Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1910-01-02
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 janvier 1910 02 janvier 1910
Description : 1910/01/02 (A30,N10399). 1910/01/02 (A30,N10399).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526374785
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
30me Année — N 10,599
( 6 Pages) 5 Centimes — EDITION DU MATIN — 5 Centimes (6 Pages) Dimanche 2 Janvier 1910
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Administrateur • Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'Administration
a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit Havre
Rédacteur en Chef, Gérant
Hippolyte FENOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
a M. Hippolyte FÉNOUX
35, Rue Fontenelle, 35
WW ' Rédaction, F 7.60 ; Administration, Ko 10.47
AU HAVRE.
A PARIS
ANNONCEs
Bureau du Journal, 112, boni 4 de Strasbourg.
L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est déslgmr pour les Annonces judiciaires et légales
DERNIMRB
Paris, trois heures matin
LES RÉCEPTIONS A L'ÉLYSÉE
A la fin de l’après-midi, M. Fallières a reçu
les membres de la mission marocaine.
Le président de la République, accompa
gné de M. Ramondou, est allé, après les ré
ceptions officielles à l’Elysée, chez M. Loubet
qui était venu la veille lui faire une visite.
M. Fallières a reçu, à l’occasion de la nou
velle année, un grand nombre de télégram
mes émanant de souverains et de chefs d’E
tat étrangers, ainsi que des colonies françai
ses à l’étranger.
LE JANVIER A BERLIN
BERLIN. — Hier matin a eu lieu à la cha
pelle du château un défilé de cour où les
souverains ont reçu les vœux des assistants.
L’empereur a ensuite reçu les ambassa
deurs auxquels il a rendu visite dans l’après-
midi.
A MADRID
Madrid. — Au cours de la réception qui a
eu lieu à l’ambassade de France, l’ambassa
deur s’est félicité des cordiales relations
existant entre la France et l’Espagne.
Le ministre a exprimé l’espoir que ces re
lations se resserront encore sur le terrain
économique.
Il a fait l’éloge de la belle conduite des
troupes,espagnoles dans le Riff et il a formu
lé des vœux pour la prospérité de la France
et de l’Espagne.
DÉMISSION D’UN CONSEIL MUNICIPAL
MIRECOURT. — Le Conseil municipal de Mi-
recourt vient de démissionner en bloc
parce qu’une garnison n’a pas été accordée à
la ville.
LES DÉBITANTS NE PAIERONT PAS
LA LICENCE !
Lille. — La Fédération du Nord et du
Nord-Est des débitants de boissons a fait
placarder une affiche invitant tous les cabare-
tiers à ne pas payer leur licence avant le vote
du budget.
UN INCENDIE A L’ARSENAL DE TOULON
Toulon. — Un incendie s’est déclaré hier
soir dans les Magasins généraux de l’Arsenal
à la suite d’une imprudence de fumeur.
Le feu a été ra aement éteint.
—-9---=
LES VOLS DE L’ARSENAL
Toulon. — L’enquête sur les vols de l’Ar
senal a amené hier l’arrestation d’un ouvrier
qui avait dérobé des lingots de bronze.
On a saisi hier après-midi une certaine
quantité de matériaux divers qui avaient été
volés et déposés en ville.
L’ESCADRE FRANÇAISE A ANTIVARI
Topoleitza (Monténégro). — La division
française commandée par l’amiral Tevet est
arrivée dans la matinée en rade d’Antivari.
Elle a jeté l’ancre devant le Palais de Topo-
leitza où séjourne la famille princière.
L’amiral et les officiers, accompagnés du
ministre de France, ont rendu visite au prin
ce Nicolas qui leur a fait un accueil char
mant.
Le soir, le prince a offert un grand dîner
en l’honneur des officiers.
La rade était magnifiquement illuminée.
Des .eux d’artifice ont été tirés des monta
gnes qui entourent la ville.
L’affluence du public était énorme dans les
rues.
sams=o=as
Nouvelles Politiques
A la Mémoire de Gambetta
A l’occasion du jour anniversaire de la
mort de Gambetta, une délégation du Comité
central de la Fédération des sociétés Alsa-
Ciennes-Lorraines de France et des colonies,
ayant à sa tête son président,M. J. Sansbœuf,
s’est rendue vendredi matin, à dix heures,
aux Jardies, à Ville-d’Avray, pour déposer
la palme du Souvenir dans la chambre mor
tuaire du grand tribun au nom des Sociétés
Alsaciennes-Lorraines.
A nos Gloires Coloniales
M. Briand, président du Conseil des mi-
nistres, vient d’accepter la présidence du Co
mité d’honneur du monument A nos Gloires
Coloniales.
On sait que cette œuvre est placée sous le
haut patronage de M. Emile Loubet, de tous
les membres du gouvernement et, de plus,
de cinq cents personnalités du monde colo
nial, militaire, politique et scientifique.
De plus, près de deux cents Associations
ont adhéré à cette œuvre de réparation, qui
rappellera aux générations futures, par un
témoignage impérissable, l’héroïsme des va
leureux français qui, au prix de leur vie,ont
fait la France plus grande et plus forte, et
qui, journellement encore, sous tous les cli
mats, succombent en portant loin le grand
renom de la France.
L’initiative du monument A nos Gloires Co
loniales, prise en février dernier par le Cer
cle des Anciens Marsouins, n’a aucun rap
port, aucune attache avec tout Comité simi
laire.
Rappelons que les souscriptions sont re
çues au siège unique du Comité central, 8,
rue Beaurepaire, Paris.
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
lies Ligues sociales
d’Aeheteurs
La semaine dernière nous montrions ici
la nécessité qu’il y a d’instituer au plus tôt
en France une législation pour protéger effi
cacement les ouvriers et ouvrières de cer
taines corporations, notamment les travail
leurs à domicile, et leur assurer un mini
mum de salaires.
Le projet déposé à la Chambre des dépu
tés ne tardera certainement pas à être dis
cuté et adopté, mais en attendant l’interven
tion du législateur, il n’est peut-être pas
sans intérêt de signaler une œuvre qui, si
elle était bien comprise de la grande ma
jorité du public, rendrait absolument inu
tile le vote d’une nouvelle loi. Nous vou
lons parler des Ligues sociales d’acheteurs
dont la première fut constituée à Paris le
27 décembre 1902.
Ces ligues ont été formées sur le modèle
des Consumers Leagues américaines qui de
puis plus de vingt ans donnent, de l’autre
côté de l’Atlantique, des résultats admira
bles.
En France, malheureusement, nous n’at
tachons pas assez d’importance à des tenta
tives semblables ; c’est ainsi que, malgré
le zèle et l’action incessante des fondateurs
de la Ligue sociale d’acheteurs, malgré l’in
térêt puissant du but poursuivi, la ligue
parisienne n’a encore que bien peu de filia
les en province.
Et il a fallu qu’une campagne soit ou
verte récemment en faveur de l’améliora
tion du sort des ouvriers boulangers, pour
qu’enfin on s’aperçoive qu’il y a dans ces li
gues une nouvelle force sociale qui ne peut
manquer d’accroître rapidement son champ
d’action.
Le but des Ligues sociales d’acheteurs est
nettement défini dans une brochure publiée
en 1902 :
« La Ligue sociale d’acheteurs est une
association de personnes qui, réfléchissant
à la responsabilité qu’elles ont vis-a-vis du
monde du travail, en tant qu’acheteurs ou
acheteuses, se préoccupent d’obtenir, par
leurs achats quotidiens, éclairés, organisés,
des améliorations progressives des condi
tions du travail. »
Il s’agit donc de déterminer le rôle social
et le devoir social de l’acheteur. Partant de
cette formule : « Vivre c’est acheter, ache
ter c’est pouvoir, pouvoir c’est vouloir » il
est facile de montrer que l’acheteur ne doit
pas acheter n’importe quoi, n’importe où et
n’importe quand. lia le devoir dese préoccu
per de la situation faite aux salariés des
maisons qui ont sa clientèle, et de réserver
ses achats aux commerçants ou aux indus
triels assurant à leurs employés ou ouvriers
un minimum de bien-être.
