Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1908-12-31
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 décembre 1908 31 décembre 1908
Description : 1908/12/31 (A28,N10032). 1908/12/31 (A28,N10032).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637477r
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
— ÉDITION DU MATIN — 5
Jeudi 31 Décembre 4908
r
28e Année — N 10,032
oussssqar==c==r=================
Administrateur * Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adressa Télégraphique : RANDOLEl Havre
5 Centimes
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Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPoLYTE FENOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
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TÉLÉPnOIE : Rédaction, Mo 7.60 ; Administration, Fo 10.47
AN NON CES
| AU HAVRE..... Bureau du Journal, 112, boni 4 de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonoes judiciaires et légales
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ELECTIONS SENATORIALES
CLU
Janvier 4909
Candidats Républicains de Gauche
Paul BIGNON, député et président du Conseil général,maire de la ville
d’Eu.
Henri GENESTAL, maire de la ville du Havre, vice-président du
Conseil général.
Jules GERVAIS, sénateur sortant, conseiller général, maire d'Elbeuf-
en-Bray.
Henri LEMONNIER, vice-président du Conseil général, ancien maire
de la ville d’Yvetot.
Georges LORMIER, Conseiller général, maire de Roncherolles-sur-
le-Vivier, président du Syndicat agricole de la Seine-Inférieure.
E asoses sss sssss sssmcszssesssasc ms apearan
Dernière HeureB
PARIS, TROIS HEURES MATIN
M. Hamard devait rechercher les papiers
déposés par Mathis au Jaune et s’assurer si
l’inculpé ne possédait pas d’action du jour
nal.
L’opération judiciaire a duré une heure et
demie environ.
Le chef de la Sûreté a saisi quatorze pa
quets de correspondance s’échelonnant de
1903 à 1908, cinq copies de lettres des mêmes
années, des registres de comptabilité de la
. Fédération Nationale des Jaunes et divers au
tres documents.
A l’issue de cette perquisition, M. Biétry a
déclaré à un groupe de journalistes que le
chef de la Sûreté avait feuilleté la compta
bilité du Jaune, noté les recettes, les dépen
ses, relevé le mouvement des fonds.
En protestant, le député de Brest a ajouté
que les noms des actionnaires du journal
ainsi que les plus étrangères à l’affaire Mattis
ont été relevés sur des registres que la loi
oblige toute administration à tenir.
Le député s’est déclaré prêt à épuiser tous
les moyens légaux en portant plainte entre
les mains du procureur général contre les
insupportables abus de pouvoir de ses su
bordonnés.
;
ABONNEMENTS
Trois Mois
Six Mois
Un An |
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure? .
l’Oise et la Somme 5 4
Autres Départements
Union Postale
16
50
Fr.
»
O
20
Fr.
so
Fr.
On s'abonne également, SANS FRAIS dans tous les Sureaux de Poste
Fr.
40 »
de France
wddssssssacusraRS=SsOaAAERR=S==*ETLER
DEPECHES COMMERCIALES
LONDRES, 30 DÉCEMBRE
Cuivre s Comptant, £ 63.17/6 ; trois mois,
£ 64.12/6.
Etain s Comptant, £ 131.10/- ; trois mois,
£ 133.-/-.
Fer : Comptant, 49/1 1/2 ; trois mois,
49/10 1/2.
NEW-YORK, 80 DÉCEMBRE
Cuivre
G. BU JOUR
14 43
G. RRSCZDENT
14 43
Amalganat. Cop.. :
83 1/8
83 1/8
Fer
17 —
17 —
CHICAGO, 30 I
DÉCEME
3RE
NEW-YORK, 30 DÉCEMBRE
Cotons : décembre, baisse 22 points ;
mai, baisse 5 points.
Cafés : hausse 5 points à baisse 5 points.
C. DU JOUR
c. PRÉCÉD.
Blé sur
Décembre.
104 7/8
103 1/2
Mai
108 5/8
107 7/8
Maïs sur
Décembre.
58 1/4
54 1/2
Mai
61 3/4
51 1/2
Saindoux sur.
Décembre.
—
Mai
9 70
9 67
LE
sé, le navire continua sa route. Il s’approcha
de la côte.
Un spectacle indescriptible et terrifiant s’of
frit aux regards de l’équipage et des passa
gers.
Messine était en flammes ;une grande par
tie de la ville était détruite. Le phare de Mes
sine était totalement disparu sous les flots.
Plus de trois cents barques allaient à
LE MAUVAIS TEMPS
Toulon. — Le mauvais temps continue. La
température est très basse. La tempête de
vent d’Ouest fait rage.
Dijon, 30 décembre.
Depuis hier soir la neige tombe en bour
rasque et sans discontinuer.
A Dijon, la circulation est devenue si diffi
cile que les tramways n’ont pu commencer
leur service que vers dix heures du matin.
Les trains arrivent avec de nombreux re
tards, notamment ceux venant de Pontar-
lier.
Aux halles, une grande partie des messa
gers n’ont pu arriver. Le bourg de Somber-
non est bloqué par la neige qui, sur certains
points, atteint quatre-vingts centimètres.
Perpignan, 30 décembre.
Dans les ports roussillonnais, les bateaux
ont dû doubler les amarres. L’ouragan a oc
casionné des dégâts. Dans le haut arrondis
sement de Prades, la neige est tombée en si
grande abondance que les communications
sont interceptées et que les villages sont blo
qués.
On craint que les électeurs sénatoriaux ne
puissent se rendre, dimanche, au chef-lieu.
Les courriers ne circulent pas, tant les amon
cellements de neige sont considérables sur
les routes.
Toulon, 30 décembre.
Ce matin, devait avoir lieu le lancement,
la dé ¬
C’est un Cataclysme inimaginable.
Rien qu’à Messine il y aurait
135,000 Morts
Milan. — Il est officiellement établi que
la ville de Messine est totalement détruite.
Rien qu’à Messine, le nombre des morts
est de cent trente-cinq mille !
De la brigade d’infanterie en garnison dans
la ville, trente-six hommes seulement sont
restés vivants 1
Dans toute la ville, il n’y a plus qu’une
seule maison debout.
Les matelots du cuirassé Makaroff et ceux <
d’un cuirassé anglais ont fait des prodiges de
courage. On raconte que les deux équipages
avaient retiré de dessous les décombres trois
cents femmes et enfants blessés, lorsque les
flammes les enveloppèrent et ies sauveteurs
durent abandonner deux cents personnes
pour pouvoir en sauver seulement une cen
taine.
L’équipage des deux bâtiments sauva aussi
les caisses de la Banque de Sicile où se trou
vaient vingt-cinq millions et celles de la Ban
que d’Italie qui contenaient cinq millions.
Pour reconstruire Messine il faudra, parait-
il, au moins un siècle.
On confirme la totale destruction de Reg-
rive.
La Bourrasque continus
Rome. — L’évêque Mileto a envoyé
pêche suivante :
la dé ¬
trouvé
« Je suis arrivé à Palmi où je n’ai
que ruines et désolation. Les dégâts sont in
calculables.
gio de Calabre qui est complètement sub
mergée par six mètres d’eau.
A Naples, — "*"d eniem2‘hni inndi
convoi de cinquante mi.
Secolo, de Milan.)
es, on attend aujourd’hui jeudi un
ille blessés. — (Du
Une Nouvelle Secousse à Syracuse
Rome. — A cinq heures et demie du matin,
hier, une nouvelle secousse de tremblement
de terre très violente a été ressentie à Syra-
cuse.
La population, terrorisée, s’est sauvée dans
les campagnes environnantes.
Plusieurs fonctionnaires et l’évêque sont
restés au milieu du peuple pour le réconfor
ter par des paroles pleines de calme et de
courage. — (Du Corriero dTtalia).
La Croiz-Rouge installe un Hôpital
à Messine
Palerme. — La Croix-Rouge a installé un
hôpital à Messine. . *
Les matelots russes, avec un élan admira
ble, négligeant tous les dangers, continuent
leur œuvre de sauvetage.
La caserne, où logeaient trois compagnies
d’infanterie, a été entièrement détruite.
Vingt soldats seulement ont été sauvés.
Du 89e régiment d’infanterie, dix soldats
seulement sont saufs ; de quatre cents gar
des, quinze sont hors de danger.
Les Survivants ne veulent pas quitter les
Décombres de leurs Maisons
Rome. — Les survivants de Messine veulent
absolument demeurer dans les décombres de
leurs maisons. Ils s’accrochent aux poutres
et soliveaux, et il faut positivement les en
arracher
La reine a sauvé elle même un petit en
fant très gravement blessé, mais très proba-
blement se remettra très vite. Elle l’a porté
dans les bras jusqu’à la plage et l’a confié aux
soins d’un matelot.
