Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-01-13
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 janvier 1913 13 janvier 1913
Description : 1913/01/13 (A33,N14506). 1913/01/13 (A33,N14506).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637855j
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
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(6 Pages)
6 Centimes — EDITION DU BATIR
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Lundi 13 Janvier 1943
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22 »
0 s
de rrunes
Paris, trois heures matin
La Situation ministérielle
M. LEBRUN Ministre de la Guerre
M. BESNARD, Ministre des Colonies
La Séance du Conseil
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat
se sont réunis hier après-midi en conseil, à
l’Elysée, sous la présidence de M. Fallières.
A l’issue de la délibération qui a pris fin à
quatre heures et demie, la communication
suivante a été communiqué© :
Le président du Conseil a donné con
naissance de la lettre suivante de M. Mille-
rand :
Paris, 11 janvier 1913.
Mon cher président,
L’acte administratif que j’ai accompli
pour tenir l’engagement pris par un de mes
prédécesseurs et auquel loyalement je ne
pouvais pas me soustraire, à reçu des com-
dentaires d’un caractère politique qu’il n’a
jamais eu.
Dans ces conditions et après en avoir con
féré avec nos amis, je crois de mon devoir
de vous prier de faire agréer par M. le prési
dent de la République ma démission de mi-
nistrede la guerre.
Permettez-moi de vous dire quelle fierté je
garde d’avoir été étroitement associé depuis
un an à l’œuvre nationale et républicaine
qui a été celle de votre cabinet et agréez, je
vous prie, mon cher président, la nouvelle
assurance de mon affectueux dévouement.
A. Millerand.
Le président de la République a accepté
Sa démission du ministre de la guerre,
M. Lebrun, ministre des colonies, a été
nommé ministre de la guerre.
M. René Besnard, sous-secrétaire d’état
aux Finances a été nommé ministre des co
lonies.
Le sous-secrétaire d’Etat du ministère des
Finances a été supprimé.
M. Poincaré, président du Conseil, a adres
sé à M. Millerand la lettre suivante :
al Paris, 42 janvier 1943.
Mon cher ami,
J’ai soumis à M. le Président de la Répu
blique et communiqué au Conseil la lettre
que vous avez bien voulu m’écrire.
Le Conseil a été unanime à regretter de se
trouver en désaccord avec vous sur la me
sure que vous avez prise et dont vous avez,
avec votre habituelle loyauté, revendiqué la
responsabilité.
M. le président de la République a cru de
voir, dans ces conditions, accepter la démis
sion que vous lui avez spontanément of
ferte.
A ce moment où je suis inopinément forcé
de me séparer de vous, laissez-moi vous dire
que je n'oublierai jamais le précieux con
cours que vous avez apporté depuis un an à
l'œuvre républicaine et patriotique dont le
Cabinet a cherché, au milieu de circonstan
ces souvent difficiles, la réalisation.
Croyez à mes sentiments respectueux et
dévoues.
RAYMOND POINCARÉ.
La délibération des Ministres
A la note officieuse communiquée à l’issue
du conseil des ministres, nous pouvons ajou
ter les renseignements suivants :
Après avoir pris connaissance de la lettre
de démission adressée par M. Millerand, au
président du Conseil, les membres du cabi
net ont procédé à un échange de vues sur la
suite qu’il convenait de donner à l’offre de
M. Millerand.
Le Conseil a été unanime à regretter de ne
pouvoir se solidariser avec l’acte administra-
Mt d’ordre intérieur accompli par le ministre
de la guerre.
Il a en outre estimé qu’il était impossible
de trouver des explications communes sus
ceptibles d’être acceptées par le Parlement
dans le cas où le gouvernement viendrait à
être interpellé.
Le président du Conseil a alors renouvelé
les déclarations qu’il a faites hier lorsque
pour la première fois, M. Millerand a pro
posé du se démettre de ses fonctions.
Il a rappelé dans quelles conditions s’était
constitué le Cabinet; la tâche qu'il s’était im
posée et les efforts accomplis en commun
dans une pensée d'union et de concorde.
Il a persisté donc à croire que la lettre
d’un des membres du Cabinet doit entraîner
une démission collective.
Tel n’a pas été cependant l’avis des mem
bres du Cabinet. Tous ont fait observer que
dans les circonstances présentes, le président
du Conseil avait l’impérieux devoir de rester
au poste où l’avait appelé la confiance du
chef de l’État et où il n’avait cessé d’être
soutenu par le Parlement et le pays.
Il convenait donc d’accepter la démission
de M. Millerand et de procéder à son rem-
placement.
Le président du Conseil s’est alors rangé à
cetta manière de voir.
On a alors abordé la question de la succes
sion de M. Millerand au ministère de la
guerre.
M. Poincaré avait, croyons-nous, songé pri-
mitivement pour cette succession au général
Joffre, chef de l’état-major général.
Il aurait voulu marquer ainsi la volonté
du cabinet de ne rien modifier à l’adminis-
tration et à la direction de l’armée.
Mais le cabinet doit nécessairement don
ner sa démission le 17 février, jour de l’ins-
lallation du nouveau président de la Répu-
blique.
M. Poincaré a estimé qu’il était préférable
en raison de ce court délai, de maintenir le
général Joffre dans ses fonctions do chef
de l’état-major général et de confier à l’un
des ministres le portefeuille de la guerre.
Il a ajouté que son choix se portait sur M.
Lebrun, ministre des colonies, ancien et très
brillant élève de l’Ecole Polytechnique, an-
cien officier d’artillerie, dont la compétence
en matière militaire s’est maintes fois affir
mée à la tribune do la Chambre à l’occasion
de la discussion de projets intéressant la dé
fense nationale.
Après avoirconsulté ses collègues, M. Poin
caré a soumis son choix à l’approbation du
président de la République.
M. Lebrun a manifesté quelque hésitation
à accepter, mais il s’est finalement rendu
aux sollicitations dont il était l’objet et a con
senti à abandonner le portefeuille des colo
nies pour celui de la guerre.
M. Chaumet, sous-secrétaire d’Etat, aux
P. T. T., n’a pas cru devoir, par contre, ac
cepter de succéder à M. Lebrun, au minis
tère des colonies.
Il a objecté qu’il avait à cœur de faire
aboutir devant le Parlement divers projets
intéressant le personnel et les services des
postes et télégraphes et qu’il ne pourrait y
parvenir qu’en conservant ses fonctions.
M. Paul Morel, sous-secrétaire d’Etat au
ministère de l’intérieur, désireux de conti-
nuer à collaborer avec M. Steeg, a également
décliné l’offre du portefeuille des colonies.
M. René Besnard, sous-secrétaire d’Etat au
ministère des finances, a été à son tour très
vivement sollicité. Il a accepté le ministère
des colonies, comme l’indique la note.
Il ne sera pas remplacé au sous-secréta
riat d’Etat des finances, qui a été
Après la nomination des
ministres
supprimé.
(davas)
nouveaux
La nomination de M. Lebrun comme mi
nistre de la guerre et celle de M. René Bes-
nard comme ministre des colonies ont été
connues un peu avant six heures à la Cham
bre.
Elles ont été favorablement accueillies par
les députés qui, bien que ce fut dimanche,
étaient venus nombreux au Palais-Bourbon
en quête de nouvelles.
Une Entrevue entre
M. Millerand et M. Lebrun
A l’issue du Conseil des ministres, M. Le
brun est venu rendre visite à M. Millerand,
au ministère de la guerre.
Au cours de la réunion du Conseil des mi
nistres, la question de la réintégration du
lieutenant-colonel du Paty de Glam a donné
lieu à quelques observations.
Le nouveau ministre de la guerre n’a pu
indiquer s’il entendait ou non maintenir
l’affectation décidée par M. Millerand, mais il
paraît certain que celle-ci ne sera pas rap
portée.
Les décrets à P« Officiel»
L’Officiel publie anjourd’hui les décrets aux
termes desquels M. Albert Lebrun, député,
ministre des colonies, est nommé ministre
de la guerre en remplacement de M. Mille
rand, dont la démission a été acceptée ;
M. René Besnard, député, sous-secrétaire
d’Etat au ministère des finances, est nommé
ministre des colonies, en remplacement de
M. Albert Lebrun nommé ministre de
la
guerre.