Le rôle de l’acheteur apparaît donc d’au
tant plus important que c’est à lui, et à lui
seul, qu’il convient d’intervenir, pour amé
liorer le sort des travailleurs, dans tous les
cas où la loi est impuissante et quand il
s’agit de corporations non encore organisées
syndicalement.
Mais pour cela, il faut avant tout faire
l’éducation de l’acheteur... et ce n’est pas
chose facile. Allez donc demander à une
élégante de ne pas commander ses toilettes,
ses chapeaux, à la dernière minute ; à un
de vos amis de ne pas se faire raser le di
manche ou après sept heures du soir ; à
une famille de manger du pain rassis le di
manche!!! On vous répondra avec ce bel
égoïsme qui caractérise notre époque : « Je
n’ai pas à m’occuper de cela ! je paie, donc
je dois être servi... si les ouvrières passent
les nuits, si les coiffeurs n’ont pas le repos
qu’on pourrait leur accorder, si les mitrons
ne peuvent connaître aucune des joies de
la famille, peu m’importe, qu’ils s’arran
gent avec leurs patrons, moi, cela ne me
regarde pas ! ».
Ce raisonnement, vous l’entendrez dans
presque toutes les bouches, et c’est juste
ment pour cela que l’œuvre des Ligues so
ciales d’acheteurs en apparaît d’autant plus
intéressante. Pour arriver à leur but, elles
ont à lutter non seulement contre l’indiffé-
rence de la masse, mais encore et surtout
contre le parti-pris de quelques irréducs
tibles ; cela seulement devrait leur valoir
l’appui de tous ceux qui s’intéressent au
sort des classes malheureuses.
Mais quels peuvent être les moyens d’ac
tions d’une Ligue semblable ? Oh ! ils sont
de la plus extrême simplicité. Afin de déve
lopper chez les acheteurs le sentiment de
leur responsabilité, on a recours à la pro
pagande par le tract, le bulletin périodique,
la carte postale, les conférences éducatives,
les réunions de travail. On incite tout ache
teur à faire à chaque instant œuvre d’en
quêteur, à s’informer des conditions faites
aux employés de ceux chez lesquels il
achète et on centralise tous les renseigne
ments obtenus.
En outre, et c’est certainement là une
tactique de nature à toucher un grand nom
bre de commerçants et d’industriels, les li
gues sociales d’acheteurs établissent des
listes blanches.
. Sur ces listes figurent uniquement les
maisons accordant à leurs ouvriers et em ¬
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,
l’Oise et la Somme. )
Autres Départements ------
Trois Mois
4 50
Six Mois
Un An
Fr.
22
40
Fr.
ployés un minimum de conditions que l’on
a tout d’abord déterminé. Ces listes consti
tuent en somme de véritables contrats . les
fournisseurs qui y sont inscrits prennent
l’engagement formel d’observer les condi
tions énumérées et, de leur côté, les mem
bres de la Ligue s’engagent à lui réserver
leur clientèle. Naturellement la plus gran
de publicité est donnée à ces listes et, de
cette manière, le groupement d’un certain
nombre de bonnes volontés peut devenir
un agent de progrès matériel et moral.
A Paris, la Ligue sociale d’acheteurs a déjà
obtenu les résultats les plus satisfaisants,
notamment en ce qui concerne la couture
et quelques industries similaires (lingerie
fine, corsets, modes, etc.), et les maisons
portées sur les listes blanches ont déclaré
elles-mêmes que depuis leur inscription
elles avaient vu sensiblement augmenter
leur clientèle et le chiffre de leurs affaires.
De leur côté, il est vrai, les ligueurs s’en
gagent à ne jamais faire de commande en
traînant le travail de veillée ou le travail
du dimanche ; d’éviter de faire leurs com
mandes au dernier moment, de refuser tou
te livraison après 7 heures du soir ou le di
manche ; de payer leurs notes sans retard.
Grâce à l’action énergique d’une Ligue
d’acheteurs, les ouvriers boulangers de Di
jon ont obtenu depuis 1908 le repos hebdo
madaire collectif, et ce n’est pas un mince
résultat. Il convient de rappeler aussi que
c’est à la Ligue parisienne que revient
l’honneur d’avoir entamé la campagne pour
la suppression du travail de nuit dans la
boulangerie.
Mais ce n’est là qu’un début, et il faut
espérer que progressivement on arrivera
enfin à transformer la mentalité des ache
teurs. Déjà de nombreuses collectivités
apportent leur appui aux Ligues sociales
d’acheteurs et c’est déjà un beau résultat
de voir réunis pour une action commune
les groupements les plus divers.
Les syndicalistes ont longtemps hésité
avant de se mêler au mouvement actuel ;
ils semblent cependant s’y être décidés, car
voici ce qu’écrivait ces jours derniers un
des leurs, M. A.-J. Gleuet, dans P Huma-
nité :
« L’influence dont disposent les consom
mateurs et acheteurs vis-à-vis des maga
sins de toutes espèces est considérable. Il
suffit simplement de s’organiser pour faire
valoir cette influence et pour l’utiliser
au mieux des intérêts que l’on veut défen
dre.
» Ne soyons donc pas ombrageux si des
gens bien intentionnés nous apportent
indirectement un concours loyal et désinté
ressé.
» Il s’agit à l’heure actuelle, et c’est la
besogne la plus urgente, de sauver des mil
liers d’êtres exposés chaque jour aux con
séquences les plus désastreuses pour leur
santé — et partant pour la santé publique
— des formes modernes de l’exploitation.
Et nous serions peut-être bien coupables si
par une hostilité bien marquée contre tout
ce qui n’émane pas de nos organisations
syndicales, nous empêchions d’heureuses
initiatives de se produire. »
Tout le monde reconnaît donc qu’il s’agit
là d’une action nécessaire, indispensable
même ; sans nul doute les ligues d’ache
teurs ne tarderont pas à grouper autour
d’elles toutes les bonnes volontés et il fau
dra s’en féliciter car elles pourront alors
accomplir la véritable mission sociale à la
quelle elles sont destinées.
Aug. Rousseau.
Le Jour de ‘An officiel
La Matinée à l’Elysée
Les réceptions officielles du 1er janvier se
sont déroulées, cette année, avec le cérémo
nial accoutumé.
A neuf heures, le président de la Républi
que a, tout d’abord, reçu les officiers et le
personnel de la présidence. En leur nom,
M. Ramondou, secrétaire général, a exprimé
les meilleurs vœux à M. Fallières.
A dix heures, le président du Conseil, tous
les ministres et sous-secrétaires d’Etat arri
vaient à l’Elysée et présentaient leurs sou
haits au président de la République, qui
remercia vivement M. Briand et ses collè
gues.
Un quart d’heure après, M. Antonin Du-
bost, président du Sénat, entouré du bureau
de la Haute-Assemblée et d’un certain nom
bre de sénateurs étaient introduits auprès de
M. Armand Fallières qui s’entrenait cordiale
ment avec eux.
Après leur départ, M. Henri Brisson. pré
sident de la Chambre des députés, venait à
son tour saluer le président de la Républi
que avec les membres du bureau de la
Chambre et de nombreux députés. M. Ar
mand Fallières échangeait quelques mots
avec chacun d’eux et la visite prenait fin à
dix heures quarante-cinq.
Le président de la République a pris place
alors dans sa voiture avec le président du
Conseil, puis, accompagné par les ministres
et sous-secrétaires d’Etat, il est allé au Petit-
Luxembourg, où il a rendu visite au prési
dent du Sénat.
En quittant la rue de Vaugirard, le prési
dent de la République s’est rendu à la Cham
bre des députés chez M. Henri Brisson.
Rentré à midi au Palais de l’Elysée, M.
Armand Fallières a retenu à déjeuner le
président du Conseil, les ministres, les sous-
secrétaires d’Etat, ainsi que les personnes
attachées à sa maison.
Au cours du repas, la musique de la Garde
républicaine a exécuté plusieurs morceaux
de son répertoire.
La Réception du Corps diplomatique
Discours de M Del Muni
Les réceptions ont recommencé à 9 heu
res, par le corps diplomatique.
