juillet....
51 7 8
Mai
10 20
Juillet....
10 22
90
51
51
10
10
c. PRECED
93 5/8
6/8
1/4
13
10
15
Départ de la colonne d’Esperey
Mogador. — Demain partira la colonne di
rigée sur la casbah des Anflous.
Le général Francet d’Esperey suivra les
opérations.
Les forces ennemies dirigées par le frère
d’El Hibba comprennent 900 cavaliers envi
ron et autant de fantassins.
LE MAUVAIS TEMPS
Cherbourg.— Une violente tempête
Sud-Ouest rend la navigation impossible.
Les manœuvres des flottilles ont dû
du
être
interrompues.
La goélette française Rose, de Vannes, qui
se rendait du Newport au Croisic avec son
chargement est arrivée ici avec sa voilure
emportée.
LA CRISE SARDINIÈRE
Lorient. — Aujourd’hui a eu lieu une réu
nion de la Commission nommée par la
Chambre de commerce de Lorient pour exa
miner les questions se rapportant à la situa
tion actuelle de l’industrie sardinière.
Cette Commission convoquera ensuite les
représentants des pêcheurs.
UN MAIRE CONDAMNÉ
Bourges.— La Cour d’Appel vient de con
damner M. Dutour, maire de Mareuil, à dix
jours de prison, avec sursis, pour entraves à
la liberté du travail et outrages envers un
garde particulier.
Les faits reprochés à M. Dutour se rappor
tent à des incidents qui se sont produits dans
la commune de Mareuil où des bûcherons
syndiqués en grève manifestaient contre des
bûcherons non syndiqués qui continuaient à
travailler.
M. Dutour, pris en sa qualité d’officier de
police judiciaire, avait été traduit directe
ment devant la Cour d’Appel.
LES BALLONS RUSSES EN ALLEMAGNE
Berlin. — Les journaux annoncent que le
ministre de l’intérieur de Prusse vient d’in
viter les autorités provinciales des frontières
de l’Est à prendre les mesures nécessaires
pour obliger tous les ballons russes ayant
passé la frontière à atterrir immédiatement.
MnuvelleS Politiques
Félicitations à M. Poincaré
M. Coromilos, ministre des affaires étran
gères de Grèce, qui remplace à la tête du ca
binet M. Venizelos, délégué à la conférence
de Londres, a adressé à M. Poincaré la dépê
che suivante :
Athènes, 19 janvier.
Je vous prie d’agréer les chaleureuses félicita
tions du gouvernement hellénique pour le vote
de l’Assemblée nationale qui a élevé Votre Excel
lence a la suprême magistrature de la République
française, et vous transmets ses vœux les plus
sincères pour la grandeur et la prospérité de la
France.
COsOMILOS.
Au Ministère de l’Agriculture
M. Paras a quitté hier après-midi le minis
tère de l’agriculture avec tous ses collabora
teurs, après avoir reçu dans son cabinet M.
Fernand David, ministre du commerce, qui
avait été chargé, comme on sait, par intérim,
du département de l’agriculture.
C’est à trois heures que M. Paras a fait à
M. Fernand David la remise des services, et
lui a présenté les directeurs et les princi
paux chefs de service de l’administration cen
trale.
Au Parti républicain démocratique
Le Bulletin officiel du parti républicain
démocratique annonce que le prochain dîner
mensuel du parti aura lieu, sous la prési
dence de M. A. Carnot, le mardi 18 février,
jour où se fera la transmission des pouvoirs
présidentiels et où M. Raymond Poincaré
sera effectivement président de la Répu
blique.
« Nos fédérations, nos comités et nos amis,
ajoute le Bulletin, auront ainsi l’occasion de
têter l’élection à la plus haute magistrature
de l'État de celui qui fut, comme vice-pré
sident du parti, l’un de nos chefs les plus
écoutés. »
Déjeuner franco-italien
chez M. Tittoni
M. Tittoni, ambassadeur d’Italie, a offert
hier un déjeuner en l’honneur du bureau de
la présidence du Comité franco-italien.