LA GUERRE DORIENT
A propos des Postes Français
SALONIQUE. — Le consul de France à Salo-
nique a fait une démarche auprès du com
mandant bulgare au sujet de l’attitude dos
autorités bulgares à Cavalla et de Dedeagatch
vis-à-vis des postes français.
Il en a obtenu des promesses satisfaisan
tes.
L’attitude des délégués turcs
Londres — Des délégués ottomans inter
viewés ont déclaré qu'ils étaient restés à
Londres sous leur propre responsabilité.
Ils attendent sinon des alliés, au moins
d’un tiers des propositions permettant de
poursuivre les négociations.
Les alliés s’obstinent à demander la ces
sion d’Andrinople, mais le gouvernement
turc ne l’accordera pas parce qu’il ne peut
pas livrer la clé de Constantinople.
L’Intervention auprès de la Porte
Constantinople, 12 janvier. — La plupart
des ambassadeurs ont reçu hier après-midi,
le texte de la note rédigée à Londres.
Ils comptent se réunir aujourd'hui pour
arrêter la forme de leur démarche.
On donne une certaine importance à une
visite faite hier par Mohammed Chewket aux
ambassadeurs de France, d’Autriche et d’Al
lemagne, étant donnée la probabilité que
Mohammed Chewket arrivera prochainement
au pouvoir.
LE GÉNÉRAL SOUKHOMLINOFF A PARIS
Le président de la République a reçu hier
soir à trois heures le général Soukhomlinoff,
ministre de la guerre de Russie.
Le général a été reçu par M. Millerand.
***
Une note Havas dément les paroles prêtées
au général Soukhomlinoff dans une inter
view publiée hier matin et qui se rappor-
te:
nt aux questions internationales.
CAMBRIOLEURS MIS EN FUITE
BEZONS. — Dans une usine du quai
de
Seine, a Bezons, des cambrioleurs se sont
introduits à la tombée de la nuit. Surpris
par un gardien, ils ont tiré sur lui des coups
de revolver, mais sans l’atteindre.
Le gardien a riposté et un cambrioleur a
été blessé, mais ses compagnons l’emportè
rent et disparurent dans la direction d’Ar-
genteuil,
La gendarmerie de cette localité procède à
une enquête.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Havre-Athletic-Club contre
Racing Club de France
Le Racing Club de France a battu le Havre
Athletic Club par 45 points, 13 essais et 3
buts à 3 points et un essai au Havre.
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LE PETIT HAVRE à Paris
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LA RETRAITE GE M. MILLERAND
H. LEBRUN LUI SUCCÈDE
On lira plus loin le récit complet dos diffé- | par la demande de M. da Paty de Glam et a
rents incidents qui se sont produits pendant -
les journées de samedi et de dimanche, au
sujet de l’attitude de M. Millerand.
Notre correspondant parisien, dans la let
tre suivante, en fait la synthèse et en déduit
clairement les conséquences :
La prompte solution donnée à l’incident
du Paty de Clam, dont les adversaires de
M. Poincaré s’étaient emparés dans le but
de nuire au succès de sa candidature, a
calmé en partie l’agitation qu’on avait sus
citée, à dessein, dans les milieux parlemen
taires.
Les mêmes députés se sont retrouvés di
manche dans les couloirs de la Chambre,
mais beaucoup moins nombreux qu’on af
fecte de le dire. Après quelques heures
d’attente, durant lesquelles les bruits
les plus étranges furent mis en cir
culation, on apprit coup sur coup que la
démission de M. Millerand était acceptée,
que M. Lebrun prenait le portefeuille de la
guerre, que M. René Besnard passait aux
colonies et que le sous-secrétariat des fi
nances était supprimé.
Un moment, il avait été question d’attri-
huer la succession de M. Millerand, à un
militaire, au général Joffre ou au général
d’Amade, par exemple, mais M. Poincaré a
pensé — et ses collègues ainsi que le prési
dent de la République lui-même ont été de
cet avis — qu’il était préférable de n’intro
duire en ce moment aucun élément nou
veau dans le Cabinet qui, de toute façon,
doit être démissionnaire dans un mois.
Que vont faire maintenant les adversaires
de M. Poincaré ?
Persisteront-ils à vouloir interpeller ?
S’ils s’obstinent à provoquer un incident,
soit au Luxembourg, soit au Palais-Bour
bon, le débat n’aura plus qu’un intérêt pu
rement rétrospectif et dont le caractère
tendancieux apparaîtra forcément à tous
les yeux.
D’autre part, ce débat ne pourrait s’en
gager réglementairement qu’après la cons
titution du bureau définitif. Or la journée
de jeudi sera consacrée tout entière à celte
opération et c’est même un peu tard que
M. Deschanel et M. Antonin Dubost, s’ils
sont réélus, comme il y a tout lieu de le
croire, pourront prendre possession du fau
teuil,
Tous deux, en effet, tiennent à s’installer
immédiatement, et à ne pas attendre la
séance suivante pour prononcer le discours
d’usage, afin de pouvoir faire acte de can
didat, le lendemain, devant la réunion plé
nière.
Dans ces conditions, les interpellations
ne pourraient être discutées que jeudi,
c’est-à-dire la veille même de la réunion
du Congrès, et il serait inconcevable qu’un
grand débat politique s’engageât à pareille
heure — plus inconcevable encore que
l’élection du président de la République
put avoir lieu en pleine crise ministé
rielle.
T. II.
LA JOURNEE DE SAMEDI
Les Explications de M. Millerand
au Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres, à l’issue de la
séance qu’il avait tenue à l’Elysée samedi,
et qui s’était prolongée jusqu’à une heure
environ de l’après-midi, avait communiqué
une brève note dans laquelle il était dit :
« M. Millerand a expliqué au Conseil les
conditions dans lesquelles il s’est considéré
comme obligé de donner une affectation au
lieutenant-colonel du Paty de Clam dans
l’armée territoriale. M. Millerand regarde
cette décision comme une mesure adminis
trative d’ordre intérieur, dont il revendique
toute la responsabilité. »
La communication de cette note à la presse
— note que nous avons publiée — et le si
lence absolu gardé sur les incidents qui
avaient marqué la délibération du Conseil
autorisaient a considérer que l’affaire était
réglée.
Ce n’est que vers la fin de l’après-midi que
la situation a commencé à changer.
Durant tout l’après-midi de samedi, on
s’est en effet occupé dans les deux Chambres
de l’incident du Paty de Glam et de la note
du Conseil des ministres.
• Des membres des deux Assemblées sont
allés conférer soit avec M. Poincaré, soit
avec d’autres membres du cabinet pour leur
communiquer leurs impressions, et c’est
alors qu’on fut renseigné sur ce qui s’était
passé le malin au Conseil de l’Elysée.
Nous avons relate ces faits, dès hier ma
tin, en nos dépêches de dernière heure.
Nous empruntons à notre confrère Le
Temps la relation détaillée de celle journée :
M. Millerand avait expliqué qu’il n’avait
pas cru devoir saisir le Conseil de cette affai-
re parce qu’il persistait à penser qu’elle
n’avait pas un caractère politique. C’est, a-t-
il dit, une question d’honneur. Son prédé
cesseur, M. Messimy, a pris l’engagement
vis-à-vis de M. du Paty de Clam, de le réinté
grer dans l’armée s’il abandonnait les pour
suites qu’il avait intentées contre le minis
tère de la guerre. Le gouvernement d’alors
a souscrit à cet engagement. M. du Paty de
Clam a tenu sa promesse. Il a retiré sa plain
te. Le ministre de la guerre devait à son
tour tenir son engagement, M. Millerand a
ajouté :
« Dès que le Comité du contentieux s’est
prononcé sur la question juridique soulevée
conclu à la légalité de son affectation à un
emploi dans l’armée territoriale, j’ai pris la
mesure que vous connaissez.
» Quelle autorité un ministre aurait-il eue
sur ses subordonnés s’il avait manqué à la
parole donnée ? J'ai agi en toute conscience.
J’ai fait mon devoir. Si, saisi de cette affaire,
le Conseil ne m’avait pas approuvé, je ne
serais pas resté rue Saint-Dominique, j’au
rais démissionné, car je ne me serais plus
senti la force morale nécessaire pour accom
plir ma mission de chef de l’armée. »
Et M. Millerand a de nouveau insisté sur
le caractère purement administratif de sa
décision. Elle n’avait et ne pouvait avoir à
ses yeux aucune signification politique.