L’ambassadeur d’Espagne, marquis del
Muni, doyen du corps diplomatique, a pro
noncé l’allocution suivante ;
Monsieur le président, le corps diplomatique,
ici réuni, est heureux de vous présenter, à l’occa
sion de la nouvelle année, avec ses hommages,
ses vœux les plus sincères pour votre personne
et pour votre pays.
La dixiéme année du siècle s’annonce sous de
meilleurs auspices que la précédente. Permettez-
moi, Monsieur le president, de vous rappeler que
l’espérance que nous exprimions, il y a un an, à
pareil jour, et les vœux que nous formulions se
sont entièrement et heureusement réalisés. La
paix, en effet, n’a pas été troublée.
Peuples et gouvernements ont travaillé à em
pêcher l’explosion de conflits qui, à certains mo
ments, semblaient imminents Ils y ont réussi,
non certes sans difficultés.
Répondant aux desseins élevés que lui impose
sa mission, la France n’a cessé d’intervenir en fa
veur de la concorde par une action si modératrice
et si pleine de tact, qu’en maintenant l’équilibre,
elle a su dissiper les préventions et préparer des
ententes.
La tempête a passé ; l’émotion s’est calmée ;
le monde veut vivre en paix ; mais bien des in
certitudes, des inquiétudes même, flottent encore
dans l’espace, aussi bien dans l’existence inté
rieure des peuples que dans leurs rapports réci
proques. Bien des problèmes restent a résoudre,
bien des conflits possibles à conjurer.
— C’est la mission de la diplomatie du monde
entier de conjurer ces conflits. Elle continuera,
j’en suis certain, à remplir ses devoirs, à aider,
par un travail constant, ardu, parfois même pé
nible à la réalisation de la justice internationale.
L’assurance que chaque difficulté porte en elle
sa solution nous encourage et nous stimule à la
chercher ; mais, pour la découvrir, que d’efforts
d’intelligence et de volonté sont necessaires I que
de persévérance pour construire 1 que de patience
pour réédifier ce qu’un événement quelconque
peut compromettre, anéantir même ! Que de sa
crifices d’amour-propre ! que d’espérances et de
déceptions dans ce labeur silencieux de la di
plomatie qui canalise les événements et prépare
des succès dont on ne lui fait pas toujours hon
neur t
Et. chaque jour augmentant pour elle ces diffi
cultés, parce que, sans cesse, de nouveaux élé
ments interviennent dans la vie publique des
peuples, non seulement dans leurs affaires inté
rieures, mais aussi dans les relations internatio
nales.
La diplomatie, comme tout ce qui se meut dans
les cadres de la civilisation actuelle, est obligée
de vivre et d’agir avec ses procédés traditionnels
de modération et de prudence, en pleine lumière,
à l’air libre, au milieu des courants d’opinions les
plus opposés.
Elle a dû s’adapter aux exigences et aux formes
de la vie nouvelle pour donner satisfaction à l’in
térêt supérieur qui lui est confié, à savoir : main
tenir autant que possible la paix, au moins ma
térielle pour la génération présente et pour celles
qui nous succéderont, chercher et trouver dans
les réalités de l’histoire, dans les garanties du
droit, et non dans les délires malsains de
l’utopie, la formule de la paix véritable : la Paix
morale.
Réponse du Président
Le président de la République a répondu :
Monsieur l’ambassadeur, je remercie MM. les
membres du corps diplomatique, dont vous avez
été l’éloquent interprète, des vœux que vous ve
nez d’exprimer, en leur nom, pour la France et la
personne du président de la République. Avec
vous tous, Messieurs, je me félicite hautement de
voir la nouvelle année s’ouvrir sous de meilleurs
auspices que ceux sous lesquels s’ouvrit l’année
qui a pris fin. La sagesse des gouvernements et
la raison des peuples ont heureusement concouru
au maintien de la paix, pour le bien de l’humanité
et le libre développement du progrès et de la ci
vilisation.
Il m’a été particulièrement agréable de vous en
tendre reconnaître, Monsieur l’ambassadeur, les
efforts que la France a faits pour ne pas rester in
férieure a sa mission, et apporter, partout où son
action s’est exercée, l’esprit de concorde et de
modération qui dissipe les malentendus et prépare
les ententes durables.
C’est à persévérer dans celte voie que s’appli
quera, dans la protique des choses, notre politique
extérieure, sûr» ,. elle est d’être secondée dans
sa tâche par la diplomatie du monde entier. Sans
doute, la nécessité, pour la diplomatie d’aujour
d’hui, de travailler dans les conditions que vous
avez si bien définies, augmente ses difficultés sans
cesse grandissantes ; mais rien ne saurait lasser
sa patience, tarir ses inépuisables ressources, ni
altérer en quoi que ce soit son dévouement sans
partage à tous ses devoirs.
Mieux que personne, à en juger par les hommes
éminents qui sont accrédités près du gouverne
ment de la République, je veux témoigner des
grandes qualités dont la diplomatie fait preuve
chaque jour : une rare vigilance à prévenir les
conflits, une attention soutenue à défendre les in
térêts sans éveiller d’irritantes susceptibilités, une
conception élevée des besoins et des aspirations
de notre temps si épris de paix, de justice sociale
et de liberté, une expérience consommée qui
donne tant de prix à une précieuse collaboration,
dont nous sommes heureux de recueillir les
fruits.
Messieurs, vous voudrez bien transmettre aux
chefs des Etats que vous avez l’honneur de repré
senter ici les vœux sincères du gouvernement de
la République pour la prospérité de leurs peuples,
et vous voudrez bien joindre à ces vœux l’expres
sion de mes sentiments personnels pour leurs
augustes personnes.
Après cet échange de discours le président
de la République a fait le tour du Cercle di
plomatique et s’est entretenu pendant quel
ques minutes avec chacun des chefs de mis
sion, qui lui ont présenté les nouveaux se
crétaires ou attachés.
M. Fallières a ensuite reçu les délégations
des corps constitués et les députations des
armées de terre et de mer.
Le 1 er Janvier à l’Etranger
Londres, 1" janvier.
A l’occasion du Nouvel An, M. Paul Cam-
bon, ambassadeur de France, entouré du
personnel de l’ambassade, a reçu aujour
d’hui les membres de la colonie française.
Parmi l’assistance, on remarquait les délé
gués de la Chambre de Commerce française
de Londres, le haut personnel de l’hôpital
français, les membres des sociétés philan
tropiques et de mutualités françaises, etc.
Bruxelles, 1" janvier.
M. Beau, ministre de France, a reçu au
jourd’hui les membres de la colonie fran
çaise de Bruxelles, venus lui apporter leurs
vœux à l’occasion de la nouvelle année.
M. Rolland, président de la Chambre de
commerce française, qui vient d’être promu
officier de la Légion-d’Honneur, entouré
d’un grand nombre de membres de corpora
tion, s’est fait l’interprète de ses compatrio
tes auprès du ministre de France.
Rome, 4er janvier.
La réception du 1 er janvier à l’ambassade
de France a été particulièrement brillante
cette année
Les Français résidant à Rome qui sont ve
nus présenter leurs hommages à M. Barrère
étaient nombreux.
M. Laroche, secrétaire de l’ambassade, qui
vient d’être nommé chevalier de la Lécion-
d’Honneur. a été très félicité.
20
On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de France
50
Fr.
6 Fr.
10 »
Union Postale
CROQUIS ET INSTANTANÉS
Photo Petit Havre diché Petit Havra
Les Tout-Petits
A l’œuvre de la Goutte de Lait du docteur
Ad. Caron, rue Gustave-Cazavan, il est une
balance qui joue un grand rôle dans la vie
des petits.
Trois fois par semaine, elle reçoit à tour
de rôle les jeunes pensionnaires de la
« Goutte ». Ils viennent régulièrement tous
les quinze jours la consulter.
Dire que cette visite est de leur part d’une
SRoptavéitées emRresséusergüe EVA"Tepose
un instant sur le plateau s’inquiètent bien
peu de la consultation, des progrès de leur
propre poids, des rapports directs entre les do
ses de l’alimentation et le rendement en chair
vivante. Les petits se bornent à ouvrir des
yeux inquiets sur le pèse-bébé, à jeter à la
ronde, sur les dames patronnesses qui les ob
servent, des regards de surprise et d’effroi.