L’ “ Orénoque " a ressenti la secousse du
tremblement de terre
Marseille. — Le paquebot Orénoque, des
Messageries Maritimes, courrier d’Alexan-
drie, rrivé hier rapporte que dans la nuit
dn 28 au 29, vers trois heures du matin, il se
trouvait à trente milles environ du port de
Messine, quand il ressentit une violente se
cousse.
Les passagers et l’équipage croyant à un
échouement montèrent immédiatement sur
le pont. Le premier moment de panique pas-.
» La bourrasque continue sans cesser, ac
croissant la gravité de la catastrophe.
» On compte des centaines et des centai
nes de morts. La plupart sont restés enseve
lis sous les décombres.
» Plusieurs grands villages, tels que Se-
minara, Santa-Eufémia et Sinopoli ont été
entièrement ravagés. »
Nouveaux Détails
Rome. — Une édition spéciale de la Tribuna
dit qu’à Palmi on a retire de dessous les dé
combres 425 morts. Les blessés sont innom
brables.
On ignore encore si des personnes sont res
tées sous les décombres.
La population campe en plein air. Les vê
tements et les vivres manquent.
A Bagnara, on compte 1,000 morts ; à San-
teri-Semia, 1,500; à Seminara, 400 ; à Castil-
lace, 16 ; à Poliscena, 4 ; à Cinquesrondi, 4 ;
à Oppido-Mamertino, 7.
Une nouvelle secousse de tremblement de
terre a été ressentie hier à Gerace. Les murs
de l'église qui étaient restés debout se sont
effondrés.
Sympathies Françaises
Les municipalités de Limoges et de Cher
bourg ont adressé l’expression de leur frater
nelle sympathie au peuple italien.
Une Souscription est ouverte en Russie
Saint-Pétersbourg. — Une souscription
s’ouvre à Saint-Pétersbourg pour les victi
mes du tremblement de terre italien.
La Douma a envoyé un télégramme de
sympathie à la Chambre italienne.
Condoléances do la Turquie
Constantinople. — La Chambre a décidé
d’adresser ses condoléances à l’Italie, à l’oc
casion de la catastrophe de Messine.
ernom -= - - —o=- ig==-== == 1 -puo r vm
LA PROMOTION DANS LA LÉGION-
D'HONNEUR
Parmi les nouveaux promus dans l’Ordre
de la Légion-d'Honneur, nous relevons les
noms suivants qui intéressent notre ré
gion :
Grand Officiers de la Légion-d’Honneur :
les généraux Lebon et Archinard ;
Officiers de la Légion-d’Honneur : le chef
de bataillon Duchoquet, du 129e d’infanterie
et le lieu tenant-colonel Lemaître, directeur
de l’école d’artillerie du 3» corps ;
Chevaliers de la Légion-d’Honneur : Devès,
lieutenant au 24c d’infanterie, et Guilmard,
capitaine de recrutement au Havre.
Parmi les nouveaux titulaires de la mé
daille militaire, nous relovons les noms de :
MM. Leblanc, adjudant au 119e de ligne ;
Garcin, sergent-major, tambour-major au
129e d'infanterie ; Vieillart, gardien de batte
rie de première classe à la direction de l’ar
tillerie au Havre ; Lahaxe, Coutard, Michel,
Vuillemin, Bourquin, maréchaux-des-Ogis,
et Florin, brigadier à la 3 e légion de gendar
merie.
NOUVELLE PERQUISITION AU
« JAUNE »
En vertu d’une Commission rogatoire de M.
Julliot, juge d’instruction, M. Hamard, chef
de la Sûreté, accompagné de son secrétaire,
s’est rendu hier, à quatre heures, au jour-
nal Le Jaune où il a procédé à une nouvelle
perquisition.
des cales du Mourillon, du nouveau submer
sible Monge. Mais l’opération n’a pu être ef-
fectuée à cause du mauvais temps.
La tempête de vent d’Ouest qui souffle avec
ciait le lancement dangereux et c’est
pour éviter un sinistre qu’il a été retardé.
Le Monge est l‘ex-Q-67. Il jauge 308 tonnes.
Il pourra recevoir un équipage de vingt-cinq
rage reI
hommes.
Chalon-sur-Saône, 30 décembre.
Depuis deux jours, la neige tombe sur le
département. Les villages des hauts plateaux
du Morvan sont bloqués.
Les communications sont impossibles.
Les trains Paris-Lyon subissent de grands
retards, la voie étant obstruée par la neige.
Belfort, 30 décembre.
La neige tombe sans interruption depuis
deux jours, rendant les communications très
difficiles.
Les trains ont des relards d’environ deux
heures.
En raison de l’état de la mer, les trains in
ternationaux, ceux de Calais à Bâle, n’arri
vent pas.
La marche des tramways électriques est
momentanément interrompue.
Saint-Jean-de-Maurienne, 30 décembre.
Une violente tempête de neige souffle sur
la Maurienne.
La neige est tombée en rafale sur la ville
de Saint-Jean-de-Maurienne.
La couche atteint 50 centimètres.
Les trains subissent des retards considéra
bles.
Les quotidiens ne sont pas arrivés ce ma
tin.
Le froid est très vif.
ACCIDENT A BORD D'UN CONTRE-
TORPILLEUR
Toulon. — Un télégramme d’Ajaccio à la
préfecture maritine fait connaître que le
contre-torpilleur Cognée, qui taisait partie des
navires envoyés à Messine, a dû interrompre
sa route et se réfugier à Ajaccio, par suite
d’une avarie survenue à son arbre de cou
che.
NOUVELLE PERFORMANCE DE
WILBUR WRIGHT
hier
Le Mans. — Wilbur Wright est sorti
après-midi par cinq degrés au-dessous de
zéro pour courir la Coupe Michelin.
Le vol de l’aéroplane a duré une heure
52 minutes et 40 secondes 1
L’aviateur a ainsi parcouru une distance
de quatre-vingt-seize kilomètres huit cents
mètres ! soit trois kilomètres de moins que le
18 décembre écoulé.
En réalité, si on tient compte des ellipses
effectuées autour des poteaux de virage, l'a-
viatcur a parcouru cent quinze kilomètres.
C’est le froid qui a obligé le courageux in
venteur a suspendre ses expériences, qui se
ront reprises aujourd'hui jeudi en présence
de M. Barthou, ministre des travaux publics.
CONSEIL DE GUERRE DU 3’ CORPS
Rouen. — Le Conseil de guerre du 3 e corps
s’est réuni hier sous la présidence du lieute
nant-colonel Boutard de Lavilléon, pour ju
ger sept militaires diversement inculpés.
Parmi ceux-ci, le soldat Chéron. du 129e, de
ligne, inculpé d’avoir volé au préjudice d’un
militaire, et reconnu coupable, est condamné
à un an de prison avec sursis ; le soldat de
territoriale Ducoudray, du recrutement du
Ilavre, reconnu coupable d’insoumission en
temps de paix, est condamné à huit jours de
prison ; les soldats Delisle et Hamel, du 429°
d’infanterie, poursuivis sous inculpation de
refus d’obéissance, sont condamnés, le pre
mier à six mois et le second à un an de pri
son.
Défenseur, Me Dedessuslamare ; commis
saire du gouvernement : lieutenant-colonel
Mathieu
Après le premier affolement, on commen
ce seulement à recueillir des détails un peu
plus précis sur le désastre, qui semble colos
sal et sans précédent en Europe.
Tout le littoral, des deux côtés du détroit
de Messine, a été entièrement ravagé. En Si
cile, une partie de Messine, Giarre, Riporto,et
Borgo sans Giovanni, en Calabre Reggio.
Palmi et Bagnara, ne sont que des amas de
ruines fumantes.
La voie de chemin de fer est détruite sur
une longueur de 18 kilomètres.
L’absence de détaills s’explique par la
mort de toutes les autorités et la destruction
complète des phares qui servaient de postes
pour la télégraphie sans fil.
L’incendie continue dans les ruines de
Messine et de Reggio. Les cuirassés Regina,
Elena, Victorio-Emmanuel et Napoli ont débar
qué des marins qui sont impuissants à com
battre le fléau.
La pluie et la tempête continuent à faire
rage et ajoutent à l’horreur de la situa
tion.
Messine après la Catastrophe
Un survivant de Messine, arrivé à Catane,
dit qu’il est impossible de décrire le specta
cle terrifiant que présente la ville. Messine
n’est plus qu’un immense tas de décombres.