« Au surplus, a dit M. Millerand, je suis
prêt a remettre ma démission, si l’on juge
que mon acte puisse gêner la candidature de
M. Poincaré à la présidence de la Républi
que. »
La Discussion
Quand M. Millerand eut achevé ses expli
cations, M. Pams, ministre de l’agriculture,
exprima l’avis que la décision prise au sujet
du lieutenant-colonel du Paty de Clam avait,
contrairement à ce que pensait le ministre
de la guerre, un caractère politique et qu’il
regrettait, pour sa part, que le Conseil des
ministres n’eût pas été au préalable appelé
à en délibérer. M. Pams ajouta qu’il se ré
servait de demander, après la décision du
Conseil, un entretien à M. Poincaré, s’il le
jugeait nécessaire.
M. Poincaré fit observer que les membres
du cabinet et lui-même partageaient l’opi-
nion de M. Pams et il ajouta : « Si j’avais
été consulté sur la réintégration je ne l’au-
rais personnellement jamais approuvée. »
La discussion s’engagea alors sur le point
de savoir quelle serait l’attitude du cabinet
si uneinterpéllation avait lieu dans les Cham
bres.
M. Millerand répondit qu’il prendrait de
vant le Parlement l’entière responsabilité de
son acte, qu’il expliquerait comment il
l’avait accompli sans consulter le Conseil
dus ministres, et qu’il subirait seul toutes
les conséquences de sa décision.
Les ministres s’occupèrent alors de déter
miner les termes d’une note destinée à être
publiée et précisant le caractère purement
personnel de la décision arrêtée par M. Mil-
lerand.
Le président du Conseil fit observer que
quels que fussent les termes de cette note,
elle serait interprétée comme un blâme à
l’égard du ministre de la guerre, dont la dé
mission, offerte d’ailleurs un instant aupara
vant, devenait alors inévitable. Le prési
dent du Conseil déclara qu’une pa
reille éventualité ne pouvait être envisagée
dans les circonstances actuelles, la retraite
da M. Millerand pouvant entraîner la démis
sion du Cabinet tout entier.
M. Briand, appuyant la thèse du président
du Conseil, déclara qu’il lui paraissait im
possible d’ajouter au danger de la situation
extérieure, aux difficultés de la situation in
térieure, les complications d’une crise minis
térielle à la veille de l’élection du président
de la République.
M. Briand insista sur la crise grave qu’en-
(rainerait la retraite du Cabinet. Ce serait
une crise du régime. Elle s’ouvrirait en eff-t
au moment où l’intérêt supérieur du pays
exige du gouvernement une attention tout
particulièrement vigilante.
Finalement, cette thèse prévalut. Et les
ministres se rangèrent à son opinion.
Le Conseil arrêta les termes de la note
qu’on a lue plus haut et qui laisse à M. Mil-
lerand la responsabilité pleine et entier©
d'un acte qu’il revendiquait.
ts *
Mais cette solution, quand elle fut connue
dans le monde parlementaire, y provoqua
des commentaires très vifs, à tel point que
le président du Conseil, averti soit directe
ment, soit par ses collègues, de l’effet pro
duit, jugea nécessaire de réunir dans la soi
rée ses collègues pour aviser aux mesures à
prendre.
Il y avait précisément samedi soir à l’Ely-
sée un dernier grand dînier offert au corps
diplomatique par M. Fallières avant l’expira
tion de sa magistrature.
M. Poincaré, tenu par les devoirs de sa
charge d’assister à ce dîner, dut retarder
jusqu’à dix heures et demie la réunion, qui
te prolongea jusqu’à une heure du matin.
Sept ministres et quatre sous-secrétaires
d’Etat y assistèrent.
Etaient absents : MM. Bourgeois, Pams,
Delcassé, Fernand David et Lebrun, ces deux
derniers se trouvant en voyage.
La discussion fut longue et animée, et fi
nalement la note suivante tut communiquée
à la presse après une heure du matin :
Nous croyons savoir que dans l’après-midi et
dans la soirée d’hier (samedi), des conférences
ont eu lieu entre les membres du Parlement et
les ministres au ministère des affaires étrangères
et au ministère de la guerre, et qu’au cours de
ces entretiens M. Millerand a renouvelé l’offre de
sa démission.
Il est probable qu’un conseil des ministres se
tiendra dans la journée.
En effet, cette réunion des ministres n’a
pas eu le caractère d’un Conseil, mais d’une
simple conférence dans laquelle aucune dé
cision définitive ne pouvait être prise.
On a envisagé toutes les faces de la ques
tion, examiné toutes les éventualités possi
bles, notamment celle d’une interpellation
dans les deux Chambres. A la suite de cet
examen, M. Millerand a renouvelé l’offre de
sa démission.
Mais on a jugé que la décision à prendre à
ce sujet ne pouvait avoir lieu qu’en Conseil
des ministres. En conséquence, le Conseil a
été convoqué pour hier après-midi, à l’Elysée,
sous la présidence de M. Fallières,
LA JOURNÉE DEDIMANCHE
M. Poincaré à l’Elysée
M. Poincaré s’est rendu hier matin, à dix
heures, à l’Elysée, où il a été reçu par le
président de la République, auquel il venait
rendre compte de la situation présente.
L’entretien s’est prolongé pendant plus d©
trois quarts d’heure.
Le président du Conseil est ensuite retour
né au ministère des affaires étrangères.
Au Ministère de la Guerre
M. Millerand s’est rendu comme d’habitu
de hier matin, à neuf heures, au ministère
de la guerre ; il y a reçu un certain nombre
de directeurs.
Vers midi, comme nous le disons plus
loin, il a reçu le général Soukhomlinof, ‘mi
nistre de la guerre de Russie, avec lequel il
s’est entretenu une demi heure.
M. Millerand a quitté le ministère vers
midi et demie.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis en conseil,
à deux heures et demie, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Fallières.
Etaient présents : MM. Poincaré, Briand,
Léon Bourgeois, Steeg, Kloiz, Jean Dupuy,
Delcassé, Pams, Guist’hau, Lebrun, Morel,
René Besnard, Léon Bérard et Chaumet.
M. Fernand David, absent de Paris, n’assis
tait pas à la délibération.
Quelques instants avant le Conseil, M. Mil
lerand a rendu visite au président de la Ré
publique et s’est ensuite retiré.
Le Conseil avait donc à délibérer sur la si
tuation créée par la lettre que M. Millerand
avait adressée la veille à M. Poincaré.
Dans cette lettre, le ministre de la guerre
informe le président du Conseil qu’en pré
sence de l’opinion exprimée par certaines
personnalités sur l'opportunité de sa retraite,
il met son portefeuille à la disposition de sel
collègues, a qui il appartient d’en décider.
Dans cette lettre. nous croyons savoir que
M. Millerand définit de nouveau le caractère
de l’acte administratif qu’il a accompli pour
tenir l’engagement pris par un de ses prédé
cesseurs, auquel il ne pouvait loyalement se
soustraire et qui a reçu, des commentaires
qui se sont produits, un caractère politique
qu’il n’avait jamais eu.
LA SOLUTION
À quatre heures un quart, on communi
quait la note suivante :
La démission de M. Millerand est acceptée.
M. Lebrun, ministre des colonies, passe au
ministère de la guerre.
Il est remplace par M. René Besnard, sous-
secrétaire d’État aux finances.
Le sons-secrétariat d’Etat aux finances est
supprimé.
Nouvelles Politiques
Le régime politique des condamnés
Oo communique la note suivante :
Des protestations ayant été formulées par
certains condamnés contre l’application
éventuelle qui leur serait faite du régime de
droit commun, on nous déclare au ministè
re de la justice que ces protestations ne sont
nullement justifiées, le garde des sceaux, M.
Aristide Briand, ayant donné des instruc
tions générales à ‘administration péniten
tiaire pour que soient placés au régime po-
litique tous condamnés comme tous préve
nus soit pour infractions commises par la
parole ou par l’écrit, soit pour faits de grè
ve. Ces instructions ont éié communiquées
au parquet général, et à propos des protes
tations actuelles, elles viennent de lui être
expressément confirmées.
La tension Roumano-Bulgare et la Turquie
On télégraphie de Constantinople :
Le ministre roumain, M. Filipesco, a en
avec Kiamil pacha une entrevue qui a duré
deux heures.
Le général Chevket Torghout, autrefois at
taché militaire à Bucarest, est parti pour
cette ville.