— Les adorables tableaux qui s’évoquent là 1
— et, le plus souvent, des grosses larmes
jaillissent dans une grimace...
Mais ce matin, la pesée s’est effectuée sans
cris ni gestes de révolte. Une aimable et tou
chante coutume voulut que l’an nouvelet
signalât sa venue aux tout-petits par la chan
son joyeuse des grelots et le rire vermillonné
des Polichinelles.
A côté d’eux, sur la balance, le pantin
s’est carrément assis. Ses membres ont pu,
malgré leur raideur, se glisser sans façon
sous les robes. Et la mine du nouvel ami
reflète tant de belle humeur, tant de bonho
mie burlesque et cocasse, que le jeune pro
priétaire s'est mis à rire lui-même de bon
cœur.
C’est un des rares jours de l’année où
Bébé sorttout radieux de la Consultation des
Poids.
L'Indécis,
Depuis une longue heure déjà, ballotté
comme un bouchon sur la crête des vagues,
perdu dans le flot de la bousculade qui l’en
voie rebondir d’un comptoir à l’autre, l’en
traîne vers l’ « article à treize » alors qu’il
rêvait d’atteindre l’ « article à vingt-neuf »,
le refoule dans la direction du rayon de la
vaisselle quand il croyait avoir finalement
porté son choix sur un jouet, le « Monsieur
de la dernière heure » se laisse aller à la
poussée.
Parmi la foule fiévreuse qui l’entoure, son
corps flotte comme sa pensée. Il est au sein
de la cohue qui s’allonge à travers les allées
du grand magasin, en cette soirée du 31 dé
cembre, comme l’anonyme personnification
de l’irrésolution. C’est le Monsieur qui a un
achat à faire et qui, très sincèrement, ne sait
pas ce qu’il doit acheter.
Les employés commencent à le connaître.
Ils l’ont vu stationner devant leurs éventai
res. Ils ont épié son désir. Ils se sont ingé
niés à le deviner. Mais le Monsieur n’a pas
de désir, ou plus exactement il en a tant
qu’il ne sait plus lequel préférer. Il y a sous
ses yeux inquiets tant de choses diverses qui
le sollicitent ! Son embarras n’a fait que
s’accroître à mesure que le flot des ache
teurs l’entraînait doucement de comptoirs
en comptoirs Et l’indécis s’est laissé entraî
ner, l’esprit dans le vague, rejetant la deci
sion qui vient de poindre pour en prendre
aussitôt une autre, repoussant bientôt celle-
ci pour se cramponner à une troisième,
aussi falote, aussi nuageuse que les deux
autres
— Voyons, il faut pourtant que je me dé
cide. Si j’achetais une poupée?. .
Et le voilà devant le rayon des figurines, ou
souriantes et roses, brunes ou blondes, le
minois encadré de boucles ou de frisons,
d’adorables petites personnes s’offrent aux
regards de la clientèle, tantôt dans le luxe
un peu tapageur de leur costume de satinet
te, tantôt dans la pudique intimité de leur
chemise de nuit.
— Oui, c’est cela, décidément, une poupée.
Et l’empressement du personnel s’attache
à répondre à ses goûts
— Nous avons le bébé avec tête biscuit et
la bouche à dents, costume empiècement
passementerie et garniture dentelle. Nous
avons le bébé tête absolument incassable et
lavable avec tablier et costume et se désha
billant. Préférez-vous le bébé marcheur en
voyant des baisers des deux mains, yeux vi
vants à cils, costume en mousseline de soie
sur transparent, volant de dentelle et ruban.
Article soigné dans les 15 francs ? »
Le Monsieur témoigne visiblement de l’in
térêt qu’il porte à cette énumération com ¬
pétente, mais plus elle s’allongé, plus son
visage reflète l’inquiétude, plus il trahit
l’embarras du choix. . Une poupée, soit t
Voilà qui était bientôt dit et solutionnait tout
de suite l’énervante question. Mais il n’avait
pas songé qu’il y a plusieurs sortes de pou
pées, qu’il faut ici, plus que jamais, choi
sir. Rien n’est plus angoissant pour un ache
teur pressé, l’acheteur indécis de la dernière
heure, que d’osciller entre le bébé marcheur
qui envoie des baisers et le bébé articulé aveu
bouche à dents.
piacsensGsmmenkdans.un.beny geste.de
des idées incapables de se fixer :
— Vous présenterai-je encore le bébé
dormeur complètement articulé, tête en bis
cuit, avec costume paré de dentelle, ou bien
encore le bébé parleur, avec robe ornée de
passementerie, ou le classique bébé Jumeau,
ou la poupée mignonnette à perruque fine,
ou le bébé tout nu, tête modelage, vraie tête
d’enfant au berceau et non plus cette tête
conventionnelle de poupée trop poupine,
trop rose, trop chromo. . Voulez-vous en
core?. .. »
Le Monsieur indécis ne veut plus rien. Il
est submergé par les bébés dormeurs, par
leurs, marcheurs, articulés ou non, habillés
ou nus. Il balbutie de vagues mots d’excuse.
Décidément il n’achètera pas de poupée.
Elles sont trop. Il se rabattra plutôt sur une
armoire Louis XVI, à moins que ce ne soit
sur un buffet, ou sur une toilette, ou sur un
fourneau...
Pour l’instant, sa résolution est d’aller
rendre l’air. Il étouffe parmi cette cohue qui
e heurte et le cahote, lui laboure les côtes de
l’angle de ses paquets. Il joue des coudes. Il
asse à son tour. Il se fait une trouée II est
ans la rue. Et le Monsieur indécis, que son
indécision énerve, s’efforce d’oublier sa mau
vaise humeur en pestant contre la brume,
contre la boue, contre le trottoir sale, contre
la multiplicité des jouets et la corne des au
tomobiles. ..
L’Effarée.
Rue de Paris. Six heures du soir. Une foule
effarée patauge dans les flaques parmi les
clartés crues des globes électriques que reflè
tent les trottoirs mouillés. C’est un coin pitto
resque et grouillant, débordant de mouve
ment et de vie, où défilent, dans un mêli-
mélo que chaque seconde transforme, toutes
les classes sociales animées, à des degrés
divers, de la fièvre ardente de l’achat.
Au coin de la place, des marchands ont
arrêté leurs petites voitures. On vend là,
dans le brouillard qui tombe, sous la lu
mière vacillante d’un lampion, des cartes
postales, du papier à lettre avec en-tete ap
propriée à l’an nouvel, des bouquets de fleur
de gui, des « oranges fines, des oranges don-
CCS » •
Dans le bruit de la rue, des tramways qui
beuglent, des autos qui trépident, des nacres
qui passent avec un vacarme de vitres se
couées, des voix aigrelettes de femmes jet
tent leurs appels •
— La belle Valence !... Voyez la vente !
Une grosse dame, surchargée de boîtes et
paquets, s’avance avec peine à travers la mer
houleuse. Derrière elle, tout à coup, une vois
affolée a crié :
— Gare 1 Gare! Un cheval emballé !...
La grosse dame, effarée, a fait un saut sur
le trottoir. Et simplement, posément, savou
rant l’effet de sa trouvaille, un petit chasseur
est passé portant dans ses bras un cheval de
bois emballé dans du papier gris !
Les Errants
Dans la nuit brumeuse et froide, entassé
sur le trottoir où les semelles gonflées d’eau
se dégorgent, le noir troupeau de misère
attend son tour de sommeil.
Les pauvres vieux se serrent pour avoir
moins froid. Une commune détresse les ras
semble et fait naître entre eux une sym
pathie mutuelle qui se témoigne par des
attentions aimables. L’un a débarrasé son
voisin du lourd sac qui lui sciait les épaules.
Il a ménagé à l’ancien une petite place contra
le mur, à l’abri du vent.