Presque toute la population est morte.
Quelques milliers de citoyens seuls sont
saufs. Il est nécessaire d’envoyer des méde
cins, des tentes, des vêtements, des vivres,
les' survivants manquant de tout le néces
saire, surtout de vivres, et souffrant du
froid. Il faudrait des pompes pour éteindre
les incendies qui ravagent les ruines de
Messine.
Les communications par voie de terre sont
considérées comme coupées avec Messine.
La gare s’est écroulée, tous les wagons ont
été brisés, presque tous les employés du-
chemin de fer sont morts.
Les rues, remplies de décombres, ne sont
pas reconnaissables; elles ne paraissent que
d’énormes crevasses au milieu des ruines.
La célèbre avenue Palazzata, située au
bord de la mer, l’université, l’hôtel des pos
tes et télégraphes, tous les monuments pu
blics n’existent plus.
Les conduites d’eau et de gaz ont été com
plètement détruites.
Après le désastre, la ville resta plusieurs
heures sans qu’aucun secours fût organisé,
les ruines ayant enseveli les autorités, la
garnison, la force publique, les médecins,
les pharmaciens, les citoyens de toutes les
classes de la société. Les premiers secours
ont ésé portés par quelques équipages de
navires marchands qui ont accompli des ac
tions héroïques.
On annonce que trois nouveaux trains et
un steamer ont quttté Messine avec des bles
sés et des réfugiés.
Les autorités se montrent très réservées
sur l’énergique répression du pillage à Mes
sine. Cette ville a été la proie des malan
drins.
La succursale de la Banque d’Italie avait
une dizaine de millions en caisse. Les ban
ques privées avaient également de fortes
sommes en dépôt.
Messine compte de riches magasins et des
palais somptueux.
M. Orlando, ministre de la justice, qui ac
compagne le roi et la reine, a télégraphié à
Rome : « C’est, de mémoire d’homme, le
plus grand désastre ».
A Reggio
On craint que le sort de Reggio soit aussi
mauvais, sinon plus que celui de Messine.
Seules, les petites villas situées sur la pro
menade de Reggio à Campi, dans la partie la
plus élevée de la ville, sont restées debout.
Les vagues de la mer ont envahi la ville,
et la voie ferrée qui longe la côte a été dé
truite.
Tous les réfugiés de Reggio assurent que le
désastre est immense et le nombre des victi
mes énorme.
Les survivants sont sans abri et sans vi
vres, ils sont presque nus et circulent dans
la campagne.
Les Vivres et les Vêtements manquent
Des nouvelles de Messine et des alentours
confirment que les vivres et les vêtements
manquent.
Outre la mort du commandant de Messine,
le général Costa, on annonce celle de plu
sieurs officiers de marine.
Le préfet de Reggio, sauvé comme par mi
racle, confirme la destruction totale de Reg
gio, à l’exception de quelques petites villas
sur les collines. Le collège a été détruit, tous
les collégiens écrasés. Mille trois cents cada
vres ont'été extraits des décombres de Palmi
et de Bagnara.
Le câble sous-marin avec les îles Eoliennes
est rompu. On craint que le tremblement de
terre n’ait dévasté également ces îles.
Deux cent soixante-dix élèves de l’école'
militaire de médecine de Florence ont tra
versé Rome à destination de la Sicile.
Mardi soir, une secousse ondulatoire d’une
brève durée a alarmé Palerme.
Pour rassurer les populations, les observa
toires assurent que les appareils sismiques
sont redevenus calmes.
Le député Fulci s’est sauvé de sa maison
qui s’écroulait. Ses frères avec leur famille
ont péri.
M. Fulci dit que l’odeur cadavérique est
insupportable.
Sous les décombres, on perçoit les cris des
malheureux ensevelis.
Lorsque le Grand Hôtel Trinacria s’est
écroulé, plusieurs voyageuses ont sauté par
les fenêtres et se sont tuées.
Les hôtels de Palerme sont pleins de réfu
giés dans un état lamentable.
Le mauvais temps persiste.
Un navire du Lloyd brèmois a transporté
à Naples 80 blessés de la colonie allemande.
L’Arrivée des Souverains italiens à Messine
Les souverains italiens sont arrivés hier
matin à Messine, à bord du cuirassé Vittorio*
Emanuele. Toutes les unités d’escadre les sa
luèrent avec des salves d’artillerie.
Le roi et la reine sont descendus à terre et
ont aussitôt assisté à un épouvantable spec
tacle de mort et de ruine.Lareine,angoissée,
se cacha les yeux de scs mains en versant
des larmes.
Une foule d’habitants terrorisés se jeta aux
pieds du couple royal en le suppliant de
mettre fin aux cataclysmes qui dévastent la
région. On demandait presque au roi d ac
complir un miracle parmi les maisons écrou
lées.
Ces lamentations prosuisirent sur la sou-
veraine une si forte impression qu’elle dut
se retirer, incapable de poursuivre sa visite.
Le roi, entouré des personnalités de sa suite,
se dirigea alors vers les décombres d’où l’on
entendait encore monter de sourds gémisse
ments.
Des victimes furent retirées en présence de
Victor-Emmanuel, qui aida personnellement
au sauvetage en consolant les blessés et en
leur prodiguant les premiers soins.
Il est impossible de fixer approximative
ment le nombre des victimes ; il suffit de
dire qu’il est incalculable.
Un certain nombre d’habitants que l’on a
pu classer parmi les morts . se sont enfuis
dans les environs où ils se terrent dans la
crainte d’une nouvelle secousse.
Les rues sont jonchées de cadavres et de
débris.
Les Blessés à Naples
Le cuirassé russe Makharof est arrivé à Na
ples venant de Messine ayant à bord 400bles
sés. Le steamer Thérapie est également arrivé
avec d’autres blessés.
Les blessés ont été transportés dans les hô
pitaux civils et militaires.
Le Mattino fait des descriptions émouvan
tes de l’arrivée à Naples des navires portant
les blessés de Messine.
Un grand nombre, de Siciliens et d'habi-
tants de Naples envahirent les jetées, appe
lant à grands cris leurs parents, espérant
qu’ils se trouveraient à bord. Ainsi une fa
mille entière se retrouvant provoqua une
scène émouvante.
La nuit passée sont arrivés 800 réfugiés,
dont un carabinier. Celui-ci, qui se trouvait
au troisième étage de l’hôpital de Messine,
était tombé au deuxième étage, puis au pre
mier étage et au rez-de-chaussée sans se
blesser.
Nouvelles diverses
Naples, 30 décembre.
Le journal Don Marzio dit que le duc
d’Aoste est parti pour Messine à bord d’un
torpilleur et que la duchesse d’Aoste est allée
visiter les blessés arrivés de Messine.
été brusquement interrompues. Voici com
ment les nouvelles détaillées parvinrent à
Rome.
A Messine, le lieutenant de vaisseau com
mandant le torpilleur Spicca, qui dormait à
bord de son bateau, dès qu’il a eu connais
sance du désastre, a pris l’initiative de partir
immédiatement pour se rendre à un port de
la côte calabraise afin de téléphoner au mi-
nistre. Or, voici son voyage tragique.
Le torpilleur va d’abord à Reggio de Cala
bre : désastre ; la station télégraphique est
détruite. De là, il va de ville en ville et de
village en village le long de la côte: tout
est détruit jusqu’à Bagnara. Enfin, ce n’est
qu’à deux heures de l’après-midi qu’il a pu
trouver un poste télégraphique à Nicotera.
Rome, 30 décembre.
L’ambassade de France a supprimé les ré
ceptions du jour de l’an en raison du deui 1
national italien.
La Chambre italienne va être convoquée
Les Seoours
La division formée par la Justice, la Vérité,
\Q.Carquois et la Cognée est partie de Toulon
hier matin à sept heures quarante pour Mes
sine, par vent Nord-Ouest très violent.
Elle est placée sous le commandement du
contre-amiral Le Pord.
L’activité la p
magasins de la
L activité la plus grande a régné dans les
magasins de la direction des subsistances
pour ravitailler les quatre navires qui empor
tent, outre leur approvisionnement propre
pour trois mois, 60,000 kilos de farine et
50,000 rations de pain, viande, conserves, etc.
D’autre part, les cuirassés ont embarqué un
matériel important de tentes et de couchage
destiné aux sinistrés sans abri. Le ravitaille-
Rome, 30 décembre.
L’ordre de Malte a mis à la disposition du
gouvernement un hôpital de campagne.
M. Morgan a envoyé 50,000 francs.
Montéléone, 30 décembre.