Dansles milieux diplomatiques, on n’ajoute
pas foi aux bruits d’un accord turco-rou-
main.
Dans les milieux turcs, on accueille avec
une vive satisfaction la tension des rapports
bulgaro-roumains.
La départ de M. Stanolof pour Paris
M. Stanciof, ministre de Bulgarie à Paris,
qui était, comme on sait, allé rejoindre son
corps des hussards de la garde où il est capi
taine de réserve, a quitté Sofia pour revenir
à son poste.
Avant son départ il a été reçu par le roi et
M. Guechof.
M. Stanciof a été décoré de l’ordre de la
Bravoure pour services exceptionnels pen
dant la guerre.
Le Conflit Bulgaro-Roumain
Vienne, 12 janvier.
La reprise des négociations entre la Bul
garie et la Roumanie fortifie l’espoir exprimé
depuis plusieurs jours par les journaux de
Vienne que les questions litigieuses entre
les deux pays seront réglées pacifiquement.
L’opinion qui prévaut dans les cercles bien
informés est que, dans cette question com
me dans celle d’Andrinople et de l’Albanie,
la discussion, longue et ardue, se terminera
par un arrangement. .
On mande de Bucarest à la Neue Frété
Presse qu’une certaine détente s’est produite,
grâce à l’influence des puissances, dans les
relations bulgaro roumaines. La nouvelle
d’après laquelle le ministre des domaines de
Roumanie. M. Filipescu, aurait une mission
à remplir à Constantinople est dénuée de
fondement.
On mande de Londres à la Neue Freie
Presse, de source bien informée, que la Rou
manie demande à la Bulgarie la session d’un
territoire suivant une ligne qui va de Kutur-
kaja à Baltschik, territoire qui comprend
Silstrie, ainsi que le port de Kavarna, avec
une population totale de 150,000 habitants.
La place importante de Dobritza resterait à la
Bulgarie
ALSACE-LORRAINE
Les conférences de l’abbé Wetterlé
Plusieurs journaux officieux allemands de
Strasbourg, de Metz et de Cologne mènent
actuellement une campagne extrêmement
violente contre M. Wetterlé, député au
Reichstag. Le bruit court même qu’il se pour
rait que des poursuites pour haute trahison
fussent engagées contre lui en raison des
sentiments exprimés par lui au Havre, à
Rouen, à Evreux et à Paris.
Le Nouvelliste d’Alsace-Lorraine, de Colmar,
organe de l’abbé Wetterlé, risposte vigou
reusement à ces attaques et adresse aux
journaux allemands et particulièrement à la
Post, de Strasbourg, les réflexions suivantes :
Depuis l’annexion, l’Alsace-Lorraine subit un
régime d’exception. Elle a en vain réclamé les
mêmes droits que les États de la confédération,
On les lui a refusés. Cela, les nôtres ont le droit
de le dire et de le répéter ici et ailleurs, en Fran
ce, partout. Personne ne peut effacer des faits qui
appartiennent à l’Hlistoire, et ce serait commettre
une coupable omission que de les faire Nous ne
nous laisserons pas imposer silence par les reje
tons insolents des faméliques qui se sont abaitus
sur l’Alsace-Lorraine au lendemain des désastres
de <870. Nos pères ont pu se laisser intimider par
les nouveaux venus. Mais nous qui sommes la
génération qui monte, nous ne craignons nulle
ment ceux qui voudraient bien être nos maîtres.
Les conférences que M. Wetterlé vient de faire
ne sont d’ailleurs que le commencement du cycle
des soirées publiques où il sera question, cet hi
ver, dans plus de cinquante villes de France, de
ce qui se passe en Alsace-Lorraine. Des confé
renciers autorisés parleront de l’Alsace-Lorraine
dans le Nord, dans l’Ouest, dans le Midi, dans
l’Est. On parlera de l’Alsace-Lorraine a Lille,
Amiens, Tours, Orléans, Bordeaux, Toulouse,
Lyon ; les colères, feintes ou vraies, de la Strass-
burger Post, assurent anticipativement le plus
beau succès aux conférenciers qui, là-bas, parle
ront de nous.
ANGLETERRE
La Tempête et la Neige
Par suite de l’ouragan de neige qui sévit
en Ecosse, ainsi que dans le Nord et le cen-
tre de l’Angleterre, les communications télé-
graphiques et téléphoniques sont interrom
pues dans plusieurs localités.
On craint qu’il n’y ait de nombreux
morts.
Des épaves ont été rejetées sur la côte
Nord-Est.
Des trains seraient ensevelis dans la neige,
près de Burnley.
Une toiture enlevée, à Lowestoft, a démoli
deux magasins.
De graves inondations sont signalées en
Irlande.
BULLETIN MILITAIRE
Un nouveau groupement
de nos formations du génie
D’accord avec le ministère de la Guerre, la
Commission parlementaire de l’armée se
prépare à faire soutenir à la Chambre un pro-
jet de loi relatif à la constitution des cadres
et des effectifs du génie. Les débats seront
très courts parce que le projet de loi se con
tente de changer la répartition de ces trou
pes spéciales au mieux des exigences tacti-
ques.
Jusqu’à ce jour, nous avions sept régiments
du génie à trois ou quatre bataillons. Au
moment de la mobilisation, chacun de nos
corps d’armée recevait un bataillon de trois
compagnies dont deux compagnies de sa
peurs et une de pontonniers. Cette organisa
tion maintenait les compagnies de sapeurs
de forteresse loin de leurs places d’aflectation,
et, en dehors de la période des grandes ma-
nœuvres, les autres armes n'avaient pour
ainsi dire jamais l’occasion d’utiliser les for
mations du génie ; enfin, nos sapeurs étaient
considérés comme inter-changeables et rece
vaient une instruction beaucoup trop éten
due par la faible durée du service.
Désormais, les pontonniers et les sapears-
mineurs des places fortes seront spécialisés
au même titre que les télégraphistes et les
sapeurs des chemins de fer. Nos trois corps
de la frontière du Nord-Est (6e, 7e et 20s),
posséderont chacun un bataillon autonome
formant corps et stationné à Verdun, Toul
et Besançon.
Tous les corps d’armée recevront un ba
taillon de sapeurs composé d deux compa
gnies affectées directement aux divisions
d’infanterie et dédoublées en temps de
guerre.
En résumé, l’organisation comprendra
huit régiments et cin bataillons formant
corps (sont deux stationnés dans l’Afrique
du Nord), groupant au total :
59
14
10
U
1 compagnies de sapeurs de campagne (dont
4 en Afrique) ;
compagnies de sapeurs de chemins de fer
(dont 1 en Afrique) ;
compagnies de sapeurs de place (dont 1 en
Afrique) ;
. compagnies de sapeurs-conducteurs.
Le nombre des compagnies de sapeurs té
légraphistes sera réglé ultérieurement.
Enfin, des détachements spéciaux seront
affectés aux groupes alpins et au service de
la colombophilie.
Ces chiffres sont largement dépassés par
l’Allemagne, qui dispose de 26 bataillons de
pionniers et de 3 régiments de chemins de
fer ; mais notre contingent ne nous permet
pas de suivre nos voisins dans cette voie. La
prochaine réorganisation donnera du moins
le moyen d’utiliser plus rationnellement les
ressources que nous possédons et qu’il ne
nous est pas possible d’augmenter.
INFORMATIONS
Le général Soukhoml!nof à Paris
Le général Soukhomlinof, ministre de
la guerre de Russie, a été reçu hier, à onze
heures et demie, par M. Millerand, et à midi
par M. Isvolski. Il a ensuite déjeuné chez M.
Poincaré, au domicile du président du Con-
ssii. Parmi les convives très peu nombreux
se trouvaient M. Millerand et le général
Jofre.
Le général Soukhomlinof a été reçu dans
l’après-midi par M. Fallières et a rendu visite
à diverses personnalités militaires.
Le ministre de la guerre russe a dans son
pays une juste autorité. Comme chef d’et.,
major du général Dragomirof, dont il a e
ensuite l’adjoint et le successeur à Kieh. a
pris la plus large part au magnifique entra
nement des troupes de Pologne, de OYn-
et de Podolie. Son ministère a été marque
par d’importantes réformes : suppression des
comités, réduction du nombre ces officiers
(6 Pages)
6 Centimes — EDITION DU BATIR
S Centrmes
(6 Pages j
Administrateur ■ Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique RANDOLET Havzo
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Lundi 13 Janvier 1943
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AU HAVRE.