M. Tittoni et M. Pichon, sénateur, prési
dent du Comité, ont porté un toast à l’amitié
des deux pays.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la EIARAIRIE IMTERMATIOHALE
108, rue Saint-Lazare, >08
(immeuble de l'HOTEL TERMINUS)
L’élection de M. Poincaré à la Présidence
de la République est accueillie par l’opi
nion avec une faveur qui ne laisse aucun
doute sur l’importance qu’elle attachait à
ce choix. Le grand public, qui voit les cho
ses de loin et qui a chance ainsi de les voir
quelquefois de haut, se rendait très bien
compte, en effet, que l’avenir même de
l’institution présidentielle était un peu en
cause dans la circonstance. Il n’ignorait
pas d’autre part que l’Europe, les yeux
fixés sur nous, attendait notre choix, prête
à nous juger. Aussi est-ce avec une sorte
de soulagement (le mot n’est pas trop fort),
que la France a appris la désignation d’un
homme politique dont le nom, le passé ré
publicain, la haute notoriété personnelle
enfin justifiaient le succès.
On ne peut s’y tromper, la masse de la
Nation, et en particulier la province, au-
jourd’hui toute puissante en matière d’in
fluence politique, souhaitait l’élection de
M. Poincaré. Ce n’est pas, semble-t-il,
qu’elle eût de préférence personnelle pour
une individualité. Rien de plébiscitaire
dans l’espèce. Ceux qui ont dénoncé comme
« consulaire » la campagne présidentielle
du nouvel élu se sont laissé aller, par es-
pr t de parti, à une exagération ridicule.
Ce que l’opinion voulait en réalité, ce
qu’elle pensait trouver en M. Poincaré,
c’était un président représentatif et surtout
choisi parmi les personnalités politiques de
premier rang. Le Français, qui est souvent
un peu jaloux dans les questions de détail,
comprend très bien que dans les questions
nationales il faut s’adresser à des chefs in
discutés et que n’importe qui ne peut par
ler avec autorité au nom de la France.
Ce qui était grave, dans la situation d’hier,
à la veille du Congrès de Versailles, c’est
que « les couloirs » semblaient avoir perdu
de vue ces essentielles vérités de bon sens
que le pays, lui, n’oubliait pas. C’est un des
plus grands périls des Assemblées élues
que cet aveuglement qui parfois les frappe,
leur fait perdre la communion avec l’opi-
nion générale et les porte à se faire une
manière de voir propre qui risque de n’être
pas celle de la Nation.
En prônant des candidatures de parle
mentaires, respectés, sans doute, mais in
connus du grand public, et représentant
des préoccupations de partis plus encore
que des préoccupations nationales, certains
groupes de la Chambre et du Sénat, com
mettaient justement cette faute de mécon
naître le vœu du pays. Quand ils propo
saient par exemple la candidature de M.
Pams, on ne comprenait pas comment, entre
tant d’hommes d’Etat notoires, ayant servi
la République, ils finissaient par donner
leur investiture à un ministre, populaire
évidemment dans ce milieu spécial ainsi
que dans sa région, mais dont le nom, il y
a six mois encore, était à peu près inconnu
de tous.
De la désignation du premier personnage
de la Nation vouloir faire une affaire de
couloirs, voilà où était la faute lourde, la
faute impardonnable et qui risquait de com
promettre non seulement la fonction prési
dentielle, mais le régime lui-même.
Si cette faute avait été commise, les ad
versaires de la République, et notamment
les plébiscitaires, n’eussent pas manqué de
s’en servir. Depuis plusieurs semaines
déjà, ils l’escomptaient, et leur campagne
certainement n’eût pas été sans émouvoir
l’opinion si on lui avait donné lieu de se
produire. Nous avons discuté à plusieurs
reprises, dans ce journal, le péril d’un pré
sident de République faisant à l’Elysée « sa
politique » et nous avons montré qu’en
s’orientant dans cette voie, l’institution
présidentielle tendait à devenir consulaire.