Parmi les villages les plus éprouvés se
trouve Triporni, dont les maisons et les ca
banes, bâties après les désastres de 1905,
sont complètement détruites.
Bruxelles, 30 décembre.
Au Sénat belge, le président a exprimé les
condoléances de l’assemblée à la nation ita
lienne.
M. Wiener, au nom de la gauche, et M.Van
den Peereboom, au nom de la droite, se sont
associés à ses paroles.
Bizerte, 30 décembre.
Selon les instructions ministérielles, le
contre-torpilleur Danois, commandant Viaud,
partira aujourd’hui pour Messine pour por
ter des secours et des vivres aux sinistrés,
après quoi il rejoindra l’escadre de la Médi
terranée.
Lens, 30 décembre.
M. Richard, président de la Fédération des
musiques du Nord et du Pas-de-Calais, a
adressé le télégramme suivant au roi d’Ita-
Au nom des 798 Sociétés musicales fédérées du
Nord et du Pas-de-Calais, profondément attristées
par l’épouvantable catastrophe qui frappe deux de
vos provinces, je vous adresse l'expression de
notre vive douleur en même temps que celle de
nos sympathies pour la nation italienne.
En outre, M. Richard a informé le consul
d’Italie à Lille, qu’il met la Fédération à sa
disposition pour les fêtes qui pourront être
organisées dans la région du Nord.
L’impression à Homo
Rome, 30 décembre.
Hier, à Roa.s, on était comme anéanti.
Aucun mot ne pourrait exprimer l’état de
douleur de la capitale. On y compte environ
30,000 Calabrais et Siciliens. Tous ont des
parents là-bas dont ils ignorent le sort. On
télégraphie, mais on ne reçoit aucune ré
ponse. Et rien n’est aussi émouvant que de
voir tous ces gens, le long des guichets des
postes, les veux rougis par les larmes, qui
s’obstinent a télégraphier dans le néant. Dans
les rues, on ne voit que des gens qui pleu
rent, un journal à la main. Los hommes les
plus habitués aux vicissitudes de la vie, les
plus fermes, en général, par respect et par
devoir, ne cherchent plus à contenir leur
émotion.
Les Calabrais et les Siciliens qui veulent
rentrer chez eux se heurtent à de grandes
difficultés. Les trains sont complètement
occupés par le transport des troupes. Il en
est de même pour les navires partant de Na
ples. On assiste à des scènes déchirantes, des
personnes venues ici pour les fêtes de Noël
ne peuvent rien apprendre sur le sort de
leurs parents résidant dans la région de la
catastrophe. Pour calmer ces infortunés, le
ministre dos travaux publics a déclaré que
tous les Calabrais et les Siciliens voulant re-
tourner chez eux recevraient aussitôt les
communications normales rétablies, des bil
lets gratuits. .
Au ministère de l’intérieur on voit M. Gio-
litti, qui est habituellement calme, l’air trou
blé les veux tristes et la voix tremblante. Un
de ses secrétaires est de Reggio. C’est lui qui
a reçu la dépêche qui annonçait officieuse-
ment la destruction de la ville. Ce tut une
scène déchirante. .
Le roi avait recommande qu il n y eut au
cun apparat pour son dépari. A la gare, on
l’a vu pâle et triste. La reine avait les larmes
aux yeux. Un des officiers présents ayant fait
au roi un compliment banal, celui-ci l’inter
rompit et lui dit que ce n’était pas le mo
ment.
Le mot deuil national, si souvent pro
noncé, n’a jamais paru aussi exact dans
toute sa portée.
Les condoléances de la France et l’envoi
de vaisseaux ont produit à Rome la meilleure
impression.
■ La première nouvelle qui fut apportée à
Rome fut celle du tremblement de terre de
Montaleone qui n’était en réalité que la queue
| du mouvement sismique.
A Mais toutes les communications avaient
ment a été terminé dans la soirée de mardi.
Vers dix heures du soir, le commissaire
principal Le Beliegou, commissaire de la di
vision, s’est rendu à la trésorerie générale,
où M. Durassier, trésorier-payeur général,
lui a compté une somme de 20,000 francs
que le contre-amiral Le Pord doit tenir à la
disposition des autorités italiennes.
— On télégraphie de Malte que le cuirassé
Exmouth, les croiseurs Euryalus et Minerva,
de l’escadre anglaise, partent pour Mes
sine.
Le croiseur Sulley, qui allait rallier Malte,
a reçu en cours de route l’ordre d’aller à
Messine.
— Les deux navires-écoles allemands de la
Méditerranée ont reçu l’ordre de partir im
médiatement pour Messine avec des vivres et
des couvertures chaudes.
— Un comité de secours s’est constitué à
Rome en vue de centraliser les sommes re
cueillies par charité privée et publique et
d’organiser des secours. Il est présidé par le
duc d’Aoste et composé des présidents du
Sénat et de la Chambre, des chefs d’état-ma
jor de l’armée et de la marine, du maire de
Rome, des présidents de la Croix-Rouge, de
la Fédération de la presse, du Conseil supé
rieur des travaux publics, des directeurs
généraux de la Banque d’Italie, de la santé
publique et de l’administration civile.
Dans toute l’Italie d’ailleurs des comités se
forment, mais surtout en Sicile, où des mé
decins, des pompiers des différentes villes et
des troupes se concentrent sur Messine et
Reggio et organisent le sauvetage.
Les municipalités et les associations de
tous genres ont tenu des réunions, ont voté
d’urgence des secours, et ont décidé l’envoi
immédiat d’escadres de sauvetage avec du
matériel et des vivres.
Rome, Milan, Florence, Naples et d’autres
villes envoient des pompiers, des gardes mu
nicipaux et des médecins.
Le gouvernement s’est entendu avec des
Compagnies de navigation afin que des navi
res aillent sur les côtes de Calabre et de Si-
cile porter des secours et recueillir les per
sonnes sans abri. Ces navires transporteront
également le matériel nécessaire à la cons
truction de baraques.
Le ministère des postes et télégraphes a
envoyé partout des inspecteurs avec d’habi
les ouvriers pour rétablir les communica
tions télégraphiques et téléphoniques.
— Les députés Barzilaï et Stringer ont pro
posé d’inviter le gouvernement à déposer un.
projet d’impôt extraordinaire sur les reve
nus. destiné à secourir les victimes des trem
blements de terre.
— Le Comité du Syndicat de la presse pa-
risienne, à la nouvelle de la catastrophe qui
désole l’Italie méridionale, a décidé de se
réunir aujourd’hui dans le but d’examiner
les moyens de témoigner sa profonde sym
pathie aux victimes du tremblement de terre
et à la nation si durement éprouvée.
— MM. Messager et Broussan, directeurs
de l’Opéra, dès qu’ils eurent connaissance de
l’étendue du désastre italien, se sont concer
tés pour organiser à l’Opéra une représenta
tion de gala extraordinaire au profit des si
nistrés. Cette représentation, pour laquelle
ils ont déjà échangé des télégrammes en vue
d’obtenir le concours des meilleurs chan
teurs italiens, aura un caractère mi-italien
mi-français et aura un éclat exceptionnel.
— M. Jules Claretie, administrateur géné
ral de la Comédie-Française, aussitôt qu’il
eut appris les tragiques événements d’Italie,
a décidé de donner une représentation au
bénéfice des familles des victimes.
— Mardi soir, le lord-maire de Londres,pre
nant la parole au banquet de la Société, des
musiciens, qu’il présidait, s est exprimé en
ces termes :
Vous connaissez tous cette belle terre de la mu-
sique, du chant et du soleil, le royaume d Italie .
les dernières dépêches annoncent qu il a C
éprouvé par un revers sans précédent. J’ai Ce-er-
miné de prendre l'initiative d’une souscription, et
je sollicite le concours de tous mes concitoyens.
— La Société de la Croix-Rouge des Etats-
Unis télégraphie à toutes ses succursales en
les priant d'envoyer de l’argent pour les vic-
limes du tremblement de terre d'Italie.
.— l'Indépendance belge fait appel à la généro-
sité du public en faveur des victimes survi-
vantes de la catastrophe de la Calabre et de
la Sicile.
— Un comité allemand de secours au
times est en voie de formation. La Gu
Voss ouvre. ce soir, une souscription
en ia-
veur des \ ictimes.