A PARIS
AN NON CES
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! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
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Le PETIT HAVRE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
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Le Havre, la S aine-Inférieure, l’Eure.
l’Oise et la Somme '
Autres Départements
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Gn s’abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Peste
22 »
0 s
de rrunes
Paris, trois heures matin
La Situation ministérielle
M. LEBRUN Ministre de la Guerre
M. BESNARD, Ministre des Colonies
La Séance du Conseil
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat
se sont réunis hier après-midi en conseil, à
l’Elysée, sous la présidence de M. Fallières.
A l’issue de la délibération qui a pris fin à
quatre heures et demie, la communication
suivante a été communiqué© :
Le président du Conseil a donné con
naissance de la lettre suivante de M. Mille-
rand :
Paris, 11 janvier 1913.
Mon cher président,
L’acte administratif que j’ai accompli
pour tenir l’engagement pris par un de mes
prédécesseurs et auquel loyalement je ne
pouvais pas me soustraire, à reçu des com-
dentaires d’un caractère politique qu’il n’a
jamais eu.
Dans ces conditions et après en avoir con
féré avec nos amis, je crois de mon devoir
de vous prier de faire agréer par M. le prési
dent de la République ma démission de mi-
nistrede la guerre.
Permettez-moi de vous dire quelle fierté je
garde d’avoir été étroitement associé depuis
un an à l’œuvre nationale et républicaine
qui a été celle de votre cabinet et agréez, je
vous prie, mon cher président, la nouvelle
assurance de mon affectueux dévouement.
A. Millerand.
Le président de la République a accepté
Sa démission du ministre de la guerre,
M. Lebrun, ministre des colonies, a été
nommé ministre de la guerre.
M. René Besnard, sous-secrétaire d’état
aux Finances a été nommé ministre des co
lonies.
Le sous-secrétaire d’Etat du ministère des
Finances a été supprimé.
M. Poincaré, président du Conseil, a adres
sé à M. Millerand la lettre suivante :
al Paris, 42 janvier 1943.
Mon cher ami,
J’ai soumis à M. le Président de la Répu
blique et communiqué au Conseil la lettre
que vous avez bien voulu m’écrire.
Le Conseil a été unanime à regretter de se
trouver en désaccord avec vous sur la me
sure que vous avez prise et dont vous avez,
avec votre habituelle loyauté, revendiqué la
responsabilité.
M. le président de la République a cru de
voir, dans ces conditions, accepter la démis
sion que vous lui avez spontanément of
ferte.
A ce moment où je suis inopinément forcé
de me séparer de vous, laissez-moi vous dire
que je n'oublierai jamais le précieux con
cours que vous avez apporté depuis un an à
l'œuvre républicaine et patriotique dont le
Cabinet a cherché, au milieu de circonstan
ces souvent difficiles, la réalisation.
Croyez à mes sentiments respectueux et
dévoues.
RAYMOND POINCARÉ.
La délibération des Ministres
A la note officieuse communiquée à l’issue
du conseil des ministres, nous pouvons ajou
ter les renseignements suivants :
Après avoir pris connaissance de la lettre
de démission adressée par M. Millerand, au
président du Conseil, les membres du cabi
net ont procédé à un échange de vues sur la
suite qu’il convenait de donner à l’offre de
M. Millerand.
Le Conseil a été unanime à regretter de ne
pouvoir se solidariser avec l’acte administra-
Mt d’ordre intérieur accompli par le ministre
de la guerre.
Il a en outre estimé qu’il était impossible
de trouver des explications communes sus
ceptibles d’être acceptées par le Parlement
dans le cas où le gouvernement viendrait à
être interpellé.
Le président du Conseil a alors renouvelé
les déclarations qu’il a faites hier lorsque
pour la première fois, M. Millerand a pro
posé du se démettre de ses fonctions.
Il a rappelé dans quelles conditions s’était
constitué le Cabinet; la tâche qu'il s’était im
posée et les efforts accomplis en commun
dans une pensée d'union et de concorde.
Il a persisté donc à croire que la lettre
d’un des membres du Cabinet doit entraîner
une démission collective.
Tel n’a pas été cependant l’avis des mem
bres du Cabinet. Tous ont fait observer que
dans les circonstances présentes, le président
du Conseil avait l’impérieux devoir de rester
au poste où l’avait appelé la confiance du
chef de l’État et où il n’avait cessé d’être
soutenu par le Parlement et le pays.
Il convenait donc d’accepter la démission
de M. Millerand et de procéder à son rem-
placement.
Le président du Conseil s’est alors rangé à
cetta manière de voir.
On a alors abordé la question de la succes
sion de M. Millerand au ministère de la
guerre.
M. Poincaré avait, croyons-nous, songé pri-
mitivement pour cette succession au général
Joffre, chef de l’état-major général.
Il aurait voulu marquer ainsi la volonté
du cabinet de ne rien modifier à l’adminis-
tration et à la direction de l’armée.
Mais le cabinet doit nécessairement don
ner sa démission le 17 février, jour de l’ins-
lallation du nouveau président de la Répu-
blique.
M. Poincaré a estimé qu’il était préférable
en raison de ce court délai, de maintenir le
général Joffre dans ses fonctions do chef
de l’état-major général et de confier à l’un
des ministres le portefeuille de la guerre.
Il a ajouté que son choix se portait sur M.
Lebrun, ministre des colonies, ancien et très
brillant élève de l’Ecole Polytechnique, an-
cien officier d’artillerie, dont la compétence
en matière militaire s’est maintes fois affir
mée à la tribune do la Chambre à l’occasion
de la discussion de projets intéressant la dé
fense nationale.
Après avoirconsulté ses collègues, M. Poin
caré a soumis son choix à l’approbation du
président de la République.
M. Lebrun a manifesté quelque hésitation
à accepter, mais il s’est finalement rendu
aux sollicitations dont il était l’objet et a con
senti à abandonner le portefeuille des colo
nies pour celui de la guerre.
M. Chaumet, sous-secrétaire d’Etat, aux
P. T. T., n’a pas cru devoir, par contre, ac
cepter de succéder à M. Lebrun, au minis
tère des colonies.
Il a objecté qu’il avait à cœur de faire
aboutir devant le Parlement divers projets
intéressant le personnel et les services des
postes et télégraphes et qu’il ne pourrait y
parvenir qu’en conservant ses fonctions.
M. Paul Morel, sous-secrétaire d’Etat au
ministère de l’intérieur, désireux de conti-
nuer à collaborer avec M. Steeg, a également
décliné l’offre du portefeuille des colonies.
M. René Besnard, sous-secrétaire d’Etat au
ministère des finances, a été à son tour très
vivement sollicité. Il a accepté le ministère
des colonies, comme l’indique la note.
Il ne sera pas remplacé au sous-secréta
riat d’Etat des finances, qui a été
Après la nomination des
ministres
supprimé.
(davas)
nouveaux
La nomination de M. Lebrun comme mi
nistre de la guerre et celle de M. René Bes-
nard comme ministre des colonies ont été
connues un peu avant six heures à la Cham
bre.
Elles ont été favorablement accueillies par
les députés qui, bien que ce fut dimanche,
étaient venus nombreux au Palais-Bourbon
en quête de nouvelles.
Une Entrevue entre
M. Millerand et M. Lebrun
A l’issue du Conseil des ministres, M. Le
brun est venu rendre visite à M. Millerand,
au ministère de la guerre.
Au cours de la réunion du Conseil des mi
nistres, la question de la réintégration du
lieutenant-colonel du Paty de Glam a donné
lieu à quelques observations.
Le nouveau ministre de la guerre n’a pu
indiquer s’il entendait ou non maintenir
l’affectation décidée par M. Millerand, mais il
paraît certain que celle-ci ne sera pas rap
portée.
Les décrets à P« Officiel»
L’Officiel publie anjourd’hui les décrets aux
termes desquels M. Albert Lebrun, député,
ministre des colonies, est nommé ministre
de la guerre en remplacement de M. Mille
rand, dont la démission a été acceptée ;
M. René Besnard, député, sous-secrétaire
d’Etat au ministère des finances, est nommé
ministre des colonies, en remplacement de
M. Albert Lebrun nommé ministre de
la
guerre.