Suivre les suggestions des plébiscitaires,
faire élire le président par le suffrage uni
versel, comme le demandait l’autre jour M.
de Dion, c’est s’exposer à changer dange
reusement le centre de gravité du régime,
retirer l’influence prépondérente au Parle
ment élu qui doit la garder, pour la donner
à un homme sur lequel ensuite nul n’aurait
plus de prise.
L’opinion publique qui, en France, fait
souvent preuve d’une étonnante rectitude
de jugement, a très bien compris qu’entre
la doctrine du président plébiscité et celle
du président issu d’une sorte de conclave
parlementaire, il y avait une troisième thè
se, qui n’est pas un compromis entre les
deux autres, mais qui se justifie par sa pro
pre évidence. Gomme nous l’avons dit plus
haut, rien n’est plus, correct, au point de
vue républicain, que la préférence dont M.
Poincaré était l’objet dans le grand public.
Il me semble même que cette préférence
n’allait pas tant à un homme qu’à un type
d’homme. Par là, l’opinion indiquait qu’elle
ne revendiquait pas l’élection directe du
chef de l’Etat. La France actuelle n’est cer
tainement pas plébiscitaire. Mais par l’in-
térêt très vif que le peuple a porté au choix
qui vient d’être fait, il a souligné qu’il
n’admettait pas que cette opération, en
somme fort grave, se passe tout à fait en
dehors de lui.
La désignation de M. Pams. qui eût satis
fait un grand nombre de militants versés
dans la pratique immédiate de la politique,
eût profondément étonné, disons-le, inquié
té* l’ensemble de ceux oui moins, au cou-J
rant de la lutte un peu étroite des partis
veulent surtout une République et. une
France brillamment représentées. Ajoutons
que l’Europe n’eût pas compris davantage.
Nous ne nous rendons pas suffisamment
compte à quel point la politique française est
suivie et commentée à l’étranger. Notre pres
tige de grande nation démocratique, initia
trice de tant d’idées généreuses qui ont bou
leversé le monde, reste entier. Dès qu’en
France un homme éminent se révèle, défen
dant une politique d’idées, quelle qu’elle
soit, il faut voir comme aussitôt son nom
court sur toutes les bouches, d’un bout à
l’autre de l’humanité civilisée.
Dans ces conditions, la décision du Con
grès de Versailles causera une satisfaction
à peu près générale et certains méconten
tements qui déjà commençaient de s’expri
mer seront aussitôtréduits au silence. C’était
une erreur de considérer l’élection du 17
janvier comme une affaire de parti. La
République et la France sortent plus for
tes du choix d’un homme que l’opinion par
avance considérait déjà comme le plus di
gne.
ANDRÉ Siegfried.
CRISE MINISTERIDLIE
Dans les Couloirs de la Chambre
(De notre correspondant particulier)
Paris, 20 janvier.
Si la séance publique de la Chambre n’a
duré que quelques minutes, les couloirs en
revanche, ont été très animés pendant toute
la journée. Comme hier, d’ailleurs, on en était
réduit aux simples conjectures.
M. Briand, en effet, poursuit ses consulta
tions en vue de la solution delà crise minis
térielle, consultations déjà très larges et dont
le cercle s’est encore étendu aujourd’hui.
Désireux de grouper autour du nouveau
ministère une majorité républicaine aussi
nombreuse, aussi compacte que possible, M.
Briand a jugé nécessaire de prendre l’avis
non seulement des chefs de groupes, des an-
cièns ministres, mais de toutes les personna
lités marquantes du Parlement:
C’est seulement lorsqu’ilaura achevé cette
œuvre préparatoire, lorsqu’il en con
naîtra les résultats d’ensemble qu’il pourra,
les ayant mûrement étudiées, en dégager les
indications précises qu’il estime indispensa
bles de recueillir avant d’entreprendre la se
conde partie de sa tâche.