— A la Bourse de Berlin, dans tout
grandes banques, les listes sont O
L’empereur va se mettre à la tete C,
cription nationale. La Vossiscic deMuno
blié un éloquent appel en faveur CC 1
« la seconde patrie de tous es aruis
terre de beauté, de santé et de Lai So-
cruellement frappée. »
US
pu
nie.
si
Jeudi 31 Décembre 4908
r
28e Année — N 10,032
oussssqar==c==r=================
Administrateur * Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
Adressa Télégraphique : RANDOLEl Havre
5 Centimes
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eee
TTW
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPoLYTE FENOUX
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
a M. Hippolyte FÉNoUX
35, Rue Fontenelle, 35
TÉLÉPnOIE : Rédaction, Mo 7.60 ; Administration, Fo 10.47
AN NON CES
| AU HAVRE..... Bureau du Journal, 112, boni 4 de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PETIT HA VRE est désigné pour les Annonoes judiciaires et légales
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
ELECTIONS SENATORIALES
CLU
Janvier 4909
Candidats Républicains de Gauche
Paul BIGNON, député et président du Conseil général,maire de la ville
d’Eu.
Henri GENESTAL, maire de la ville du Havre, vice-président du
Conseil général.
Jules GERVAIS, sénateur sortant, conseiller général, maire d'Elbeuf-
en-Bray.
Henri LEMONNIER, vice-président du Conseil général, ancien maire
de la ville d’Yvetot.
Georges LORMIER, Conseiller général, maire de Roncherolles-sur-
le-Vivier, président du Syndicat agricole de la Seine-Inférieure.
E asoses sss sssss sssmcszssesssasc ms apearan
Dernière HeureB
PARIS, TROIS HEURES MATIN
M. Hamard devait rechercher les papiers
déposés par Mathis au Jaune et s’assurer si
l’inculpé ne possédait pas d’action du jour
nal.
L’opération judiciaire a duré une heure et
demie environ.
Le chef de la Sûreté a saisi quatorze pa
quets de correspondance s’échelonnant de
1903 à 1908, cinq copies de lettres des mêmes
années, des registres de comptabilité de la
. Fédération Nationale des Jaunes et divers au
tres documents.
A l’issue de cette perquisition, M. Biétry a
déclaré à un groupe de journalistes que le
chef de la Sûreté avait feuilleté la compta
bilité du Jaune, noté les recettes, les dépen
ses, relevé le mouvement des fonds.
En protestant, le député de Brest a ajouté
que les noms des actionnaires du journal
ainsi que les plus étrangères à l’affaire Mattis
ont été relevés sur des registres que la loi
oblige toute administration à tenir.
Le député s’est déclaré prêt à épuiser tous
les moyens légaux en portant plainte entre
les mains du procureur général contre les
insupportables abus de pouvoir de ses su
bordonnés.
;
ABONNEMENTS
Trois Mois
Six Mois
Un An |
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure? .
l’Oise et la Somme 5 4
Autres Départements
Union Postale
16
50
Fr.
»
O
20
Fr.
so
Fr.
On s'abonne également, SANS FRAIS dans tous les Sureaux de Poste
Fr.
40 »
de France
wddssssssacusraRS=SsOaAAERR=S==*ETLER
DEPECHES COMMERCIALES
LONDRES, 30 DÉCEMBRE
Cuivre s Comptant, £ 63.17/6 ; trois mois,
£ 64.12/6.
Etain s Comptant, £ 131.10/- ; trois mois,
£ 133.-/-.
Fer : Comptant, 49/1 1/2 ; trois mois,
49/10 1/2.
NEW-YORK, 80 DÉCEMBRE
Cuivre
G. BU JOUR
14 43
G. RRSCZDENT
14 43
Amalganat. Cop.. :
83 1/8
83 1/8
Fer
17 —
17 —
CHICAGO, 30 I
DÉCEME
3RE
NEW-YORK, 30 DÉCEMBRE
Cotons : décembre, baisse 22 points ;
mai, baisse 5 points.
Cafés : hausse 5 points à baisse 5 points.
C. DU JOUR
c. PRÉCÉD.
Blé sur
Décembre.
104 7/8
103 1/2
Mai
108 5/8
107 7/8
Maïs sur
Décembre.
58 1/4
54 1/2
Mai
61 3/4
51 1/2
Saindoux sur.
Décembre.
—
Mai
9 70
9 67
LE
sé, le navire continua sa route. Il s’approcha
de la côte.
Un spectacle indescriptible et terrifiant s’of
frit aux regards de l’équipage et des passa
gers.
Messine était en flammes ;une grande par
tie de la ville était détruite. Le phare de Mes
sine était totalement disparu sous les flots.
Plus de trois cents barques allaient à
LE MAUVAIS TEMPS
Toulon. — Le mauvais temps continue. La
température est très basse. La tempête de
vent d’Ouest fait rage.
Dijon, 30 décembre.
Depuis hier soir la neige tombe en bour
rasque et sans discontinuer.
A Dijon, la circulation est devenue si diffi
cile que les tramways n’ont pu commencer
leur service que vers dix heures du matin.
Les trains arrivent avec de nombreux re
tards, notamment ceux venant de Pontar-
lier.
Aux halles, une grande partie des messa
gers n’ont pu arriver. Le bourg de Somber-
non est bloqué par la neige qui, sur certains
points, atteint quatre-vingts centimètres.
Perpignan, 30 décembre.
Dans les ports roussillonnais, les bateaux
ont dû doubler les amarres. L’ouragan a oc
casionné des dégâts. Dans le haut arrondis
sement de Prades, la neige est tombée en si
grande abondance que les communications
sont interceptées et que les villages sont blo
qués.
On craint que les électeurs sénatoriaux ne
puissent se rendre, dimanche, au chef-lieu.
Les courriers ne circulent pas, tant les amon
cellements de neige sont considérables sur
les routes.
Toulon, 30 décembre.
Ce matin, devait avoir lieu le lancement,
la dé ¬
C’est un Cataclysme inimaginable.
Rien qu’à Messine il y aurait
135,000 Morts
Milan. — Il est officiellement établi que
la ville de Messine est totalement détruite.
Rien qu’à Messine, le nombre des morts
est de cent trente-cinq mille !
De la brigade d’infanterie en garnison dans
la ville, trente-six hommes seulement sont
restés vivants 1
Dans toute la ville, il n’y a plus qu’une
seule maison debout.
Les matelots du cuirassé Makaroff et ceux <
d’un cuirassé anglais ont fait des prodiges de
courage. On raconte que les deux équipages
avaient retiré de dessous les décombres trois
cents femmes et enfants blessés, lorsque les
flammes les enveloppèrent et ies sauveteurs
durent abandonner deux cents personnes
pour pouvoir en sauver seulement une cen
taine.
L’équipage des deux bâtiments sauva aussi
les caisses de la Banque de Sicile où se trou
vaient vingt-cinq millions et celles de la Ban
que d’Italie qui contenaient cinq millions.
Pour reconstruire Messine il faudra, parait-
il, au moins un siècle.
On confirme la totale destruction de Reg-
rive.
La Bourrasque continus
Rome. — L’évêque Mileto a envoyé
pêche suivante :
la dé ¬
trouvé
« Je suis arrivé à Palmi où je n’ai
que ruines et désolation. Les dégâts sont in
calculables.
gio de Calabre qui est complètement sub
mergée par six mètres d’eau.
A Naples, — "*"d eniem2‘hni inndi
convoi de cinquante mi.
Secolo, de Milan.)
es, on attend aujourd’hui jeudi un
ille blessés. — (Du
Une Nouvelle Secousse à Syracuse
Rome. — A cinq heures et demie du matin,
hier, une nouvelle secousse de tremblement
de terre très violente a été ressentie à Syra-
cuse.
La population, terrorisée, s’est sauvée dans
les campagnes environnantes.
Plusieurs fonctionnaires et l’évêque sont
restés au milieu du peuple pour le réconfor
ter par des paroles pleines de calme et de
courage. — (Du Corriero dTtalia).
La Croiz-Rouge installe un Hôpital
à Messine
Palerme. — La Croix-Rouge a installé un
hôpital à Messine. . *
Les matelots russes, avec un élan admira
ble, négligeant tous les dangers, continuent
leur œuvre de sauvetage.
La caserne, où logeaient trois compagnies
d’infanterie, a été entièrement détruite.
Vingt soldats seulement ont été sauvés.
Du 89e régiment d’infanterie, dix soldats
seulement sont saufs ; de quatre cents gar
des, quinze sont hors de danger.
Les Survivants ne veulent pas quitter les
Décombres de leurs Maisons
Rome. — Les survivants de Messine veulent
absolument demeurer dans les décombres de
leurs maisons. Ils s’accrochent aux poutres
et soliveaux, et il faut positivement les en
arracher
La reine a sauvé elle même un petit en
fant très gravement blessé, mais très proba-
blement se remettra très vite. Elle l’a porté
dans les bras jusqu’à la plage et l’a confié aux
soins d’un matelot.