LA GUERRE DORIENT
A propos des Postes Français
SALONIQUE. — Le consul de France à Salo-
nique a fait une démarche auprès du com
mandant bulgare au sujet de l’attitude dos
autorités bulgares à Cavalla et de Dedeagatch
vis-à-vis des postes français.
Il en a obtenu des promesses satisfaisan
tes.
L’attitude des délégués turcs
Londres — Des délégués ottomans inter
viewés ont déclaré qu'ils étaient restés à
Londres sous leur propre responsabilité.
Ils attendent sinon des alliés, au moins
d’un tiers des propositions permettant de
poursuivre les négociations.
Les alliés s’obstinent à demander la ces
sion d’Andrinople, mais le gouvernement
turc ne l’accordera pas parce qu’il ne peut
pas livrer la clé de Constantinople.
L’Intervention auprès de la Porte
Constantinople, 12 janvier. — La plupart
des ambassadeurs ont reçu hier après-midi,
le texte de la note rédigée à Londres.
Ils comptent se réunir aujourd'hui pour
arrêter la forme de leur démarche.
On donne une certaine importance à une
visite faite hier par Mohammed Chewket aux
ambassadeurs de France, d’Autriche et d’Al
lemagne, étant donnée la probabilité que
Mohammed Chewket arrivera prochainement
au pouvoir.
LE GÉNÉRAL SOUKHOMLINOFF A PARIS
Le président de la République a reçu hier
soir à trois heures le général Soukhomlinoff,
ministre de la guerre de Russie.
Le général a été reçu par M. Millerand.
***
Une note Havas dément les paroles prêtées
au général Soukhomlinoff dans une inter
view publiée hier matin et qui se rappor-
te:
nt aux questions internationales.
CAMBRIOLEURS MIS EN FUITE
BEZONS. — Dans une usine du quai
de
Seine, a Bezons, des cambrioleurs se sont
introduits à la tombée de la nuit. Surpris
par un gardien, ils ont tiré sur lui des coups
de revolver, mais sans l’atteindre.
Le gardien a riposté et un cambrioleur a
été blessé, mais ses compagnons l’emportè
rent et disparurent dans la direction d’Ar-
genteuil,
La gendarmerie de cette localité procède à
une enquête.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Havre-Athletic-Club contre
Racing Club de France
Le Racing Club de France a battu le Havre
Athletic Club par 45 points, 13 essais et 3
buts à 3 points et un essai au Havre.
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LA RETRAITE GE M. MILLERAND
H. LEBRUN LUI SUCCÈDE
On lira plus loin le récit complet dos diffé- | par la demande de M. da Paty de Glam et a
rents incidents qui se sont produits pendant -
les journées de samedi et de dimanche, au
sujet de l’attitude de M. Millerand.
Notre correspondant parisien, dans la let
tre suivante, en fait la synthèse et en déduit
clairement les conséquences :
La prompte solution donnée à l’incident
du Paty de Clam, dont les adversaires de
M. Poincaré s’étaient emparés dans le but
de nuire au succès de sa candidature, a
calmé en partie l’agitation qu’on avait sus
citée, à dessein, dans les milieux parlemen
taires.
Les mêmes députés se sont retrouvés di
manche dans les couloirs de la Chambre,
mais beaucoup moins nombreux qu’on af
fecte de le dire. Après quelques heures
d’attente, durant lesquelles les bruits
les plus étranges furent mis en cir
culation, on apprit coup sur coup que la
démission de M. Millerand était acceptée,
que M. Lebrun prenait le portefeuille de la
guerre, que M. René Besnard passait aux
colonies et que le sous-secrétariat des fi
nances était supprimé.
Un moment, il avait été question d’attri-
huer la succession de M. Millerand, à un
militaire, au général Joffre ou au général
d’Amade, par exemple, mais M. Poincaré a
pensé — et ses collègues ainsi que le prési
dent de la République lui-même ont été de
cet avis — qu’il était préférable de n’intro
duire en ce moment aucun élément nou
veau dans le Cabinet qui, de toute façon,
doit être démissionnaire dans un mois.
Que vont faire maintenant les adversaires
de M. Poincaré ?
Persisteront-ils à vouloir interpeller ?
S’ils s’obstinent à provoquer un incident,
soit au Luxembourg, soit au Palais-Bour
bon, le débat n’aura plus qu’un intérêt pu
rement rétrospectif et dont le caractère
tendancieux apparaîtra forcément à tous
les yeux.
D’autre part, ce débat ne pourrait s’en
gager réglementairement qu’après la cons
titution du bureau définitif. Or la journée
de jeudi sera consacrée tout entière à celte
opération et c’est même un peu tard que
M. Deschanel et M. Antonin Dubost, s’ils
sont réélus, comme il y a tout lieu de le
croire, pourront prendre possession du fau
teuil,
Tous deux, en effet, tiennent à s’installer
immédiatement, et à ne pas attendre la
séance suivante pour prononcer le discours
d’usage, afin de pouvoir faire acte de can
didat, le lendemain, devant la réunion plé
nière.
Dans ces conditions, les interpellations
ne pourraient être discutées que jeudi,
c’est-à-dire la veille même de la réunion
du Congrès, et il serait inconcevable qu’un
grand débat politique s’engageât à pareille
heure — plus inconcevable encore que
l’élection du président de la République
put avoir lieu en pleine crise ministé
rielle.
T. II.
LA JOURNEE DE SAMEDI
Les Explications de M. Millerand
au Conseil des Ministres
Le Conseil des ministres, à l’issue de la
séance qu’il avait tenue à l’Elysée samedi,
et qui s’était prolongée jusqu’à une heure
environ de l’après-midi, avait communiqué
une brève note dans laquelle il était dit :
« M. Millerand a expliqué au Conseil les
conditions dans lesquelles il s’est considéré
comme obligé de donner une affectation au
lieutenant-colonel du Paty de Clam dans
l’armée territoriale. M. Millerand regarde
cette décision comme une mesure adminis
trative d’ordre intérieur, dont il revendique
toute la responsabilité. »
La communication de cette note à la presse
— note que nous avons publiée — et le si
lence absolu gardé sur les incidents qui
avaient marqué la délibération du Conseil
autorisaient a considérer que l’affaire était
réglée.
Ce n’est que vers la fin de l’après-midi que
la situation a commencé à changer.
Durant tout l’après-midi de samedi, on
s’est en effet occupé dans les deux Chambres
de l’incident du Paty de Glam et de la note
du Conseil des ministres.
• Des membres des deux Assemblées sont
allés conférer soit avec M. Poincaré, soit
avec d’autres membres du cabinet pour leur
communiquer leurs impressions, et c’est
alors qu’on fut renseigné sur ce qui s’était
passé le malin au Conseil de l’Elysée.
Nous avons relate ces faits, dès hier ma
tin, en nos dépêches de dernière heure.
Nous empruntons à notre confrère Le
Temps la relation détaillée de celle journée :
M. Millerand avait expliqué qu’il n’avait
pas cru devoir saisir le Conseil de cette affai-
re parce qu’il persistait à penser qu’elle
n’avait pas un caractère politique. C’est, a-t-
il dit, une question d’honneur. Son prédé
cesseur, M. Messimy, a pris l’engagement
vis-à-vis de M. du Paty de Clam, de le réinté
grer dans l’armée s’il abandonnait les pour
suites qu’il avait intentées contre le minis
tère de la guerre. Le gouvernement d’alors
a souscrit à cet engagement. M. du Paty de
Clam a tenu sa promesse. Il a retiré sa plain
te. Le ministre de la guerre devait à son
tour tenir son engagement, M. Millerand a
ajouté :
« Dès que le Comité du contentieux s’est
prononcé sur la question juridique soulevée
conclu à la légalité de son affectation à un
emploi dans l’armée territoriale, j’ai pris la
mesure que vous connaissez.
» Quelle autorité un ministre aurait-il eue
sur ses subordonnés s’il avait manqué à la
parole donnée ? J'ai agi en toute conscience.
J’ai fait mon devoir. Si, saisi de cette affaire,
le Conseil ne m’avait pas approuvé, je ne
serais pas resté rue Saint-Dominique, j’au
rais démissionné, car je ne me serais plus
senti la force morale nécessaire pour accom
plir ma mission de chef de l’armée. »
Et M. Millerand a de nouveau insisté sur
le caractère purement administratif de sa
décision. Elle n’avait et ne pouvait avoir à
ses yeux aucune signification politique.