Les nombreuses conversations qu’il a eues
avec les membres les plus influents des deux
Assemblées ont permis à M. Briand de cons
tater qu’une détente très sensible s’est pro
duite pendant ces deux derniers jours.
Certes, il y a encore des irréductibles dans
les rangs des radicaux-socialistes, mais le
nombre de ceux qui refusent de s’incliner
devant le fait accompli diminue d’heure en
heure.
Cette première constatation est de nature
à faciliter l’œuvre de réconciliation, de paci
fication entreprise par M. Briand.
« Celui-ci, nous disait tout à l’heure un de
ses familiers, s’est trouvé, lorsque le prési
dent delà République lui a offert la mission
de dénouer la crise, en présence de ces deux
hypothèses, ou bien reconstituer le cabinet
Poincaré, en se bornant à pourvoir de nou
veaux titulaires les portefeuilles vacants, on
bien élargir le cadre de sa combinaison et
faire un ministère comprenant les princi
paux éléments de l’ancien, mais, en partie,
nouveau. C’est la première solution qui lui
a, dès l’abord, semblé la meilleure et qu'il
s’efforce de. réaliser.
» C’est dans cette voie qu’il a dirigé, qu’il
poursuit ses n égociations, se bornant, pour
l’instant, à s’assurer des concours éventuels,
se réservant d’utiliser ultérieurement ces
concours, selon les nécessités de sa combi
naison. Il ne saurait donc encore être ques
tion des attributions de portefeuille. »
Toutefois, on désigne couramment un cer
tain nombre d’hommes politiques dont l’en
trée dans le nouveau cabinet paraît assurée.
Parmi les noms qu'on prononce, celui de
M. Thierry, président de la Commission des
Douanes, est accueilli, dans tous les partis,
avec une faveur marquée. L’honorable dé
puté de Marseille, par sa valeur personnelle,
par son talent et sa puissance de travail, par
la haute situation qu’il a su se créer à la
Chambre et les sympathies unanimes qui
l’entourent, serait, de l’avis de tous, un col
laborateur des plus précieux pour M. Briand.
On cite également, comme devant très
probablement faire partie de la nouvelle
combinaison MM. Jonnart, Pierre Baudin,
Chéron, Puech, mais, encore une fois, rien
n’est encore décidé, surtout quant à l’attri
bution des portefeuilles. Ce sera, sans doute,
l’œuvre de demain.
T. H.
M. Briand a reçu ensuite MM. Cochery, Pi-
chon, Klotz, Guist’hau, Jean Dupuy, Etienne,
Vallé, Théodore Girard, Maujan, Raoul Pé-
ret, André Lefèvre, Maginot, Henry Béren
ger, etc.
A une heure et demie, M. Briand est allé
déjeuner en annonçant qu’il verrait dans
1 après-midi d’autres personnalités politi
ques.
Avant de quitter la chancellerie, il a reçu
les représentants de la presse et leur a fait
les -déclarations suivantes sur l’état de ses
pourparlers :
« La vérité constitutionnelle et la situation
parlementaire voudraient que le cabinet ac
tuel se représentât tout entier devant les
Chambres. En effet, dans aucune circons-
ce il n’a été affaibli, ni dans son ensemble,
puisque sa politique générale a été constam
ment approuvée, ni dans la personne d’au
cun de ses membres. On peut même dire
qu’il meurt d’un excès de confiance de la
majorité, puisque de son chef, on a fait le
président de la République.
j» Le cabinet a été seulement décapité.
» Tous mes efforts ont donc tendu, depuis
deux jours, à maintenir dans le prochain ca
binet le plus grand nombre de ceux qui le
composaient.