L’ “ Orénoque " a ressenti la secousse du
tremblement de terre
Marseille. — Le paquebot Orénoque, des
Messageries Maritimes, courrier d’Alexan-
drie, rrivé hier rapporte que dans la nuit
dn 28 au 29, vers trois heures du matin, il se
trouvait à trente milles environ du port de
Messine, quand il ressentit une violente se
cousse.
Les passagers et l’équipage croyant à un
échouement montèrent immédiatement sur
le pont. Le premier moment de panique pas-.
» La bourrasque continue sans cesser, ac
croissant la gravité de la catastrophe.
» On compte des centaines et des centai
nes de morts. La plupart sont restés enseve
lis sous les décombres.
» Plusieurs grands villages, tels que Se-
minara, Santa-Eufémia et Sinopoli ont été
entièrement ravagés. »
Nouveaux Détails
Rome. — Une édition spéciale de la Tribuna
dit qu’à Palmi on a retire de dessous les dé
combres 425 morts. Les blessés sont innom
brables.
On ignore encore si des personnes sont res
tées sous les décombres.
La population campe en plein air. Les vê
tements et les vivres manquent.
A Bagnara, on compte 1,000 morts ; à San-
teri-Semia, 1,500; à Seminara, 400 ; à Castil-
lace, 16 ; à Poliscena, 4 ; à Cinquesrondi, 4 ;
à Oppido-Mamertino, 7.
Une nouvelle secousse de tremblement de
terre a été ressentie hier à Gerace. Les murs
de l'église qui étaient restés debout se sont
effondrés.
Sympathies Françaises
Les municipalités de Limoges et de Cher
bourg ont adressé l’expression de leur frater
nelle sympathie au peuple italien.
Une Souscription est ouverte en Russie
Saint-Pétersbourg. — Une souscription
s’ouvre à Saint-Pétersbourg pour les victi
mes du tremblement de terre italien.
La Douma a envoyé un télégramme de
sympathie à la Chambre italienne.
Condoléances do la Turquie
Constantinople. — La Chambre a décidé
d’adresser ses condoléances à l’Italie, à l’oc
casion de la catastrophe de Messine.
ernom -= - - —o=- ig==-== == 1 -puo r vm
LA PROMOTION DANS LA LÉGION-
D'HONNEUR
Parmi les nouveaux promus dans l’Ordre
de la Légion-d'Honneur, nous relevons les
noms suivants qui intéressent notre ré
gion :
Grand Officiers de la Légion-d’Honneur :
les généraux Lebon et Archinard ;
Officiers de la Légion-d’Honneur : le chef
de bataillon Duchoquet, du 129e d’infanterie
et le lieu tenant-colonel Lemaître, directeur
de l’école d’artillerie du 3» corps ;
Chevaliers de la Légion-d’Honneur : Devès,
lieutenant au 24c d’infanterie, et Guilmard,
capitaine de recrutement au Havre.
Parmi les nouveaux titulaires de la mé
daille militaire, nous relovons les noms de :
MM. Leblanc, adjudant au 119e de ligne ;
Garcin, sergent-major, tambour-major au
129e d'infanterie ; Vieillart, gardien de batte
rie de première classe à la direction de l’ar
tillerie au Havre ; Lahaxe, Coutard, Michel,
Vuillemin, Bourquin, maréchaux-des-Ogis,
et Florin, brigadier à la 3 e légion de gendar
merie.
NOUVELLE PERQUISITION AU
« JAUNE »
En vertu d’une Commission rogatoire de M.
Julliot, juge d’instruction, M. Hamard, chef
de la Sûreté, accompagné de son secrétaire,
s’est rendu hier, à quatre heures, au jour-
nal Le Jaune où il a procédé à une nouvelle
perquisition.
des cales du Mourillon, du nouveau submer
sible Monge. Mais l’opération n’a pu être ef-
fectuée à cause du mauvais temps.
La tempête de vent d’Ouest qui souffle avec
ciait le lancement dangereux et c’est
pour éviter un sinistre qu’il a été retardé.
Le Monge est l‘ex-Q-67. Il jauge 308 tonnes.
Il pourra recevoir un équipage de vingt-cinq
rage reI
hommes.
Chalon-sur-Saône, 30 décembre.
Depuis deux jours, la neige tombe sur le
département. Les villages des hauts plateaux
du Morvan sont bloqués.
Les communications sont impossibles.
Les trains Paris-Lyon subissent de grands
retards, la voie étant obstruée par la neige.
Belfort, 30 décembre.
La neige tombe sans interruption depuis
deux jours, rendant les communications très
difficiles.
Les trains ont des relards d’environ deux
heures.
En raison de l’état de la mer, les trains in
ternationaux, ceux de Calais à Bâle, n’arri
vent pas.
La marche des tramways électriques est
momentanément interrompue.
Saint-Jean-de-Maurienne, 30 décembre.
Une violente tempête de neige souffle sur
la Maurienne.
La neige est tombée en rafale sur la ville
de Saint-Jean-de-Maurienne.
La couche atteint 50 centimètres.
Les trains subissent des retards considéra
bles.
Les quotidiens ne sont pas arrivés ce ma
tin.
Le froid est très vif.
ACCIDENT A BORD D'UN CONTRE-
TORPILLEUR
Toulon. — Un télégramme d’Ajaccio à la
préfecture maritine fait connaître que le
contre-torpilleur Cognée, qui taisait partie des
navires envoyés à Messine, a dû interrompre
sa route et se réfugier à Ajaccio, par suite
d’une avarie survenue à son arbre de cou
che.
NOUVELLE PERFORMANCE DE
WILBUR WRIGHT
hier
Le Mans. — Wilbur Wright est sorti
après-midi par cinq degrés au-dessous de
zéro pour courir la Coupe Michelin.
Le vol de l’aéroplane a duré une heure
52 minutes et 40 secondes 1
L’aviateur a ainsi parcouru une distance
de quatre-vingt-seize kilomètres huit cents
mètres ! soit trois kilomètres de moins que le
18 décembre écoulé.
En réalité, si on tient compte des ellipses
effectuées autour des poteaux de virage, l'a-
viatcur a parcouru cent quinze kilomètres.
C’est le froid qui a obligé le courageux in
venteur a suspendre ses expériences, qui se
ront reprises aujourd'hui jeudi en présence
de M. Barthou, ministre des travaux publics.
CONSEIL DE GUERRE DU 3’ CORPS
Rouen. — Le Conseil de guerre du 3 e corps
s’est réuni hier sous la présidence du lieute
nant-colonel Boutard de Lavilléon, pour ju
ger sept militaires diversement inculpés.
Parmi ceux-ci, le soldat Chéron. du 129e, de
ligne, inculpé d’avoir volé au préjudice d’un
militaire, et reconnu coupable, est condamné
à un an de prison avec sursis ; le soldat de
territoriale Ducoudray, du recrutement du
Ilavre, reconnu coupable d’insoumission en
temps de paix, est condamné à huit jours de
prison ; les soldats Delisle et Hamel, du 429°
d’infanterie, poursuivis sous inculpation de
refus d’obéissance, sont condamnés, le pre
mier à six mois et le second à un an de pri
son.
Défenseur, Me Dedessuslamare ; commis
saire du gouvernement : lieutenant-colonel
Mathieu
Après le premier affolement, on commen
ce seulement à recueillir des détails un peu
plus précis sur le désastre, qui semble colos
sal et sans précédent en Europe.
Tout le littoral, des deux côtés du détroit
de Messine, a été entièrement ravagé. En Si
cile, une partie de Messine, Giarre, Riporto,et
Borgo sans Giovanni, en Calabre Reggio.
Palmi et Bagnara, ne sont que des amas de
ruines fumantes.
La voie de chemin de fer est détruite sur
une longueur de 18 kilomètres.
L’absence de détaills s’explique par la
mort de toutes les autorités et la destruction
complète des phares qui servaient de postes
pour la télégraphie sans fil.
L’incendie continue dans les ruines de
Messine et de Reggio. Les cuirassés Regina,
Elena, Victorio-Emmanuel et Napoli ont débar
qué des marins qui sont impuissants à com
battre le fléau.
La pluie et la tempête continuent à faire
rage et ajoutent à l’horreur de la situa
tion.
Messine après la Catastrophe
Un survivant de Messine, arrivé à Catane,
dit qu’il est impossible de décrire le specta
cle terrifiant que présente la ville. Messine
n’est plus qu’un immense tas de décombres.