« Au surplus, a dit M. Millerand, je suis
prêt a remettre ma démission, si l’on juge
que mon acte puisse gêner la candidature de
M. Poincaré à la présidence de la Républi
que. »
La Discussion
Quand M. Millerand eut achevé ses expli
cations, M. Pams, ministre de l’agriculture,
exprima l’avis que la décision prise au sujet
du lieutenant-colonel du Paty de Clam avait,
contrairement à ce que pensait le ministre
de la guerre, un caractère politique et qu’il
regrettait, pour sa part, que le Conseil des
ministres n’eût pas été au préalable appelé
à en délibérer. M. Pams ajouta qu’il se ré
servait de demander, après la décision du
Conseil, un entretien à M. Poincaré, s’il le
jugeait nécessaire.
M. Poincaré fit observer que les membres
du cabinet et lui-même partageaient l’opi-
nion de M. Pams et il ajouta : « Si j’avais
été consulté sur la réintégration je ne l’au-
rais personnellement jamais approuvée. »
La discussion s’engagea alors sur le point
de savoir quelle serait l’attitude du cabinet
si uneinterpéllation avait lieu dans les Cham
bres.
M. Millerand répondit qu’il prendrait de
vant le Parlement l’entière responsabilité de
son acte, qu’il expliquerait comment il
l’avait accompli sans consulter le Conseil
dus ministres, et qu’il subirait seul toutes
les conséquences de sa décision.
Les ministres s’occupèrent alors de déter
miner les termes d’une note destinée à être
publiée et précisant le caractère purement
personnel de la décision arrêtée par M. Mil-
lerand.
Le président du Conseil fit observer que
quels que fussent les termes de cette note,
elle serait interprétée comme un blâme à
l’égard du ministre de la guerre, dont la dé
mission, offerte d’ailleurs un instant aupara
vant, devenait alors inévitable. Le prési
dent du Conseil déclara qu’une pa
reille éventualité ne pouvait être envisagée
dans les circonstances actuelles, la retraite
da M. Millerand pouvant entraîner la démis
sion du Cabinet tout entier.
M. Briand, appuyant la thèse du président
du Conseil, déclara qu’il lui paraissait im
possible d’ajouter au danger de la situation
extérieure, aux difficultés de la situation in
térieure, les complications d’une crise minis
térielle à la veille de l’élection du président
de la République.
M. Briand insista sur la crise grave qu’en-
(rainerait la retraite du Cabinet. Ce serait
une crise du régime. Elle s’ouvrirait en eff-t
au moment où l’intérêt supérieur du pays
exige du gouvernement une attention tout
particulièrement vigilante.
Finalement, cette thèse prévalut. Et les
ministres se rangèrent à son opinion.
Le Conseil arrêta les termes de la note
qu’on a lue plus haut et qui laisse à M. Mil-
lerand la responsabilité pleine et entier©
d'un acte qu’il revendiquait.
ts *
Mais cette solution, quand elle fut connue
dans le monde parlementaire, y provoqua
des commentaires très vifs, à tel point que
le président du Conseil, averti soit directe
ment, soit par ses collègues, de l’effet pro
duit, jugea nécessaire de réunir dans la soi
rée ses collègues pour aviser aux mesures à
prendre.
Il y avait précisément samedi soir à l’Ely-
sée un dernier grand dînier offert au corps
diplomatique par M. Fallières avant l’expira
tion de sa magistrature.
M. Poincaré, tenu par les devoirs de sa
charge d’assister à ce dîner, dut retarder
jusqu’à dix heures et demie la réunion, qui
te prolongea jusqu’à une heure du matin.
Sept ministres et quatre sous-secrétaires
d’Etat y assistèrent.
Etaient absents : MM. Bourgeois, Pams,
Delcassé, Fernand David et Lebrun, ces deux
derniers se trouvant en voyage.
La discussion fut longue et animée, et fi
nalement la note suivante tut communiquée
à la presse après une heure du matin :
Nous croyons savoir que dans l’après-midi et
dans la soirée d’hier (samedi), des conférences
ont eu lieu entre les membres du Parlement et
les ministres au ministère des affaires étrangères
et au ministère de la guerre, et qu’au cours de
ces entretiens M. Millerand a renouvelé l’offre de
sa démission.
Il est probable qu’un conseil des ministres se
tiendra dans la journée.
En effet, cette réunion des ministres n’a
pas eu le caractère d’un Conseil, mais d’une
simple conférence dans laquelle aucune dé
cision définitive ne pouvait être prise.
On a envisagé toutes les faces de la ques
tion, examiné toutes les éventualités possi
bles, notamment celle d’une interpellation
dans les deux Chambres. A la suite de cet
examen, M. Millerand a renouvelé l’offre de
sa démission.
Mais on a jugé que la décision à prendre à
ce sujet ne pouvait avoir lieu qu’en Conseil
des ministres. En conséquence, le Conseil a
été convoqué pour hier après-midi, à l’Elysée,
sous la présidence de M. Fallières,
LA JOURNÉE DEDIMANCHE
M. Poincaré à l’Elysée
M. Poincaré s’est rendu hier matin, à dix
heures, à l’Elysée, où il a été reçu par le
président de la République, auquel il venait
rendre compte de la situation présente.
L’entretien s’est prolongé pendant plus d©
trois quarts d’heure.
Le président du Conseil est ensuite retour
né au ministère des affaires étrangères.
Au Ministère de la Guerre
M. Millerand s’est rendu comme d’habitu
de hier matin, à neuf heures, au ministère
de la guerre ; il y a reçu un certain nombre
de directeurs.
Vers midi, comme nous le disons plus
loin, il a reçu le général Soukhomlinof, ‘mi
nistre de la guerre de Russie, avec lequel il
s’est entretenu une demi heure.
M. Millerand a quitté le ministère vers
midi et demie.
CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis en conseil,
à deux heures et demie, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Fallières.
Etaient présents : MM. Poincaré, Briand,
Léon Bourgeois, Steeg, Kloiz, Jean Dupuy,
Delcassé, Pams, Guist’hau, Lebrun, Morel,
René Besnard, Léon Bérard et Chaumet.
M. Fernand David, absent de Paris, n’assis
tait pas à la délibération.
Quelques instants avant le Conseil, M. Mil
lerand a rendu visite au président de la Ré
publique et s’est ensuite retiré.
Le Conseil avait donc à délibérer sur la si
tuation créée par la lettre que M. Millerand
avait adressée la veille à M. Poincaré.
Dans cette lettre, le ministre de la guerre
informe le président du Conseil qu’en pré
sence de l’opinion exprimée par certaines
personnalités sur l'opportunité de sa retraite,
il met son portefeuille à la disposition de sel
collègues, a qui il appartient d’en décider.
Dans cette lettre. nous croyons savoir que
M. Millerand définit de nouveau le caractère
de l’acte administratif qu’il a accompli pour
tenir l’engagement pris par un de ses prédé
cesseurs, auquel il ne pouvait loyalement se
soustraire et qui a reçu, des commentaires
qui se sont produits, un caractère politique
qu’il n’avait jamais eu.
LA SOLUTION
À quatre heures un quart, on communi
quait la note suivante :
La démission de M. Millerand est acceptée.
M. Lebrun, ministre des colonies, passe au
ministère de la guerre.
Il est remplace par M. René Besnard, sous-
secrétaire d’État aux finances.
Le sons-secrétariat d’Etat aux finances est
supprimé.
Nouvelles Politiques
Le régime politique des condamnés
Oo communique la note suivante :
Des protestations ayant été formulées par
certains condamnés contre l’application
éventuelle qui leur serait faite du régime de
droit commun, on nous déclare au ministè
re de la justice que ces protestations ne sont
nullement justifiées, le garde des sceaux, M.
Aristide Briand, ayant donné des instruc
tions générales à ‘administration péniten
tiaire pour que soient placés au régime po-
litique tous condamnés comme tous préve
nus soit pour infractions commises par la
parole ou par l’écrit, soit pour faits de grè
ve. Ces instructions ont éié communiquées
au parquet général, et à propos des protes
tations actuelles, elles viennent de lui être
expressément confirmées.
La tension Roumano-Bulgare et la Turquie
On télégraphie de Constantinople :
Le ministre roumain, M. Filipesco, a en
avec Kiamil pacha une entrevue qui a duré
deux heures.