Mêlés à la bande lamantable des va-sans-
gîte, de tous ces claque-patins et ventres
creux qui logent, l’été, à l’Hôtel de la Belle-
étoile, des enfants grelottent, et leur petite
main bleuie par le froid serre désespérément
les loques mouillées du père, la robe en hail
lons de la maman, ,
La nuit est venue. Les vitrines du quar- ,
( 6 Pages) 5 Centimes — EDITION DU MATIN — 5 Centimes (6 Pages) Dimanche 2 Janvier 1910
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Administrateur • Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l'Administration
a M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
Le Petit Havre
Rédacteur en Chef, Gérant
Hippolyte FENOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
a M. Hippolyte FÉNOUX
35, Rue Fontenelle, 35
WW ' Rédaction, F 7.60 ; Administration, Ko 10.47
AU HAVRE.
A PARIS
ANNONCEs
Bureau du Journal, 112, boni 4 de Strasbourg.
L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est déslgmr pour les Annonces judiciaires et légales
DERNIMRB
Paris, trois heures matin
LES RÉCEPTIONS A L'ÉLYSÉE
A la fin de l’après-midi, M. Fallières a reçu
les membres de la mission marocaine.
Le président de la République, accompa
gné de M. Ramondou, est allé, après les ré
ceptions officielles à l’Elysée, chez M. Loubet
qui était venu la veille lui faire une visite.
M. Fallières a reçu, à l’occasion de la nou
velle année, un grand nombre de télégram
mes émanant de souverains et de chefs d’E
tat étrangers, ainsi que des colonies françai
ses à l’étranger.
LE JANVIER A BERLIN
BERLIN. — Hier matin a eu lieu à la cha
pelle du château un défilé de cour où les
souverains ont reçu les vœux des assistants.
L’empereur a ensuite reçu les ambassa
deurs auxquels il a rendu visite dans l’après-
midi.
A MADRID
Madrid. — Au cours de la réception qui a
eu lieu à l’ambassade de France, l’ambassa
deur s’est félicité des cordiales relations
existant entre la France et l’Espagne.
Le ministre a exprimé l’espoir que ces re
lations se resserront encore sur le terrain
économique.
Il a fait l’éloge de la belle conduite des
troupes,espagnoles dans le Riff et il a formu
lé des vœux pour la prospérité de la France
et de l’Espagne.
DÉMISSION D’UN CONSEIL MUNICIPAL
MIRECOURT. — Le Conseil municipal de Mi-
recourt vient de démissionner en bloc
parce qu’une garnison n’a pas été accordée à
la ville.
LES DÉBITANTS NE PAIERONT PAS
LA LICENCE !
Lille. — La Fédération du Nord et du
Nord-Est des débitants de boissons a fait
placarder une affiche invitant tous les cabare-
tiers à ne pas payer leur licence avant le vote
du budget.
UN INCENDIE A L’ARSENAL DE TOULON
Toulon. — Un incendie s’est déclaré hier
soir dans les Magasins généraux de l’Arsenal
à la suite d’une imprudence de fumeur.
Le feu a été ra aement éteint.
—-9---=
LES VOLS DE L’ARSENAL
Toulon. — L’enquête sur les vols de l’Ar
senal a amené hier l’arrestation d’un ouvrier
qui avait dérobé des lingots de bronze.
On a saisi hier après-midi une certaine
quantité de matériaux divers qui avaient été
volés et déposés en ville.
L’ESCADRE FRANÇAISE A ANTIVARI
Topoleitza (Monténégro). — La division
française commandée par l’amiral Tevet est
arrivée dans la matinée en rade d’Antivari.
Elle a jeté l’ancre devant le Palais de Topo-
leitza où séjourne la famille princière.
L’amiral et les officiers, accompagnés du
ministre de France, ont rendu visite au prin
ce Nicolas qui leur a fait un accueil char
mant.
Le soir, le prince a offert un grand dîner
en l’honneur des officiers.
La rade était magnifiquement illuminée.
Des .eux d’artifice ont été tirés des monta
gnes qui entourent la ville.
L’affluence du public était énorme dans les
rues.
sams=o=as
Nouvelles Politiques
A la Mémoire de Gambetta
A l’occasion du jour anniversaire de la
mort de Gambetta, une délégation du Comité
central de la Fédération des sociétés Alsa-
Ciennes-Lorraines de France et des colonies,
ayant à sa tête son président,M. J. Sansbœuf,
s’est rendue vendredi matin, à dix heures,
aux Jardies, à Ville-d’Avray, pour déposer
la palme du Souvenir dans la chambre mor
tuaire du grand tribun au nom des Sociétés
Alsaciennes-Lorraines.
A nos Gloires Coloniales
M. Briand, président du Conseil des mi-
nistres, vient d’accepter la présidence du Co
mité d’honneur du monument A nos Gloires
Coloniales.
On sait que cette œuvre est placée sous le
haut patronage de M. Emile Loubet, de tous
les membres du gouvernement et, de plus,
de cinq cents personnalités du monde colo
nial, militaire, politique et scientifique.
De plus, près de deux cents Associations
ont adhéré à cette œuvre de réparation, qui
rappellera aux générations futures, par un
témoignage impérissable, l’héroïsme des va
leureux français qui, au prix de leur vie,ont
fait la France plus grande et plus forte, et
qui, journellement encore, sous tous les cli
mats, succombent en portant loin le grand
renom de la France.
L’initiative du monument A nos Gloires Co
loniales, prise en février dernier par le Cer
cle des Anciens Marsouins, n’a aucun rap
port, aucune attache avec tout Comité simi
laire.
Rappelons que les souscriptions sont re
çues au siège unique du Comité central, 8,
rue Beaurepaire, Paris.
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
lies Ligues sociales
d’Aeheteurs
La semaine dernière nous montrions ici
la nécessité qu’il y a d’instituer au plus tôt
en France une législation pour protéger effi
cacement les ouvriers et ouvrières de cer
taines corporations, notamment les travail
leurs à domicile, et leur assurer un mini
mum de salaires.
Le projet déposé à la Chambre des dépu
tés ne tardera certainement pas à être dis
cuté et adopté, mais en attendant l’interven
tion du législateur, il n’est peut-être pas
sans intérêt de signaler une œuvre qui, si
elle était bien comprise de la grande ma
jorité du public, rendrait absolument inu
tile le vote d’une nouvelle loi. Nous vou
lons parler des Ligues sociales d’acheteurs
dont la première fut constituée à Paris le
27 décembre 1902.
Ces ligues ont été formées sur le modèle
des Consumers Leagues américaines qui de
puis plus de vingt ans donnent, de l’autre
côté de l’Atlantique, des résultats admira
bles.
En France, malheureusement, nous n’at
tachons pas assez d’importance à des tenta
tives semblables ; c’est ainsi que, malgré
le zèle et l’action incessante des fondateurs
de la Ligue sociale d’acheteurs, malgré l’in
térêt puissant du but poursuivi, la ligue
parisienne n’a encore que bien peu de filia
les en province.
Et il a fallu qu’une campagne soit ou
verte récemment en faveur de l’améliora
tion du sort des ouvriers boulangers, pour
qu’enfin on s’aperçoive qu’il y a dans ces li
gues une nouvelle force sociale qui ne peut
manquer d’accroître rapidement son champ
d’action.
Le but des Ligues sociales d’acheteurs est
nettement défini dans une brochure publiée
en 1902 :
« La Ligue sociale d’acheteurs est une
association de personnes qui, réfléchissant
à la responsabilité qu’elles ont vis-a-vis du
monde du travail, en tant qu’acheteurs ou
acheteuses, se préoccupent d’obtenir, par
leurs achats quotidiens, éclairés, organisés,
des améliorations progressives des condi
tions du travail. »
Il s’agit donc de déterminer le rôle social
et le devoir social de l’acheteur. Partant de
cette formule : « Vivre c’est acheter, ache
ter c’est pouvoir, pouvoir c’est vouloir » il
est facile de montrer que l’acheteur ne doit
pas acheter n’importe quoi, n’importe où et
n’importe quand. lia le devoir dese préoccu
per de la situation faite aux salariés des
maisons qui ont sa clientèle, et de réserver
ses achats aux commerçants ou aux indus
triels assurant à leurs employés ou ouvriers
un minimum de bien-être.