» Hier et avant-hier j’ai ainsi très vaine
ment supplié M. Léon Bourgeois de succéder
à M. Poincaré au ministère des affaires étran
gères. J’ai également demandé à M. Delcassé
de conserver le ministère de la marine, ou
d’accepter, s’il le désirait, le portefeuille de
la guerre. Le président de la République
d’aujourd’hui, M. Fallières, et le président
de la République de demain, M. Poincaré,
ont joint leurs efforts aux miens. Notre in
sistance est restée vaine. M. Léon Bourgeois
aurait été extrêmement heureux de pouvoir
m’accorder son concours : mais son état de
santé le lui interdit formellement. Il a be
soin sans contredit d’un repos immédiat, et
j’ai senti, dans ces conditions, que j’aurais la
lus mauvaise grâce à insister. M. Delcassé,
ui-même, a invoqué également son état de
santé qui est très ébranlé.
» Enfin, M. Lebron que j’ai sollicité de
garder le ministère de la guerre a refusé,par
un excès de modestie, à mon sens. Il consi
dère que sa nomination à ce poste avait un
caractère intérimaire et il éprouve des scru
pules, suivant moi excessifs, à assume? une
charge qu’il juge trop lourde.
» Telle est actuellement la situation, con
clut M. Briand. Toutefois, ajoute-t-il, je pen
se ce soir être .en mesure de donner une ré
ponse définitive à M. le président de la Ré
publique. »
M. Briand s’est rendu vers trois heures, au
ministère des affaires étrangères, où il a eu
un entretien avec M. Poincaré, qu’il a mis
au courant de ses conversations avec les
personnalités qu’il avait vues dans la ma
tinée.
M. Briand est rentré ensuite au ministère
de la justice où il a reçu des amis poli
tiques.
¥
8 *
On donnait hier soir comme assez vrai
semblable la combinaison suivante :
Intérieur et présidence du Conseil : M.
Briand ;
Justice-: M. Théodore Girard ;
Affaires étrangères : M. Joseph Thierry ;
Instruction publique : M. Guist’hau ;
Finances : M. Klotz ;
Guerre : M. Etienne ;
Marine : M. l’amiral Boué de Lapeyrère ;
Colonies : M. Jonnart ;
Commerce : M. Fernand David ;
Travaux publics : M. Jean Dupuy ;
Agriculture : M. Noulens ;
Travail : M. Puech.
La Guerne "Orient
L’Assemblée nationale que le gouverne
ment turc paraissait avoir renoncé à convo
quer se réunira aujourd’hui à Constantino
ple, et elle discutera la réponse que la Porte
fera à la note collective des puissances.
Le cabinet ottoman ne veut pas prendre
sur lui la responsabilité d’accepter ou de
refuser les propositions de paix, mais il se
soumet par là même à limiter dorénavant
sa capacité de négocier par les décisions
mêmes que cette Assemblée irresponsable
aura prises.
Les puissances en éprouveront une gêne
plus grande, dans le cas d’une réponse né
gative ou insuffisante de la Turquie, pour
reprendre leurs démarches, et tenter d’em-
pêcher par quelque mesure nouvelle, sinon
plus efficace, la, reprise des hostilités. Elles
ne semblent toutefois pas vouloir se laisser
décourager, et on dit que certaines d’entre
elles désirent que l’Europe conserve la di
rection des négociations même en ce qui
concerne la solution des règlements territo
riaux entre alliés.