Presque toute la population est morte.
Quelques milliers de citoyens seuls sont
saufs. Il est nécessaire d’envoyer des méde
cins, des tentes, des vêtements, des vivres,
les' survivants manquant de tout le néces
saire, surtout de vivres, et souffrant du
froid. Il faudrait des pompes pour éteindre
les incendies qui ravagent les ruines de
Messine.
Les communications par voie de terre sont
considérées comme coupées avec Messine.
La gare s’est écroulée, tous les wagons ont
été brisés, presque tous les employés du-
chemin de fer sont morts.
Les rues, remplies de décombres, ne sont
pas reconnaissables; elles ne paraissent que
d’énormes crevasses au milieu des ruines.
La célèbre avenue Palazzata, située au
bord de la mer, l’université, l’hôtel des pos
tes et télégraphes, tous les monuments pu
blics n’existent plus.
Les conduites d’eau et de gaz ont été com
plètement détruites.
Après le désastre, la ville resta plusieurs
heures sans qu’aucun secours fût organisé,
les ruines ayant enseveli les autorités, la
garnison, la force publique, les médecins,
les pharmaciens, les citoyens de toutes les
classes de la société. Les premiers secours
ont ésé portés par quelques équipages de
navires marchands qui ont accompli des ac
tions héroïques.
On annonce que trois nouveaux trains et
un steamer ont quttté Messine avec des bles
sés et des réfugiés.
Les autorités se montrent très réservées
sur l’énergique répression du pillage à Mes
sine. Cette ville a été la proie des malan
drins.
La succursale de la Banque d’Italie avait
une dizaine de millions en caisse. Les ban
ques privées avaient également de fortes
sommes en dépôt.
Messine compte de riches magasins et des
palais somptueux.
M. Orlando, ministre de la justice, qui ac
compagne le roi et la reine, a télégraphié à
Rome : « C’est, de mémoire d’homme, le
plus grand désastre ».
A Reggio
On craint que le sort de Reggio soit aussi
mauvais, sinon plus que celui de Messine.
Seules, les petites villas situées sur la pro
menade de Reggio à Campi, dans la partie la
plus élevée de la ville, sont restées debout.
Les vagues de la mer ont envahi la ville,
et la voie ferrée qui longe la côte a été dé
truite.
Tous les réfugiés de Reggio assurent que le
désastre est immense et le nombre des victi
mes énorme.
Les survivants sont sans abri et sans vi
vres, ils sont presque nus et circulent dans
la campagne.
Les Vivres et les Vêtements manquent
Des nouvelles de Messine et des alentours
confirment que les vivres et les vêtements
manquent.
Outre la mort du commandant de Messine,
le général Costa, on annonce celle de plu
sieurs officiers de marine.
Le préfet de Reggio, sauvé comme par mi
racle, confirme la destruction totale de Reg
gio, à l’exception de quelques petites villas
sur les collines. Le collège a été détruit, tous
les collégiens écrasés. Mille trois cents cada
vres ont'été extraits des décombres de Palmi
et de Bagnara.
Le câble sous-marin avec les îles Eoliennes
est rompu. On craint que le tremblement de
terre n’ait dévasté également ces îles.
Deux cent soixante-dix élèves de l’école'
militaire de médecine de Florence ont tra
versé Rome à destination de la Sicile.
Mardi soir, une secousse ondulatoire d’une
brève durée a alarmé Palerme.
Pour rassurer les populations, les observa
toires assurent que les appareils sismiques
sont redevenus calmes.
Le député Fulci s’est sauvé de sa maison
qui s’écroulait. Ses frères avec leur famille
ont péri.
M. Fulci dit que l’odeur cadavérique est
insupportable.
Sous les décombres, on perçoit les cris des
malheureux ensevelis.
Lorsque le Grand Hôtel Trinacria s’est
écroulé, plusieurs voyageuses ont sauté par
les fenêtres et se sont tuées.
Les hôtels de Palerme sont pleins de réfu
giés dans un état lamentable.
Le mauvais temps persiste.
Un navire du Lloyd brèmois a transporté
à Naples 80 blessés de la colonie allemande.
L’Arrivée des Souverains italiens à Messine
Les souverains italiens sont arrivés hier
matin à Messine, à bord du cuirassé Vittorio*
Emanuele. Toutes les unités d’escadre les sa
luèrent avec des salves d’artillerie.
Le roi et la reine sont descendus à terre et
ont aussitôt assisté à un épouvantable spec
tacle de mort et de ruine.Lareine,angoissée,
se cacha les yeux de scs mains en versant
des larmes.
Une foule d’habitants terrorisés se jeta aux
pieds du couple royal en le suppliant de
mettre fin aux cataclysmes qui dévastent la
région. On demandait presque au roi d ac
complir un miracle parmi les maisons écrou
lées.
Ces lamentations prosuisirent sur la sou-
veraine une si forte impression qu’elle dut
se retirer, incapable de poursuivre sa visite.
Le roi, entouré des personnalités de sa suite,
se dirigea alors vers les décombres d’où l’on
entendait encore monter de sourds gémisse
ments.
Des victimes furent retirées en présence de
Victor-Emmanuel, qui aida personnellement
au sauvetage en consolant les blessés et en
leur prodiguant les premiers soins.
Il est impossible de fixer approximative
ment le nombre des victimes ; il suffit de
dire qu’il est incalculable.
Un certain nombre d’habitants que l’on a
pu classer parmi les morts . se sont enfuis
dans les environs où ils se terrent dans la
crainte d’une nouvelle secousse.
Les rues sont jonchées de cadavres et de
débris.
Les Blessés à Naples
Le cuirassé russe Makharof est arrivé à Na
ples venant de Messine ayant à bord 400bles
sés. Le steamer Thérapie est également arrivé
avec d’autres blessés.
Les blessés ont été transportés dans les hô
pitaux civils et militaires.
Le Mattino fait des descriptions émouvan
tes de l’arrivée à Naples des navires portant
les blessés de Messine.
Un grand nombre, de Siciliens et d'habi-
tants de Naples envahirent les jetées, appe
lant à grands cris leurs parents, espérant
qu’ils se trouveraient à bord. Ainsi une fa
mille entière se retrouvant provoqua une
scène émouvante.
La nuit passée sont arrivés 800 réfugiés,
dont un carabinier. Celui-ci, qui se trouvait
au troisième étage de l’hôpital de Messine,
était tombé au deuxième étage, puis au pre
mier étage et au rez-de-chaussée sans se
blesser.
Nouvelles diverses
Naples, 30 décembre.
Le journal Don Marzio dit que le duc
d’Aoste est parti pour Messine à bord d’un
torpilleur et que la duchesse d’Aoste est allée
visiter les blessés arrivés de Messine.
été brusquement interrompues. Voici com
ment les nouvelles détaillées parvinrent à
Rome.
A Messine, le lieutenant de vaisseau com
mandant le torpilleur Spicca, qui dormait à
bord de son bateau, dès qu’il a eu connais
sance du désastre, a pris l’initiative de partir
immédiatement pour se rendre à un port de
la côte calabraise afin de téléphoner au mi-
nistre. Or, voici son voyage tragique.
Le torpilleur va d’abord à Reggio de Cala
bre : désastre ; la station télégraphique est
détruite. De là, il va de ville en ville et de
village en village le long de la côte: tout
est détruit jusqu’à Bagnara. Enfin, ce n’est
qu’à deux heures de l’après-midi qu’il a pu
trouver un poste télégraphique à Nicotera.
Rome, 30 décembre.
L’ambassade de France a supprimé les ré
ceptions du jour de l’an en raison du deui 1
national italien.
La Chambre italienne va être convoquée
Les Seoours
La division formée par la Justice, la Vérité,
\Q.Carquois et la Cognée est partie de Toulon
hier matin à sept heures quarante pour Mes
sine, par vent Nord-Ouest très violent.
Elle est placée sous le commandement du
contre-amiral Le Pord.
L’activité la p
magasins de la
L activité la plus grande a régné dans les
magasins de la direction des subsistances
pour ravitailler les quatre navires qui empor
tent, outre leur approvisionnement propre
pour trois mois, 60,000 kilos de farine et
50,000 rations de pain, viande, conserves, etc.
D’autre part, les cuirassés ont embarqué un
matériel important de tentes et de couchage
destiné aux sinistrés sans abri. Le ravitaille-
Rome, 30 décembre.
L’ordre de Malte a mis à la disposition du
gouvernement un hôpital de campagne.
M. Morgan a envoyé 50,000 francs.
Montéléone, 30 décembre.