Le rôle de l’acheteur apparaît donc d’au
tant plus important que c’est à lui, et à lui
seul, qu’il convient d’intervenir, pour amé
liorer le sort des travailleurs, dans tous les
cas où la loi est impuissante et quand il
s’agit de corporations non encore organisées
syndicalement.
Mais pour cela, il faut avant tout faire
l’éducation de l’acheteur... et ce n’est pas
chose facile. Allez donc demander à une
élégante de ne pas commander ses toilettes,
ses chapeaux, à la dernière minute ; à un
de vos amis de ne pas se faire raser le di
manche ou après sept heures du soir ; à
une famille de manger du pain rassis le di
manche!!! On vous répondra avec ce bel
égoïsme qui caractérise notre époque : « Je
n’ai pas à m’occuper de cela ! je paie, donc
je dois être servi... si les ouvrières passent
les nuits, si les coiffeurs n’ont pas le repos
qu’on pourrait leur accorder, si les mitrons
ne peuvent connaître aucune des joies de
la famille, peu m’importe, qu’ils s’arran
gent avec leurs patrons, moi, cela ne me
regarde pas ! ».
Ce raisonnement, vous l’entendrez dans
presque toutes les bouches, et c’est juste
ment pour cela que l’œuvre des Ligues so
ciales d’acheteurs en apparaît d’autant plus
intéressante. Pour arriver à leur but, elles
ont à lutter non seulement contre l’indiffé-
rence de la masse, mais encore et surtout
contre le parti-pris de quelques irréducs
tibles ; cela seulement devrait leur valoir
l’appui de tous ceux qui s’intéressent au
sort des classes malheureuses.
Mais quels peuvent être les moyens d’ac
tions d’une Ligue semblable ? Oh ! ils sont
de la plus extrême simplicité. Afin de déve
lopper chez les acheteurs le sentiment de
leur responsabilité, on a recours à la pro
pagande par le tract, le bulletin périodique,
la carte postale, les conférences éducatives,
les réunions de travail. On incite tout ache
teur à faire à chaque instant œuvre d’en
quêteur, à s’informer des conditions faites
aux employés de ceux chez lesquels il
achète et on centralise tous les renseigne
ments obtenus.
En outre, et c’est certainement là une
tactique de nature à toucher un grand nom
bre de commerçants et d’industriels, les li
gues sociales d’acheteurs établissent des
listes blanches.
. Sur ces listes figurent uniquement les
maisons accordant à leurs ouvriers et em ¬
ABONNEMENTS
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,
l’Oise et la Somme. )
Autres Départements ------
Trois Mois
4 50
Six Mois
Un An
Fr.
22
40
Fr.
ployés un minimum de conditions que l’on
a tout d’abord déterminé. Ces listes consti
tuent en somme de véritables contrats . les
fournisseurs qui y sont inscrits prennent
l’engagement formel d’observer les condi
tions énumérées et, de leur côté, les mem
bres de la Ligue s’engagent à lui réserver
leur clientèle. Naturellement la plus gran
de publicité est donnée à ces listes et, de
cette manière, le groupement d’un certain
nombre de bonnes volontés peut devenir
un agent de progrès matériel et moral.
A Paris, la Ligue sociale d’acheteurs a déjà
obtenu les résultats les plus satisfaisants,
notamment en ce qui concerne la couture
et quelques industries similaires (lingerie
fine, corsets, modes, etc.), et les maisons
portées sur les listes blanches ont déclaré
elles-mêmes que depuis leur inscription
elles avaient vu sensiblement augmenter
leur clientèle et le chiffre de leurs affaires.
De leur côté, il est vrai, les ligueurs s’en
gagent à ne jamais faire de commande en
traînant le travail de veillée ou le travail
du dimanche ; d’éviter de faire leurs com
mandes au dernier moment, de refuser tou
te livraison après 7 heures du soir ou le di
manche ; de payer leurs notes sans retard.
Grâce à l’action énergique d’une Ligue
d’acheteurs, les ouvriers boulangers de Di
jon ont obtenu depuis 1908 le repos hebdo
madaire collectif, et ce n’est pas un mince
résultat. Il convient de rappeler aussi que
c’est à la Ligue parisienne que revient
l’honneur d’avoir entamé la campagne pour
la suppression du travail de nuit dans la
boulangerie.
Mais ce n’est là qu’un début, et il faut
espérer que progressivement on arrivera
enfin à transformer la mentalité des ache
teurs. Déjà de nombreuses collectivités
apportent leur appui aux Ligues sociales
d’acheteurs et c’est déjà un beau résultat
de voir réunis pour une action commune
les groupements les plus divers.
Les syndicalistes ont longtemps hésité
avant de se mêler au mouvement actuel ;
ils semblent cependant s’y être décidés, car
voici ce qu’écrivait ces jours derniers un
des leurs, M. A.-J. Gleuet, dans P Huma-
nité :
« L’influence dont disposent les consom
mateurs et acheteurs vis-à-vis des maga
sins de toutes espèces est considérable. Il
suffit simplement de s’organiser pour faire
valoir cette influence et pour l’utiliser
au mieux des intérêts que l’on veut défen
dre.
» Ne soyons donc pas ombrageux si des
gens bien intentionnés nous apportent
indirectement un concours loyal et désinté
ressé.
» Il s’agit à l’heure actuelle, et c’est la
besogne la plus urgente, de sauver des mil
liers d’êtres exposés chaque jour aux con
séquences les plus désastreuses pour leur
santé — et partant pour la santé publique
— des formes modernes de l’exploitation.
Et nous serions peut-être bien coupables si
par une hostilité bien marquée contre tout
ce qui n’émane pas de nos organisations
syndicales, nous empêchions d’heureuses
initiatives de se produire. »
Tout le monde reconnaît donc qu’il s’agit
là d’une action nécessaire, indispensable
même ; sans nul doute les ligues d’ache
teurs ne tarderont pas à grouper autour
d’elles toutes les bonnes volontés et il fau
dra s’en féliciter car elles pourront alors
accomplir la véritable mission sociale à la
quelle elles sont destinées.
Aug. Rousseau.
Le Jour de ‘An officiel
La Matinée à l’Elysée
Les réceptions officielles du 1er janvier se
sont déroulées, cette année, avec le cérémo
nial accoutumé.
A neuf heures, le président de la Républi
que a, tout d’abord, reçu les officiers et le
personnel de la présidence. En leur nom,
M. Ramondou, secrétaire général, a exprimé
les meilleurs vœux à M. Fallières.
A dix heures, le président du Conseil, tous
les ministres et sous-secrétaires d’Etat arri
vaient à l’Elysée et présentaient leurs sou
haits au président de la République, qui
remercia vivement M. Briand et ses collè
gues.
Un quart d’heure après, M. Antonin Du-
bost, président du Sénat, entouré du bureau
de la Haute-Assemblée et d’un certain nom
bre de sénateurs étaient introduits auprès de
M. Armand Fallières qui s’entrenait cordiale
ment avec eux.
Après leur départ, M. Henri Brisson. pré
sident de la Chambre des députés, venait à
son tour saluer le président de la Républi
que avec les membres du bureau de la
Chambre et de nombreux députés. M. Ar
mand Fallières échangeait quelques mots
avec chacun d’eux et la visite prenait fin à
dix heures quarante-cinq.
Le président de la République a pris place
alors dans sa voiture avec le président du
Conseil, puis, accompagné par les ministres
et sous-secrétaires d’Etat, il est allé au Petit-
Luxembourg, où il a rendu visite au prési
dent du Sénat.
En quittant la rue de Vaugirard, le prési
dent de la République s’est rendu à la Cham
bre des députés chez M. Henri Brisson.
Rentré à midi au Palais de l’Elysée, M.
Armand Fallières a retenu à déjeuner le
président du Conseil, les ministres, les sous-
secrétaires d’Etat, ainsi que les personnes
attachées à sa maison.
Au cours du repas, la musique de la Garde
républicaine a exécuté plusieurs morceaux
de son répertoire.
La Réception du Corps diplomatique
Discours de M Del Muni
Les réceptions ont recommencé à 9 heu
res, par le corps diplomatique.