Les coalisés cependant paraissent impa
tients de cette tutelle des puissances qui ne
leur inspirent pas une égale confiance. Ils
se font peu d’illusions sur la valeur des
sympathies que la presse allemande leur
marchande durement et sur la valeur de
l’amitié que leur offre l’Autriche, dont l’ar
mée mobilisée depuis deux mois commence
maintenant une menaçante concentration
sur les frontières serbes. L’opposition fla
grante entre les frontières que l’Autriche-
Hongrie veut donner à la future principauté
d’Albanie et celles que tracent les exposés
serbes et monténégrins remis aux ambassa
deurs à Londres, est une raison de plus
pour les alliés de limiter dans la mesure du
possibe l’ingérence européenne dans leurs
affaires, surtout si celle-ci était impuis-
sante à leur accorder les conditions de paix
qu’ils se croient en mesure d’imposer direc
tement par la force à la Turquie,
il est donc impossible, dit le Temps, de
ne pas compter ce moment avec l’even-
tualité d’une reprise prochaine des hostili
tés. Celles-ci, s’il faut CD croire certains
renseignements militaires ven’s des deux
côtés des lignes de Tchataldja, ne seraient
pas de longue durée par suite de l’épuise
ment de la Turquie, et l’on pourrait ainsi
espérer éviter les complications qu’une
lutte nouvelle, qui ne serait pas prompte
ment décisive,risquerait défaire naître
Les Démarches de M. Briand
M. Briand a poursuivi hier matin la série
de ses consultations politiques.
Il s’est rendu tout d’abord au quai d'Orsay
où il s’est longuement entretenu de la situa
tion avec M. Poincaré.
Après cette entrevue, M. Briand est venu,
vers dix heures, au ministère de la justice,
où il a reçu diverses personnalités parlemen
taires au nombre desquelles M. Jonnart qu’il
n'avait pu joindre dimanche, M. Jonnart ha
bitant actuellement son château de Dam-
pierre. M. Briand a eu une longue conte-
rence avec l’ancien gouverneur général de
l’Algérie.
Interrogé au sujet de son entrée éventuelle
dans la combinaison ministérielle, M. Jon
nart a déclaré qu’il avait assuré M. Briand
de son absolu dévouement au futur Cabinet,
sans lui cacher toutefois ses préférences qui
lui faisaient désirer de rester en marge de
cotre combinaison.
LE PARLEMENT
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séance du 20 Janvier
La séance est ouverte à 2 h. 10.
m. paul DESCHANEL préside.
Il donne leciure d'une lettre par laquelle le
président du Sénat lui notifie la composition défi
nitive du Sénat.
Il donne également lecture d’une lettre par la
quelle M. Villiers, sénateur, donne sa démission
de député du Finistère.
Il demande à la Chambre quel jour elle entend
se réunir.
Plusieurs voix : A jeudi !
La Chambre renvoie sa prochaine séance à jeu
di prochain 2 heures pour là réunion dans les
bureaux, et à 2 h. 1/2 pour la séance publique.
La séance est levée à 2 h. 20.
------------------ - " -=-=
ALLEMAGNE
Vn dirigeable détruit
Le dirigeable Schiltte-Lanz, qui accomplis
sait les essais de durée nécessaires à son ac
ceptation par l’armée, a été très gravement
avarié
Si une réparation est possible, les travaux
nécessiteront en tout cas de longues semai
nes.
Parti de Biesdorf, près de Berlin, à deux
heures de l'après-midi, le dirigeable évoluait
au-dessus de Potsdam, lorsque tout à coup
les commandes du gouvernail de profondeur
se rompirent. Le Schütte-Lanz, entraîné par
un vent violent, passa au-dessus d’un fau
bourg de Berlin à une assez faible hauteur.
Un atterrissage de fortune fut essayé, mais
au moment où le Schülte-L^z n’était plus
qu’à une quinzaine de mètres du sol, un
coup de vent le jeta sur le toit d’une villa
voisine.
Un homme de l’équipage, pris de peur,
sauta dans le vide et se blessa grièvement.
A huit heures du soir, des soldats mandés
en toute hâte, réussirent enfin à dégager le
dirigeable et transportèrent ses restes au hall
de Biesdorf. , .....
D’après des informations qu il est dilliche
de contrôler, aucune explosion ne se serait
P L’armature en bois du ballon seule s est
brisée en plusieurs endroits et aurait perfo-
ré l’enveloppe extérieure.
Les moteurs semblent, malgré tout, avoir
été assez sérieusement avariés, puisque le
Schiilte-Lanz, même après avoir été débarras
sé de tout le lest qui était à bord, ne put re
gagner par ses propres moyen? le hall de
Biesdorf, qui n’est éloigné que de quelques
kilomètres du lieu de l’accident.