Le général Chevket Torghout, autrefois at
taché militaire à Bucarest, est parti pour
cette ville.
Dansles milieux diplomatiques, on n’ajoute
pas foi aux bruits d’un accord turco-rou-
main.
Dans les milieux turcs, on accueille avec
une vive satisfaction la tension des rapports
bulgaro-roumains.
La départ de M. Stanolof pour Paris
M. Stanciof, ministre de Bulgarie à Paris,
qui était, comme on sait, allé rejoindre son
corps des hussards de la garde où il est capi
taine de réserve, a quitté Sofia pour revenir
à son poste.
Avant son départ il a été reçu par le roi et
M. Guechof.
M. Stanciof a été décoré de l’ordre de la
Bravoure pour services exceptionnels pen
dant la guerre.
Le Conflit Bulgaro-Roumain
Vienne, 12 janvier.
La reprise des négociations entre la Bul
garie et la Roumanie fortifie l’espoir exprimé
depuis plusieurs jours par les journaux de
Vienne que les questions litigieuses entre
les deux pays seront réglées pacifiquement.
L’opinion qui prévaut dans les cercles bien
informés est que, dans cette question com
me dans celle d’Andrinople et de l’Albanie,
la discussion, longue et ardue, se terminera
par un arrangement. .
On mande de Bucarest à la Neue Frété
Presse qu’une certaine détente s’est produite,
grâce à l’influence des puissances, dans les
relations bulgaro roumaines. La nouvelle
d’après laquelle le ministre des domaines de
Roumanie. M. Filipescu, aurait une mission
à remplir à Constantinople est dénuée de
fondement.
On mande de Londres à la Neue Freie
Presse, de source bien informée, que la Rou
manie demande à la Bulgarie la session d’un
territoire suivant une ligne qui va de Kutur-
kaja à Baltschik, territoire qui comprend
Silstrie, ainsi que le port de Kavarna, avec
une population totale de 150,000 habitants.
La place importante de Dobritza resterait à la
Bulgarie
ALSACE-LORRAINE
Les conférences de l’abbé Wetterlé
Plusieurs journaux officieux allemands de
Strasbourg, de Metz et de Cologne mènent
actuellement une campagne extrêmement
violente contre M. Wetterlé, député au
Reichstag. Le bruit court même qu’il se pour
rait que des poursuites pour haute trahison
fussent engagées contre lui en raison des
sentiments exprimés par lui au Havre, à
Rouen, à Evreux et à Paris.
Le Nouvelliste d’Alsace-Lorraine, de Colmar,
organe de l’abbé Wetterlé, risposte vigou
reusement à ces attaques et adresse aux
journaux allemands et particulièrement à la
Post, de Strasbourg, les réflexions suivantes :
Depuis l’annexion, l’Alsace-Lorraine subit un
régime d’exception. Elle a en vain réclamé les
mêmes droits que les États de la confédération,
On les lui a refusés. Cela, les nôtres ont le droit
de le dire et de le répéter ici et ailleurs, en Fran
ce, partout. Personne ne peut effacer des faits qui
appartiennent à l’Hlistoire, et ce serait commettre
une coupable omission que de les faire Nous ne
nous laisserons pas imposer silence par les reje
tons insolents des faméliques qui se sont abaitus
sur l’Alsace-Lorraine au lendemain des désastres
de <870. Nos pères ont pu se laisser intimider par
les nouveaux venus. Mais nous qui sommes la
génération qui monte, nous ne craignons nulle
ment ceux qui voudraient bien être nos maîtres.
Les conférences que M. Wetterlé vient de faire
ne sont d’ailleurs que le commencement du cycle
des soirées publiques où il sera question, cet hi
ver, dans plus de cinquante villes de France, de
ce qui se passe en Alsace-Lorraine. Des confé
renciers autorisés parleront de l’Alsace-Lorraine
dans le Nord, dans l’Ouest, dans le Midi, dans
l’Est. On parlera de l’Alsace-Lorraine a Lille,
Amiens, Tours, Orléans, Bordeaux, Toulouse,
Lyon ; les colères, feintes ou vraies, de la Strass-
burger Post, assurent anticipativement le plus
beau succès aux conférenciers qui, là-bas, parle
ront de nous.
ANGLETERRE
La Tempête et la Neige
Par suite de l’ouragan de neige qui sévit
en Ecosse, ainsi que dans le Nord et le cen-
tre de l’Angleterre, les communications télé-
graphiques et téléphoniques sont interrom
pues dans plusieurs localités.
On craint qu’il n’y ait de nombreux
morts.
Des épaves ont été rejetées sur la côte
Nord-Est.
Des trains seraient ensevelis dans la neige,
près de Burnley.
Une toiture enlevée, à Lowestoft, a démoli
deux magasins.
De graves inondations sont signalées en
Irlande.
BULLETIN MILITAIRE
Un nouveau groupement
de nos formations du génie
D’accord avec le ministère de la Guerre, la
Commission parlementaire de l’armée se
prépare à faire soutenir à la Chambre un pro-
jet de loi relatif à la constitution des cadres
et des effectifs du génie. Les débats seront
très courts parce que le projet de loi se con
tente de changer la répartition de ces trou
pes spéciales au mieux des exigences tacti-
ques.
Jusqu’à ce jour, nous avions sept régiments
du génie à trois ou quatre bataillons. Au
moment de la mobilisation, chacun de nos
corps d’armée recevait un bataillon de trois
compagnies dont deux compagnies de sa
peurs et une de pontonniers. Cette organisa
tion maintenait les compagnies de sapeurs
de forteresse loin de leurs places d’aflectation,
et, en dehors de la période des grandes ma-
nœuvres, les autres armes n'avaient pour
ainsi dire jamais l’occasion d’utiliser les for
mations du génie ; enfin, nos sapeurs étaient
considérés comme inter-changeables et rece
vaient une instruction beaucoup trop éten
due par la faible durée du service.
Désormais, les pontonniers et les sapears-
mineurs des places fortes seront spécialisés
au même titre que les télégraphistes et les
sapeurs des chemins de fer. Nos trois corps
de la frontière du Nord-Est (6e, 7e et 20s),
posséderont chacun un bataillon autonome
formant corps et stationné à Verdun, Toul
et Besançon.
Tous les corps d’armée recevront un ba
taillon de sapeurs composé d deux compa
gnies affectées directement aux divisions
d’infanterie et dédoublées en temps de
guerre.
En résumé, l’organisation comprendra
huit régiments et cin bataillons formant
corps (sont deux stationnés dans l’Afrique
du Nord), groupant au total :
59
14
10
U
1 compagnies de sapeurs de campagne (dont
4 en Afrique) ;
compagnies de sapeurs de chemins de fer
(dont 1 en Afrique) ;
compagnies de sapeurs de place (dont 1 en
Afrique) ;
. compagnies de sapeurs-conducteurs.
Le nombre des compagnies de sapeurs té
légraphistes sera réglé ultérieurement.
Enfin, des détachements spéciaux seront
affectés aux groupes alpins et au service de
la colombophilie.
Ces chiffres sont largement dépassés par
l’Allemagne, qui dispose de 26 bataillons de
pionniers et de 3 régiments de chemins de
fer ; mais notre contingent ne nous permet
pas de suivre nos voisins dans cette voie. La
prochaine réorganisation donnera du moins
le moyen d’utiliser plus rationnellement les
ressources que nous possédons et qu’il ne
nous est pas possible d’augmenter.
INFORMATIONS
Le général Soukhoml!nof à Paris
Le général Soukhomlinof, ministre de
la guerre de Russie, a été reçu hier, à onze
heures et demie, par M. Millerand, et à midi
par M. Isvolski. Il a ensuite déjeuné chez M.
Poincaré, au domicile du président du Con-
ssii. Parmi les convives très peu nombreux
se trouvaient M. Millerand et le général
Jofre.
Le général Soukhomlinof a été reçu dans
l’après-midi par M. Fallières et a rendu visite
à diverses personnalités militaires.
Le ministre de la guerre russe a dans son
pays une juste autorité. Comme chef d’et.,
major du général Dragomirof, dont il a e
ensuite l’adjoint et le successeur à Kieh. a
pris la plus large part au magnifique entra
nement des troupes de Pologne, de OYn-
et de Podolie. Son ministère a été marque
par d’importantes réformes : suppression des
comités, réduction du nombre ces officiers
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