L’ambassadeur d’Espagne, marquis del
Muni, doyen du corps diplomatique, a pro
noncé l’allocution suivante ;
Monsieur le président, le corps diplomatique,
ici réuni, est heureux de vous présenter, à l’occa
sion de la nouvelle année, avec ses hommages,
ses vœux les plus sincères pour votre personne
et pour votre pays.
La dixiéme année du siècle s’annonce sous de
meilleurs auspices que la précédente. Permettez-
moi, Monsieur le president, de vous rappeler que
l’espérance que nous exprimions, il y a un an, à
pareil jour, et les vœux que nous formulions se
sont entièrement et heureusement réalisés. La
paix, en effet, n’a pas été troublée.
Peuples et gouvernements ont travaillé à em
pêcher l’explosion de conflits qui, à certains mo
ments, semblaient imminents Ils y ont réussi,
non certes sans difficultés.
Répondant aux desseins élevés que lui impose
sa mission, la France n’a cessé d’intervenir en fa
veur de la concorde par une action si modératrice
et si pleine de tact, qu’en maintenant l’équilibre,
elle a su dissiper les préventions et préparer des
ententes.
La tempête a passé ; l’émotion s’est calmée ;
le monde veut vivre en paix ; mais bien des in
certitudes, des inquiétudes même, flottent encore
dans l’espace, aussi bien dans l’existence inté
rieure des peuples que dans leurs rapports réci
proques. Bien des problèmes restent a résoudre,
bien des conflits possibles à conjurer.
— C’est la mission de la diplomatie du monde
entier de conjurer ces conflits. Elle continuera,
j’en suis certain, à remplir ses devoirs, à aider,
par un travail constant, ardu, parfois même pé
nible à la réalisation de la justice internationale.
L’assurance que chaque difficulté porte en elle
sa solution nous encourage et nous stimule à la
chercher ; mais, pour la découvrir, que d’efforts
d’intelligence et de volonté sont necessaires I que
de persévérance pour construire 1 que de patience
pour réédifier ce qu’un événement quelconque
peut compromettre, anéantir même ! Que de sa
crifices d’amour-propre ! que d’espérances et de
déceptions dans ce labeur silencieux de la di
plomatie qui canalise les événements et prépare
des succès dont on ne lui fait pas toujours hon
neur t
Et. chaque jour augmentant pour elle ces diffi
cultés, parce que, sans cesse, de nouveaux élé
ments interviennent dans la vie publique des
peuples, non seulement dans leurs affaires inté
rieures, mais aussi dans les relations internatio
nales.
La diplomatie, comme tout ce qui se meut dans
les cadres de la civilisation actuelle, est obligée
de vivre et d’agir avec ses procédés traditionnels
de modération et de prudence, en pleine lumière,
à l’air libre, au milieu des courants d’opinions les
plus opposés.
Elle a dû s’adapter aux exigences et aux formes
de la vie nouvelle pour donner satisfaction à l’in
térêt supérieur qui lui est confié, à savoir : main
tenir autant que possible la paix, au moins ma
térielle pour la génération présente et pour celles
qui nous succéderont, chercher et trouver dans
les réalités de l’histoire, dans les garanties du
droit, et non dans les délires malsains de
l’utopie, la formule de la paix véritable : la Paix
morale.
Réponse du Président
Le président de la République a répondu :
Monsieur l’ambassadeur, je remercie MM. les
membres du corps diplomatique, dont vous avez
été l’éloquent interprète, des vœux que vous ve
nez d’exprimer, en leur nom, pour la France et la
personne du président de la République. Avec
vous tous, Messieurs, je me félicite hautement de
voir la nouvelle année s’ouvrir sous de meilleurs
auspices que ceux sous lesquels s’ouvrit l’année
qui a pris fin. La sagesse des gouvernements et
la raison des peuples ont heureusement concouru
au maintien de la paix, pour le bien de l’humanité
et le libre développement du progrès et de la ci
vilisation.
Il m’a été particulièrement agréable de vous en
tendre reconnaître, Monsieur l’ambassadeur, les
efforts que la France a faits pour ne pas rester in
férieure a sa mission, et apporter, partout où son
action s’est exercée, l’esprit de concorde et de
modération qui dissipe les malentendus et prépare
les ententes durables.
C’est à persévérer dans celte voie que s’appli
quera, dans la protique des choses, notre politique
extérieure, sûr» ,. elle est d’être secondée dans
sa tâche par la diplomatie du monde entier. Sans
doute, la nécessité, pour la diplomatie d’aujour
d’hui, de travailler dans les conditions que vous
avez si bien définies, augmente ses difficultés sans
cesse grandissantes ; mais rien ne saurait lasser
sa patience, tarir ses inépuisables ressources, ni
altérer en quoi que ce soit son dévouement sans
partage à tous ses devoirs.
Mieux que personne, à en juger par les hommes
éminents qui sont accrédités près du gouverne
ment de la République, je veux témoigner des
grandes qualités dont la diplomatie fait preuve
chaque jour : une rare vigilance à prévenir les
conflits, une attention soutenue à défendre les in
térêts sans éveiller d’irritantes susceptibilités, une
conception élevée des besoins et des aspirations
de notre temps si épris de paix, de justice sociale
et de liberté, une expérience consommée qui
donne tant de prix à une précieuse collaboration,
dont nous sommes heureux de recueillir les
fruits.
Messieurs, vous voudrez bien transmettre aux
chefs des Etats que vous avez l’honneur de repré
senter ici les vœux sincères du gouvernement de
la République pour la prospérité de leurs peuples,
et vous voudrez bien joindre à ces vœux l’expres
sion de mes sentiments personnels pour leurs
augustes personnes.
Après cet échange de discours le président
de la République a fait le tour du Cercle di
plomatique et s’est entretenu pendant quel
ques minutes avec chacun des chefs de mis
sion, qui lui ont présenté les nouveaux se
crétaires ou attachés.
M. Fallières a ensuite reçu les délégations
des corps constitués et les députations des
armées de terre et de mer.
Le 1 er Janvier à l’Etranger
Londres, 1" janvier.
A l’occasion du Nouvel An, M. Paul Cam-
bon, ambassadeur de France, entouré du
personnel de l’ambassade, a reçu aujour
d’hui les membres de la colonie française.
Parmi l’assistance, on remarquait les délé
gués de la Chambre de Commerce française
de Londres, le haut personnel de l’hôpital
français, les membres des sociétés philan
tropiques et de mutualités françaises, etc.
Bruxelles, 1" janvier.
M. Beau, ministre de France, a reçu au
jourd’hui les membres de la colonie fran
çaise de Bruxelles, venus lui apporter leurs
vœux à l’occasion de la nouvelle année.
M. Rolland, président de la Chambre de
commerce française, qui vient d’être promu
officier de la Légion-d’Honneur, entouré
d’un grand nombre de membres de corpora
tion, s’est fait l’interprète de ses compatrio
tes auprès du ministre de France.
Rome, 4er janvier.
La réception du 1 er janvier à l’ambassade
de France a été particulièrement brillante
cette année
Les Français résidant à Rome qui sont ve
nus présenter leurs hommages à M. Barrère
étaient nombreux.
M. Laroche, secrétaire de l’ambassade, qui
vient d’être nommé chevalier de la Lécion-
d’Honneur. a été très félicité.
20
On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de France
50
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6 Fr.
10 »
Union Postale
CROQUIS ET INSTANTANÉS
Photo Petit Havre diché Petit Havra
Les Tout-Petits
A l’œuvre de la Goutte de Lait du docteur
Ad. Caron, rue Gustave-Cazavan, il est une
balance qui joue un grand rôle dans la vie
des petits.
Trois fois par semaine, elle reçoit à tour
de rôle les jeunes pensionnaires de la
« Goutte ». Ils viennent régulièrement tous
les quinze jours la consulter.
Dire que cette visite est de leur part d’une
SRoptavéitées emRresséusergüe EVA"Tepose
un instant sur le plateau s’inquiètent bien
peu de la consultation, des progrès de leur
propre poids, des rapports directs entre les do
ses de l’alimentation et le rendement en chair
vivante. Les petits se bornent à ouvrir des
yeux inquiets sur le pèse-bébé, à jeter à la
ronde, sur les dames patronnesses qui les ob
servent, des regards de surprise et d’effroi.