Parmi les villages les plus éprouvés se
trouve Triporni, dont les maisons et les ca
banes, bâties après les désastres de 1905,
sont complètement détruites.
Bruxelles, 30 décembre.
Au Sénat belge, le président a exprimé les
condoléances de l’assemblée à la nation ita
lienne.
M. Wiener, au nom de la gauche, et M.Van
den Peereboom, au nom de la droite, se sont
associés à ses paroles.
Bizerte, 30 décembre.
Selon les instructions ministérielles, le
contre-torpilleur Danois, commandant Viaud,
partira aujourd’hui pour Messine pour por
ter des secours et des vivres aux sinistrés,
après quoi il rejoindra l’escadre de la Médi
terranée.
Lens, 30 décembre.
M. Richard, président de la Fédération des
musiques du Nord et du Pas-de-Calais, a
adressé le télégramme suivant au roi d’Ita-
Au nom des 798 Sociétés musicales fédérées du
Nord et du Pas-de-Calais, profondément attristées
par l’épouvantable catastrophe qui frappe deux de
vos provinces, je vous adresse l'expression de
notre vive douleur en même temps que celle de
nos sympathies pour la nation italienne.
En outre, M. Richard a informé le consul
d’Italie à Lille, qu’il met la Fédération à sa
disposition pour les fêtes qui pourront être
organisées dans la région du Nord.
L’impression à Homo
Rome, 30 décembre.
Hier, à Roa.s, on était comme anéanti.
Aucun mot ne pourrait exprimer l’état de
douleur de la capitale. On y compte environ
30,000 Calabrais et Siciliens. Tous ont des
parents là-bas dont ils ignorent le sort. On
télégraphie, mais on ne reçoit aucune ré
ponse. Et rien n’est aussi émouvant que de
voir tous ces gens, le long des guichets des
postes, les veux rougis par les larmes, qui
s’obstinent a télégraphier dans le néant. Dans
les rues, on ne voit que des gens qui pleu
rent, un journal à la main. Los hommes les
plus habitués aux vicissitudes de la vie, les
plus fermes, en général, par respect et par
devoir, ne cherchent plus à contenir leur
émotion.
Les Calabrais et les Siciliens qui veulent
rentrer chez eux se heurtent à de grandes
difficultés. Les trains sont complètement
occupés par le transport des troupes. Il en
est de même pour les navires partant de Na
ples. On assiste à des scènes déchirantes, des
personnes venues ici pour les fêtes de Noël
ne peuvent rien apprendre sur le sort de
leurs parents résidant dans la région de la
catastrophe. Pour calmer ces infortunés, le
ministre dos travaux publics a déclaré que
tous les Calabrais et les Siciliens voulant re-
tourner chez eux recevraient aussitôt les
communications normales rétablies, des bil
lets gratuits. .
Au ministère de l’intérieur on voit M. Gio-
litti, qui est habituellement calme, l’air trou
blé les veux tristes et la voix tremblante. Un
de ses secrétaires est de Reggio. C’est lui qui
a reçu la dépêche qui annonçait officieuse-
ment la destruction de la ville. Ce tut une
scène déchirante. .
Le roi avait recommande qu il n y eut au
cun apparat pour son dépari. A la gare, on
l’a vu pâle et triste. La reine avait les larmes
aux yeux. Un des officiers présents ayant fait
au roi un compliment banal, celui-ci l’inter
rompit et lui dit que ce n’était pas le mo
ment.
Le mot deuil national, si souvent pro
noncé, n’a jamais paru aussi exact dans
toute sa portée.
Les condoléances de la France et l’envoi
de vaisseaux ont produit à Rome la meilleure
impression.
■ La première nouvelle qui fut apportée à
Rome fut celle du tremblement de terre de
Montaleone qui n’était en réalité que la queue
| du mouvement sismique.
A Mais toutes les communications avaient
ment a été terminé dans la soirée de mardi.
Vers dix heures du soir, le commissaire
principal Le Beliegou, commissaire de la di
vision, s’est rendu à la trésorerie générale,
où M. Durassier, trésorier-payeur général,
lui a compté une somme de 20,000 francs
que le contre-amiral Le Pord doit tenir à la
disposition des autorités italiennes.
— On télégraphie de Malte que le cuirassé
Exmouth, les croiseurs Euryalus et Minerva,
de l’escadre anglaise, partent pour Mes
sine.
Le croiseur Sulley, qui allait rallier Malte,
a reçu en cours de route l’ordre d’aller à
Messine.
— Les deux navires-écoles allemands de la
Méditerranée ont reçu l’ordre de partir im
médiatement pour Messine avec des vivres et
des couvertures chaudes.
— Un comité de secours s’est constitué à
Rome en vue de centraliser les sommes re
cueillies par charité privée et publique et
d’organiser des secours. Il est présidé par le
duc d’Aoste et composé des présidents du
Sénat et de la Chambre, des chefs d’état-ma
jor de l’armée et de la marine, du maire de
Rome, des présidents de la Croix-Rouge, de
la Fédération de la presse, du Conseil supé
rieur des travaux publics, des directeurs
généraux de la Banque d’Italie, de la santé
publique et de l’administration civile.
Dans toute l’Italie d’ailleurs des comités se
forment, mais surtout en Sicile, où des mé
decins, des pompiers des différentes villes et
des troupes se concentrent sur Messine et
Reggio et organisent le sauvetage.
Les municipalités et les associations de
tous genres ont tenu des réunions, ont voté
d’urgence des secours, et ont décidé l’envoi
immédiat d’escadres de sauvetage avec du
matériel et des vivres.
Rome, Milan, Florence, Naples et d’autres
villes envoient des pompiers, des gardes mu
nicipaux et des médecins.
Le gouvernement s’est entendu avec des
Compagnies de navigation afin que des navi
res aillent sur les côtes de Calabre et de Si-
cile porter des secours et recueillir les per
sonnes sans abri. Ces navires transporteront
également le matériel nécessaire à la cons
truction de baraques.
Le ministère des postes et télégraphes a
envoyé partout des inspecteurs avec d’habi
les ouvriers pour rétablir les communica
tions télégraphiques et téléphoniques.
— Les députés Barzilaï et Stringer ont pro
posé d’inviter le gouvernement à déposer un.
projet d’impôt extraordinaire sur les reve
nus. destiné à secourir les victimes des trem
blements de terre.
— Le Comité du Syndicat de la presse pa-
risienne, à la nouvelle de la catastrophe qui
désole l’Italie méridionale, a décidé de se
réunir aujourd’hui dans le but d’examiner
les moyens de témoigner sa profonde sym
pathie aux victimes du tremblement de terre
et à la nation si durement éprouvée.
— MM. Messager et Broussan, directeurs
de l’Opéra, dès qu’ils eurent connaissance de
l’étendue du désastre italien, se sont concer
tés pour organiser à l’Opéra une représenta
tion de gala extraordinaire au profit des si
nistrés. Cette représentation, pour laquelle
ils ont déjà échangé des télégrammes en vue
d’obtenir le concours des meilleurs chan
teurs italiens, aura un caractère mi-italien
mi-français et aura un éclat exceptionnel.
— M. Jules Claretie, administrateur géné
ral de la Comédie-Française, aussitôt qu’il
eut appris les tragiques événements d’Italie,
a décidé de donner une représentation au
bénéfice des familles des victimes.
— Mardi soir, le lord-maire de Londres,pre
nant la parole au banquet de la Société, des
musiciens, qu’il présidait, s est exprimé en
ces termes :
Vous connaissez tous cette belle terre de la mu-
sique, du chant et du soleil, le royaume d Italie .
les dernières dépêches annoncent qu il a C
éprouvé par un revers sans précédent. J’ai Ce-er-
miné de prendre l'initiative d’une souscription, et
je sollicite le concours de tous mes concitoyens.
— La Société de la Croix-Rouge des Etats-
Unis télégraphie à toutes ses succursales en
les priant d'envoyer de l’argent pour les vic-
limes du tremblement de terre d'Italie.
.— l'Indépendance belge fait appel à la généro-
sité du public en faveur des victimes survi-
vantes de la catastrophe de la Calabre et de
la Sicile.
— Un comité allemand de secours au
times est en voie de formation. La Gu
Voss ouvre. ce soir, une souscription
en ia-
veur des \ ictimes.
— A la Bourse de Berlin, dans tout
grandes banques, les listes sont O
L’empereur va se mettre à la tete C,
cription nationale. La Vossiscic deMuno
blié un éloquent appel en faveur CC 1
« la seconde patrie de tous es aruis
terre de beauté, de santé et de Lai So-
cruellement frappée. »
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