Le Schilite-Lanz, construit en 1909-1911 par
l’ingénieur Schûtte (Jean), a une capacité de
20,000 mètres. Il est actionné par deux mo
teurs, dont la force totale est d’environ
550 chevaux. Seize à dix-huit personnes
peuvent prendre place dans ses deux na
celles. La longueur de l’aérostat est de 130
mètres.
A Vienne
On est d’avis que les Puissances doivent
garder la direction des affaires
Le Correspondant du Temps à Vienne télégra
phie :
On est ici, dans les milieux bien informés,
persuadé qu’une reprise des hostilités n’aura
pas lieu et que les grandes puissances ayant
commencé leur intervention par la démar
che collective à Constantinople, ne se laisse
roui plus enlever la direction des affaires
balkaniques.
Le Son und Montags Zeitung remarque à ce
propos :
a L’épisode sans précédent dans l'histoire
de l’Europe où le concert européen des
grandes puissances était réduit au silence
par quatre petits Etats balkaniques, est ter
miné par la démarche collective auprès de
la Porte. Il est clair que l’événement extraor
dinaire par lequel la ligue balkanique s’est,
au début de la guerre, émancipée de l’in
fluence des puissances, ne peut se renouve
ler. Les alliés ont montré leur impuissance
à imposer la paix et ils doivent de nouveau
respecter la volonté de l’Europe. Cette vo
lonté, c’est que la guerre finisse. »
Les Armements autrichiens
Suivant une lettre de Neusatz (Hongrie) à
la Politika, de Belgrade, à côté de l’armée
active et de la réserve concentrées sur les
frontières de la Russie et de la Serbie, l’Au
triche aurait convoqué tous les jeunes gens
de 18 à 21 ans, dont le recrutement serait
déjà commencé, en s’inspirant de leur natio
nalité pour la destination à leur donner.
Les régiments formés de Slaves du Sud
seraient destinés à la frontière italienne : en
attendant, ils sont l’objet d’une surveillance
spéciale que rend nécessaire l’état d’esprit
des soldats.
A Agrad, le 70e régiment d'infanterie,
composé de Croates, s’est mutiné de nou
veau ; quelques soldats auraient été fusillés
et près de 200 auraient été condamnés à des
peines sévères.
Le centre des opérations principales con
tre la Serbie serait Sarajevo, où se trouve
l’état-major de l’armée qui serait chargée de
franchir la frontière serbe. A Trebinje, on
concentrerait l’armée qui marcherait contre
le Monténégro.
On calcule que près de 200,000 hommes
sont accumulés en Bosnie. La poste et les
télégraphes sont militarisés ; la censure s ap
plique à toute correspondance.
Par suite de l’interruption du trafic com
mercial sur les voies ferrées, qui sont uni
quement employées aux transports militai
res, toutes les gares sont encombrées de
marchandises.
Les troupes sont entraînées de jour et de
nuit aux marches, aux passages de rivière et
aux exercices de tir.
Un nouveau régiment d’infanterie hongroi
se renforce la garnison de Semlin. Le
pont sur le Danube, à Péterwardein, est
protégé par des ouvrages de défense ; près de
Brellyaritza, derrière Semlin, des monitors
exécutent fréquemment des exercices de tir.
La surveillance des voyageurs ne se ralentit
pas, notamment sur les routes, où il nest
pas rare de se voir arrêter par une patrouito
le qui demande des pièces d’identité.
Un télégramme de M. Guechof
aux plénipotentiaires bulgares
Londres, 20 janvier.
On apprend que le président du Conseil
de Bulgarie a autorisé les délégués bulgares
à Londres à télégraphier directement au
général Savof de reprendre les hostilité,
lorsqu’ils croiront qu’il n’y a plus lieu.d al-
tenore raisonnablement la conclusion de la
Paoh fait remarquer que les soldats balkani »
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