— Les adorables tableaux qui s’évoquent là 1
— et, le plus souvent, des grosses larmes
jaillissent dans une grimace...
Mais ce matin, la pesée s’est effectuée sans
cris ni gestes de révolte. Une aimable et tou
chante coutume voulut que l’an nouvelet
signalât sa venue aux tout-petits par la chan
son joyeuse des grelots et le rire vermillonné
des Polichinelles.
A côté d’eux, sur la balance, le pantin
s’est carrément assis. Ses membres ont pu,
malgré leur raideur, se glisser sans façon
sous les robes. Et la mine du nouvel ami
reflète tant de belle humeur, tant de bonho
mie burlesque et cocasse, que le jeune pro
priétaire s'est mis à rire lui-même de bon
cœur.
C’est un des rares jours de l’année où
Bébé sorttout radieux de la Consultation des
Poids.
L'Indécis,
Depuis une longue heure déjà, ballotté
comme un bouchon sur la crête des vagues,
perdu dans le flot de la bousculade qui l’en
voie rebondir d’un comptoir à l’autre, l’en
traîne vers l’ « article à treize » alors qu’il
rêvait d’atteindre l’ « article à vingt-neuf »,
le refoule dans la direction du rayon de la
vaisselle quand il croyait avoir finalement
porté son choix sur un jouet, le « Monsieur
de la dernière heure » se laisse aller à la
poussée.
Parmi la foule fiévreuse qui l’entoure, son
corps flotte comme sa pensée. Il est au sein
de la cohue qui s’allonge à travers les allées
du grand magasin, en cette soirée du 31 dé
cembre, comme l’anonyme personnification
de l’irrésolution. C’est le Monsieur qui a un
achat à faire et qui, très sincèrement, ne sait
pas ce qu’il doit acheter.
Les employés commencent à le connaître.
Ils l’ont vu stationner devant leurs éventai
res. Ils ont épié son désir. Ils se sont ingé
niés à le deviner. Mais le Monsieur n’a pas
de désir, ou plus exactement il en a tant
qu’il ne sait plus lequel préférer. Il y a sous
ses yeux inquiets tant de choses diverses qui
le sollicitent ! Son embarras n’a fait que
s’accroître à mesure que le flot des ache
teurs l’entraînait doucement de comptoirs
en comptoirs Et l’indécis s’est laissé entraî
ner, l’esprit dans le vague, rejetant la deci
sion qui vient de poindre pour en prendre
aussitôt une autre, repoussant bientôt celle-
ci pour se cramponner à une troisième,
aussi falote, aussi nuageuse que les deux
autres
— Voyons, il faut pourtant que je me dé
cide. Si j’achetais une poupée?. .
Et le voilà devant le rayon des figurines, ou
souriantes et roses, brunes ou blondes, le
minois encadré de boucles ou de frisons,
d’adorables petites personnes s’offrent aux
regards de la clientèle, tantôt dans le luxe
un peu tapageur de leur costume de satinet
te, tantôt dans la pudique intimité de leur
chemise de nuit.
— Oui, c’est cela, décidément, une poupée.
Et l’empressement du personnel s’attache
à répondre à ses goûts
— Nous avons le bébé avec tête biscuit et
la bouche à dents, costume empiècement
passementerie et garniture dentelle. Nous
avons le bébé tête absolument incassable et
lavable avec tablier et costume et se désha
billant. Préférez-vous le bébé marcheur en
voyant des baisers des deux mains, yeux vi
vants à cils, costume en mousseline de soie
sur transparent, volant de dentelle et ruban.
Article soigné dans les 15 francs ? »
Le Monsieur témoigne visiblement de l’in
térêt qu’il porte à cette énumération com ¬
pétente, mais plus elle s’allongé, plus son
visage reflète l’inquiétude, plus il trahit
l’embarras du choix. . Une poupée, soit t
Voilà qui était bientôt dit et solutionnait tout
de suite l’énervante question. Mais il n’avait
pas songé qu’il y a plusieurs sortes de pou
pées, qu’il faut ici, plus que jamais, choi
sir. Rien n’est plus angoissant pour un ache
teur pressé, l’acheteur indécis de la dernière
heure, que d’osciller entre le bébé marcheur
qui envoie des baisers et le bébé articulé aveu
bouche à dents.
piacsensGsmmenkdans.un.beny geste.de
des idées incapables de se fixer :
— Vous présenterai-je encore le bébé
dormeur complètement articulé, tête en bis
cuit, avec costume paré de dentelle, ou bien
encore le bébé parleur, avec robe ornée de
passementerie, ou le classique bébé Jumeau,
ou la poupée mignonnette à perruque fine,
ou le bébé tout nu, tête modelage, vraie tête
d’enfant au berceau et non plus cette tête
conventionnelle de poupée trop poupine,
trop rose, trop chromo. . Voulez-vous en
core?. .. »
Le Monsieur indécis ne veut plus rien. Il
est submergé par les bébés dormeurs, par
leurs, marcheurs, articulés ou non, habillés
ou nus. Il balbutie de vagues mots d’excuse.
Décidément il n’achètera pas de poupée.
Elles sont trop. Il se rabattra plutôt sur une
armoire Louis XVI, à moins que ce ne soit
sur un buffet, ou sur une toilette, ou sur un
fourneau...
Pour l’instant, sa résolution est d’aller
rendre l’air. Il étouffe parmi cette cohue qui
e heurte et le cahote, lui laboure les côtes de
l’angle de ses paquets. Il joue des coudes. Il
asse à son tour. Il se fait une trouée II est
ans la rue. Et le Monsieur indécis, que son
indécision énerve, s’efforce d’oublier sa mau
vaise humeur en pestant contre la brume,
contre la boue, contre le trottoir sale, contre
la multiplicité des jouets et la corne des au
tomobiles. ..
L’Effarée.
Rue de Paris. Six heures du soir. Une foule
effarée patauge dans les flaques parmi les
clartés crues des globes électriques que reflè
tent les trottoirs mouillés. C’est un coin pitto
resque et grouillant, débordant de mouve
ment et de vie, où défilent, dans un mêli-
mélo que chaque seconde transforme, toutes
les classes sociales animées, à des degrés
divers, de la fièvre ardente de l’achat.
Au coin de la place, des marchands ont
arrêté leurs petites voitures. On vend là,
dans le brouillard qui tombe, sous la lu
mière vacillante d’un lampion, des cartes
postales, du papier à lettre avec en-tete ap
propriée à l’an nouvel, des bouquets de fleur
de gui, des « oranges fines, des oranges don-
CCS » •
Dans le bruit de la rue, des tramways qui
beuglent, des autos qui trépident, des nacres
qui passent avec un vacarme de vitres se
couées, des voix aigrelettes de femmes jet
tent leurs appels •
— La belle Valence !... Voyez la vente !
Une grosse dame, surchargée de boîtes et
paquets, s’avance avec peine à travers la mer
houleuse. Derrière elle, tout à coup, une vois
affolée a crié :
— Gare 1 Gare! Un cheval emballé !...
La grosse dame, effarée, a fait un saut sur
le trottoir. Et simplement, posément, savou
rant l’effet de sa trouvaille, un petit chasseur
est passé portant dans ses bras un cheval de
bois emballé dans du papier gris !
Les Errants
Dans la nuit brumeuse et froide, entassé
sur le trottoir où les semelles gonflées d’eau
se dégorgent, le noir troupeau de misère
attend son tour de sommeil.
Les pauvres vieux se serrent pour avoir
moins froid. Une commune détresse les ras
semble et fait naître entre eux une sym
pathie mutuelle qui se témoigne par des
attentions aimables. L’un a débarrasé son
voisin du lourd sac qui lui sciait les épaules.
Il a ménagé à l’ancien une petite place contra
le mur, à l’abri du vent.
Mêlés à la bande lamantable des va-sans-
gîte, de tous ces claque-patins et ventres
creux qui logent, l’été, à l’Hôtel de la Belle-
étoile, des enfants grelottent, et leur petite
main bleuie par le froid serre désespérément
les loques mouillées du père, la robe en hail
lons de la maman, ,
La nuit est venue. Les vitrines du quar- ,
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